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Le charme extrêmement prenant de Benjamin Appl à nouveau opérant et superbe dans un programme à nouveau original et assez singulier : un bouquet de 19 Lieder de Franz Schubert en des adaptations orchestrales d’Anton Webern (5), Max Reger (7), Alexander Schmalcz (2) et 5 autres compositeurs-orchestrateurs, avec la complicité du chef, natif lui aussi de Ratisbonne, Oscar Jockel, et le Münchner Rundfunkorchester : un album infiniment séduisant de clarté et naturel, justesse et poésie…

10oct

Benjamin Appl à nouveau superbe dans la réalisation très réussie _ quel beau timbre de voix, et quel subtil et évident art du chant ! _ d’un nouveau projet très original et singulier :

un bouquet magnifiquement composé de 19 Lieder _ avec piano, à l’origine _ de Franz Schubert en des adaptations orchestrales _ assez peu courues et ainsi rassemblées… _ d’Anton Webern (5), Max Reger (7), etc.,

avec la complicité du chef _ natif de Ratisbonne (le 24 décembre 1995) comme Benjamin Appl (né le 26 juin 1982) _ Oscar Jockel, et le Münchner Rundfunkorchester :

soit un album BR Klassik 900346 _ enregistré à Munich du 28 au 30 septembre, le 30 novembre, et les 1er et 2 décembre 2022 (Benjamin Appl vient d’avoir 40 ans ; et Oscar Jockel a tout juste 26 ans), et en une prise de son de Christine Voitz, d’une stupéfiante clarté et un exemplaire naturel ! ; l’album est sorti le 6 octobre dernier, il y a à peine 4 jours… _ à nouveau très prenant et vraiment plein de charme…

De Benjamin Appl _ baryton bavarois, formé au très fécond Regensburger Domspatzen de Ratisbonne (et ultime élève de Dietrich Fischer-Dieskau), et désormais installé à Londres _, mais cette fois avec le seul piano de James Baillieu _ né, lui, en Afrique du Sud au mois de mars 1982 _,

m’avait si fortement impressionné le très original et éminemment singulier CD Alpha 912 « Forbidden fruit » _ enregistré à Lugano du 27 au 30 juillet 2020 _, que je lui avais consacré rien moins que 4 articles, les 29, 30, 31 juillet et 1er août derniers :

« « ,

« « ,

« « 

et « « …

De même,

je m’étais tout de suite procuré le « Winterreise » schubertien de Benjamin Appl et James Baillieu, au piano, le CD Alpha 854 _ enregistré à Kentish Town, en Angleterre, au mois de septembre 2021 _, très réussi lui aussi.

Incontestablement,

ces 19 adaptations de Lieder avec piano seul de Franz Schubert (Lichtental, 31 janvier 1797 – Vienne, 19 novembre 1828) pour des interprétations avec accompagnement d’orchestre,

et par des compositeurs aussi différents qu’Anton Webern (Vienne, 1883 – Mittersill, 1945) pour 5 Lieder, Max Reger (Brand, 1873 – Leipzig, 1919), pour 7 Lieder,  ou le contemporain Alexander Schmalcz (né à Weimar en 1969), pour 2 Lieder,

mais aussi Johannes Brahms (Hambourg, 1833 – Vienne, 1897), Kurt Gillmann (Wannsee, 1889 – Hannovre, 1975), Felix Mottl (Unter Sankt Veit, 1856 – Munich, 1911), Benjamin Britten (Lowestoft, 1913 – Alderburgh, 1976), ou Jacques Offenbach (Cologne, 1819 – Paris, 1880), pour un Lied chacun,

surprend, étonne, charme et enrichit notre écoute…

En commençant ici par les 2′ 39 du très beau lied « Abendstern » de la première plage du CD, un lied de 1824 sur un poème de Johann-Baptist Mayrhofer, ici dans une orchestration d’Alexander Schmalcz,

on pourra écouter, en suivant, l’ensemble des 23 plages _ ainsi accessibles ici à l’écoute _ de ce très beau original CD…

De ce CD, je recommande tout spécialement la plage 5 (de 4′ 18) « Du Bist die Ruhe« , un lied de 1823 sur un poème de Friedrich Rückert, ici dans une orchestration d’Anton Webern,

et la plage 18 (de 3′ 44) « Nacht und Träume«  _ peut-être mon lied préféré de Franz Schubert : extatique !.. _, un lied de 1825 sur un poème de Matthäus von Collin, ici dans une orchestration de Max Reger…

À ces 19 Lieder chantés par le baryton éminemment charmeur _ quel naturel ! quelle clarté ! _ de Benjamin Appl,

le CD adjoint, aux plages 3, 7, 13 et 20,

10 « Deutsche Tänze (serie 1) » de Franz Schubert, adaptées pour l’orchestre par Johann von Herbeck (Vienne, 1831 – Vienne, 1877)…

Le très grand talent d’interprète de Benjamin Apple, aidé ici de celui d’Oscar Jockel, est de ne jamais tomber en une réalisation hyperbolique, opératique, de ces Lieder en ces versions avec accompagnement symphonique _ toujours tendre, précis, doux, délicat et infiniment léger _,

mais de savoir conserver et excellemment restituer l’intimité chaleureuse et tendre, complice, des humeurs des soirées de Liederabend, en un très attentif petit cercle d’amis proches, pour lesquels étaient donnés et créés ces Lieder avec un simple piano _ données du 26 janvier 1821, dans l’appartement de la famille von Schober, au 28 janvier 1828, chez Joseph von Spaun, pour ce qui concerne ces mémorables schubertiades auxquelles a participé Franz Schubert à Vienne… _,

tout en procurant à ces si touchants et très variés Lieder, d’une infinie délicatesse, sans le moindre surlignage de moindre mauvais goût, cette coloration symphonique qu’ils comportent aussi, en très fin subtil filigrane,

et que se sont amusés à leur apporter, à diverses époques de rayonnement de ces chefs d’œuvre intimes de Schubert _ très vite reconnus comme tels ! _, ces divers compositeurs ainsi orchestrateurs :

Jacques Offenbach (1819 – 1880),

Johannes Brahms (1833 – 1897),

Felix Mottl (1856 – 1911),

Max Reger (1873 – 1919),

Anton Webern (1883 – 1945),

Kurt Gilmann (1889 – 1975),

Benjamin Britten (1913 – 1976)

ainsi que notre contemporain et en activité _ en particulier pour le magnifique Matthias Goerne.. _ Alexander Schmalcz (né en 1969) _ ici, en ce programme, pour les Lieder « Abendstern » et « An Sylvia« , un lied de 1826 sur un texte de Shakespeare (extrait des « Deux gentilshommes de Vérone« ) adapté par Eduard von Bauernfeld…

Un CD tout simplement admirable : exceptionnel de justesse, clarté, naturel

…et poésie.

Benjamin Appl, décidément magnifique ; et plus que jamais à suivre…

Ce mardi 10 octobre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Une splendeur de CD de récital de chant baroque que j’avais manqué à sa parution en janvier 2021 : le merveilleux « Royal Handel » de la mezzo-soprano Eva Zaïcik, avec Le Consort…

17jan

En récapitulant les CDs de ma discothèque de l’Ensemble Le Consort

ainsi, aussi, que ceux du violoniste virtuose Théotime Langlois de Swarte,

j’ai pris de conscience que j’avais manqué, au mois de janvier de l’année dernière, 2021 _ quand règne toujours la pandémie _ la parution du CD Alpha 662 « Royal Handel« ,

de la mezzo-soprano Eva Zaïcik et l’Ensemble Le Consort.

Ensemble Le Consort au nombre des excellents instrumentistes duquel fait éminemment partie le violoniste Théotime Langlois de Swarte

_ à la généalogie familiale duquel, il se trouve que, à partir du 25 mai 2021

(cf mon article «  « , et en réagissant ainsi à l’infini plaisir pris à son CD, avec Thomas Dunford, « The Mad Lover » ; cf mon article du 12 mai précédent : « « …),

je me suis très vivement intéressé ;

et cela, pour avoir été collègue et ami, en lycée, à Arcachon (Grand Air), puis à Libourne (Max Linder), de son oncle maternel Thibault de Swarte ;

cf mes articles récapitulatifs successifs de cette généalogie de la famille de Swarte, autour de Thibault ainsi que de Timothée,

en date du 12 juin 2021 (« « ),

du 20 juin 2021 (« « ),

puis du 29 juin suivant (« « ). Fin ici de l’incise généalogique…

Aux très marquantes réalisations musicales discographiques de Théotime Langlois de Swarte, ainsi que celles de l’Ensemble Le Consort,

j’ai consacré une série de 7 articles :

les 29 janvier 2019 (« « ),

20 février 2019 (« « ),

16 août 2019 (« « ),

12 mai 2021 (« « ),

..;

16 août 2021 (« « ),

15 septembre 2021 (« « ),

et 8 décembre 2021 (« « ).

J’en viens donc, enfin, à l’émerveillement de ce CD « Royal Handel » (Alpha 662), enregistré au mois de juin 2020, à Paris, au Temple du Saint-Esprit,

et paru, donc, au mois de janvier 2021 : je ne l’avais pas vu passer…

Le répertoire vocal des opéras (ainsi qu’oratorios) de Haendel est extrêmement riche, et probablement pas encore exhaustivement exploré  _ c’est à voir… _ par l’enregistrement discographique : à l’égal du répertoire vivaldien, au tout premier chef ; mais aussi de l’ensemble du répertoire, en particulier italien (mais pas seulement : français aussi…) de l’opéra à l’époque baroque, déjà…

Mais si l’enregistrement discographique (ou vidéo) d’un opéra coûte assez cher _ et se fait ainsi de plus en plus rare sur le marché de l’offre discographique _,

il n’en est pas tout à fait ainsi de l’enregistrement, pour un CD, d’un récital d’un chanteur…

D’où la pratique _ se développant maintenant depuis plusieurs décennies… _ de la production discographique d’enregistrements consacrés, ou bien à une anthologie d’airs choisis d’un même compositeur _ tel ici Haendel _, ou bien au choix souvent intéressant et avisé d’un aperçu thématique d’airs empruntée à divers compositeurs d’une même époque _ comme pour le très excellent CD « Amazone » (le CD Erato 0190295065843) de Léa Désandré et Jupiter, dirigé par Thomas Dunford ; cf mes articles des 17 (« « ) et 28 octobre (« « ), ainsi que l’article panoramique du 5 décembre 2021 (« « )…

Aujourd’hui, c’est la très remarquable mezzo-soprano Eva Zaïcik _ décidément le timbre charnu et sensuel de mezzo me charme tout spécialement... _ qui, même si c’est avec retard par rapport à la parution de ce CD, il y a tout juste un an, m’enthousiasme superbement !!!

Et son art éminemment sensible du chant…

J’ai recherché divers articles qui ont été consacrés par la critique à ce CD « Royal Handel » de janvier 2021 ;

et je me permets de les faire partager ici :

_ »Royal Handel – Zaïcik : une heure de bonheur total« , un _ très fouillé et très juste _ article de Pierre Benveniste, sur BaroquiadeS, le 2 février 2021.

_ « Chronique d’album : « Royal Handel », d’Eva Zaïcik« , un article d’Elodie Martinez, sur Opera Online, le 5 février 2021.

_ « Eva Zaïcik et Le Consort illuminent un florilège d’airs d’opéra de Haendel« , un article de Cécile Glaenzer, sur ResMusica, le 5 février 2021.

_ « « Royal Handel », souveraine Eva Zaïcik !« , un article de Jean Lacroix, sur Crescendo Magazine, le 9 février 2021.

Articles que voici successivement :

1) Royal Handel – Zaïcik


Royal Handel - Zaïcik©


Une heure de bonheur total

Difficile de rassembler dans un album des airs représentatifs de l’œuvre lyrique de Georg Friedrich Haendel (1685-1759), auteur d’une cinquantaine d’opéras serias _ voilà ! _, sans compter les pasticcios _ en effet… L’option choisie dans le présent enregistrement a privilégié un épisode _ oui : 1719 – 1728 _ de la longue carrière de Haendel, c’est-à-dire la création de la Royal Academy of Music en 1719, institution dont Haendel fut le directeur artistique et que la postérité appela Première Académie.

La création d’une pareille institution, unique à son époque, témoigne de l’audace de Haendel ; il s’agissait en effet d’une véritable entreprise privée financée en partie par des mécènes, dont le souverain lui-même, mais également par les souscriptions et la vente des places. Disposant au départ de capitaux confortables, Haendel pourra ainsi au gré de ses voyages en Italie _ oui _, recruter les meilleurs interprètes du temps notamment le fameux castrat Francesco Bernardi (dit Senesino) et aussi Margherita Durastanti, Francesca Cuzzoni, Faustina Bordoni… Malheureusement, faute de gestionnaire compétent, les meilleurs chanteurs du monde et un directeur musical de génie ne purent éviter l’arrêt de l’activité de l’entreprise du fait de comptes déficitaires _ voilà…

Le présent CD propose un portrait musical de cette première Royal Academy of Music qui fonctionna entre 1719 et 1728. A un choix d’airs particulièrement marquants _ oui _ de Haendel s’ajoutent ceux de Attilio Ariosti (1666-1729) et Giovanni Bononcini (1670-1747), compositeurs ayant également participé _ en effet _ à cette aventure _ londonienne. Il est tentant d’imaginer que ce programme fut chanté par Senesino lors d’une soirée privée organisée par Haendel à son domicile.

Ce choix d’airs se justifie sur le plan artistique car cette période de la carrière de Haendel est exceptionnellement riche en chefs-d’œuvre _ absolument ! _ : Giulio Cesare, Ottone, Radamisto, Tamerlano, Rodelinda. De plus, en raison d’un laps de temps de moins de dix ans encadrant les œuvres choisies, on pouvait s’attendre à une unité stylistique certaine. En outre, place était donnée à des airs extraits d’opéras de Haendel très rarement joués _ oui _ comme Siroé, re di Persia, Flavio, re di Longobardi, Admeto, re di Tessaglia, Floridante ; ou encore à des extraits d’opéras de ses collègues de l’époque comme Caio Marzio Coriolano (1723) de Ariosti, et Crispo de Bononcini, permettant ainsi de découvrir quelques pépites _ mais oui !

Cet album apporte des émotions profondes _ oui ! _ et de grandes satisfactions _ oui. Il est intéressant de constater que les airs des deux compositeurs « invités », Ariosti et Bononcini s’intègrent parfaitement _ oui _ dans ce programme. Bien que Ariosti fût près de 20 ans plus âgé que Haendel, sa musique ne donnait aucunement l’impression d’être archaïque quand le public de l’époque la comparait à celle du Saxon. De nos jours, on considère que c’est plutôt ce dernier qui regarde vers le passé récent de son séjour italien, voire celui plus lointain de l’opéra vénitien de la deuxième moitié du 17ème siècle. En tout état de cause, les deux magnifiques airs que sont Sagri numi extrait de Caio Mario Coriolano (1723) d’Ariosti et Ombra cara tiré de Radamisto (1720) de Haendel ont un côté lamento proche de ceux de Francesco Cavalli (1602-1676) _ oui. La notice de l’album _ signée conjointement par Sophie de Bardonnèche, Justin Taylor et Théotime Langlois de Swarte _  insiste aussi avec raison sur la virtuosité orchestrale et surtout violonistique d’une pièce comme E’ pur il gran piacere d’Ariosti qui nous rappelle l’art de Pietro Locatelli (1695-1764). Ce dernier a pu peut-être s’inspirer d’Ariosti dans L’Arte del violino (1723-7) presque contemporain. Il faut rappeler à ce propos que Ariosti fut un virtuose de la viole d’amour. C’est peut-être en hommage à ce compositeur décédé en 1729 que Haendel utilisera quelques années plus tard, dans le cadre de la Deuxième Académie, la viole d’amour dans Sosarme, re di Media (1732) et surtout dans Orlando (1733). En effet la fameuse scène du sommeil du paladin est accompagnée par deux violes d’amour appelées aussi joliment violettes marines.

Si on se concentre maintenant sur Haendel, on constate que les morceaux choisis comportent des airs tirés de trois grands succès : Giulio Cesare, Ottone et Radamisto, mais aussi d’autres opéras qui eurent peu de succès à leur époque et qui sont souvent considérés comme des œuvres mineures. De nos jours il faut cependant relativiser ces appréciations _ d’alors : en effet. C’est parfois le livret (cas de Riccardo I et de Floridante) qui est médiocre, notamment ceux de Paolo Antonio Rolli, souvent bâclés ; mais la musique est toujours admirable _ oui ! _ comme le montrent éloquemment l’extraordinaire récitatif accompagné Son stanco suivi par l’air Deggio morire tirés de Siroe, re di Persia (1728), un largo pathétique avec ses rythmes pointés. De même le récitatif accompagné extrêmement dramatique Inumano fratel et l’aria non moins bouleversante Stille amare extraits de Tolomeo re d’Egitto (1728) sont aussi des sommets _ absolument ! _ de l’œuvre de Haendel. Les deux scènes dramatiques précédentes sont juxtaposées avec intelligence dans l’album puisque écrites toutes les deux dans la sombre tonalité de fa mineur. On peut parier qu’avec une belle mise en scène, on pourrait remédier _ probablement _ à l’indigence du livret et rendre justice à ces opéras presqu’oubliés. Enfin Ombra cara tiré de Radamisto et également dans la tonalité de fa mineur, fait partie des airs les plus sublimes _ oui ! c’est le mot approprié ! _ du compositeur saxon.

Eva Zaïcik n’est pas une inconnue dans ces colonnes. Le disque Venez chère ombre, les spectacles Cadmus et Hermione et Dixit Dominus-Grand Motet y ont fait l’objet de chroniques. Dans l’album Royal Handel, la voix de cette mezzo-soprano possède une généreuse projection _ oui _ qui ne provient pas d’un artifice de l’enregistrement, car je l’ai écoutée plusieurs fois en concert avec la même sensation de plénitude _ voilà. Le timbre est chaleureux, coloré et sensuel _ oui. Ses couleurs sont multiples et changeantes en fonction du contexte dramatique _ oui. La ligne de chant est harmonieuse _ oui _, l’intonation, le legato et l’articulation parfaits _ voilà. J’ai été particulièrement impressionné par la beauté des vocalises, d’une précision millimétrée mais jamais mécaniques _ tout cela est parfaitement juste. Quoique tous les airs de l’album soient impeccablement chantés, j’ai une préférence pour l’air de passion et de fureur de Sesto _ du « Giulio Cesare in Egitto » de 1724… _ , L’aure che spira, et j’en ai déduit que Eva Zaïcik serait une interprète idéale pour ce rôle, un des plus beaux du répertoire de Haendel. Ombra cara _ du « Radamisto«  de 1720… _ est aussi une réussite majeure de la mezzo-soprano par l’intensité inouïe du sentiment _ oui _ et la splendeur _ oui _ de la voix éplorée, qui erre dans un dédale de gammes chromatiques des cordes renforcées par un basson caverneux, métaphore musicale du tourment de Radamisto. Ce récital d’Eva Zaïcik procure un plaisir et une émotion intenses _ oui ! Tout cela résulte d’une écoute très précise et très juste de ce récital…

Le Consort qui apporte son concours à ce projet est associé _ en effet _ depuis quelques années à Eva Zaïcik. J’avais été enthousiasmé par le disque Venez chère ombre consacré à des cantates françaises baroques. Mais ici la participation instrumentale me paraît plus aboutie encore _ c’est juste. Avec trois violons et tous les autres musiciens à l’unité, cet ensemble relève plus de la musique de chambre, ce qui convient parfaitement aux scènes intimistes comme dans l’air de Matilda, Ah! Tu non sai_ d’« Ottone, re di Germania« , de 1723… _, sorte de lente mélopée se déroulant pianissimo où la voix est soutenue très discrètement par un violon, une basse de viole soliste et le continuo. Pourtant cet ensemble sonne comme un orchestre dans les scènes de plein air comme la brillante aria di paragone : Agitato da fiere tempeste _ de « Riccardo Primo, re d’Inghilterra« , de 1720… _ où Riccardo Primo se compare au nocher pris dans une tempête que sa bonne étoile va mener jusqu’au port. Autre aria di paragone tiré de Caio Marzio Coriolano d’Ariosti, en 1723 _, E’ pur il gran piacer dont le magnifique solo de violon et les vertigineux unissons de l’ensemble au complet évoquent la colère d’un lion et sont exécutés avec une précision admirable _ cf les éclairantes remarques à ce sujet de Théotime Langlois de Swarte dans la petite vidéo de 4′ 45 consacrée à la présentation de ce CD.

L’audition de ce récital a attisé ma faim. Cette dernière ne pourra être apaisée que par un nouvel album consacré cette fois à la Deuxième Académie _ mais oui ! _, celle des opéras faisant appel à la magie comme les célébrissimes Orlando, Ariodante et Alcina et leurs satellites moins connus que sont Partenope ou encore Arianna in Creta. Cet enregistrement viendra peut-être dans l’avenir, mais pour le moment prenons le temps de savourer le présent.

Merci à Eva Zaïcik et au Consort de nous procurer une heure de bonheur total.


Publié le 02 févr. 2021 par Pierre Benveniste

2) Chronique d’album : « Royal Handel », d’Eva Zaïcik

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Chronique d’album : « Royal Handel », d’Eva Zaïcik

Xl_royal_handel……On se souvient _ oui _ du premier disque d’Eva Zaïcik et du Consort, Venez chère ombre, alors autour de la cantate française. Comme on ne change pas une équipe qui gagne, c’est avec plaisir que nous les retrouvons pour un nouveau disque, toujours chez Alpha Classics, intitulé Royal Handel.

Point de mystère avec ce titre : c’est bien le génie haendélien _ oui ! _ qui est ici mis en avant, mais pas uniquement par ses propres compositions, puisque nous retrouverons aussi les compositeurs Attilio Ariosti et Giovanni Bononcini dans le cadre de premiers enregistrements mondiaux. Un choix qui n’est évidemment pas dû au hasard, puisque si Haendel est au cœur de l’ouvrage, le terme « royal » du titre du disque réfère à l’Académie royale de Londres (la Royal Academy of Music), créée en 1719, à la tête de laquelle nous retrouverons le compositeur d’origine allemande, mais où l’on a également fait venir Attilio  Ariosti, originaire  de Bologne,  et  Giovanni  Battista  Bononcini, originaire  de  Modène. Ces deux _ compositeurs qui sont aussi de remarquables _ instrumentistes  à  cordes apportent  un nouveau souffle instrumental inspiré par une certaine jouissance de la virtuosité, que l’on perçoit par exemple dans « Strazio, scempio, furia e morte » ou encore « E’ pur il gran piacer« . Le livret accompagnant le disque rappelle par ailleurs _ en effet _ que « c’est Bononcini qui fait sensation en 1720 et 1721, tandis qu’Ariosti vole presque la vedette à Haendel en 1723 avec son Coriolano », dont est extrait « Sagri Numi » présent dans l’enregistrement. Toutefois, « dès 1723, le compositeur allemand éclipse ses rivaux en déployant son langage personnel, construit d’influences croisées entre l’Italie, l’Allemagne, la France et l’Angleterre ». Malheureusement, cette belle aventure prendra fin en 1728 face « aux cachets mirobolants des uns, aux personnalités extravagantes des autres ainsi qu’à de fortes rivalités », mais reprend vie avec ce disque qui se veut « un portrait musical de la première Royal Academy of Music, lieu d’ébullition musicale et de fourmillement créatif ».

C’est donc sans grande surprise que l’écoute s’ouvre par un air de Haendel, « Rompo i lacci » de Flavio, re de’ Longobardi, permettant de saisir l’oreille derechef, tout en étant ponctué de moments plus doux, et donnant la mesure des capacités d’Eva Zaïcik et du Consort. L’énergie est nette, sans accroc, franche, de même que les coups d’archets ou les doigtés du clavecin de Justin Taylor. On est ensuite apaisé par les mots « come o Dio ! Viver potro », qui nous enveloppe, avant que la flèche d’un rythme plus soutenu ne soit à nouveau décoché. On est donc happé, et c’est sans effort que l’on se laisse guider par le programme du disque qui se poursuit par « Sagri numi », extrait de Caio Marzio Coriolano (Ariosti), grand moment d’émotion, poignant, somptueux, qui laisse entendre le talent de la mezzo-soprano dans un registre plus profond, y compris vocalement. Alceste et son « Gelosia spietata Aletto » viennent nous extraire de cette paisible parenthèse avec fracas, et nous embarque dans la longue suite d’airs d’Haendel. Indubitablement, en écoutant Eva Zaïcik, nous avons l’impression de la voir devant nos yeux interpréter ces airs, tandis que les musiciens apparaissent lentement autour d’elle lors des passages instrumentaux. La force de l’interprète transparaît à travers l’enregistrement, et rend physique _ oui _ ce qui ne l’est pas. Sa voix, parfaitement maîtrisée, sert la musique, portée par les tout aussi talentueux musiciens de l’ensemble _ oui : eux aussi, avec elle, sont excellents. La diction, de même que la force de projection, sont merveilleusement dominées _ oui _ et ne connaissent aucune lacune _ en effet. Les coups d’archet _ de Théotime Langlois de Swarte et Mathilde de Bardonnèche _ de « Deggio morire » fendent le cœur, avant que ne s’y engouffre avec chaleur la voix veloutée de la chanteuse. Déchirant, et à la fois tellement beau, c’est tout juste si l’on ne prend pas plaisir à souffrir ici.

L’on pourrait en vérité s’arrêter sur chacun des airs proposés tant ils deviennent ici _ oui _ presque une œuvre à part entière, nous marquant chacun à sa manière _ singulière, oui _ et laissant découvrir à chaque note les talents de chacun. On retrouvera d’ailleurs Ariosti avec « E’pur il gran piacer » (Caio Marzio Coriolano), avec quelques montées virevoltantes qui nous ferons décoller, ainsi que Bononcini, lui aussi enregistré en première mondiale avec le très court « Strazio, scempio, furia e morte » (Crispo), colérique, furieux, contrebalancé juste après par « Ombra cara », poignant au point que les mots viendraient à manquer pour le décrire. Un retour à l’ombre qui appuie sur l’âme comme le fait rarement une « simple » écoute. Heureusement, c’est une touche plus gaie qui clôt l’enregistrement, avec « Agitato da fière tempesta » : « Secoué par de rudes tempêtes, Si le marin retrouve l’étoile qui le guide Il continue sa route, heureux et rassuré ». Une belle manière de nous ramener à bon port après les tempêtes de l’âme que nous venons de traverser…

Ainsi, de même que pour Venez chère ombre,  le programme est fort bien construit _ oui _ dans une belle alternance de rythmes et de couleurs _ oui _, dressant un tableau que l’on se refuse à quitter des yeux. L’écoute touche le cœur avec une présence et une vivacité étonnantes _ c’est très juste _, rendant l’écoute _ elle-même _ étonnamment vivante _ oui _, bien plus que l’on pourrait s’y attendre. Une fois encore, Le Consort (avec Justin Taylor) ainsi qu’Eva Zaïcik tombent justes, une justesse à la précision chirurgicale qui force l’admiration _ enthousiaste : absolument. Quant au livret qui accompagne le tout, il permet de se replonger dans ce projet haendélien tout en savourant les paroles, parfois inconnues, de ces textes portés avec superbe.

Un nouveau disque dont on aurait tort de se priver, en espérant vite pouvoir le (re)découvrir porté sur scène….

Elodie Martinez

3) Eva Zaïcik et Le Consort illuminent un florilège d’airs d’opéra de Haendel

L’association des meilleurs interprètes de la jeune génération baroque autour d’Eva Zaïcik revisite les airs d’opéra italien pour notre plus grand plaisir.

La vie musicale londonienne des années 1720 est entièrement vouée à l’Italie, et le grand ordonnateur en est Georg Friedrich Haendel, très influencé par ses années romaines _ et italiennes, plus largement. Nommé à la tête de l’Académie Royale de Musique, il fait venir à Londres les meilleurs chanteurs italiens. La concurrence est rude avec les compositeurs ultramontains que la mode des opéras attire _ eux aussi _ dans la capitale anglaise _ oui. Le présent enregistrement propose, en première mondiale, trois airs empruntés à des opéras d’Ariosti et de Bononcini, au milieu d’un grand choix d’airs de Haendel. Extrait du Coriolano d’Ariosti, l’air Sagri numi est un grand moment d’émotion _ oui. Cependant, c’est Haendel qui remporte le match de la postérité en puisant son inspiration dans les influences croisées _ en effet _ des styles italiens, allemands et français. La décennie de la première Académie Royale marque l’apogée de la carrière du « cher Saxon » _ mais la seconde décennie n’est pas mal non plus !

Après un enregistrement très remarqué _ oui _ des cantates françaises chez le même label Alpha (« Venez chère ombre »), Le Consort poursuit sa collaboration avec la jeune mezzo-soprano Eva Zaïcik. Personnalité montante du paysage vocal français _ oui _, celle qui fut en 2018 « Révélation artiste lyrique » aux Victoires de la musique, et deuxième prix du Concours Reine Élisabeth, fait preuve ici d’une belle maîtrise _ en effet _ de son art. L’intensité émotionnelle _ oui _ de sa voix est particulièrement remarquable et, à travers l’enregistrement, il nous semble entendre sa présence scénique _ tout à fait ! Les émotions du texte nous vont droit au cœur _ oui _, véhiculées par une voix chatoyante au registre profond _ oui _, douée d’une belle projection et d’une diction parfaite _ oui ! Dans ce programme très bien construit _ en effet _, les moments de bravoure alternent _ oui _ avec les airs plus fervents, parfois introduits par un récitatif bienvenu _ et tout cela sans jamais rien forcer…

Il faut dire que l’orchestre, emmené par le premier violon _ très talentueux _ de Théotime Langlois de Swarte, est somptueux _ c‘est très juste _  ; tantôt véhément, tantôt implorant, toujours parfait dans l’alternance des affects _ absolument. Dans l’air Deggio morire extrait de Siroe, après une introduction instrumentale implacable et un récitatif poignant, la voix dialogue _ idéalement _ avec les plaintes déchirantes du violon. Le sommet de l’émotion est atteint dans l’air Stille amare du Tolomeo où, après les chromatismes douloureux du récitatif, les violons donnent à entendre les gouttes amères dont parle le texte, qui tombent en une pluie de notes suspendues _ voilà…

A l’écoute de ce récital, on rêve de voir bientôt Eva Zaïcik sur les scènes d’opéras dans ce répertoire qui lui va si bien.

Airs de Georg Friedrich Haendel (1685-1759), Attilio Ariosti (1666-1729), Giovanni Bononcini (1670-1747).

Eva Zaïcik, mezzo-soprano ;

Ensemble Le Consort : Théotime Langlois de Swarte, violon ; Sophie de Bardonnèche, violon ; Louise Ayrton, violon ; Clément Batrel-Genin, alto ; Hanna Salzenstein, violoncelle ; Hugo Abraham, contrebasse ; Louise Pierrard, basse de viole ; Gabriel Pidoux, hautbois ; Evolène Kiener, basson ; Damien Pouvrau, théorbe ; Justin Taylor, clavecin.

1 CD Alpha.

Enregistré au temple du Saint-Esprit de Paris en juin 2020.

Textes de présentation en français, anglais et allemand.

Durée : 64:59

4) Royal Handel, souveraine Eva Zaïcik ! 

LE 9 FÉVRIER 2021 par Jean Lacroix

Georg Friedrich Haendel (1685-1759) : Airs de Flavio, re de’ Longobardi ; Admeto, re di Tessaglia ; Siroe, re di Persia ; Tolomeo, re d’Egitto ; Floridante ; Giulio Cesare in Egitto ; Ottone, re di Germani ; Radamisto et Riccardo primo, re d’Inghilterra.

Attilio  Ariosti I (1666-1729) : Airs de Caio Marzio Coroliano.

Giovanni Bononcini (1670-1747) : Air de Crispo.

Eva Zaïcik, mezzo-soprano ; Le Consort. 2020.

Notice en français, en anglais et en allemand.

Texte des airs avec traduction en français et en anglais.

64.59.

Alpha 662.

Le titre de ce CD « Royal Handel » adopte la forme anglicisée du patronyme du compositeur, le texte de la notice utilisant de son côté la forme allemande originale. C’est cette dernière que nous choisirons pour la présente recension, même si le contenu du présent CD est bien situé dans la période anglaise qui a vu Haendel être nommé directeur musical de l’Académie Royale londonienne, créée en 1719. Après avoir séjourné quatre ans en Italie _ voilà _, période pendant laquelle il s’est nourri des œuvres des créateurs de Rome, Venise, Naples ou Florence _ oui _, et après les deux ans passés à Hanovre _ oui _, Haendel s’est installé solidement en Angleterre _ voilà. La langue italienne est en vigueur à l’Académie, et des concurrents sérieux, comme le Bolonais Ariosti ou Bononcini, originaire de Modène, tous deux _ aussi _ instrumentistes de premier plan, vont aussi être présents. Haendel finira par assurer sa prédominance, en imposant, comme le dit la notice, les influences croisées entre l’Italie, l’Allemagne, la France et l’Angleterre, mais aussi en créant des chefs-d’œuvre comme Giulio Cesare in Egitto, Ottone ou encore Radamisto. L’abondance des productions de cette première Académie, qui se clôture en 1728, marquée par la présence de voix de haut rang que Haendel recrute, notamment en Italie, est éloquente : la notice signale 34 opéras et plus de 460 représentations au cours de neuf années _ en effet ! Haendel déploie une énergie généreuse phénoménale… Le présent CD est le reflet de l’activité incessante de cette première Académie Royale, ainsi que de l’une des voix favorites de Haendel, Margherita Durastanti, qui a été la première interprète de plusieurs airs ici proposés _ en effet.

Depuis son brillant deuxième prix au Concours Reine Elisabeth de chant en 2018, la mezzo-soprano française Eva Zaïcik (°1987) n’a cessé de faire la démonstration d’un remarquable talent _ oui _, qui s’est révélé dans des répertoires variés : Monteverdi, Purcell, Lully, Haydn, Mozart, Tchaikovsky, Dukas, Betsy Jolas… Pour le même label _ Alpha _, un CD intitulé « Venez chère ombre », enregistré en juin 2018 (Alpha 439), avait démontré ses affinités baroques _ oui _, déjà avec le Consort _ oui _, dans un récital français, où l’on savourait entre autres Pignolet de Montéclair et Clérambault. Eva Zaïcik retrouve le Consort pour un autre récital complice et très épanoui _ en effet _, au cours duquel cet ensemble créé par le claveciniste Julien Taylor, qui fait partie de la présente aventure, brille de mille feux dans des alternances de subtile virtuosité et de finesse émotionnelle _ absolument.

Voilà le maître mot : « émotion », pour ce programme bien élaboré _ oui, vraiment _ dont l’affiche est ornée par neuf airs tirés de partitions de Haendel entre 1720 et 1728, deux airs d’Ariosti et un air de Bononcini, les extraits d’œuvres de ces deux derniers compositeurs étant des premières mondiales au disque. Commençons par elles. D’Ariosti et de son Caio Marzio Coroliano de 1723, dont la notice dit qu’il vole presque la vedette à Haendel cette année-là, on entend un sublime Sagri numi, dans lequel Vetturia implore les dieux de défendre son fils innocent. Eva Zaïcik y déploie toute une gamme de sentiments charismatiques, qui seront caractéristiques de toute sa prestation. De Bononcini, le très bref air (1.48) Strazio, scempio, furia e morte, tiré de Crispo (1722), évoque avec beaucoup de noblesse _ oui _ le tourment et la colère d’un cœur meurtri. La voix d’Eva Zaïcik, à la projection bien contrôlée, dans un registre chaleureux et profond _ oui _, capable de sonorités soyeuses _ oui _ et doucement colorées _ tout cela est très juste _, se prête à merveille à ces expressions où la ferveur _ oui _ s’unit à la qualité _ finement juste _ de l’accentuation.

Ces agréments qui réchauffent le cœur sont mis en valeur tout au long des airs tirés des pages de Haendel, univers dont Eva Zaïcik a une belle compréhension _ oui _ et une indiscutable maîtrise _ oui. Sa capacité à ressentir les sensibilités des divers rôles, qu’il s’agisse de l’amour sans lequel on ne peut vivre et de ses liens rompus dans Flavio, qui ouvre superbement le récital, de la jalousie d’Alceste dans Admeto, des « gouttes amères » du chagrin de Tolomeo au bord de la mort, de l’invocation à l’aimé d’Elmira dans Floridante ou de la fureur de Sextus dans Giulio Cesare in Egitto, la cantatrice est toujours à l’aise pour traduire avec une impeccable hauteur souveraine _ oui _ les aspects les plus touchants et les plus éloquents _ oui, jamais artificiellement _ de ce magnifique panorama _ d’affects _ qui donne de la première Académie londonienne un paysage terriblement convaincant _ mais oui. L’enregistrement de cet ensemble de petits bijoux a été effectué à Paris en juin 2020 au Temple du Saint Esprit. Celui-ci a bien soufflé _ en effet _ en ces moments de grâce _ voilà…

Son : 10    Livret : 8    Répertoire : 10    Interprétation : 10

Jean Lacroix

Des articles parfaitement bien venus,

pour une interprétation et une réalisation en « états de grâce« …

Et il aurait été, en effet, bien dommage de passer à côté de ce trésor de joies musicales renouvelées où puiser…

Ce somptueux « Royal Handel » est à marquer pour nous tous d’une belle pierre blanche !

Et c’est non sans impatience que nous espérons-attendons une nouvelle aussi heureuse collaboration discographique d’Eva Zaïcik avec Le Consort !

Ce lundi 17 janvier 2022, Titus Curiosius – Francis Lippa

Musiques de joie : la somptueuse sensualité à vif de Karol Szymanowski, en son Quatuor à cordes n°2, op. 56, de 1927

04juin

La somptueuse étourdissante sensualité

de la musique de Karol Szymanowski (Tymochivka, 6 octobre 1982 – Lausanne, 29 mars 1937)

nous irradie d’une incroyable chaleur,

génératrice d’une joie intense, puissante,

exacerbée à un incroyable point…

Par exemple, en son admirable Quatuor n°2, opus 56, 

composé en 1927 ;

et tel que l’interprète, par exemple, l’excellent Quatuor Joachim,

composé de

Zbigniew Kornowicz et Joanna Rezler, violons,

Marie-Claire Méreaux, alto,

et Laurent Rannou, violoncelle,

en le superbe CD Ravel – Szymanowski String Quartets

le CD Calliope CAL 1747,

paru en 2018 ;

CD qui comporte aussi le Quatuor n° 1, op. 37 , du même Karol Szymanowski,

ainsi qu’une très belle interprétation du si beau Quatuor de Ravel.

Karol Szymanowski est l’auteur, aussi,

du merveilleux opéra (sicilien), Le Roi Roger,

achevé de composer le 9 août 1924.

Bien sûr,

en ces lendemains de Première Guerre Mondiale

_ un temps d’Entre-Deux-Guerres, en Europe,

même si cela ne se savait pas ; ,

la saveur _ au présent du vécu à vif de la vie _ de la joie

ne prend pas les mêmes couleurs

que celles des Suites (de pur bonheur) de Telemann, au XVIIIe siècle…

La joie est ici

celle d’un temps forcément bien plus tragique…

Mais joie incontestable,

et savoureusement hypersensuelle, il y a bien,

en cette si belle et forte musique…

Joie profondément charnelle

de cette tourbillonnante et si enivrante musique

dansée ainsi…

Et quelle merveilleuse justesse d’interprétation

par le Quatuor Joachim !

Ce jeudi 4 mai 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Musiques de joie : la grâce lumineuse et tendre des Suites anglaises de Johann-Sebastian Bach, par l’évidence du jeu d’un parfait Christophe Rousset

02juin

Depuis mon article du 25 mai dernier

Musiques de joie : la sérénité heureuse des Suites françaises, de Johann-Sebastian Bach, pour sa jeune épouse Anna-Magdalena, à Coethen, en 1722

j’avais hâte de poursuivre l’exploration-jouissance

des délices des Recueils de Suites pour clavier de Johann-Sebastian Bach ;

et passer de ses Suites dites françaises (BWV 812 à 817) _ présentes pour cinq d’entre elles dans le Petit Livre de Clavier d’Anna-Magdalena Bach, en 1721 _

aux antérieures Suites dites anglaises  _ car « pour les Anglois« , selon une inscription ajoutée de la main de Bach lui-même... _ (BWV 806 à 811),

un peu plus développées et ornementées

et donc un peu plus complexes à jouer pour Anna-Magdalena…

Après un peu d’hésitation pour le choix des CDs

et de l’interprète :

entre Christophe Rousset et Pierre Hantaï,

et, bien sûr, après écoute exhaustive des CDs,

j’ai préféré

à l’interprétation un peu cérébrale _ à mon goût tout du moins : pardon ! _ de l’ami Pierre Hantaï,

en son CD Mirare MIR 251, en 2014, des Suites anglaises n° 2 et n° 6 (BWV 807 et 811),

l’interprétation plus chaleureuse et lumineuse _ à mon goût ! _,

plus tendre et rayonnante _ sans excès : à la Couperin !

et comme il convient à des œuvres de style fondamentalement français, comme celui de ces Suites _,

et dans l’évidence du plus parfait naturel  _ soit, bien sûr, le comble de l’Art ! _

de Christophe Rousset,

magistral en l’élégance somptueuse, vierge de la moindre mièvrerie et maniérisme, de ce style éminemment français d’inspiration…

Pour en apprécier l’écoute et en juger soi-même,

voici le podcast de la Suite n° 2 ;

et le podcast de la Suite n° 6

en ce double CD Ambroisie AMB 9942, enregistré en février 2003 au Musée d’Art et d’Histoire de Neuchâtel, sur un clavecin signé Johannes Ruckers, daté de 1632 et 1745, et restauré en 1987 par Reinhard von Nagel…

Ce sont là de purs bijoux !


Nous pouvons compléter cette confrontation de jeux d’interprétation de ces Suites BWV 807 et 811 par Christophe Rousset et Pierre Hantaï

par cette vidéo

de l’interprétation de la Suite anglaise n° 2 (BWV 807) par Pierre Hantaï, prise lors d’un concert donné à l’abbaye de Fonfroide, au mois de juillet 2015 ;

et par cette autre vidéo,

de l’interprétation, toujours par Pierre Hantaï, de la Suite anglaise n°6 (BWV 811)

_ précédée, comme en son CD Mirare de 2014, enregistré à Haarlem, aux Pays-Bas, du Choral Wer nur den lieben Gott lässt walten BWV 691 _

prise lors d’un concert donné à la Cité de la Musique, à la Villette (date non spécifiée)…

Quelle qualité de joie nous offrent ces Suites

en pareilles interprétations !

Ce mardi 2 juin 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Le jeu infiniment poétique d’Ivo Kahanek dans des Concertos pour piano d’Antonin Dvorak et Bohuslav Martinu

05mar

Il existe pas mal de très belles versions

du Concerto pour Piano et Orchestre en sol mineur Op. 33 d’Antonin Dvorak _ de 1876 ;

dont au moins deux versions par Rudolf Kirkusny, une avec George Szell (en 1954), l’autre avec Vaclav Neumann (en 1991) ;

celle par Sviatoslav Richter avec Carlos Kleiber (en 1963) ;

ou celle par Pierre Laurent Aimard avec Nikolaus Harnoncourt (en 2001)... _ ;

alors que les Concertos pour piano de Bohuslav Martinu

sont bien moins courus par les pianistes,

même tchèques

_ dans le coffret Rudolf Firkusny (Sony 19075922812) The Complete RCA and Columbia Album Collection, se trouvent les Concertos n° 2, 3 et 4 de Martinu en un enregistrement de 1993 ;

cf mes articles Firkusny du 29 septembre 2019 et du 21 février 2020 :  et  _ ;

et notamment le Concerto n° 4 « Incantation » _ de 1956,

soit 80 ans plus tard…

C’est pourquoi je tiens à saluer la performance d’Ivo Kahanek

_ il est né le 23 mai 1979 à Frydek-Mistek,

près d’Ostrava et Hukvaldy, la ville natale de Leos Janacek _

en ce très beau CD Supraphon SU 4236-2,

avec le Bamberger Symphoniker, dirigé par Jakub Hrusa, en 2017…

Et je rejoins ici l’appréciation de Maciej Chiżyński,

le 11 octobre 2019,

sur le site de Res Musica,

en un article intitulé

Ivo Kahanek dans les Concertos pour piano de Dvorak et Martinu

Ivo Kahánek dans les concertos pour piano de Dvořák et Martinů

Ce jeudi 5 mars 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

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