Question : lesquels des « Tirages Fresson » de Bernard Plossu, sont ceux que je préfère ?..
03nov
Pour commencer,
et avant de répondre précisément à la question savoureuse _ et délicate _ de mon titre annoncé,
…
voici, en ouverture de mon « propos« ,
…
une sorte d’Avant-propos,
…
afin de situer un peu ce nouvel opus plossuien, de 2020, consacré à ses si fascinants « tirages Fresson« ,
en une série
comportant déjà, au moins
_ d’autres m’échappant possiblement, voire probablement !.. _
deux autres albums qui m’avaient, en 2008 et 2013,
ébloui,
fasciné,
enthousiasmé,
enchanté ;
…
et dont les exemplaires comportent chacun, de la main de Bernard, une dédicace personnelle :
…
« Pour mon ami Francis,
ces 41 années en couleur » ;
…
et « Pour Francis et sa famille,
with love et en couleur« …
…
…
Le voici donc, ce petit Avant-propos :
…
…
En regardant bien soigneusement les 80 images du merveilleux « Tirages Fresson » de Bernard Plossu,
qui vient tout juste de paraître aux Éditions Textuel, ce mois de septembre 2020,
…
j’ai à la fois repris
le splendide « Plossu Couleurs Fresson » (catalogue d’exposition, à Nice, au Théâtre de la Photographie et de l’Image, en décembre 2007)
et le magnifique « Couleurs Plossu _ séquences photographiques 1956 – 2013 » (aux Éditions Hazan, en juillet 2013),
à des fins, déjà, de confrontation des images ;
…
et, surtout, je me suis demandé lesquelles de ces images,
et pour quelles raisons,
je préférais,
entre toutes, en ce nouveau somptueux opus-Plossu…
…
…
Bernard Plossu lui-même se méfie pas mal des critères d’appréciation des images _ et des siennes, aussi, forcément… _,
rejetant le critère _ bien trop esthétisant (à la Sebastiaõ Salgado…) _ des « belles images« ,
au profit des « bonnes images » ;
qu’il prend soin, d’ailleurs, aussi, et tout aussitôt, de relativiser _ il me semble l’entendre le dire ! _ :
…
car de « mauvaises images«
peuvent bien s’avérer mille fois plus intéressantes,
saisissantes,
que les « bonnes« , et a fortiori _ bien trop _ « belles« …
…
Car c’est la vertu de vérité poétique _ invisible, pudique, cachée, et donc inaperçue jusqu’alors _ du réel _ le plus prosaïque ou quotidien, pas du tout spectaculaire… _ qu’il s’agit,
et presque par hasard, et même par _ génial _ ratage,
qu’il s’agit d’aider à _ lui-même, ce réel ; et paradoxalement sans soi (= sans narcissisme, ou exhibitionnisme aucun, de la part du photographe) _ se manifester,
par la médiation la plus fine et légère possible,
et instantanée _ l’espace d’un éclair ! _,
de la capacité d’acuité du regard du photographe qui vient la « prendre« , la « capter« ,
la « cueillir« , « accueillir » et « recueillir« , sur la pellicule elle-même très fine de son appareil-photo,
avec la plus grande douceur, pour ne pas la briser _ la heurter, lui faire violence… _,
cette « vérité poétique » de l’image réelle approchée et ainsi entr’aperçue,
en son mystère secret,
à la volée _ dansante _ miraculeuse de son fulgurant geste photographique…
…
Il y faut beaucoup d’attention-concentration,
et sérénité…
…
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D’où la puissance d’émotion _ poétique, elle-même aussi, à son tour : venant partager un petit quelque chose de ce que vient proposer de follement délicat et ténu, mais incroyablement puissant, pour qui s’y penche, l’image contemplée… _ du regardeur
_ là, sur la page du livre ou sur la cimaise d’exposition, s’offrant, en un présent intense, à son regard de regardeur de ces images disposées là et offertes _,
de cette improbable, et modeste, nécessairement humble _ et dénuée de brusquerie : j’ai déjà parlé de la « douceur Plossu« … _, image :
qui nous saisit, nous, regardeurs de ces images,
d’étrange heureuse admiration…
…
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Ce mardi 3 novembre 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa