Musiques de joie : la Musica callada de Federico Mompou à l’écoute de la quintessence acérée et voluptueuse de l’intime
11avr
Le magnifique Josep Colom
m’a non seulement fait découvrir les Sonatas de Manuel Blasco de Nebra
(Séville, 2 mai 1730 – Séville, 12 septembre 1784)
_ cf mon article d’hier : Musiques de joie : la merveille absolue et irrésistible des Sonatas de Manuel Blasco de Nebra, par Josep Colom… _,
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mais aussi la Musica callada de Federico Mompou
(Barcelone, 16 avril 1893 – Barcelone, 30 juin 1987)
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en sa superbe intégrale de L’Œuvre pour piano de Mompou,
un coffret de 4 CDs Mandala 5021/24, publiée en 1993.
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Música callada signifie Musique tue,
gardée pour soi dans le silence :
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du moins le silence imposé à la parole, et au verbiage…
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La joie selon Mompou
_ cf aussi la pièce très justement intitulée …pour appeler la joie, extraite de Charmes, composée en 1921, en hommage affiché à Paul Valéry _
n’est pas exubérante, ni, a fortiori, dionysiaque ;
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mais elle aspire,
en sa brièveté _ toute scarlatienne _, à la quintessence fugace de l’intime…
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Rien qui pèse, rien qui dure ni se répète, rien qui insiste…
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Seulement l’intensité sobre et brûlante-froide
du pur instant magiquement saisi au vol
par le geste musical
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qui croise alors Kairos.
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Ce que réaliseront à la perfection,
en 1959, 1962,1965 et 1967,
les 28 pièces des quatre cahiers successifs de la Música callada, de Mompou.
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Alors, quel interprète choisir ?
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J’hésite entre
l’interprétation parfaite de justesse et élégance
du splendide coffret L’Œuvre pour piano, Mandala MAN 5021/24,
de Josep Colom,
enregistré en 1991-92 ;
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et la version de l’inestimable coffret Complete Piano Works, Ensayo, puis Brilliant Classics 65 15,
de Federico Mompou lui-même,
enregistré en 1974 ;
et disponible tout entier (mais oui !) en podcast sur you tube…
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La joie dont il s’agit n’a certes rien ici
ni de l’esprit du Baroque _ à la Scarlatti _,
ni de celui de l’Empfindsamkeit, ou du Sturm und Drang _ à la Carl Philipp Emanuel Bach _ ;
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et c’est la toute première,
de ma collection de « Musique de joie« ,
à être issue du redoutable XXème siècle ;
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mais cette joie musicale-là a quelque chose de la joie oxymorique,
tout à la fois acérée et voluptueuse,
du poème Charmes de Paul Valéry (en 1922)
comme du rare et éblouissant Canticó de Jorge Guillen (en 1928).
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Un voyage musical on ne peut plus singulier, ainsi,
au cœur irradiant du présent…
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Ce samedi 11 avril 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa