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Art et tourisme à Aix _ à la recherche du « Terrain des Peintres » (3)

05sept

Toutefois,
avant cette réflexion de synthèse,
sur « Art et tourisme à Aix »
_ et la « mise en tourisme » des « sites cézanniens » d’Aix,

un petit détour
sur ma « recherche »
du « Terrain des Peintres »
sur la colline des Lauves,
au-dessus de l' »Atelier de Cézanne« 

le 21 juillet dernier…

La visite du « Jas de Bouffan » m’avait littéralement « enchanté » :
d’abord, la bâtisse _ ou « bastide » (du XVIIIème siècle) : splendide _ déjà, par elle-même, est magnifique ;

et le domaine,
du moins ce qui en demeure
_ contre les constructions et l’autoroute péri-urbaine qui assaillent et ont déjà considérablement « rogné » ses « terrains » _
est comme miraculeusement « intact », « conservé », « protégé »
_ telle quelque « oasis »
luxuriante, fraîche, « ravissante »
au milieu d’un désert
(de modernité pas aussi belle) « qui croît »…
..
Dès le portail d’entrée du domaine,
et passé l’enclos (de protection),
s’ouvre la perspective de la maison,
en son ordonnance classique tranquille
,
servie
_ pour le regard du visiteur s’avançant _
par la perspective du triangle (s’ouvrant, à mesure des pas) du gazon, entre la (récente) allée rectiligne de peupliers qui s’élargit vers la maison : magnifique.

En cet espace d’accueil,
les œuvres temporairement exposées
_ et triangulairement, elles aussi _
de Jean Amado,
sont « comme à leur place »
_ comme en ce qu’Aristote nomme un (et leur) « lieu naturel« …
La paix du lieu, la fraîcheur du matin déjà tranquillement entamé, vers 10 heures,
le peu de monde
_ un couple seulement est déjà là
(et nous avons trois-quart d’heure d’avance sur le moment de la visite _ fixé par la « réservation ») _ :

tout concourt à une fête de « rencontrer » quelque chose de Cézanne présent
_ toujours peut-être (à qui le « perçoit ») _
en ce lieu…


Et de fait, le Grand Salon (du « Jas »)
qui fut déjà le premier immense atelier de Paul Cézanne
_ avant l’aménagement _ au second étage _ de l’atelier à la haute verrière
(en partie supprimée depuis : comme en témoigne une photo ancienne) _ ;

le Grand-Salon désaffecté de cet ancien usage sien _ d’accueil, réception, séjour _ du temps des Cézanne,
étant alors _ seulement _  un entrepôt de fruits (des vergers),

est émouvant dans son délabrement ;

« aggravé » encore
par le fait que lui ont été ôtées, décollées, arrachées, les peintures que Paul Cézanne y avaient apposées, déposées,

avec l’autorisation, sans doute arrachée elle-même, et non sans quelque lutte, à son banquier (ayant spectaculairement « réussi », lui…) de père…

Le lieu encore désaffecté ainsi
(et même _ ou surtout _ « dépouillé » des « œuvres » du jeune et maladroit _ et « couillard« , selon sa propre expression _ Paul Cézanne)
émeut profondément :

nous sommes invités à pénétrer non pas en un Grand Salon d’apparat,
mais en une sorte de « remise » (ou grenier) littéralement « désaffectée »…

A cet égard,
les images _ accompagnée d’une musique prenante, qui leur convient excellemment _ du diaporama de Gianfranco Iannuzzi
font (re-) vivre, en leur mobilité _ et leur propre « disparition » _ le « génie » mouvant de celui
qui y exerça son activité tâtonnante et fébrile
de créateur _ de peinture, de couleurs vives…


Puis,
le grand jardin _ ou « parc » _ derrière ;
la marre rectangulaire au lion et dauphin de pierre ;
et l’allée de marronniers :
Cézanne est à 1000%
là pour nous…


A l' »atelier gris«  _ ainsi que le nomme Vincent Bioulès _ du chemin des Lauves,
Cézanne est aussi encore présent ;

avec ses vêtements, suspendus à des patères,
ses instruments (de peinture),
ses « motifs » de natures mortes
_ que Marcel Provence
a scrupuleusement « conservés », (r-) ajoutés, mis en scène ;
puis John Rewald et James Lord (et le « Cézanne Mémorial Committee« , en 1954) ;
et Marianne Bourges (« de 1965 à 1996« )…

Le lieu a quelque chose, en effet d’un « sanctuaire« 
_ selon l’expression choisie de Bruno Ely,
intitulant (page 152) sa troisième très précise (et par là très précieuse) intervention _ pages 152 à 165 d' »Atelier Cézanne » (d’Actes-Sud, en 2002) _
concernant la période 1951 (« Mort de Marcel Provence » et « Achat de l’atelier 1951-1954« )
– 1969 (« De l’Université à la Ville d’Aix : 1954-1969« ) :
« Du sanctuaire
au tourisme culturel
« …


Même encore pour nous, visiteurs aujourd’hui, en 2008…

Et on peut comprendre par là la tentation malicieuse
d’un Ben
(« l’art m’emmerde« …)
sous l’autorité _ cependant ! _ de la signature _ ah ! mais… _ d’un « Érik Satie« …

De fait, les visiteurs
_ même en petit nombre (du fait de l' »écrémage » sévère de la « réservation ») _ ;

de fait, les visiteurs
tournant en rond, telles des mouches devant une vitre,
face à ce bric-à-brac (hagiographique) sur lequel ils ne cessent de faire « circuler » leur regard,
de l’un à l’autre objet, puis au suivant,
forment un dispositif de « visite » un peu agaçant et frustrant…

Aussi,
sortir de l’atelier,
et partir
à la recherche des lieux _ un peu plus en hauteur sur la colline _ sur lesquels Cézanne plantait son chevalet face au « motif » de la Sainte-Victoire
est séduisant
:
le dépliant de l’Office de tourisme « Sur les pas de Cézanne » indique
sur un plan baptisé « Les Paysages de Cézanne »
cette mention-ci : « Les Lauves » : « Terrain des peintres« ,
« à deux kilomètres » (de l' »Atelier de Cézanne »)
_ une citation d’Emile Bernard, de février 1904, le formule même, aussi, en toutes lettres :

Sainte-Victoire Pins

« C’était à deux kilomètres de l’atelier en vue d’une vallée, au pied de Sainte-Victoire,
montagne hardie
qu’il ne cessait de peindre à l’eau et à l’huile
(sic),
et qui le remplissait d’admiration« …

Le dépliant rédigé par Michel Fraisset lui-même commente cette expression
(« En février 1904, Emile Bernard accompagne Cézanne « sur le motif » « )
je cite :

« Cézanne s’installe face à la montagne avec son chevalet _ il fallait le transporter _
sa boîte à peinture, sa palette et ses pinceaux.
Il se protège du regard des indiscrets à l’abri d’ombrelles de paysagistes
« …

« A quelques mètres de là, il peint le cabanon de Jourdan« .

Qui ne sait que
« le 15 octobre 1906,
un orage éclate. Cézanne reste plusieurs heures à peindre sous la pluie. Une syncope le foudroie
 » ?..
ainsi que l’énonce (et rappelle) ici Michel Fraisset…

Qui cite encore ceci :
« On l’a ramené rue Boulegon _ son dernier domicile, au numéro 23 _ sur une charrette de blanchisseur
et deux hommes ont dû le monter dans son lit.
Le lendemain, dès le grand matin

_ fidèle à son habitude : vers les quatre heures du matin !!! _,
il est allé au jardin de l’atelier des Lauves travailler à un portrait de Vallier _ son jardinier _ sous le tilleul.
Il est revenu mourant
« …
Fin de la citation par Michel Fraisset ; qui poursuit :
« Cézanne voulait mourir en peignant.
Il s’éteint une semaine plus tard, dans la nuit du 22 au 23 octobre 1906 _  « le décès est enregistré à 7 heures du matin« , est-il précisé en commentaire de l’adresse du 23 rue Boulegon _, des suites d’une pleurésie. »

Avec cet ultime paragraphe de Michel Fraisset
en précision en quelque sorte du titre (du dépliant _ remarquable !!! autant qu’utile) « Sainte-Victoire vue des Lauves » :

« Dans le cadre de sa politique de mise en valeur des sites cézanniens,
la Ville d’Aix-en-Provence a procédé à l’aménagement du
« terrain des peintres »,
aujourd’hui inscrit dans le périmètre du Domaine de la Marguerite.


Face à la  montagne qui, depuis ce panorama, devient
_ en effet
(cf l’œuvre « Le doute et la pierre » de Jean Amado
_ qui était cet été exposée, splendidement, sur le parterre d’entrée du « Jas de Bouffan » ;
et pourrait y demeurer !..) _ ;

Sainte-Victoire Cézanne

face à la  montagne qui, depuis ce panorama, devient
figure de proue,
10 panneaux reproduisent les principales
« Montagne Sainte-Victoire » peintes par Cézanne
depuis le chemin de Marguerite.
« 


Pour ma part,
j’ai suivi avec un immense profit (de joie !),
ce lundi 21 juillet autour de 15 heures,
le chemin de la Marguerite
_ jusqu’au petit square aménagé en bordure d’une route passagère, vers l‘oppidum d’Entremont, et juste avant l’autoroute _,
avec une série de très belles « vues » sur la montagne ;

Sainte-Victoire Trois Arbres

j’ai même félicité une dame sortant de sa villa pour le spectacle permanent dont elle bénéficiait de sa demeure ;

mais je n’ai pas découvert ce lieu « aménagé » (= le-dit « Terrain des Peintres« …) ;

faute d’indications assez précises ;
tant sur le terrain lui-même
(et d’abord, bien sûr !
en dépit de quelques « panneaux », mais insuffisants…) ;
que sur les divers plans disponibles à l’Office de Tourisme d’Aix…

Ici, chez moi, et maintenant,
à tête reposée (et sans urgence) ;
en re-« cherchant » mieux,
je découvre un « numéro 5« 
faisant suite, mais sans commentaire, lui (!)
aux numéros « 1 » (« Musée Granet« ),
« 2 » (« les carrières de Bibémus« ),
« 3 » (« le Jas de Bouffan« ),
et « 4 » (« l’Atelier de Cézanne« , ou « Atelier des Lauves« ) ;

légendé seulement, ce « numéro 5 »
(en un encadré sur la gauche d’un plan général d’Aix
sur le dépliant « Plan Guide _ Aix-en-Provence _ Source d’inspiration » ;
et non pas sur le dépliant ( » Sur les pas de Cézanne« )
;

légendé seulement
« Terrain des Peintres« 
en un emplacement situé entre les Avenues Paul Cézanne, à l’est, Léo Lagrange, au nord, Philippe Solari, à l’ouest,
et la traverse des Capucins
, au sud

En revanche,
j’ai pu, ce 21 juillet-là,
guidé par des panneaux indicateurs, sur la route,
suivre le chemin de la Marguerite ;
m’ y abreuver à une fontaine ;
et croiser d’autres admirateurs de Cézanne,
dont plusieurs japonais et anglais, à la recherche de ce

à quoi se mesurait, pinceau à la main, l’œil de Cézanne…

La prochaine fois,
je me repérerai mieux ;
et

découvrant ces « 10 panneaux
reproduisent les principales
« Montagne Sainte-Victoire » peintes par Cézanne
depuis le chemin de Marguerite
« ,

je pourrai me confronter au « motif »
tel que Cézanne passionnément
s’y confrontait
en ses ultimes années de vie « pour la peinture » (1902-1906)…

Voilà pour cette étape _ sur le chemin de la Marguerite,
et tout près du « Domaine de la Marguerite« , pas encore assez bien indiqué… _ ;

et avant ma synthèse sur « Art et Tourisme à Aix » _ et ailleurs…
J’y viens…


Titus Curiosus, ce 5 septembre 2008

Photographies : Sans Titre, © Bernard Plossu

Art et tourisme à Aix _ la « mise en tourisme » des sites cézanniens (2)

02sept

Et maintenant, le récit de ma seconde visite aux sites de « création » cézanniens à Aix : celle de l’atelier du chemin des Lauves ;

en commençant par ce que je découvre sur le seuil de ce « dernier atelier » de Paul Cézanne ;
ce qui peut se voir dans le jardin ;
ainsi que ce que recèle
, ce mois de juillet-ci, le petit appentis adjacent au bâtiment _ sur deux niveaux _ de l’atelier (« de Cézanne ») lui-même…

avant la découverte de l’atelier en tant que tel,
à la très grande verrière ouverte sur le ciel…

En effet, la « réservation »
_ prise, le matin, à l’Office de Tourisme de la Rotonde _
prévoit que la visite
_ de l’atelier proprement dit, qui occupe, à l’exception de l’arrivée de l’escalier, tout l’étage _
commencera à 13h 30 :
les visiteurs _ il est 13h 20 _ patientent donc sur la petite terrasse bien ombragée devant l’entrée,
qui, assis sur des chaises devant quelques tables de jardin _ en train de « rédiger » quelques cartes postales, ou de se restaurer d’un sandwich ou de fruits _,
qui, assis sur la petite murette surplombant la partie (très arborée) du jardin qui s’étend en contrebas, vers le canal du Verdon qui longe _ toujours _
la propriété, un peu plus bas…
A l’ombre, les visiteurs récupèrent un peu de leur montée de la colline sous le soleil…

Juste devant la porte d’entrée du rez-de-chaussée du (petit) bâtiment,
se balance _ à la légère brise _ un panneau de plexiglas avec l’inscription :
« L’art m’emmerde » « Érik Satie« …
Tiens, tiens !!!

Je découvre alors qu’à l’appentis attenant, sur la gauche, au bâtiment de l’atelier lui-même,
« se tient » une exposition Ben
_ dont se reconnaît le graphisme
qui lui sert, en effet, de marque d’identification _ ou d’ersatz de « logo » ;
et ça marche, la preuve !.. Esse est percipi… _ visibilité, audibilité : le B-A BA de la « com » (audio-visuelle)…

Et, en parcourant la terrasse et ses environs immédiats,
je découvre bientôt d’autres panneaux en plexiglas se balançant légèrement, eux aussi, à la  brise,
dont celui-ci, toujours signé « Érik Satie » : « Si je rate, tant pis !.. C’est que j’avais rien dans le ventre !..«  (sic)…

Cela m’évoque le mot de Beckett, « tout frais » rapporté
_ juste d’hier, en mon petit voyage marseillais _,
en son atelier _ lui aussi !!! _, par Patrick Sainton _ me présentant son travail pictural personnel :
« Rater mieux« …

Une formule (oxymorique) autrement élégante
_ que celle de Satie (et de Ben Vautier…) _,
chez ce virtuose (Samuel Beckett) des formules elliptiques :
« Bon qu’à çà… »
avait été, en effet, sa fulgurante _ mémorable _ réponse
à l’enquête de Jean-François Fogel et Daniel Rondeau
pour un « supplément » _ qui a fait date _ au quotidien Libération :
« Pourquoi écrivez-vous ?« , en 1985…

Bref, « le style, c’est l’homme même« , retient-on de Buffon : celui de Ben,
et celui de Satie,
est assurément distinct
de celui de Beckett
et de Patrick Sainton ;
ainsi, à mon appréciation, que de celui de
Cézanne…

Bref, je préfère, à titre d' »exposition-animation » complémentaire à la visite _ attractive à Aix : un must ! _ de l’atelier de Cézanne, les pièces sculpturales de Jean Amado
réunies ici encore, dans le jardin de l' »Atelier Cézanne », comme à l’entrée de la bastide du « Jas de Bouffan »,
en un « Parcours d’Art » (selon une « idée » d’Alain Paire) :
« La Bogue« , « Le Manège« , « La Mama« , « Le Gardien« , « Le Château d’ocre« , « Vaugeisha« …

bref, je préfère les sereines _ et idiosyncrasiques _ pièces (de sculpture) de Jean Amado à ces provocations _ « conceptuelles » » ? _ de potache
de l’initiative du sieur Benjamin Vautier,
afin de « casser »
ce que pourrait avoir d' »hagiographique »
un « pélerinage » (« culturel » !), cézannien,
ici,
comme il put y avoir un « pélerinage wagnérien »
à Bayreuth _ cf Albert Lavignac : « Le Voyage artistique à Bayreuth« , publié en 1897 à la Librairie Delagrave…

A 13h30, les visiteurs gravissent le petit escalier conduisant à l’atelier proprement dit
occupant
presque tout l’étage.

L’atelier _ « un lieu de vérité« , intitule superbement Bruno Ely sa première très riche contribution (pages 26 à 41) _ est constitué d’une vaste pièce _ « de 8 mètres de long, 7 mètres de large et son plafond sur corniche se trouve à 4,50 mètres de haut » (page 36) _ aux murs « gris clair«  _ selon Marcel Provence ; ou « un gris neutre, indique Gerstle Mack » (toujours page 36) _
qu’inonde de lumière (et de ciel _ et du vert de l’olivette « presque de plain-pied » ; surtout depuis que les oliviers ont pris de l’ampleur : « certes taillée et entretenue, mais qui ne pouvait qu’avoir une incidence sur la lumière« ) une immense verrière _ de « 5 mètres de long sur 3 mètres de haut » (toujours page 36) _ ;
avec, à l’extrémité « droite de celle-ci« , une très haute fente : « une fente verticale, protégée par un portillon blindé, ménagée dans l’épaisseur du mur, permettait de passer les toiles de grands formats comme les « Grandes Baigneuses »… » (page 36) _ cf aussi l’article de Joseph J. Rishel « Verrière et fente à l’Atelier« , pages 70 à 73 de ce même album (du centenaire : 1902-2002) « Atelier Cézanne« , édité par la Société Paul Cézanne et Actes-Sud, en 2002 _ ;

fente
destinée
, donc, à laisser passer au dehors les toiles de très grand format
_ « monumentales« 
: 127,2 x 196,1 cm pour la toile de la National Gallery de Londres, par exemple _ qu’étaient les différentes « Grandes Baigneuses » de Cézanne :
« trois peintures tardives ont nécessité un tel aménagement pour leur permettre entrée et sortie de l’atelier sans qu’il fut nécessaire de les détacher de leur châssis et de les rouler » (page 72) ;

et qui « se trouvent respectivement maintenant à Philadelphie (NR 857),
à la collection Barnes de Marion (NR 856), Pennsylvanie ;
et à la National Gallery de Londres (NR 855)
 » : trois sommets de l’œuvre cézannien…


Joseph J. Rishel en conclut :
« Voilà au moins une référence datée (septembre 1902
_ achèvement de la construction de l’atelier du chemin des Lauves)
permettant d’attester qu’en s’installant à l’atelier des Lauves, le peintre planifiait les grandes œuvres
que dorénavant nous connaissons.
Peut-être avait-il déjà engagé un tel travail :
ne pouvant le poursuivre nulle part

_ pas à l’atelier, plus exigü, de la rue Boulegon _,
il envisagea l’atelier _ du chemin des Lauves _ avec cette fente pour un projet monumental. »

Quant à Philip Conisbee,
au chapitre « L’Atelier des Lauves »
du si beau _ et indispensable à tout « cézannien » ! _ « Cézanne en Provence« 
(livre _ publié par la RMN _
et expo : à la National Gallery de Washington, du 29 janvier au 9 mai ; et au Musée Granet d’Aix-en-Provence, du 9 juin au 17 septembre) de 2006 _
réalisé par Philip Conisbee et Denis Coutagne,

il précise et résume magnifiquement ainsi _ page 259 _ le développement _ pages 252 à 259 _ qu’il vient de consacrer à ces « Grandes Baigneuses » :

« « Les Grandes Baigneuses » sont les plus importantes œuvres provençales de Cézanne,
en raison des souvenirs, des émotions et des désirs qu’elles impliquent

_ voilà qui,
sans entrer dans quelque chose comme des implications (et arcanes) psychanalytiques,
mériterait certainement un commentaire (et une recherche) plus fouillé(s)… _,

peintes comme elles l’ont été dans l’atelier spécialement construit pour elles sur son sol natal.

Elles furent ce dont il rêvait,
une fusion harmonieuse d’un désir érotique incarné dans les figures humaines d’imagination
_ et non d’après modèles (nus) vivants… _ peintes de façon luxuriante
et placées dans un paysage présent et senti

_ dans une lumière doublement radieuse ! si je puis me permettre d’ajouter…

Ces peintures pleines de lumière
_ c’est même un euphémisme ; la lumière venant aussi de l’artiste lui-même, et pas seulement du ciel d’Aix ! _,
montrent comment Cézanne assimilait les leçons apprises alors
_ c’est-à-dire tout au long d' »une vie » (de soixante-trois ans en 1902),
elle aussi (telle la vie de Granet), cher Denis Coutagne,
« une vie pour la peinture« … _ ;

comment Cézanne assimilait les leçons apprises alors
d’après nature

_ le point est, lui aussi, crucial ! _,
par exemple durant ses visites au bord de l’Arc,
où il saisit l’éclat d’un reflet lumineux dans une aquarelle telle que
« Le Pont des Trois Sautets » (cat. 130 _ page 276 de l’album : dépourvue de personnages ; ni baigneuses, ni baigneurs…),
pour l’adapter à une rayonnante aquarelle représentant des nus jouant,
« Baigneurs sous un pont » (cat. 131 _ page 277, en vis-à-vis : le titre étant, alors, « Baigneuses sous un pont« ).

L’impression ouverte et aérée des « Grandes Baigneuses » de Philadelphie (fig. 13) _ poursuit Philip Conibee page 259 _,
avec son
_ = du tableau _ lumineux ciel bleu pâle,
doit sans doute beaucoup aussi

_ et voilà le point qui concerne notre atelier,
sa (grande) verrière et sa (haute) fente ! _

à la possibilité qu’avait le peintre de le _ = ce tableau ! _ faire entrer et sortir de l’atelier,
au point qu’on pourrait dire qu’elle
_ = cette œuvre-ci _ réconcilie parfaitement ses activités _ = de l’artiste peignant _ dans l’atelier avec celles _ toujours peignant _ de plein air,

son imagination et son expérience
_ « expérience » tout uniment d’homme et d’artiste, si intimement mêlés et tissés, l’homme et l’artiste, en cette vie si riche d’attention (« æsthétique », dirais-je, un peu pléonastiquement),
par les œuvres, par les pinceaux s’exerçant par « application » des touches de couleur sur la toile _ ;

son imagination et son expérience _ donc _ de la lumière dans la nature«  (page 259).

Pénétrer ainsi dans l’atelier « gris » _ cf Vincent Bioulès « L’Atelier gris de Cézanne » _
permettant _ au visiteur de l’atelier du chemin des Lauves _ de s’en rendre (si peu que ce soit) compte, d’une irremplaçable _ et mémorable, du moins je le suppose _ façon…

Tel me paraît être ici le « véritable » enjeu _ en un tel « lieu de vérité« , pour reprendre le si juste titre donné à la première (des pages 26 à 41) de ses trois contributions par Bruno Ely… _ d’un juste regard æsthétique, pour qui passe en un tel site…


Alors, comment s’est déroulée cette seconde _ après celle du « Jas de Bouffan » : la chronologie cézannienne étant même respectée _ ;
cette seconde « visite » ?

Au lieu du diaporama passionnant (et accompagné d’une très belle musique) de Gianfranco Iannuzzi,
et des interventions vivantes de la guide-conférencière Christiane,
deux jeunes filles
_ qui « surveillent » aussi ce lieu, dans lequel Marcel Provence a « religieusement  » « conservé » ce qui demeurait là de Cézanne
(après le décès de celui-ci, le 23 octobre 1906
et l’achat, en 1921, de l’atelier qui lui fut cédé par le fils unique du peintre, Jean-Pierre Cézanne ;
et une fois récupéré par la famille le plus précieux des œuvres et des objets personnels de Paul Cézanne) ;

quand, en 1921, Marcel Provence obtint de « veiller » _ sa vie durant (1892 – 1951) : ce qui fera trente ans _ au souvenir de ce génie aixois, si mal reconnu jusque là par les concitoyens de sa ville ;

deux sympathiques jeunes filles, donc, proposent de « répondre » à vos éventuelles questions,
en vous laissant le soin de regarder vous-même

tout seul

le bric-à-brac conservé et/ou accumulé ici,
qui peut vous « parler » de ce que « faisait » (= « créait ») ici même le peintre ;

pour peu que vous vous penchiez sur lui, ce bric-à-brac d’objets divers, et l’interrogiez  _ sinon, il demeure(ra) muet…

De fait, les amoureux de Cézanne « re-connaîtront » maint ustensile peint par le « maître »,
à commencer par le petit « Amour » de plâtre qui a pu être dit « de Puget« 
_ ce géant baroque marseillais (Pierre Puget : 1620 – 1694
cf l‘expo rétrospective de Marseille, au Centre de la Vieille Charité et au Musée des Beaux-Arts, en 1994-1995 : « Pierre Puget, peintre, sculpteur, architecte _ 1620-1694« , publié à la RMN) _ ;

« l’Amour en plâtre plusieurs fois peint par Cézanne, particulièrement vers 1895« ,
précise à propos de cet « Amour » Bruno Ely, page 106,
en sa seconde remarquable contribution, elle aussi, « L’Atelier au temps de Marcel Provence » (pages 78 à 117 de l' »Atelier Cézanne« )
_ cf par exemple « L’Amour en plâtre » (conservé à Londres, au Courtauld Institute), page 107,
ou « L’Amour en plâtre » (conservé au Nationalmuseum de Stockholm), NR 782, page 140 de l’album de l’expo de 2006, « Cézanne en Provence« …

« ce plâtre d’après Duquesnoy avait été attribué à Pierre Puget _ précise encore Bruno Ely, page 106 _ dont Gasquet fait dire à Cézanne : « il y a du mistral _ plutôt, me semble-t-il qu’avec une majuscule : « Mistral » !.. _ dans Puget »… » Et « le moulage de l’atelier est signé « François » _ le prénom de Duquesnoy (1597-1643) _ sur le socle » (toujours page 106 de l' »Atelier Cézanne« ).

Il n’empêche…
le regard se perd un peu
dans ce vénérable bric-à-bac cézannien _ peu ou prou _ ;

faute d’assez de « focalisation »
de notre part de « regardeur »-spectateur ;
pas assez « actif » ici
;

alors que nous aidaient à le devenir _ « regardeur-spectateur » en acte (et « en actes » ; les deux …) _
et le brillant, détaillé et judicieux diaporama (de Gianfranco Iannuzzi),
et les échanges vivants avec la guide conférencière (Christiane)
effectuant, par sa parole mobilisée, un riche mouvement de va-et-vient
entre les éléments physiquement présents du site
(du « Jas de Bouffan »)
et les œuvres de Cézanne élaborées ici même, en leur temps
;
dont la guide-conférencière recherchait, manuellement,
en tournant les pages de son cahier d’œuvres du maître ;
et nous montrait alors, les images

à regarder d’autant mieux…

Artisanalement,
et au rebours d’un produit « tout-fait » _ « packaged » _ se « déroulant » mécaniquement…

Il ne faut pas que tout soit trop « fini » _ cf le mot de Flaubert : « la bêtise, c’est de conclure » ;

et l’Art, nous en préserve, mieux que bien des « savoirs » trop _ faussement _ certains (= « arrêtés »), eux…


L’important, pour le voyageur-visiteur _ qui y passe, « itérativement », un minimum de temps _ est de passer
de la passivité consumériste
(mécanique _ comme sur des roulettes ou des tapis roulants : ce qu’offrent les technologies « automatisées » d’aujourd’hui ; quand il suffit de se brancher sur le disque ou le film, qui se déroule au rythme pré-programmé, c’est-à-dire sans nous…) ;
à l’activité (de son esprit, sollicité, et mobilisé, lui) ;

afin de (re-)prendre en quelque sorte, à son tour, le chemin
de l’œil _ face au motif _
et de la main _ face à la toile _
de l’artiste créant…


Comme ac-compagnant, alors, au présent de son « at-tention »

_ et si possible « intensive », « intensément » _

le « génie » _ tâtonnant _ du créateur que, lui-même, plus ou moins fébrilement, alors « cherchait »
en sa gestique
(assez cahotante et risquée :
Cézanne est connu pour avoir lacéré des toiles : à Bibémus, par exemple…) ;


cela nous renvoyant, encore une fois, à nouveau,
aux problématiques æsthétiques
de « L’Acte esthétique » selon Baldine Saint-Girons ;
et de l' »Homo spectator« selon Marie-José Mondzain…

Après ces deux _ petites _ analyses d' »impressions »
de deux visites de sites de création cézanniennes à Aix
, ce 21 juillet-ci, en l’occurrence,

il me reste à mener
_ en un 3ème et dernier volet de cet article _
une réflexion (de conclusion) un peu plus synthétique
et générale _ voire universelle _
sur Art et Tourisme
aujourd’hui…

Et qui pourrait « intéresser » les villes
_ dont Bordeaux et Marseille
(« avec » le pays d’Aix ;
ainsi que Toulouse et Lyon) _
encore en lice
pour le « label » de « capitale européenne de la culture » en 2013


Titus Curiosus, ce 2 septembre 2008

Art et tourisme à Aix _ la « mise en tourisme » des sites cézanniens (1)

31août

Sur la « mise en tourisme« 
_ une expression sous la plume de Michel Fraisset, en 2002
(in « Aujourd’hui l’Atelier Cézanne…« ,
dans la partie intitulée « Témoignages » de l’album « Atelier Cézanne« , édité par Actes-Sud et la Société Paul Cézanne,
à la page 176) _
des sites cézanniens d’Aix (et du pays d’Aix)…

Ou,
à partir de mon séjour _ riche de rencontres et découvertes ! _ à Aix-en-Provence du 19 au 23 juillet dernier,
un commentaire des formules de Michel Fraisset _ « Directeur de l’Atelier Cézanne, Adjoint de Direction, Responsable de la Communication » de l’Office de Tourisme d’Aix-en Provence _
précédant immédiatement l’intitulé (en cet article, sien) « La mise en tourisme de l’Atelier de Cézanne » ;
formules que voici :

« En 1969, l’Université cède à la Ville l’Atelier _ de Cézanne sur le chemin des Lauves _, qui devient « Musée Municipal Contrôlé » en 1979.
En 1997, une nouvelle étape est franchie. Par délibération du Conseil Municipal en date du 30 septembre 1997, la Municipalité confie la gestion de l’Atelier Cézanne à l’Office de Tourisme.
Crainte pour les uns, défi pour les autres… Tourisme et Culture allaient-ils faire bon ménage ?
 »

D’abord,
et en « avant-propos », en quelque sorte _ le lecteur un peu patient ne devrait pas trop, je l’espère, en pâtir ! _,
le cadre et le contexte de mon séjour de « découverte » d’Aix, en ce mois de juillet.

Je venais à Aix « rencontrer » (et « faire la connaissance » de visu de) Michèle Cohen, la directrice de la Galerie La NonMaison
_ NonMaison sise 22 rue Pavillon à Aix-en-Provence,
au sud-est de la cité intra muros _ si je puis dire, maintenant que ces « murs » sont « tombés » _, non loin de l’église Saint-Jean-de-Malte et du Musée Granet
(au quartier Mazarin ;
le bâtiment du Musée est contigu à l’église, dont il constituait une « dépendance » conventuelle) _ ;

Michèle que je ne « connaissais » jusqu’ici que par l’écrit (d’échanges de courriels)
et par la voix (de coups de téléphone)…

et par l’intermédiaire de (= grâce à) notre ami commun, Bernard Plossu
auquel j’envoie régulièrement ce que j’écris _ et qu’il peut lire entre deux « voyages », expéditions, marches, photographiques ;

et lequel a d’enthousiasmants projets (d’expositions photographiques : forcément !..)
avec Michèle,
en plus de l’expo « Bernard Plossu – Patrick Sainton : Ateliers parallèles »
qui s’est tenue du 12 janvier au 29 mars 2008 à la NonMaison… ;

Michèle m’ayant proposé d’intervenir en son cycle de conférences « voir ou entendre »
sur le sujet de la « rencontre »
,
sur lequel, « sujet », j’ai écrit un _ long _ essai, qu’elle a lu : « Cinéma de la rencontre : à la ferraraise« ,
ayant pour sous-titre « Ou un jeu de halo et focales sur fond de brouillard(s) : à la Antonioni » ;

je devais venir « donner cette conférence » _ « le NonArt du rencontrer » _ à Aix le 22 juillet ; mais Michèle a préféré reporter la rencontre _ avec les fidèles passionnés de La NonMaison _ à l’automne ;

et j’ai souhaité venir à Aix en juillet,
avançant même mon voyage (du 21) au 19 juillet, de façon à pouvoir _ aussi _ accompagner Michèle à la cérémonie de commémoration du dimanche 20 juillet au Camp des Milles ;

afin de « rencontrer » Michèle _ avec sa très rare qualité d’attention (« artistique ») _ autrement (et « mieux »)
que par courriel et coups de fil téléphoniques
, donc.


Bref,
séjournant à Aix
(avec passages aussi par Marseille, La Ciotat (ainsi que les Milles),
« à côté de » ce qu’avait _ déjà copieusement : et ce sera fastueux… _ prévu Michèle
_ à la Non-Maison,

à Marseille (merveilleux déjeuner aux Goudes, avec François Cervantès

_ lui-même merveilleux pilote d’une découverte panoramique de Marseille, depuis l’Estaque
jusqu’à l’île « des Singes » (l’île Maire, au cap Croisette),

en passant par le Vieux-Port, le Quai des Belges, la Criée,
un court (et remarquablement « parlant » :
tout, ou, en tout cas, beaucoup
est là !!!)
arrêt panoramique sur la baie _ somptueuse :
on comprend les Phéaciens d’avoir élu ce site d' »installation »-là !!! _
pour jeter un coup d’oeil au
_ remarquable : sur les « villages » dont se compose en fait Marseille _
Vallon des Auffes ;

Endoumes _ la villa de Roland Petit devant le Château d’If et les îles du Frioul _,
Le Prado, Bonneveine, La Pointe-Rouge, La Madrague-de-Monredon
_ tous noms qui ne vont pas tarder à me parler
(à partir de Granet,
par exemple celui de Jean-Antoine Constantin, son maître si décisif pour (toute) « une vie pour la peinture« , selon la si juste expression choisie par Denis Coutagne pour titre de son si beau livre ;
puis Cézanne lui-même) _ ;

Bref,
séjournant à Aix (avec passages aussi par Marseille, La Ciotat (ainsi que les Milles),
à côté de ce qu’avait prévu Michèle
_ à la Non-Maison,
à Marseille,

à La Ciotat,
au quai de gare à proximité immédiate _ deux cent mètres à peine, à pied, du camp (de transit vers Drancy, puis Auschwitz) _
au village des Milles,

je n’avais _ n’ayant nulle personne de ma famille
ou de mes connaissances
à « rencontrer » à Aix ou dans la région _
nulle contrainte d’obligation ;
et disposais donc, « royalement »,
de l’entière plénitude et souveraineté de mon temps
_ un temps de disponibilité à l’altérité


des choses, des lieux :
la ville d’Aix, d’abord et principalement
_ comme si j’avais rendez-vous, aussi (en plus de Michèle), avec elle : la ville !

afin d’en saisir, un peu, « quelque chose » : de son « génie »
singulier,
de ses « humeurs »,
de son idiosyncrasie,
de sa lumière
sur la couleur de ses crépis, de ses ombres dans les rues, ruelles,
ou sur l’ample esplanade de promenade _ à platanes _ du beau cours Mirabeau ;
ou sur les nombreuses et diverses et variées places et placettes de la cité des Comtes de Provence

_ et du « bon roi » René (1409-1480, fils de Louis II, duc d’Anjou, devenu éphémère roi de Naples, de 1435 à 1442, mais qui se préférait, Comte de Provence

_ à la mort de son frère aîné, le duc Louis III d’Anjou, en 1434 _,

dans sa bonne ville d’Aix, où « le bon roi » René mourut, le 10 juillet 1480) ;

ainsi que,
en matière de « disponibilité à l’altérité »,
une « disponibilité » à l' »altérité » de « rencontres avec »
des personnes

_ une ville étant aussi, et sans doute d’abord, « faite » _ « tissée » _ des « humeurs, aspects, allures, démarches _ en marchant, déambulant _ de ses habitants ;

et je vais en faire, de ces « rencontres » de « personnes » :
Madame Dominique Johner _ professeur d’Histoire de l’Art _, à la NonMaison, dès mon arrivée, le vendredi soir à 19h
(qui va nous parler _ Michèle est là _ de l’oeuvre de Jean Amado _ exposée en divers lieux d’Aix ;

Alain Paire _ qui est l’inspirateur et l’organisateur de ce « Parcours » de découverte de l’œuvre de Jean Amado _ 1922-1995) _ en sa librairie-galerie de la rue du Puits-Neuf ;

Christiane, la guide-conférencière « animant »,
de sa culture vivante et de ses photos d’œuvres de Cézanne,
la visite du « Jas de Bouffan »
_ principalement le « bassin » au lion et au dauphin
et l' »allée aux marronniers » de derrière le « Jas » _ ; et qui m’indique et la brasserie du Roi René : et le brasserie Léopold (qui me donneront pleine satisfaction) ;

Michel Fraisset,
quand j’allais rencontrer au sous-sol du remarquable Office de Tourisme,
2 Place du Général de Gaulle,
autrement dit, sur la très belle Place de la Rotonde, et sa vaste fontaine chantante,
au débouché spectaculaire du Cours Mirabeau ;

quand j’allais rencontrer,
grâce à l’amabilité-serviabilité des hôtesses de l’Office,
la responsable de la communication, Madame Bernadette Marchand :
je désirais indiquer (en mon futur article sur ma visite à Aix)
les auteurs de la très réussie animation vidéo (= diaporama) du Grand-Salon du « Jas de Bouffan » :
Gianfranco Ianuzzi, en l’occurrence, vais-je apprendre ; mais je n’avais pas eu le temps de le « saisir », au générique final du diaporama… ;

je reprends l’élan de ma phrase :

bref, je disposais « royalement »
de l’entière plénitude et souveraineté de l’organisation de mon temps de séjour à Aix
;

mon unique « projet », avais-je signalé à Michèle,
concernait une visite à l’expo Granet _ le Musée Granet ayant son jour de fermeture le lundi,
et ouvrant ses portes à 11 heures :
nous avions donc décidé d’aller en parcourir ensemble les galeries,
Michèle, moi-même
ainsi que Bernard Plossu si, toutefois, Bernard était rentré à temps de Spilimbergo (dans le Frioul, près d’Udine)
où il recevait un prestigieux prix de photographie italien
_ ce qui ne se fera pas ; à cause d’un retard de train quelque part sur le trajet de retour de cette Vénétie Julienne,
entre Trieste et Venise, au pied des Dolomites :

ma (longue) passion (et début de « connaissance » « un peu approfondie »…) de Rome _ ainsi que je l’annonçais en mon article d’ouverture de ce blog _ « le carnet d’un curieux » _, ainsi que ma lecture (rapidissime, elle, alors _ la veille de venir à Aix ! _, du « François-Marius Granet 1775-1849_ Une Vie pour la peinture » de Denis Coutagne, avec, notamment le brillant et, plus encore que brillant, très judicieux « avant-propos » _ ou plutôt « Préface » _ de Marc Fumaroli, m’offrant comme une un peu pertinente « introduction » à une visite « attentive intensive » de cette très riche _ sur trois niveaux de galeries _ exposition rétrospective de celui qui s’est accompli, en « artiste » (de paysages), à Rome, les vingt-sept années qu’il l’a, en long et en large _ comme seulement il convient ! _, « arpentée », ses carnets à croquis en permanence à disposition _ ainsi que le magnifique portrait de 1809, par Ingres _ nous le donne à regarder (ou « imaginer« ) : « Sous son bras, Granet tient un portfolio à son nom« , souligne Philip Conisbee, page 124 du  livre, « et l’on peut ici imaginer qu’il transporte quelques uns de ses croquis romains » _ ;

les ving-sept années que Granet, donc, l’a « arpentée », cette « belle Rome« , ainsi qu’il la nomme encore en 1830 dans une lettre à Ingres : « Il est bien vrai que je suis dans cette belle Rome où nous avons passé les plus beaux jours de notre vie » _ toujours page 124 de ce même, irremplaçable, livre de Denis Coutagne ;

(cf mon article « François-Marius Granet, admirable tremblement du temps, Aix, Paris, Rome« )…

Donc,
je disposais de mon lundi à Aix.


Ici commence le récit de ma découverte de quelques sites cézanniens
et du sujet de mon article : « Art et tourisme à Aix _ la « mise en tourisme » des sites cézanniens » ;
ce qui précède jusqu’ici

n’en constituant que le « pré-ambule » ;

« pré-ambule » à cette « ambulation », _ pedibus _
entre l’Office de tourisme,

le « Jas de Bouffan » _ la visite commentée (par Christiane) débutait à 11 heures _,

l’atelier (dit « Atelier de Cézanne » ; ou « Atelier Cézanne« ) du chemin des Lauves (visite à 13h30) ;

et quelques regards rapides sur quelques autres lieux cézanniens,

tel, par exemple son dernier domicile (à partir de l’automne 1999, après la vente du « Jas de Bouffan ») _ et lieu de son dernier souffle, le 23 octobre 1906, officiellement constaté à 7 heures du matin _ de la rue Boulegon, au numéro 23 de cette rue (dans laquelle se trouve aussi la banque qu’avait créée son père, transférée là en 1856 : au numéro 13…

L’excellent fascicule « Sur les pas de Cézanne » conçu, mis au point et diffusé par l’Office de Tourisme d’Aix-en-Provence, dénombre 34 lieux cézanniens à Aix _ avec plan détaillé (et commentaires efficaces de quelques lignes pour chacun de ces lieux)… Connaître le chiffre de diffusion quotidien, de ce fascicule serait à coup sûr, édifiant ; et selon les diverses langues de cette diffusion : ainsi ai-je remarqué, lors de mes divers passages à l’Office _ le premier des deux hôtels où j’ai logé (excellemment, les deux fois) étant, s’agissant de l’Hôtel de France, situé rue Espariat, tout proche ; l’autre était l’Hôtel Cardinal, à portée de voix, lui, et du Musée Granet, et de Saint-Jean de Malte, rue Cardinal… ;

ainsi ai-je remarqué _ ainsi que dans ces deux hôtels _, la proportion importante de visiteurs japonais ; n’hésitant pas à poursuivre plus avant _ par exemple, en remontant au pic du soleil _ vers les 14h 30 _ le chemin des Lauves (et le chemin de la Marguerite), vers la colline d’Entremont, à rechercher _ de leur regard, à leur tour _ les perspectives qui furent celles de Cézanne « peignant » son motif  _ « sacré » _ de la Sainte-Victoire…


Pour la visite des carrières de Bibémus, je m’y étais pris trop tard : si le départ (en bus : du parking des « 3 Bons Dieux« , assez éloigné lui-même du centre-ville d’Aix) avait bien lieu à 9h 45, il aurait fallu venir chercher la « réservation » bien plus tôt qu’aux alentours de 9h 15, 9h 30 à l’Office de Tourisme de la Rotonde ; et surtout se rendre pour cette heure-là à ces « 3 Bons Dieux« -là… : ce sera donc pour une autre fois…

Alors maintenant, mes « observations » sur ces deux visites _ et leur « organisation » par l’Office de Tourisme d’Aix-en-Provence _ au « Jas de Bouffan » _ route de Galice _ et à l' »Atelier Cézanne » _ du chemin des Lauves (désormais « Avenue Paul Cézanne« , au numéro 9)…

Je prends donc une réservation pour le « Jas de Bouffan » à 11 heures ; et une pour l' »Atelier Cézanne »  à 13 heures 30 ; et me mets en route vers la route de Galice, d’un bon pas…

Si le « Jas de Bouffan » se trouvait aux temps des Cézanne père et fils en rase campagne,
le lieu, avec sa ferme et de ses vergers, sur la route de Galice,
s’est trouvé bientôt « rattrapé »
par l’urbanisation galopante

depuis les 1899 de la vente de la propriété par Paul Cézanne et ses sœurs,
après le décès de leur mère (le 25 octobre 1897, à son domicile du 30 Cours Mirabeau),
après celui de leur banquier de père, mort à son domicile du « Jas de Bouffan », le 23 octobre 1886, lui…

Si Paul Cézanne a accepté de se défaire de ce lieu où il disposait d’un grand et bel atelier
:
avec une haute verrière, dépassant sur le toit ; bien que supprimée par les nouveaux propriétaires :
son aménagement sous les combles rompait l’ordonnancement tout classique du bâtiment
_ sur la gauche, quand on se trouve face à la (grande et belle) bâtisse XVIIIème, par l’allée (récente) plantée de peupliers ;

néanmoins, disposant de trois quart d’heure de patience,
après avoir eu tout le loisir de contempler de près les trois œuvres monumentales de Jean Amado disposées ici,
en une étape d’un « Parcours d’art Jean Amado » (qui s’achève ce dimanche 31 août même, je m’en avise…) :
« Le Doute et la pierre« , au milieu de l’étendue de gazon  que bordent les peupliers ;
et, juste devant l’entrée de la bastide :
« Les Degrés vertigineux »
et « Le Passage » _,

j’avais bien perçu une « anomalie » dans la frise (élégante) bordant le toit ;
« anomalie » qu’une photo ancienne
donnant à contempler l’état de la haute verrière (débordant sur le toit, donc…) de l’atelier de l’artiste,
m’a, plus tard, confirmée ;

si Paul Cézanne a accepté, en 1899, de se défaire de ce lieu où il disposait d’un si grand et bel atelier,
ce fut sans doute un peu plus que pour complaire à sa plus jeune sœur, Rose, et à son beau-frère, Maxime Conil _ qui avait besoin de « liquidités »…

Sans doute, Paul Cézanne a-t-il eu, aussi, des « raisons » de peinture _ et de choix de « motif », nous « souffle » Christiane : il avait peut-être « épuisé » les « vues » depuis le « Jas de Bouffan »,
et depuis Bellevue et Montbriand _ propriétés présentes ou anciennes (revendues) de sa sœur Rose et de son beau-frère Conil _
de (ou « sur ») la Sainte-Victoire,
qu’il cherche à peindre désormais « de plus près »
;

c’est probablement là une des raisons de l’achat par Paul Cézanne
d’une propriété sur le chemin des Lauves
,
puis de la construction sur ce lieu-là d’un atelier _ à immense verrière ! et à l’horizontale aussi, cette fois, et pas seulement en hauteur ! _,
proche de collines _ au-dessus d’Aix _ avec un angle de vue plus large et plus rapproché, à la fois, de (ou « sur ») la Sainte-Victoire ;

comme de ses « installations » à « Chateau-Noir » _ qu’il ne parviendra pas, toutefois, en dépit de son insistance, à se faire céder (par ses propriétaires : il n’en sera jamais qu’un partiel locataire…) _ ,
et dans les carrières de Bibémus,
auprès, parmi, dedans, au sein
des veines géologiques
d’où surgit le très imposant motif auquel l’artiste a décidé de « donner »

_ s’y glissant dedans (« dans les plis« , dirait un Henri Michaux) _

toutes ses dernières forces
afin de « s’y confronter » ; « l’affronter »
; « titanesquement », avec sa palette ; avec son chevalet ; et avec ses toiles _ comme nous l’a confié la passionnante guide-conférencière Christiane, peu après.

A 11 heures, les visiteurs, trois couples ainsi que moi-même,
sommes introduits dans le grand salon _ désaffecté du temps même des Cézanne, déjà… _,
que le père avait accepté de « laisser » à son fils (qui s’obstinait à la peinture !) comme un « premier atelier » ici ;
et que Paul Cézanne avait « décoré » de diverses peintures au mur,
depuis dispersées par les propriétaires, une à une, depuis 1899…

Nous sommes alors conviés à regarder un spendide diaporama (d’à peu près vingt minutes _ de Gianfranco Iannuzzi, selon le renseignement fourni par Bernadette Marchand en son bureau de l’Office de Tourisme ; bureau dans lequel je rencontrerai aussi Michel Fraisset…) ;

diaporama qui projette sur les murs _ et en musique (qui leur convient !) _
non seulement les images colorées des œuvres qui y furent déposées, en leur temps, par le jeune Cézanne ; mais d’autres, ensuite, avec toute l’évolution de sa palette, et de ses styles…

Soit une très belle instructive initiation au génie artistique, en un de ses ateliers, même, du maître aixois…

Puis, Christiane, la guide-conférencière, nous conduit à ce qui demeure accessible encore de la propriété du « Jas de Bouffan »

_ les anciens propriétaires, depuis, ayant conservé, sans la céder à la Ville, la propriété des bâtiments annexes (dits « la ferme« ) ; et une autoroute péri-urbaine
a « rogné » une partie des vergers ; et manifeste son incessant « bourdonnement » (de moteurs), là où ne régnaient, naguère, que les cigales et les oiseaux…

Mais nos déplacements autour du « Bassin » (rectangulaire), orné d’un lion et d’un dauphin,
puis dans ce qui demeure _ après tempêtes et vieillissement (et mort) des arbres de « l’allée des Marronniers » _ cézannienne, elle _ à la différence de l’allée, à l’entrée, des peupliers _ ;
sont éclairés par les images des œuvres éblouissantes de Cézanne que Christiane
nous montre
, en les recherchant, manuellement, artisanalement, l’une après l’autre, en tournant les pages, dans son recueil-classeur de photos des œuvres de Cézanne,
à la fois en les commentant, ainsi que leur histoire ;
et en nous invitant à les comparer avec ce que l’état de la végétation
_ et celui des constructions à l’alentour _
nous laisse(ent) apercevoir aujourd’hui…

C’est vivant, et passionnant ! Nous sommes comme conviés sur « les sentiers » mêmes « de la création » _ selon ce beau (et combien justifié !) titre que Gaëtan Picon avait donné à la collection qu’il avait créée aux Éditions Skira _ ;

d’autant que la guide-conférencière se fait une joie d’éclairer en un détail compétent les questions qui naissent alors en nos esprits…

La visite du « Jas de Bouffan » cézannien,
tel qu’il est nous est accessible _ sans meubles ; passablement délabré ;
nous fait ainsi nous ap-procher _ par le travail de l’esprit _ du travail cézannien
tel qu’il put être à l’œuvre ici…

Et la conjoncture qui fait que nous ne sommes, ce matin du 21 juillet à 11 heures, que sept visiteurs au « Jas de Bouffan »

ajoute aussi à l’impression d’être un « invité »
autorisé (par le maître
_ qui en était peu prodigue ; même à l’égard de ses nièces…) à contempler _ en silence _ quelque chose du travail se faisant _ something like « a work in progress » _ de l’artiste…

Un moment intense (et privilégié), donc…

La visite-conférence achevée,

et conversant un moment avec la conférencière, aux alentours de midi,

celle-ci me donne le nom de deux brasseries aixoises, qu’elle estime « recommandables » :
j’ai l’intention de déjeuner rapidement, si possible d’une agréable salade,
avant de gagner pour 13 h 30, à pied, l' »atelier » du chemin des Lauves…

J’ai la chance de prendre un autobus au vol, qui me dépose à la fontaine de la Rotonde,
d’où je gagne, rapidement, à l’autre bout du cours Mirabeau, l’excellente brasserie du « Roi René » _ et une excellente salade, en effet, et servie très rapidement ;

si bien que je « remonte » bientôt _ « plein nord » _ vers le haut de la ville _ la place de l’Hôtel-de-Ville, puis la cathédrale Saint-Sauveur,
pour gravir, passé sur la gauche l’ancien hôpital _ qui existait déjà du temps de Cézanne _, le chemin des Lauves _ l' »Avenue Paul Cézanne » _ sous le soleil ;

et me trouver à 13 heures 20 sur le seuil du « dernier atelier » de Paul Cézanne…

La suite _ la visite de l' »Atelier Cézanne » ; et une réflexion de synthèse sur « Art et tourisme _ à Aix, et ailleurs » :

à venir en un second volet…

Titus Curiosus, ce 31 août 2008

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