Archives du mois de janvier 2020

La conférence de Philippe Van Parijs à la Station Ausone et pour la Société de Philosophie de Bordeaux, à propos du revenu de base inconditionnel

26jan

Vient d’être mis en ligne

sur le site de la librairie Mollat

la seconde conférence _ le mardi 14 janvier 2020 _

de la saison 2019-2020 de la Société de Philosophie de Bordeaux : 

la présentation par Philippe van Parijs

_ professeur émérite à l’Université catholique de Louvain _

de son ouvrage Le Revenu de base inconditionnel _ une proposition radicale,

paru aux Éditions de La Découverte.

En voici un lien au podcast (de 84′).

Pierre Crétois,

Président de notre Société de Philosophie de Bordeaux,

a présenté le conférencier,

et ordonné le très vivant débat qui a suivi.

L’assistance, nombreuse

_ composée, notamment, de pas mal d’étudiants très vivement intéressés par le sujet _

a posé,

invitée par le conférencier qui l’y encourageait,

de nombreuses questions pertinentes et passionnantes,

sur cette question importante de la philosophie politique contemporaine ;

appuyée sur quelques exemples d’application très concrète

en quelques lieux d’expérimentations approchées de la mesure,

en divers lieux de la planète…


Ce dimanche 26 janvier 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

La très grande qualité d’Arcangelo et de son chef Jonathan Cohen : cette fois dans le CD Haydn « Organ Concertos », avec l’organiste Iain Quinn

25jan

Ce n’est pas la première fois

que j’admire la très grande qualité des prestations discographiques

de l’Ensemble Arcangelo,

et de son chef _ britannique _ Jonathan Cohen.

Par exemple dans le Magnificat de Johann Sebastian Bach _ soit le CD Hyperion CDA 68157.

Cf mon article enthousiaste du 18 avril 2018 :

Cette fois,

il s’agit d’un CD consacré à 3 Concertos pour orgue de Joseph Haydn,

soit le CD Chandos CHAN 20118 Organ Concertos.

Ce samedi 25 janvier 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Un passionnant travail sur les Quatuors à cordes (autour de Purcell) avant le Quatuor à Cordes de Haydn : le CD « ’tis late to be wise » du Kitgut Quartet

24jan

Amandine Beyer et ses amis du Kitgut Quartet,

Naaman Sluchin, Josèphe Cottet et Frédéric Baldassare, 

viennent nous offrir

en un CD _ Harmonia Mundi HMM 902313 _

intitulé Tis too late to be wise,

et sous-titré String Quartets before the String Quartet,

un magnifique et très intriguant _ et plus encore convainquant ! et, cerise sur le gâteau, ravissant, et même éblouissant !!! _ programme

autour des origines musicales,

ici dans l’Angleterre autour de Purcell (et Locke, et Blow) _ dans la seconde moitié du XVIIIe siècle _,

du genre du Quatuor à cordes, 

en l’occurence celui élaboré par Joseph Haydn (1732 – 1809)

_ mais ils auraient aussi bien pu choisir celui élaboré par Luigi Boccherini (1743 – 1805).

L’excellence du choix des (12) œuvres choisies par eux

est telle

qu’à ne pas trop suivre de près

le déroulé même des œuvres _ superbes ! _ se succédant sur la platine,

on ne perçoit nul saut temporel marquant

_ ni a fortiori choquant ! _

entre la Sarabande

de la Suite n°2 du Consort of Four Parts

de Matthew Locke (1621/23 – 1677)

et le premier mouvement Adagio

du Quatuor à cordes opus 71 n°2

de Joseph Haydn (1732 – 1809) _ une œuvre qui date de 1795, à Vienne…

C’en est même bluffant !

Alors que nous sommes dans une même semblable configuration musicale,

à quasi un siècle de distance…

Et je dois ajouter que l’interprétation de ce Quatuor opus 71 n°2 de Joseph Haydn

est absolument magnifique ;

de même que celles des œuvres, en ce CD, de Henry Purcell (1659 – 1695), Matthew Locke (1621/23 – 1677) et John Blow (1649 – 1708)

_ qui n’ont certes pas été écrites comme constituant des Quatuors à cordes,

pour 2 violons, 1 alto et 1 violoncelle !..

L’intelligence musicale d’un tel programme

ainsi que la perfection de sa réalisation

nous comblent de joie…

Ce vendredi 24 janvier 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa 

Les origines du quatuor selon la famille des Kitgut

Il est facile de prendre son instrument et de se mettre à jouer avec trois amis. Ou sept. Ou plus… Prendre la plume à quatre ou parler en même temps serait beaucoup plus confus. C’est ce qui fait la magie de la musique, qui surmonte tous les obstacles des différents idiomes et la cacophonie des discours superposés.
Pour parler des Kitgut, de nos espoirs et de nos enjeux, nous avons donc choisi de demander à deux personnages emblématiques de notre famille musicale, Jeanne Roudet et Olivier Fourés, d’écrire quelques mots sur notre formation et sur notre programme “’Tis too late to be wise”. Nous vous laissons en leur compagnie…

AMANDINE BEYER

Interroger les origines du quatuor à cordes c’est renouer avec une pratique sociale aux antipodes de l’académisme figé des salles de concerts et des enregistrements en studio. C’est en effet comme métaphore de la conversation que la musique de chambre se développe au xviiie siècle, dans le même contexte privé des salons. Comme divertissement, elle revêt la même part d’imprévu et d’improvisation qui garantit l’interaction entre les protagonistes et la participation active des auditeurs. Ainsi, à l’heure où le quatuor n’a pas encore fixé sa forme, il est déjà fortement goûté, non pour l’intellectualité et l’abstraction qu’on lui prêtera plus tard comme parangon de la musique pure, mais comme substitut d’un dialogue animant des voix individuelles qui réagissent les unes aux autres dans la spontanéité de l’instant.

JEANNE ROUDET, musicologue à la Sorbonne

Time over

Ainsi, ce sont bien nos ancêtres qui sont à l’origine de nos mauvaises passions !”– CHARLES DARWIN, Carnet de notes, 1838

Faute de savoir où l’on va, on regarde d’où l’on vient. On n’y voit guère mieux, certes, mais on aperçoit tout de même des choses, qui, lorsqu’elles éveillent quelque passion, sont vite prises pour des repères dans tant de brume. On les agence, les conserve, les protège, les ordonne comme on peut, chronologiquement, génériquement, dans l’espoir de retrouver le fil qui les unirait, d’expliquer en somme leur existence, donc la nôtre. On construit ainsi l’Histoire.

Ce n’est pas simple. Car d’abord on ne voit pas tous les mêmes choses, car ensuite on n’a pas la même façon de les voir, car enfin, le plus gênant, on les voit souvent avec les yeux d’autrui ; un “autrui” qui peut parfois, pris de motivations quelque peu douteuses, les modifier, en camoufler, en faire disparaître et même en inventer de toutes pièces. Méfiance !

Prenons le cas du quatuor à cordes. Voici une formation/forme des plus définies, des plus “classiques” : deux violons, un alto et un violoncelle qui se rassemblent sur quatre mouvements, un vaste, un lyrique, un rythmique et un enlevé. Comme la symphonie. Le concept est clair aussi : Goethe, à l’aube du xixe siècle, parle de “discussion entre quatre personnes intelligentes” et quand Beethoven étire la forme dans tous les sens, on commence à voir quatre solistes qui aspirent à n’avoir qu’une voix, une espèce de piano à huit mains en somme, paradoxe apparemment nécessaire à la tension inhérente au genre. On n’hésite alors guère à brandir cette musique “pure” face aux élucubrations descriptives trouvées chez Liszt ou Berlioz. Ne parlons même pas de l’opéra. Bartók parvient néanmoins à éloigner le quatuor de cet étendard en le portant vers ce que certains considèrent un “laboratoire de formes”. Il pousse si loin l’expérimentation instrumentale et l’expression intimiste qu’il déconseillait vivement l’interprétation de ses six quatuors en public, tant ils reflétaient une grande souffrance. Bref, “le” quatuor, c’est sérieux ! Et même ceux qui, comme Fauré, Debussy, Chostakovitch, Messiaen ou Ligeti, y recherchent des atmosphères plus impressionnistes, ne peuvent que composer en contrepoint de l’imposant modèle. Boulez allègera d’ailleurs son catalogue du seul Livre pour quatuor, sentant le genre trop fortement lié à une époque révolue, un genre prêt pour le musée.

Aujourd’hui, à une époque où fonder un quatuor engage plus qu’un mariage doublé d’un crédit à long terme (en Antarctique !), il est normal qu’on ait des difficultés à concevoir l’origine de cette forme autre que fantastique. On a donc besoin d’un Créateur. On en a trouvé deux. Il y a le violoncelliste Luigi Boccherini : six quatuors op. 2, 1761 – il en composera quatre-vingt-onze. De plus, Boccherini forme en 1764 le “premier” quatuor avec les violonistes Filippo Manfredi et Pietro Nardini, ainsi que l’altiste Giuseppe Cambini. Mais, le jeu “fol et désordonné” de Manfredi et les sons “aigres aux oreilles” de Boccherini, qui blessent les tympans délicats du Tout-Paris, juste avant que Boccherini ne parte rejoindre sa chère Clementina en Espagne, ne peignent pas le tableau le plus noble qu’on aurait souhaité. Heureusement, à Vienne il y a Joseph Haydn (auteur de soixante-huit quatuors, premiers spécimens vers 1757-1762) qui a été en contact direct avec Mozart et Beethoven, c’est-à-dire avec ceux par qui passera la grande ligne évolutive du genre dans cette même ville.

Haydn et Boccherini se connaissaient, puisque vers 1780, Haydn cherchait désespérément à se mettre en contact avec l’émigré italien, alors perdu à Las Arenas de San Pedro. Mais s’ils ont tous deux créé de leur côté la même chose sans s’être fréquentés, on se doute qu’ils ont dû bénéficier de quelques modèles communs. Il suffit de regarder en amont de ces deux personnages pour découvrir des quatuors de Giovanni Battista Sammartini, de nombreuses pièces à quatre parties sans continuo ou des pièces de contrepoint à quatre voix, du répertoire d’orchestre joué en quatuor, des petites danses improvisées insérées avant les troisièmes mouvements de sinfonie ou concertos ; il existe même une Suonata a 4 pour cordes, sacrée, de Vivaldi. En fait, on passait déjà pas mal de bons moments avec seize cordes, surtout chez les amateurs ! Mais tout ceci reflète un tel mélange de pratiques, formes et types d’interprètes qu’on préfère ne pas trop approfondir ; “le” quatuor ne saurait avoir quelque lien de famille avec une telle bacchanale d’impuretés.

Kitgut présente ici des compositions à quatre parties, anglaises, de la deuxième moitié du xviie siècle, aux côtés du Quatuor op. 71 no 2 de Haydn, composé à Vienne en 1793, entre deux séjours londoniens. Les “curtain music” ou “act tunes”, joués devant les rideaux pendant les changements de décor au théâtre, avaient avant tout pour fonction de ne pas laisser s’échapper l’audience lors des pauses. Il y avait des musiciens spécialisés dans ce genre de besogne et on peut imaginer que l’effectif était le plus souvent réduit au minimum afin que chaque interprète libère le plus possible son charme. On jouait alors souvent des danses sur des basses obstinées (comme ici le Curtain Tune de Purcell), mais aussi des mouvements plus extravagants qui cherchaient à interpeller, surprendre (donc intéresser) l’auditeur : celui de Locke commence avec de grandes gammes qui, guidées par un contrepoint et un chromatisme des plus farfelus, font monter la tension pour aller droit au clash et libérer danse, effets sonores et d’espace, sans oublier les gammes mais cette fois en fusées, avant de revenir, tel Sisyphe, à l’inquiétante atmosphère initiale. L’“Act Tune” de Blow joue également sur les contrastes de genres en projetant une danse lourée dans des méandres contrapuntiques qui la teintent d’inattendues couleurs harmoniques. Il est d’ailleurs curieux de constater, à cette époque où l’harmonie tonale était bien loin d’être l’unique grammaire, que c’est dans les danses qu’on l’utilisait le plus souvent. C’est d’ailleurs par les motifs de danse que l’harmonie tonale s’immisce petit à petit dans les autres genres de compositions. En retour, les danses reçoivent effets sonores et contrepoint comme on l’entend dans ce disque avec celles de Purcell ou de Locke.

En vérité, on devrait parler avec parcimonie de contrepoint dans ce répertoire, car la façon de mener les voix tient encore beaucoup de la polyphonie : les voix se développent souvent sans vraiment prendre en considération ce qui les entoure. Les résultats harmoniques sont plutôt guidés par des choix subjectifs, descriptifs ou pratiques, voire par le hasard, que par des règles d’écriture systématiques ou par un quelconque concept d’équilibre. Les Fantaisies de Purcell illustrent au plus haut degré ce “délire sensible”. La Fantaisie no 5, par exemple, commence avec tellement de chromatisme que cela en devient suspect ; une fugue vient structurer un peu ces torsions avant de céder la place à quelques effets d’espace puis à une danse des plus guillerettes. Même la Fantaisie no 11, plus contemplative, n’échappe pas à son petit bal conclusif. Rien à voir avec “l’art canonique” de Bach.

Environ cent ans séparent ces compositions du Quatuor op. 71 no 2 de Haydn. On sent immédiatement que les règles du jeu ont changé : la forme fait partie de la rhétorique du genre. Mais à bien y regarder l’esprit, les contrastes, les jeux d’espace, les asymétries, les motifs de danse qui aident à structurer les développements les plus libres et expérimentaux, le lyrisme dramatique et théâtral, on se demande _ mais oui ! _ si le joueur ne serait pas le même… Les lignes des parties, bien plus malignes qu’“intelligentes”, montrent combien ce quatuor tardif (Mozart n’était déjà plus là) est avant tout un prétexte à la rencontre de quatre individus, afin qu’ils confrontent et unissent leurs différences.

Le théâtre n’a pas toujours besoin de “curtain”. Une chose est sûre en tout cas : ni Haydn ni Boccherini ne connaissaient notre siècle ; ils n’évoluaient, comme tous, que dans un présent lié à un vague passé. Rendons-nous à l’évidence : le passé nous tourne le dos ! Et si certaines de ses expressions continuent de nous inspirer, c’est parce qu’elles reflètent quelque chose qui ne dépend guère du temps.

OLIVIER FOURÉS

Aucun “oracle” n’aurait prédit la réunion de ces quatre musiciens aux profils si variés et contrastés. Et pourtant, après une première rencontre, Amandine Beyer, Naaman Sluchin, Josèphe Cottet et Frédéric Baldassare créent en 2015 le Kitgut Quartet _ voilà _, sur instruments d’époque et cordes en boyaux. Forts de leurs expériences de chambristes et de solistes dans les grandes formations d’Europe, ils mettent en commun leur désir de faire vivre sous leurs archets les grandes pages du répertoire, ainsi que les curiosités et les œuvres oubliées, dans une tradition empreinte de liberté, d’enthousiasme et de partage.

Leur premier projet interroge les origines du quatuor à cordes et explore les diverses tentatives en Europe, avant la période classique, d’une écriture proprement instrumentale à quatre voix _ c’est passionnant, et très réussi ! En quatre chapitres, autour de Schubert et l’Allemagne, Mozart et l’Italie, Beethoven et la France, Haydn et l’Angleterre, les Kitgut proposent cette autre perspective de la naissance du quatuor, avec l’envie de rendre sur scène ce qui les accompagne en répétition : dialogue, amusement et spontanéité ! _ oui. La musique est d’abord jeu, et joie.

Amandine Beyer _ elle est née en 1974 _ étudie le violon au CNSMD de Paris puis à la Schola Cantorum de Bâle dans la classe de Chiara Banchini. Elle profite également de l’enseignement de Christophe Coin, Hopkinson Smith et Pedro Memelsdorff. En 2001, elle remporte le Premier Prix du concours Antonio Vivaldi à Turin. Depuis, elle donne des concerts dans le monde entier comme soliste et Konzertmeister, mais aussi avec son propre ensemble, Gli Incogniti, qu’elle fonde en 2006. Dans un esprit de liberté, de plaisir et de partage, ils abordent ensemble le répertoire baroque (Bach, Vivaldi, Couperin…) mais aussi, depuis 2017, le répertoire classique avec C. P. E. Bach, Haydn et bientôt Mozart.

En parallèle, Amandine Beyer s’adonne à la musique de chambre avec des partenaires tels que Pierre Hantaï, Kristian Bezuidenhout, Andreas Staier, Giuliano Carmignola, dans un répertoire allant du baroque au romantique. Elle forme aussi un duo avec la pianiste Laurence Beyer.
La discographie d’Amandine Beyer, en soliste ou avec Gli Incogniti, est saluée à l’unanimité par la critique et récompensée par les plus hautes distinctions (Diapason d’Or, Choc de l’année, Gramophone Editor’s Choice, ffff de Télérama). Passionnée de transmission, Amandine Beyer est professeur de violon à la Schola Cantorum de Bâle depuis 2010.

La musique se transmet de génération en génération chez les Sluchin, et c’est tout naturellement que Naaman Sluchin _ il est né le 1er décembre 1978 _ s’est consacré au violon. Sa passion pour la nouveauté et la diversité l’a amené à construire sa technique en étudiant à la fois l’école russe, l’école américaine (à Bloomington et à la Juilliard School) et l’école franco-belge dans la lignée d’Eugène Ysaÿe. Il est par ailleurs diplômé de la Schola Cantorum de Bâle.

Pendant sept ans _ de 2005 à 2011 _, il est membre du Quatuor Diotima _ il est présent en 2007 et en 2010 dans les enregistrements pour Alpha des 3 Quatuors à cordes (CD Alpha 125) et du Poème symphonique Le Balcon (CD Alpha 175) de Lucien Durosoir _, puis continue de développer son répertoire avec notamment l’Ensemble Talisma ou le Kitgut Quartet. Il participe régulièrement aux projets de musique contemporaine de l’Ensemble Cairn et se joint à la compagnie Rosas de Anne Teresa De Keersmaeker pour Achterland autour des Sonates d’Ysaÿe. Par ailleurs, il a été pendant sept ans le violon solo de La Chambre Philharmonique sous la direction d’Emmanuel Krivine et il a rejoint en 2020 l’Orchestre de l’Opéra de Rouen en tant que super soliste.

Depuis 2010, Naaman Sluchin enseigne au Conservatoire royal de Bruxelles. Il joue selon les répertoires et les envies sur un violon Tononi de 1725 ou sur un violon américain fabriqué pour lui par John Young en 2008.


Après avoir étudié l’alto moderne au Conservatoire de Versailles dans la classe de Jacques Borsarello, ainsi que l’Art dramatique dans la classe de Danièle Dubreuil, Josèphe Cottet poursuit ses études en violon et alto baroque au Conservatoire d’Aubervilliers-La Courneuve dans la classe d’Hélène Houzel. Elle complète sa formation instrumentale par des master classes avec Odile Édouard, Patrick Bismuth, Amandine Beyer, Enrico Onofri ou Stéphanie Paulet. Elle se spécialise alors en musique ancienne et joue dans différentes formations, notamment Pygmalion, Les Ombres, Les Musiciens du Paradis, l’Ensemble Correspondances, Les Cris de Paris, Les Traversées Baroques ou Mensa Sonora.

La musique de chambre lui permet d’aborder des répertoires très différents : la Renaissance avec La Bande de violons et la Compagnie Outre-Mesure ; le répertoire baroque avec L’Escadron Volant de la Reine (dont elle est l’un des membres fondateurs et avec lequel elle remporte le Concours international du Val de Loire en 2015) ; et les styles classique et romantique avec notamment le Kitgut Quartet et Les Curiosités Esthétiques.

Titulaire d’un premier prix de violoncelle moderne au CNSMD de Paris et d’un diplôme de musique ancienne au Conservatoire à rayonnement régional de Paris en violoncelle baroque, Frédéric Baldassare développe ses activités musicales dans plusieurs directions complémentaires. Il est membre de différents ensembles de musique contemporaine (2e2m, Cairn, Alternance, Court-Circuit) et joue aussi avec le Quatuor Onyx ainsi qu’avec beaucoup d’ensembles sur instruments d’époque (Les Arts Florissants dirigés par William Christie, l’Orchestre Révolutionnaire et Romantique dirigé par John Eliot Gardiner, entre autres). Il est continuiste dans des ensembles comme Les Musiciens du Louvre dirigés par Marc Minkowski, Les Nouveaux Caractères dirigés par Sébastien d’Hérin ou Les Cris de Paris dirigés par Geoffroy Jourdain.

 

Interpréter les Descentes d’Orphée aux Enfers de Marc-Antoine Charpentier : une parfaite réussite de Vox Luminis et A Nocte Temporis

23jan

Marc-Antoine Charpentier (1643 – 1704)

me tient tout spécialement à cœur,

ne serait-ce que par la découverte que je fis d’une partie des musiques crues perdues

de son petit opéra de 1678 Les amours d’Acis et Galatée,

sur un livret de Jean de La Fontaine (1621 – 1695)

_ cf mon livret au CD Un Portrait musical de Jean de La Fontaine, de La Simphonie du Marais dirigée par Hugo Reyne

(CD EMI 7243 S  45229 2 5),

un programme de concert et de disque conçu à l’occasion du tricentenaire de la mort du poète en 1995,

et qui comporte pas mal de bien belle musique de Charpentier…

Cf aussi les précisions que j’en donne

en mon article  du 18 avril 2009…

Cf aussi la note de Catherine Cessac à propos de cette découverte

à la page 138 de son « Marc-Antoine Charpentier » en l’édition de 2004, chez Fayard…

Aussi m’est-il hors de question

de laisser passer le CD Orphée aux Enfers

des Ensembles Vox Luminis et A Nocte Temporis,

de Lionel Meunier et Reinoud van Mechelen,

soit le CD Alpha 566 qui paraît présentement ;

et comporte Orphée descendant aux Enfers (H.471)

et La Descente d’Orphée aux Enfers (H.488)

_ ce dernier petit opéra nous étant hélas parvenu incomplet,

privé d’un possible Acte 3 des retrouvailles aux Enfers d’Orphée et Eurydice ;

dont on ignore même si un tel Acte 3 a été composé, puis perdu, ou bien si l’œuvre a été laissée en cet état inachevé par Charpentier lui-même :

le manuscrit ne comportant aucune indication qui permettrait de trancher quelle a été l’intention du compositeur…

Une excellente occasion de comparer quelques interprétations de ces œuvres,

présentes parmi les CDs de ma discothèque.

Je retrouve ainsi

le bouleversant CD Ricercar RIC 037011 intitulé Orphée descendant aux Enfers,

enregistré en 1987

par l’unique _ et hélas irremplacé _ Henri Ledroit (1946 – 1988),

un an à peine avant son décès prématuré.

Ainsi que le CD Erato 063011913-2 de La Descente d’Orphée aux Enfers,

enregistré en 1995 par Les Arts Florissants,

avec Paul Agnew en Orphée…

Autant la version (d’Orphée descendant aux Enfers) du Ricercar Consort est émouvante,

avec les tempi qui conviennent,

et bouleversent :

à fendre l’âme !

autant la version (de La Descente d’Orphée aux Enfers) des Arts Flo déçoit,

avec des tempi trop rapides, inadéquats au sujet…

_ que l’on compare ainsi, pour commencer, l’ouverture primesautière de l’œuvre par les Arts Flo en 1995

avec l’ouverture, infiniment plus juste, en gravité, par Vox Luminis aujourd’hui… 

Le présent CD

des Ensembles Vox Luminis et A Nocte Temporis,

est, lui, une parfaite réussite !!!

qui rend parfaitement la tension inhumaine du drame des Enfers,

et toute la tendresse d’Orphée…


Bravo !!!

Les livrets de ces deux œuvres (de 1683 et 1686 ; toutes deux pour Mademoiselle de Guise) de Marc-Antoine Charpentier

n’indiquent pas le nom du librettiste ;

mais s’inspirent précisément, les deux, des Métamorphoses d’Ovide :

au livre X et aux vers 1 à 63,

avec le choix d’Ixion, Tantale et Tityos _ et non pas Orion, ni Sisyphe _

comme ombres infernales suppliciées à l’infini, sans terme à venir jamais,

avec lesquelles dialogue tendrement Orphée, en sa catabase.

 

À comparer avec la Nekuia du chant XI de l’Odyssée d’Homère ;

et les Catabases du chant VI de l’Éneïde de Virgile

et de l’Enfer de la Divine Comédie de Dante.

« Effroyables enfers« , ne sont-elles pas les premières paroles d’Orphée

dans l’Orphée descendant aux Enfers (de 1683) ?

et « Affreux tourments« , celles d’Ixion, Tantale et Titye

au début du second acte de La Descente d’Orphée aux Enfers (de 1686) ?..

Auxquelles répondent

et la « douce harmonie » qui « frappe l’oreille« 

de Tantale

dans l’œuvre de 1683 ;

et « la touchante voix » et « la douce harmonie » qui « suspend le rigoureux tourment« 

d’Ixion, Tantale et Titye

dans l’œuvre de 1686…

Car tel est bien l’extraordinaire efficace du chant d’Orphée

dont ces œuvres de Marc-Antoine Charpentier nous font, à leur tour, ressentir la magie

_ au moins pour un moment _

consolatrice…

Marc-Antoine Charpentier applique,

avec la merveilleuse tendresse qui caractérise son art,

ce qu’il a appris des Oratorios _ sacrés _ de Carissimi à Rome,

à l’esprit français des soirées intimes chez Mademoiselle de Guise.

Ce jeudi 23 janvier 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Chanter Schubert (suite) : Markus Schäfer, dans le Schwanengesänge, avec Tobias Koch _ une révélation…

22jan

Un nouveau superbe CD de Lieder de Schubert,

après les deux marquantes réussites récentes des Winterreise

de Ian Bostridge (avec Thomas Adès)

_ cf mon article  du 8 janvier dernier, pour le CD Pentatone PTC 5186 764 _

et Pavol Breslik (avec Amir Katz)

_ cf mon article  du 19 janvier dernier, pour le CD Orfeo C 934 191 _ :

le CD Schwanengesänge du ténor Markus Schäfer,

accompagné _ superbement _ par l’excellent pianiste qu’est Tobias Koch…

_ soit le CD CAvi-music 8553206.

Certes le timbre de la voix de ce ténor qu’est Markus Schäfer

n’a pas le miel tendre _ mozartien _ de celle de Pavol Breslik,

mais plutôt celle _ plus âpre _ du regretté Peter Schreier,

mais son art de dire (et chanter) les Lieder de Schubert

a aussi quelque chose de l’art si magnifiquement expressif _ et poétique _ de Ian Bostridge.

Sur ce très beau CD de Markus Schäfer et Tobias Koch,

lire aussi cet article de Jean-Charles Hoffelé sur son blog Discophilia,

le 17 janvier dernier,

intitulé Chant du cygne :

CHANT DU CYGNE

Quel joli _ ce n’est pas l’adjectif que j’aurais personnellement choisi… _ disque ! Tobias Koch _ un parfait magicien du clavier ! _ touche un beau pianoforte de Friedrich Hippe, subtil, feutré _ oui ! _, sur lequel Markus Schäfer distille avec subtilité sa singulière voix de ténor de caractère _ voilà ! et non de charme… _ : je n’imaginais pas forcément son timbre, assez proche _ mais oui ! _ de celui de Peter Schreier, idéalement apparié à la lyrique schubertienne qui appelle plus naturellement des ténors Mozart _ voilà ! _, Haefliger, Dermota, Wunderlich, Breslik aujourd’hui.

Mais Schäfer, formé au répertoire baroque _ il chante Johann Christian Bach… _ qui a remis en prééminence les mots dans la musique, chante son Schubert intime, distille les poèmes _ oui : à la Bostridge _, refuse les effets _ et c’est tant mieux ! Pour la lyrique effusive de tout ce qui dans l’assemblage du Schwanengesang vient des poèmes de Rellstab, cela sonne d’évidence, mais lorsque l’on passe chez Heine, Schäfern’hésite pas un instant à corser son timbre _ oui _, et pour le trio Die Stadt/ Am Meer/ Der Döppelgänger où les fantômes paraissent _ oui _, le timbre soudain évoque Julius Patzak. _ parfaitement !

En plus de nous faire un Schwanengesang si singulier _ mais oui ! _, dont il assombrit le propos en choisissant les ossias _ passages alternatifs _ graves, il ajoute quelques lieder _ en effet _ subtilement appariés aux opus ultimes, le Schwanengesang de Senn, Winterabend, le saisissant Die Sterne, Herbst et cette merveille qu’est Auf dem Strom où les rejoint le cor naturel de Stephan Katte : soudain le paysage s’ouvre, moment magique _ oui. Ils devraient bien _ en effet ! _ nous tenter Winterreise.


LE DISQUE DU JOUR


Franz Schubert
(1797-1828)

Schwanengesang, D. 744
Winterabend, D. 938
Die Sterne, D. 939
Auf dem Strom, pour ténor, cor et piano, D. 943
Herbst, D. 945
Schwanengesang, D. 957
Die Taubenpost, D. 956A

Markus Schäfer, ténor
Tobias Koch, piano
Stephan Katte, cor

Un album du label AVI 8553206

Photo à la une : le ténor Markus Schäfer – Photo : © DR

Ce mercredi 22 janvier 2010, Titus Curiosus – Francis Lippa

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