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De Ben à l’Atelier Cézanne à Aix, à Jeff Koons chez Louis XIV à Versailles

10sept

Suite aux « petites réflexions » sur « Art et Tourisme » (« à Aix _ et ailleurs« ) ; puis sur « Tourisme et Environnement _ dans le massif du Mont-Blanc » : à propos de l' »installation » _ visible dès demain _ d' »œuvres » de Jeff Koons au Château de Versailles…

Sur une des blogs invités par le journal Le Monde _ le blog « Qu’est-ce que l’art (aujourd’hui) ? » _ , on trouve, en date d’aujourd’hui, ceci _ selon mon habitude, je mets en gras ce qu’il me plaît de souligner :

09 septembre 2008

Jeff Koons au château de Versailles

jeff-koons-lobster.1220945639.jpg Demain, c’est l’ouverture de la rétrospective Jeff Koons au château de Versailles. Au total, 16 pièces ont ainsi pris place, et jusqu’en décembre prochain, entre les appartements du roi et la Galerie des Glaces. « Art contemporain » versus « Ère du Roi-Soleil » ? Avouons-le, de ce côté-ci de l’Atlantique, on attendait l’artiste américain, phare du flashy et fan du kitsch plutôt à Londres, et dans le très grand « Hall des Turbines » de la Tate Modern…

Mais à la “surprise” générale, c’est à Versailles, dans le château XVIIe siècle du Roi-Soleil, au cœur même des appartements du Roi et de la Reine, qu’il faudra donc se rendre pour prendre la mesure de cette rétrospective, première du genre sur le sol français. Parmi ces 16 pièces, une seule, Split Rocker, avec ses 12 mètres de haut et son installation interne de 90.000 plantes, est postée à l’air libre devant l’ »Orangerie ». Les 15 autres s’égrènent dans les pièces du château : Lobster, une langouste en acier et aluminium peint et pendu comme un jouet gonflable, dans le « Salon de Mars » (voir image ci-dessus) ; Rabbit, un lapin en acier chromé placé dans le « Salon d’Abondance » ; Balloon Dog dans le « Salon d’Hercule », un bouquet de fleurs en bois polychrome dans la « Chambre de la Reine » ; enfin, une Marilyn scotchée à une panthère rose baptisée « Pink Panter » dans le « Salon de la Paix ».

“Les habitués seront étonnés […], confiait Jeff Koons dans le dossier de presse. Mais j’aimerais qu’on ait le sentiment d’embrasser le futur. Le temps est une ligne continue qui se perpétue à travers les Arts et les artistes. […] Versailles ? Oui, je suis emballé par ce défi royal, c’est mon plus beau projet.”

Une récente adjudication à New-York de l’une de ses pièces à plus de 23 M$, et le tableau de cette exposition versaillaise se fait plus précis ; d’autant que, pour cet événement, François Pinault est le mécène principal, présent à hauteur de quelque 2 M€. Cela ajoute sans doute à l’enthousiasme ambiant.

Pourtant, cette exposition ne fait pas l’unanimité.

Jeff Koons à Versailles, certes, le ton est donné : du grand, de la démesure, des installations imagières rigolotes et narcissiques, le tout bien coté et valant une petite fortune, car appartenant aux plus grandes collections de la planète (Pinault, Joannou, Fearnley, Broad). A y regarder de plus près, ce profil d’artiste ressemblerait aussi et de plus en plus à son feu compatriote pop, grand brasseur de business lui aussi : Andy Warhol. Pour l’anecdote, dans le « Salon d’Apollon », Jeff Koons a choisi d’exposer son autoportrait tout en marbre…

Au-delà d’une œuvre chère et en apparence simplette qui plaît aux grands comme aux petits, que peut bien chercher Jeff Koons : la notoriété ? l’argent ? les femmes ? Il semble que sa période sexe et picturale, inspirée de son idylle avec la Cicciolina son ex-épouse, qui fit scandale en son temps à la Biennale de Venise (1990), soit du passé. Cet artiste de 53 ans, cravaté et corseté dans son beau complet tout neuf, se concentre visiblement maintenant sur la réussite de ses affaires et la trace artistique qu’il souhaite laisser.

Pour avoir quelques clés et mieux appréhender ces œuvres ainsi que l’engouement qu’elles peuvent susciter, il est sans doute préférable de pointer le jeu volontaire et décalé de leur l’échelle, les matériaux hétéroclites qui, agencés selon les soins de ses ateliers bien organisés, troublent un instant (est-ce un ballon gonflé ? de l’acier ? du bois ? de la peinture ?). Mais quoi qu’il se passe, le recours à une représentation qui fait référence quasi systématiquement à un univers enfantin et populaire renvoie aussi au style Disney.

09 septembre 2008

Commentaires

  1. Non, non… il n’y a pas du tout de “surprise générale”… Jeff Koons en France et à Versailles, c’est dans l’ordre des choses…
    Il y a 10 ans ou plus, Alisson Gingeras arrivait au Centre Pompidou, dont le président était Jean-Jacques Aillagon, avec le projet d’une expo Koons… Aujourd’hui et depuis plusieurs années, Alisson Gingeras, à la suite de Jean-Jacques Aillagon, gère la collection Pinault, grand collectionneur de Koons.
    10 ans donc que le milieu de l’art contemporain attend cette rétrospective : le rêve. « Rédigé par Sylvie Philippon« 
  2. Où est la “vision” ?
    Où est l’âme ?
    Que cette œuvre “gentiment” régressive et “poliment” nihiliste soit l’expression servile du pouvoir de l’argent, n’indispose donc personne !
    Faut-il que ces messieurs nous aient fait dégorger toute notre mœlle pour que nous nous vautrions gaiement là-dedans !f »Rédigé par Bats and Swallows« 
  3. Quand on sait que l’un des principaux collectionneurs de Jeff Koons est François PINAULT, au demeurant il a bon goût, et que le responsable du Château de Versailles est Jean Jacques AILLAGON, ancien ministre de la culture, mais aussi proche collaborateur de PINAULT quand celui ci imaginait installer sa fondation d’art contemporain sur l’Île Seguin à Boulogne, et aujourd’hui à Venise, on se dit qu’il y avait sans doute un intérêt réciproque à la rencontre de Versailles, son château et Jeff Koons.Cela étant, on ne peut s’empêcher de craindre dans cette histoire un quelconque intérêt _ voire affaire de gros sous _ pour glorifier la rencontre du Kitsch US et celle du classicisme Français.Allez, la vipère n’est pas bonne conseillère, quand elle utilise sa langue ! »Rédigé par  Thierry« 
  4. Le lien que vous faites entre Warhol et Koons me semble judicieux (je le fais aussi !). J’avais vu la rétrospective Warhol à Bruxelles il y a quelques années. Ce qui m’avait le plus ému, c’étaient ses photos en noir et blanc et ses petits films, notamment celui consacré à sa petite égérie de la Factory (dont le prénom m’échappe sur le moment). Je n’ai jamais vu, “en vrai” du moins, une œuvre de Koons, et, pour être honnête, je ne me déplacerai pas spécialement à Paris pour voir la rétrospective de Versailles (à moins que quelque mécène, Jean Jacques Aillagon peut-être, m’offre le séjour !). J’ai plutôt tendance à penser ainsi : de Warhol à Koons, une Amérique enfantine et grandiose, certes, mais peut-être dérisoire ? J’ai envisagé de publier sur mon propre blog (L’Amour délivre), une fois n’est pas coutume s’agissant d’un blog littéraire, un article sur le sujet… De la même façon que beaucoup se rendent compte aujourd’hui que Picasso était probablement plus un virtuose qu’un génie (si j’en crois le dossier Bacon du Monde 2 de samedi dernier, Francis Bacon semblait le penser aussi…), il est probable que la trace laissée dans l’histoire de l’Art par nos deux acolytes américains ne sera pas celle que reflète leur cote du moment ! D’autres, dont on parle un peu moins (Marc Rothko par ex.), prendront leur place, insensiblement : c’est souvent ainsi ; il y a les œuvres du moment, et celles qui grandissent dans la durée, et ce ne sont pas nécessairement les mêmes, loin s’en faut ! mais vous savez cela aussi bien que moi. J’apprécie vos articles, mesurés, bien écrits et… “instructifs”, comme on disait autrefois, dans ma tendre enfance ! Bravo.
    Joël Bécam « Rédigé par: joelbecam « 

Comme pour les commentaires des lecteurs de l’article de « Libération » de vendredi 5 septembre « Le Mont-Blanc broie du noir » à propos des dangers de la « surfréquentation touristique »

_ cf mon « Du tourisme (suite) : une surfréquentation destructrice » _,

les commentaires des lecteurs du blog « Qu’est-ce que l’art (aujourd’hui) ? » ne nécessitent guère de commentaire, pour prolonger les réflexions que j’esquissais à partir de la présence d’une expo Ben _ et du panneau « L’Art m’emmerde » _ aux portes du « sanctuaire » qu’a pu être le « Musée-Atelier » du Chemin des Lauves (et atelier de Paul Cézanne, entre 1902 et 1906)…


Corinne Rondot interrogée à propos de l' »expo Koons » à Versailles dans l’émission _ d’Arnaud Laporte _ d’entre 12 heures et 13 heures 30 sur France-Culture ce mercredi, se demandait qui avait le plus à « gagner » de l' »Art classique » et de l »Art contemporain » à pareille « installation », « confrontation », « cohabitation »… Une réflexion que je livre ici telle quelle…


Michel Fraisset, Directeur de l' »Atelier Cézanne » (d’Aix-en-Provence), fait _ cf mes 4 articles « Art et Tourisme à Aix » _ du « lieu » internationalement attractif, à Aix, dont il a la responsabilité (« touristique »), un « lieu de culture ouverte » _ caractérisé « surtout » par sa « convivialité« , le « partage » et des « émotions«  : dont profitent les artistes (et les œuvres) invités ;

mais qui peut retentir aussi sur le regard (titillé malicieusement par un « L’Art m’emmerde« ) posé par les visiteurs-amateurs sur un maître admiré, voire vénéré, tel que Paul Cézanne…

Dans le cas des « Galeries », « Salons » et « Chambres » (royaux et royales) de Versailles, existe aussi une « mise en mouvement » à double-sens _ du présent vers le passé ; et du passé vers le présent _ des regards (et pensées) des regardeurs-spectateurs _ du moins potentiellement, « en puissance », dirait Aristote…

Cependant, l’aura _ et la cote sur le marché international _ de Jeff Koons s’augmente(nt) passablement de pareille « rétrospective » en un tel lieu ; davantage que s’enrichit la gloire de Versailles…


Soit un avatar de plus de ce qui se passa ici en 1870, en 1919, et même en 1940, avec le « passage » en ces mêmes « Galeries » et « Salons », non seulement d’un Bismarck ou d’un Foch, mais aussi d’un certain Adolf Hitler…

« Le Roi s’amuse » aussiauraient dit un Victor Hugo _ en son théâtre _ ;

un Pascal _ en ses « Pensées » _ ;

ainsi qu’un Giono _ dans le terrible « Un roi sans divertissement« …

Qu’on relise surtout les « Lettres » de Madame de Sévigné sur ses visites « enchantées » _ et les éblouissants « medianoche » en musique _ à Versailles ;

et le duc de Saint-Simon, en ses « Mémoires« …


Titus Curiosus, ce 10 septembre

Art et tourisme à Aix _ et ailleurs (4)

07sept

Enfin, un essai de synthèse de réflexion _ sur « Art et Tourisme » _, après ces diverses impressions de « terrain » sur quelques uns des sites cézanniens d’Aix
ainsi que sur Aix-en-Provence elle-même,
et, en particulier, aussi, la fréquentation à toute heure très importante de l’Office de Tourisme,
à la Rotonde sur laquelle débouche la promenade archi-fréquentée, et belle, du cours Mirabeau…

Aix dispose d’un remarquable patrimoine artistique
architectural
_ pour commencer : celui de cette très, très jolie ville provençale _,

mais aussi avec sa large collection de Musées
_ et pas seulement le très riche et nouvellement splendidement ré-aménagé Musée Granet
(avec sa magnifique exposition rétrospective « François-Marius Granet » ;
après la très importante « Cézanne en Provence« , en 2006 ;
et avant une exposition, pour l’été 2009, « Picasso-Cézanne« ) :
le Musée du Vieil Aix,
le Musée des Tapisseries,
le Musée Paul Arbaud,
les Fondations Vasarely et Saint-John Perse,
etc…


ainsi que son si justement célèbre festival de musique…

Autant d’atouts
qui,
en plus du nom de Cézanne et des sites cézanniens
et de la « figure de proue »
de la montagne Saint-Victoire
dominant la ville ;

qui attirent en permanence des flots de touristes
qui viennent y passer et séjourner,
faisant affluer une importante manne
financière ;
à savoir « gérer »


De fait,
l’Office de Tourisme d’Aix
aide à organiser et répartir
, géographiquement ou urbainement, la demande « touristique » d’Art
de la part de ses visiteurs
de satisfaisante manière pour les demandes variées, forcément _ à commencer en fonction de la durée prévue du séjour (notamment hôtelier) dans la ville _,
des uns
et des autres…


Tels ceux, par exemple, qui se satisfont d’un circuit commenté par haut parleur
en petit train roulant

à travers les ruelles de la vieille ville…

Ou ceux qui ont une demande plus « ciblée » :
mettre leurs pas
dans ceux des mieux connus des aixois,
tels Paul Cézanne ;
ou Émile Zola.

Pour lesquels ont été rédigés _ par Michel Fraisset pour l’Office de Tourisme d’Aix _ d’excellents fascicules, avec plans de la ville,
« Sur les pas de » :

« Sur les pas de Cézanne » ; « Sur les pas de Zola« …

Il se trouve que
désirant connaître les auteurs de l’excellent diaporama du Grand-Salon du « Jas de Bouffan »,
j’ai été acheminé par les très serviables hôtesses de l’Office de Tourisme
vers le bureau de la responsable de la communication,
Bernadette Marchand, qui m’a très gentiment fourni le renseignement (« Gianfranco Iannuzzi », auteur de ce passionnant _ très instructif et très beau _ diaporama) que je désirais obtenir pour rédiger mon article ;

et que, lui signifiant mon haut degré de satisfaction des visites des sites cézanniens,
je lui ai indiqué l’unique point qui m’y avait un peu « gêné » _ le panneau « L’art m’emmerde«  (selon Érik Satie ; et Ben !…)
se balançant à la brise juste à l’entrée de l' »Atelier Cézanne » ; de la responsabilité de Ben, donc ;
ainsi qu’une expo Ben
dans l’appentis adjacent à la bâtisse de l' »Atelier« 
_ ;

il se trouve que
le responsable de l’initiative d’accueillir une expo Ben en ce lieu (de pélerinage cézannien) _ Directeur de l' »Atelier Cézanne », ainsi qu’Adjoint de Direction et Responsable de la Communication
de l’Office de Tourisme _,
Michel Fraisset,
se trouvait présent en ce même bureau de l’Office de Tourisme…


Nous avons donc pu, Michel Fraisset et moi-même, échanger _ très aimablement _ un peu,
là-dessus…


Donner à connaître (si peu que ce soit ; ou, plus encore, donner _ ou alimenter _ le désir de mieux connaître) d’autres artistes
à ceux qui viennent « sur les pas de » Cézanne

_ tel un Jean Amado : passionnant ! cf mon article « Parcours d’Art à Aix _ préambule » _ est excellent ;

mais je ne suis pas certain qu’un Benjamin Vautier, en l’occurrence,
« agisse » dans une catégorie (d’Art) du même ordre (d’authenticité et de valeur
_ objective !)
qu’un Cézanne
;

ce qui pose la question de ce qu’il en est,
depuis Marcel Duchamp
, en 1914,
de l’art dit « contemporain » ;

parmi des impostures…

Sur ce point-là,
je me situerai personnellement
, en tant que « spectateur »-« amateur d’Art »,
plutôt dans la mouvance d’un Jean Clair,
l’auteur exigeant de « Malaise dans les musées » (en septembre 2007)
et « Journal atrabilaire » (en janvier 2006) ; « Lait noir de l’aube » (en mars 2007) ; « Autoportrait au visage absent _ Ecrits sur l’art 1981-2007 » (en mars 2008) :
ainsi que de « La barbarie ordinaire _ Music à Dachau » (en avril 2001)…

Bref,
les mal (ou contre) façons d’Art
agacent

_ un brin _
mon épiderme (de curieux d’Art vrai)

La question _ de fond _ devient alors
comment satisfaire la « demande »
_ qualitativement variée _
de ces divers « clients »…


Je reprends ici, et à la lettre près, le très précis paragraphe intitulé « Les Faits »
_ page 178 de la contribution « Aujourd’hui, l’Atelier Cézanne… » de l’album si riche « Atelier Cézanne » (en 2002, chez Actes-Sud) _
sous la plume de Michel Fraisset :

« Comment l’Atelier Cézanne est-il devenu le musée le plus visité des Bouches-du-Rhône en 1999 et le second en 2000 derrière la Vieille -Charité de Marseille ?
Cette augmentation considérable de la fréquentation
et des recettes engendrées
est bien entendu l’effet
d’actions mises en œuvre dès 1998

_ « l’équipe mise en place par l’Office de Tourisme d’Aix arrive _ à l' »Atelier Cézanne » _ fin 1997 » (page 177) _
et largement développées les années suivantes. »

Michel Fraisset précise alors :
« Ces actions peuvent se regrouper autour de quatre pôles :
La communication, l’animation, la gestion, la commercialisation.
En premier lieu, l’idée même du « musée » au sens traditionnel est abandonnée.
On ne parle plus du
« Musée Atelier Cézanne »,
mais de l’
« Atelier de Cézanne »
,
lieu de mémoire et d’histoire,
mais surtout lieu de convivialité, de partage et d’émotions.
Il n’y a plus de
« conservateur »,
ni de
« gardiens »,
ni de
« droits d’entrée »,
vocabulaire impropre pour un lieu
ce culture ouverte.


Les visiteurs
sont aussi
des clients

_ voilà le point crucial.

Dès lors leur satisfaction
doit être prise en compte.
 »
Fin de ce paragraphe,
page 178 d' »Atelier Cézanne » (publié aux Editions Actes-Sud en 2002 par la « Société Paul Cézanne »).

« Être prise en compte » : mais comment ?
Financièrement ? _ et seulement financièrement ?..

Et les « satisfactions » des uns
« équivalent-elles »
_ par quels circuits ? _ à la « satisfaction » _ ou « insatisfaction » _ des autres ?..

Sur quels critères les évaluer ? Est-ce bien de l’ordre _ quantitatif (et visible) _ du « mesurable » ?…

Comment pèsent ici les diverses _ et peu « homogènes » _ « demandes » :
« demandes d’Art »
et « demandes de Tourisme » ?


La « demande » de ceux qui empruntent le petit train parcourant les ruelles de la Cité aixoise _ un semblable petit train est apparu récemment à Bordeaux _ en écoutant le déroulé
du discours pré-enregistré,
est-elle « équivalente »
à la « demande » de ceux qui se mettent « sur les pas » du créateur Cézanne ?..
Ou du créateur Émile Zola ?..

« Sur les pas » étant le titre même

des remarquables fascicules _ avec plans _ diffusés par l’Office de Tourisme d’Aix, rédigés _ fort pertinemment dans le détail même des renseignement fournis et des localisations données avec beaucoup de précision _ par Michel Fraisset lui-même…

Chacun _ « acteur æsthétique » (cf l’excellent livre de Baldine Saint-Girons : « L’Acte esthétique » ; ou le tout aussi nécessaire « Homo spectator » de Marie-José Mondzain) _ peut, bien sûr, en « avoir » « pour sa mise » ; ou « pour son argent »
_ voire pour son désir : même si, là, pour le cas du « désir », c’est considérablement moins facilement,

et encore ! c’est un euphémisme,

calculable et encore moins réalisable « à coup sûr » ;
au contraire, même :

n’est « agréé » et « reçu » _ et au centuple, qui plus est ! _, ici,
que ce qui n’était _ même pas _ demandé !..

prévu, prémédité, imaginé, rêvé !..

Ah! ce qui peut être rêvé sur le seul nom d’une ville !…

Sur cela, lire Proust, la « Recherche« …


La seule précaution à (essayer de) prendre _ pour les metteurs en place des « dispositifs » d’organisation des « visites » _
étant
que ne se gêne (pas trop) la « cohabitation » des uns et des autres
;

et en espérant, même _ peut-être avec l’appoint d’un minimum de « pédagogie », mais pas trop « didactiquement » non plus, qui aurait, cette trop didactique pédagogie, le désastreux effet (de fuite) inverse ! _

que
les « touristes » de passage
deviendront
des « ravis »
d’une véritable « émotion »
(= « æsthétique« ) d’Art ;

et plus de simples consommateurs de « clichés » touristiques

_ de type « on connaît ! on vient, même, pour çà !.. »


En cela,
le « système » des « réservations » à l’Office de Tourisme
constitue un utile sas
_ un commode et précieux « goulot d’étranglement », en amont des « flux » d' »inondation »… _
à l’égard des risques de « bouchons » (de foule)…

J’ai en souvenir, par exemple,
le nombre faramineux d’autobus
affluant (et s’alignanten kyrielles) aux (immenses) parkings du château de Chenonceaux
pour y mener des charters entiers de visiteurs de jusque l’autre côté de la planète ;
quand d’autres lieux (tout aussi beaux et tout proches de Chenonceaux, en Touraine)
sont encore préservés de ces foules « consommatrices » bruyantes _ et assez peu « vraiment curieuses » _,

sur le circuit international

des « tour operators« …


Qui a vraiment « intérêt » à cela ? et à « faire du chiffre » ?..


Ou, encore, à Venise, autre exemple, le contraste entre le secteur, passablement encombré (de touristes), entre la Place Saint-Marc et le Pont du Rialto, d’une part,
et Dorsoduro, si tranquille _ lire le merveilleux livre du dorsodurien Pier Maria Pasinetti (1913-2006) : « De Venise à Venise » (« Dorsoduro » étant le titre original de ce livre, en italien)…

Comment éviter que l’afflux en grand nombre
gâte
la rencontre « personnelle »
_ et singulière : c’est un « acte esthétique », pas si fréquent, jamais « normalisé », ni, a fortiori, « formaté »… _
avec l’œuvre
_ en un Musée, ou en une église _
ou avec le lieu…

Se reporter sur ce point

(de la rencontre-découverte : avec une œuvre ou avec un lieu)

au magnifique premier chapitre ( intitulé « La paix du soir _ au risque d’halluciner« )

aux pages 39 à 66 de « L’Acte esthétique » de Baldine Saint-Girons,

à Syracuse,

décrivant par le détail ce qu’elle qualifie si justement d’« expérience forte« , indiquant même : « Toute expérience forte est nécessairement datée et localisée : c’était le 29 avril 2005 à Syracuse, à la fin d’une journée intense«  (page 42) ; « j’étais en compagnie d’amis siciliens, tous deux aussi émus que moi par ces hasards objectifs _ l’expression est aussi superbe que magnifiquement juste ! _ : mon collègue _ philosophe _ Giovanni Lombardo, et le jeune Emilio Tafuri » _ car les autres participent pour beaucoup aux rencontres et des lieux, et des œuvres… « Nous cheminions sul longomare, las et heureux. Moins directement heureux peut-être que sensibles à un accord musical inattendu surgi entre le monde et nous : nos sentiments et nos pensées nous semblaient atteindre à l’unisson, malgré des destins séparés. « La paix du soir », ai-je alors murmuré, comme si cette expression m’avait été soufflée. Une douce émotion nous envahit tous les trois. Impossible, semblait-il, de ne pas la reconnaître : elle nous enveloppait et nous absorbait, tissant entre nous un double lien, substantiel et musaïque » (page 43).

Je poursuis ma lecture : « Devait-elle davantage sa force à un état du monde ou au vocable ? Quels rôles fallait-il attribuer respectivement à la perception mondaine _ syracusaine, ici et alors _ et à sa formulation ? Silencieux et retenant notre souffle, nous croyions bien « entendre » la respiration du cosmos, miraculeusement pacifiée : n’était-ce pas le monde qui nous parlait diirectement à travers l’équilibre éphémère du crépuscule, alors que le jour le cédait au soir ? N’entendions-nous pas cette voix de façon quasi endophasique, presque comme une hallucination verbale ? Pourtant quelque chose de nouveau se produisit, dès lors que nous nommâmes « la paix du soir » ; la force poétique du phénomène du monde sembla décupler«  (page 44).

Et l’analyse se poursuit… Page 64, Baldine Saint-Girons pose la question : « L’acte esthétique peut-il se programmer ? » ; et elle y répond positivement : « Programmer des actes esthétiques nous est essentiel » (page 65) ; mais cet art demeure, toutefois, extrêmement subtil : « il suffira _ dit optimistement Baldine Saint-Girons _ de se déprendre de toutes choses _ qui retiennent et alourdissent _, de se faire bohémien, de se mettre en voyage _ combien, partis hors et loin de chez eux, y parviennent « vraiment », réellement ? _ : l’ailleurs s’ouvrira« , pose-t-elle, alors, page 65… Soit un acte d’ouverture à une réceptibilité ;

et à une réception effective, quand celle-ci advient, comme en réponse à quelque demande informulée, forcément, de notre part.

Et elle conclut ce beau chapitre liminaire de « L’Acte esthétique » par ces mots : « La « vraie vie » dont l’absence nous taraude serait-elle à notre portée grâce à l’acte esthétique, qui suppose un sujet tourné vers le dehors et un monde réenchanté ? Plus on y songe, plus on se demande si le véritable savoir, celui qu’il est inutile d’arborer, mais qui aide à vivre, n’est pas le savoir esthétique. « La paix du soir » pourrait s’élever de la sorte au rang de mathème, mais de mathème secret, dont la force opérative ne se révèlerait qu’à celui qui vacille sous l’aiguillon de l’æsthesis«  _ qu’il nous faut apprendre, avec délicatesse, à « recevoir » et « accueillir » : avec la plus pure _ épurée _ simplicité… Voilà tout ce qui peut se préparer _ sur (voire contre) soi _, mais ne se produit certainement pas _ jamais, du côté de la rencontre avec l’altérité _ sur commande… Ni ne s’achète ! par conséquent…

Sans compter que la ville, elle-même, doit demeurer vivante ;
pas rien qu’un « conservatoire de patrimoine »,

(ou une accumulation de boutiques de « marques » interchangeables, hélas, d’une ville à une autre)
pour visiteurs étrangers pressés
consommateurs de « clichés » seulement
parmi lesquels ils « se figurent » « reconnaître » quelque chose d' »attendu », déjà, d’eux, sans jamais rencontrer quelque altérité _ objective, et non pas fantasmée, ou virtuelle _ que ce soit !.. C’est qu’elle pourrait bien les « effrayer », pareille altérité…

Car une ville est tissée aussi, et consubstantiellement, de ses propres habitants…


Soit une question que se pose aussi, pour le devenir de sa ville,

l’excellent maire (et philosophe) de Venise,
Massimo Cacciari (de lui, en français, on peut lire : « Le Dieu qui danse« )…

Des questions pour non seulement
l’Office de Tourisme _ et la Ville _ d’Aix-en-Provence,

mais pour les mairies de villes à important capital patrimonial artistique
_ telle la mairie de Bordeaux ;

à l’heure de la candidature au label de
« capitale européenne de la culture »
pour 2013.

Titus Curiosus, ce 7 septembre 2008

Art et tourisme à Aix _ à la recherche du « Terrain des Peintres » (3)

05sept

Toutefois,
avant cette réflexion de synthèse,
sur « Art et tourisme à Aix »
_ et la « mise en tourisme » des « sites cézanniens » d’Aix,

un petit détour
sur ma « recherche »
du « Terrain des Peintres »
sur la colline des Lauves,
au-dessus de l' »Atelier de Cézanne« 

le 21 juillet dernier…

La visite du « Jas de Bouffan » m’avait littéralement « enchanté » :
d’abord, la bâtisse _ ou « bastide » (du XVIIIème siècle) : splendide _ déjà, par elle-même, est magnifique ;

et le domaine,
du moins ce qui en demeure
_ contre les constructions et l’autoroute péri-urbaine qui assaillent et ont déjà considérablement « rogné » ses « terrains » _
est comme miraculeusement « intact », « conservé », « protégé »
_ telle quelque « oasis »
luxuriante, fraîche, « ravissante »
au milieu d’un désert
(de modernité pas aussi belle) « qui croît »…
..
Dès le portail d’entrée du domaine,
et passé l’enclos (de protection),
s’ouvre la perspective de la maison,
en son ordonnance classique tranquille
,
servie
_ pour le regard du visiteur s’avançant _
par la perspective du triangle (s’ouvrant, à mesure des pas) du gazon, entre la (récente) allée rectiligne de peupliers qui s’élargit vers la maison : magnifique.

En cet espace d’accueil,
les œuvres temporairement exposées
_ et triangulairement, elles aussi _
de Jean Amado,
sont « comme à leur place »
_ comme en ce qu’Aristote nomme un (et leur) « lieu naturel« …
La paix du lieu, la fraîcheur du matin déjà tranquillement entamé, vers 10 heures,
le peu de monde
_ un couple seulement est déjà là
(et nous avons trois-quart d’heure d’avance sur le moment de la visite _ fixé par la « réservation ») _ :

tout concourt à une fête de « rencontrer » quelque chose de Cézanne présent
_ toujours peut-être (à qui le « perçoit ») _
en ce lieu…


Et de fait, le Grand Salon (du « Jas »)
qui fut déjà le premier immense atelier de Paul Cézanne
_ avant l’aménagement _ au second étage _ de l’atelier à la haute verrière
(en partie supprimée depuis : comme en témoigne une photo ancienne) _ ;

le Grand-Salon désaffecté de cet ancien usage sien _ d’accueil, réception, séjour _ du temps des Cézanne,
étant alors _ seulement _  un entrepôt de fruits (des vergers),

est émouvant dans son délabrement ;

« aggravé » encore
par le fait que lui ont été ôtées, décollées, arrachées, les peintures que Paul Cézanne y avaient apposées, déposées,

avec l’autorisation, sans doute arrachée elle-même, et non sans quelque lutte, à son banquier (ayant spectaculairement « réussi », lui…) de père…

Le lieu encore désaffecté ainsi
(et même _ ou surtout _ « dépouillé » des « œuvres » du jeune et maladroit _ et « couillard« , selon sa propre expression _ Paul Cézanne)
émeut profondément :

nous sommes invités à pénétrer non pas en un Grand Salon d’apparat,
mais en une sorte de « remise » (ou grenier) littéralement « désaffectée »…

A cet égard,
les images _ accompagnée d’une musique prenante, qui leur convient excellemment _ du diaporama de Gianfranco Iannuzzi
font (re-) vivre, en leur mobilité _ et leur propre « disparition » _ le « génie » mouvant de celui
qui y exerça son activité tâtonnante et fébrile
de créateur _ de peinture, de couleurs vives…


Puis,
le grand jardin _ ou « parc » _ derrière ;
la marre rectangulaire au lion et dauphin de pierre ;
et l’allée de marronniers :
Cézanne est à 1000%
là pour nous…


A l' »atelier gris«  _ ainsi que le nomme Vincent Bioulès _ du chemin des Lauves,
Cézanne est aussi encore présent ;

avec ses vêtements, suspendus à des patères,
ses instruments (de peinture),
ses « motifs » de natures mortes
_ que Marcel Provence
a scrupuleusement « conservés », (r-) ajoutés, mis en scène ;
puis John Rewald et James Lord (et le « Cézanne Mémorial Committee« , en 1954) ;
et Marianne Bourges (« de 1965 à 1996« )…

Le lieu a quelque chose, en effet d’un « sanctuaire« 
_ selon l’expression choisie de Bruno Ely,
intitulant (page 152) sa troisième très précise (et par là très précieuse) intervention _ pages 152 à 165 d' »Atelier Cézanne » (d’Actes-Sud, en 2002) _
concernant la période 1951 (« Mort de Marcel Provence » et « Achat de l’atelier 1951-1954« )
– 1969 (« De l’Université à la Ville d’Aix : 1954-1969« ) :
« Du sanctuaire
au tourisme culturel
« …


Même encore pour nous, visiteurs aujourd’hui, en 2008…

Et on peut comprendre par là la tentation malicieuse
d’un Ben
(« l’art m’emmerde« …)
sous l’autorité _ cependant ! _ de la signature _ ah ! mais… _ d’un « Érik Satie« …

De fait, les visiteurs
_ même en petit nombre (du fait de l' »écrémage » sévère de la « réservation ») _ ;

de fait, les visiteurs
tournant en rond, telles des mouches devant une vitre,
face à ce bric-à-brac (hagiographique) sur lequel ils ne cessent de faire « circuler » leur regard,
de l’un à l’autre objet, puis au suivant,
forment un dispositif de « visite » un peu agaçant et frustrant…

Aussi,
sortir de l’atelier,
et partir
à la recherche des lieux _ un peu plus en hauteur sur la colline _ sur lesquels Cézanne plantait son chevalet face au « motif » de la Sainte-Victoire
est séduisant
:
le dépliant de l’Office de tourisme « Sur les pas de Cézanne » indique
sur un plan baptisé « Les Paysages de Cézanne »
cette mention-ci : « Les Lauves » : « Terrain des peintres« ,
« à deux kilomètres » (de l' »Atelier de Cézanne »)
_ une citation d’Emile Bernard, de février 1904, le formule même, aussi, en toutes lettres :

Sainte-Victoire Pins

« C’était à deux kilomètres de l’atelier en vue d’une vallée, au pied de Sainte-Victoire,
montagne hardie
qu’il ne cessait de peindre à l’eau et à l’huile
(sic),
et qui le remplissait d’admiration« …

Le dépliant rédigé par Michel Fraisset lui-même commente cette expression
(« En février 1904, Emile Bernard accompagne Cézanne « sur le motif » « )
je cite :

« Cézanne s’installe face à la montagne avec son chevalet _ il fallait le transporter _
sa boîte à peinture, sa palette et ses pinceaux.
Il se protège du regard des indiscrets à l’abri d’ombrelles de paysagistes
« …

« A quelques mètres de là, il peint le cabanon de Jourdan« .

Qui ne sait que
« le 15 octobre 1906,
un orage éclate. Cézanne reste plusieurs heures à peindre sous la pluie. Une syncope le foudroie
 » ?..
ainsi que l’énonce (et rappelle) ici Michel Fraisset…

Qui cite encore ceci :
« On l’a ramené rue Boulegon _ son dernier domicile, au numéro 23 _ sur une charrette de blanchisseur
et deux hommes ont dû le monter dans son lit.
Le lendemain, dès le grand matin

_ fidèle à son habitude : vers les quatre heures du matin !!! _,
il est allé au jardin de l’atelier des Lauves travailler à un portrait de Vallier _ son jardinier _ sous le tilleul.
Il est revenu mourant
« …
Fin de la citation par Michel Fraisset ; qui poursuit :
« Cézanne voulait mourir en peignant.
Il s’éteint une semaine plus tard, dans la nuit du 22 au 23 octobre 1906 _  « le décès est enregistré à 7 heures du matin« , est-il précisé en commentaire de l’adresse du 23 rue Boulegon _, des suites d’une pleurésie. »

Avec cet ultime paragraphe de Michel Fraisset
en précision en quelque sorte du titre (du dépliant _ remarquable !!! autant qu’utile) « Sainte-Victoire vue des Lauves » :

« Dans le cadre de sa politique de mise en valeur des sites cézanniens,
la Ville d’Aix-en-Provence a procédé à l’aménagement du
« terrain des peintres »,
aujourd’hui inscrit dans le périmètre du Domaine de la Marguerite.


Face à la  montagne qui, depuis ce panorama, devient
_ en effet
(cf l’œuvre « Le doute et la pierre » de Jean Amado
_ qui était cet été exposée, splendidement, sur le parterre d’entrée du « Jas de Bouffan » ;
et pourrait y demeurer !..) _ ;

Sainte-Victoire Cézanne

face à la  montagne qui, depuis ce panorama, devient
figure de proue,
10 panneaux reproduisent les principales
« Montagne Sainte-Victoire » peintes par Cézanne
depuis le chemin de Marguerite.
« 


Pour ma part,
j’ai suivi avec un immense profit (de joie !),
ce lundi 21 juillet autour de 15 heures,
le chemin de la Marguerite
_ jusqu’au petit square aménagé en bordure d’une route passagère, vers l‘oppidum d’Entremont, et juste avant l’autoroute _,
avec une série de très belles « vues » sur la montagne ;

Sainte-Victoire Trois Arbres

j’ai même félicité une dame sortant de sa villa pour le spectacle permanent dont elle bénéficiait de sa demeure ;

mais je n’ai pas découvert ce lieu « aménagé » (= le-dit « Terrain des Peintres« …) ;

faute d’indications assez précises ;
tant sur le terrain lui-même
(et d’abord, bien sûr !
en dépit de quelques « panneaux », mais insuffisants…) ;
que sur les divers plans disponibles à l’Office de Tourisme d’Aix…

Ici, chez moi, et maintenant,
à tête reposée (et sans urgence) ;
en re-« cherchant » mieux,
je découvre un « numéro 5« 
faisant suite, mais sans commentaire, lui (!)
aux numéros « 1 » (« Musée Granet« ),
« 2 » (« les carrières de Bibémus« ),
« 3 » (« le Jas de Bouffan« ),
et « 4 » (« l’Atelier de Cézanne« , ou « Atelier des Lauves« ) ;

légendé seulement, ce « numéro 5 »
(en un encadré sur la gauche d’un plan général d’Aix
sur le dépliant « Plan Guide _ Aix-en-Provence _ Source d’inspiration » ;
et non pas sur le dépliant ( » Sur les pas de Cézanne« )
;

légendé seulement
« Terrain des Peintres« 
en un emplacement situé entre les Avenues Paul Cézanne, à l’est, Léo Lagrange, au nord, Philippe Solari, à l’ouest,
et la traverse des Capucins
, au sud

En revanche,
j’ai pu, ce 21 juillet-là,
guidé par des panneaux indicateurs, sur la route,
suivre le chemin de la Marguerite ;
m’ y abreuver à une fontaine ;
et croiser d’autres admirateurs de Cézanne,
dont plusieurs japonais et anglais, à la recherche de ce

à quoi se mesurait, pinceau à la main, l’œil de Cézanne…

La prochaine fois,
je me repérerai mieux ;
et

découvrant ces « 10 panneaux
reproduisent les principales
« Montagne Sainte-Victoire » peintes par Cézanne
depuis le chemin de Marguerite
« ,

je pourrai me confronter au « motif »
tel que Cézanne passionnément
s’y confrontait
en ses ultimes années de vie « pour la peinture » (1902-1906)…

Voilà pour cette étape _ sur le chemin de la Marguerite,
et tout près du « Domaine de la Marguerite« , pas encore assez bien indiqué… _ ;

et avant ma synthèse sur « Art et Tourisme à Aix » _ et ailleurs…
J’y viens…


Titus Curiosus, ce 5 septembre 2008

Photographies : Sans Titre, © Bernard Plossu

Art et tourisme à Aix _ la « mise en tourisme » des sites cézanniens (2)

02sept

Et maintenant, le récit de ma seconde visite aux sites de « création » cézanniens à Aix : celle de l’atelier du chemin des Lauves ;

en commençant par ce que je découvre sur le seuil de ce « dernier atelier » de Paul Cézanne ;
ce qui peut se voir dans le jardin ;
ainsi que ce que recèle
, ce mois de juillet-ci, le petit appentis adjacent au bâtiment _ sur deux niveaux _ de l’atelier (« de Cézanne ») lui-même…

avant la découverte de l’atelier en tant que tel,
à la très grande verrière ouverte sur le ciel…

En effet, la « réservation »
_ prise, le matin, à l’Office de Tourisme de la Rotonde _
prévoit que la visite
_ de l’atelier proprement dit, qui occupe, à l’exception de l’arrivée de l’escalier, tout l’étage _
commencera à 13h 30 :
les visiteurs _ il est 13h 20 _ patientent donc sur la petite terrasse bien ombragée devant l’entrée,
qui, assis sur des chaises devant quelques tables de jardin _ en train de « rédiger » quelques cartes postales, ou de se restaurer d’un sandwich ou de fruits _,
qui, assis sur la petite murette surplombant la partie (très arborée) du jardin qui s’étend en contrebas, vers le canal du Verdon qui longe _ toujours _
la propriété, un peu plus bas…
A l’ombre, les visiteurs récupèrent un peu de leur montée de la colline sous le soleil…

Juste devant la porte d’entrée du rez-de-chaussée du (petit) bâtiment,
se balance _ à la légère brise _ un panneau de plexiglas avec l’inscription :
« L’art m’emmerde » « Érik Satie« …
Tiens, tiens !!!

Je découvre alors qu’à l’appentis attenant, sur la gauche, au bâtiment de l’atelier lui-même,
« se tient » une exposition Ben
_ dont se reconnaît le graphisme
qui lui sert, en effet, de marque d’identification _ ou d’ersatz de « logo » ;
et ça marche, la preuve !.. Esse est percipi… _ visibilité, audibilité : le B-A BA de la « com » (audio-visuelle)…

Et, en parcourant la terrasse et ses environs immédiats,
je découvre bientôt d’autres panneaux en plexiglas se balançant légèrement, eux aussi, à la  brise,
dont celui-ci, toujours signé « Érik Satie » : « Si je rate, tant pis !.. C’est que j’avais rien dans le ventre !..«  (sic)…

Cela m’évoque le mot de Beckett, « tout frais » rapporté
_ juste d’hier, en mon petit voyage marseillais _,
en son atelier _ lui aussi !!! _, par Patrick Sainton _ me présentant son travail pictural personnel :
« Rater mieux« …

Une formule (oxymorique) autrement élégante
_ que celle de Satie (et de Ben Vautier…) _,
chez ce virtuose (Samuel Beckett) des formules elliptiques :
« Bon qu’à çà… »
avait été, en effet, sa fulgurante _ mémorable _ réponse
à l’enquête de Jean-François Fogel et Daniel Rondeau
pour un « supplément » _ qui a fait date _ au quotidien Libération :
« Pourquoi écrivez-vous ?« , en 1985…

Bref, « le style, c’est l’homme même« , retient-on de Buffon : celui de Ben,
et celui de Satie,
est assurément distinct
de celui de Beckett
et de Patrick Sainton ;
ainsi, à mon appréciation, que de celui de
Cézanne…

Bref, je préfère, à titre d' »exposition-animation » complémentaire à la visite _ attractive à Aix : un must ! _ de l’atelier de Cézanne, les pièces sculpturales de Jean Amado
réunies ici encore, dans le jardin de l' »Atelier Cézanne », comme à l’entrée de la bastide du « Jas de Bouffan »,
en un « Parcours d’Art » (selon une « idée » d’Alain Paire) :
« La Bogue« , « Le Manège« , « La Mama« , « Le Gardien« , « Le Château d’ocre« , « Vaugeisha« …

bref, je préfère les sereines _ et idiosyncrasiques _ pièces (de sculpture) de Jean Amado à ces provocations _ « conceptuelles » » ? _ de potache
de l’initiative du sieur Benjamin Vautier,
afin de « casser »
ce que pourrait avoir d' »hagiographique »
un « pélerinage » (« culturel » !), cézannien,
ici,
comme il put y avoir un « pélerinage wagnérien »
à Bayreuth _ cf Albert Lavignac : « Le Voyage artistique à Bayreuth« , publié en 1897 à la Librairie Delagrave…

A 13h30, les visiteurs gravissent le petit escalier conduisant à l’atelier proprement dit
occupant
presque tout l’étage.

L’atelier _ « un lieu de vérité« , intitule superbement Bruno Ely sa première très riche contribution (pages 26 à 41) _ est constitué d’une vaste pièce _ « de 8 mètres de long, 7 mètres de large et son plafond sur corniche se trouve à 4,50 mètres de haut » (page 36) _ aux murs « gris clair«  _ selon Marcel Provence ; ou « un gris neutre, indique Gerstle Mack » (toujours page 36) _
qu’inonde de lumière (et de ciel _ et du vert de l’olivette « presque de plain-pied » ; surtout depuis que les oliviers ont pris de l’ampleur : « certes taillée et entretenue, mais qui ne pouvait qu’avoir une incidence sur la lumière« ) une immense verrière _ de « 5 mètres de long sur 3 mètres de haut » (toujours page 36) _ ;
avec, à l’extrémité « droite de celle-ci« , une très haute fente : « une fente verticale, protégée par un portillon blindé, ménagée dans l’épaisseur du mur, permettait de passer les toiles de grands formats comme les « Grandes Baigneuses »… » (page 36) _ cf aussi l’article de Joseph J. Rishel « Verrière et fente à l’Atelier« , pages 70 à 73 de ce même album (du centenaire : 1902-2002) « Atelier Cézanne« , édité par la Société Paul Cézanne et Actes-Sud, en 2002 _ ;

fente
destinée
, donc, à laisser passer au dehors les toiles de très grand format
_ « monumentales« 
: 127,2 x 196,1 cm pour la toile de la National Gallery de Londres, par exemple _ qu’étaient les différentes « Grandes Baigneuses » de Cézanne :
« trois peintures tardives ont nécessité un tel aménagement pour leur permettre entrée et sortie de l’atelier sans qu’il fut nécessaire de les détacher de leur châssis et de les rouler » (page 72) ;

et qui « se trouvent respectivement maintenant à Philadelphie (NR 857),
à la collection Barnes de Marion (NR 856), Pennsylvanie ;
et à la National Gallery de Londres (NR 855)
 » : trois sommets de l’œuvre cézannien…


Joseph J. Rishel en conclut :
« Voilà au moins une référence datée (septembre 1902
_ achèvement de la construction de l’atelier du chemin des Lauves)
permettant d’attester qu’en s’installant à l’atelier des Lauves, le peintre planifiait les grandes œuvres
que dorénavant nous connaissons.
Peut-être avait-il déjà engagé un tel travail :
ne pouvant le poursuivre nulle part

_ pas à l’atelier, plus exigü, de la rue Boulegon _,
il envisagea l’atelier _ du chemin des Lauves _ avec cette fente pour un projet monumental. »

Quant à Philip Conisbee,
au chapitre « L’Atelier des Lauves »
du si beau _ et indispensable à tout « cézannien » ! _ « Cézanne en Provence« 
(livre _ publié par la RMN _
et expo : à la National Gallery de Washington, du 29 janvier au 9 mai ; et au Musée Granet d’Aix-en-Provence, du 9 juin au 17 septembre) de 2006 _
réalisé par Philip Conisbee et Denis Coutagne,

il précise et résume magnifiquement ainsi _ page 259 _ le développement _ pages 252 à 259 _ qu’il vient de consacrer à ces « Grandes Baigneuses » :

« « Les Grandes Baigneuses » sont les plus importantes œuvres provençales de Cézanne,
en raison des souvenirs, des émotions et des désirs qu’elles impliquent

_ voilà qui,
sans entrer dans quelque chose comme des implications (et arcanes) psychanalytiques,
mériterait certainement un commentaire (et une recherche) plus fouillé(s)… _,

peintes comme elles l’ont été dans l’atelier spécialement construit pour elles sur son sol natal.

Elles furent ce dont il rêvait,
une fusion harmonieuse d’un désir érotique incarné dans les figures humaines d’imagination
_ et non d’après modèles (nus) vivants… _ peintes de façon luxuriante
et placées dans un paysage présent et senti

_ dans une lumière doublement radieuse ! si je puis me permettre d’ajouter…

Ces peintures pleines de lumière
_ c’est même un euphémisme ; la lumière venant aussi de l’artiste lui-même, et pas seulement du ciel d’Aix ! _,
montrent comment Cézanne assimilait les leçons apprises alors
_ c’est-à-dire tout au long d' »une vie » (de soixante-trois ans en 1902),
elle aussi (telle la vie de Granet), cher Denis Coutagne,
« une vie pour la peinture« … _ ;

comment Cézanne assimilait les leçons apprises alors
d’après nature

_ le point est, lui aussi, crucial ! _,
par exemple durant ses visites au bord de l’Arc,
où il saisit l’éclat d’un reflet lumineux dans une aquarelle telle que
« Le Pont des Trois Sautets » (cat. 130 _ page 276 de l’album : dépourvue de personnages ; ni baigneuses, ni baigneurs…),
pour l’adapter à une rayonnante aquarelle représentant des nus jouant,
« Baigneurs sous un pont » (cat. 131 _ page 277, en vis-à-vis : le titre étant, alors, « Baigneuses sous un pont« ).

L’impression ouverte et aérée des « Grandes Baigneuses » de Philadelphie (fig. 13) _ poursuit Philip Conibee page 259 _,
avec son
_ = du tableau _ lumineux ciel bleu pâle,
doit sans doute beaucoup aussi

_ et voilà le point qui concerne notre atelier,
sa (grande) verrière et sa (haute) fente ! _

à la possibilité qu’avait le peintre de le _ = ce tableau ! _ faire entrer et sortir de l’atelier,
au point qu’on pourrait dire qu’elle
_ = cette œuvre-ci _ réconcilie parfaitement ses activités _ = de l’artiste peignant _ dans l’atelier avec celles _ toujours peignant _ de plein air,

son imagination et son expérience
_ « expérience » tout uniment d’homme et d’artiste, si intimement mêlés et tissés, l’homme et l’artiste, en cette vie si riche d’attention (« æsthétique », dirais-je, un peu pléonastiquement),
par les œuvres, par les pinceaux s’exerçant par « application » des touches de couleur sur la toile _ ;

son imagination et son expérience _ donc _ de la lumière dans la nature«  (page 259).

Pénétrer ainsi dans l’atelier « gris » _ cf Vincent Bioulès « L’Atelier gris de Cézanne » _
permettant _ au visiteur de l’atelier du chemin des Lauves _ de s’en rendre (si peu que ce soit) compte, d’une irremplaçable _ et mémorable, du moins je le suppose _ façon…

Tel me paraît être ici le « véritable » enjeu _ en un tel « lieu de vérité« , pour reprendre le si juste titre donné à la première (des pages 26 à 41) de ses trois contributions par Bruno Ely… _ d’un juste regard æsthétique, pour qui passe en un tel site…


Alors, comment s’est déroulée cette seconde _ après celle du « Jas de Bouffan » : la chronologie cézannienne étant même respectée _ ;
cette seconde « visite » ?

Au lieu du diaporama passionnant (et accompagné d’une très belle musique) de Gianfranco Iannuzzi,
et des interventions vivantes de la guide-conférencière Christiane,
deux jeunes filles
_ qui « surveillent » aussi ce lieu, dans lequel Marcel Provence a « religieusement  » « conservé » ce qui demeurait là de Cézanne
(après le décès de celui-ci, le 23 octobre 1906
et l’achat, en 1921, de l’atelier qui lui fut cédé par le fils unique du peintre, Jean-Pierre Cézanne ;
et une fois récupéré par la famille le plus précieux des œuvres et des objets personnels de Paul Cézanne) ;

quand, en 1921, Marcel Provence obtint de « veiller » _ sa vie durant (1892 – 1951) : ce qui fera trente ans _ au souvenir de ce génie aixois, si mal reconnu jusque là par les concitoyens de sa ville ;

deux sympathiques jeunes filles, donc, proposent de « répondre » à vos éventuelles questions,
en vous laissant le soin de regarder vous-même

tout seul

le bric-à-brac conservé et/ou accumulé ici,
qui peut vous « parler » de ce que « faisait » (= « créait ») ici même le peintre ;

pour peu que vous vous penchiez sur lui, ce bric-à-brac d’objets divers, et l’interrogiez  _ sinon, il demeure(ra) muet…

De fait, les amoureux de Cézanne « re-connaîtront » maint ustensile peint par le « maître »,
à commencer par le petit « Amour » de plâtre qui a pu être dit « de Puget« 
_ ce géant baroque marseillais (Pierre Puget : 1620 – 1694
cf l‘expo rétrospective de Marseille, au Centre de la Vieille Charité et au Musée des Beaux-Arts, en 1994-1995 : « Pierre Puget, peintre, sculpteur, architecte _ 1620-1694« , publié à la RMN) _ ;

« l’Amour en plâtre plusieurs fois peint par Cézanne, particulièrement vers 1895« ,
précise à propos de cet « Amour » Bruno Ely, page 106,
en sa seconde remarquable contribution, elle aussi, « L’Atelier au temps de Marcel Provence » (pages 78 à 117 de l' »Atelier Cézanne« )
_ cf par exemple « L’Amour en plâtre » (conservé à Londres, au Courtauld Institute), page 107,
ou « L’Amour en plâtre » (conservé au Nationalmuseum de Stockholm), NR 782, page 140 de l’album de l’expo de 2006, « Cézanne en Provence« …

« ce plâtre d’après Duquesnoy avait été attribué à Pierre Puget _ précise encore Bruno Ely, page 106 _ dont Gasquet fait dire à Cézanne : « il y a du mistral _ plutôt, me semble-t-il qu’avec une majuscule : « Mistral » !.. _ dans Puget »… » Et « le moulage de l’atelier est signé « François » _ le prénom de Duquesnoy (1597-1643) _ sur le socle » (toujours page 106 de l' »Atelier Cézanne« ).

Il n’empêche…
le regard se perd un peu
dans ce vénérable bric-à-bac cézannien _ peu ou prou _ ;

faute d’assez de « focalisation »
de notre part de « regardeur »-spectateur ;
pas assez « actif » ici
;

alors que nous aidaient à le devenir _ « regardeur-spectateur » en acte (et « en actes » ; les deux …) _
et le brillant, détaillé et judicieux diaporama (de Gianfranco Iannuzzi),
et les échanges vivants avec la guide conférencière (Christiane)
effectuant, par sa parole mobilisée, un riche mouvement de va-et-vient
entre les éléments physiquement présents du site
(du « Jas de Bouffan »)
et les œuvres de Cézanne élaborées ici même, en leur temps
;
dont la guide-conférencière recherchait, manuellement,
en tournant les pages de son cahier d’œuvres du maître ;
et nous montrait alors, les images

à regarder d’autant mieux…

Artisanalement,
et au rebours d’un produit « tout-fait » _ « packaged » _ se « déroulant » mécaniquement…

Il ne faut pas que tout soit trop « fini » _ cf le mot de Flaubert : « la bêtise, c’est de conclure » ;

et l’Art, nous en préserve, mieux que bien des « savoirs » trop _ faussement _ certains (= « arrêtés »), eux…


L’important, pour le voyageur-visiteur _ qui y passe, « itérativement », un minimum de temps _ est de passer
de la passivité consumériste
(mécanique _ comme sur des roulettes ou des tapis roulants : ce qu’offrent les technologies « automatisées » d’aujourd’hui ; quand il suffit de se brancher sur le disque ou le film, qui se déroule au rythme pré-programmé, c’est-à-dire sans nous…) ;
à l’activité (de son esprit, sollicité, et mobilisé, lui) ;

afin de (re-)prendre en quelque sorte, à son tour, le chemin
de l’œil _ face au motif _
et de la main _ face à la toile _
de l’artiste créant…


Comme ac-compagnant, alors, au présent de son « at-tention »

_ et si possible « intensive », « intensément » _

le « génie » _ tâtonnant _ du créateur que, lui-même, plus ou moins fébrilement, alors « cherchait »
en sa gestique
(assez cahotante et risquée :
Cézanne est connu pour avoir lacéré des toiles : à Bibémus, par exemple…) ;


cela nous renvoyant, encore une fois, à nouveau,
aux problématiques æsthétiques
de « L’Acte esthétique » selon Baldine Saint-Girons ;
et de l' »Homo spectator« selon Marie-José Mondzain…

Après ces deux _ petites _ analyses d' »impressions »
de deux visites de sites de création cézanniennes à Aix
, ce 21 juillet-ci, en l’occurrence,

il me reste à mener
_ en un 3ème et dernier volet de cet article _
une réflexion (de conclusion) un peu plus synthétique
et générale _ voire universelle _
sur Art et Tourisme
aujourd’hui…

Et qui pourrait « intéresser » les villes
_ dont Bordeaux et Marseille
(« avec » le pays d’Aix ;
ainsi que Toulouse et Lyon) _
encore en lice
pour le « label » de « capitale européenne de la culture » en 2013


Titus Curiosus, ce 2 septembre 2008

Art et tourisme à Aix _ la « mise en tourisme » des sites cézanniens (1)

31août

Sur la « mise en tourisme« 
_ une expression sous la plume de Michel Fraisset, en 2002
(in « Aujourd’hui l’Atelier Cézanne…« ,
dans la partie intitulée « Témoignages » de l’album « Atelier Cézanne« , édité par Actes-Sud et la Société Paul Cézanne,
à la page 176) _
des sites cézanniens d’Aix (et du pays d’Aix)…

Ou,
à partir de mon séjour _ riche de rencontres et découvertes ! _ à Aix-en-Provence du 19 au 23 juillet dernier,
un commentaire des formules de Michel Fraisset _ « Directeur de l’Atelier Cézanne, Adjoint de Direction, Responsable de la Communication » de l’Office de Tourisme d’Aix-en Provence _
précédant immédiatement l’intitulé (en cet article, sien) « La mise en tourisme de l’Atelier de Cézanne » ;
formules que voici :

« En 1969, l’Université cède à la Ville l’Atelier _ de Cézanne sur le chemin des Lauves _, qui devient « Musée Municipal Contrôlé » en 1979.
En 1997, une nouvelle étape est franchie. Par délibération du Conseil Municipal en date du 30 septembre 1997, la Municipalité confie la gestion de l’Atelier Cézanne à l’Office de Tourisme.
Crainte pour les uns, défi pour les autres… Tourisme et Culture allaient-ils faire bon ménage ?
 »

D’abord,
et en « avant-propos », en quelque sorte _ le lecteur un peu patient ne devrait pas trop, je l’espère, en pâtir ! _,
le cadre et le contexte de mon séjour de « découverte » d’Aix, en ce mois de juillet.

Je venais à Aix « rencontrer » (et « faire la connaissance » de visu de) Michèle Cohen, la directrice de la Galerie La NonMaison
_ NonMaison sise 22 rue Pavillon à Aix-en-Provence,
au sud-est de la cité intra muros _ si je puis dire, maintenant que ces « murs » sont « tombés » _, non loin de l’église Saint-Jean-de-Malte et du Musée Granet
(au quartier Mazarin ;
le bâtiment du Musée est contigu à l’église, dont il constituait une « dépendance » conventuelle) _ ;

Michèle que je ne « connaissais » jusqu’ici que par l’écrit (d’échanges de courriels)
et par la voix (de coups de téléphone)…

et par l’intermédiaire de (= grâce à) notre ami commun, Bernard Plossu
auquel j’envoie régulièrement ce que j’écris _ et qu’il peut lire entre deux « voyages », expéditions, marches, photographiques ;

et lequel a d’enthousiasmants projets (d’expositions photographiques : forcément !..)
avec Michèle,
en plus de l’expo « Bernard Plossu – Patrick Sainton : Ateliers parallèles »
qui s’est tenue du 12 janvier au 29 mars 2008 à la NonMaison… ;

Michèle m’ayant proposé d’intervenir en son cycle de conférences « voir ou entendre »
sur le sujet de la « rencontre »
,
sur lequel, « sujet », j’ai écrit un _ long _ essai, qu’elle a lu : « Cinéma de la rencontre : à la ferraraise« ,
ayant pour sous-titre « Ou un jeu de halo et focales sur fond de brouillard(s) : à la Antonioni » ;

je devais venir « donner cette conférence » _ « le NonArt du rencontrer » _ à Aix le 22 juillet ; mais Michèle a préféré reporter la rencontre _ avec les fidèles passionnés de La NonMaison _ à l’automne ;

et j’ai souhaité venir à Aix en juillet,
avançant même mon voyage (du 21) au 19 juillet, de façon à pouvoir _ aussi _ accompagner Michèle à la cérémonie de commémoration du dimanche 20 juillet au Camp des Milles ;

afin de « rencontrer » Michèle _ avec sa très rare qualité d’attention (« artistique ») _ autrement (et « mieux »)
que par courriel et coups de fil téléphoniques
, donc.


Bref,
séjournant à Aix
(avec passages aussi par Marseille, La Ciotat (ainsi que les Milles),
« à côté de » ce qu’avait _ déjà copieusement : et ce sera fastueux… _ prévu Michèle
_ à la Non-Maison,

à Marseille (merveilleux déjeuner aux Goudes, avec François Cervantès

_ lui-même merveilleux pilote d’une découverte panoramique de Marseille, depuis l’Estaque
jusqu’à l’île « des Singes » (l’île Maire, au cap Croisette),

en passant par le Vieux-Port, le Quai des Belges, la Criée,
un court (et remarquablement « parlant » :
tout, ou, en tout cas, beaucoup
est là !!!)
arrêt panoramique sur la baie _ somptueuse :
on comprend les Phéaciens d’avoir élu ce site d' »installation »-là !!! _
pour jeter un coup d’oeil au
_ remarquable : sur les « villages » dont se compose en fait Marseille _
Vallon des Auffes ;

Endoumes _ la villa de Roland Petit devant le Château d’If et les îles du Frioul _,
Le Prado, Bonneveine, La Pointe-Rouge, La Madrague-de-Monredon
_ tous noms qui ne vont pas tarder à me parler
(à partir de Granet,
par exemple celui de Jean-Antoine Constantin, son maître si décisif pour (toute) « une vie pour la peinture« , selon la si juste expression choisie par Denis Coutagne pour titre de son si beau livre ;
puis Cézanne lui-même) _ ;

Bref,
séjournant à Aix (avec passages aussi par Marseille, La Ciotat (ainsi que les Milles),
à côté de ce qu’avait prévu Michèle
_ à la Non-Maison,
à Marseille,

à La Ciotat,
au quai de gare à proximité immédiate _ deux cent mètres à peine, à pied, du camp (de transit vers Drancy, puis Auschwitz) _
au village des Milles,

je n’avais _ n’ayant nulle personne de ma famille
ou de mes connaissances
à « rencontrer » à Aix ou dans la région _
nulle contrainte d’obligation ;
et disposais donc, « royalement »,
de l’entière plénitude et souveraineté de mon temps
_ un temps de disponibilité à l’altérité


des choses, des lieux :
la ville d’Aix, d’abord et principalement
_ comme si j’avais rendez-vous, aussi (en plus de Michèle), avec elle : la ville !

afin d’en saisir, un peu, « quelque chose » : de son « génie »
singulier,
de ses « humeurs »,
de son idiosyncrasie,
de sa lumière
sur la couleur de ses crépis, de ses ombres dans les rues, ruelles,
ou sur l’ample esplanade de promenade _ à platanes _ du beau cours Mirabeau ;
ou sur les nombreuses et diverses et variées places et placettes de la cité des Comtes de Provence

_ et du « bon roi » René (1409-1480, fils de Louis II, duc d’Anjou, devenu éphémère roi de Naples, de 1435 à 1442, mais qui se préférait, Comte de Provence

_ à la mort de son frère aîné, le duc Louis III d’Anjou, en 1434 _,

dans sa bonne ville d’Aix, où « le bon roi » René mourut, le 10 juillet 1480) ;

ainsi que,
en matière de « disponibilité à l’altérité »,
une « disponibilité » à l' »altérité » de « rencontres avec »
des personnes

_ une ville étant aussi, et sans doute d’abord, « faite » _ « tissée » _ des « humeurs, aspects, allures, démarches _ en marchant, déambulant _ de ses habitants ;

et je vais en faire, de ces « rencontres » de « personnes » :
Madame Dominique Johner _ professeur d’Histoire de l’Art _, à la NonMaison, dès mon arrivée, le vendredi soir à 19h
(qui va nous parler _ Michèle est là _ de l’oeuvre de Jean Amado _ exposée en divers lieux d’Aix ;

Alain Paire _ qui est l’inspirateur et l’organisateur de ce « Parcours » de découverte de l’œuvre de Jean Amado _ 1922-1995) _ en sa librairie-galerie de la rue du Puits-Neuf ;

Christiane, la guide-conférencière « animant »,
de sa culture vivante et de ses photos d’œuvres de Cézanne,
la visite du « Jas de Bouffan »
_ principalement le « bassin » au lion et au dauphin
et l' »allée aux marronniers » de derrière le « Jas » _ ; et qui m’indique et la brasserie du Roi René : et le brasserie Léopold (qui me donneront pleine satisfaction) ;

Michel Fraisset,
quand j’allais rencontrer au sous-sol du remarquable Office de Tourisme,
2 Place du Général de Gaulle,
autrement dit, sur la très belle Place de la Rotonde, et sa vaste fontaine chantante,
au débouché spectaculaire du Cours Mirabeau ;

quand j’allais rencontrer,
grâce à l’amabilité-serviabilité des hôtesses de l’Office,
la responsable de la communication, Madame Bernadette Marchand :
je désirais indiquer (en mon futur article sur ma visite à Aix)
les auteurs de la très réussie animation vidéo (= diaporama) du Grand-Salon du « Jas de Bouffan » :
Gianfranco Ianuzzi, en l’occurrence, vais-je apprendre ; mais je n’avais pas eu le temps de le « saisir », au générique final du diaporama… ;

je reprends l’élan de ma phrase :

bref, je disposais « royalement »
de l’entière plénitude et souveraineté de l’organisation de mon temps de séjour à Aix
;

mon unique « projet », avais-je signalé à Michèle,
concernait une visite à l’expo Granet _ le Musée Granet ayant son jour de fermeture le lundi,
et ouvrant ses portes à 11 heures :
nous avions donc décidé d’aller en parcourir ensemble les galeries,
Michèle, moi-même
ainsi que Bernard Plossu si, toutefois, Bernard était rentré à temps de Spilimbergo (dans le Frioul, près d’Udine)
où il recevait un prestigieux prix de photographie italien
_ ce qui ne se fera pas ; à cause d’un retard de train quelque part sur le trajet de retour de cette Vénétie Julienne,
entre Trieste et Venise, au pied des Dolomites :

ma (longue) passion (et début de « connaissance » « un peu approfondie »…) de Rome _ ainsi que je l’annonçais en mon article d’ouverture de ce blog _ « le carnet d’un curieux » _, ainsi que ma lecture (rapidissime, elle, alors _ la veille de venir à Aix ! _, du « François-Marius Granet 1775-1849_ Une Vie pour la peinture » de Denis Coutagne, avec, notamment le brillant et, plus encore que brillant, très judicieux « avant-propos » _ ou plutôt « Préface » _ de Marc Fumaroli, m’offrant comme une un peu pertinente « introduction » à une visite « attentive intensive » de cette très riche _ sur trois niveaux de galeries _ exposition rétrospective de celui qui s’est accompli, en « artiste » (de paysages), à Rome, les vingt-sept années qu’il l’a, en long et en large _ comme seulement il convient ! _, « arpentée », ses carnets à croquis en permanence à disposition _ ainsi que le magnifique portrait de 1809, par Ingres _ nous le donne à regarder (ou « imaginer« ) : « Sous son bras, Granet tient un portfolio à son nom« , souligne Philip Conisbee, page 124 du  livre, « et l’on peut ici imaginer qu’il transporte quelques uns de ses croquis romains » _ ;

les ving-sept années que Granet, donc, l’a « arpentée », cette « belle Rome« , ainsi qu’il la nomme encore en 1830 dans une lettre à Ingres : « Il est bien vrai que je suis dans cette belle Rome où nous avons passé les plus beaux jours de notre vie » _ toujours page 124 de ce même, irremplaçable, livre de Denis Coutagne ;

(cf mon article « François-Marius Granet, admirable tremblement du temps, Aix, Paris, Rome« )…

Donc,
je disposais de mon lundi à Aix.


Ici commence le récit de ma découverte de quelques sites cézanniens
et du sujet de mon article : « Art et tourisme à Aix _ la « mise en tourisme » des sites cézanniens » ;
ce qui précède jusqu’ici

n’en constituant que le « pré-ambule » ;

« pré-ambule » à cette « ambulation », _ pedibus _
entre l’Office de tourisme,

le « Jas de Bouffan » _ la visite commentée (par Christiane) débutait à 11 heures _,

l’atelier (dit « Atelier de Cézanne » ; ou « Atelier Cézanne« ) du chemin des Lauves (visite à 13h30) ;

et quelques regards rapides sur quelques autres lieux cézanniens,

tel, par exemple son dernier domicile (à partir de l’automne 1999, après la vente du « Jas de Bouffan ») _ et lieu de son dernier souffle, le 23 octobre 1906, officiellement constaté à 7 heures du matin _ de la rue Boulegon, au numéro 23 de cette rue (dans laquelle se trouve aussi la banque qu’avait créée son père, transférée là en 1856 : au numéro 13…

L’excellent fascicule « Sur les pas de Cézanne » conçu, mis au point et diffusé par l’Office de Tourisme d’Aix-en-Provence, dénombre 34 lieux cézanniens à Aix _ avec plan détaillé (et commentaires efficaces de quelques lignes pour chacun de ces lieux)… Connaître le chiffre de diffusion quotidien, de ce fascicule serait à coup sûr, édifiant ; et selon les diverses langues de cette diffusion : ainsi ai-je remarqué, lors de mes divers passages à l’Office _ le premier des deux hôtels où j’ai logé (excellemment, les deux fois) étant, s’agissant de l’Hôtel de France, situé rue Espariat, tout proche ; l’autre était l’Hôtel Cardinal, à portée de voix, lui, et du Musée Granet, et de Saint-Jean de Malte, rue Cardinal… ;

ainsi ai-je remarqué _ ainsi que dans ces deux hôtels _, la proportion importante de visiteurs japonais ; n’hésitant pas à poursuivre plus avant _ par exemple, en remontant au pic du soleil _ vers les 14h 30 _ le chemin des Lauves (et le chemin de la Marguerite), vers la colline d’Entremont, à rechercher _ de leur regard, à leur tour _ les perspectives qui furent celles de Cézanne « peignant » son motif  _ « sacré » _ de la Sainte-Victoire…


Pour la visite des carrières de Bibémus, je m’y étais pris trop tard : si le départ (en bus : du parking des « 3 Bons Dieux« , assez éloigné lui-même du centre-ville d’Aix) avait bien lieu à 9h 45, il aurait fallu venir chercher la « réservation » bien plus tôt qu’aux alentours de 9h 15, 9h 30 à l’Office de Tourisme de la Rotonde ; et surtout se rendre pour cette heure-là à ces « 3 Bons Dieux« -là… : ce sera donc pour une autre fois…

Alors maintenant, mes « observations » sur ces deux visites _ et leur « organisation » par l’Office de Tourisme d’Aix-en-Provence _ au « Jas de Bouffan » _ route de Galice _ et à l' »Atelier Cézanne » _ du chemin des Lauves (désormais « Avenue Paul Cézanne« , au numéro 9)…

Je prends donc une réservation pour le « Jas de Bouffan » à 11 heures ; et une pour l' »Atelier Cézanne »  à 13 heures 30 ; et me mets en route vers la route de Galice, d’un bon pas…

Si le « Jas de Bouffan » se trouvait aux temps des Cézanne père et fils en rase campagne,
le lieu, avec sa ferme et de ses vergers, sur la route de Galice,
s’est trouvé bientôt « rattrapé »
par l’urbanisation galopante

depuis les 1899 de la vente de la propriété par Paul Cézanne et ses sœurs,
après le décès de leur mère (le 25 octobre 1897, à son domicile du 30 Cours Mirabeau),
après celui de leur banquier de père, mort à son domicile du « Jas de Bouffan », le 23 octobre 1886, lui…

Si Paul Cézanne a accepté de se défaire de ce lieu où il disposait d’un grand et bel atelier
:
avec une haute verrière, dépassant sur le toit ; bien que supprimée par les nouveaux propriétaires :
son aménagement sous les combles rompait l’ordonnancement tout classique du bâtiment
_ sur la gauche, quand on se trouve face à la (grande et belle) bâtisse XVIIIème, par l’allée (récente) plantée de peupliers ;

néanmoins, disposant de trois quart d’heure de patience,
après avoir eu tout le loisir de contempler de près les trois œuvres monumentales de Jean Amado disposées ici,
en une étape d’un « Parcours d’art Jean Amado » (qui s’achève ce dimanche 31 août même, je m’en avise…) :
« Le Doute et la pierre« , au milieu de l’étendue de gazon  que bordent les peupliers ;
et, juste devant l’entrée de la bastide :
« Les Degrés vertigineux »
et « Le Passage » _,

j’avais bien perçu une « anomalie » dans la frise (élégante) bordant le toit ;
« anomalie » qu’une photo ancienne
donnant à contempler l’état de la haute verrière (débordant sur le toit, donc…) de l’atelier de l’artiste,
m’a, plus tard, confirmée ;

si Paul Cézanne a accepté, en 1899, de se défaire de ce lieu où il disposait d’un si grand et bel atelier,
ce fut sans doute un peu plus que pour complaire à sa plus jeune sœur, Rose, et à son beau-frère, Maxime Conil _ qui avait besoin de « liquidités »…

Sans doute, Paul Cézanne a-t-il eu, aussi, des « raisons » de peinture _ et de choix de « motif », nous « souffle » Christiane : il avait peut-être « épuisé » les « vues » depuis le « Jas de Bouffan »,
et depuis Bellevue et Montbriand _ propriétés présentes ou anciennes (revendues) de sa sœur Rose et de son beau-frère Conil _
de (ou « sur ») la Sainte-Victoire,
qu’il cherche à peindre désormais « de plus près »
;

c’est probablement là une des raisons de l’achat par Paul Cézanne
d’une propriété sur le chemin des Lauves
,
puis de la construction sur ce lieu-là d’un atelier _ à immense verrière ! et à l’horizontale aussi, cette fois, et pas seulement en hauteur ! _,
proche de collines _ au-dessus d’Aix _ avec un angle de vue plus large et plus rapproché, à la fois, de (ou « sur ») la Sainte-Victoire ;

comme de ses « installations » à « Chateau-Noir » _ qu’il ne parviendra pas, toutefois, en dépit de son insistance, à se faire céder (par ses propriétaires : il n’en sera jamais qu’un partiel locataire…) _ ,
et dans les carrières de Bibémus,
auprès, parmi, dedans, au sein
des veines géologiques
d’où surgit le très imposant motif auquel l’artiste a décidé de « donner »

_ s’y glissant dedans (« dans les plis« , dirait un Henri Michaux) _

toutes ses dernières forces
afin de « s’y confronter » ; « l’affronter »
; « titanesquement », avec sa palette ; avec son chevalet ; et avec ses toiles _ comme nous l’a confié la passionnante guide-conférencière Christiane, peu après.

A 11 heures, les visiteurs, trois couples ainsi que moi-même,
sommes introduits dans le grand salon _ désaffecté du temps même des Cézanne, déjà… _,
que le père avait accepté de « laisser » à son fils (qui s’obstinait à la peinture !) comme un « premier atelier » ici ;
et que Paul Cézanne avait « décoré » de diverses peintures au mur,
depuis dispersées par les propriétaires, une à une, depuis 1899…

Nous sommes alors conviés à regarder un spendide diaporama (d’à peu près vingt minutes _ de Gianfranco Iannuzzi, selon le renseignement fourni par Bernadette Marchand en son bureau de l’Office de Tourisme ; bureau dans lequel je rencontrerai aussi Michel Fraisset…) ;

diaporama qui projette sur les murs _ et en musique (qui leur convient !) _
non seulement les images colorées des œuvres qui y furent déposées, en leur temps, par le jeune Cézanne ; mais d’autres, ensuite, avec toute l’évolution de sa palette, et de ses styles…

Soit une très belle instructive initiation au génie artistique, en un de ses ateliers, même, du maître aixois…

Puis, Christiane, la guide-conférencière, nous conduit à ce qui demeure accessible encore de la propriété du « Jas de Bouffan »

_ les anciens propriétaires, depuis, ayant conservé, sans la céder à la Ville, la propriété des bâtiments annexes (dits « la ferme« ) ; et une autoroute péri-urbaine
a « rogné » une partie des vergers ; et manifeste son incessant « bourdonnement » (de moteurs), là où ne régnaient, naguère, que les cigales et les oiseaux…

Mais nos déplacements autour du « Bassin » (rectangulaire), orné d’un lion et d’un dauphin,
puis dans ce qui demeure _ après tempêtes et vieillissement (et mort) des arbres de « l’allée des Marronniers » _ cézannienne, elle _ à la différence de l’allée, à l’entrée, des peupliers _ ;
sont éclairés par les images des œuvres éblouissantes de Cézanne que Christiane
nous montre
, en les recherchant, manuellement, artisanalement, l’une après l’autre, en tournant les pages, dans son recueil-classeur de photos des œuvres de Cézanne,
à la fois en les commentant, ainsi que leur histoire ;
et en nous invitant à les comparer avec ce que l’état de la végétation
_ et celui des constructions à l’alentour _
nous laisse(ent) apercevoir aujourd’hui…

C’est vivant, et passionnant ! Nous sommes comme conviés sur « les sentiers » mêmes « de la création » _ selon ce beau (et combien justifié !) titre que Gaëtan Picon avait donné à la collection qu’il avait créée aux Éditions Skira _ ;

d’autant que la guide-conférencière se fait une joie d’éclairer en un détail compétent les questions qui naissent alors en nos esprits…

La visite du « Jas de Bouffan » cézannien,
tel qu’il est nous est accessible _ sans meubles ; passablement délabré ;
nous fait ainsi nous ap-procher _ par le travail de l’esprit _ du travail cézannien
tel qu’il put être à l’œuvre ici…

Et la conjoncture qui fait que nous ne sommes, ce matin du 21 juillet à 11 heures, que sept visiteurs au « Jas de Bouffan »

ajoute aussi à l’impression d’être un « invité »
autorisé (par le maître
_ qui en était peu prodigue ; même à l’égard de ses nièces…) à contempler _ en silence _ quelque chose du travail se faisant _ something like « a work in progress » _ de l’artiste…

Un moment intense (et privilégié), donc…

La visite-conférence achevée,

et conversant un moment avec la conférencière, aux alentours de midi,

celle-ci me donne le nom de deux brasseries aixoises, qu’elle estime « recommandables » :
j’ai l’intention de déjeuner rapidement, si possible d’une agréable salade,
avant de gagner pour 13 h 30, à pied, l' »atelier » du chemin des Lauves…

J’ai la chance de prendre un autobus au vol, qui me dépose à la fontaine de la Rotonde,
d’où je gagne, rapidement, à l’autre bout du cours Mirabeau, l’excellente brasserie du « Roi René » _ et une excellente salade, en effet, et servie très rapidement ;

si bien que je « remonte » bientôt _ « plein nord » _ vers le haut de la ville _ la place de l’Hôtel-de-Ville, puis la cathédrale Saint-Sauveur,
pour gravir, passé sur la gauche l’ancien hôpital _ qui existait déjà du temps de Cézanne _, le chemin des Lauves _ l' »Avenue Paul Cézanne » _ sous le soleil ;

et me trouver à 13 heures 20 sur le seuil du « dernier atelier » de Paul Cézanne…

La suite _ la visite de l' »Atelier Cézanne » ; et une réflexion de synthèse sur « Art et tourisme _ à Aix, et ailleurs » :

à venir en un second volet…

Titus Curiosus, ce 31 août 2008

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