A nouveau à propos de Sylvain Sartre et Les Ombres, et leur enregistrement de la tragédie lyrique Sémiramis d’André Cardinal Destouches

— Ecrit le samedi 21 août 2021 dans la rubriqueHistoire, Musiques”.

En forme de complément à mon article de lundi dernier 16 août ,

cet autre article-ci, en date de jeudi 19 août, sur le site de ResMusica, et sous la plume de Pierre Degott,

intitulé, lui, À la découverte de la Sémiramis de Destouches,

consacré lui aussi au double CD de cet opéra de Destouches, par l’Ensemble Les Ombres, sous la direction de Sylvain Sartre.

Le voici :

À la découverte de la Sémiramis de Destouches

Intéressante réalisation qui permettra de mieux connaître l’état de la tragédie lyrique française entre Lully et Rameau _ c’est tout à fait cela !

Ressuscitée au festival d’Ambronay en 2018, de manière à marquer le tricentenaire de la création de l’ouvrage, la tragédie lyrique d’André Cardinal Destouches Sémiramis fut ensuite donnée à l’Opéra Royal de Versailles avec une distribution légèrement renouvelée. C’est l’enregistrement de cette représentation qui nous est aujourd’hui proposé en disque.

Grâce à de nombreuses réalisations récentes (Issé, Callirhoé…), la musique de Destouches nous est aujourd’hui _ un peu plus _ familière, et il est plaisant de retrouver ici la production de cet élève de Campra, que l’on pourra entendre comme le maillon manquant _ voilà _ entre la tragédie lyrique de Lully et celle plus tardive de Rameau. En 1718, le public de la Régence avait déjà besoin que l’austère déclamation des premiers chefs d’œuvre du genre soit pimentée d’airs ou d’ariosos italiens au style plus léger et à la scansion moins rigide. De fait, le discours musical ne cesse de faire alterner entre eux, dans un flux presque continu, de larges pans de récitatifs et de jolies petites arias de belle facture. Le chœur joue également une place importante, et l’on note une orchestration riche et variée, notamment pour les parties dansées.

Nous n’irons pas, cela dit, jusqu’à crier au chef d’œuvre pour cet ouvrage de belle tenue, qui a toutefois le mérite de témoigner des goûts de son époque, autant pour une musique noble, efficace et raffinée que pour une intrigue respectant à la lettre les canons de la tragédie classique. Voltaire, en 1748, écrira sa propre Sémiramis. On connaît par la suite l’intérêt porté par d’autres compositeurs _ dont Rossini, par exemple _ à l’histoire de la reine de Babylone.

La distribution réunie sur ce CD est de belle qualité, même si elle ne parvient pas à susciter l’enthousiasme de l’auditeur pour l’ouvrage. La mezzo-soprano Éléonore Pancrazi (Sémiramis) est ainsi dotée d’une belle voix richement timbrée, dont la tessiture semble correspondre à celle de la créatrice du rôle, la grande Marie Antier. Le chant reste cependant trop monochrome pour évoquer les tourments d’un personnage d’une grande complexité psychologique, rongé à la fois par l’ambition et la culpabilité. Emmanuelle De Negri, dans le rôle plus conventionnel d’Amestris, montre davantage de capacités à colorer le verbe, et son soprano frais et lumineux se déploie avec bonheur dans les ariosos qui incombent à un personnage de nature essentiellement solaire.

Mathias Vidal en Arsane est lui aussi un spécialiste de ce répertoire, habitué comme il est des rôles de haute-contre à la française, et il se montre tout à fait à la hauteur de sa réputation même si son chant n’est pas entièrement exempt de quelques inflexions nasales. Du personnage central de Zoroastre, la basse Thibault de Damas propose un portrait extrêmement dramatique, et sans doute est-ce son engagement sans limite qui explique quelques petites fâcheries avec la justesse. Très belles prestations des solistes chargés des « utilités », notamment le soprano aérien de Judith Fa.

L’orchestre Les Ombres, dirigé par Sylvain Sartre, n’est pas sans quelques raideurs, mais cela est sans doute imputable à l’orchestration de Destouches qui est loin d’être parée des grâces instrumentales qui devaient quelques années plus tard être celles de Rameau. Le chœur du Concert Spirituel, en revanche, rend hommage à une écriture parfaitement maîtrisée. On se félicite en tout cas que l’ouvrage figure aujourd’hui au catalogue discographique _ certes.

André Cardinal Destouches (1672-1749) : Sémiramis, tragédie lyrique en cinq actes sur un livret de Pierre-Charles Roy.

Éléonore Pancrazi, mezzo-soprano (Sémiramis) ; Emmanuelle de Negri, soprano (Amestris) ; Mathias Vidal, haute-contre (Arsane) ; Thibault de Damas, baryton-basse (Zoroastre) ; David Witczak, baryton (L’Oracle / L’Ordonnateur des jeux funèbres) ; Judith Fa, soprano (Une Babylonienne / Une Prêtresse) ; Clément Debieuvre, haute-contre (Un Babylonien / Un Génie) ;

Chœur du Concert Spirituel (préparation du chœur : Hervé Niquet) ;

Les Ombres ; direction : Sylvain Sartre.

2 CD Château de Versailles Spectacles.

Enregistrés à l’Opéra Royal de Versailles le 4 mars 2020.

Notice de présentation en français, anglais et allemand. Durée totale : 127:38

 

Dont acte.

Ce samedi 21 août 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

 

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