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A la recherche d’oeuvres d’Etienne-Nicolas Méhul dans ma discothèque…

26oct

En relisant mon article de dimanche dernier, 23 octobre, ,

et tout à mon regret d’avoir pu penser ne pas disposer de CDs d’œuvres vocales d’Etienne-Nicolas Méhul (Givet, 22 juin 1763 – Paris, 18 octobre 1817),

je m’aperçois rétrospectivement, ce jour, que j’avais négligé, en ma mémoire, un livre-disque d’un opéra-comique de Méhul, Uthal, créé à Paris le 17 mai 1806,

que je m’étais pourtant procuré dès sa parution, dans la collection « Opéra français » de la bibliothèque du Palazzetto Bru-Zane, en octobre 2016 ;

et que j’avais rangé ailleurs que parmi mes CDs et DVDs…

Dans la distribution des interprètes qu’a réunis Christophe Rousset, à la tête de ses Talens lyriques et du Chœur de chambre de Namur, pour cette réalisation, 

figurent quelques chanteurs que j’apprécie,

au premier rang desquels l’excellent ténor Yann Beuron, en Uthal ;

mais pas Michael Spyres :

c’est le baryton Jean-Sébastien Bou qui tient ici le rôle de Larmor,

interprété à la création par Jean-Pierre Solié…

Même si il est arrivé à Michael Spyres, d’interpréter, ailleurs, quelque air de Méhul,

extrait d’Ariodant (créé à Paris le 11 octobre 1799),

ou d’Euphrosine, ou le tyran corrigé (créé à Paris le 4 septembre 1790) ;

airs interprétés, chacun d’eux, eux aussi, à leur création, par le même baryton Jean-Pierre Solié (Nîmes, 1755 – Paris, 6 août 1812)…

La critique que donne de cette interprétation d’Uthal, Laurent Bury, le 10 février 2017, sur le site de Forumopera.com, est à la fois intéressante,

et juste :

CD
Uthal
Par Laurent Bury | ven 10 Février 2017 |

Dans une lettre à Sigmund Freud, Romain Rolland qualifiait d’océanique le sentiment religieux spontané, sensation de dépassement, d’illimité. Le genre ossianique paraît lui aussi sans bornes lorsqu’on se penche sur l’histoire des arts entre les dernières décennies du XVIIIe siècle et les premières du XIXe. On a du mal aujourd’hui à se représenter le succès phénoménal que remporta James Macpherson avec sa prétendue traduction en anglais moderne de prétendus (!) poèmes gaéliques remontant au tout début de l’ère chrétienne. Et même quand la supercherie eut été incontestablement démasquée, la vogue du barde Ossian ne s’éteignit pas pour autant. L’entrelacement de la littérature, de la peinture et de la musique autour de ce mythe imaginaire est d’ailleurs reflété par la dédicace que le librettiste de Méhul, Saint-Victor, adresse au peintre Girodet, qui avait « tracé des images immortelles » des héros d’Uthal.

Pourtant, il n’est peut-être pas immédiatement clair que les aventures de Fingal ou de Malvina ait transformé la musique que l’on composait alors. Bien sûr, l’ouverture frappe par son âpreté, parfaitement mise en relief par la direction de Christophe Rousset. On le sait, Uthal étonna _ notamment Grétry _ par l’absence de violons dans son orchestration ; c’est sans doute la principale originalité d’une partition qui se situe clairement dans l’héritage gluckiste, et l’on comprend que le fondateur des Talens lyriques ait accepté, sur la suggestion du Palazzetto Bru Zane, de prolonger ainsi une exploration entreprise avec notamment Les Danaïdes et Les Horaces de Salieri. Si l’on y entend pourtant passer quelques éclats pré-romantiques, on y retrouve aussi ces chœurs martiaux chers au public de l’époque _ Méhul est aussi le compositeur du très célèbre Chant du Départ _, et le chant se caractérise surtout par un refus de la virtuosité au profit de l’expressivité. N’attendez ici aucun air de bravoure, aucune acrobatie, mais plutôt de la déclamation _ oui.

Autrement dit, la tâche des chanteurs n’a ici rien de bien redoutable _ en effet… _ sur le plan purement vocal. L’équipe réunie, entièrement francophone pour les principaux personnages, est tout à fait délectable à écouter, chacun étant à sa place _ oui. Karine Deshayes trouve un rôle dont la tessiture lui convient fort bien, et dans lequel elle s’investit pleinement. Jean-Sébastien Bou possède toute l’autorité requise pour Larmor, Yann Beuron est un Uthal vaillant mais sensible, et le reste de la distribution s’avère tout aussi adéquat. Le Chœur de Chambre de Namur, réduit à ses pupitres masculins, leur donne la réplique avec sa fluidité habituelle. L’œuvre dure à peine une heure, avec pour seule pierre d’achoppement le texte parlé _ ou déclamé _ en alexandrins _ oui _, que les meilleurs chanteurs du moment ne sont pas nécessairement les mieux armés pour interpréter. Tous ne sont pas égaux devant la tragédie, certains s’en tirent mieux que d’autres, mais cela n’enlève rien à l’intérêt historique _ voilà… _ de cette résurrection. Et maintenant, le PBZ nous rendra-t-il Ossian ou les Bardes, le chef-d’œuvre de Lesueur, ou faudra-t-il attendre 2037, année du bicentenaire de la mort du compositeur ?

L’essentiel est dit là…

Ce mardi 26 octobre 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

Le beau chemin parcouru de Véronique Gens dans l’opéra baroque français : de Lully à Charpentier, en passant par Collasse et Desmarets…

09sept

Véronique Gens poursuit vaillamment sa passionnante exploration des beaux airs de l’opéra baroque français des XVIIéme et XVIIIéme siècles

_ ici le XVIIéme siècle, pour des airs créés de 1665 (pour le Ballet de la naissance de Vénus, de Lully) à 1694 (pour la Circé de Desmarets) _,

avec un nouveau CD Alpha,

le CD « Passion » Alpha Classics 747 ;

comme nous en informe l’article intitulé Dire de Jean-Charles Hoffelé sur son site Discophilia.

DIRE

L’Opéra du Grand Siècle est _ oui ! _ l’un des objets favoris de l’art de Véronique Gens, déjà illustré _ en effet _ par deux albums _ intitulés « Tragédiennes » en 2006 et 2009 ; et même un troisième, en 2011 _ pour Virgin. Elle change de cavalier, le geste vif et le son coupant de l’Ensemble les Surprises succédant aux magnificences des Talens Lyriques.

Sujet principal, le grand style _ oui ! _ des emplois à baguette (Magiciennes, Reines) comme Lully (1632 – 1687) les aura une fois pour toute imposées _ oui ! _ au genre _ magnifique _ de la tragédie lyrique. Il avait ses héroïnes _ interprètes _, Melle Saint-Christophe, Marie Le Rochois, qui auront posé les canons de la déclamation noble _ voilà ! _  alliée à une puissance dramatique _ en effet ! _ où le mot de Quinault (1635 _ 1688) disait autant _ en effet ! et on ne le soulignera jamais assez ! _ que les notes de Lully.

Dès le sombre air d’Arcabonne tiré d’Amadis (1684), le ton de l’album est donné, Véronique Gens restera une souveraine diseuse _ oui, et c’est bien là une nécessité absolue en ce magnifique répertoire _ pour tout ce qui, dans ce programme constituant un opéra imaginaire, ressort de Lully (la grande scène de Cérès tirée de Proserpine (1680)), mais les pures merveilles seront les découvertes, la Junon de l’Achille et Polyxène (1687) de Collasse merveilleux compositeur (1649 – 1709), bien incompréhensiblement méconnu et joué… _, le grand air de caractère de l’Eolie pris dans la Circé (1694) de Desmarets (maître absolu du genre décidément trop peu documenté _ lui aussi (1661 – 1741)… _ au disque)

_ que l’on écoute les 2 CDs de La Simphonie du Marais, que sont Un Portrait musical de Jean de La Fontaine (paru en 1995), avec l’air sublime du suicide d’Astrée, de L’Astrée (1691) de Pascal Collasse sur un livret de La Fontaine (cf mon article détaillé du 3 juillet 2020 : ) ; ainsi que La Diane de Fontainebleau (paru en 1998), de Henry Desmarets, sous la direction de Hugo Reyne…

La Simphonie du Marais, Hugo Reyne, Christian Asse Jean de La Fontaine - Un portrait musical

La Diane De Fontainebleau - Desmarest, Henry

Deux sommets : sa Cybèle d’Atys (1676) où entendre son grand dessus se saisir d’Espoir si cher et si doux fait songer à Jennifer Smith, et l’air et la scène de fureur de la Médée (1693) de Charpentier (1643 – 1704). Belle présence des Chantres (le sommeil de La Diane de Fontainebleau (1686)), direction sentie de Louis-Noël Bestion de Camboulas (les Canaries du Bourgeois gentilhomme (1670)), est-ce l’amorce d’une nouvelle série d’albums où Véronique Gens continuerait d’herboriser la tragédie lyrique, allant vers des ouvrages plus en aval ? Qui sait.

LE DISQUE DU JOUR

Passion

Airs et pièces d’orchestre de Jean-Baptiste Lully (Amadis, LWV 63 ; Proserpine, LWV 58 ; Ballet du temple de la paix, LWV 69 ; Atys, LWV 53 ; Ballet de la naissance de Vénus, LWV 27 ; Le Bourgeois gentilhomme, LWV 43 ; Armide, LWV 71 ; Persée, LWV 60 ; Le triomphe de l’amour, LWV 59 ; Alceste, LWV 50), Pascal Collasse (Achille et Polyxène, Thétis et Pélée), Henry Desmarets (Circée ; La Diane de Fontainebleau), Marc-Antoine Charpentier (Médée, H. 491)

Véronique Gens, soprano
Les Chantres du Centre de Musique Baroque de Versailles
Ensemble Les Surprises
Louis-Noël Bestion de Camboulas, direction

Un album du label Alpha Classics 747

Photo à la une : la soprano Véronique Gens – Photo : © DR

Ce jeudi 9 septembre 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

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