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Au concert, à Genève, comme au CD : la sublime clarté de jeu du rare Piotr Anderszewki, au coeur le plus intime et de chair, de l’idiosyncrasie des compositeurs (et des pièces) qu’il élit…

03fév

Comme pour ponctuer s’il le fallait mon intense immense admiration à l’écoute du tout simplement sublimissime CD « Bartok – Janacek – Szymanowski » _ le CD Warner Classics 5054197891274 _ de Piotr Anderszewski

dont viennent d’amplement témoigner mes 3 récents articles (avec podcasts) des 27, 29 et 30 janvier dernier : « « ,

« « 

et « « ,

 

de son intense enchantement à lui aussi envers le jeu exceptionnel au piano de Piotr Anderszewski, de Paul-André Demierre voici, en date du 1er février dernier, ce magnifique article-ci sur le site de l’excellent magazine Crescendo,

intitulé « À Genève, Un pianiste de classe : Piotr Anderszewski« ,

au sortir d’un concert enchanté du pianiste polonais au Victoria Hall de Genève :

A Genève, Un pianiste de classe : Piotr Anderszewski

LE 1 FÉVRIER 2024 par Paul-André Demierre


Pour sa prestigieuse série ‘Les Grands Interprètes’, l’Agence de concerts Caecilia a invité, au Victoria Hall de Genève le 30 janvier, un pianiste hors pair qui _ effectivement _ se fait _ très _ rare depuis plusieurs saisons, Piotr Anderszewski.

Son programme inclut nombre de nouveautés à son répertoire mais commence par l’un de ses chevaux de bataille, la Sixième Partita en mi mineur BWV 830 de Bach _ cf son magistral CD Erato d’octobre 2002. Dès les premières mesures de la Toccata, l’on retrouve cette clarté de jeu _ voilà _ n’utilisant les pédales qu’avec parcimonie, ce qui confère une extrême fluidité aux formules en arpège s’appuyant sur des basses de grand orgue. L’Allemande se confine dans les demi-teintes pour se développer rigoureusement en incorporant les ornements à la ligne mélodique, alors que la Courante joue sur les accents alternés entre les deux mains afin d’encadrer de virevoltants passaggi. L’Aria tient du dialogue à deux voix annonçant la Sarabande voilant un insondable mystère que dissiperont la Gavotte articulant délibérément les triolets de croches puis la Gigue, véritable kaléidoscope opposant les lignes de force en un fugato policé.

Piotr Anderszewski a ensuite la judicieuse idée de mettre en parallèle trois des mazurkas de Chopin à cinq extraites de l’opus 50 de Karol Szymanowski. De ce Chopin qui n’a jamais fait partie de son répertoire d’élection, il donne une lecture singulière en s’attachant à l’opus 59 dont il laisse affleurer un rubato rêveur libérant le cantabile sur de sombres accords, quand la seconde s’embue de douces larmes qu’assèche la troisième, plus extravertie, évoquant le souvenir des jours heureux. Les cinq mazurkas composées par Karol Szymanowski dans les années 1924-1925 passent de la confidence à fleur de clavier (n.3) à la veine folklorique à la Bartók (n.7) que tempèrent la 8e par ce triste dialogue à deux voix, la 5e par sa noble progression et la 4e, véritable mazurka aux contrastes virulents.

En seconde partie, leur font écho les Quatorze Bagatelles Sz 38 que Bartók  acheva en mai 1938. Le pianiste les aborde avec sobriété, prêtant à la Troisième un coloris translucide qui se durcit avec le choral en accords granitiques de la Quatrième, tandis que la Sixième tient de l’élégie désabusée, la Huitième, de l’étrangeté harmonique qui s’épaissit dans la Neuvième. Les cinq dernières focalisent l’attention par la véhémence des oppositions qui juxtaposent une Dixième dégingandée, une Onzième haletante, une Douzième intériorisée comme un nocturne à une saisissante marche funèbre sous-titrée « Elle est morte », expression de total désarroi que bousculera la valse « Ma mie quie dance » (sic !), truffée d’ironie mordante.

Pour achever son récital, Piotr Anderszewski revient au Bach de la Première Partita en si bémol majeur BWV 825 écrite en 1726 qu’il ébauche comme une invention à trois voix linéaire, enchaînant les divers segments de l’Allemande avec la régularité mécanique d’un solfeggietto pour parvenir à une Courante jubilatoire. Par contraste, la Sarabande a la nostalgie d’un spianato presque immatériel que vivifient la rigueur formelle des deux Menuets et de la Gigue conclusive en forme de brillante toccata. Devant l’enthousiasme du public, l’artiste si réservé le remercie par trois brèves pages de Bartók , Bach et Beethoven. Une éblouissante soirée ! _ voilà, c’est dit.

Genève, Victoria Hall, le 30 janvier 2024

Paul-André Demierre

Crédits photographiques : Parlophone Records

À son répertoire, Piotr Anderszewski demeure ainsi extrêmement fidèle,

et c’est avec une extrême exigence et minutie qu’il choisit de lui adjoindre quelques peu nombreuses nouvelles pièces, comme ici ces œuvres _ elles aussi choisies… _ de Janacek, de Szymanowski, de Bartok,

tant pour le concert que pour le disque…

Et pour chacune de ces pièces qu’il donne, et avec une belle rareté, à partager aux mélomanes,

il sait aller au cœur le plus intime, et de chair, de l’essentiel de l’idiosyncrasie de chacun des compositeurs, et des pièces, qu’il élit ainsi de servir !

Au concert comme au disque…

 Chapeau très bas, l’artiste !

Ce samedi 3 février 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Un pianiste bien mieux que prometteur : Martin James Bartlett, dans Ravel, Reynaldo Hahn, et Debussy, Rameau et François Couperin : son enchanteur CD « La Danse »…

31jan

L’article d’hier mardi 30 janvier de Jean-Charles Hoffelé, intitulé « Danse funèbre« , sur son site Discophilia,

m’a grandement mis l’eau à la bouche à propos du CD « La Danse«  _ le CD Warner Classics 5054197896804, tout juste sorti le 26 janvier dernier… _ du jeune pianiste anglais Martin James Bartlett _ né à Londres le 20 juillet 1996 ; le découvrir aussi dans sa vidéo du « Liebestraüme » n°3 , de Franz Liszt (4′ 58), du 3 mai 2019… _,

consacré principalement à 3 chefs d’œuvre absolus de Maurice Ravel, « Pavane pour une infante défunte« , « Le Tombeau de Couperin » et « La Valse« ,

ainsi que quelques autres pièces _ superbes, elles aussi ! _ de musique française, autour :

une « Gavotte et ses six doubles« , extraite de la « Suite en la mineur » des « Nouvelles Suites de clavecin » de Jean-Philippe Rameau,

« Les Barricades mystérieuses« , la pièce n°5 du Sixième Ordre du « Second Livre de pièces de clavecin » de François Couperin,

l' »Andantino n°1 » des « Arabesques » de Claude Debussy,

et _ surtout _ deux pièces _ d’un charme fou _ du « Ruban dénoué » de Reynaldo Hahn : « Décrets insolents du hasard » et « Les Soirs d’Albi » _ qui forment le sommet de charme français de ce merveilleux CD !

DANSE FUNÈBRE

Que l’on ne croit _ surtout _ pas le titre de ce papier. L’œuvre _ très effectivement, oui _ la plus ouvertement noire de ce disque que l’on classera à Ravel _ soit « La Valse » pour l’apocalypse viennoise… _ est emporté dans un clavier absolument solaire, dont les vertiges érotiques, les grands gestes d’un piano absolument orchestral, ne danseront jamais au bord d’un volcan. Cette Valse n’est pas _ ici… _ un monde qui s’effondre _ ce qu’elle est bien, en sa vertigineuse réalité ! _, mais un pur spectacle esthétique _ voilà, délié… _ où les canons de l’art de Ravel sont magnifiés par un jeu athlétique absolument clouant. La lettre oui, et c’est rare de l’entendre à ce point réalisée dans une partition où les chausse-trappes abondent, mais l’esprit aussi _ mais _ sans le tragique _ ce qui n’est tout de même pas peu… Et pour ma très modeste part, personnement je le regrette…

Le tragique, vous le trouverez _ subtilement _ masqué _ tapi _ dans un _ tout à fait _ émouvant Tombeau de Couperin, tout en apartés, phrasé avec une imagination de tous les instants, dansé (le Rigaudon est leste, les ornements de la partie centrale faisant vraiment paraître Couperin) mais surtout ému (la Forlane, hors du temps, belle à pleurer _ oui ! _). Ce tragique affleurera dans l’assombrissement du Menuet, moment saisissant, et sera à peine suggéré dans une Pavane pour une infante défunte admirablement tenue _ oui, oui, oui. C’est magnifique !

La variété du toucher, la présence d’une main gauche diseuse, le grand son mis à Rameau ou Couperin laissent espérer que Martin James Bartlett reviendra aux clavecinistes français qu’il entend avec bien plus d’art qu’un certain confrère plus chenu _ lequel ? _, mais l’autre merveille _ absolument ! _du disque, plus encore que la face Ravel, plus que l’Arabesque de Debussy qui sous ses doigts a un petit côté Clair de lune, ce sont bien _ oui, oui, oui _ les deux _ merveilleuses _ pièces tirées du _ formidableRuban dénoué _ ce délicieux pur chef d’œuvre, mais pas encore assez connu, de Reynaldo Hahn, composé pourtant dans les tranchées, en 1915 _ où le rejoint l’ami Alexandre Tharaud, romance nostalgique _ sublimisssime !!! _ des Décrets indolents du hasard, petit contredanse anisée des Soirs d’Albi, perles tirées d’un cycle de valses merveilleux _ oui, oui, oui _ tout juste enregistré dans son intégralité par Eric Le Sage et Frank Braley (voir ici) _ et voir aussi mon article enchanté «  » du 13 janvier dernier.

LE DISQUE DU JOUR

La Danse

Jean-Philippe Rameau
(1683-1764)


Gavotte et six doubles
(No. 7, extrait de la « Suite en la mineur, RCT 5 »,
des « Nouvelles suites de pièces de clavecin, 1727 »)


François Couperin
(1668-1733)


Les Barricades mystérieuses (No. 5, extrait de l’« Ordre VI », du
« Second livre de pièces de clavecin, 1717 »)


Maurice Ravel (1875-1937)


Le Tombeau de Couperin, M. 68
Pavane pour une infante défunte, M. 19
La Valse, M. 72 (version pour piano deux mains)


Reynaldo Hahn (1874-1947)


Le ruban dénoué (2 extraits : No. 1. Décrets indolents du hasard ;
No. 2. Les soirs d’Albi)
*


Claude Debussy (1862-1918)
Arabesque No. 1, CD 74/1. Andantino con moto

Martin James Bartlett, piano
*Alexandre Tharaud, piano

Un album du label Warner Classics 5054197896804

Photo à la une : le pianiste Martin James Bartlett –
Photo : © Paul Marc Mitchell

Afin d’en juger,

rien de mieux qu’en écouter, un par un, chacun des podcasts :

_ celui de la « Gavotte et ses 6 doubles » de Jean-Philippe Rameau (6′ 25)

_ celui des « Barricades mystérieuses » de François Couperin (2′ 44)

_ ceux des 6 pièces du « Tombeau de Couperin » de Maurice Ravel :

      _ le « Prélude » (3′)

      _ la « Fugue » (3′ 57)

      _ la « Forlane » (6′ 02)

      _ le « Rigaudon » (3′ 06)

      _ le « Menuet » (4′ 44)

      _ et la « Toccata » (3′ 55)

_ ceux de 2 extraits _ en contraste tout à fait épatant _ du « Ruban dénoué » de Reynaldo Hahn, à 2 pianos, avec Alexandre Tharaud :

      _ « Décrets indolents du hasard« (1′ 36)

      _ « Les Soirs d’Albi » (2′ 32)

_ celui de l’ « Arabesque » n°1 de Claude Debussy (4′ 37)

_ celui de la « Pavane pour une infante défunte » de Maurice Ravel (5′ 58)

_ celui de « La Valse » de Maurice Ravel, dans une version pour piano à deux mains ici (11′ 36)

Pour ma part,

de ce formidablement délicieux CD de sommets de charme fou du meilleur de la musique française,

je regrette seulement _ un peu, car l’interprétation est vraiment magistrale !! quelle clarté de lecture ! _ la dilution _ un poil trop purement hédoniste ici, à mon goût ; je ne partage donc pas toutà fait l’avis, pour une fois, de Jean-Charles Hoffelé… _ du tragique absolu, pourtant, de « La Valse » _ une œuvre génialissime !_ de l’apocalypse viennoise de l’immense Maurice Ravel,

cette sublime course à l’abîme et à la chute que décidément elle est bien, cette « Valse » pour Vienne…

Mais, à la suite de plusieurs infiniment jouissives ré-écoutes de ce piano à deux mains de Martin James Bartlett _ sans  Alexandre Tharaud donc… _ en cette splendidissime « Valse » de Maurice Ravel,

il me faut rendre les armes : le jeu de Bartlett est magistralement lumineux !

Et complètement fidèle à Ravel : au final du morceau, simplement ça s’arrête…

Tel l’ictus foudroyant, sans secours et sans grondement (ni pathos gras et redondant), de l’implacable mort subite.

Sobre et humble élégance ravélienne.

Bravo !

Un récital de piano somptueux !

Qui va droit à l’essentiel…

Ce mercredi 31 janvier 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Le très bienvenu salut de Jean-Charles Hoffelé à Lars Vogt en « artiste en jeune homme », ce 1er janvier 2024…

01jan

Quelle excellente idée d’ouvrir en beauté son blog Discophilia pour l’année 2024, a eu ce lundi 1er janvier le très fin Jean-Charles Hoffelé avec son magnifique et très détaillé article « Portrait de l’artiste en jeune homme » consacré au passionnant coffret _ un trésor ! _ de 27 CDs Warner Classics 5054197604904 « Lars Vogt – The complete Warner Classics Edition » d’enregistrements d’entre 1991 et 2005,

auquel j’ai consacré une série de 5 articles en date des 4, 5, 6, 7 et 8 novembre 2023 :

_ « « …

_ « « …

_ « « …

_ « « …

_ « « …

Voici donc ce bel article hyper-attentif et infiniment juste en ses appréciations de Jean-Charles Hoffelé pour ouvrir en beauté, donc, sa nouvelle saison 2024 sur Discophilia :

PORTRAIT DE L’ARTISTE EN JEUNE HOMME

Venues du silence, les premières mesures de la Sonate « Fantaisie » de Schubert étonnent. Est-ce Rudolf Serkin qui leur donne cette gravité sans affectation ? Non un jeune homme d’à peine vingt ans _ Lars Vogt est né le 8 septembre 1970 à Düren ; et il est décédé le 5 septembre 2022 à Erlangen  _, qui la place en coda de son « debut recital », non sans l’avoir fait précéder des 5 Variations sur un thème de Franz Schubert d’Helmut Lachenmann. Haydn et Brahms sont aussi au programme, Sonate en ut majeur, Hob. XVI:50 juste impertinente comme il faut, et divinement jouée, les Klavierstücke, Op. 119 semblant venir d’une autre planète, merveilles certes, mais ce Schubert si idéalement pesé, où le piano murmure et chante à la fois, et qui va chercher dans la nuance en dessous, dans le retrait du son l’émotion même du son, est-ce vraiment d’un jeune homme ?

À vingt ans, Lars Vogt avait pleinement réalisé _ accompli _ son art, sans avoir ensuite besoin de l’approfondir, l’élégance naturelle _ oui _, la beauté souveraine du toucher _ oui _, cette grande sonorité sans marteau qui fait penser à Solomon _ en effet _, le raffinement de l’intellect et l’immédiateté de l’émotion _ ensemble _, la profondeur des polyphonies et la pureté des lignes de chant _ oui, oui, oui _, le rythme inféodé au tactus _ voilà ! _, tout y est dès le début et au long _ oui _ de l’incroyable moisson qu’Electrola capturera au long de sa rayonnante vingtaine, en un peu plus de dix ans, studios ou concerts, avec la grande brassée des captations réalisées dans son _ formidable  !!! _ festival d’Heimbach _ cf mon article du 7 novembre : « « … » _ où s’assembleront autour de son piano Julia Fischer, Isabelle Faust, Natalie Clein, Sabine Meyer, Alban Gerhardt, Kim Kashkashian et tant d’autres, et fatalement _ bien sûr ! cf mon article «  » du 12 octobre 2023… _ les Tetzlaff.

Au centre, un vaste ensemble Brahms _ voilà ! _, en solo les Sonates, le Scherzo, les opus tardifs, hélas pas les Variations, en chambre les sonates avec violon, violoncelle et clarinette, le premier Trio en tempête, les Quatuors, hélas pas le Quintette. Et si Brahms avait été son empire ? Probable _ oui ! Cf mes articles «  » et «  » des 6 et 7 novembre derniers… _ et cela dès la première version si nocturne de son _ sublimeOpus 119. Les Concertos suivront, pour Ondine _ le CD Ondine ODE 1330-2 ; cf mon bref article «  » du 20 septembre 2022.

Eclectique Lars Vogt ? Oui, et sous tous les formats, à deux pianos pour Scaramouche avec la regrettée Mihaela Ursuleasa, à quatre Pour la fin du Temps de Messiaen, à plus pour un si poétique et lâché Carnaval des animaux.

Des perles dans la marge ? La Sonate de Ravel avec Sarah Chang, la Sonate de Berg, deux fois les Tableaux d’une exposition, le Trio de Tchaikovski avec Antje Weithaas et Claudio Bohorquez qui rappellent un certain tropisme slave partagé avec son épouse bélarusse Tatjana Komarova, tropisme qui magnifie côté tchèque Trio, Quatuoet Quintette de Dvořák.

Ce répertoire si divers rappelle à quel point Lars Vogt était un déchiffreur hors pair _ absolument. Claudio Abbado cherchait un pianiste pour la Deuxième Kammermusik de Paul Hindemith ? Ce serait lui, impertinent à souhait, de quoi regretter qu’il n’ait pas joué le Premier Concerto de Chostakovitch. Mais être autant chez lui et autant lui-même pour Sir Simon Rattle dans le classique doublé Schumann-Grieg, dans les deux premiers Concertos de Beethoven, ce n’était point gageure, juste l’art, cet art immaculé et troublant _ voilà _ qui fait entendre comme si l’encre en était à peine sèche _ et c’est bien sûr là le sommet de l’art de l’interprète !!!! _ la _ sublimissime _  Fantaisie en ut mineur de Mozart.

LE DISQUE DU JOUR


Lars Vogt


The Complete Warner Classics Edition

CD 1


Ludwig van Beethoven (1770-1827)


Variations sur un thème original en ut mineur, WoO 80
Sonate pour piano No. 5 en ut mineur, Op. 10 No. 1
Sonate pour piano No. 32 en ut mineur, Op. 111

CD 2


Ludwig van Beethoven (1770-1827)


Sonate pour cor et piano en fa majeur, Op. 17


Robert Schumann (1810-1856)


Adagio et Allegro, Op. 70


Paul Hindemith (1895-1963)


Sonate pour Althorn et piano


Volker David Kirchner (1942-2020)


3 Poemi
Marie Luise Neunecker, cor

CD 3


Ludwig van Beethoven (1770-1827)


Concerto pour piano et orchestre No. 1 en ut majeur, Op. 15 (2 versions)
Concerto pour piano et orchestre No. 2 en si bémol majeur, Op. 19
City of Birmingham Symphony OrchestraSir Simon Rattle, direction

CD 4


Johannes Brahms (1833-1897)


Sonate pour piano No. 1 en ut majeur, Op. 1
Sonate pour piano No. 2 en fa dièse mineur, Op. 2
Scherzo en mi bémol mineur, Op. 4

CD 5


Johannes Brahms (1833-1897)


Sonate pour piano No. 3 en fa mineur, Op. 5
4 Ballades, Op. 10

CD 6


Johannes Brahms (1833-1897)


3 Intermezzos, Op. 117
6 Klavierstücke, Op. 118
4 Klavierstücke, Op. 119

CD 7


Johannes Brahms (1833-1897)


Sonate pour violon et piano No. 1 en sol majeur, Op. 78
Sonate pour violon et piano No. 2 en la majeur, Op. 100
Sonate pour violon et piano No. 3 en ré mineur, Op. 108
Scherzo en ut mineur, de la Sonate pour violon et piano « F-A-E », WoO 2
Christian Tetzlaff, violon (2002, Heimbach)

CD 8


Johannes Brahms (1833-1897)


Sonate pour violoncelle et piano No. 1 en mi mineur, Op. 38
Sonate pour violoncelle et piano No. 2 en fa majeur, Op. 99
5 Lieder, Op. 105 (extrait : No. 1. Wie Melodien zeiht es mir – arr. pour violoncelle et piano)


Robert Schumann (1810-1856)


3 Romances, Op. 94 (version pour violoncelle et piano)
3 Fantasiestücke, Op. 73
Boris Pergamenschikow, violoncelle (2002, Heimbach)

CD 9


Johannes Brahms (1833-1897)


Sonate pour clarinette et piano No. 2 en mi bémol majeur, Op. 120 No. 2
Sonate pour clarinette et piano No. 1 en fa mineur, Op. 120 No. 1
5 Romances et Gesänge, Op. 84 (extrait : No. 4. Vergebliches Ständchen – arr. pour clarinette et piano)


Alban Berg (1885-1935)


4 Stücke, Op. 5
Sonate pour piano, Op. 1
Sabine Meyer, clarinette (2002, Heimbach)

CD 10


Joseph Haydn (1732-1809)

Trio pour violon, violoncelle et piano en sol majeur, Hob. XV:15
Kornelia Brandkamp, flûte – Tanja Tetzlaff, violoncelle (2000, Heimbach)


Johannes Brahms (1833-1897)


Trio pour violon, violoncelle et piano No. 1 en si majeur, Op. 8 (version 1887)
Christian Tetzlaff, violon – Boris Pergamenschikow, violoncelle (2000, Heimbach)

CD 11


Johannes Brahms (1833-1897)


Quatuor pour violon, alto, violoncelle et piano No. 1 en sol mineur, Op. 25
Julia Fischer, violon – Tatjana Masurenko, alto – Gustav Rivinius, violoncelle (2000, Heimbach)


Quatuor pour violon, alto, violoncelle et piano No. 3 en ut mineur, Op. 60
Antje Weithaas, violon – Kim Kashkashian, alto – Boris Pergamenschikow, violoncelle (1999, Heimbach)

CD 12


Johannes Brahms (1833-1897)


Quatuor pour violon, alto, violoncelle et piano No. 2 en la majeur, Op. 26
Christian Tetzlaff, violon – Hartmut Rohde, alto – Heinrich Schiff, violoncelle (2003, Heimbach)


Camille Saint-Saëns (1835-1921)


Le Carnaval des animaux, R. 125
Sharon Kam, clarinette – Andrea Lieberknecht, flûte – Isabelle Faust, Anette Behr-König, violons – Stefan Fehlandt, alto – Christian Poltéra, violoncelle – Peter Riegelbauer, contrebasse – Mihaela Ursuleasa, piano – Tatiana Komarova, glockenspiel – Gregor Bühl, xylophone (2003, Heimbach)


Darius Milhaud (1892-1974)


Scaramouche, Op. 165b
Mihaela Ursuleasa, piano (2003, Heimbach)

CD 13


Antonín Dvořák (1841-1904)


Sonatine pour violin et piano en sol majeur, Op. 100, B. 183


Piotr Ilyitch Tchaïkovski (1840-1893)


Trio pour violon, violoncelle et piano en la mineur, Op. 50, TH 117 « A la mémoire d’un grand artiste »
Antje Weithaas, violon – Claudio Bohórquez, violoncelle (2004, Heimbach)

CD 14


Antonín Dvořák (1841-1904)


Trio pour violin, violoncelle et piano No. 3 en fa mineur, Op. 65, B. 130
Christian Tetzlaff, violon – Boris Pergamenschikow, violoncelle (2003, Heimbach)


Dmitri Chostakovitch (1906-1975)


Trio pour violin, violoncelle et piano No. 2 en mi mineur, Op. 67
Antje Weithaas, violon – Boris Pergamenschikow, violoncelle (2000, Heimbach)

CD 15


Antonín Dvořák (1841-1904)


Quintette pour piano et cordes No. 2 en la majeur, Op. 81, B. 155
Christian Tetzlaff, Antje Weithaas, violons – Kim Kashkashian, alto – Boris Pergamenschikow, violoncelle (1999, Heimbach)


Quatuor pour piano et cordes No. 2 en mi bémol majeur, Op. 87, B. 162
Isabelle Faust, violon – Diemut Poppen, alto – Tanja Tetzlaff, violoncelle (2000, Heimbach)


Tatjana Komarova (née en 1968)


Trio pour violon, violoncelle et piano
Antje Weithaas, violon – Nikolai Schneider, violoncelle (1999, Heimbach)

CD 16


César Franck (1822-1890)


Sonate pour violon et piano en la majeur, FWV 8, CFF 123


Camille Saint-Saëns (1835-1921)


Sonate pour violon et piano No. 1 en ré mineur, Op. 75


Maurice Ravel (1835-1921)


Sonate pour violon et piano No. 2 en sol majeur, M. 77
Sarah Chang, violon

CD 17


Joseph Haydn (1732-1809)


Sonate pour clavier [No. 15] en mi majeur, Hob. XVI:13
Sonate pour clavier [No. 33] en ut mineur, Hob. XVI:20
Sonate pour clavier [No. 36] en ut majeur, Hob. XVI:21
Sonate pour clavier [No. 50] en ré majeur, Hob. XVI:37
Trio pour violon, violoncelle et clavier en ut majeur, Hob. XV:27
Antje Weithaas, violon – Alban Gerhardt, violoncelle (2001, Heimbach)

CD 18


Joseph Haydn (1732-1809)


Sonate pour clavier [No. 60] en ut majeur, Hob. XVI:50


Johannes Brahms (1833-1897)


4 Klavierstücke, Op. 119


Helmut Lachenmann (né en 1935)


Variations sur un thème de Schubert


Franz Schubert (1797-1828)


Sonate pour piano No. 18 en sol majeur, D. 894

CD 19


Paul Hindemith (1895-1963)


Kammermusik No. 2, Op. 36 No. 1
Berliner PhilharmonikerClaudio Abbado, direction


Olivier Messiaen (1908-1992)


Quatuor pour la fin du Temps
Michael Collins, clarinette – Isabelle van Keulen, violons – Alban Gerhardt, violoncelle (1999, Heimbach)

CD 20


Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)


Sonate pour piano No. 10 en ut majeur, K. 330
Sonate pour piano No. 11 en la majeur, K. 331 « Alla Turca »
Sonate pour piano No. 12 en fa majeur, K. 332

CD 21


Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)


Fantaisie pour clavier en ré mineur, K. 397/385g
Fantaisie pour clavier en ut mineur, K. 475
Rondo pour clavier No. 1 en ré majeur, K. 485
Rondo pour clavier No. 3 en la mineur, K. 511
9 Variations sur un Menuet de Duport en ré majeur, K. 573
Adagio pour clavier en si mineur, K. 540

CD 22


Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)


Quatuor avec piano No. 1 en sol mineur, K. 478
Isabelle Faust, violon – Stefan Fehlandt, alto – Natalie Clein, violoncelle (2003, Heimbach)


Trio pour violon, violoncelle et piano No. 3 en si bémol majeur, K. 502
Christian Tetzlaff, violon – Gustav Rivinius, violoncelle (2004, Heimbach)


Quintette pour piano et vents en mi bémol majeur, K. 452
Diemut Schneider, clarinette – Ulrich König, hautbois – Daniel Jemison, basson – Jochen Ubbelohde, cor (2000, Heimbach)

CD 23


Modeste Moussorgski (1839-1881)


Tableaux d’une exposition


Tatjana Komarova (née en 1968)


Sonate pour piano


Piotr Ilyitch Tchaïkovski (1840-1893)


Dumka en ut mineur. Scène rustique russe, Op. 59, TH 145
Les Saisons, Op. 37a (3 extraits : No. 6. June. Barcarolle ; No. 10. Octobre. Chant d’automne ; No. 11. Novembre. Troika)

CD 24


Modeste Moussorgski (1839-1881)


Tableaux d’une exposition (version avec récit de Konrad Beikircher)

CD 25


Robert Schumann (1810-1856)


Kreisleriana, Op. 16
Bunte Blätter, Op. 99

CD 26


Robert Schumann (1810-1856)


Concerto pour piano et orchestre en la mineur, Op. 54


Edvard Grieg (1843-1907)


Concerto pour piano et orchestre en la mineur, Op. 16
City of Birmingham Symphony OrchestraSir Simon Rattle, direction

CD 27


Dmitri Chostakovitch (1906-1975)


Sonate pour violoncelle et piano en ré mineur, Op. 40


Igor Stravinsky (1882-1971)


Suite italienne (version pour violoncelle et piano : Piatigorsky)


Sergei Prokofiev (1891-1953)


Sonate pour violoncelle et piano en ut majeur, Op. 119
Truls Mørk, violoncelle

Lars Vogt, piano

Un coffret de 27 CD du label Warner Classics 5054197604904

Photo à la une : le pianiste Lars Vogt, en 2020 – Photo : © Alberto Venzago

Quelle somme réalisée ! et transmise en ce richissime coffret Warner Classics 5054197604904 « Lars Vogt – The complete Warner Classics Edition« 

Et quelle perte subie par nous d’un tel interprète, de cette qualité !!!

Ce lundi 1er janvier 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

L’enchantement du « Concerto en sol majeur » de Maurice Ravel par le merveilleux Francesco Piemontesi, avec l’Orchestre de la Suisse romande dirigé par Jonathan Nott : une réussite absolue !

10déc

La réception, hier samedi 9 décembre, du CD Pentatone PTC 5186 949 « Schoenberg – Messiaen -Ravel » de l’admirable Francesco Piemontesi, avec l’Orchestre de la Suisse romande sous la direction idéalement idoine de Jonathan Nott,

soit le CD Pentatone PTC 5186 949,

que j’avais stupidement laissé passer à sa sortie à l’automne 2022 _ enregistré à Genève en novembre 2020, pour le Ravel, en décembre 2020 pour le Messiaen, et février 2021 pour le Schoenberg… _ et commandé le mois de novembre dernier,

vient d’enchanter mon écoute !

Quel justissime Ravel !!!

Et en forme de bonus, voici une superbe vidéo _ à 40′ 40 des 63′ du concert enregistré à Genève le 2 décembre 2020, qui comporte de Felix Mendelssohn l’« Ouverture pour vents en ut majeur Op. 24«  et « Mer calme et heureux voyage, Ouverture en ré majeur Op. 27« , et d’Olivier Messiaen « Oiseaux exotiques pour piano et orchestre« , mais pas le « Concerto pour piano 0p. 42«  d’Arnold Schönberg…  _ de ce même Concerto pour piano et orchestre en sol majeur de Maurice Ravel par Francesco Piemontesi, Jonathan Nott et l’Orchestre de la Suisse Romande _ très peu de jours après leur enregistrement, en novembre 2022, pour ce CD Pentatone…

Et voici, encore, sous l’excellent titre de « Modern style« , l’article idéalement judicieux _ bien qu’un brin succinct… _ qu’a consacré à ce magistral CD « Schoenberg – Messiaen -Ravel » Pentatone PTC 5186 949, le très fin Jean-Charles Hoffelé en sa chronique « Discophilia » pour Artamag, en date, lui, du 21 septembre 2022 :

MODERN STYLE

Dans la section centrale de l’Allegramente _ du « Concerto en sol majeur » de Maurice Ravel _, Francesco Piemontesi exhume le blues que beaucoup ne veulent pas y voir _ Ravel revenait d’une très brillante tournée aux États-Unis _, savourant les mystères d’un orchestre trouble comme un alcool _ et c’est là excellemment vu... Dans un programme aussi tourné vers la modernité _ et c’est bien là le fil rouge de ce très original CD pour l’excellent label Pentatone… _, son Concerto en sol détaillé et profond sonne comme un contrepied, magnifique objet de pur plaisir sonore _ oui, oui ! _ qui prend tout son temps _ en une subtile composition de dionysiaque et d’apollinien. Ah! Ravel…

Le délire mécanique des Oiseaux exotiques _ d‘Olivier Messiaen _ n’en sera que plus cassant, un autre monde, dont l’orchestre bruitiste réglé au cordeau _ oui ! _ par Jonathan Nott avive les arrêtes _ voilà. Fascinants oiseaux de plexiglas, qui refusent d’entrer dans les classiques du XXe siècle, auxquels le pianiste apporte toute sa science _ magnifique et sereine de maîtrise _ de coloriste _ oui.

À rebours, les quatre épisodes – on peut difficilement les qualifier de mouvements – du Concerto de Schönberg sont joués comme autant de nostalgie _ Schönberg a 66 ans en 1942 _ d’un temps _ viennois _ révolu : fascinante la valse disloquée de l’Andante qui semble déjà en cours à la première mesure, irritant le faux foxtrot du Molto allegro, avant la méditation façon Bach de l’Adagio ouvert par ce choral de bois et de cordes comme venu d’un autre monde. Les petits fugatos du Giocoso referment dans une suractivité douce-amère cette lecture fascinante d’une œuvre insaisissable et qui entend bien le rester _ probablement.

LE DISQUE DU JOUR

Maurice Ravel (1875-1937)
Concerto pour piano et orchestre en sol majeur, M. 83
Olivier Messiaen (1908-1992)
Oiseaux exotiques
Arnold Schönberg (1874-1951)
Concerto pour piano et orchestre, Op. 42

Francesco Piemontesi, piano
L’Orchestre de la Suisse Romande
Jonathan Nott, direction

Un album du label Pentatone PTC5186949
Acheter l’album sur le site du label Pentatone ou sur Amazon.fr – Télécharger ou écouter l’album en haute-définition sur Qobuz.com

Photo à la une : le pianiste Francesco Piemontesi – Photo : © Marco Borggreve

Bravissimo !!!

Ce dimanche 10 décembre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Le sublime bouquet final de l’Emerson String Quartet, avec Barbara Hannigan (et le piano de Bertrand Chamayou, pour un « Infinite Voyage », le CD Alpha 1000…

23oct

Pour ses adieux, après 47 ans de magnifiques concerts et disques,

l’Emerson String Quartet nous offre, avec le CD Alpha 1000, un somptueux « Infinite Voyage » _ regardez et écoutez cette brève vidéo (de 2′ 36) de présentation… _,

en compagnie de la toujours merveilleuse soprano Barbara Hannigan (accompagnée aussi pour la « Chanson perpétuelle » Op. 37, d’Ernest Chausson, par le pianiste Bertrand Chamayou),

avec un programme idéal et absolument parfait pour eux, constitué _ aussidu Quatuor à cordes Op. 3 d’Alban Berg, du Quatuor à cordes n°2 Op. 10 d’Arnold Schoenberg, et de la peu courue très belle « Melancholie » Op. 13 de Paul Hindemith.

C’est l’article de Jean Lacroix dans Crescendo le 16 octobre dernier qui a accru mon intérêt pour ce marquant CD du Quatuor Emerson :

Le Quatuor Emerson : la fin d’un parcours de près de cinq décennies

LE 16 OCTOBRE 2023 par Jean Lacroix

Infinite Voyage.

Paul Hindemith (1895-1963) : Melancholie op. 13 ;

Alban Berg (1885-1935) : Quatuor à cordes op. 3 ;

Ernest Chausson (1855-1899) : Chanson perpétuelle op. 37 ;

Arnold Schoenberg (1874-1951) : Quatuor à cordes n° 2 en fa dièse mineur op. 10.

Quatuor Emerson ; Barbara Hannigan, soprano ; Bertrand Chamayou, piano.

2022.

Notice en anglais, en français et en allemand. Textes des mélodies en langue originale, avec traductions en deux langues.

72’55’’.

Un CD Alpha 1000.

Toute histoire a une fin, mais dans la vie, chaque fin annonce un nouveau départ, dit un adage populaire, qui peut s’appliquer à la décision du Quatuor Emerson de mettre fin à 47 ans de carrière avec ce dernier enregistrement proposé par Alpha. On a du mal à y croire, tant ses membres sont inscrits dans le paysage de la musique de chambre depuis leur fondation à New York en 1976, avec une équipe stable pendant quatre décennies (Eugene Drucker et Philip Setzer aux violons -ils ont alterné régulièrement leur poste-, Lawrence Dutton à l’alto et David Finckel au violoncelle, remplacé en 2013 par Paul Watkins). Les Emerson, c’est des dizaines d’albums couvrant toute l’histoire du quatuor, de Haydn et Mozart jusqu’à Chostakovitch, en passant par Beethoven, Brahms, Mendelssohn, Debussy, Ravel, Bartók et maints autres, répertoire américain du XXe siècle compris _ et, à sa parution, en 2016, je n’avais pas manqué de me procurer leur coffret de 52 CDs « Complete Recordings on Deutsche Grammophon » 00289 479 5982. C’est aussi une série de créations : Adès, Previn, Rihm, Rorem, Harbison, Schuller… liste non limitative. En 2016, à l’occasion de leur quarantième anniversaire, le label DG avait publié un cube de 52 disques _ le voilà… _ qui retrace leur formidable carrière et fait la démonstration d’un son beau, sculptural et moelleux, comme l’a un jour défini un critique. Nul doute que les mélomanes ne cesseront de se référer encore et encore à leurs multiples interprétations.

Leur histoire commune s’achève donc en ce début d’automne, avec une affiche qui confirme ce que déclare Eugene Drucker dans la notice : Au fil des décennies, nous nous sommes continuellement intéressés au répertoire exigeant et intellectuellement enrichissant de l’école de Vienne _ oui. Mais nous n’avons joué le Deuxième Quatuor de Schoenberg qu’une seule fois, au milieu des années 1980, avant d’y revenir en 2015 pour un concert avec Barbara Hannigan au Festival de Berlin. Depuis lors, chaque fois que nous collaborions, nous nous disions qu’il nous faudrait un jour ou l’autre enregistrer ce chef-d’œuvre. Voilà chose faite _ dont acte. Le présent album, dont le titre, Infinite Voyage, illustre aussi la longue amitié des Emerson avec la soprano canadienne _ Barbara Hannigan, donc _, propose cette partition du Viennois, qui provoqua un scandale lors de sa création dans la cité natale du compositeur en décembre 1908 et dont la caractéristique est l’utilisation de la voix dans les deux derniers mouvements. Nous allons y revenir.

Suivons le programme tel qu’il est proposé. Il s’ouvre par la peu enregistrée Melancholie de Paul Hindemith, quatre lieder que le compositeur dédie à un ami mort au front en 1918, sur des textes tirés du recueil homonyme du poète Christian Morgenstern, traducteur d’Ibsen et de Strindberg, mort de la tuberculose (1871-1914). En moins de quinze minutes, l’auditeur est transporté dans un univers poignant, à la fois ésotérique et mystérieux, au sein duquel les douleurs sont familières, malgré les primevères qui fleurissent, où le tissage de la brume répond à la sombre goutte de la mort (titre du troisième poème) et où la forêt est immobile et silencieuse, entre l’oiseau dont l’œil se voile et la lune qui s’élève avec un chœur d’étoiles. Ces petits bijoux qui égrènent la tristesse et la morosité ont été bien servis par Christiane Oelze et l’Ensemble Villa Musica (MDG, 1995) ou par Barbara Höfling et le Quatuor Helian (NDR/Dreyer Gaido, 2015). Barbara Hannigan, en pleine complicité avec les Emerson, y déploie la sensibilité qu’on lui connait, portée par des cordes qui distillent la science de leur art avec une émotion qui enlace la voix _ oui.

Le Quatuor op. 3 d’Alban Berg, créé à Vienne le 24 avril 1911, est la seule page purement instrumentale que les Emerson se sont ici réservée _ en ce magistral CD conclusif. Quelques jours après la première, le compositeur épouse la jeune femme qu’il aime, Hélène Nakowski, conquise de haute lutte malgré l’opposition du père de l’élue ; le quatuor lui est dédié. Les dissonances de la partition, libérée du système tonal, s’accompagnent d’un lyrisme qui sait se révéler éperdu et d’une sensualité qui s’insinue entre les lignes. Les deux mouvements, traduits par les Emerson avec une effusion contrôlée, à la fois tendre et incisive _ voilà ! _, révèlent dans leur approche toute l’expressivité que Berg y a mise, entre amour pour la bien-aimée et intensité du langage, sans effusion immodérée, mais avec souffle.

La Chanson perpétuelle d’Ernest Chausson, pour laquelle Bertrand Chamayaou rejoint la soprano et le quatuor, est tragique dans l’évocation de cette femme désespérée que son bien-aimé a délaissée et qui se prépare au suicide. Ce poème à la perfection formelle est extrait du recueil de Charles Cros (1842-1888), Le coffret de santal, dont la version définitive a été publiée en 1879. Il a été proposé en trois versions par Chausson, tout à la fin de sa trop courte existence : avec piano, avec orchestre, ou pour voix, piano et quatuor. Les vers, que le compositeur n’utilise pas dans leur totalité -ce qui leur donne peut-être encore plus de force-, inscrivent la solitude, l’infinie douleur et l’appel de la mort, entre symbolisme et expressionnisme _ voilà. Jessye Norman en a laissé une version bouleversante et inoubliable avec Michel Dalberto et le quatuor de la Philharmonie de Monte Carlo (Erato, 1983). D’autres voix (Andrée Esposito, Brigitte Balleys, Sandrine Piau) ont bien servi cette page dramatique. Dans un registre d’une finesse qui laisse la désespérée peu à peu se diriger vers l’étang où elle va (se) couler, Barbara Hannigan, soutenue par le piano discret de Chamayaou et les cordes chantantes des Emerson, exprime toute la résignation sans issue avec une réelle pudeur.

Le Quatuor n° 2 de Schoenberg, composé entre mars 1907 et juillet 1908, est dédié à son épouse, malgré les difficultés que le couple rencontre alors, Mathilde, sœur de Zemlinsky, ayant, avec le peintre Richard Gerstl (1883-1908), une liaison qui finira par le suicide du jeune artiste. Dans la notice, Nicolas Derny rappelle que des historiens ont parlé pour cette partition d’un quatuor à cinq voix. Le chant, phénomène rare _ en effet _, s’invite en effet dans les deux derniers mouvements, sur des textes du recueil Le Septième anneau (1907) du poète allemand Stefan George (1868-1933), que l’on peut situer dans le mouvement symboliste et qui se présente comme un pont entre le style de la fin du XIXe siècle et le modernisme. C’est le moment où le langage musical de Schoenberg est en pleine mutation et marque sa tendance à passer de la tonalité à la non-tonalité. Si le premier mouvement exprime une forte tension, le scherzo qui suit cite une chanson viennoise dans laquelle presque tous les couplets répètent Alles ist hin (Tout est fichu), ce qui déclencha l’hilarité des premiers auditeurs. On relira à ce sujet ce qu’en dit Alain Poirier dans l’Arnold Schoenberg qu’il a signé conjointement avec Hans Heinz Stuckenschmidt (Fayard, 1993). La spécificité des deux derniers mouvements, lents tous les deux, est donc de leur associer la voix. Stefan George parle de deuil et de douleur, mais aussi d’amour à ôter et de désir de bonheur dans Litanei, puis d’aspiration à la transcendance dans Entrückung (Ravissement), le premier (troisième mouvement) étant construit comme thème et variations, avec des traces postwagnériennes, le second adoptant une liberté de langage dans laquelle la voix semble être attirée vers une autre « planète », celle du passage vers la série des douze sons. Les Emerson en offrent une interprétation toute en décantation et en profondeur, respectueuse de la construction et de la structure. Lorsque la voix de Barbara Hannigan vient s’insérer dans le processus, on se prend à entrer dans un espace qui serait en suspension. C’est à la fois beau et émouvant, L’osmose est totale _ oui _ entre la soprano et les cordes. Une vraie réussite, digne résultat du travail commun des cinq artistes.

Cet ultime album des Emerson, enrichi de jolies photographies en couleurs, est un bel hommage qui leur est rendu et qu’ils se rendent à eux-mêmes. On le thésaurisera _ oui _ comme un précieux cadeau offert aux mélomanes _ voilà. Chaque membre du quatuor va maintenant se diriger vers d’autres voies. Le titre de la notice Au revoir, mais pas adieu, est porteur d’un avenir, où l’on espère encore pouvoir les rencontrer.

Son : 9  Notice : 10  Répertoire : 10  Interprétation : 10

Jean Lacroix

Un CD absolument superbe !!!

Ce lundi 23 octobre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

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