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Le courage d’intervenir d’un grand architecte, Henri Gaudin : le devenir de l’Hôtel Lambert dans une société veule

26déc

Henri Gaudin vient intervenir publiquement dans le dossier _ en balance, sur la sellette _ du devenir urbanistique (l’île Saint-Louis dans le cœur de Paris) et architectural (l’Hôtel Lambert, un chef d’œuvre de Le Vau) de l’Hôtel Lambert, cette sublime « étrave » au-dessus de la Seine :

dans le numéro du 25 décembre du Monde, « Ne défigurons pas l’hôtel Lambert !, par Henri Gaudin« …

Le courage et l’autorité vraie (d’un artiste réel _ non faisandé, lui !) sont assez rares dans une société de plus en plus veule _ et décomplexée dans sa propension au cynisme (du pouvoir de fait de l’argent) ; et à la corruption (eu égard au Droit) _ pour s’y arrêter un moment, le remarquer, le signaler, lui donner un tant soit peu d’écho au milieu des paillettes de la trêve joliment dite « des confiseurs« …

Ou à propos de la sauvegarde du patrimoine des pierres ; et du sens même de l' »habiter » humain (et inhumain)… Cf ici la parole décisive de Hölderlin…

Voici ce bel article _ et courageux _ de celui, l’auteur des importantes « Considérations sur l’espace« ,

dont Paul Virilio disait, en préface au livre (précédent de l’architecte) « Seuil et d’ailleurs« , en 1992 :

« Henri Gaudin n’est pas un architecte qui écrit, mais plutôt un écrivain, un homme de lettres qui bâtit avec le béton, la pierre ou les mots _ les uns ou/et les autres. Peu importe finalement le matériau, puisque seul compte pour lui le passage, le transfert _ voilà ! _ d’un récit à un autre récit, d’un lieu à un autre lieu. Comment dès lors s’empêcher de le suivre avec curiosité _ oui : vertu précieuse ! _ au travers des méandres d’une pensée qui souvent vous égare _ par ses détours ô combien nécessaires ! à mille lieux du strictement immédiatement utile, c’est-à-dire rentable pour le (seul) profit financier (le plus rapide possible _ Paul Virilio est bien un penseur de la vitesse…), auquel certains veulent réduire l’« économique » (revenir ici à Aristote : « Les Économiques » !!!)… _ pour mieux donner à percevoir _ c’est si précieux, en régime d’anesthésie générale ! On nous endort !... _ le seuil _ crucial ! C’est un terme très présent aussi chez Michel Deguy ; cf mon article d’avant-hier… La ligne de partage des eaux entre le vrai et le faux ? Journal intime tout autant que traité théorique, l’ouvrage d’Henri Gaudin débouche sur l’espérance d’une complexité grandissante _ l’exact opposé de la complication ! ou de la complaisance au vertige maniériste _ qui favoriserait enfin l’ouverture d’esprit, la complicité entre l’architecture et la littérature« , écrivait Paul Virilio…


Voici donc cette splendide « intervention » de Henri Gaudin, architecte, et un peu plus, donc, que de ce seul métier-là, dans Le Monde d’hier (édition datée du 25 décembre, ce jour) ; elle est intitulée, dans le journal, « Ne défigurons pas l’hôtel Lambert !, par Henri Gaudin«  :

« C’est une indignation _ voilà ! _ à la mesure du forfait _ voilà d’abord ! _ qu’on se prépare à commettre à son encontre _ il s’agit de ce joyau d’architecture et d’urbanisme, les deux, qu’est l’Hôtel Lambert (1642), de Louis Le Vau (Paris, 1612 – Paris, 1670), en étrave sur la Seine, de l’Île Saint-Louis, au cœur même de Paris _ : le projet de restauration de l’hôtel Lambert. Cet édifice majeur de l’architecte Le Vau, se dresse sur l’étrave de l’île Saint-Louis, en épousant la courbe de la Seine. Il est rare qu’un tel dynamisme s’allie avec la rigueur d’un ordonnancement au rythme souverain _ qu’on viendrait donc casser…

C’est le quai d’Anjou en son entier qui vient se terminer _ par lui _ sur un jardin suspendu. L’île ménage une proue que domine le corps principal du prestigieux édifice, à la façon dont une passerelle se dresse sur un vaisseau _ Henri Gaudin est aussi un amoureux fou de l’eau, des rives, des ports ; et des bateaux… Le mouvement est si juste, l’assise du jardin suspendu si assurée, le rythme des fenestrages si délicat, l’architecture si dynamique _ adjectifs qualificatifs éminemment sensibles ! _ qu’on croirait voir le bâtiment glisser _ oui : voler même, sans tout à fait désirer s’envoler : il se contente de frémir ! _ le long de la Seine en exposant _ délicatement _ son étrave au courant _ que finit par rejoindre, par un plouf, lui, un Guillaume Apollinaire, un peu plus en aval, au pont Mirabeau… _, sans autre âge que celui de la jeunesse et du futur _ rien moins ! Voilà où existe la vraie modernité !

En abîmer les traits _ comme le ferait, irrémédiablement, le passage à la réalisation de ce « projet de restauration« -là… _, c’est meurtrir la ville _ gravement, grièvement même… _ avec laquelle le magnifique hôtel Lambert fait corps _ physico-biologiquement… Au point qu’on peut parfaitement l’entendre respirer et chanter, pour peu qu’on prête oreille à son souffle chantant : à sa mélodie, comme à ses harmoniques…

Si comme le dit Victor Hugo, « l’usage appartient _ usufruitièrement… ; pour un temps ; car c’est nous (davantage mortels que nous sommes, physico-biologiquement) qui, d’abord, passons (un peu) plus vite : que la beauté des œuvres… _ à quelques-uns et la Beauté appartient _ un peu plus durablement, grâce aux œuvres qui passent, certaines d’entre elles, du moins, un peu plus lentement, tout de même, que nous _ à tous », c’est nous tous _ dotés de nos sens, et pas seulement le regard : encore faut-il apprendre à les « éduquer« , tous ces sens-là… _ qui en sommes les destinataires _ capables de la « recevoir« , l’« éprouver«  : en une « expérience«  ; peut-être en train de se perdre, s’effondrer, celle-là (l’« expérience«  toute personnelle de la « Beauté« ), comme s’en inquiétait, un des tout premiers, un Walter Benjamin (à la suite, sans doute, de Baudelaire)… Qui n’a pas ressenti _ quelques uns, malgré tout : Béotiens, gougnafiers, goujats, barbares (jusqu’à, eux, même « sortir leur revolver« …) _ qu’on ne saurait _ hélas : de droit ! _ séparer la singularité prestigieuse _ architecturale _ de cet édifice _ de pierres _ du tout _ urbanistique _ qu’est la ville ? La manifestation _ éclatante de grâce ! _ de sa beauté dépasse _ en la sidérant _  notre propre personne _ certes : sublimement, même… _ et intéresse la communauté _ non seulement citoyenne démocratique, mais « humaine« , pas moins !.. _ en son entier. Témoignant d’une époque _ d’un classicisme encore baroquisant : 1640, ou 42 ; c’est encore le règne de Louis XIII (et de Richelieu, qui va mourir cette année-là : le 4 décembre 1642, à l’âge de cinquante-sept ans ; Louis XIII le suivra de près dans la tombe, mourant, lui, à Saint- Germain-en-Laye le 14 mai 1643 ; il était né le 27 septembre 1601 à Fontainebleau) _ d’intense activité esthétique et éthique _ les mœurs se raffinaient ; débutait, encore au milieu, certes, de la manie passablement meurtrière , encore, des duels, et à l’Hôtel de Rambouillet, « l’âge de la conversation«  _, l’excellence de son architecture _ française ! Que fait donc le ministre Besson !!! Quid, ici, de l’« identité nationale«  ?!! _, comme toute œuvre d’aujourd’hui, offre sa puissance créatrice à travers le temps _ à nous de la laisser rayonner, au lieu de, stupidement, l’interrompre : en la massacrant (pour une multiplication de salles de bains, d’ascenseurs et d’emplacements de parking)…

Le Vau, son architecte, n’est pas seulement contemporain _ 1612-1670 _ de son siècle, il s’adresse _ oui !

et à dimension d’éternité ; cf John Keats (Finsbury Pavement, près de Londres, 31 octobre 1795 – Rome, 24 février 1821) : « A thing of beauty is a joy for ever« … :

« A thing of beauty is a joy for ever :
Its loveliness increases; it will never
Pass into nothingness; but still will keep
A bower quiet for us, and a sleep
Full of sweet dreams, and health, and quiet breathing
« … (dans « Endymion« , qui paraît à Londres en 1818…) _


à des générations futures, à tous ceux _ en voie de raréfaction ? devenant électoralement minoritaires ? _ qui pensent que la modernité est de tous les âges _ voilà ! le mauvais goût, certes, lui aussi : et incomparablement plus amplement ! vivent nos démocraties populistes ! _, à ceux qui stigmatisent la bassesse par l’exigence _ la plus noble _ de l’esprit _ bassesse et exigence : voilà ! A ne pas trop intervertir ! cependant… Ne défigurons pas une beauté _ telle est bien en effet la menace présente ! _ sous la séduction de laquelle nous tombons tous _ pour peu que nous y soyons, chacun, réellement et activement attentifs ! Soyons à son écoute _ proprement musicale ! 1640-42, c’est l’heure des musiques de Moulinié, Guédron, Boesset, qu’a (et ont) su si magnifiquement (nous) rendre Vincent Dumestre et son « Poème Harmonique«  ; cf le sublime coffret de 3 CDs Alpha « Si tu veux apprendre les pas à danser _ Airs et ballets en France avant Lully« , CDs Alpha 905 : une merveille de vie (et de tout un « monde«  d’extrême beauté !) restituée ! _, respectons l’intransigeance _ parfaitement noble et gracieuse, tout à la fois ! pas « m’as-tu vue«  _ de son architecture, admirons la richesse des prestigieuses peintures de Le Sueur et de Le Brun. Écoutons-en, encore, tout le concert merveilleux des voix… Sur ces conditions-là d’« accueil« , par chacun (= personnellement), de la beauté, relire inlassablement le lumineux « L’Acte esthétique » de Baldine Saint-Girons ; tout particulièrement le récit de la « rencontre-découverte«  avec la ville de Syracuse, en compagnie de deux amis, au chapitre premier, si je puis me permettre ce conseil un peu précis …

Hélas ! le projet de « réhabilitation » manifeste l’intention de construire un parking sans se soucier _ bien effectivement, pourtant ; on ne peut plus élémentairement pragmatiquement ! _ des bouleversements des sols et du dommage causé _ ainsi, si ce projet venait à se réaliser _ aux substructions intouchées depuis 1640.

Lord Byron, Ruskin, Wagner, Proust, tous amoureux de Venise, ont-ils jamais exigé _ mais étaient-ils, eux, il est vrai, somme  toute, assez fortunés, pour l’obtenir ?!.. ils n’y étaient, aussi, que de passage ; et ne prétendaient pas, par l’achat, à un droit de « propriété«  _ que leur carrosse et plus tard leur voiture pût accéder à l’intérieur des palais dans lesquels ils résidaient ? Quelle aberration d’exiger _ pour s’y « installer » et y « demeurer » un peu, en ce « cœur« , vibrant de vie, de Paris… _  l’intrusion d’un parking à l’intérieur de l’édifice, de construire trois ascenseurs, de soustraire des pièces _ les casser, les détruire ; les remplacer par autre chose de mieux adapté à leur présente « commodité« , ou « confort » de « résidents«  à demeure… _ d’une délicate harmonie au profit de salles de bains multiples, d’altérer la proportion de certains salons, de supprimer des manteaux de cheminées et des escaliers élégamment balancés _ la beauté, qui avait résisté au passage du temps : délicate « harmonie« , « proportion« , « élégance«  balancée, faisant brutalement les frais de pareilles « soustraction« , « altération« , « suppression« 

Ignore-t-on _ conseils d’experts aidant… _ que par la surenchère _ hyper-luxueuse _ d’aménagements superflus de salles de bains et par la transformation du chef-d’œuvre en hôtel de luxe, on expose dès lors l’édifice aux impératifs d’une technique qui impose _ technologiquement, bien sûr _ des passages de gaines de ventilation en tous sens, altérant _ gravement, grièvement même _ l’ensemble de la construction et menaçant, par l’ampleur de locaux sous le jardin suspendu, l’intégrité _ de viabilité « technique » élémentaire ! Et patatras !!! _ des fondations _ mêmes.

C’est ne pas entendre _ en tous ses sens ! _ les harmoniques _ au-delà de la strate première des mélodies _ de proportions savantes, c’est être aveugle au rayonnement _ en effet ! l’Art irradie et impulse ! _ qu’émettent _ oui ! toujours ! et encore ! _ les prestigieuses œuvres des peintres Le Sueur et Le Brun, auquel on doit la Galerie des glaces de Versailles ; c’est ne pas écouter ce dont les murs ont _ musicalement _ perçu les échos _ dont ils ont reçu, et perpétuent, jusqu’ici, une subtile imprégnation… Oui ! ces murs ont une âme _ voilà ! _, ces espaces sont investis _ poétiquement ! _ de ce dont ils ont été témoins _ et cela au profit de (plus prosaïques) glou-glous d’évacuation de bondes et tuyauteries de plusieurs salles de bains… Les Nymphes et Dryades (de la Seine) qui fréquentent encore le lieu vont déserter à jamais ce merveilleux rivage parisien…

Il est paradoxal de maltraiter ce qui est _ artisanalement _ authentique et de se soustraire au respect _ admiratif, avec combien d’émotion ! _ d’une œuvre prestigieuse dans le même temps qu’on s’affaire _ contrevenant à l’esprit même d’une époque _ à placer sur les façades des colifichets (pots à feu et autres pots à fleurs) dérisoires _ à l’ère, il est vrai, de la duplication effrénément dé-complexée (cf les parcs d’attraction touristiques de La Vegas, Macao, etc.., aux portillons desquels se bousculent, en foules, des chalands : sources de devises…)…

Qui peut être dupe de cette manière de nous donner _ sur le dossier, du moins _ le change en s’affairant maladroitement _ comme maniéristement (en kitch, seulement !) : à contresens même des fusées et bouillonnements délicats du classicisme naissant _ à l’inessentiel ? Mutiler salons et escaliers, rehausser le soubassement par un parapet qui alourdit sa proportion est une faute _ d’Art. Peindre des menuiseries en trompe-l’œil sur la façade, une mascarade _ ridicule : mais qui en rit à l’heure des révérences kitch ?.. Cf les « installations » _ « festives«  (ainsi que les énoncerait un Philippe Muray) _ à Versailles de Jeff Koons ; cf mon article du 12 septembre 2008 : « Decorum bluffant à Versailles : le miroir aux alouettes du bling-bling«  Et comment peut-on faire disparaître _ à jamais _ de vieux appareillages de pierre dont les assises disjointes témoignent de l’empirisme _ si savant _ des savoir-faire et du travail _ si délicat, alors… _ des maçons ?

Laissons _ donc _ à leur simplicité _ belle, pure _ de vieilles cheminées qui font bon ménage avec l’esprit _ oui _ du Grand Siècle et sont des marques touchantes _ pour les non insensibles, du moins _ de la vie quotidienne _ qui survit un peu ainsi ; cf le témoignage des « scènes de genre » d’alors… Comble de cynisme _ le mot est lâché ! _ : sous couvert de respect _ affiché seulement (et mensongèrement, davantage qu’illusoirement, probablement…), à l’heure de la débauche dévergondée et décomplexée (au pouvoir !) des faux-semblants en tous genres ! affichés ! _ du passé, on se propose de détruire d’authentiques lucarnes et leurs balcons en fer forgé pour leur substituer des succédanés dont la proportion maladroite brise le mouvement ascendant du motif d’entrée _ et voilà ! Ah, les belles âmes que sont les sectateurs d’une authenticité _ de façade seulement !!! _ au service de laquelle on sacrifie le vrai _ irremplaçable, lui _ à la mythologie _ idiote _ de la symétrie et de l’équilibre.

Niaiseries des « nigauds aux goûts appris » _ seulement ; et non, hélas, « compris«  _, persiflait Stendhal, désignant les contempteurs de la dissymétrie et de l’irrégularité de l’admirable place du Quirinal, à Rome _ en ses belles « Promenades dans Rome«  ; cf aussi, hélas, a contrario, le triste contresens (angevin seulement, de Saint-Florent-sur-Loire) de l’« Autour des sept collines«  de Julien Gracq, si insensible à l’idiosyncrasie de la beauté romaine : lui a « tourné autour«  sans jamais savoir y pénétrer si peu que ce soit (le texte original est à la librairie José Corti)…

Peut-on briser _ incisivement ! _ la carapace d’indifférence dont se revêt _ face aux manigances de certains puissants, aidés de la propagande bulldozer de la plupart des medias (au nom de « l’air du temps«  paré des plumes (de paon) de la « modernité«  : la « mode« ... cf le petit livre récent de Marie-José Mondzain : « La Mode«  _ la société ? A travers les mouvements d’indignation contre la mutilation de l’hôtel Lambert, on a l’espoir que oui. Nombreux sont _ encore _ ceux qui saisissent _ et ressentent _ qu’une œuvre est un maillon _ en effet ; et une pierre de touche… _ de la longue chaîne _ à la fois forte et fragile _ de la modernité qui parcourt les siècles, et qui ont foi _ plutôt qu’en le pouvoir (actuel) de leur argent _ en la vie _ tout aussi uniment fragile et forte ! _ de l’esprit _ et en la « civilisation«  Ils savent que, dans une époque d’intense activité éthique et esthétique _ mais où se situe sur ce terrain-là, la nôtre, d’« époque » ?.. _, les créateurs refusent de n’être que les hommes du présent _ à courte vue _, et s’adressent à ceux qui vivront le futur _ il est vrai qu’à d’autres époques on s’est mis à bâtir à beaucoup plus « courte vue« , donc ; pour le « rapport«  (financier) le plus rapide, voire immédiat, possible ; sans souci du « durable » ; ni, a fortiori, de l’« éternel » : l’« inhumanité« , à commencer par architecturale (en dur, mais promise, forcément, à rapide, aussi, obsolescence !), débutant-là son expansion… Et maintenant prolifèrent les investissements « spéculatifs«  (« après nous, le déluge !« ) des fonds de pension…

Si ce bâtiment _ l’Hôtel Lambert, de Louis Le Vau, donc _ est grand _ oui _, c’est parce qu’il est le point d’orgue _ un concept musical, encore, qui implique un souci de l’« ensemble«  ; et de l’altérité : à « intégrer » avec souplesse et délicatesse ; tout un art, en effet !.. _ d’un ensemble _ urbain et urbanistique _ qui s’appelle l’île Saint-Louis. Comme être singulier _ certes ; et même qui « impressionne » !.. _, il _ le bâtiment, la bâtisse _ n’en fait pas moins partie d’un tout _ en effet : à l’heure de l’individualisme débridé ! _, tant il a d’affinités avec des proximités _ l’ïle Saint-Louis tout entière ! _ qu’il emporte _ oui ! _ dans son élan _ splendide ! en effet : voilà ce qu’apporte(nt), à la lecture, le regard et l’écriture, en relais, superbes, d’un Henri Gaudin !.. Avec quelle grâce il se greffe _ à « se fondre« , préciserait Henri Bergson, en son « Essai sur les données immédiates de la conscience«  _ au quai d’Anjou ! Cet édifice met en branle _ il « inspire » l’« Homo spectator«  (et son « Acte esthétique » !..) par sa superbe « respiration » même… _ l’imagination, et nous porte _ nous, « promeneurs«  ou « visiteurs«  « flâneurs«  (un peu mieux que « touristes«  : « consommant« , surtout, ou de plus en plus, à la va-vite, des « clichés » ; et du « simili« -vrai, proposé à très rapide « identification«  : à la louche ; selon la politique à grande échelle mondialisée des « tour-operators« …) ; d’une cité telle que Paris _ à l’essentiel _ voilà : la beauté, la vérité, la justice _ par sa qualité de trait, sa qualité de tension _ oui : c’est un rythme ! _, sa façon d’avoir créé un avenir _ de goût sublime. Ne nous leurrons pas ! Et donc ne laissons pas détruire cela… Qui est sans prix ! S’en rend-on assez compte en hauts-lieux (« de pouvoirs« ) ?.. Ou quand toutes les villes du monde finissent par se ressembler…

Sur le devenir des villes du monde, je renvoie au passionnant « Mégapolis _ les derniers pas du flâneur » de Régine Robin ; et à mon article du 16 février 2009 sur ce très riche travail : « Aimer les villes-monstres (New-York, Los Angeles, Tokyo, Buenos Aires, Londres); ou vers la fin de la flânerie, selon Régine Robin« 

Musil _ hyper-lucide lui aussi ; cf le beau livre de Jacques Bouveresse (sur son œuvre) : « La Voix de l’âme et les chemins de l’esprit : dix études sur Robert Musil«  : Musil (1888-1942), un contemporain capital, décidément… _ nous invite _ en un essai (majeur !) de 1922 intitulé « L’Europe désemparée, ou petit voyage du coq à l’âne« … _ à voir clair : « Jamais plus _ redoute-t-il _ une idéologie unitaire, une « culture » _ vraie ; pas de l’ordre de ce que Michel Deguy qualifie de « le culturel«  ; cf mon article précédent : « la situation de l’artiste vrai en colère devant le marchandising du “culturel” : la poétique de Michel Deguy portée à la pleine lumière par Martin Rueff«  _ ne viendront d’elles-mêmes dans notre société blanche… » C’est pour cette raison qu’on peut être _ à très juste titre ! _ fasciné par l’intensité créatrice _ admirable concept ; et percept ! _ de l’admirable édifice de Le Vau, et que ce n’est pas _ en droit ! _ à lui _ l’édifice de Louis Le Vau _ de se conformer à nos usages, mais à nous _ et qui que nous soyons ! _ de savoir vivre selon _ »vivre selon«  : ou la question de l‘ »ordre » des valeurs ; doublée de celle de ce qui vient les « fonder«  « vraiment«  ! loin du bling-bling ou des commodités _ de fait, lui et elles _ du tout-venant : salles-de-bains, parking, etc… On peut certes se loger (et « parquer«  !..) ailleurs à Paris que Quai d’Anjou… _ ce qu’il émet _ toujours : « a thing of beauty«  ! « a joy for ever« , disait Keats… _ d’échos harmonieux _ musaïques ; Michel Deguy, tout comme Martin Rueff, ont cette musaïque (et musicale ; poétique) oreille _ cf mon précédent article du 24 décembre… Cela doit-il ne concerner que quelques happy few, seuls « demeurés« , et pour combien de temps, vraiment « humains«  ? Cf ici le « Humain, inhumain, trop humain«  de l’ami Yves Michaud…

Former l’aisthesis est, par là, un « enjeu » (éducatif « civilisationnel«  !) à la fois général et singulier

_ cf aussi, du très attentif Jacques Bouveresse, et encore sur l’hyper-sensible Musil, le plus que très judicieux « Robert Musil _ l’homme probable, le hasard, la moyenne et l’escargot de l’Histoire«  : à propos de l’importance et limites (!) des comptes statistiques !.. Et eu égard à ce que Walter Benjamin nomme « la destruction _ générale et singulière, donc ! _ de l’expérience«  ;

et que reprend, en (tout) son œuvre, Giorgio Agamben ; et ce, dès son tout premier livre, au sous-titre parlant ! : « Enfance et Histoire _ Destruction de l’expérience et origine de l’Histoire«  ;

ainsi que le fait remarquer Georges Didi-Huberman à la page 61 de son tout récent « Survivance des lucioles« , paru le 8 octobre dernier : pour en contester le diagnostic, il est vrai ; et y répliquer… :

« les lucioles n’ont disparu qu’à la vue de ceux qui ne sont plus à la bonne place pour les voir émettre leurs signes lumineux«  ; et il poursuit, présentant l’objectif même de son livre : « on tente de suivre la leçon de Walter Benjamin, pour qui déclin n’est pas disparition. Il faut « organiser le pessimisme », disait Benjamin«  ; « et les images _ pour peu qu’elles soient rigoureusement et modestement pensées _ ouvrent l’espace pour une telle résistance« , propose donc en son ouvrage Georges Didi-Huberman…

Cf aussi mon article du 14 avril 2009 à propos du livre précédent de Georges Didi-Huberman « Quand les images prennent position«  : « L’apprendre à lire les images de Bertolt Brecht, selon Georges Didi-Huberman : un art du décalage (dé-montage-et-re-montage) avec les appoints forts et de la mémoire activée, et de la puissance d’imaginer« .

Fin de l’incise à propos de Musil et de Benjamin : on mesure les enjeux de ce débat de « civilisation«  !.. _

former l’aisthesis est, par là, un « enjeu » (éducatif « civilisationnel«  !) à la fois général et singulier

on ne peut plus « prioritaire«  (cf aussi le très important « Le Partage du sensible«  de Jacques Rancière) « de civilisation« , à cette heure de croisée des chemins ; face aux nouveaux barbares (du bling-bling et du fric : qui se croient tout permis ; faute de moins en moins de contre-pouvoirs ; ou d« autorités«  qui aient le courage de leur « faire face«  ; à commencer « leur signifier leur fait«  !!!) ; sur le terrain même de la hiérarchie des valeurs !..

Cf aussi là-dessus, encore, l’urgentissime « Prendre soin _ De la jeunesse et des générations« , du lucidissime, également, Bernard Stiegler…

J’ai entendu, dans la consternation, que les défenseurs de l’intégrité d’un fleuron de notre culture étaient des xénophobes _ eu égard à la nationalité (quatarie…) des propriétaires du lieu. Je m’insurge ! Le sont _ « xénophobes » !.. _ ceux qui menacent l’intégrité d’un patrimoine _ et son « identité« ‘, cher sourcilleux Éric Besson (expulseur d’Afghans pauvres et hyper-démunis, eux, en avion direct pour Kaboul…) ! _ ; ceux qui ruinent les inventions de vivre _ encore une superbe expression ! en ce splendide article ! _ des Asiatiques, des Amérindiens, de l’islam, et participent à la destruction des cultures qui font monde _ « faire monde » : un enjeu essentiel face à la dés-humanisation ! galopante ; et l’« im-monde« 

Où l’on reconnaîtra que les premiers destructeurs c’est nous : à Pékin, à Shanghaï, en Europe et ailleurs. »


Architecte…

 

 Henri Gaudin

Une intervention décisive salutaire d’un artiste qui fait autorité ; là où prétendent dominer les postures _ vaines ! _ des imposteurs (friqués) !

Un blog peut (ou doit) se faire l’écho de tels émois (esthétiques et artistiques, les deux indissolublement conjoints !)

qui ne se résignent pas à ce qu’on est en train de défaire, pierre à pierre, de ce qui « faisait notre monde« 

en sa plus belle « humanité« …

En amoureux du classicisme baroquisant, j’y fais donc, modestement, de ma place toute provinciale, « écho« …

Titus Curiosus, ce 26 décembre 2009

L’acuité philosophique d’Yves Michaud sur de vils mésusages du mot « mérite » : la lanterne du philosophe versus le trouble cynique des baudruches idéologiques

10oct

Mardi 13 octobre prochain, à 18 heures, Yves Michaud sera présent dans les salons Albert-Mollat pour présenter au public bordelais son lucidissime « Qu’est-ce que le mérite ?« , qui vient de paraître aux Éditions Bourin…

La « quatrième de couverture«  de ce brillant petit livre de 300 pages annonce la couleur _ ou la teneur générale _ de l’ouvrage :


« Le mérite, le travail, l’effort ont fait retour dans le discours politique et dans l’opinion.

Il faut mériter son salaire ou sa promotion ; les rémunérations doivent être fixées au mérite ; et l’on promet aux élèves méritants des décorations sur le modèle des croix d’honneur du passé.

Mais ce retour _ dans le discours politique et l’opinion _ est bizarre _ remarque, et c’est le point de départ de son enquête de « démasquage«  _ Yves Michaud : « démasquage«  du cynisme de l’idéologie, inversement proportionnel, lui, à la dose de naïveté !..

Non seulement il se produit au milieu de revendications égalitaires toujours fortes _ parmi les citoyens des États de régime « démocratique«  tout au moins ; mais la démocratie est bien en (assez) sévère « crise« , semble-t-il ; dont participe, encore, cette même idéologie _,

mais c’est aussi un drôle de mérite _ nous y voilà ! _ qui revient _ après quelques années de mise en « sommeil«  au magasin des accessoires usagés, dépareillés…

Pas question _ cette fois « moderne« -ci ! ah ! la « modernité«  ! face à la ringardise, elle a « figure«  bien avenante !.. :

bien des « figures«  se sont mises en place, en effet, dans le monde au moment (seconde moitié, louis-quatorzième, du XVIIème siècle : la France allait donner alors, et pour un moment, le ton en Europe, juste avant l’heure, le siècle suivant, de l’Angleterre marchande… ; cf le « Tirez les premiers, Messieurs les Anglais…« , à Fontenoy ; en 1745…) ;

au moment de la « Querelle des Anciens et des Modernes » : et ce sont les Modernes qui ne vont pas tarder à l’emporter au siècle suivant, dit, lui, « des Lumières«  _


Pas question, donc, de valeur morale, d’accomplissements humains, de bonnes actions _ d’« œuvres« _, de vertu _ comme cela avait été le cas au Moyen-Age théologique et au XVIIème siècle aristocratique.

On parle _ en ces discours tenus par tout un chacun, ou presque, et (largement) amplifiés (surtout) par les médias : ils ont fonction, ceux-là, entre « fait«  et « droit » (il y a de l’espace, où « pousser » quelques « coins » (d’« avantages« ), tant qu’on y est…), de « légitimation«  : c’est là la fonction (bien pragmatique !) de l’« idéologie«  _


on parle
, donc, de travail, d’efforts _ et surtout de rémunérations _ ce sont elles qu’il s’agit en effet de « justifier » (dans l’opinion) comme on ne peut plus « normales » :

là-dessus, lire les si remarquables articles de Paul Krugman, dans le New-York Times (et repris dans El Pais, en espagnol) :

j’y ai consacré cet automne quelques uns de mes propres articles, sur ce blog, au moment des élections américaines, et des espoirs suscités par l’élection de Barack Obama :

« avis d’expert« , le 8 octobre 2008 ;

« de la crise ; et du « naufrage intellectuel » à l’ère de la « rapacité »« , toujours ce 8 octobre ;

et « sur le réel et le sérieux« , le 8 novembre 2008… _

Le mérite semble _ la nuance, le doute, sinon la (re-)mise en cause, est d’importance !.. _ une sorte _ un dangereux « simili«  ! rien qu’une une contrefaçon !.. _ de droit

_ à faire reconnaître (et avaliser !) dans les mœurs (et des lois !) : par élections (démocratiques) tout particulièrement ! et en priorité ! Vox populi = vox Dei !!!

Grâce, tout particulièrement, à la très bienvenue « légalisation«  de « lois«  on ne peut plus effectives votées alors par la (on ne peut plus « légale« ) « majorité parlementaire«  :

cf, par exemple, l’éclairage presque aveuglant (!) de la situation actuelle, ces jours-ci,

après le rejet du « Lodo Alfano«  (cf cet article-ci de La Repubblica « La Consulta: lodo Alfano illegittimo« , le 7 octobre),

de l’Italie de Berlusconi… _

Le mérite semble _ bien dangereusement hélas pour le droit ! que devient-il entre les tripatouillages de ces faiseurs de lois ?! _ une sorte de droit à

récompense financière _ en tout cas quelque chose qui doit _ très (et rien que) pragmatiquement ! _ payer. » Yves Michaud.

C’est pour comprendre le sens réel _ = véritable : à rebours des paillettes aveuglantes (et régnantes de fait !) de l’idéologie ! _ du mot « mérite »,

ce qu’il cache et ce qu’il révèle _ voilà le passionnant résultat de ce très incisif travail d’élucidation d’Yves Michaud en ce « Qu’est-ce que le mérite ?«  _,

qu’Yves Michaud a écrit ce texte,

réflexion profonde

_ en effet ; entre autres grâce au très nourricier apport de ses tenants

(autant les références théologiques premières : saint Augustin, saint Thomas d’Aquin, saint Ignace de Loyola, le cardinal Bellarmin ; et aussi Luther et Calvin ;

que l’œuvre des moralistes classiques : La Rochefoucauld, La Bruyère)

et aboutissants

(le passionnant travail d’élucidation des philosophes contemporains, notamment, ou au tout premier chef, anglo-saxons : à commencer par John Rawls ; et, surtout, le prix Nobel d’Économie 1998, Amartya Sen, auquel sont consacrées de très judicieuses pages ;

mais bien d’autres aussi : Anthony Giddens, Harry G. Frankfurt, Peter Frederick Strawson, Bernard Williams, Michaël Walzer, Marc Fleurbaey, Alan Dworkin, Albert Hirschman, Judith N. Shklar, Thomas Nagel, Robert Nozick, Susan Hurley, Brian Barry, Gary S. Becker) !.. _

sur quelques aspects essentiels autant qu’étranges de la société contemporaine : primes, vanités, people, VIP, Rolex…« 

En une brève « Note sur les références«  (sous-titrée « Good bye Saint Thomas ?« ), Yves Michaud remarque en ouverture de son travail (pages 11 et 12 de son livre), l’absence du concept de « mérite«  dans la plupart des « Dictionnaires«  (tel, par exemple, celui de Monique Canto, en 1996 : « Dictionnaire d’éthique et de philosophie morale« …) et « Vocabulaires«  (tel, par exemple, celui de Barbara Cassin, en 2004 : « Vocabulaire européen des philosophies« ) philosophiques ; ou de théologie (tel, par exemple, celui de Jean-Yves Lacoste, en 1998 : « Dictionnaire critique de théologie« )…

La bibliographie de départ d’Yves Michaud concerne donc, malheureusement, le seul « monde anglo-américain«  : « What Do We Deserve ? : A Reader on Justice and Desert« , de L. P. Pojman et O. McLeod (OUP 1998) et « Equality, Selected Readings« , du même L. P. Pojman, avec R. Westmoreland (OUP 1997)…


Yves Michaud ajoutant, page 12 :

« L’entrée « Desert » du « Stanford Encyclopedia of Philosophy«  sur le web htttp://plato. stanford.edu/entries/desert/ rédigée  par O. McLeod en 2008, donne une bibliographie assez riche en langue anglaise qui permettra à ceux qui le souhaitent d’aller plus loin« .

Dont acte (et merci ! pour les plus curieux)…

En passant en revue, ce matin, la presse nationale et internationale, sur le Net,

je tombe sur ceci, qui retient mon attention :

« Il n’y a pas si longtemps encore _ un passé qui, quatre-vingts ans plus tard, semble, décidément, s’être éloigné de plus en plus vite _,

un homme digne d’admiration _ voilà ! la « dignité de » en lieu et place du « mérite à » !.. _ était

un être dont le courage est un courage moral _ et pas seulement une entreprise pragmatique _,

la force une force de conviction _ effective : à rebours des seules persuasion et croyance… _,

la fermeté celle du cœur et de la vertu _ vraie :

les pages d’Yves Michaud sur les « fondements » de la vertu, parmi la foule des déterminations génétiques, ainsi que le « jeu«  social (et le renouveau actuel de la vogue des « jeux« ), sont passionnantes ; cf sa référence au livre de Ted Honderich « Êtes-vous libre ? Le problème du déterminisme« … _ ;

un être qui juge la rapidité _ celle, tout au moins, qui confond vitesse et précipitation ! _ puérile,

les feintes illicites _ = indignes _,

la mobilité et l’élan _ de simple « agitation« , ici : tout le contraire du véritable « élan«  !.. _ contraires à la dignité _ un concept fondamental, décidément, assez malmené par les temps qui courent…

Cet être, il est vrai, a fini par ne plus subsister _ tel un « vestige«  pas encore tout à fait biologiquement mort : c’était dans les décennies vingt et trente du siècle passé ; et en ce qui demeurait, dans la vieille Europe centrale, de la « kakanie«  _ que

dans le corps enseignant secondaire

et dans toute espèce de déclarations purement littéraires _ telle celle, « déclaration » (le terme est bien intéressant ! ) de Musil lui-même _ ;

c’était devenu un fantôme idéologique _ par un retournement de concept, cependant ! nous allons pouvoir le constater… ;

à moins que le « fantôme«  n’insiste à venir hanter quelques dernières mauvaises consciences ;

et ne « résiste«  ; au moins sur ce mode « d’idées« -là !.. :

sont-elles aisément tuables ? anéantissables ?..  _ ;

et la vie a dû se trouver un nouveau type de virilité » _ et de « mérite » ?.. : plus « modernes«  !!! _,

peut-on lire au très lucide, aussi, chapitre 13 de « L’Homme sans qualités » de Robert Musil,

quand le personnage d’Ulrich, qui n’en finissait pas de douter de la valeur (effective) de ses travaux scientifiques, lit quelque part ces mots : « Un cheval de course génial » :

soit un véritable coup de massue pour lui ;

comme la confirmation qu’il est décidément « un homme sans qualités« …

En cette œuvre majeure _ « L’Homme sans qualités« … _ de notre modernité (si largement kakanienne !), fruit d’une entreprise de plus de vingt ans, des années 20 du siècle passé, et interrompue à la mort brutale de Musil, en avril 1942...

J’emprunte ici cette « réflexion«  à un article suggestif de Frank Nouchi, « Le temps des « fantômes idéologiques »« , dans Le Monde en date pour l’édition papier de ce samedi 10 octobre 2009…


Que cette petite « réflexion » musilienne

_ suggérée à Franck Nouchi par l’éditrice Viviane Hamy lisant le portrait du cheval « Sea The Stars« , le crack des cracks, « né pour gagner«  écrit par Christophe Donner dans Le Monde du 7 octobre _

donne un peu à penser,

en attendant la conférence d’Yves Michaud mardi prochain, à 18 heures, dans les salons Albert-Mollat, à propos de ce brillant et tellement judicieux « Qu’est-ce que le mérite ?« ,

conférence dont j’aurai le plaisir, et l’honneur, d’assurer la fonction de modérateur…


Titus Curiosus, ce samedi 10 octobre 2009


Post-scriptum :


On pourra compléter la lecture de « Qu’est-ce que le mérite ?« 

par l’article de contribution d’Yves Michaud au n° 33 de « Philosophie Magazine«  (consacré, ce mois d’octobre-ci) au « Scandale de l’inégalité« ), aux pages 54-55 et 58-59 :

« Il faut penser l’égalité en termes de réalisation de soi«  ;

« discutant les travaux de John Rawls _ précise le sous-titre de l’article _, et, surtout, s’appuyant sur ceux d’Amartya Sen, Yves Michaud nous invite à dépasser une vision strictement économique de l’inégalité » ;

car « on oublie la liberté, la dignité, le respect de soi« …


C’est le _ très judicieux ! _ concept senyen de « capabilité » que met tout particulièrement ici en exergue Yves Michaud :

en invitant à « redonner toute sa complexité à l’idée de réalisation de soi, en comprenant que « les hommes sont divers de diverses manières », comme le dit Sen. Si vous voulez être riche comme Séguéla et avoir des Rolex, c’est un idéal qui se défend _ hum ! l’argument est, en partie du moins, assez « rhétorique«  : la « liberté«  de tels projets (de tels enrichissements) pouvant faire aussi pas mal d’ombre à d’autres (qui ne cherchent pourtant même pas à s’enrichir…)… Si vous voulez mener une vie retirée et dédiée à l’étude, c’est aussi un choix existentiel qui se défend _ portant un peu moins d’ombres à d’autres, celui-là de « choix existentiel«  Dans un cas, vous risquez d’avoir quelques problèmes de santé _ à partir du stress, peut-être… _, mais une belle Rolex. Dans l’autre, d’être un peu plus heureux et équilibré, mais plus pauvre et moins connu.

Et la tâche d’une anthropologie avancée est de tenir compte de cette complexité.

La science économique met d’ailleurs au point aujourd’hui des instruments mesurant _ ah ! la mesure ! et son « empire » ; pour ne pas dire son « impérialisme«  ; avant même Galilée, Descartes, Adam Smith… _ assez bien les inégalités de bonheur, de risque, de qualité de vie _ je pense, en France, aux travaux de Serge-Christophe Kolm _ presque toutes les publications de celui-ci sont en anglais, sauf « Bonheur Liberté, Bouddhisme profond et Modernité«  paru en 1982 aux PUF… _ ou Marc Fleurbaey » _ auteur de « Théories économiques de la justice« , aux Éditions Economica, en 1996, et « Capitalisme ou démocratie ? L’alternative du XXIème siècle« , aux Éditions Grasset, en 2006 :

peut-on ainsi lire à la page 58 du numéro 33 d’octobre 2009 de « Philosophie Magazine« 


Et le tout dernier chapitre (pages 249 à 272) de « Qu’est-ce que le mérite ? » porte précisément pour titre « Mérite et sociabilité » ;

tandis que la « conclusion«  (pages 273 à 280) s’intitule « Le Mérite et la vertu » ;

avec ces tout derniers mots, page 280 :

« Si les vertus pouvaient revivre

_ vraiment : peut-être comme au temps de la théologie, ou à celui de l’aristocratie ;

voire à celui de la « kakanie » dont se souvenait Musil ; et dont ne demeuraient plus, depuis 1919, que de « fantomatiques » vestiges dans quelques figures du « corps enseignant secondaire ; et dans toute espèce de déclarations purement littéraires« … _,

nous pourrions effectivement nous passer du mérite.

Nous n’aurions rien à _ devoir, et assez péniblement… _ mesurer.

En l’état des choses, j’ai bien peur qu’il nous faille nous en tenir à de pauvres mesures _ toujours fort approximatives !..

Encore heureux si, comme j’ai essayé de le faire comprendre, nous mesurons… leur pauvreté » : oui !..

un peu plus modestement, en quelque sorte…

Sur la recollection dérangeante du « dossier » « Fumée humaine » : la contribution littéraire de Nicholson Baker à la curiosité historique sur la seconde guerre mondiale

25juin

Avant de me mettre à lire « Human smoke« 

que m’a chaleureusement recommandé dès sa parution, le 14 mai 2009, le toujours d’excellent conseil David Vincent,

voici, sur cet opus, un petit dossier d’articles mettant « l’eau à la bouche« …

En commençant, comme souvent, par un article d' »El Pais« , le 22 juin :

 « El mal estaba en todas partes« 


Nicholson Baker muestra en « Humo humano« 
_ qui vient de paraître aussi en traduction française (par les soins d’Éric Chedaille) aux Éditions Christian Bourgois le 14 mai dernier : le titre originel, « Human smoke« , a été conservé… _ cómo la pulsión destructiva de la II Guerra Mundial no era sólo de un bando _ El autor rinde homenaje al pacifismo

JOSÉ MARÍA RIDAO _ Madrid _ 22/06/2009

Desde que, con motivo de la conmemoración del medio siglo del final de la II Guerra Mundial, la investigación historiográfica empezó a confundirse con el denominado « trabajo de memoria« , la idea de que el conflicto más devastador de todos los tiempos revestía los caracteres de una lucha escatológica, de un combate contra el Mal Absoluto, ha ido ganando terreno. Poco a poco, la indagación sobre los procesos políticos, diplomáticos y económicos que condujeron a la guerra se fue abandonando en favor de una reflexión de otra naturaleza, a medio camino entre la filosofía y la teología, y en la que lo más relevante es responder a la pregunta de por qué el ser humano fue capaz de tantas atrocidades como tuvieron lugar entre 1939 y 1945. Podría tratarse, sin duda, de una reflexión interesante, incluso necesaria, pero a condición de que no parta del equívoco que Nicholson Baker denuncia en su ensayo _ sic ! _ « Humo humano« , que acaba de publicar en España Debate _ et en France les Éditions Christian Bourgois _ : ese genérico ser humano que se libró a la destrucción y el asesinato en masa no se encontraba únicamente en las filas del nazismo, sino también, en mayor o menor medida, en cada uno _ voilà... _ de los bandos enfrentados.

Churchill: « Estoy a favor de emplear gas tóxico contra tribus incivilizadas »

El abogado Roosevelt propuso reducir el número de judíos en la Universidad

El propósito declarado de Baker es saber si la II Guerra Mundial fue una « guerra buena » _ une « guerre juste« , disons-nous… _ y si, hechos todos los balances, « ayudó a alguien que necesitara ayuda« . Tal vez la sensación de que, al emprender esta tarea, se vería obligado a nadar a contracorriente de un relato historiográfico que consagra a Churchill y a Roosevelt como héroes haya llevado a Baker a plantear su obra, no como un volumen de historia al uso, sino como un texto coral _ polyphonique _ en el que son los protagonistas quienes toman la palabra. El autor, por su parte, se ha limitado a seleccionar _ en un dossier purement historiographique + un montage _ las declaraciones, los artículos de prensa, las cartas o los diarios en los que los protagonistas se expresan en primera persona, añadiendo de vez en cuando breves comentarios sobre el contexto y, siempre, la fecha de los documentos _ cf mon article du 14 avril 2009 sur le livre de Georges Didi Huberman, « Quand les images prennent position _ LŒil de l’Histoire 1« , à propos de l’extraordinaire (et trop méconnu encore !!!) montage de documents photographiques, principalement, par Brecht en son livre « L’ABC de la Guerre » : « L’apprendre à lire les images de Bertolt Brecht, selon Georges Didi-Huberman : un art du décalage (dé-montage-et-re-montage) avec les appoints forts et de la mémoire activée, et de la puissance d’imaginer«  El resultado es perturbador, como si, de pronto, hubieran sido convocados a escena todos los silencios _ oui ! cf sur ces silences, aussi, le plus que passionnant livre à paraître à la rentrée de Yannick Haenel, à propos du livre magnifique de Jan Karski : « Mon témoignage devant le monde (histoire d’un secret) » : « Jan Karski » !.. _, todos los equívocos imprescindibles para que la historia de la II Guerra Mundial se pueda seguir contando como hasta ahora.

Baker no expone una tesis, la ilustra _ par sa seule récollection (+ montage) de documents authentiques. Y para ello concentra la mirada _ le principal est dans la focalisation _ sobre dos de los dramas mayores del conflicto : el sistemático bombardeo de poblaciones civiles y las iniciativas, o mejor, la absoluta ausencia de iniciativas oficiales, para salvar a los judíos perseguidos por el nazismo. En realidad, la posición de Baker, la tesis que se propone ilustrar en « Humo humano« , sólo queda fijada en la dedicatoria con la que concluye un breve epílogo de apenas dos páginas : « Dedico este libro« , escribe Baker, « a la memoria de Clarence Pickett y otros pacifistas estadounidenses y británicos. Jamás han recibido realmente el reconocimiento que se merecen. Intentaron salvar refugiados judíos, alimentar a Europa, reconciliar a Estados Unidos y Japón e impedir que estallara la guerra _ cela, c’est sans doute une autre Histoire… Fracasaron, pero tenían razón« .

« Humo humano » establece un implícito paralelismo entre la guerra total que inspira la estrategia de todos los contendientes en la II Guerra Mundial y los ataques aéreos en los territorios coloniales. Es entonces cuando aparecen por primera vez protagonistas como el futuro jefe del Bombing Command, Arthur Harris, y el también futuro primer ministro británico, Winston Churchill. « Estoy decididamente a favor de emplear gas tóxico« , escribe Churchill al jefe de la Royal Air Force, « contra tribus incivilizadas« . La confianza del primer ministro en la eficacia del bombardeo contra civiles, aunque ya no con gas tóxico, que había sido prohibido, se mantiene intacta al iniciarse la II Guerra Mundial, sólo que ahora Churchill pretende que la lluvia de fuego que descarga sobre las ciudades de Alemania transmitan el mensaje de que los alemanes deben rebelarse contra Hitler. Con el implícito y aterrador corolario de que, si no lo hacen, se convierten en cómplices del dictador.

Los textos que reproduce Baker recuerdan que el antisemitismo no fue sólo un sentimiento alimentado por el nazismo, sino un clima general _ là-dessus, lire de Georges Bensoussan : « Europe, une passion génocidaire« , aux Éditions Mille et une nuits, en 2006… Cuando aún era un simple abogado, el futuro presidente Roosevelt se dirigió a la Junta de Supervisores de Harvard proponiendo que se redujera el número de judíos en la Universidad hasta que sólo representaran un 15%. Y Churchill, entretanto, publicaba en febrero de 1920 un artículo de prensa en el que decía que judíos « desleales » como Marx, Trotski, Béla Kun, Rosa Luxemburgo y Emma Goldman habían desarrollado « una conspiración mundial para el derrocamiento de la civilización« . Creía, sin duda, en la existencia de « judíos leales« , a quienes exigía en ese mismo artículo que vindicasen « el honor del nombre de judío« , pero la obsesión antibolchevique le jugó la mala pasada de elogiar, también en la prensa, a Mussolini, de quien se declaró « encantado por el porte amable y sencillo » y « por su actitud serena e imparcial« . E incluso a Hitler, de quien, dejándose influir por los comentarios de los que lo conocían, estima que era « un funcionario harto competente, sereno y bien informado de porte agradable y sonrisa encantadora« . En contraposición, Trotski « era un judío. Seguía siendo un judío. Era imposible no tener en cuenta este detalle« .

Es probable que quienes defienden la interpretación de la II Guerra Mundial como una « guerra buena« , como una lucha escatológica contra el Mal Absoluto, reprochen a Baker la selección de los textos que ha incluido en su provocador « Humo humano » . Pero, aun así, esos textos seguirán estando donde están, y obligan, cuando menos, a repensar _ oui ! _ la relación entre la historia y el tan traído y llevado « trabajo de memoria« .

JOSÉ MARÍA RIDAO

A l’inverse de cet éloge,

voici, maintenant, une « critique » de « Human smoke » par l’excellent Philippe Lançon, dans le cahier « Livres » du « Libération » de ce jeudi 25 juin,

en un article intitulé « Updike dans la peau« 

en « contrepoint » à un éloge, il est vrai, d’un (vieil) hommage d’il y a maintenant vingt ans, à ce maître d’écriture que fut pour lui John Updike,

« Updike et moi« ,

de ce même Nicholson Baker à John Updike, donc _ lequel vient de disparaître le 27 janvier 2009 _,

mais un Nicholson Baker plus jeune, lui aussi (forcément !) de vingt ans (il avait trente deux ans en 1989) :

en effet, cet « Updike et moi » fut écrit en 1989-90 ;

et s’il a paru aux États-Unis en 1991, et fut traduit assez tôt, ensuite, en français (par Martin Winckler),

l’éditeur Julliard renonça cependant alors à le publier ;

ce livre devant surtout, ou du moins d’abord, sa parution actuelle, dix-huit ans plus tard, en traduction française (aux Éditions Christian Bourgois)

d’abord, et hélas, à l’événement du décès de John Updike, le 27 janvier dernier.

Le jeune Nicholson Bake, né le 7 janvier 1957, avait, en 1989, trente-deux ans …

Voici ce que dit Philippe Lançon, donc, de ce « Human smoke » :

Ecot. Le nouveau livre de Baker, « Human smoke« , est surprenant mais moins intéressant _ que « Updike et moi« , pour Philippe Lançon… C’est une elliptique et édifiante anthologie parfaitement écrite, et une performance : 500 pages de faits et déclarations réels, inventoriés puis miniaturisés sans commentaire, à la manière des « Crimes exemplaires » de Max Aub, qui permettent de suivre, de 1917 à 1941, non pas seulement la remontée vers la guerre, mais le spectacle du goût des Etats pour le crime et la guerre. Baker cherche à montrer, par ses microrécits, que tout se tenait : les méchants hitlériens et les vilains staliniens sont aussi les produits d’une enchère dans laquelle les démocraties ont versé leur écot. Il n’a pas tort, mais on ne peut pas dire qu’on l’ignorait, et la démonstration, bien que composée avec le sens du contraste et de la progression, tourne à l’amas d’anecdotes _ j’en jugerai en le lisant… Ses sources sont citées, page par page, en particulier les journaux de l’époque. On y verra que, si la presse attisa bien des passions tristes, elle fit d’abord son travail : de l’anticolonialisme, de l’antisémitisme et des expériences meurtrières les plus imaginatives, tout fut aussitôt dit, écrit et relaté. Mais le monde ne voulait, simplement, pas le savoir _ c’est un point certes dirimant!

Dont acte.

Quant au début de l’article, consacré à « Updike et moi« ,

c’est un bijou d’article ! Qu’on en juge aussi :

« Updike dans la peau »

Critique

Mélange. Un hommage de Nicholson Baker à l’auteur de «Rabbit».

Par PHILIPPE LANÇON

Nicholson Baker : « Updike et moi«  Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Martin Winckler Christian Bourgois, 194 pp., 17 euros.

« Human smoke«   Traduit par Éric Chedaille Christian Bourgois, 574 pp, 26 euros.

Quiconque est intéressé par la vie d’un écrivain _ oui ! _ plutôt que par sa biographie lira avec plaisir « Updike et moi« . Il découvrira quels liens, d’admiration et de jalousie, de gratitude et de complexes, peuvent unir un auteur _ lecteur _ aux aînés (vivants ou pas) qui l’ont justifié. Parce que c’était eux, parce que c’était moi _ en leur singularité se révélant dans l’œuvre ouverte d’écriture.

A l’été 1989, Nicholson Baker apprend la mort de l’écrivain Donald Barthelme (1). Il a suivi ses cours à Berkeley, l’admire, se sent incapable d’écrire le moindre texte sur lui. Un écrivain mort peut en cacher un autre, qui ne l’est pas forcément : réfléchissant sur cet exercice à perspective faussée qu’est l’hommage nécrologique, il se souvient de celui que John Updike publia sur Nabokov (un écrivain que Baker aime également par-dessus tout _ et si je puis m’insérer modestement en cette « chaîne«  d’admirations, à mon tour…). Ainsi en vient-il à écrire, de digression en digression, la manière dont Updike, cet «ami imaginaire», vit en lui _ et « travaille » ainsi sa propre écriture. Il parle de son idée au rédacteur en chef d’une revue. On lui répond que le résultat pourrait aussi bien être excellent que «tout à fait sinistre».

Le livre est publié aux Etats-Unis en 1991. Baker est un jeune romancier _ de trente quatre ans, maintenant _, auteur de nouvelles et de « la Mezzanine » _ à découvrir, pour qui ne l’a pas encore fait… Updike a encore dix-huit ans à vivre : on ignore si et comment il a réagi. Martin Winckler, l’auteur de « la Maladie de Sachs« , amateur de George Perec et de séries télévisées, explique dans la préface qu’il a traduit « Updike et moi«  sur proposition d’un éditeur, Julliard, qui renonça _ cependant _ à le publier. Il a fallu qu’Updike meure pour qu’il finisse par paraître _ en forme d’hommage non plus à un vivant, mais à un disparu. L’amour des livres est plus patient _ oui : chez quelques uns… _ que les regrets qu’ils inspirent.

Virus. John Updike, né en 1932, vit en Nicholson Baker, né en 1957, comme un virus enchanteur _ quelle belle formule ! On ne peut donc pas dire que Baker écrit sur Updike, mais plutôt sur lui-même révélé par Updike _ voilà ! le « génie », en plus de sa « singularité » atypique, a aussi la vertu d’une « exemplarité » forcément problématique : il ne se copie pas ! il « inspire » !!! L’envie concrète de le faire lui vient le jour où, «avec une stupéfaction jalouse», il voit sa mère se marrer en lisant la description par l’auteur de « Rabbit » d’un morceau décollé de gazon de golf : «Rien n’est plus impressionnant que le spectacle d’une personne complexe _ d’une grande capacité de sensibilité admirative _ éclatant de rire _ en ce que Baldine Saint-Girons appelle un « acte æsthétique« … _ à la lecture de quelques mots dans un livre ou un journal sérieux», surtout si cette personne est sa mère. Baker observe le virus que la sienne lui a peut-être refilé.

Son effet est permanent et sa victime, assez négligente. Permanence : «Au cours des treize dernières années écoulées, il ne s’est guère passé de jours sans qu’Updike occupe au moins une ou deux de mes pensées.» Négligence : quand Baker répertorie ses lectures d’Updike, il s’aperçoit qu’il n’a fini presque aucun de ses livres, et qu’il n’en a le plus souvent lu que quelques pages. C’est que l’écrivain est plus constant dans sa production que le lecteur dans ses assiduités : «De même que nous voyons rarement nos amis les plus proches parce que leur proximité nous ôte le pressant besoin de débarquer chez eux, de même la productivité constante de l’écrivain vivant émousse notre impatience de combler les lacunes de notre lecture» _ pas toujours, heureusement…

En revanche, Baker est intarissable lorsqu’il s’agit de se poser des questions comme : qu’aurait fait Updike à ma place dans ce Mac Donald’s où je m’humilie avec des centaines de pièces jaunes tout en lisant William Blake ? Comment aurait-il décrit cette histoire de bonbons passés au rayon X par peur des bombes pendant un Halloween ? Et quand l’écrivain Tim O’Brien lui apprend, l’air de rien, qu’il joue au golf avec Updike, mais qu’ils ne parlent jamais de livres, Baker n’en finit plus de décrire comment il jouerait, lui, au golf avec son héros. Il faut le consoler en pensant que, s’il l’avait fait réellement, jamais il n’aurait pu l’imaginer _ l’activité se déployant, à l’œuvre, de la faculté de « génie »…

Ce que Baker a lu d’Updike, des phrases, des bouts de phrases, un personnage par-ci, une manière de décrire par-là, tout cela vit en lui profondément et à tout moment _ l' »inspire », en toute légéreté… Il tient des fiches mais cite de mémoire, donc de travers, puis rétablit les vraies phrases entre crochets. Elles sont souvent moins bonnes que leurs déformations : Borges _ l’ami de mon cousin Adolfo (Bioy Casares) et de ma cousine Silvina (Ocampo) _ pensait qu’il fallait faire confiance aux torsions _ « inspirées », à leur tour _ de la mémoire ; et il avait raison _ la vertu se propage…

« Updike et moi » est une histoire d’amour et, comme toute histoire d’amour bien racontée, elle se suffit à elle-même : inutile d’avoir lu Baker ou Updike pour aimer ce que l’un dit sur l’autre. Julien Gracq se fichait des critiques comme étant ces animaux impossibles, des «experts en objet aimé». Un mérite secondaire d’« Updike et moi » est de montrer l’ineptie _ ouaf ! ouaf ! Gracq n’est pas très doué pour l’amour : cf son calamiteux « Les Sept collines » où il réussit le tour de force de s’insensibiliser à la beauté de Rome ! _ de cette affirmation : c’est justement _ et uniquement _ quand on aime un écrivain qu’on en devient l’expert, pas besoin de le lire entièrement pour ça _ l’amour (vrai) est tout le contraire d’aveugle : c’est lui la vraie (et unique) voie d’accès à la connaissance !.. Mais aujourd’hui on prend tout et n’importe quoi pour de l’amour authentique. Gare aux contrefaçons, chers lecteurs !

Baker finit par rencontrer Updike, dans un cocktail. Celui-ci se souvient d’avoir lu l’une de ses nouvelles, «une très jolie chose» _ dit-il alors _, et puis s’en va. Baker repart avec ces quatre mots comme une rosière déflorée par un chevalier. Plus tard, il croit retrouver une trace infime de sa nouvelle dans un texte postérieur d’Updike, un détail, la description du pouce d’un violoniste. Le meilleur hommage qu’on puisse rendre à un écrivain qu’on aime, c’est de l’avoir influencé» _ en retour…

John Updike est mort le 27 janvier 2009. Nicholson Baker n’aura plus à «trouver des preuves savantes _ universitaires, patentées _ de la grandeur d’Updike au lieu d’utiliser celles auxquelles je crois vraiment», les seules qui comptent, puisque ce sont _ plus « artistes », elles… _ des preuves d’amour.

(1) Dont Gallimard publie « La ville est triste » («l’Imaginaire», 184 pp., 6,50 euros)

Philippe Lançon

_ en un bien bel article, comme presque toujours : d’amour _ et désapprobation _ lucide(s)…

Nous irons y regarder d’un peu plus près…

Surtout sur la recommandation de David Vincent…

Cf aussi, de lui-même, le billet « Nicholson Baker n’est pas toujours drôle« , hier, 24 juin, sur le blog « Ces mots-là, c’est Mollat« …

Titus Curiosus, le 22 juin 2009

Sur l’éthique de professeur : la protestation de dignité de Jacky Dahomay

19déc

En appendice à mes deux précédents articles « De ce que c’est qu’un “maître” de philosophie _ quand s’effondre l’Ecole… » (le 7 décembre) et « Sur le “rencontrer” _ philosophique : le point de vue du “prof de philo”  » le 12 décembre), à propos du très, très riche Portraits de maîtres _ les profs de philo vus par leurs élèves, sous la direction de Jean-Marc Joubert et Gilbert Pons, aux Editions du CNRS (paru au mois d’octobre 2008)

_ auquel manquent un « portrait« , par un Jean-Paul Michel, de Jean-Marie Pontévia ; et un « portrait« , par un Daniel Truong-Loï, de Bernard Sève, à mon humble goût, tout du moins _,

je veux joindre ce très bel article (dans la rubrique « Rebonds« ) de Jacky Dahomay

_ qui fut mon condisciple sur les bancs de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Bordeaux vers 1965-66… _

dans l’édition de Libération d’avant-hier 17 décembre ( à la page 36) ; en commentaire de sa démission du Haut Conseil à l’intégration

(un très bel article auquel je me permets de joindre 11 (belles, à la seule exception de la toute première) « réactions » de lecteurs sur le site du journal

(http://www.liberation.fr/societe/0101306133-le-cynisme-des-chiens

& http://www.liberation.fr/societe/0102306133-reaction-sur-le-cynisme-des-chiens ) :

17 déc. 6h51 Le cynisme des chiens

Jacky Dahomay professeur de philosophie à la Guadeloupe, démissionnaire du Haut Conseil à l’intégration.

Le récit ahurissant fait par un enseignant du Gers concernant l’intrusion dans sa classe de gendarmes et d’un chien, m’a littéralement bouleversé. Et j’ai pleuré. De rage bien entendu. Je suis un vieil enseignant, à la veille de la retraite. Ce métier a été ma seule vocation. Je me suis toujours tenu pour le seul maître dans ma classe après Dieu (s’il existe bien entendu !) et personne n’y entre sans mon autorisation, ni chef d’établissement, ni inspecteur, ni ministre et, a fortiori, ni gendarme ni chien. Impossible ! A moins d’un cas de force majeure grave que le chef d’établissement devra m’expliquer au préalable. Je le dis donc tout net : si une telle chose m’arrivait, je donnerais l’ordre aux élèves de désobéir. Telle est mon éthique de professeur.

J’estime ma mission d’enseignant plus haute que ma propre sécurité. En vérité, depuis quelques années, les enseignants s’accommodent de bien de choses inacceptables. Oublient-ils ce principe républicain qui veut que l’instruction publique vise aussi à former des citoyens incommodes ? Comment en est-on arrivé là ? Tout se passe aujourd’hui comme s’il y avait une redoutable confusion des rôles, des institutions comme de leurs fonctionnaires. De toute évidence, au niveau des responsables de l’Etat comme au sein de la population, il y a confusion entre l’espace public propre à l’école et d’autres formes d’espaces publics ou communs. Or, l’école n’est pas publique au sens où peuvent l’être les chemins de fer, les télécommunications ou la place du marché. Cela fait des années qu’on croit bien faire en ouvrant l’école sur l’extérieur. La rue y est entrée, avec son lot de désagréments. Si la rue peut enrichir l’expérience, seule l’école donne une véritable instruction. Comment des vérités aussi élémentaires peuvent-elles avoir été oubliées ?

Admettons qu’un policier ait toute légitimité pour procéder à des fouilles dans les aéroports et dans la rue (à condition bien sûr que cela ne s’adresse pas qu’aux basanés !). Cela lui donne-t-il pour autant le droit de se substituer à l’autorité du maître dans sa classe ? On a du mal à distinguer entre le maître qui impose une domination et le maître qui exerce un magistère. Et comme ce principe s’est perdu, le maître-chien, fût-il gendarme, se sent autorisé lui aussi à prendre la place de l’enseignant à l’école. Et quand un magistrat se permet de croire que la peur du gendarme introduite brutalement à l’école est ce qui préservera les élèves de la délinquance on se demande, bien que n’étant pas gaulois, si le ciel n’est pas tombé sur notre tête ! La peur et la répression ont remplacé la mission éducative de l’école. Quel échec ! Sait-on simplement que lorsque le chien et le gendarme se substituent à l’autorité du maître à l’école, c’est que les loups hurlent déjà aux portes de nos villes. Il s’ensuit en général un bruit de bottes sur les trottoirs.

Mon cœur donc gronde de colère et qu’on le laisse faire ! Il y a des moments où la raison raisonnante devient impuissante et laisse place à l’indignation. Toutefois, des chiens, préservons-nous de leur rage et de leur cynisme. J’emprunte cette expression, «le cynisme des chiens», à Chateaubriand qui, dans ses « Mémoires d’outre-tombe« , l’utilise pour qualifier les révolutionnaires qui, sous la Terreur, bons pères de famille, emmenaient leurs enfants se promener le dimanche en prenant soin de leur montrer en passant le dada des charrettes qui conduisaient des citoyens à la guillotine. Le cynisme est dans la contradiction voulue et assumée opposant les grands principes humanitaires qu’on affiche et la pratique quotidienne du massacre de citoyens.

Aujourd’hui, nous avons affaire à une autre forme de cynisme. Dans le spectacle que donne à voir par exemple le gouvernement actuel de la France. Le président Nicolas Sarkozy le premier. Son cynisme consiste à affirmer une chose et son contraire. Dans son agitation ultramédiatisée, il procède à une «désymbolisation» constante des institutions de la république. Il y a bien là un travail d’affaiblissement de l’autorité de ces dernières. Pour parodier Hannah Arendt _ l’auteur de, par exemple « La Condition de l’homme moderne » _, disons qu’il y a aussi perte d’autorité quand les adultes refusent d’assumer le monde dans lequel ils ont mis les enfants, les vouant ainsi à une culture de la violence. Le refus de l’éducation est l’étalage de la répression et le culte de la sécurité. C’est ce refus de l’éducation qui pousse à vouloir incarcérer des enfants de 12 ans. Reste maintenant à obliger des psychiatres à inventer une substance antiviolence qu’on inoculerait aux femmes enceintes, sans leur consentement bien entendu.

Tout cela est grave, très grave. La démocratie _ c’est-à-dire le suffrage universel ; et dans des conditions d’information, d’explication et de (large) débat suffisamment honnêtes ! _ ne fait pas toute la légitimité d’une république. Un pouvoir tyrannique peut se mettre en place « démocratiquement ». L’Histoire, comme on le sait, ne se répète pas et les formes de totalitarisme à venir sont forcément inédites. Nous sentons bien qu’une nouvelle sorte de régime politique, insidieusement, se met en place. Quand, à l’heure du laitier, un journaliste est brutalement interpellé chez lui, devant ses enfants ; quand des enfants innocents sont arrachés de l’école et renvoyés dans leur pays d’origine ; quand une association caritative est condamnée à de lourdes amendes pour être venue en aide aux sans-abri ; quand… Même si nous n’avons pas encore tous les éléments théoriques permettant de penser ce régime inédit, il se présente déjà avec des signes certains de la monstruosité. Face à tout cela, le Parti socialiste, principal parti d’opposition, se déchire lamentablement. L’heure serait-elle venue, pour nous enseignants du moins, d’entrer dans la désobéissance civile ?

Je ne parle peut-être pas d’outre-tombe, mais je suis d’outre-mer. Comme beaucoup d’Antillais, j’ai aimé une certaine France malgré l’esclavage et la colonisation, malgré Vichy et la collaboration. Cette France qui, à deux reprises, a su abolir l’esclavage, celle des droits de l’homme et des valeurs universelles. Celle dont l’école, malgré ses aspects aliénants pour nous, a su donner le sens de la révolte à un Césaire _ l’auteur de, par exemple, « Cahiers d’un retour au pays natal » _ ou à un Fanon _ l’auteur de, par exemple « Les Damnés de la terre« . Qu’il faille dépoussiérer cette vieille école républicaine ne signifie pas qu’on doive la jeter avec l’eau du bain. Est aussi à réviser cette identité républicaine hypocrite qui a du mal à s’ouvrir à la diversité. Et quand on constate que Monsieur Brice Hortefeux, ministre de cet affreux ministère de «l’Intégration, de l’Identité nationale et de l’Immigration» aux relents franchement vichyssois, se permet de réunir, à Vichy précisément, les ministres européens chargés des questions d’immigration, on peut légitimement penser qu’il y a là une continuité conservatrice inquiétante. Ce ministre a rendu visite le 10 décembre au Haut Conseil à l’intégration. Je n’y étais pas. J’ai démissionné du HCI. Cette France, qui vient ou qui se met en place sournoisement, je ne l’aime pas. Devrions-nous alors, d’outre-mer, faire dissidence ? Je ne sais pas. Ce qui est sûr en tout cas c’est que la plus grave erreur serait de se dire, comme à l’accoutumée, que les chiens aboient et que la caravane passe.

Voilà pour cet important article publié par Jacky Dahomay.

L’écrivain Edouard Glissant s’est associé à Jacky Dahomay.

Dans un message parvenu hier à «Libération», celui-ci _ auteur de, par exemple (avec Patrick Chamoiseau) « Quand les murs tombent, l’identité nationale hors la loi » _ s’adresse ainsi au président du Haut Conseil à l’intégration :

« J’ai le regret de vous présenter ma démission de membre du Haut Conseil à l’intégration. Celle-ci s’appuie sur ce qui a été prononcé par mon collègue, Jacky Dahomay, avec qui je suis en complet accord. »

Réactions des lecteurs (sur le site de « Libération ») :

scarlett    Lamentable
Vous _ vraisemblablement à ml 69… _ n’avez rien compris, ou vous faites exprès d’être ignoble ? « Qui ne dit mot consent« , dit un proverbe connu. Fallait-il que ce collègue reste pour cautionner un gouvernement qu’il réprouve ? Il y aura toujours de nouveaux Papons pour obéir aux ordres . Qu’ils se déshonorent ! Le véritable honneur est du côté de ceux qui disent NON ! Alors, bravo collègue philosophe. Des textes comme le vôtre nous vont droit au cœur !
Jeudi 18 décembre à 18h53

plb    merci
Monsieur,
Vous écrivez ce que je n’ai pas su écrire, je n’ai pas de talent pour exprimer ma révolte, ma colère, mon indignation. J’ai pleuré, je n’ai pas dormi, j’ai alerté tous ceux qui peuvent agir autour de moi.
J’étais enseignante, prof d’Histoire en collège. Quand nous parlions de la Résistance, je disais à mes élèves de 3e qu’il fallait savoir désobéir aux ordres iniques…
Comme vous, je pense que les chiens et les gendarmes n’ont rien à faire dans l’espace que nous remplissons, les élèves et nous. Lorsque, parfois, je laissais la porte ouverte parce qu’il faisait trop chaud , ils me disaient : « Fermez la porte , Madame... » Parce que ce lieu où nous rencontrions Guy Moquet, Guernica, le peuple de la Commune, ce lieu où ils apprenaient les principes de la République, des Droits de l’Homme, des luttes pour la paix, ce lieu où les murs étaient couverts de phrases de Voltaire, de Montesquieu, d’articles de loi, de photos, de doc’ qu’ils alimentaient, qu’ils surveillaient… Ce lieu _ de parole « libre », confiante, sans espion(s) à la porte _ était devenu le leur, un lieu un peu sacré…
Certains me demandaient des comptes lorsque je rajoutais une phrase, certains rêvaient parfois au lieu de travailler, et soudain me posaient des questions sur telle loi, tel droit, tel homme ou femme. Rien n’était jamais considéré comme « hors sujet » puisqu’il s’agissait de former des citoyens, des adultes en devenir…
Nous nous sommes parfois demandé ce que nous ferions si une rafle se produisait comme dans le film « Au revoir les enfants  » de Louis Malle. Ils étaient tous convaincus que je ne laisserais personne « les prendre ». Je leur répondais qu’on ne sait pas, que personne n’est sûr d’être un héros, que certains seraient sans doute plus courageux que moi. Mais je me disais toujours que, non, je ne pourrais pas laisser faire, que je m’interposerais. Parce que c’est notre devoir, parce que je n’aurais pas pu trahir leur confiance _ voilà le mot capital. Comme vous, je n’ai jamais autorisé quiconque à franchir le seuil de la classe sans mon accord préalable.
Une mission, oui, assumée pendant trente sept ans. Je n’ai eu d’autre ambition que de rester fidèle à cette vocation et cette éthique dont vous parlez si bien. Merci, monsieur. 
Pierrette LE BERRE, professeur d’Histoire et Géographie à la retraite
Jeudi 18 décembre à 18h00

albrecht    merci
magnifique ! Merci M. Dahomay ! c’est exactement la lettre que je rêvais de lire après (entre autres) le récit de cet instituteur, qui m’a, moi aussi, fait pleurer.
Jeudi 18 décembre à 17h56

Thibault    Luttons
Enfin une voix qui dit les choses telles qu’elles sont. Ah ! Si seulement les éditorialistes de Libération pouvait eux aussi avoir la lucidité de Jacky Dahomay et cesser de voir Sarkozy comme un sincère républicain qui fait ce qu’il peut pour redresser la France. Mais écoutez donc Dahomay et…
Jeudi 18 décembre à 15h44

leon darpa    résistance
Il est rassérénant de lire de plus en plus de ces réactions indignées, motivées, tellement bien écrites… Cette terrible et inquiétante confusion dont parle Mr Dahomay fait son œuvre tranquillement et sûrement, comme une rouille invisible et inexorable… Je le renvoie à sa surprise…
Jeudi 18 décembre à 14h06

teletat    intégration
Merci Monsieur, mais qui est encore capable d’abandonner sa chaise de privilégié ? Surtout pas à France Télévision.
Jeudi 18 décembre à 12h35

PHI    Émotion
Je suis très ému par ce texte, par sa beauté comme sa clairvoyance. Oui, nous voyons venir un totalitarisme « édredon », étouffante protection d’une France qui sent le renoncement, la lâcheté, la fermeture à l’autre…   
Jeudi 18 décembre à 12h30

Dom    Bravo
Bravo Monsieur pour ce texte, puisse-t-il inspirer de nombreux autres citoyens…  
Jeudi 18 décembre à 10h54

ted34    Bravo!
Bravo pour ce texte magnifique !    
Mercredi 17 décembre à 22h54

Voir    L’intelligence
J’ai aimé ce texte sobre et intelligent. Je lui ai accordé du crédit = confiance _ car la démission montre symboliquement que l’attraction des ors de la république, si elle peut éblouir les plus faibles ou les plus veules, ne sauraient acheter les esprits intégres.  
J’espère que la publicité qu’il mérite sera faite à ce texte et qu’il sera suivi de réactions publiques qui nourriront la réflexion collective sur l’enseignement ainsi que sur les insidieuses dérives de notre société. 
Mercredi 17 décembre à 22h10

ml69    Zut alors…
Mais comment va t on pouvoir faire les testings maintenant ? et puis les revues de livres d’histoire pour les adapter à la diversité ? J’adore les personnes pensant que leur démission va enfin déciller les yeux des « mal-pensants ». Que d’égo mal placé. La politique de la chaise vide est la première manifestation de la stupidité. Il ne va pas nous manquer le philosophe…

Mercredi 17 décembre à 21h05

Quelque chose serait-il en train de changer, frémir, bouger, dans la république de France ?..


Titus Curiosus, le 19 décembre 2008

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