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Question : lesquels des « Tirages Fresson » de Bernard Plossu, sont ceux que je préfère ?.. L’aventure, aussi, d’un oeil de regardeur…

18nov

Le 8 mai 2019, à l’occasion d’une cérémonie d’hommage, à Belus (chez lui, dans les Landes), au compositeur merveilleux qu’est Lucien Durosoir (1878 -1955) _ avec l’inauguration d’une statue d’Aitor de Mendizabal honorant l’œuvre de cet extraordinaire compositeur (cf l’article, avec image,  du 9 mai, le lendemain : …) _,

je publiai sur mon blog En cherchant bien un article intitulé , dans lequel je redonnais le texte de mon parcours d’admiration pour l’œuvre de ce compositeur si singulier _ et si discret, si peu mondain _, que je découvrais musicalement peu à peu, au fur et à mesure de la parution des CDs qui ont été consacrés à sa musique _ en commençant par les CDs Alpha 105, 125, 164 et 175 ; aujourd’hui, son œuvre entier est accessible en CDs…

Ce texte, intitulé « L’aventure d’une oreille : la découverte du « continent Durosoir »« , et daté du 6 janvier 2019, se trouve en effet aux pages 64 à 69 du bel album « La Chaîne de création Lucien Durosoir – Aitor de Mendizabal 1919 – 2019« , publié par les Éditions FRAction…

C’est donc aujourd’hui de « l’aventure d’un œil« , un œil de regardeur enthousiaste et passionné _ et pas un œil de photographe _, que je dois maintenant parler pour caractériser mon _ modeste _ parcours de simple regardeur enthousiaste passionné _ et non professionnel _ de l’œuvre photographique de mon ami Bernard Plossu,

comme j’avais parlé de « l’aventure d’une oreille« , l’oreille d’un écouteur enthousiaste et passionné _ et pas une oreille de musicien _, pour caractériser mon _ modeste _ parcours de simple écouteur enthousiaste passionné _ et non professionnel _ de l’œuvre musical de Lucien Durosoir…

En les récits de ces « aventures » de « regardeur » et « écouteur » enthousiaste et passionné -là, j’accomplissais de fait, tout simplement, le programme que je m’étais fixé, en un courriel _ programmatique, donc _ daté du 20 mai 2008, à mon amie Corinne Crabos _ qui m’avait proposé d’ouvrir un tel blog sur le site de la librairie Mollat… _, un mois et demi avant l’ouverture effective de ce blog En cherchant bien, qui eut lieu le 3 juillet 2008, et dont témoigne l’article inaugural de ce blog, intitulé « « …

Un article qui comportait _ déjà ! _ une photo signée Bernard Plossu !

 

Et je dois noter, encore, que mon article du lendemain 4 juillet 2008, intitulé, lui, «  « , était cette fois consacré au sublime CD Alpha 125 des 3 bouleversants _ quel mémorable choc ! à dimension d’éternité !! _ Quatuors à cordes de Lucien Durosoir, par le Quatuor Diotima _ un article qui (ainsi que ses suites) allait me conduire, alors que je ne suis ni musicien, ni musicologue, à donner, trois années plus tard, le 21 février 2011, au Palazetto Bru-Zane, à Venise, 2 contributions au Colloque international « Un Compositeur moderne né romantique : Lucien Durosoir (1878 – 1955) » « Une poétique musicale au tamis de la guerre : le sas de 1919 – la singularité Durosoir » et  » «  ; « Wow !« , dirait l’ami Plossu…

De même que l’article suivant de ce blog _ daté lui aussi du 4 juillet 2008 _, intitulé « « , était consacré à l’exposition milanaise de ce titre, « Attraverso Milano« , de Bernard Plossu !

Bernard Plossu dont j’avais fait, par hasard, la connaissance le 22 décembre 2006 à la librairie Mollat, à l’occasion de sa signature du merveilleux (!!!) gros album « Bernard Plossu Rétrospective 1963 – 2005« . Je venais d’acheter, peu de temps auparavant, son admirable « L’Europe du Sud contemporaine« , paru en 2000, et dont _ par très grande chance pour moi ! _ un exemplaire demeurait encore sur une étagère du riche rayon Beaux-Arts de la librairie Mollat.

Bernard Plossu, je l’admirais donc déjà…

Or, il se trouve que du mardi 4 avril au lundi 10 avril de cette même année 2006, les membres de notre atelier « Habiter en poète » _ du lycée Nord-Bassin d’Andernos, où j’enseignais aussi la philosophie _, avions séjourné à Rome, arpentée en tous sens, appareil photo à la main, afin d’essayer, mais oui !, chacun _ avec le concours, d’expert, du photographe bordelais le cher Alain Béguerie _ de saisir et rendre par ses propres photos le regard idiosyncrasique sur sa Rome d’Elisabetta Rasy _ j’adore les vraies villes, telle Rome : l’Urbs… _ en son roman autobiographique « Entre nous« , paru en traduction française aux Éditions du Seuil en août 2004 ; et sur lequel nous avions travaillé à nous sensibiliser, le plus près possible, depuis plus d’un an…

Une expérience forcément inoubliable, que ce séjour romain consécutif à un tel an et demi _ à raison d’une séance de trois heures par semaine _ de lecture méthodique hyper-attentive de ce très beau roman romain, associée à une initiation très suivie à la pratique de la photographie, pour chacun de ces jeunes apprentis photographes, par Alain Béguerie, présent lui aussi à Rome…

Et le vendredi 7 avril de ce merveilleux séjour romain, après avoir eu un rendez-vous avec l’auteur de ce passionnant roman autobiographique, devant sa maison d’adolescence, Via delle Alpi, nous avions conversé, sur son roman, avec Elisabetta Rasy durant une bonne heure et demie dans le parc, immédiatement voisin, de la Villa Paganini cf l’analyse que je propose de ce superbe roman romain, en annexe de mon article du 22 février 2010, , dans lequel j’ai inséré mon texte intitulé « Sur les chemins de la présence : Tombeau de Bérénice avec jardin« , consacré au magnifique portrait qu’Elisabetta Rasy dresse de sa mère (et de Rome !) dans ce si beau « Tra noi due« … 

Dans l’échange _ immédiatement _ amical que j’eus, chez Mollat, le 22 décembre 2006, avec Bernard Plossu _ au bout de 5 minutes, Bernard s’est mis à me tutoyer _, je lui ai bien sûr parlé, et de mon atelier photographique « Habiter en poète« , et de Rome, et d’Elisabetta Rasy _ ainsi que de Rosetta Loy, autre romaine, que je lisais aussi (et avais rencontré à plusieurs reprises) avec un très grand plaisir… _, et nous avons engagé tout de suite une correspondance frénétique par courriels _ qui a même failli être publiée ! Il faut dire ici que Bernard Plossu, d’une insatiable curiosité, est un fou de littérature italienne contemporaine ! Mon enthousiasme pour ces écrivains italiens m’ouvrait ainsi grandes les portes de sa propre curiosité…

Ainsi est née notre amitié,

dont un des sommets fut notre magnifique entretien (d’une heure) dans les salons Albert-Mollat, le 31 janvier 2014, à propos de « L’Abstraction invisible » de Bernard Plossu ; et  dont est disponible le passionnant _ ultra-vivant ! _ podcast, dont voici un lien

Ce bien trop long préambule est simplement là pour essayer de justifier l’injustifiable audace _ qui est la mienne _ d’oser opérer des choix de « préférences » entre les 80 merveilleuses images que nous offre ce sublime présent « Tirages Fresson » aux Éditions Textuel !  Et cela tout particulièrement en s’adressant directement à l’auteur même de ces images !!! Quelle impudence !

Cependant l’expérience même _ d’analyses et réflexions renouvelées, jour après jour de cet examen… _ de ces déjà 15 articles  

_ en voici  les liens :

que je viens de consacrer aux images, déjà si merveilleusement variées, de ce splendide « Tirages Fresson » de l’ami Bernard Plossu, se révèle déjà riche, en son cheminement, de pas mal d’enseignements, au moins pour moi _ qui suis probablement un des rares, sinon le seul ! à ne pas perdre patience à l’excessive longueur de ces phrases, et plus encore de ces articles si peu synthétiques ! Mais sur ce point, je demeure hélas un incorrigible montanien : « Indiligent lecteur, quitte ce livre«  : ainsi prévient, à très juste titre, et avec humour, l’avertissement inaugural des (labyrinthiques) « Essais«  _ ;

car, si, en ces articles miens, se dégagent, et même se renforcent et s’approfondissent _ heureusement pour l’état présent de ma lucidité de septuagénaire ! _ certaines constantes d’approbation de mes « préférences » d’images initiales,

 

y apparaissent aussi quelques révisions d’appréciations, mais presque toujours positives :

j’apprécie davantage et mieux, en effet, certaines des images, que pour une raison ou une autre _ parfois : trop de beauté ! par exemple pour l’image presque trop belle (!) de la page 80, légendée « Giverny, France, 2010«  _, j’avais placées non pas sur ma liste des 13 premières préférées, mais seulement _ et bien à tort ! pour cette image de la page 80… _ sur ma liste complémentaire de 22 (cf mon article du jeudi 5 novembre : ) ;

alors que cette image-là de Giverny, de Plossu, est bien, in fine pour moi, en son équilibre ouvert, un absolu miracle de sublime splendeur… 

Par contre, je n’ai toujours pas « retenues« ,

ni l’image page 51 légendée « Giverny, France, 2011 » ; ni l’image page 52 légendée « Île d’Houat, France, 2003 » ;  soient deux images avec fleurs rouges _ qui, pardon !, manquent d’un peu, à mes yeux, de singularité _ ;

pas davantage, même si cela fut avec un peu plus d’hésitation, l’image page 50, avec parterres et arbre verts, en partie derrière des persiennes, légendée « Giverny, France, 2010«  _ cette image possède un charme certain, mais probablement pas tout à fait assez singulier, lui non plus, ni assez puissant, pour me retenir, du moins personnellement, vraiment… _,


L’image, page 62, légendée « San Francisco, Californie, États-Unis, 1968« , fait, pour moi, partie d’une autre catégorie, encore :

celle des images singulières possédant une incontestable puissance, avec le très fort _ mais presque aveuglant ici ! et à mes yeux excessif… _ contraste de ses couleurs (blanc / noir / rouge), qui lui confère un je ne sais quoi de répulsif, trop violent…

Et je dois dire que je ne ressens, en général _ existent aussi des exceptions ! _, aucun tropisme positif envers la plupart des images américainessouvent trop brutales, ou trash, pour mon goût d’européen ; ou encore un peu trop datées à mes yeux _ et sans assez de cette toute simple dimension d’éternité qui me bouleverse…

Je leur préfère, et de beaucoup, la douceur et délicatesse, sereines, des plus récentes images européennes, qui possèdent, elle, ce doux et très léger coefficient d’éternité que j’admire ; surtout celles de la plus pure quotidienneté du réel, qu’elles ont su _ comme magiquement, avec une folle aisance… _ si admirablement saisir…

Est-ce là une affaire d’ancrage civilisationnel personnel _ subjectif _ de ma part ? _ c’est possible…

Ou cela tient-il aussi à une certaine évolution, dans le temps, du preneur-auteur même de ces images ? _ lui-même, Plossu, désormais plus apaisé, plus serein, et qui en aurait transfusé quelque chose à son regard ; à ses cadrages ; et ainsi à ses images… Peut-être…

À suivre…

Ce mercredi 18 novembre 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Jean-Christophe Bailly à Bordeaux avant-hier samedi pour le Printemps des poètes

05mar

Avant-hier, samedi 3 mars 2018, et à l’occasion de l’annuel Printemps des poètes,

Jean-Christophe Bailly

était présent à Bordeaux, à la Halle des Chartrons,

pour lire une superbe communication _ qu’il aurait dû donner à Bonn, sur les bords du Rhin, et qu’il ne put y donner pour un accident de santé _, intitulée Le Recommencement du poème.

Ce qui m’a permis de l’écouter, d’abord ; et de le rencontrer, ensuite :

tous deux sommes de grands amis de Bernard Plossu ; et je suis un de ses très fidèles lecteurs…

Je me permets de donner ici les deux courriels que je lui ai adressés ensuite,

le premier à 9h 45 hier :

Cher ami,

 
au sein des manifestations du Printemps des poètes à Bordeaux,
je participerai ce lundi soir à 19 heures à la librairie Olympique, aux Chartrons,
à la présentation _ avec lectures des textes par leurs auteurs _ du livre de mon ami photographe Alain Béguerie Mythes d’alios (aux Éditions Marges en pages),
en y lisant mon petit poème Chiron éducateur d’Achille enfant .
Alain Béguerie, photographe, a ramassé divers morceaux d’alios sur certains rivages de l’océan, au nord du Médoc,
les a réunis, et en a photographié le résultat ;
puis il a demandé à une cinquantaine des ses amis de choisir une photo
et de bien vouloir écrire un poème (ou autre texte, à discrétion) lié à la mythologie, inspiré par cette image…
Voici donc le poème inspiré par elle (et la mythologie),
signé Francis Lippa.
Chiron éducateur
d’Achille enfant 
Les sabots dans la glaise, et la tête dans les étoiles,
ainsi courent les vastes plaines herbeuses
les centaures-archers sagittaires.
Ici, le vieux Chiron, éducateur d’Achille enfant,
le buste encore droit bien cambré vers le ciel,
incline avec douceur un bienveillant visage
prodiguant à l’élève, regard aidant,
quelque sage conseil.
Un éclat de soleil lustre sa face patiné par les ans
….
Francis Lippa
P. s. : j’ai retrouvé tout ce qui concerne Thomas Jones
_ peintre paysagiste gallois (1742 – 1803), qui sera présent dans le prochain livre de Jean-Christophe Bailly : Walles x 4, à paraître à la rentrée de septembre aux Éditions du Seuil _
dans ma bibliothèque,
avec, entre autres, son passionnant Journal de voyage à Rome et Naples, 1776-1783 (aux Editions Gérard Montfort).
Mais aussi et surtout plusieurs beaux livres _ avec reproductions de paysages _ en partie à Jones consacrés,
sur la naissance de la peinture de paysage à la fin du XVIIIe siècle, en particulier en Italie _ Jean-Christophe Bailly a longtemps enseigné à l’École nationale supérieure de la nature et du paysage de Blois…
Voici aussi un article (du 22 mai 2009) de mon blog Mollat En cherchant bien 
où _ et en y redonnant des courriels à l’ami Plossu ! _
je citais, à propos de ce que j’appelle « le regard étranger sur Rome », le nom du gallois Thomas Jones (« un génie ! à découvrir !!! », disais-je…) ;
ainsi qu’un article du Monde, sous la double signature de Philippe Dagen et Michel Guerrin, associant les noms de Valenciennes (1750-1819), Jones (1742-1803) et Corot (1796-1875)…
Voici aussi l’article qui, le 23 de ce mois de mai 2009, suivait immédiatement celui-ci :
Et aussi ceci (article + podcast de mon entretien avec François Jullien, en avril 2014),
à propos de son Vivre de paysage :
 
Et ceci encore (en octobre 2012), à propos de l’émergence _ toujours en Italie _ du tourisme :
suite à mon séjour (et arpentages dans les calli) à Venise en février 2011, lors du colloque Lucien Durosoir au Palazzetto Bru-Zane, où j’avais donné, le 19 février, deux contributions :
_ cet article de mon blog, en date du 31 octobre 2012, se référait aussi au passionnant livre de Sylvain Venayre, Panorama du voyage (1780-1920)

et le second courriel , toujours hier, à 10h 30 : 

Cher Jean-Christophe Bailly,


d’abord et à nouveau bravo pour votre superbe conférence d’hier, Le Recommencement du Poème :
la Garonne à Bordeaux,
le Rhin à Bonn (ou un peu plus en amont)
et les chutes de Paterson, New Jersey
se trouvent ainsi magnifiquement réuni(e)s par la double (ou triple) médiation
de vous-même et de William Carlos Williams (+ Jim Jarmusch, aussi), d’une part et d’abord,
et de Hölderlin, d’autre part et ensuite…
 
Oui, tout poème
à la fois
commence (ou plutôt recommence, en tant que résultat _ cf les : (d’ouverture de son Paterson) de William Carlos William _,
déjà, d’une autre expérience, antérieure : poétique elle-même ?.. ;
et à partir de quelles conditions le devient-elle, poétique ?..)
et inaugure comme jamais :
en même temps ;
ou plutôt en rassemblant _ voilà ! _ hic et nunc, en un terrible geste d’urgence _ d’écriture, de l’écrire _,
divers morceaux de temps
(ainsi que de lieux _ cf ici le concept de télétransportation de René de Ceccatty en son merveilleux Enfance, dernier chapitre
+ mon (très détaillé, et long !) article sur ce chef d’œuvre :
ainsi que mes remarques sur ce mot (décisif) et cette chose (décisive) de télétransportation ) :
dans le registre d’une éternité issue _ avec gratitude au moins due, sinon effectivement rendue…de ces divers temps,
par ce geste (d’écriture du poème) réunis…
Sur ces liens _ charnels _ entre temps et éternité, relire, bien sûr, Spinoza.
(…)
….

Il y a longtemps que je vous lis, cher Jean-Christophe,
et vous suis, comme lecteur très assidu _ au moins quinze de vos livres sont à portée de directe de ma main en ma bibliothèque _,
avant même de savoir votre amitié avec Bernard Plossu,
dont j’ai fait la connaissance, en personne, chez Mollat, le vendredi 22 décembre 2006 seulement, dirais-je ;
mais je connaissais déjà ses photos _ notamment L’Europe du Sud contemporaine.
Sur cette étonnante rencontre (de 45’) avec Bernard _ il s’est mis à me tutoyer au bout d’un quart d’heure, à propos de littérature et d’écrivains italiens (dont Elisabetta Rasy, que j’avais tout récemment rencontrée à Rome ; et Rosetta Loy…) _,
j’ai écrit un petit Pour célébrer la rencontre, paru un moment sur le site de Bernard Stiegler en 2007 :
Ce texte était, à l’origine, une préface pour une publication de 3 mois d’échanges frénétiques de courriels entre Bernard Plossu et moi-même,
mais le projet éditorial a avorté ; demeure mon texte sur le rencontrer…
Mais je veux vous dire surtout que je me sens vraiment très proche de votre forme de curiosité
à la fois si ouverte et si exigeante en sa précision d’enquête dans le détail le plus infime du réel,
et la variété des objets de cette curiosité, à la condition que ceux-ci méritent, bien sûr, votre intense attention !
Outre, bien sûr, cette alliance en vous des approches poétiques et philosophiques.
Ce n’est pas sans raison que je signe les articles de mon blog Titus Curiosus…
 
Si vous disposez d’un peu de temps parmi vos diverses activités,
voici aussi des liens _ via podcasts et vidéos + les articles de mon blog Mollat En cherchant bien : http://blogamis.mollat.com/encherchantbien/ _
à diverses rencontres de vrais amis : René de Ceccatty, Marie-José Mondzain, Bernard Plossu
qui m’ont passionné ces derniers mois :
_ d’abord,
ce long et dense article sur Enfance, dernier chapitre de René de Ceccatty :
avec, pour le compléter, ce lien au podcast (de 82’) de mon entretien avec René chez Mollat
autour de ce chef d’œuvre qu’est en effet Enfance, dernier chapitre, ainsi que sur sa traduction de La Divine Comédie de Dante :
Sur l’œuvre de René de Ceccatty,
cf aussi ce lien à mon article du 24 mai 2016 sur son magnifique, encore, Objet d’amour :
_ ensuite,
un lien à la vidéo de mon entretien (de 65’) avec Marie-José Mondzain, au Théâtre-du-Port-de-la-Lune le 7 novembre dernier,
à propos du mot de Paul Klee, repris par Deleuze : « Vous savez, le peuple manque », ainsi que de son livre  Confiscation _ des mots, des images et du temps (Pour une autre radicalité) :
Sur Marie-José Mondzain,
cf aussi ces articles :
et
Puis celui-ci du 26 octobre 2011, à propos du livre précédent de Marie-José Mondzain, Images (à suivre) _ de la poursuite au cinéma et ailleurs :
ainsi que cet autre, le 20 mai 2012 :
_ enfin,
cet article à propos de Bernard Plossu et de son exposition A boire et à manger à la galerie Arrêt sur l’Image, cours du Médoc, de Nathalie Lamire-Fabre :
avec ce lien à une courte séquence filmée (de 2’) par FR3 :
Sur Plossu,
cf aussi ces 2 autres articles _ avec photos _ de mon blog, en 2010 et 2014 :
à propos de Plossu-Cinéma
Et voici encore
ceci, rédigé en 2007, en forme de proclamation : Pour célébrer la rencontre
Si jamais, bien sûr, vous disposez de temps pour ces formes de promenades de conversations _ voilà _ avec des amis… 
Bien à vous, cher ami, dont je me sens très proche par la curiosité _ tous azimuts, ou presque _ et la pensée _ tant poétique et philosophique _,

Francis Lippa
P. s. : comme je vous l’ai dit très vite,
je suis aussi vice-président de la Société de Philosophie de Bordeaux
_ le 4 mai prochain, chez Mollat, je recevrai ainsi Frédéric Gros pour son Dés-obéir (et pour son édition des Aveux de la chair de Michel Foucault).
Je me suis entretenu avec lui l’an dernier pour son roman Possédées ;
_ cf le podcast de cet entretien :
Et en dehors de la Société de Philosophie,
je m’entretiendrai aussi avec Hélène Cixous _ qui n’est jusqu’ici jamais venue chez Mollat présenter aucun de ses livres _ le 17 mai prochain,
Voici aussi un lien vers l’ensemble des podcasts de mes entretiens depuis que ceux-ci sont enregistrés et mis en ligne :
Ces entretiens me sont très chers ;
ils sont la partie émergée de mon œuvre, le reste étant non publié…
 
Certains de ces entretiens _ outre ceux avec Bernard Plossu, Marie-José Mondzain et René de Ceccatty, cités ici plus haut _ sont tout simplement merveilleux !
Par exemple, celui (le 20 mai 2011) avec Jean Clair, à propos de son Dialogue avec les morts :
ou celui (le 9 mars 2017) avec Michel Deguy, à propos de son La Vie subite :
Et encore celui (le 18 septembre 2013) avec Denis Kambouchner, à propos de son L’Ecole, question philosophique :

Ce lundi 5 mars 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa

Mythes d’alios au Printemps des poètes, ce week-end, à la Halle des Chartrons

23fév

Ce week-end autour du dimanche 25 février, pour le Printemps des Poètes,

Alain Béguerie présentera, en compagnie de certains de ses amis auteurs de poèmes,

son livre Mythe d’alios, publié aux Éditions Marges en Pages,

à la Halle des Chartrons, à Bordeaux.

Résultat de recherche d'images pour "Mythes d'alios"

 

Mythes d’alios

TEXTES

préface FRANÇOIS HUBERT

ALLAIN GLYKOS ANNE KARINE PÉRET CÉCILE HARTL DENIS SIOT DONATIEN GARNIER ERIC DES GARETS FABIENNE ALEXANDRE-CHAPIN FRANCIS LIPPA GILLES DUSOUCHET GUY-MARIE RENIÉ HÉLÈNE BARON HENRI ZALAMANSKY JEAN LE GLOANNEC JEAN-PAUL RATHIER JO MOGA LUCIEN ORIO MARIE-PAULE BARGÈS NADIA BOUMAZA NADINE COUSSY-CLAVAUD PASCAL RIGEADE PATRICK TRASSARD PHILIPPE RICHARD QUITTERIE DE FOMMERVAULT RÉGIS MONTÉAN VINCENT LEFORT VINCENT MONTHIERS WALID SALEM YOLANDE MAGNI

PHOTOS

ALAIN BÉGUERIE

Ainsi voici mon poème :

Chiron, éducateur d’Achille enfant :

Les sabots dans la glaise, et la tête dans les étoiles,

ainsi courent les vastes plaines herbeuses

les centaures-archers sagittaires.

 

Ici, le vieux Chiron, éducateur d’Achille enfant,

le buste encore droit bien cambré vers le ciel,

incline avec douceur un bienveillant visage,

prodiguant à l’élève, regard aidant,

quelque sage conseil.

 

Un éclat de soleil lustre sa face patinée

par les ans.

 

Ce vendredi 23 février 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa

 

 

 

 

la justesse ludique d’un photographe « à l’air libre » : Bernard Plossu en deux entretiens, « L’Abstraction invisible », avec Christophe Berthoud ; et la conversation avec Francis Lippa, dans les salons Albert-Mollat, le 31 janvier 2014

16fév

A Nathalie Lamire-Fabre et Michèle Cohen : deux fées

_ galerie Arrêt sur l’Image, Bordeaux ; galerie La Non-Maison, Aix-en-Provence

 

L’œuvre photographique de Bernard Plossu

est à la fois formidablement saisissante _ en sa double puissance de justesse et de poésie vis-à-vis du réel à expérimenter (enfin !) _ pour quiconque accepte d’y accrocher un instant plus ou moins long, et surtout intense, son regard _ ici, toujours en revenir à ce que mes amies Baldine Saint-Girons, en son L’Acte esthétique, et Marie-José Mondzain, en son Homo spectator, nomment , l’une, « l’acte esthétique« , et, l’autre,  l’« imageance« .. _ et s’en délecte avec profondeur,

et extraordinairement insaisissable

pour qui tente de la décrire et s’essaie à en proposer quelques (toujours trop pauvres et insuffisants) critères d’identification : la tâche en est joyeusement infinie, tant l’œuvre singulière de Plossu est elle-même, en son unicité, prodigalement _ c’est-à-dire avec une générosité sans fond ! _ inépuisable.

Non immobilisable.

Ce qui est le cas de tous les chefs d’œuvre de l’art vrai,

mais l’auteur-artiste, afin d’accéder à ce pouvoir (de maîtrise sans maîtrise : c’est la voie de la création vraie !) si singulier-là, doit, et cela à chaque fois, réussir à, en sa poiesis créatrice, s’abstraire de tout ce qu’il a déjà pu apprendre, et des autres, et de soi, quasi virginalement, comme toujours la première fois vraie, et qui menace endémiquement de le guider un peu trop, jusqu’à venir, se rigidifiant, se figer en recette un peu trop mécanique,

pour surmonter librement et avec fécondité ce tout à jamais provisoire et en sursis (de dépassement à venir) de son précieux bagage ; ce tout qui tout à la fois l’aide, et dont il a, en même temps, toujours à s’alléger…

La probité étant une condition absolue de la justesse !

On ne saurait badiner là-dessus…


C’est au mystère de cet oxymore somptueux plossuïen

que s’attaquent _ si j’ose le dire ainsi ; mais c’est aussi un vrai défi de l’aisthesis ! _, à la fois,

et le merveilleux livre d’entretien qu’est L’Abstraction invisible _ entretien avec Christophe Berthoud, de Bernard Plossu et Christophe Berthoud, paru aux Éditions Textuel en septembre 2013,

« fruit de plusieurs conversations qui ont eu lieu à La Ciotat et à Marseille entre novembre 2012 et mai 2013, complétées par de très nombreux échanges de courriels. Elles se sont nourries d’un important corpus de textes, articles, préfaces, notes du photographe, cités en bas de page, qui couvre plus d’une quarantaine d’années de la carrière de Bernard Plossu. Ce dialogue s’inscrit dans une relation d’amitié et de confiance qui a débuté à Paris le 16 juin 1994 sur un quai de la gare de Lyon, au départ d’un train de nuit pour Marseille » _ page 13, en conclusion du superbe et très éclairant Avant-Propos de Christophe Berthoud _ :

ce livre est un somptueux et très précieux (et rare !) sésame pour l’œuvre entier de Plossu, en son complexe et richissime parcours de par, et l’histoire existentielle de l’individu Bernard Plossu, et la géographie du monde et des personnes rencontrés et photographiés par le « photographe à l’air libre » _ ainsi que l’ont inscrit on ne peut plus officiellement les Espagnols, lorsqu’il s’est agi d’indiquer sur des papiers très officiels le statut professionnel de l’individu Bernard Plossu, lors des années qu’il a passées en Andalousie... _,

et l’entretien de Francis Lippa avec Bernard Plossu, une joyeuse heure durant, dans les salons Albert-Mollat, le vendredi 31 janvier dernier,

dont voici un lien vers le podcast (de juste une heure).

Bernard et moi nous sommes rencontrés le 22 décembre 2006, à 18h 15 très précisément, au rayon Beaux-Arts de la librairie Mollat, où Bernard était venu pour une séance de signature _ elle dura un quart d’heure… _ du merveilleux Bernard Plossu Rétrospective 1963-2003, un ouvrage crucial !, accompagnant la très importante exposition éponyme conçue par Gilles Mora, qui allait se tenir au Musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg, du 16 février au 28 mai 2007 ; et début décembre, en liaison avec les travaux de mon atelier Habiter en poète, et de son projet de voyage napolitain, après Rome et Lisbonne, j’avais acheté son merveilleux, aussi, L’Europe du sud contemporaine, dont je me délectais… :

trois-quart d’heure durant, ce 22 décembre 2006-là, nous avons alors parlé passionnément de l’Italie _ j’avais donc en projet d’amener mon atelier Habiter en poète à Naples, prendre des photos autour du stupéfiant Je veux tout voir, de Diego De Silva _ de littérature et d’écrivains italiens _ et tout particulièrement d’Elisabetta Rasy, que nous avions longuement rencontrée à Rome, tout près de sa maison d’enfance, pour le travail de notre atelier de pratique artistique (avec le photographe bordelais et ami Alain Béguerie), autour du fascinant roman (romain), en partie autobiographique Entre nous d’Elisabetta Rasy : Elisabetta et sa mère (et son petit frère) habitaient dans un quartier charmant non loin de la Via Nomentana et juste à côté du parc de la Villa Paganini)… _,

et Bernard se mettant à me tutoyer au bout d’un quart d’heure… ;

et ainsi débuta une correspondance frénétique de courriels, chacun dans son style _ une correspondance dont les trois premiers mois faillirent même faire l’objet d’une publication : projet heureusement avorté ! _,

et notre amitié…

On pourra aussi se reporter à mon article du 27 janvier 2010

sur les deux magnifiques expos Plossu-Cinéma au Frac de Marseille, que dirige Pascal Neveux, et à La Non-Maison d’Aix-en-Provence, de la fée, et notre amie, Michèle Cohen,

aux vernissages desquelles expositions je m’étais rendu en janvier 2010 :

L’énigme de la renversante douceur Plossu : les expos (au FRAC de Marseille et à la NonMaison d’Aix-en-Provence) & le livre « Plossu Cinéma » 

Au-delà de « la liberté sans cesse en mouvement«  (page 9) qui caractérise si bien Bernard Plossu _ en exergue du livre, est placée cette phrase de Bernard : « Dans ce qui était prévu pour moi, il y avait le fait d’être de tel pays, telle ville, tel village ; je fais partie des gens qui ont besoin de se tirer«  _,

et au-delà « des photographies imparfaites du point de vue d’une certaine orthodoxie,

tremblées, bougées, sombres ou surexposées,

mais traductions fidèles d’une expérience » généreusement offerte à nos regards émerveillés, qui la partagent ainsi _,

c’est « tout un pan lumineux, et net, de sa production,

un classicisme revendiqué,

une filiation avec le photographe Paul Strand _ oui ! cf cet absolu petit bijou qu’est French cubism _ Hommage à Paul Strand, que la Non-Maison a publié en juin 2009 _ ou des peintres comme Corot _ oui… _ et Leroy« 

que Christophe Berthoud amène, en cet entretien avec lui, l’auteur Bernard Plossu,

a contrario _ mais sans renier l’autre pan… _,

à mettre mieux en lumière.

Car toujours « cet abandon à l’expérience _ dans l’acte du photographier _

reposait en réalité sur une vision extrêmement maîtrisée et structurée » _ en cet acte même et son instantanéité.

La « pensée » _ photographiante _ de Bernard Plossu ne procède jamais « par exclusion, mais par glissement,

pas nécessairement contre, mais ailleurs » (page 10) :

en douceur…


En conséquence, ce livre abordera parallèlement au Plossu bien connu « en rupture de ban« ,

« une autre aventure,

spirituelle, esthétique _ et tout aussi prosaïquement matérielle que poétiquement métaphysique, si l’on peut dire : les deux allant consubstantiellement, et même charnellement, de pair en l’acte photographique de Bernard Plossu _,

celle d’une vision qui apparaît « spontanément », écrira un Denis Roche, dans toute la maîtrise de son expression _ cf le miracle du Voyage mexicain, qui paraît en 1979, mais à partir de photos réalisées en 1965 et 1966 : oui, oui !..  _,

mais qui mettra une dizaine d’années _ à partir de 1975-76 ; cf le chapitre « L’appel du livre« , pages 57 à 61, qui le détaille… _ à comprendre sa force

et à se libérer des influences d’une époque dans ce qu’elles ont _ la mode est ce qui se démode… _ de plus éphémère et périssable. (…)

Cet arrachement aux concessions du moment, aux effets faciles du grand angle, aux séductions des points de vue spectaculaires,

pour revenir à la justesse et à la vérité _ absolument !!! _ des débuts

_ ceux du merveilleux (et virginal) Voyage mexicain : l’éblouissement aujourd’hui est plus fort que jamais !  _,

Plossu en parlera constamment par la suite.

Cette distance et ce ton juste,

c’est l’objectif 50 mm, répète-t-il à satiété,

au risque de résumer la force de son œuvre à ce détail technique, ou ce qui pourrait sembler tel.

En fait, il y a une profonde cohérence,

et ce livre ambitionne à le montrer,

entre sa vision qui s’exprime à travers cette focale « sans esbroufe » _ à l’opposé d’un Sebastiao Salgado, par exemple : « Salgado et moi nous avons la même étiquette de photographe, mais on ne fait pas du tout le même métier. Je n’ai rien à voir avec lui. C’est un autre langage » ; Bernard se sentant, en revanche, bien « plus proche d’un artiste comme Patrick Sainton«  ; et Bernard d’évoquer alors sa propre pratique du dessin (en son œuvre, sa poiesis même, photographique…) : « Dessiner est ma façon d’enclencher un processus de réflexion autour de l’image qui passe chez moi par le geste, par le jeu. Cela participe des expérimentations visuelles qui me rendent plus proche d’un artiste comme Patrick Sainton que d’un Sebastiao Salgado« , page 151 _

et une attitude plus générale dans la vie qui peut s’interpréter comme une forme de puritanisme«  (page 11) _ toute de pudeur et de profonde modestie, et inquiète.

«  »Vision », ici, a le sens plus large de « conception du monde ».

Elle s’emploie à ramener à des proportions modestes _ comme c’est juste ! _ ce qui tendrait au sublime, au grandiose, au grandiloquent ;

à l’inverse, Plossu exhausse des détails _ du quotidien le plus apparemment trivial ;

et ici il s’inscrit dans la filiation esthétique d’un Walter Benjamin et d’un Siegfried Kracauer ; sur ce dernier vient de paraître un très intéressant Kracauer, l’exilé, de Martin Jay _,

promeut les instants « non décisifs » _ sur le rapport de Bernard Plossu à Henri Cartier-Bresson, cf les pages 120 à 122 ; cf aussi le passionnant et magnifique album de Clément Chéroux Henri Cartier-Bresson ici et maintenant, sur l’expo qu’il nous offre au Centre Pompidou… _,

réhabilite des lumières dont les photographes se défient.

Ceci vaut pour les motifs qu’il photographie

comme pour les moyens techniques qu’il se donne _ l’appareil jetable en est l’exemple le plus parlant«  (pages 10-11).

Ainsi, pour Bernard Plossu, « la haute culture sera toujours un objet soumis à l’épreuve _ cruciale et basique pour lui _ de l’expérience.

Voir _ lui, prenant la photo, puis nous, la regardant _ un Morandi ou un Malévitch

devant un vieux mur ou dans l’agencement d’une palissade,

équivaut à faire entrer l’art dans la sphère _ simplement fondamentale _ du quotidien.

L’aventure qui traverse l’œuvre de Plossu

est cette perpétuelle fécondation du réel par l’art,

mais en retour une perpétuelle vérification de l’art sur le banc d’essai du réel _ oui !

Le séjour à Taos, sur les plateaux du Nouveau-Mexique, représente un moment clé dans cette histoire, à 2000 mètres d’altitude,

dans un décor qui ressemble davantage à un tableau hivernal de Bruegel qu’à un cliché de l’Ouest américain, dira le photographe.

Taos, c’est la rencontre _ on ne peut plus contingente en son improbabilité ! en ce désert-là !.. _ de Plossu, autodidacte,

avec Corot, l’expressionnisme allemand, l’école romaine _ qu’il dévore en bibliothèque : celle « de la fondation Harwood, riche d’ouvrages d’art que beaucoup de gens cultivés ayant vécu au Nouveau-Mexique avaient légués à leur mort. Il n’y avait pas beaucoup de livres de peinture chez mes parents, c’est à Taos que je m’y suis mis vraiment. » De même que « c’est à Taos que j’ai lu les deux grands livres qui comptent énormément pour moi : La Connaissance de la douleur de Carlo Emilio Gadda et La Conscience de Zeno d’Italo Zvevo » (page 83).

Pour autant, Plossu ne reniera pas ses premiers engouements,

et, revenant sur la notion de vision « spontanée »,

rend hommage à ces influences qui l’ont marqué très jeune,

la bande dessinée,

le cinéma _ cf le merveilleux Plossu-Cinéma, à partir d’une intuition initiale de Michèle Cohen avec Bernard Plossu : j’étais présent à La Ciotat à la première séance de travail, avec Pascal Neveux aussi, qui mena à la double exposition merveilleuse du Frac de Marseille et de la NonMaison d’Aix-en-Provence… _,

les dessins satiriques,

les tableaux qu’il s’efforça à l’âge de 12, 13 ans de reproduire en peinture«  (page 12).

Et « la pratique du flou« 

sera remise « dans la perspective d’une écriture visuelle inventive et _ joyeusement ludique _ en perpétuelle recherche« ,

mettant l’accent sur le caractère « a-contemporain » _ à dimension d’éternité, ajouterai-je, spinozistement : d’où le sentiment de la joie, comme accomplissement des potentialités ; très loin des philosophies tristounettes de la finitude… _ de Bernard Plossu auteur.

Car « retracer le parcours de Bernard Plossu,

un demi-siècle de prises de vues,

ce n’est pas évoquer en effet le passage du temps,

mais le nier, ou plutôt le plier _ Hegel parlerait ici du processus de aufhebung _ au rythme d’une œuvre qui se déploie avec sa logique étrangère aux modes.

Une photographie réalisée en 1963 joue avec une photographie prise en 2004,

des obsessions et des thématiques enjambent les décennies,

et des images inédites réalisées en 1974 sont publiées en 2013 avec une charge visuelle intacte, actuelle«  (pages 12-13), par la grâce de la prodigieuse mémoire photographique de Bernard Plossu…

Les capacités à la fois d’analyse (du détail) et de synthèse (de ce qui ressort de l’ensemble de l’œuvre Plossu envisagé en sa quasi intégralité !) de l’ami Christophe Berthoud

afin de mettre en évidence, et révéler, en ses arcanes, la singularité de l’idiosyncrasie de Bernard Plossu, auteur photographe « à l’air libre« ,

sont remarquables de perspicacité en l’amplitude et la justesse de leur empathie…

Chapeau le regardeur !

Titus Curiosus, ce 16 février 2014

Post-scriptum :

en feuilletant d’anciens agendas,

en tête de celui de 2009-2010, et en réponse à quelques questions de Gwénaël Lemouée, du Provençal,

« Est-il différent de photographier l’ailleurs et le lieu où l’on vit ?« ,  « Avez-vous toujours le même plaisir à travailler ? » et « Qu’est-ce qu’une bonne photo ?« ,

je retrouve ceci, de Bernard Plossu :

_ « Pour moi, c’est pareil : en tant que photographe, on est prêt à saisir _ voilà : saisir ; et puis donner _ le hasard partout et tout le temps ; l’œil n’est jamais en repos. Je ne peux plus ne pas voir » ;

_ « La photographie me plaît toujours autant : c’est LE langage du réel. On y comprend _ rien moins ! voilà l’intelligence prodigieuse du créateur ! _ le monde et tout ce qu’il s’y passe, soit dans le contexte social ou écologique, soit tout simplement dans la poésie _ eh oui ! « Ce qui demeure, les poètes le fondent« , dit Hölderlin… _ des moments et des lieux ou des situations » _ hic et nunc _ ;

_ « Souvent une bonne photo est mystérieuse. C’est même impossible de dire pourquoi elle est bonne. Il y a même des photos qui peuvent être bonnes, car remplies de poésie. C’est peut-être ça que j’essaye de capter  _ par la magie de la photo prise. Le mystère des choses, du temps, de la vie.« 

Tout y est dit.

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