Dans le ravissant Théâtre le Ranelagh, véritable salon de musique tout de bois sculpté, Hortense Cartier-Bresson, qui publie un disque Brahms chez Aparté, défendait sa conception des dernières œuvres pour piano du compositeur de Hambourg.

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Une conception personnelle, réfléchie, sans concession au romantisme vers lequel ces œuvres très « fin de siècle » dévient facilement. Le résultat est ambivalent : surprenant toujours, séduisant souvent, quelque fois étrange.

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On apprécie à sa juste valeur la grande pureté d’une interprétation qui n’écrase aucune ligne sous le chant, mais donne à entendre la richesse de la partition tout en faisant ressortir le classicisme _ fondamental, en effet _ de Brahms. Des choix de tempo mesurés, une pédale discrète, peu ou pas d’effets : ce jeu dépourvu de recherche et d’affèterie _ c’est essentiel !!! _ sied aux plus épurées des pièces des trois opus 116, 117 et 118. De ce point de vue, les Intermezzi de l’opus 117 sont les plus réussis, avec cette berceuse et ces andante aux reflets ambigus. Ce parti pris présente a contrario l’inconvénient d’une certaine forme de sécheresse, voire de dureté dans d’autres pièces, qui mériteraient plus de tendresse ou d’enthousiasme, en particulier dans les Klavierstücke de l’opus 118 au lyrisme expansif. Mais qu’importe : on se laisse bousculer par cette écoute, et l’on se prend bien sûr à songer à une version de l’opus 119, écarté _ c’est dommage, forcément… _ du disque comme de ce concert de lancement.

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Avec Bach, Schumann et Bartók en bis, Hortense Cartier-Bresson achève de replacer l’œuvre de Brahms dans une lignée : de l’inspirateur lointain, au proche continuateur en passant par le mentor et ami, c’est avec plaisir qu’on écoute l’hommage se prolonger.

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C’est avec une audace certaine qu’à peine trentenaire, Adam Laloum s’attaque aux sommets de la littérature romantique que sont les deux concertos de Brahms, qui comptent parmi les plus longs et les plus exigeants du répertoire.

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On connaît le goût du pianiste toulousain pour la musique de Brahms _ oui _, avec lequel il avait débuté son parcours discographique en 2010, largement prolongé ensuite dans le domaine de la musique romantique allemande.

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Le Concerto n° 1 en ré mineur connut une longue gestation où la forme évolua d’une sonate à deux pianos, à une ébauche de symphonie, avant de devenir concerto. Composé en 1854 par un Brahms de vingt et un ans, il suivait de peu la rencontre décisive du compositeur avec Robert Schumann et sa femme Clara. Brahms fut profondément marqué par la maladie mentale puis la mort de Schumann, à tel point que l’adagio fut considéré comme un requiem instrumental à sa mémoire. D’ailleurs, Adam Laloum y décèle une formule schumanienne désignant Clara, utilisée notamment dans la Fantaisie op. 17 en ut majeur. Laloum aborde ce monument massif plus en artiste _ poète _ qu’en athlète _ en effet _, avec une densité sonore et une intériorité expressive selon une interprétation plus séduisante qu’impressionnante. Il souligne le caractère dansant, émaillé d’une pointe d’humour, du rondo-sonate final où les conflits et les abîmes initiaux semblent oubliés.

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En 1859, ce concerto fut la première œuvre orchestrale de Brahms à être jouée en public. Il fallut un certain nombre d’années pour qu’il soit apprécié du public.

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Plus tardif de 24 ans et plus automnal, doté d’une écriture plus fantaisiste que le Premier Concerto, le Deuxième Concerto en quatre mouvements présente d’énormes difficultés, tant pour le pianiste que pour l’orchestre. Adam Laloum en dégage un extraordinaire sentiment de noblesse, beaucoup d’humanité _ oui _  et un finale plutôt humoristique. Il se libère davantage, épousant les humeurs changeantes de la partition avec de superbes couleurs et délicatesses _ oui _ de phrasés et de rythmes, y compris dans les moments forts. Nous sommes loin du dialogue de titans _ certes _ entre Edwin Fischer et Wilhelm Furtwängler à Berlin en 1942, et sans oublier la superbe vision de Nelson Freire avec Riccardo Chailly et le Gewandhaus de Leipzig (Decca) ; Adam Laloum et Kazuki Yamada proposent toutefois une construction élégiaque _ voilà _ et de toute beauté de ce monument, qui fut considéré à sa création comme « une symphonie avec piano obligé ».

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Avec un Orchestre Symphonique de la Radio de Berlin totalement à son affaire dans un répertoire qu’il maîtrise parfaitement, le chef Kazuki Yamada, qui remporta le concours de Besançon en 2009, préfère le lyrisme à l’héroïsme _ voilà _, quitte à paraître trop mesuré dans les moments puissants, comme la sombre introduction du Premier concerto _ pour ma part, c’est Clifford Curzon et George Szell à la tête du London Symphony Orchestra que je conserve encore dans mon oreille…

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Un album atypique _ oui ! _, qui décevra les tenants d’un pianisme puissant _ voilà ! _, mais renouvelle l’écoute de ces deux chefs-d’œuvre romantiques.

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