Posts Tagged ‘André Campra

A propos de tout un pan regrettablement délaissé du Baroque musical français (religieux) dans la présente production discographique…

16fév

En procédant à un _ encore bien trop partiel _ essai de rangement des CDs de ma discothèque personnelle,

je me suis aperçu d’un certain contraste entre la production discographique des vingt dernières années du XXe siècle, et la production des vingt-et-unes premières années du XXIe siècle ;

au détriment, quantitatif surtout, mais aussi parfois aussi qualitatif, des productions les plus récentes…

Notamment pour ce qui concerne le splendide _ et si émouvant _ répertoire musical religieux français :

de Henry Du Mont (1610 – 1684) et Pierre Robert (1622 – 1699) jusqu’à André Campra (1660 – 1744), Michel-Richard Delalande (1657 – 1726) compris…

Sans oublier, bien sûr, ni Jean-Baptiste Lully (1632 – 1697), ni Marc-Antoine Charpentier (1643 – 1704),

aux répertoires _ religieux _ tout de même un peu mieux connus ;

et encore quelques autres…

Et c’est la très récente parution _ une interprétation décevante pour mon goût : trop terne, pas assez vivante et enthousiaste, en comparaison d’autres, comme, par exemple, celle du CD « Grands Motets«  du Parlement de Musique sous la direction de Martin Gester, en 2001, pour le label Opus 111 (OP 30217), pour les Motets « Deus noster refugium«  et « Exaltabo te, Domine«  , et avec les chateurs Stéphanie Révidat, Stehan Van Eyck, Thomas Van Essen et Alain Buet ; ou encore, celle particulièrement réussie, en 2002, pour le label Virgin Veritas (7243 5 45531 2 7), du CD « Grands Motets«  d’Olivier Schneebeli, avec les Motets « Beati quorum remissae sunt« , « Quam dilecta«  et « Audite cæli quæ loquor« , avec les chanteurs Salomé Haller, Damien Guillon, Howard Crook, Hervé Lamy et Alain Buet… _, pour le label Harmonia Mundi, du CD Delalande « Grands Motets » HMM 902625 (Veni creator, Miserere, Dies irae) de l’Ensemble Correspondances sous la direction de Sébastien Daucé,

qui m’a fait me pencher sur la récente discographie de Delalande, pour commencer par lui, en comparaison avec plusieurs antérieurs enregistrements de « Grands Motets » de cet important et brillantissime compositeur du grand siècle…

Et je ne partage pas tout à fait (!!!), pour une fois, l’avis très positif sur cette interprétation qu’a publié sur son site Discophilia Jean-Charles Hoffelé, en date du 18 février 2022, sous l’intitulé « Pour le Roi Soleil« …

Avis que voici :

POUR LE ROI SOLEIL

Le vaste geste roide _ vraiment ? La raideur du geste relevée ici est-elle vraiment celle du compositeur ? Je ne le pense pas du tout, pour ma part… Parler ici de « roideur«  est parfaitement inadéquat pour pareille sublime musique… _ dont Lalande para ses Motets enthousiasma Louis XIV, qui crut bien avoir trouvé _ dès 1683 _ un nouveau Lully pour sa chapelle. Les trois motets réunis ici par Sébastien Daucé illustrent ses premières années versaillaises.

Il faut entendre le Miserere, sa grande pompe _ mais toute en sublime douceur _ qui prolongeait les réflexions piétistes _ intenses et  profondes, en leur tendresse : à la française ! _ des Leçons de ténèbres par quoi se refermait le carême. Pénitence intense, harmonies glaciales _ non : sidérantes seulement … _, forme immense _ oui _ où le chœur semble ouvrir d’un même geste le tombeau et le ciel, tombeau dont essaye de nous consoler les harmonies résignées du Dies irae, qui conduiront au tombeau _ le 5 mai 1690 _ la Dauphine Marie-Anne de Bavière.

Les sombres harmonies de ce chef-d’œuvre _ oui ! _ accompagneront nombre de funérailles des membres de la famille royale, requiem versaillais que Sébastien Daucé et ses amis débarrassent de toute roideur _ où la trouve-t-on donc ?.. _, rendant au verbe ses propriétés rédemptrices, admirable lecture qui me semble renouveler le sujet.

Clore un disque de méditation sur la mort par l’éclaircie du tendre _ voilàVeni creator, où le génie de Delalande offre un visage plus apaisé, c’est ouvrir de nouvelles perspectives. Comme pour tous ses motets, Delalande le reprit moult fois, amplifiant l’espace harmonique de l’orchestre, magnifiant les couleurs. Sébastien Daucé a pris soin de comparer les différentes versions pour offrir ici ce qui gagnerait à être le premier volume d’une série explorant ce continent majeur du Grand Siècle dont la musique _ certes _ fut, avec l’architecture, l’art majeur.

LE DISQUE DU JOUR

Michel-Richard Delalande (1657-1726)


Dies iræ, S. 31
Miserere, S. 27
Veni creator, S. 14
Simphonies pour le Souper du Roy (extrait : Troisième Caprice, S. 162/5)

Ensemble Correspondances
Sébastien Daucé, direction

Un album du label harmonia mundi HMM902625

Photo à la une : © DR

De même que j’ai été très déçu du CD « Majesté _ Grands Motets pour le Roi-Soleil« , comportant les Grands Motets « Deitatis majestatem« , « Ecce nunc benedicite »  et « Te Deum« , de Michel-Richard Delalande par Le Poème Harmonique de Vincent Dumestre pour le label Alpha ; soit le CD Alpha 968, en 2018.

Je compte aussi revenir me pencher _ cf mon article du 10 novembre 2021 : «  » _ sur les interprétations des admirables « Grands Motets » de Pierre Robert, tout particulièrement sous la direction d’Olivier Schneebeli, à Versailles…  

À suivre…

Ce mercredi 16 février 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Musiques de joie : l’incroyable tendresse, de goût français, de l’Introït du Requiem de Campra…

12juin

La tendresse est décidément un trait marquant

et enchanteur,

de la musique française.

Pour aujourd’hui,

j’ai choisi l’incroyablement envoûtante Berceuse

de l’Introït du Requiem de Campra

(Aix-en-Provence, décembre 1660 – Versailles, 29 juin 1744)

en un CD des Arts Flo

consacré à quelques uns des Grands Motets d’André Campra ;

le CD Virgin Veritas 7243 5 45555 2 7,

paru en 2003. 

Une merveilleuse bienfaisante douceur de paix.

A défaut du style merveilleusement idoine des Arts Flo,

en voici un podcast

dans l’interprétation pas assez versaillaise, du moins à mes oreilles,

de John Eliot Gardiner.

Il y faut bien davantage de douceur, tendresse,

et naturel…

Ce vendredi 12 juin 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Et encore l’opéra lullyste : l' »Issé » d’André Cardinal Destouches par Les Surprises et Louis-Noël Bestion de Camboulas _ la délicate tendresse de l’opéra baroque français

22nov

Et voici que,

dans la continuité, encore, des CDs de Lully et des lullystes,

paraît l’Issé d’André Cardinal Destouches (1672 – 1749),

pastorale héroïque créée en décembre 1697.

Voici la présentation qu’en donne ce jour,

sur son blog Discophilia,

Jean-Charles Hoffelé,

en un article intitulé Apollon démasqué :


APOLLON DÉMASQUÉ



Louis-Noël Bestion de Camboulas
 _ le frère de Simon-Pierre Bestion, qui dirige l’Ensemble La Tempête _ et Les Surprises ont de la suite dans les idées, ils poursuivent leur explorations du catalogue de Destouches _ 1672 – 1749 _ pour nous offrir _ après, en avril 2016 (et déjà chez Ambronay) l’opéra-ballet Les Éléments (de 1721), composé avec Michel-Richard Delalande (1657 – 1726) _ le premier enregistrement de cette Issé, œuvre d’un jeune homme de vingt-cinq ans tout juste sorti de l’atelier de Campra _ à peine plus âgé que lui : 1660 – 1744. La première d’Issé eut lieu au château de Fontainebleau le 7 octobre 1697


Elle lui assura mieux qu’un succès, que les circonstances périlleuses de sa création rendaient incertaines – l’œuvre fut commandée et donnée en décembre 1697 à l’occasion des noces du Duc de Bourgogne _ le fils aîné du Grand Dauphin _ et de la Princesse de Savoie _ les parents du futur Louis XV _ à Trianon, sous les jugements d’une cour sévère dont elle triompha de toutes les prévenances (ou plutôt préventions) –, une renommée.


Le genre de la “pastorale héroïque” allait connaître _ bientôt _ les faveurs de la cour _ de plus en plus hédoniste _, suscitant des chefs-d’œuvre jusque chez Rameau _ Zaïs, Naïs, Acanthe et Céphise, Daphnis et Églé en 1748, 1749, 1751 et 1753 _ : son monde de bergers et de bergères se liant d’amour avec les Dieux charmait des spectateurs qui savaient y lire bien des allusions _ cf déjà l’affection de La Fontaine pour cet univers de bergers, en l’Epître à M. de Nyert, en 1677 ; et par opposition au genre un peu trop « idéologique« , voire militaire, que Lully développait au service de Louis XIV…


Le livret d’Houdar de La Motte est habile, autant que celui de la future Europe galante _ en 1697 aussi _ de Campra, il le remania avec encore plus d’à propos pour la reprise de l’œuvre à l’Opéra _ le 7 décembre 1719 au Palais Royal _, lui donnant la stature classique de la tragédie lyrique : un prologue et cinq actes, avouant la source de son inspiration, rien moins que l’Acis et Galatée de Lully _ créé à Anet le 6 décembre 1686, pour le Grand Dauphin.


Le public parisien ne s’y trompa guère, il plébiscita l’œuvre. Issé allait rester un des piliers du répertoire lyrique jusqu’à la chute de l’Ancien Régime _ et même au-delà : le 17 décembre 1797, au Petit-Trianon. L’œuvre est merveilleuse _ le merveilleux étant le ressort principal de l’opéra français à l’ère dite Baroque _, autant par la grâce _ voilà ! _ de ses parties vocales que par l’imagination d’un orchestre où Destouches fait entendre les symphonies de la nature avec un art confondant _ anticipant en quelque sorte le génie propre de Rameau.


Louis-Noël Bestion de Camboulas se saisit littéralement de l’œuvre, soulignant tout ce que Rameau reprendra _ voilà ! _ à son compte. Ce n’est pas le moindre des trésors de cette partition solaire, révélée par une équipe de chant relevée où brille particulièrement l’Apollon de Mathias Vidal, mais tous sont parfaits, de l’Issé élégante de Judith van Wanroij à l’Hylas sonore de Thomas Dolié.


Et si demain Les Surprises nous révélaient Omphale _ créé à l’Opéra de Paris le 10 novembre 1701 _ ?


LE DISQUE DU JOUR


André Cardinal Destouches(1672-1749)
Issé

Judith van Wanroij, soprano (Issé)
Chantal Santon-Jeffery, soprano (Doris)
Mathias Vidal, ténor
(Apollon, sous les traits du berger Philémon)
Thomas Dolié, baryton (Hylas)
Eugénie Lefebvre, soprano
(La première Hespéride, Une nymphe, Une Dryade)
Etienne Bazola, baryton (Hercule, Le Grand Prêtre)
Matthieu Lécroart, baryton (Jupiter, Pan)
Stéphen Collardelle, ténor (Un berger, Le Sommeil, L’Oracle)

Les Chantres du Centre de Musique Baroque de Versailles
Ensemble Les Surprises
Louis-Noël Bestion de Camboulas, direction

Un album de 2 CD du label Ambronay MAY053

Photo à la une : © DR


De bien belles découvertes d’œuvres idiosyncrasiques du _ tendre et délicat _ génie musical français…

Ce vendredi 22 novembre 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

Chanter Lully (et les lullystes) : Katherine Watson et Les Ambassadeurs d’Alexis Kossenko, dans « L’opera du Roi Soleil »

18nov

Comme une suite au CD Dumesny haute-contre de Lully, de Reinoud van Mechelen et A Nocte Temporis

_ le CD Alpha 554 ; cf mon article d’hier même : _,

Katherine Watson

et Alexis Kossenko dirigeant son Ensemble Les Ambassadeurs,

nous proposent un récital d’airs de Lully (1632 – 1687) et de ses suiveurs lullystes :

Louis de Lully (1664 – 1734),

Marin Marais (1656 – 1728),

André Campra (1660 – 1744),

Henry Desmarest (1661 – 1741),

Michel Pignolet de Montéclair (1667 – 1737)

et Jean-Baptiste Stuck (1680 – 1755)

en un CD intitulé L’Opera du Roi Soleil

_ le CD Aparté AP 209.

Si nous comparons les deux listes de compositeurs présents dans ces deux CDs,

nous constatons que

sont communs aux deux listes

_ outre bien sûr Jean-Baptiste Lully lui-même : le grand inspirateur _

Louis de Lully, Marin Marais, André Campra et Henry Desmarest,

alors que sont présents sur un seul des deux CDs

des airs de

Pascal Collasse, Marc-Antoine Charpentier, Elisabeth Jacquet de La Guerre et André Cardinal Destouches,

pour le premier des deux ;

et des airs de

Michel Pignolet de Montéclair et Jean-Baptiste Stuck,

pour le second des deux.

Le choix _ original et historiquement passionnant _ de Reinoud van Mechelen

était de s’attacher à la carrière _ lullyste _ d’un seul et même chanteur,

le ténor Louis Gaulard Dumesny (dit Dumesnil) ;

alors que le choix de Katherine Watson et Alexis Kossenko

consiste en un florilège _ musical _ de beaux airs pour sopranos

de ce très intéressant _ et pas assez courru, ni connu _ répertoire lullyste et post-lullyste.

Une seconde différence

est la très grande qualité de l’accompagnement

j’allais dire déjà orchestral _ mais nous ne sommes pas encore chez Rameau _

des Ambassadeurs,

dans le CD L’Opéra du Roi Soleil

Que de magnifiques instrumentistes en cette formation

réunie par Alexis Kossenko !

Et une remarque un peu plus personnelle, pour finir :

c’est moi qui _ en 1995, à l’occasion du tricentenaire de la mort de La Fontaine _ avais conseillé à Hugo Reyne

d’intégrer le fameux Air des Trembleurs d’Isis de Lully

à notre CD Un portrait musical de Jean de La Fontaine ;

lequel comporte le sublime air de la tentation du suicide d’Astrée

interprété par Isabelle Des Rochers avec une merveilleuse émotion

en ce CD La Fontaine de La Simphonie du Marais… _,

dans l’opéra de Collasse, sur un livret de La Fontaine.

Pascal Collasse est un magnifique compositeur !

À redécouvrir ! 

Ce lundi 18 novembre 2019, Titus – Curiosus

Chanter Lully (et les lullystes) entre 1675 et 1699 : Dumesnil, par Reinoud van Mechelen

17nov

C’est un passionnant CD

_ le CD Dumesny haute-contre de Lully : le CD Alpha 554 _

sur ce qu’est l’art du chant français

d’un chanteur à la Cour de Louis XIV

que nous offre Reinoud van Mechelen

_ avec les musiciens de l’Ensemble A Nocte Temporis _

en une réalisation exemplaire.

Bien sûr

pas de virtuosité (à l’italienne) ici,

ni même de morceau de vedettariat (comme à l’époque _ à venir sous Louis XV, par exemple pour un Jelyotte, ou une Marie Fel _ de Rameau) ;

mais simplement les subtilités délicieuses de l’incomparable français de la tendresse.

Ce parcours _ entre 1677 et 1697 _ nous fait aborder des œuvres

(ni même des compositeurs)

qui ne courent _ hélas _ pas assez nos platines :

pour les compositeurs,

outre bien sûr Jean-Baptiste Lully (1632 – 1687) :

Pascal Collasse (1649 – 1709),

Henry Desmaret (1661 – 1741),

Marin Marais (1656 – 1728) & Louis de Lully (1664 – 1734),

Marc-Antoine Charpentier (1643 – 1704),

Elisabeth Jacquet de La Guerre (1665 – 1729),

André Cardinal Destouches (1672 – 1749),

et André Campra (1660 – 1744).

Ce dimanche 17 novembre 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

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