A nouveau, le double CD « Le Manuscrit de Madame Théobon _ Lully et d’autres », de Christophe Rousset

— Ecrit le mercredi 9 mars 2022 dans la rubriqueBlogs, Histoire, Musiques”.

Le 22 février dernier, j’ai chroniqué ici même, en mon article « « , la dernière superbe pépite discographique de Christophe Rousset, toujours excellent claveciniste ;

soit le CD Aparté AP 256.

Et voici que ce jour, sur son site Discophilia, Jean-Charles Hoffelé consacre un article, intitulé « L’esprit de Lully« , à ce même magnifique double album Aparté.

L’ESPRIT DE LULLY

Heureux Christophe Rousset. Un grand cahier de musique pour clavier traînait sur eBay, vendu pour être du XVIIIe siècle _ alors qu’il est de la fin du XVIIe siècle. L’œil affûté du claveciniste ne s’y trompa pas ; l’ouvrage acquis, il tenait entre ses mains un manuscrit de la plume de deux copistes _ oui ; le second complétant les portées et les pages laissées blanches par le premier _ assemblant quatre-vingt pièces. Plus d’une trentaine étaient dévolues à des transcriptions d’airs et de danses tirés d’opéras de Lully _ voilà _, tout cela datait assurément du XVIIe siècle, certitude vite confirmée par l’identité de sa propriétaire initiale, Lydie de Théobon, demoiselle d’honneur de la Princesse Palatine _ après l’avoir été, d’abord, dès avant 1670, et jusqu’en 1673, de la reine Marie-Thérèse ;  et en 1673, c’est Mme de Montespan qui la chassa de ce poste de trop grande proximité du roi : « On dit que le roi se divertit quelquefois avec Melle Théobon« , avait-il été alors murmuré…

Merveille de l’ensemble (Christophe Rousset grave 71 pièces sur les quatre-vingt), tous les Lully qui montrent à quel point l’opéra, le divertissement lyrique, le ballet, se transmuent avec brio et aisance dans le splendide clavecin, roide comme il sied _ certes _ à un instrument du Grand Siècle, signé par Nicolas Dumont en 1704.

Concordance parfaite entre l’univers sonore de cette belle caisse tout juste renaisssante après la longue restauration que lui aura consentie _ ouiDavid Ley (dix ans, de 2006 à 2016), et l’esprit de ce manuscrit qui trace le portrait vivant de l’art musical de son temps, avec force pièces de caractère (jusqu’aux époustouflantes Folies d’Espagne de D’Anglebert), du brio à revendre, et sept préludes inédits _ un apport essentiel _ qui rappellent le foisonnement de pièces coulées de la plume de compositeurs restés anonymes _ en effet.

Le Manuscrit de Madame Théobon n’est pas le seul qui en dévoile _ de ces pièces demeurées anonymes pour nous _, les archives en regorgent, ne serait-il pas temps d’arpenter plus régulièrement _ mais oui ! en dépit de l’absence de noms un peu célèbres auxquels se raccrocher… _ ces musiques sans auteur souvent surprenantes ? Ce merveilleux _ absolument ! _  double album, dont l’écoute ne lasse jamais _ en effet ! _, où Christophe Rousset a regroupé les pièces par tonalité en treize suites (lisez son remarquable texte _ j’en ai donné un significatif extrait en mon article pré-cité du 22 février _), plaide aussi _ mais oui _ pour la découverte _ au concert comme au disque _ d’autres manuscrits perdus _ ou négligés par les interprètes d’aujourd’hui. Mais en attendant, laissez-vous entraîner par ce guide éclairé, qui anime de son clavier tout un théâtre _ oui. Simplement fascinant _ c’est très juste.

LE DISQUE DU JOUR

Le Manuscrit de Madame Théobon

Pièces pour clavecin de Jacques Champion de Chambonnières, Jean-Henri d’Anglebert, Jean-Baptiste Lully, Jean Rousseau, Gaspard Le Roux?, Jacques Hardel, Louis Couperin, Pierre Gautier et divers Anonymes

Christophe Rousset, clavecin

Un album de 2 CD du label Aparté AP256

Photo à la une : le claveciniste Christophe Rousset – Photo : © DR


Ce mercredi 9 février 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

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