L’alchimie Michelle-Barack Obama en 1996 ; un « défi »politique qui vient de loin

— Ecrit le samedi 10 janvier 2009 dans la rubriqueHistoire, Rencontres”.

A propos d’un très remarquable article  _ inédit depuis 1996, semble-t-il _ et que Le Monde nous offre, en avant-propos à la présidence Obama _ et à l' »inauguration » du 20 novembre : « En 1996, les confidences de Michelle et Barack Obama« , de la photographe Mariana Cook (pour un projet sur « les couples en Amérique« , en 1996 ; il va y avoir treize ans)…

L’alchimie Michelle-Barack en 1996 ;

ou quelque chose comme l’idée d' »une grande famille » américaine ; et la « priorité » de « l’empathie » et « des responsabilités partagées« 

_ avec « la capacité à vous mettre à la place de l’autre » ; et « le défi de faire passer cela d’une cellule familiale au domaine public » ;

selon les mots mêmes d’un Barack Obama, l’année de ses 35 ans _ il est né le 4 août 1961 à Honolulu ;

ou ce que c’est qu’un projet démocratique non démagogique ni populiste…

Réalisant un livre sur « les couples en Amérique« , la photographe Mariana Cook s’est entretenue avec le jeune couple Michelle Obama-Barack Obama, il y a douze ans.

Mais l’éditeur s’étant montré peu intéressé,

pas plus que la photo de Michelle et Barack Obama chez eux à Chicago, en 1996 _ accessible sur le site personnel de Mariana Cook _,

cet entretien-ci _ non plus que d’autres _ n’est jamais paru. « Actualisé » par l’élection du 4 novembre dernier du candidat Barack Obama _ à la suite d’une brillante et difficile longue campagne électorale _ Le Monde le publie ce 10 janvier en exclusivité…

Ce projet de Mariana Cook s’appellait « Des couples en Amérique« .

Ici, en interrogeant d’abord Michelle Obama, Mariana Cook essaie de resituer les relations personnelles d’un couple dans un contexte sociologique plus large.

« Si vous pouviez m’en dire un peu plus sur vos origines sociales et familiales, votre rencontre avec Barack, vos relations avec lui et vos objectifs dans la vie.

(…)

Michelle Obama : Quant à ma rencontre avec Barack, eh bien, cela s’est passé au cabinet d’avocats où il travaillait pendant l’été…

C’était chez Sidney and Austin ?

M. O. : C’était au cabinet Sidney and Austin (en 1989). Il avait obtenu un poste de stagiaire pour l’été. Je venais d’être promue associée. On m’avait demandé de lui servir de mentor : je devais prendre en charge un étudiant et j’avais hérité de Barack. Je m’acquittais de ma tâche avec beaucoup de sérieux, je lui donnais des conseils, je le promenais un peu partout ; je m’assurais que tout allait bien pour lui ; je lui trouvais des missions qui l’intéressaient ; et après un mois à ce régime, il m’a invitée à sortir avec lui ; et je me suis montrée très réticente.

Je pensais : « Non, je suis votre conseillère, ce serait mal d’accepter un rendez-vous avec vous » ; mais mes hésitations n’ont pas duré longtemps ; et cet été-là, on a commencé à se fréquenter.

Une fois diplômé de la faculté de droit, il est revenu plusieurs étés. Nous nous sommes fiancés l’été suivant l’obtention de son diplôme.

Il sortait tout juste de la faculté de droit.

M. O. : Oui, c’est ça. Voilà la version abrégée de notre rencontre et de notre engagement mutuel _ l’expression, avec son sens de « promesse » (mutuelle) est intéressante ; surtout en 1996…

Que pensiez-vous de lui quand vous le pilotiez dans ce cabinet d’avocats ?

M. O. : C’était bizarre, cette agitation autour de cet étudiant de première année, si brillant, si beau, si intelligent, tout le monde n’en avait que pour Barack… Moi, je suis plutôt du genre sceptique, je pensais « ouais, c’est sûrement un crétin » ; enfin, j’étais très sceptique parce que j’ai toujours pensé que quand les juristes s’extasient sur quelqu’un, ils négligent les qualités sociales ; donc je me disais « il est génial, mais il est sûrement très ordinaire« .

Et voilà que le premier jour, il arrive en retard. Il est arrivé en retard parce qu’il pleuvait ! Et puis il s’est avancé dans le bureau ; et nous nous sommes tout de suite bien entendus parce qu’il est très charmant et très beau ; enfin, je le trouvais beau. Je crois que nous étions attirés l’un vers l’autre parce que nous ne prenions pas nos rôles très au sérieux, contrairement à certains _ l’humour importe beaucoup…

Il aimait mon humour pince-sans-rire et mes réflexions sarcastiques. J’ai trouvé que c’était un type bien, intéressant ; et j’étais fascinée par son histoire personnelle, si différente de la mienne.

Dans quel sens ?

M. O. : Eh bien Barack a grandi dans un milieu multiracial. Sa mère était blanche, son père kényan, il a vécu à Hawaï où il est né, et il a passé une bonne partie de son adolescence en Indonésie parce que sa mère était anthropologue. Ce n’est pas souvent qu’une fille des quartiers du South Side de Chicago rencontre quelqu’un qui parle indonésien, a voyagé et vu plein de choses fascinantes _ ces éléments sont très importants dans le cursus et l’ethos de Barack Obama : pas grand chose à voir avec un George W. Bush ; ou une Sarah Palin…

Cela lui ajoutait une dimension plutôt rare dans mon environnement professionnel de classes moyennes supérieures. Généralement, ces gens-là sont tous coulés dans le même moule ; mais lui, il venait d’ailleurs. Il avait un niveau de conversation assez élevé tout en demeurant un type normal. Il avait eu un parcours étonnant, mais était très terre à terre ; et aimait bien jouer au basket. Voilà ce qui m’a attirée chez lui. Notre relation a d’abord été basée sur l’amitié _ mais qu’est-ce qu’un amour qui n’est pas basé sur une amitié ?… Nous sommes partis de là _ une base solide ; et apparemment jamais quittée…
Avez-vous une vision _ vous êtes tous les deux jeunes _ en 1996 _, avez-vous une vision de l’avenir ? de votre vie commune ?

M. O. : Eh bien, il y a de fortes chances que Barack poursuive une carrière politique, encore que ce ne soit pas tout à fait clair. C’est un test intéressant, le Sénat de l’Illinois, bien que nous ayons des accrochages à ce sujet. Quand vous vous impliquez dans la politique, votre vie devient publique ; et les gens qui s’y intéressent ne sont pas forcément bien intentionnés. Je suis assez secrète _ peu bling-bling ! _ ; et j’aime m’entourer de gens que j’apprécie et dont je suis sûre de la loyauté _ une réalité très importante !..

Quand vous entrez en politique, vous devez vous confier _ certes ; un peu (ou beaucoup) à l’aveugle… _ à toutes sortes de personnes. Il est possible que nous nous engagions dans cette direction _ de projets politiques, en 1996, donc… _ ; même si je veux aussi avoir des enfants, voyager, consacrer du temps à ma famille et à mes amis. Il n’est pas sûr que nous y parvenions. Mais nous allons être occupés par des tâches très variées ; et ce sera intéressant de voir ce que la vie a à nous offrir. Nous sommes prêts à nous lancer dans l’aventure pour plusieurs raisons, par exemple, les opportunités que cela peut nous apporter. Plus vous avez d’expérience, plus c’est facile d’agir à différents niveaux.

Si j’étais restée dans un cabinet d’avocats comme co-associée, ma vie serait totalement différente. Je ne connaîtrais pas les gens que je connais ; je serais moins exposée ; et je ne prendrais pas autant de risques. Barack m’a aidée à vaincre ma timidité, à affronter des risques ; puis à essayer un itinéraire plus classique, juste pour voir _ en « essayant » ; à la Montaigne, dirai-je, pour ma part… _, parce que c’est comme ça qu’il a été élevé _ avec « confiance » ; à la Donald Winnicott (cf deux récentes biographies sur ce psychanalyste particulièrement « créatif » : « Winnicott ou le choix de la solitude« , d’Adam Phillips ; et « Winnicott, sa vie, son œuvre«  de F. Robert Rodman) … Donc, il est celui qui… ; je suis plus traditionnelle ; dans le couple il est le plus audacieux.

Le plus aventureux ?

M. O. : Oui. Je suis plus prudente. Il me semble que cela transparaît sur les photos. Il est plus extraverti, plus expansif ; moi je suis plutôt du genre « attendons de voir comment ça se présente et ce que ça apporte« …


Je crois que c’est une bonne façon d’envisager les choses. Très bien, c’est parfait.

M. O. : Bon.

Merci.

M. O. : Je vous en prie.

La bande se casse.

Le projet s’appelle « Des couples en Amérique« . Donc, j’essaye d’établir des relations personnelles avec des couples américains ; et je ne sais pas trop comment m’y prendre, il n’y a pas de méthode ; mais j’essaye de faire un portrait de ce pays.

Cela ne vous ennuie pas de parler un peu de vos origines ? De qui vous êtes ?

Barack Obama : Puis vous me poserez des questions.

Oui, c’est ça.

B. O. : Vous me relancerez.

Oui.

B. O. : J’ai une histoire un peu particulière parce que comme je l’ai déjà dit, mon père était un Africain noir et ma mère une Américaine blanche. Leurs relations n’ont duré que deux ans, à Hawaï, quand ils étaient étudiants ; et ils se sont séparés. Je n’ai donc pas connu de vie de famille traditionnelle. Ensuite ma mère s’est remariée ; et j’ai vécu pendant un temps en Indonésie ; puis je suis retourné à Hawaï.

Vos parents ont-ils été mariés ?

B. O. : Oui, pendant deux ans ; puis ils ont divorcé. Je crois que d’une certaine façon j’ai toute ma vie essayé de me fabriquer une famille _ un point important ! et pas qu’au niveau de leurs deux personnes… _ à travers des histoires, des souvenirs, des amis ou des idées. Le contexte familial de Michelle était différent, très stable avec deux parents, une mère au foyer, un frère, un chien, ce genre de décor. Ils ont vécu dans la même maison toute leur vie.

Et je crois que d’une certaine façon nous sommes complémentaires _ ici encore, un vecteur décisif de l’idiosyncrasie de Barack Obama (bien aidé en cela par Michelle) _, nous représentons deux modèles courants de vie de famille dans ce pays. Un très stable et solide, et un autre qui s’affranchit des contraintes de la famille traditionnelle, voyage, se sépare, est très mobile.

Etiez-vous attiré par l’idée de former une famille stable ?

B. O. : Une « partie de moi » _ la personne n’a rien de « compact » _ se demandait _ Barack a toujours pas mal de distance, à commencer avec lui-même ; tout en étant d’une entière sincérité _ à quoi ressemblerait une vie de famille solide, sécurisante. Alors que Michelle, « d’une certaine façon », avait envie de rompre avec ce modèle. « D’une certaine façon » seulement, parce qu’elle tient beaucoup aux valeurs familiales ; mais je crois que parfois elle voit en moi un mode de vie plus aventureux, plus exotique ; et dans ce sens, nous sommes _ en effet, au final ; et un final toujours « ouvert »… _ complémentaires.

Quel genre de métier exerçait votre père ?

B.O. : Il était économiste ; et il a pas mal travaillé pour le gouvernement.

Le gouvernement des Etats-Unis ?

B. O. : Non, le gouvernement kényan. Il est retourné au Kenya et a fini par se retrouver dans une situation difficile. Il appartenait à cette génération d’Africains noirs qui étaient venus ici pour faire des études avant de retourner chez eux.

Il a étudié l’économie ?

B. O. : Il a étudié l’économie aux Etats-Unis, à l’université d’Hawaï et à Harvard. Il se voyait contribuant au développement du Kenya ; et, pour finir, il a été très déçu, il s’est retrouvé impliqué dans les difficultés politiques ; et le gouvernement l’a inscrit sur une liste noire parce qu’il s’insurgeait contre le népotisme et le tribalisme. Il a eu une vie amère ; et il est mort jeune _ c’est un repère important, aussi. Le père de Michelle a lui aussi relevé quelques défis ; et il a été frappé par la sclérose en plaques. Lui aussi est mort jeune ; mais je pense qu’il avait une vie plus régulière et mieux établie.

Votre mère était anthropologue ?

B. O. : Pas quand mes parents se sont mariés. Elle l’est devenue par la suite ; et a déménagé en Indonésie. Elle est morte récemment, il y a environ un an.

J’en suis désolée. Elle devait être assez jeune.

B. O. : Oui, elle n’avait que 53 ans. Et quand vous appartenez à une petite famille dont tous les membres vous sont très proches… cela a été une période difficile pour moi.

Vous avez des frères et sœurs ?

B. O. : J’ai une sœur du côté de ma mère, elle est à moitié indonésienne comme le second mari de ma mère, et j’ai aussi des frères et sœurs du côté kényan. Ils sont très dispersés ; certains vivent en Allemagne, d’autres au Kenya, d’autres ici, aux Etats-Unis.

Qu’avez-vous ressenti quand vous avez rencontré Michelle pour la première fois ? Qu’avez-vous pensé ?

B. O. : Eh bien, j’ai trouvé qu’elle avait beaucoup d’allure, ça me plaisait. Et puis Michelle est une personne forte, elle sait qui elle est et d’où elle vient.

Mais si vous la regardez au fond des yeux, vous y lirez une certaine vulnérabilité. En tout cas, moi, je la vois ; même si la plupart des gens ne s’en doutent pas : elle arpente le monde, grande, belle, sûre d’elle, très compétente… Il y a une part d’elle-même qui est fragile, jeune, effrayée parfois, et je crois que ce sont ces contradictions _ une richesse, quand on s’en enrichit en une « composition « puissante » _ qui m’ont attiré chez elle. Et puis elle me rend très heureux. Elle m’est très familière _ le terme, ici, est mal traduit _ ; et donc je peux être moi-même avec elle _ et c’est fondamental : une absolue confiance règne ! _ ; elle me connaît bien ; je lui fais entièrement confiance _ voilà ! _ ; mais en même temps, par certains côtés, elle demeure un mystère pour moi _ elle n’est pas un objet (possédé).

Parfois, lorsque nous sommes couchés, je la regarde ; et je suis saisi d’un vertige en réalisant qu’ici est étendue une personne distincte de moi ; qui possède des souvenirs, des origines, des pensées, des sentiments différents des miens _ c’est une pensée magnifique. Cette tension entre la familiarité et le mystère tisse quelque chose de solide _ absolument, on le comprend excellemment ; et on sait que c’est totalement vrai !!! c’est assez rare… _ entre nous. Même si vous construisez une vie basée sur la confiance, l’attention et l’entraide, je crois que c’est important que l’autre continue de vous étonner et de vous surprendre _ mais oui !

Qu’attendez-vous de l’avenir et de votre vie commune ?

B. O. : Les enfants sont une priorité importante. Nous les attendons avec impatience. Je pense que le problème sera de trouver un équilibre entre la vie publique et la vie privée ; qui contrebalancera mon tempérament davantage porté sur la prise de risque et l’ambition que celui de Michelle ; qui a un instinct pour la stabilité, la famille et les valeurs sûres. La façon dont nous aborderons ces questions sera cruciale.

Qu’espérez-vous accomplir quand vous entrerez en politique ? Je ne voudrais pas… mais vous devez avoir des projets ou une qualité de vie à…

B. O. : Vous voulez parlez des autres _ auxquels se consacre en majeure partie l’homme politique authentiquement démocrate. Vous savez, je crois que j’aimerais… ce qui me préoccupe le plus, ce sont les enfants et la façon dont ils sont traités. En tant qu’Africain-Américain, je suis très inquiet pour les enfants dans les quartiers défavorisés, les difficultés qu’ils traversent, le manque total de cadre stable qui leur permette de grandir et de se développer. Cela tient beaucoup à l’économie, aux chances et aux possibilités qui leur sont offertes, à eux et à leurs parents. Cela tient aussi aux valeurs, par exemple aux valeurs familiales dont on parle _ parfois insincèrement _ sans arrêt, les politiciens ne cessent de s’y référer.

Mais les valeurs ne sont pas qu’individuelles, elles sont collectives.
Les valeurs, les enfants les trouvent autour d’eux _ en des exemples on ne peut plus concrets ! _ ; et s’ils constatent que la vie de leurs parents et de leur communauté n’est pas valorisée, si leurs écoles et leurs foyers s’effondrent, de même que la vie des gens parce qu’ils n’ont pas de travail ou d’opportunités intéressantes, comment voulez-vous que des enfants créent des valeurs à partir de rien ?


Ma priorité est de ramener les valeurs
_ oui… _ publiques ou collectives au centre du débat _ politique démocratique _, car nous formons tous une grande famille, au-delà des clivages de races ou de classes sociales _ probablement l’axe (et vecteur) principal du projet obamien ; et la clé de sa victoire ; de l’élan de confiance qui lui a été « donné » par 53% du peuple américain _ ; et nous avons des obligations et des responsabilités _ oui ! _ les uns envers les autres. C’est peut-être là que le public et le privé se rencontrent quand on en vient aux couples, aux relations, à la famille ou aux tribus _ le mot est ici encore mal traduit. La priorité, c’est l’empathie ; la conscience des responsabilités partagées, la capacité de vous mettre à la place de l’autre _ voici les points décisifs et de cet entretien (avec Mariana Cook, en 1996, à Chicago) ; et du programme impératif que s’est donné le président élu, et 44ième Président des Etats-Unis d’Amérique. C’est ainsi que mon mariage avec Michelle reste vivant _ on le croit ; on le sait ; ce n’est pas de la poudre aux yeux électoraliste ! _, parce que nous sommes capables d’imaginer _ avec une vraie empathie _ les espoirs, les douleurs ou les combats des autres ; et le défi pour tous est de faire passer cela d’une cellule familiale au domaine public _ quel programme magnifique ! Et quel espoir pour le monde entier !

Voilà donc ce que,

à partir des propos recueillis par Mariana Cook (avec une traduction de l’anglais par Hélène Prouteau) dans l’article « En 1996, les confidences de Michelle et Barack Obama« , paru dans l’édition du 11.01.09 du Monde,

j’ose _ tout personnellement, de mon petit coin de France _ espérer de la présidence Obama…

Titus Curiosus, le 10 janvier 2009

Commentaires récents

Le 20 avril 2009

[…] (cf mon autre article, du 10 janvier 2009 : “L’alchimie Michelle-Barack Obama en 1996 ; un “défi”politique qui vient de loin“), […]

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