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Rappel ému de l’infiniment touchant « In memoriam Lars Vogt » de Christian et Tanja Tetzlaff (et Paavo Järvi) sur un programme Brahms-Viotti-Dvorak : dédié à l’amitié indéfectible…

22jan

Ce lundi 22 janvier 2022,

sous la plume de Patrice Imbaud, et sous le titre de « Double Concerto de Brahms, Viotti et Dvořák : In Memoriam Lars Vogt« ,

le site ArsMusica revient nous rappeler l’émotion profonde du CD Ondine ODE 1423-2 « Brahms-Viotti-Dvorak- In memoriam Lars Vogt« 

évoquée dans mon précédent article «  » du jeudi 12 octobre 2022.

Double Concerto de Brahms, Viotti et Dvořák : In Memoriam Lars Vogt

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Dédié à la mémoire du pianiste et chef d’orchestre Lars Vogt disparu l’an dernier, cet enregistrement réunit ses amis Paavo Järvi, Christian et Tanja Tetzlaff dans un bel et émouvant hommage musical associant le Double Concerto de Brahms, le Concerto pour violon n° 22 de Viotti et Silent Woods de Dvořák.

S’appuyant sur un instrumentarium atypique et probablement inspiré de façon lointaine du Triple Concerto de Beethoven, le Double Concerto pour violon et violoncelle de Johannes Brahms fut composé en 1887 dans un souci non avoué de réconciliation du compositeur avec son ami le violoniste Joachim qui en assura d’ailleurs la création. Paavo Järvi à la tête du Deutsches Symphonie-Orchester Berlin, Christian et Tanja Tetzlaff nous en livrent, ici, une interprétation typiquement brahmsienne, passionnée, fougueuse, joliment nuancée et parfaitement équilibrée, empreinte de complicité.

On sait combien Brahms appréciait le Concerto pour violon n° 22 de Giovanni Battista Viotti (1755-1824) qu’il avait notamment entendu interprété par Joseph Joachim et dont Christian Tetzlaff nous donne une interprétation légère, élégante, presque galante, virtuose, cantabile et poétique transcendée par un accompagnement orchestral très coloré, ardent et d’une remarquable clarté.

Admiration réciproque et amitié caractérisaient le lien solide existant entre Johannes Brahms et Antonín Dvořák, on ne s’étonnera donc pas que ce programme construit autour de Brahms, de l’amitié et du souvenir s’achève sur le très nostalgique Silent Woods pour violoncelle et orchestre. Une courte pièce initialement conçue pour piano à quatre mains, composée lors de la tournée d’adieu du compositeur avant son départ pour le Nouveau Monde, arrangée secondairement pour violoncelle et orchestre en 1893, toute imprégnée du lyrisme douloureux de l’exil dont Tanja Tetzlaff offre une lecture vibrante en totale symbiose avec l’orchestre (vents). Magnifique point final à ce disque du souvenir !

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Johannes Brahms (1833-1897) : Double concerto pour violon, violoncelle et orchestre en la mineur op. 102.

Giovanni Battista Viotti (1755-1824) : Concerto pour violon n° 22 en la mineur.

Antonín Dvořák (1841-1904) : Silent Woods (Bois silencieux) op. 68.

Christian Tetzlaff, violon ; Tanja Tetzlaff, violoncelle ; Deutsches Symphonie-Orchester Berlin, direction : Paavo Järvi.

1 CD Ondine. Enregistré du 21 au 23 décembre 2022 à la Radio de Berlin.

Notice de présentation en anglais et en allemand.

Durée : 61:00

Mais il me faut signaler aussi le très bel article d’hommage, et précisément intitulé « Hommage », de Jean Charles Hoffelé sur son site Discophilia, en date, lui, du 2 décembre 2023,

consacré à ce même superbe CD Ondine ODE 1423-2 « In memoriam Lars Vogt »  :

HOMMAGE

« In Memorian Lars Vogt » indique discrètement une notation au bas du recto. Une photographie du pianiste, tête penchée, yeux clos, comme à l’écoute, orne le verso du livret où Tanja et Christian Tetzlaff en conversation avec Friederike Westerhaus évoquent leur longue amitié avec le pianiste. Est-ce l’ami que semblent pleurer la violoncelliste puis le violoniste en phrasant avec tant d’ombres, de tels soupirs, leurs premières interventions ? Emouvant en tous cas _ certes… _, et indiquant d’emblée qu’en accord avec Paavo Järvi, ils feront pencher ce concerto-ballade _ Op. 102 : créé le 18 octobre 1887 à Cologne, avec les deux dédicatoires, Joseph Joachim au violon et Robert Haussmann au violoncelle _ vers une prégnante nostalgie _ très brahmsienne, fondamentalement _, proposition qui me semble inédite dans la discographie relativement modeste de l’œuvre si on la compare à celle des trois autres opus concertants _ les deux Concertos pour le piano, Op.15 (créé le 22 janvier 1859 à Hanovre, avec Brahms lui-même au piano) et Op. 83 (créé le 9 novembre 1881 à Budapest, avec à nouveau Brahms lui-même au piano), et le Concerto pour le violon, Op. 77 (créé le 1er janvier 1879 à Leipzig, avec Joseph Joachim au violon)…

Les couplages pourraient sembler partiellement étonnants, non pour le Waldesruhe d’Antonín Dvořák, joué comme en rêve _ oui _ par Tanja Tetzlaff, mais du côté Viotti. Sembler seulement, Brahms chérissait _ personnellement _ l’œuvre et encouragea Joachim à la jouer, Christian Tetzlaff la sauve de cette virtuosité un peu tapageuse dont l’encombrait Isaac Stern, son archet lyrique magnifie le discours complexe de cette œuvre où deux mondes semblent se mirer : l’Adagio mozartien _ voilà _ s’entoure d’Allegros capricieux ou tempétueux, un romantisme s’y affirme, qui n’aura pas échappé à l’auteur du Requiem allemand.

LE DISQUE DU JOUR

Johannes Brahms
(1833-1897)


Concerto pour violon et
violoncelle en la mineur,
Op. 102


Giovanni Battista Viotti(1755-1824)


Concerto pour violon et orchestre No. 22 en la mineur,
G. 97


Antonín Dvořák (1841-1904)


Waldesruhe (No. 5, extrait de « De la forêt de Bohème, Op. 68, B. 133 »

Christian Tetzlaff, violon
Tanja Tetzlaff, violoncelle
Deutsches Symphonie-Orchester Berlin
Paavo Järvi, direction

Un album du label Ondine ODE1423-2

Photo à la une : Paavo Järvi, entouré de Christian Tetzlaff et Tanja Tetzlaff – Photo : © DR

Un superbe « In memoriam Lars Vogt » dédié à l’amitié indéfectible.

Ce lundi 22 janvier 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Irradiant rappel (« vert ») de « Fêtes » slaves : à nouveau le CD Supraphon « Village Stories », via 3 articles réjouis…

19jan

C’est ce vendredi 19 janvier l’article « Noces » de Jean-Charles Hoffelé sur son excellent site Discophilia,

après l’article du vendredi 17 novembre 2023 « Fêtes villageoises entre ripailles et comptines » de Pierre Jean Tribot sur le non moins excellent site du magazine belge Crescendo,

ainsi que le mien, « « , en date du lundi 8 janvier 2024 dernier, sur mon blog Mollat « En cherchant bien »,

qui m’amène à revenir me réjouir sur l’irradiante fête de musique (de Stravinsky, de Janacek et de Bartok) qu’est le très prenant CD Supraphon SU 4333-2 « Village Stories – Stravinsky- Janacek – Bartok »  du Prague Philharmonic Choir dirigé par l’excellent chef tchèque Lukas Vasilek…

NOCES

Vous courrez d’abord aux Trois Scènes de village, l’un des opus les plus abrasifs _ oui ! _ de Bartók où son folklore imaginaire pare d’une folle animation _ voilà _ ou d’un ton mystérieux (la Berceuse) des mélodies qu’il avait notées en Slovaquie. Mariage avec cris d’une verdeur incroyable ici _ oui ! _, qui retrouve l’esprit de l’ancienne version de György Lehel pour Hungaroton, Berceuse étrange dans le mezzo clair de Jana Hrochová, à laquelle Lukáš Vasilek donne des couleurs très Seconde Ecole de Vienne, Danse des filles verte _ à nouveau _ et piquante ; bref, une nouvelle version épatante _ oui, oui ! _ qui rejoint une discographie étonnamment maigre _ hélas, en effet…

Les Noces stravinskiennes, orantes, portées par des percussions cérémonielles (les quatre pianos menés ici par Kirill Gerstein en font, dans l’esprit et la lettre de Stravinski, partie) sont tout aussi saisissantes _ oui ! _, vrai théâtre porté par des solistes qui au-delà du rite dessinent des personnages, Lukáš Vasilek se gardant bien d’en exagérer les effets, privilégiant la narration, puis laissant éclater le discours au long d’un Repas de noces qui frôle la folie _ à nouveau, dans sa sauvagerie d’apothéose.

Perle du disque pourtant, les enfantines que sont Říkadla, où les Pragois savourent les idiomes de ces vignettes dont les notes sont totalement asservies aux mots. Bois verts _ cette fois encore ! _, piano impertinent, un ténor émerveillé pour les herbes _ vertes… _ de printemps avec le babil de la flûte, dix-neuf instantanés de pure poésie qui, je le crois, ont trouvé ici leur version de référence.

LE DISQUE DU JOUR

Village
Stories

Igor Stravinski (1882-1971)
Les Noces, K040


Leoš Janáček (1854-1928)
Říkadla, JW 5/17


Béla Bartók (1881-1945)


Trois Scènes de village,
BB 87b

Katerina Knežíková, soprano
Jana Hrochová, mezzo-soprano
Boris Stepanov, ténor
Jirí Brückler, baryton
Lukáš Hynek-Krämer, basse

Kiril Gerstein, piano (Stravinski)
Zoltán Fejérvári, piano (Stravinski)
Katia Skanavi, piano (Stravinski)
Alexandra Stychkina, piano (Stravinski)
Matouš Zukal, piano

Amadinda Percussion Group (Stravinski)
Dakoda Trio
Zemlinsky Quartet (Bartók)
Belfiato Quintet (Bartók)

Chœur Philharmonique de Prague
Lukáš Vasilek, direction

Un album du label Supraphon SU4333-2

Photo à la une : le chef de chœur Lukáš Vasilek – Photo : © Petra Hajska

Quelle fête, décidément !!!

Ce vendredi 19 janvier 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Le défi réussi de renouveler vraiment l’interprétation de Bach : l’exemple d’intimité parfaitement réalisée du CD des « Sonatae a Viola da Gamba et Cembalo Obligato » d’Andrea De Carlo et Luca Guglielmi…

18jan

C’est, ce jeudi 18 janvier 2024, l’article « Paysagé » de Jean-Charles Hoffelé sur son passionnant site Discophilia,

qui m’a fait découvrir l’existence du CD « Sonatae a Viola da Gamba et Cembalo Obligato – Johann Sebastian Bach » _ à écouter ici… _ du gambiste Andrea De Carlo et du claviériste Luca Guglielmi,

le tout à fait remarquable CD Finaline Classics FL 72415.

PAYSAGÉ

Les trois Sonates pour cet instrument que Bach, destinant ses Suites au tout jeune violoncelle, ne considérait pas pour obsolète, la viole de gambe _ voilà donc cet einstrument expréssément choisi ici par Bach… _, héros du Grand Siècle français dont il goûtait tant les compositeurs, sont les chefs-d’œuvre intimes _ un terme assurément crucial… _ les plus touchants coulés de cette plume intarissable _ qui est celle du Cantor de Leipzig : ces Sonates ont été vraisemblablement composées à Leipzig au tournant des années 1730-1740, d’après les recherches les plus récentes des musicologues (cf Richard D. P. Jones (2013) « The Creative Development of Johann Sebastian Bach, Volume II : 1717–1750 : Music to Delight the Spirit« . Oxford University Press)…

Andrea de Carlo _ né à Rome en 1963 _ et Luca Guglielmi _ né à Turin en 1977 _ les paysagent, le second touchant le clavecin pour la 2e (le sublime Michael Mietke du château de Charlottenbourg), un orgue signé Gottfried Silbermann pour la 3e ou pour la Sonate en sol majeur un pianoforte du même facteur, ensemble plaçant entre chaque Sonate Introitus et Postludium, ou au seul clavier, clavecin puis orgue, deux Préludes.

Le dialogue entre la viole si chantante d’Andrea de Carlo (superbe copie d’une Pellegrino Michel signée Sergio Marcello Gregorat) et son claviériste est plus épanoui face au clavecin pour la Sonate en ré majeur, si sereinement déployée, qu’avec l’orgue choisi pour la Sonate en sol mineur, comme si une distance les dépareillait parfois, surtout lorsque leurs lignes sont parallèles.

La mariage avec le pianoforte est savoureux _ voilà. Comme il nous change le visage sonore de la Sonate en sol majeur ! Soudain plus intime encore, quasiment de la musique « domestique » _ voilà : pour soi ; et pas pour le concert ; écoutez ici le sublime Andante de cette Sonate BWV 1027 sous les doigts d’Andrea De Carlo et Luca Guglielmi… _, perle d’un disque attachant _ oui… _ que tout amoureux des trois opus ne voudra pas laisser de côté.

LE DISQUE DU JOUR

Johann Sebastian Bach(1685-1750)


An Wasserflüssen Babylon, BWV 653 (version pour viole de gambe et orgue)
Sonate pour clavecin obligé et viole de gambe No. 3 en sol mineur, BWV 1029 (version avec orgue)
Partita pour clavier No. 4 en ré majeur, BWV 828 (extrait : IV. Sarabande)
Sonate pour clavecin obligé et viole de gambe No. 2 en ré majeur,
BWV 1028

Variations Goldberg, BWV 988 – Aria
Sonate pour clavecin obligé et viole de gambe No. 1 en sol majeur,
BWV 1027 (version avec pianoforte)

Prélude et Fugue en sol mineur, BWV 885 – Prélude (Das wohltemperierte Klavier II)
Sonate pour flûte et clavecin en la majeur, BWV 1032 (extrait : II. Largo e dolce ; version pour viole de gambe et orgue)

Andrea de Carlo, viole de gambe
Luca Guglielmi, clavecin, orgue, pianoforte

Un album du label Fineline Classics FL72415

Photo à la une : le musicien Andrea de Carlo – Photo : © Cristina Rezzi

Renouveler de façon touchante l’interprétation du répertoire musical déjà bien couru de pas mal d’interprètes, parfois brillants,

est un défi pour chaque nouvelle génération de musiciens-interprètes _ dans le numéro 729 de janvier 2024 du magazine Diapason, à la page 75, de ce beau CD Fineline 72415 d’Andrea De Carlo et Luca Guglielmi, le critique Jean-Philippe Pucek écrit  : « L’audace et la qualité de la proposition méritent l’attention des amateurs du Cantor. Pour eux, le détour s’impose. Les autres retourneront, pour les sonates, entre autres, à Jordi Savall et Ton Koopman (EMI, puis Alia Vox le CD AV 9812 a été enregistré à Cardona en janvier 2000 _) ou Lucile Boulanger et Arnaud De Pasquale (Alpha _ 161, enregistré en 2012 _, Diapason Découverte)« 

Voici aussi ce que Jean-Christophe Pucek écrit en particulier de l’interprétation d’Andrea De Carlo et Luca Guglielmi de la Sonate BWV 1027 n°1, en sol majeur« Dès l’ Adagio de la BWV 1027 _ écoutez ici  _, le timbre chaleureux de la viole et la clarté mate du clavier fusionnent à merveille : portés par un élan commun, les deux partenaires s’écoutent, se répondent, comme en témoigne l’allure parfaite de l’Allegro ma non tanto _ écoutez ici. La profondeur qu’atteint le sentiment  dans l’Andante _ écoutez-ici _ laisse pantois » _ oui, absolument ! ; et voici aussi de quoi écouter l’Allegretto moderato final de cette Sonate BWV 1027, par Andrea De Carlo et Luca Guglielmi

Et voilà qui fait rédécouvrir vraiment à l’oreille des mélomanes des œuvres qu’ils pensaient assez bien connaître pourtant jusqu’alors…

Ce jeudi 18 janvier 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Le génie de Reynaldo Hahn : le charme fou du « Ruban dénoué » sous les doigts de velours d’Eric Le Sage et Frank Braley aux pianos…

13jan

Le génie musical de Reynaldo Hahn (Caracas, 4 août 1874 – Paris, 28 janvier 1947) est encore très, très injustement méconnu, et incroyablement sous-estimé,

à de trop rares exceptions près,

tel l’excellemment bienvenu chapitre « Reynaldo Hahn. Le Parisien du Venezuela » que lui consacre l’ami Karol Beffa, aux pages 35 à 59 de son si beau et si juste « L’Autre XXème siècle musical » _ cf la magique vidéo de mon entretien avec Karol Beffa sur ce si nécessaire ouvrage à la Station Ausone, le 25 mars 2022…

Mais voici que le charme fou du « Ruban dénoué » _ écoutez ça _ de Reynaldo Hahn, composé en 1915, risque de déboucher enfin les préventions de certaines oreilles…

Ce que vient appuyer le commentaire comme si souvent très lucide de Jean-Charles Hoffelé en son article d’hier 12 janvier, « Le seul amour« , sur son excellent site Discophilia, à propos du merveilleux CD d’Eric Le Sage et Frank Braley, aux pianos, en leur magique CD « Le Ruban dénoué – Valses – Hahn & Chabrier« ,

soit le CD Sony Music 19858862602 qui vient tout juste de paraître :

LE SEUL AMOUR

Quelle nuance de poésie _ légèrement, à peine _ mélancolique rend Le Ruban dénoué si attachant ? Quelque chose de Proust y passe, plus particulièrement dans la pièce finale de ce collier de perles, Le seul amour _ écoutez ici _ que Reynaldo Hahn demande de jouer « très senti », valse lente qui se perd comme un parfum dans l’atmosphère, où se dissout sous le canon et dans l’ombre des forêts meurtries par la Grande Guerre, tout un monde, celui de Proust justement. Merveille _ absolument ! _ qui semble se mirer dans les modèles laissés par Schubert, et faire un écho assourdi à celles _ les « Valses nobles et sentimentales«  _ que Ravel avait composées en 1911 sous le même parrainage.

Éric Le Sage et Frank Braley y sont émouvants à force de pudeur _ et de délicatesse vraie _, jouant deux très beaux pianos : aigus sans clairon, médiums ambrés, basses grondeuses _ oui, oui, oui _, tout un univers où s’invite en conclusion du Ruban dénoué Sandrine Piau pour un des poèmes _ « Puisque j’ai mis ma lèvre«  _ d’Hugo, nous faisant pleurer de ne pas avoir par cette voix de diseuse d’autres Chants du crépuscule.

Deux autres pièces mélancoliques signée Hahn, puis ce petit trésor que sont les Trois Valses (faussement) romantiques de _ toujours délicieux et plein d’esprit _ Chabrier. Les deux amis s’y régalent, doigts légers, accents canailles, du brio et de la tendresse _ oui, très françaises… _, ah !, ils ont entendu Marcelle Meyer et Francis Poulenc et sans les copier savourent le même esprit.

LE DISQUE DU JOUR

Reynaldo Hahn (1874-1947)


Le ruban dénoué (Intégrale)
Caprice mélancolique
Pour bercer un convalescent


Emmanuel Chabrier (1841-1894)


3 Valses romantiques

Éric Le Sage, piano
Frank Braley, piano
Sandrine Piau, soprano

Un album du label Sony Classical 19658862602

Photo à la une : les pianistes Éric Le Sage et Frank Braley – Photo : © DR

Un bijou !

Ce samedi 13 janvier 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Le très bienvenu salut de Jean-Charles Hoffelé à Lars Vogt en « artiste en jeune homme », ce 1er janvier 2024…

01jan

Quelle excellente idée d’ouvrir en beauté son blog Discophilia pour l’année 2024, a eu ce lundi 1er janvier le très fin Jean-Charles Hoffelé avec son magnifique et très détaillé article « Portrait de l’artiste en jeune homme » consacré au passionnant coffret _ un trésor ! _ de 27 CDs Warner Classics 5054197604904 « Lars Vogt – The complete Warner Classics Edition » d’enregistrements d’entre 1991 et 2005,

auquel j’ai consacré une série de 5 articles en date des 4, 5, 6, 7 et 8 novembre 2023 :

_ « « …

_ « « …

_ « « …

_ « « …

_ « « …

Voici donc ce bel article hyper-attentif et infiniment juste en ses appréciations de Jean-Charles Hoffelé pour ouvrir en beauté, donc, sa nouvelle saison 2024 sur Discophilia :

PORTRAIT DE L’ARTISTE EN JEUNE HOMME

Venues du silence, les premières mesures de la Sonate « Fantaisie » de Schubert étonnent. Est-ce Rudolf Serkin qui leur donne cette gravité sans affectation ? Non un jeune homme d’à peine vingt ans _ Lars Vogt est né le 8 septembre 1970 à Düren ; et il est décédé le 5 septembre 2022 à Erlangen  _, qui la place en coda de son « debut recital », non sans l’avoir fait précéder des 5 Variations sur un thème de Franz Schubert d’Helmut Lachenmann. Haydn et Brahms sont aussi au programme, Sonate en ut majeur, Hob. XVI:50 juste impertinente comme il faut, et divinement jouée, les Klavierstücke, Op. 119 semblant venir d’une autre planète, merveilles certes, mais ce Schubert si idéalement pesé, où le piano murmure et chante à la fois, et qui va chercher dans la nuance en dessous, dans le retrait du son l’émotion même du son, est-ce vraiment d’un jeune homme ?

À vingt ans, Lars Vogt avait pleinement réalisé _ accompli _ son art, sans avoir ensuite besoin de l’approfondir, l’élégance naturelle _ oui _, la beauté souveraine du toucher _ oui _, cette grande sonorité sans marteau qui fait penser à Solomon _ en effet _, le raffinement de l’intellect et l’immédiateté de l’émotion _ ensemble _, la profondeur des polyphonies et la pureté des lignes de chant _ oui, oui, oui _, le rythme inféodé au tactus _ voilà ! _, tout y est dès le début et au long _ oui _ de l’incroyable moisson qu’Electrola capturera au long de sa rayonnante vingtaine, en un peu plus de dix ans, studios ou concerts, avec la grande brassée des captations réalisées dans son _ formidable  !!! _ festival d’Heimbach _ cf mon article du 7 novembre : « « … » _ où s’assembleront autour de son piano Julia Fischer, Isabelle Faust, Natalie Clein, Sabine Meyer, Alban Gerhardt, Kim Kashkashian et tant d’autres, et fatalement _ bien sûr ! cf mon article «  » du 12 octobre 2023… _ les Tetzlaff.

Au centre, un vaste ensemble Brahms _ voilà ! _, en solo les Sonates, le Scherzo, les opus tardifs, hélas pas les Variations, en chambre les sonates avec violon, violoncelle et clarinette, le premier Trio en tempête, les Quatuors, hélas pas le Quintette. Et si Brahms avait été son empire ? Probable _ oui ! Cf mes articles «  » et «  » des 6 et 7 novembre derniers… _ et cela dès la première version si nocturne de son _ sublimeOpus 119. Les Concertos suivront, pour Ondine _ le CD Ondine ODE 1330-2 ; cf mon bref article «  » du 20 septembre 2022.

Eclectique Lars Vogt ? Oui, et sous tous les formats, à deux pianos pour Scaramouche avec la regrettée Mihaela Ursuleasa, à quatre Pour la fin du Temps de Messiaen, à plus pour un si poétique et lâché Carnaval des animaux.

Des perles dans la marge ? La Sonate de Ravel avec Sarah Chang, la Sonate de Berg, deux fois les Tableaux d’une exposition, le Trio de Tchaikovski avec Antje Weithaas et Claudio Bohorquez qui rappellent un certain tropisme slave partagé avec son épouse bélarusse Tatjana Komarova, tropisme qui magnifie côté tchèque Trio, Quatuoet Quintette de Dvořák.

Ce répertoire si divers rappelle à quel point Lars Vogt était un déchiffreur hors pair _ absolument. Claudio Abbado cherchait un pianiste pour la Deuxième Kammermusik de Paul Hindemith ? Ce serait lui, impertinent à souhait, de quoi regretter qu’il n’ait pas joué le Premier Concerto de Chostakovitch. Mais être autant chez lui et autant lui-même pour Sir Simon Rattle dans le classique doublé Schumann-Grieg, dans les deux premiers Concertos de Beethoven, ce n’était point gageure, juste l’art, cet art immaculé et troublant _ voilà _ qui fait entendre comme si l’encre en était à peine sèche _ et c’est bien sûr là le sommet de l’art de l’interprète !!!! _ la _ sublimissime _  Fantaisie en ut mineur de Mozart.

LE DISQUE DU JOUR


Lars Vogt


The Complete Warner Classics Edition

CD 1


Ludwig van Beethoven (1770-1827)


Variations sur un thème original en ut mineur, WoO 80
Sonate pour piano No. 5 en ut mineur, Op. 10 No. 1
Sonate pour piano No. 32 en ut mineur, Op. 111

CD 2


Ludwig van Beethoven (1770-1827)


Sonate pour cor et piano en fa majeur, Op. 17


Robert Schumann (1810-1856)


Adagio et Allegro, Op. 70


Paul Hindemith (1895-1963)


Sonate pour Althorn et piano


Volker David Kirchner (1942-2020)


3 Poemi
Marie Luise Neunecker, cor

CD 3


Ludwig van Beethoven (1770-1827)


Concerto pour piano et orchestre No. 1 en ut majeur, Op. 15 (2 versions)
Concerto pour piano et orchestre No. 2 en si bémol majeur, Op. 19
City of Birmingham Symphony OrchestraSir Simon Rattle, direction

CD 4


Johannes Brahms (1833-1897)


Sonate pour piano No. 1 en ut majeur, Op. 1
Sonate pour piano No. 2 en fa dièse mineur, Op. 2
Scherzo en mi bémol mineur, Op. 4

CD 5


Johannes Brahms (1833-1897)


Sonate pour piano No. 3 en fa mineur, Op. 5
4 Ballades, Op. 10

CD 6


Johannes Brahms (1833-1897)


3 Intermezzos, Op. 117
6 Klavierstücke, Op. 118
4 Klavierstücke, Op. 119

CD 7


Johannes Brahms (1833-1897)


Sonate pour violon et piano No. 1 en sol majeur, Op. 78
Sonate pour violon et piano No. 2 en la majeur, Op. 100
Sonate pour violon et piano No. 3 en ré mineur, Op. 108
Scherzo en ut mineur, de la Sonate pour violon et piano « F-A-E », WoO 2
Christian Tetzlaff, violon (2002, Heimbach)

CD 8


Johannes Brahms (1833-1897)


Sonate pour violoncelle et piano No. 1 en mi mineur, Op. 38
Sonate pour violoncelle et piano No. 2 en fa majeur, Op. 99
5 Lieder, Op. 105 (extrait : No. 1. Wie Melodien zeiht es mir – arr. pour violoncelle et piano)


Robert Schumann (1810-1856)


3 Romances, Op. 94 (version pour violoncelle et piano)
3 Fantasiestücke, Op. 73
Boris Pergamenschikow, violoncelle (2002, Heimbach)

CD 9


Johannes Brahms (1833-1897)


Sonate pour clarinette et piano No. 2 en mi bémol majeur, Op. 120 No. 2
Sonate pour clarinette et piano No. 1 en fa mineur, Op. 120 No. 1
5 Romances et Gesänge, Op. 84 (extrait : No. 4. Vergebliches Ständchen – arr. pour clarinette et piano)


Alban Berg (1885-1935)


4 Stücke, Op. 5
Sonate pour piano, Op. 1
Sabine Meyer, clarinette (2002, Heimbach)

CD 10


Joseph Haydn (1732-1809)

Trio pour violon, violoncelle et piano en sol majeur, Hob. XV:15
Kornelia Brandkamp, flûte – Tanja Tetzlaff, violoncelle (2000, Heimbach)


Johannes Brahms (1833-1897)


Trio pour violon, violoncelle et piano No. 1 en si majeur, Op. 8 (version 1887)
Christian Tetzlaff, violon – Boris Pergamenschikow, violoncelle (2000, Heimbach)

CD 11


Johannes Brahms (1833-1897)


Quatuor pour violon, alto, violoncelle et piano No. 1 en sol mineur, Op. 25
Julia Fischer, violon – Tatjana Masurenko, alto – Gustav Rivinius, violoncelle (2000, Heimbach)


Quatuor pour violon, alto, violoncelle et piano No. 3 en ut mineur, Op. 60
Antje Weithaas, violon – Kim Kashkashian, alto – Boris Pergamenschikow, violoncelle (1999, Heimbach)

CD 12


Johannes Brahms (1833-1897)


Quatuor pour violon, alto, violoncelle et piano No. 2 en la majeur, Op. 26
Christian Tetzlaff, violon – Hartmut Rohde, alto – Heinrich Schiff, violoncelle (2003, Heimbach)


Camille Saint-Saëns (1835-1921)


Le Carnaval des animaux, R. 125
Sharon Kam, clarinette – Andrea Lieberknecht, flûte – Isabelle Faust, Anette Behr-König, violons – Stefan Fehlandt, alto – Christian Poltéra, violoncelle – Peter Riegelbauer, contrebasse – Mihaela Ursuleasa, piano – Tatiana Komarova, glockenspiel – Gregor Bühl, xylophone (2003, Heimbach)


Darius Milhaud (1892-1974)


Scaramouche, Op. 165b
Mihaela Ursuleasa, piano (2003, Heimbach)

CD 13


Antonín Dvořák (1841-1904)


Sonatine pour violin et piano en sol majeur, Op. 100, B. 183


Piotr Ilyitch Tchaïkovski (1840-1893)


Trio pour violon, violoncelle et piano en la mineur, Op. 50, TH 117 « A la mémoire d’un grand artiste »
Antje Weithaas, violon – Claudio Bohórquez, violoncelle (2004, Heimbach)

CD 14


Antonín Dvořák (1841-1904)


Trio pour violin, violoncelle et piano No. 3 en fa mineur, Op. 65, B. 130
Christian Tetzlaff, violon – Boris Pergamenschikow, violoncelle (2003, Heimbach)


Dmitri Chostakovitch (1906-1975)


Trio pour violin, violoncelle et piano No. 2 en mi mineur, Op. 67
Antje Weithaas, violon – Boris Pergamenschikow, violoncelle (2000, Heimbach)

CD 15


Antonín Dvořák (1841-1904)


Quintette pour piano et cordes No. 2 en la majeur, Op. 81, B. 155
Christian Tetzlaff, Antje Weithaas, violons – Kim Kashkashian, alto – Boris Pergamenschikow, violoncelle (1999, Heimbach)


Quatuor pour piano et cordes No. 2 en mi bémol majeur, Op. 87, B. 162
Isabelle Faust, violon – Diemut Poppen, alto – Tanja Tetzlaff, violoncelle (2000, Heimbach)


Tatjana Komarova (née en 1968)


Trio pour violon, violoncelle et piano
Antje Weithaas, violon – Nikolai Schneider, violoncelle (1999, Heimbach)

CD 16


César Franck (1822-1890)


Sonate pour violon et piano en la majeur, FWV 8, CFF 123


Camille Saint-Saëns (1835-1921)


Sonate pour violon et piano No. 1 en ré mineur, Op. 75


Maurice Ravel (1835-1921)


Sonate pour violon et piano No. 2 en sol majeur, M. 77
Sarah Chang, violon

CD 17


Joseph Haydn (1732-1809)


Sonate pour clavier [No. 15] en mi majeur, Hob. XVI:13
Sonate pour clavier [No. 33] en ut mineur, Hob. XVI:20
Sonate pour clavier [No. 36] en ut majeur, Hob. XVI:21
Sonate pour clavier [No. 50] en ré majeur, Hob. XVI:37
Trio pour violon, violoncelle et clavier en ut majeur, Hob. XV:27
Antje Weithaas, violon – Alban Gerhardt, violoncelle (2001, Heimbach)

CD 18


Joseph Haydn (1732-1809)


Sonate pour clavier [No. 60] en ut majeur, Hob. XVI:50


Johannes Brahms (1833-1897)


4 Klavierstücke, Op. 119


Helmut Lachenmann (né en 1935)


Variations sur un thème de Schubert


Franz Schubert (1797-1828)


Sonate pour piano No. 18 en sol majeur, D. 894

CD 19


Paul Hindemith (1895-1963)


Kammermusik No. 2, Op. 36 No. 1
Berliner PhilharmonikerClaudio Abbado, direction


Olivier Messiaen (1908-1992)


Quatuor pour la fin du Temps
Michael Collins, clarinette – Isabelle van Keulen, violons – Alban Gerhardt, violoncelle (1999, Heimbach)

CD 20


Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)


Sonate pour piano No. 10 en ut majeur, K. 330
Sonate pour piano No. 11 en la majeur, K. 331 « Alla Turca »
Sonate pour piano No. 12 en fa majeur, K. 332

CD 21


Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)


Fantaisie pour clavier en ré mineur, K. 397/385g
Fantaisie pour clavier en ut mineur, K. 475
Rondo pour clavier No. 1 en ré majeur, K. 485
Rondo pour clavier No. 3 en la mineur, K. 511
9 Variations sur un Menuet de Duport en ré majeur, K. 573
Adagio pour clavier en si mineur, K. 540

CD 22


Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)


Quatuor avec piano No. 1 en sol mineur, K. 478
Isabelle Faust, violon – Stefan Fehlandt, alto – Natalie Clein, violoncelle (2003, Heimbach)


Trio pour violon, violoncelle et piano No. 3 en si bémol majeur, K. 502
Christian Tetzlaff, violon – Gustav Rivinius, violoncelle (2004, Heimbach)


Quintette pour piano et vents en mi bémol majeur, K. 452
Diemut Schneider, clarinette – Ulrich König, hautbois – Daniel Jemison, basson – Jochen Ubbelohde, cor (2000, Heimbach)

CD 23


Modeste Moussorgski (1839-1881)


Tableaux d’une exposition


Tatjana Komarova (née en 1968)


Sonate pour piano


Piotr Ilyitch Tchaïkovski (1840-1893)


Dumka en ut mineur. Scène rustique russe, Op. 59, TH 145
Les Saisons, Op. 37a (3 extraits : No. 6. June. Barcarolle ; No. 10. Octobre. Chant d’automne ; No. 11. Novembre. Troika)

CD 24


Modeste Moussorgski (1839-1881)


Tableaux d’une exposition (version avec récit de Konrad Beikircher)

CD 25


Robert Schumann (1810-1856)


Kreisleriana, Op. 16
Bunte Blätter, Op. 99

CD 26


Robert Schumann (1810-1856)


Concerto pour piano et orchestre en la mineur, Op. 54


Edvard Grieg (1843-1907)


Concerto pour piano et orchestre en la mineur, Op. 16
City of Birmingham Symphony OrchestraSir Simon Rattle, direction

CD 27


Dmitri Chostakovitch (1906-1975)


Sonate pour violoncelle et piano en ré mineur, Op. 40


Igor Stravinsky (1882-1971)


Suite italienne (version pour violoncelle et piano : Piatigorsky)


Sergei Prokofiev (1891-1953)


Sonate pour violoncelle et piano en ut majeur, Op. 119
Truls Mørk, violoncelle

Lars Vogt, piano

Un coffret de 27 CD du label Warner Classics 5054197604904

Photo à la une : le pianiste Lars Vogt, en 2020 – Photo : © Alberto Venzago

Quelle somme réalisée ! et transmise en ce richissime coffret Warner Classics 5054197604904 « Lars Vogt – The complete Warner Classics Edition« 

Et quelle perte subie par nous d’un tel interprète, de cette qualité !!!

Ce lundi 1er janvier 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

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