Je ne suis pas seul à aimer vraiment beaucoup Barbara Hannigan…

— Ecrit le samedi 24 novembre 2018 dans la rubriqueMusiques”.

Le 27 septembre dernier,

l’article de mon blog

 

clamait haut et fort

ma passion pour l’art de Barbara Hannigan.

Eh bien, d’autres que moi la partagent !

Á preuve,

cet excellent article-ci d’avant-hier,

par Michèle Tosi,

sur le site de ResMusica :

NOSTALGIE ET ABANDON AVEC BARBARA HANNIGAN ET REINBERT DE LEEUW 

article que voici :

Arnold Schoenberg (1874-1951) :

Vier Lieder op.2 ;

Anton Webern (1883-1945) : Fünf Lieder nach Gedichten von Richard Dehmel für Stimme und Klavier ;

Alban Berg (1885-1935) : Sieben frühe Lieder ;

Alexander von Zemlinsky (1871-1942) : aus Lieder op.2, aus Lieder op.5, aus Lieder op.7 ;

Alma Mahler (1879-1964) : aus fünf Lieder ; aus vier Lieder ;

Hugo Wolf (1860-1903) : Goethe-Lieder.

Barbara Hannigan, soprano ;

Reinbert de Leeuw, piano.

1 CD Alpha, réf. Alpha 393.

Enregistré en octobre 2017 au Muziekcentrum van de Omroep (Netherlands).

78:00

ALPHA-Hannigan-Vienna

Barbara Hannigan et son complice Reinbert de Leeuw ont choisi la « Vienne fin-de-siècle » et le genre emblématique du Lied pour darder les derniers rayons du romantisme allemand, entre nostalgie et aspiration.


État d’âme singulier, la « Sehnsucht » est le fil rouge qui lie l’imposant corpus de Lieder choisi par les deux interprètes. Il s’agit pour la plupart d’œuvres de jeunesse, signalant leur attache profonde à la tradition, même si le langage tend désormais vers l’émancipation des lois tonales. De la seconde école de Vienne (Schoenberg, Webern et Berg) à Hugo Wolf, en passant par Alexander von Zemlinsky et Alma Mahler, la présentation des pièces inverse la chronologie _ en effet.

Ainsi dès l’op. 2 de Schoenberg, la voix sensuelle et caressante de Barbara Hannigan opère, avec sa flexibilité et la finesse de ses inflexions _ absolument ! Le piano de Reinbert de Leeuw garde ses distances, errant sous la voix avec cette « pâleur » lunaire qu’évoque les poèmes de Richard Dehmel (Erwartung), en préservant l’intimité de ton recherchée. Dans Fünf Lieder nach Gedichten von Richard Dehmel d’Anton Webern, l’instrument chante comme la voix et tresse avec elle une polyphonie animée quoique retenue, dans une lumière filtrée. Avec une intonation toujours très sûre _ oui _, la voix épouse souplement le profil exigeant de la ligne, assumant les écarts de registre sans la moindre tension. C’est un lyrisme plus incarné _ en effet _ qui souffle dans les superbes Sieben früher Lieder d’Alban Berg _ qui m’avaient sidéré dans l’interprétation qu’en avait donné en un archi-mémorable récital la sublime Tatiana Troyannos au Grand-Théâtre de Bordeaux. Si le piano campe sur sa réserve – on attendrait plus de couleurs dans le premier Lied Nacht – la voix, sans se départir d’une certaine fragilité, sert le texte avec autant d’élégance que d’intelligence (Die Nachtigall). Le vibrato n’est qu’un ornement pour la chanteuse, qu’elle utilise avec un art singulier, ne le libérant parfois qu’à la toute fin de l’émission vocale (Traumgekrönt). Autre sophistication, son articulation un rien alanguie des mots pour garder le velouté de la phrase _ absolument !

L’artiste de scène qu’est Hannigan enchante les Lieder de Zemlinsky, dont la veine narrative, plus proche d’un Mahler (Schlaf nur ein), suscite une palette de couleurs expressives, entre tendresse et ironie. Pour autant, c’est Alma Mahler, et non Gustav, qui figure dans l’album. La superbe Stille Stadt (Dehmel toujours !) lie amoureusement parties instrumentale et vocale. La voix d’Hannigan s’y déploie avec une grâce inégalée, collant au texte avec une rare sensibilité et des demi-teintes fort subtiles (Licht in der Nacht). Les mots qui finissent par être susurrés invitent à une écoute plus attentive.

Exprimée par Goethe à travers le personnage de Mignon et mise en musique par Hugo Wolf, la « Sehnsucht » révèle sans doute sa profonde signification. La gravité est de mise dans les premiers poèmes (Mignon I et II) où les deux complices soignent la conduite et la souplesse du flux verbal. Plus encore que dans le célèbre Kennst du das Land qui referme l’album, c’est dans Mignon III que les deux artistes subjuguent : avec ces tintements voilés dans les aigus du piano (Schubert demeure) et la déclamation exemplaire de la voix qui monte en crescendo jusqu’au dernier vers, « Rendez-moi ma jeunesse, et pour l’éternité ».

C’est en effet admirable !!!



Ce samedi 24 novembre 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa

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