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L’alchimie rendue évidente, solaire, de la sublime pureté ravélienne en le velours subtil de ses secrets, ou une révélation : une batterie d’éloges sur l’éclat jubilatoire du CD Roth-Tiberghien-Degout comportant la merveille des 2 Concertos pour piano et orchestre de Maurice Ravel…

30juil

Ce samedi 30 juillet 2022,

je consacre une troisième fois un article de mon « En cherchant bien » à l’admirable réalisation, pour Harmonia Mundi,  du CD « Maurice Ravel Concertos pour piano Mélodies« , le CD HMM 902612 des Siècles, avec Cédric Tiberhien et Stéphane Degout, sous la baguette de François-Xavier Roth.

Mes deux articles précédents, «  « et «  », dataient du 12 août 2020 et du 31 mai 2022.

En y ajoutant l’article de Jean-Charles Hoffelé, en son Discophilia, « Vers le sombre «, en date du 28 mai 2022 ;

et celui de Patrice Lieberman, sur Crescendo, « Ravel plus magique que jamais, avec Cédric Tiberghien, François-Xavier Roth et Les Siècles « , en date du 24 juin 2022…

Ce soir, 30 juillet, c’est l’article de Matthieu Roc intitulé « Stéphane Degout, Cédric Tiberghien, François-Xavier Roth et Les Siècles dans Ravel «, paru le 27 juillet dernier sur le site de ResMusica,

que je tiens à citer ici… :

François-Xavier Roth poursuit chez Harmonia Mundi son exploration de répertoire ravélien, avec le Concerto pour la main gauche, le Concerto en Sol, et la Pavane pour un Infante défunte. Mais le fil conducteur de ce disque est le piano de Cédric Tiberghien, qui accompagne aussi Stéphane Degout dans un florilège de mélodies.

Le programme commence avec un éblouissant _ voilà qui d’entrée est ditConcerto en Sol, explosif de joie, de couleurs, de contrastes enivrants _ voilà _ dans l’Allegramente. Les couleurs magnifiques _ oui _ de l’ensemble Les Siècles et ses splendides instruments d’époque _ c’est bien sûr important… _, le piano boisé et distingué (un merveilleux Pleyel de 1892) sous les doigts enchantés de Cédric Tiberghien _ oui, oui, oui _ nous entraînent vers l’ivresse _ ravélienne. L’introspection sereine et progressivement fantasque _ voilà : beaucoup de Ravel est là aussi, dans ce glissement à la fois contrôlé et éclaté… _ de l’Adagio assai nous reconduit tout naturellement vers l’espièglerie déjantée _ oui _ du Presto. Une interprétation ébouriffante et régénérante _ les deux.

La Pavane pour une infante défunte est insérée à mi-parcours, pour varier un peu l’écoute parmi les mélodies pour baryton et piano. Cédric Tiberghien y démontre comme on peut y être dansant, brillant, voire étincelant _ oui  _ tout en restant dans un registre nostalgique et méditatif _ vers le sombre... Un modèle d’équilibre, qui regarde moins vers Chabrier (Ravel dixit) que vers les Gymnopédies de Satie _ sans jamais y céder : seulement un regard…

Le Concerto pour la main gauche est encore l’occasion de jouer des contrastes _ oui _, de la brillance _ ravélienne _, des couleurs _ toujours. À partir des douleurs sombres des premiers accords _ voilà _, émerge progressivement une exubérance flamboyante qui les transcende et les balaye _ à la Ravel, profondément. La joie du son l’emporte _ voilà _ sur la souffrance et la mutilation, et c’est bien le sens de cette œuvre magnifique _ pour Paul Wittgenstein _ qui est exalté. Rien de lugubre ni de macabre _ assez aux antipodes de Ravel, en effet. Des interrogations, certes, même des tâtonnements _ oui _ admirablement rendus (l’Andante), mais les réponses sont tellement éclatantes et jouissives ! _ c’est tout à fait cela ; ou l’idiosyncrasie ravélienne… Encore une grande réussite pour François-Xavier Roth, qui sent la pulsation _ oui, vibrante _ de cette musique de Ravel comme personne, et qui sait y jouer des couleurs, des nuances _ voilà _ avec un bonheur réellement communicatif.

La virtuosité jusqu’au-boutiste de Cédric Tiberghien se ressent aussi dans l’accompagnement des mélodies chantées par Stéphane Degout. Leurs esthétiques peuvent paraître complètement différentes _ certes, au départ de leur inspiration _ : autant Tiberghien va à fond dans son expressivité avec un toucher chantant, percussif, autant Degout semble gourmé, concentré sur sa ligne et les intentions qu’il veut donner à son phrasé. Et pourtant, ces deux discours se superposent très bien et s’enrichissent mutuellement _ oui. Les Don Quichotte à Dulcinée font pleurer dans sa chanson épique et rire dans la chanson à boire. Tiberghien donne une dimension cosmique à la prière, et décrit l’ivresse et les éructations de Don Quichotte avec un humour digne des Marx brothers. Stéphane Degout est évidemment parfait _ comme toujours : quel chanteur ! _ de noblesse, de grandeur et d’émotion à la fois contenue et délirante _ encore un trait éminemment ravélien.

Le sommet est atteint dans le Kaddish, morceau de bravoure ô combien difficile, donné ici en araméen et avec accompagnement de piano. Stéphane Degout réussit à ne pas trop prendre sa stature de prophète (ce qui lui serait pourtant facile), et à rester orant, concentré sur le sens de ce texte antique et admirable, prière de deuil et action de grâce. Les vocalises de la fin, faciles pour cet ancien baroqueux, rayonnent d’espoir _ oui _, et la louange exprimée est proprement admirable _ absolument.

Sainte et les Trois poèmes de Stéphane Mallarmé sont au même niveau dans ce programme riche et varié. Réellement, un disque exemplaire _ voilà _ : tous les interprètes y excellent, et Ravel triomphe _ oui, oui, oui.

Maurice Ravel (1875-1937) :

Concerto en Sol M. 83 ;

Pavane pour une infante défunte M. 19 ;

Concerto pour la main gauche M. 82 ;

Don Quichotte à Dulcinée M. 8441 ;

Deux Mélodies hébraïques A. 22 ;

Trois Poèmes de Stéphane Mallarmé M. 64 ;

Sainte M. 9.

Cédric Tiberghien, piano Pleyel 1892 ;

Stéphane Degout, baryton ;

ensemble instrumental Les Siècles, direction : François-Xavier Roth.

1 CD Harmonia Mundi.

Enregistré en décembre 2020 et septembre 2021 à la Philharmonie de Paris.

Livret en français et en anglais.

Durée : 73:54

Une réalisation discographique qui fait pleinement honneur au génie musical singulier et si personnel de Ravel,

homme aussi ferme et discret en sa vie que compositeur parfait à l’œuvre et en son œuvre. 

Et c’est par de telles splendides réussites musicales discographiques que le fascinant mystère Ravel révèle, peu à peu, lentement, à nous qui l’admirons, ses pudiques, discrets et suprêmement élégants, secrets…

Rendons grâce à ces musiciens et à leurs performances travaillées et inspirées, qui nous les font, ces subtils secrets, pas à pas, approcher, et délicatement musicalement, avec raffinement, mais sans maniérismes, solairement, comme ici, jouir de leur alchimie naturelle, spontanée, et tellement évidente en sa pureté ravélienne ainsi à la perfection révélée…

Ce samedi 30 juillet 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Et la merveille des merveilles que sont les Concertos pour piano de Mozart par Ronald Brautigam, et la Kölner Akademie sous la direction de Michael Alexander Willens…

04juin

Et parmi les interprétations musicales absolument géniales,

il faut absolument relever et retenir celles de Ronald Brautigam dans les Concertos pour piano de Mozart,

avec la Kölner Akademie, sous la direction de Michael Alexander Willens,

_ enregistrés entre 2006 et 2015 _,

dont le label Bis vient de réunir, en un très commode magnifique coffret de 12 CDs, l’intégrale

_ le coffret Bis 2544 SACD…

Sur ce magistral coffret Mozart/Ronald Brautigam,

cf ce très judicieux article de Pierre Carrive,

paru le 8 juin 2021, sur le site de Crescendo Magazine,

« Une très enthousiasmante intégrale des concertos pour piano de Mozart sur instruments d’époque » :

Une très enthousiasmante intégrale des concertos pour piano de Mozart sur instruments d’époque

LE 8 JUIN 2021 par Pierre Carrive

Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : les 27 Concertos pour piano (dont Concerto pour deux – deux versions – et trois pianos) ; 3 Concertos d’après J. C. Bach ; les 2 Rondos pour piano et orchestre ; Air « Ch’io mi schordi di te ? ».

Ronald Brautigam, pianoforte ; Die Kölner Akademie dirigée par Michael Alexander Willens (sauf Concertos pour deux et trois pianos) ;  Carolyn Sampson, soprano, Alexis Lubimov, pianoforte ; Haydn Sinfonietta ; Manfred Huss, pianoforte et direction ; Carolyn Sampson, soprano.

2006-2015. 11h 48m 03s.

Livrets séparés en anglais, en allemand et en français.

12 SACD BIS-2544.

Cette intégrale des Concertos pour piano de Mozart est en fait une réédition de 12 albums, qui ont été enregistrés et sont sortis séparément entre 2006 et 2015. Le coffret reprend l’ensemble, avec pour chaque volume son livret d’origine.

Ronald Brautigam a à son actif une discographie impressionnante, avec notamment trois monumentales intégrales pour piano seul de Haydn, Mozart et Beethoven. Mais son répertoire ne se cantonne pas à cette période, ni à jouer seul, puisque l’on peut trouver aussi, par exemple, de nombreuses œuvres du XXe siècle, en musique de chambre (notamment avec la violoniste Isabelle van Keulen), et aussi avec Riccardo Chailly et l’Orchestre Royal du Concertgebouw d’Amsterdam.

Die Kölner Akademie et son directeur musical Michael Alexander Willens ont également une discographie très étoffée, dans laquelle Mozart, en-dehors bien entendu de cette intégrale de Concertos pour piano, est représenté par trois albums récents. En 2017 et 2020, ils ont enregistré quatre Sérénades de Mozart, remarquables de vivacité, de sens du drame, d’humour, de tendresse ; elles ne tombent jamais dans l’excès ni la caricature. L’orchestre est incisif, sans brutalité ; il trouve d’étonnantes couleurs, et la mise en valeur des voix intermédiaires lui donne une plénitude grisante. Deux albums absolument savoureux (comme s’était enthousiasmé Jean Lacroix), entre lesquels il y en eut un autre consacré à des œuvres d’inspiration maçonnique, à l’interprétation un peu plus attendue.

Ensemble, ils ont enregistré les intégrale des Concertos de Beethoven, de Mendelssohn, et de Weber. Voici donc celle de Mozart, qui a fait l’objet d’un entretien avec Crescendo-Magazine.

Mozart a écrit ses Concertos pour piano tout au long de sa vie, et plusieurs, notamment dans les plus tardifs, peuvent être considérés comme ses plus grands chefs-d’œuvre _ oui ! _, au même titre que ses plus grands opéras _ oui. Il les écrivait pour les jouer lui-même, et c’est probablement dans ce genre qu’il s’est dévoilé le plus. Aucun autre compositeur de quelque envergure n’y est revenu aussi souvent. Ils constituent une somme absolument unique à tous points de vue, d’une richesse et d’un niveau de perfection stupéfiants _ absolument 

Ils sont au nombre de vingt-sept. Mais, en réalité, les quatre premiers sont des « pastiches », réalisés d’après des Sonates accompagnées pour clavier et violon de Johann Schobert, Leontzi Honauer, Johann Gottfried Eckard, Hermann Friedrich Raupach et Carl Philipp Emanuel Bach. Le tout jeune Mozart s’était enthousiasmé pour leurs œuvres lors d’une très longue tournée, et à l’âge de onze ans, probablement aidé de son père, s’est lancé dans l’écriture de ces Concertos Nᵒˢ̊ 1 à 4, K. 37, 39, 40 et 41. Destinés à faire briller le pianiste tout en faisant connaître le compositeur, ce n’est qu’au début du XXe siècle que l’on prendra conscience de leurs origines. S’ils constituent le premier volume de cette intégrale, ils ont en réalité été enregistrés en dernier. À leur écoute, l’on ne peut s’empêcher de penser à la « cerise sur le gâteau », tant on perçoit le plaisir jubilatoire _ oui _  qu’ont pris Ronald Brautigam, Michael Alexander Willens et la Kölner Akademie avec ces œuvres pleines de fraîcheur, après s’est plongés pendant plusieurs années dans tous les « vrais » et immenses Concertos pour piano de Mozart.

Deux autres sont à mettre à part, car écrits pour plusieurs instruments : le Concerto N° 7, pour trois claviers, K. 242, qui malgré son indéniable attrait tient du divertissement, et le Concerto N° 10, pour deux claviers, K. 365, sans doute le plus abouti de tous ceux composés jusque-là, et véritablement annonciateur des grands chefs-d’œuvre à venir _ oui. S’ils font l’objet du troisième volume de cette intégrale, ils avaient en fait été enregistrés quelques années auparavant, sans qu’il soit question de la suite, et par d’autres interprètes, parmi lesquels, déjà, Ronald Brautigam. Il y rivalise de virtuosité, de volubilité et de piquant avec Alexei Lubimov, lequel se montre sans doute encore plus inventif, mais au détriment d’une simplicité du discours que le héros de notre intégrale ne perd jamais de vue. Ils sont accompagnés par une Haydn Sinfonietta brillante et énergique, mais un peu rude, dirigée par Manfred Huss, qui joue la partie de troisième piano (dont le rôle est plus modeste que les deux autres) dans le tellement spirituel K. 242. Une deuxième version du K. 365 est proposée, qui avait été jouée pour un concert dans une grande salle, avec des parties supplémentaires de clarinettes, de trompettes et de timbales. Il n’est pas absolument certain que Mozart en soit l’auteur ; il est permis de trouver que ce que l’on gagne en puissance sonore et en éclat nuit à la pureté de l’expression.

Il faut ajouter à ces vingt-sept ouvrages les trois courts Concertos K. 107, qui sont également des « pastiches », puisque venant tous des Sonates pour clavier de Jean-Chrétien Bach. De forme sommaire, sans mouvement lent pour deux d’entre eux, avec un accompagnement réduit à deux violons et un violoncelle, leur attrait est indéniable, même si c’est le fils du grand Bach qui doit en être principalement crédité. Ronald Brautigam, avec les solistes de la Kölner Akademie, en offrent une interprétation pleine de soleil et de vigueur. On la trouve à la fin du deuxième volume, lequel commence par le Concerto N° 5, K. 175, le premier que l’on puisse véritablement qualifier comme tel, donc _ voilà. Mozart a alors dix-sept ans, et ce coup d’essai est assurément digne d’un maître. Du reste il a toujours été très attaché à ce concerto, au point de proposer un autre finale, neuf ans plus tard : le Rondo K. 382 (que l’on trouve dans le septième volume). Ronald Brautigam et la Kölner Akademie en rendent la conquérante exubérance avec un étincelant brio. Suit le Concerto N° 6, K. 238, composé trois ans plus tard, dont la légèreté et l’insouciance sont admirablement mises en valeur par les interprètes : nervosité maîtrisée des motifs d’accompagnement des cordes, délicatesse des lignes mélodiques des vents, et bien sûr raffinement distingué de la partie soliste.

Les deux volumes suivants, dans lesquels on trouve également le Rondo K. 386 (considéré par certains comme le finale initial du Concerto N° 14, K. 414), nous permettent de cheminer jusqu’au Concerto Nᵒ 13, K. 415, et à son finale qu’Olivier Messiaen, dans une analyse haute en couleurs, n’hésite pas à placer « parmi les sommets de l’œuvre de Mozart ». Mozart a alors vingt-sept ans. Son propos est encore de plaire au public, et malgré le sens du drame qui s’épanouit dans ces œuvres, et même si dès le mouvement lent du Concerto N° 9, K. 271, qui est pour la première fois en mineur, on entend l’idée de la mort qui ne cessera de préoccuper le compositeur, ce n’est pas encore l’époque où Mozart choisit le concerto pour se livrer le plus intimement. On sent Ronald Brautigam et la Kölner Akademie s’y amuser, s’émerveiller des trouvailles de Mozart, se délecter de jouer tous les personnages de théâtre toujours en embuscade _ oui _ avec ce facétieux compositeur plein d’imagination…

Nous entrons maintenant dans le miracle du concerto pour piano chez Mozart. Il n’écrira en effet plus que des chefs-d’œuvre, et par quatorze fois dans les sept années qui lui restent à vivre (dont douze en moins de trois ans).

Avec le sixième volume, outre la poursuite de la chronologie avec le Concerto N° 14, K. 449, nous abordons l’un des grands chefs-d’œuvre de la série, avec le Concerto N° 21, K. 467. Ronald Brautigam et Michael Alexander Willens n’y recherchent pas la grâce et la légèreté que l’on trouve souvent dans ce concerto, mais se projettent résolument dans une lecture qui va de l’avant, pleine d’énergie. Cela n’empêche pas les violons d’être d’une douceur soyeuse dans le célébrissime Andante, le soliste d’une probe délicatesse, et l’ensemble du mouvement de conserver de bout en bout une atmosphère de rêve ineffable. Cet album a l’excellente idée de proposer également l’air de concert, avec piano obligé, Ch’io mi schordi di te ?, K. 505, qui fait le lien idéal _ oui _ entre les deux univers tellement personnels de Mozart, celui des concertos pour piano et celui des opéras. La soprano Carolyne Sampson y est merveilleuse en amoureuse ardente, irrésistible dans le registre medium et aigu.

Suite de l’ordre de composition avec le volume suivant (Concertos Nᵒˢ̊ 15 et 16, K. 450 et 451 donc). Lors de sa sortie, Bernard Postiau avait affiché de sérieuses réserves, qu’il précise bien être surtout subjectives. Il est intéressant de lire cette chronique, car en effet, elle peut mettre en garde contre un parti pris qui peut gêner, voire heurter, certaines auditeurs. À cet égard, la comparaison entre cette interprétation du Rondo, K. 382 qui termine ce CD, avec l’enregistrement de 1960 d’Annie Fischer avec Ferenc Fricsay est éloquente. Si l’on comprend très aisément que l’interprétation de ce Rondo, que notre chroniqueur « a toujours adoré depuis ses plus jeunes années », par ces musiciens hongrois, « en état de grâce », aient pu en effet « pétiller à ses oreilles comme du champagne », nous pouvons avec lui espérer que, plus d’un demi-siècle plus tard, il y aura « un petit garçon ou une petite fille pour qui ce nouvel album ouvrira les portes du rêve et qui y reviendra encore et toujours tout au long de son existence ».

À partir du huitième volume, nous avons cinq CD qui nous emmènent dans les hautes sphères du génie de Mozart _ oui. Les trois premiers associent un grand chef-d’œuvre (respectivement les Concertos Nᵒˢ̊ 17, 18 et 19) à un chef-d’œuvre absolu _ voilà ! _  (respectivement les Concertos Nᵒˢ̊ 26, 22 et 23). Et les deux derniers nous maintiennent au sommet, avec les Concertos Nᵒˢ̊ 20 et 27, puis les Concertos Nᵒˢ̊ 24 et 25. En effet, nous pouvons considérer que les huit derniers sont comparables, sur le plan de l’intensité dramatique, à ses plus grands opéras _ oui. Ce sont probablement ses œuvres instrumentales les plus abouties _ voilà _, de celles qui justifient que l’on parle du « divin Mozart » ou que l’on emploie les termes les plus élevés.

Une des caractéristiques des concertos pour piano de Mozart, qui arrive ici à un niveau suprême, est l’utilisation des instruments à vent _ oui : Mozart en est aussi un maître… Ils dialoguent avec le piano tels de véritables personnages d’opéra _ oui. Les instrumentistes de la Kölner Akademie nous régalent de leur musicalité et de leur inventivité exemplaires. L’orchestre, bien que relativement peu fourni (huit violons ; altos, violoncelles et contrebasses par deux), sonne de façon ample et généreuse. Les mouvements lents sont le plus souvent pris à un tempo assez allant, ce qui peut bousculer nos habitudes. Pour autant, l’expression est toujours prenante, et les intentions musicales soignées au plus haut point.

Son : 10 – Livret : 10 – Répertoire : 10 – Interprétation : 10

Pierre Carrive

Un magistral régal

que ces interprétations discographiques-ci.

Et un fastueux coffret de CDs-SACD, à thésauriser donc.

Ce samedi 4 juin 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

D’enthousiasmants Concertos pour piano (Op. 25 et Op. 40) de Felix Mendelssohn par un Lars Vogt, en état de grâce, au piano et à la baguette : un sublime à jamais juvénile CD !

11mar

C’est un fait que j’aime beaucoup, beaucoup, l’œuvre de Felix Mendelsson (1809 – 1847), que je porte au pinacle ;

et que j’apprécie aussi énormément Lars Vogt, tant comme pianiste, que comme directeur du superbe Festival Spannungen…

Je ne pouvais donc pas laisser passer ce CD qui paraît ce mois de mars dans l’excellent label finnois Ondine, avec les Concertos pour piano n°1 (Op. 25) et n° 2 (Op. 40),  avec Lars Vogt au piano, et à la tête de l’Orchestre de Chambre de Paris :

le CD Ondine ODE 1400-2.

Ce qui, au passage de la « révision – passage en revue » de ma discothèque Mendelssohn, m’a fait prendre conscience que je ne disposais pas du CD, assez récent (en 2018), de ces 2 Concertos pour piano et orchestre Op. 25 et Op. 40, par mon pianiste mendelssohnien préféré, Alberto Prosseda ;

avec le Residentie Orkest The Hague, sous la direction de Jan-Willem de Vriend _ un CD du label Decca Italia, probablement non distribué en France… 

Mais l’interprétation de Lars Vogt _ qui se remet d’un cancer… _ est proprement enthousiasmante,

tant dans la féérie de son jeu virtuose, fin, élégant, transcendant, au piano,

que dans la fluidité libératrice de sa direction de l’enchanteur Orchestre de Chambre de Paris…

Qui trouvent le droit chemin de l’à jamais juvénile génie mendelssohnien…  

Un sublime CD !


Ce vendredi 11 mars 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

A nouveau la question de l’interprétation (et de l’interprète) : Daniil Trifonov et Sergei Rachmaninov

13oct

Incontestablement,

l’évidence de la puissance et de la sagacité de certains interprètes de la musique

_ au concert, bien sûr, mais aussi au disque tel qu’il est enregistré _

s’impose à nous ;

et ramène sur le tapis

la question cruciale de la légitimité ou pas de l’interprétation _ et de sa part _ dans la simple réalisation sonore _ pour d’autres, comme pour soi-même, dans la solitude _ de la musique,

telle qu’elle peut _ et plus encore a pu être _ être notée sur une partition,

quand cette musique,

jouée,

n’est pas purement et simplement improvisée sur le champ,

en une seule et unique à jamais

performance _ absolument et définitivement irrépétable.

Cette question vient de m’être plus ou moins posée

retournée _

lors de l’éloge que je viens de commettre,

et diffuser _ à quelques amis mélomanes _,

de l’interprétation par Pavel Kolesnikov de la sonate Au Clair de lune de Beethoven

_ cf mon article d’il y a à peine trois jours, le 10 octobre dernier : _ :

 doit-on seulement remarquer _ et admirer, ou vilipender _ la plus ou moins grande singularité

du jeu de l’interprète

face à la qualité intrinsèque

de l’œuvre

voulue par son auteur : le compositeur-créateur ?

La part de la virtuosité

de l’interprétation

s’enfle considérablement à l’époque des concerts romantiques,

tout particulièrement avec les triomphes en salles

que s’assurent un Liszt

ou un Paganini…


Ici, le virtuose

que le mélomane,

même à son corps défendant

_ eu égard au culte qu’il voue à la création de l’oeuvre par le compositeur _

ne manque pas d’admirer

_ voire vénérer, à son tour _,

est

Daniil Trifonov,

dans les Concertos pour piano n° 2 & 4 de Sergei Rachmaninov,

en un CD Deutsche Grammophon 483 5335

intitulé Destination Rachmaninov – Departure ;

soutenu par The Philadelphia Orchestra,

tout aussi brillammente dirigé

par Yannick Nézet-Séguin.


C’est lumineux, et transportant !

Déjà, j’avais été sidéré par de précédents CDs de Daniil Trifonov :

son Carnegie Recital,

son double Transcendental (Liszt),

son double Chopin Evocations

L’interpréte d’exception

est

_ à côté d’autres : plus fades et moins justes _

celui qui nous fait accéder

avec la plus grande évidence de lumière

_ qui peut être, bien sûr, ombreuse, en maintes de ses parties… _

de son jeu,

à l’œuvre même du créateur

en sa plus simple et forte

_ qui peut aussi être très douce ; mais jamais plate ! _

vérité.

J’aime Rachmaninov, mais oui.

Ce samedi 13 octobre 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa

Et ce tweet,

à propos de l’enthousiasme de mon article du 10 octobre 

pour le CD Beethoven de Pavel Kolesnikov,

de la part de la librairie Mollat :

Chercher sur mollat

parmi plus de 300 000 titres.

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