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Pour le concours du CD le plus dépressif de ce début d’année 2019 : « In a Strange Land », par stilo antico…

03fév

Á titre rigoureusement personnel,

je n’apprécie guère les musiques dépressives,

à la John Dowland (1563 – 1626),

dont la devise était, faut-il le rappeler, « Semper Dowland, semper dolens« …

En revanche, j’ai déjà eu l’occasion de faire l’expérience

du talent de l’ensemble de chanteurs anglais stilo antico…

Eh bien, je ne recommanderai certes pas aux dépressifs

le CD In a Strange Land

_ soit le CD Harmonia Mundi HMM 902266 _,

consacré à des œuvres de compositeurs élizabétains en exil _ extérieur, ou intérieur,

pour cause de foi catholique persistante sous le règne d’Elizabeth Ière _ :

John Dowland (1563 – 1626),

William Byrd (c. 1540 – 1623),

Richard Dering (c.1580 – 1630),

Peter Philips (c.1560/61 – 1628),

Philippe de Monte (1521 – 1603),

et Robert White (c.1538 – 1574) ;

le CD comportant aussi une pièce d’un compositeur contemporain,

Huw Watkins (né en 1976),

The Phœnix and the Turtle,

sur un poème bien connu de Shakespeate (1564 – 1616)

_ lui-même soupçonnné parfois de foi catholique.


L’interprétation de Stilo antico est parfaite ;

mais il n’est recommandé d’écouter en continu les 72′ de ce CD

qu’aux mélomanes désireux de cultiver leur propre mélancolie…

Voici aussi ce que dit de ce CD

sur le site de Res Musica

Cécile Glaenzer,

en un article intitulé

POLYPHONISTES ÉLISABÉTHAINS EN EXIL PAR L’ENSEMBLE STILE ANTICO

POLYPHONISTES ÉLISABÉTHAINS EN EXIL PAR L’ENSEMBLE STILE ANTICO


CD, Musique d’ensemble

In a strange land, Elizabethan composers in exile.

John Dowland (1563-1626), Willam Byrd (1540-1623), Richard Dering (1580-1630), Peter Philips (1560-1628); Philippe De Monte (1521-1603), Huw Watkins (1976), Robert White (1538-1574).

Ensemble Stile Antico.

Enregistré en février 2018 à Londres.

1 CD Harmonia Mundi.

Livret français-anglais.

Durée 71:34


Sous le règne d’Elizabeth Ire, la tourmente des persécutions religieuses amenèrent de nombreux musiciens catholiques à fuir l’Angleterre. Mais pour ceux qui ne quittaient pas leur terre natale, l’Angleterre protestante était devenue, symboliquement, une terre étrangère. C’est cette situation d’exil _ extérieur et intérieur _ qu’illustre le programme de cet enregistrement.


En ouverture, le célèbre air de Dowland Flow my tears est ici chanté dans sa version polyphonique. La plupart des airs de l’époque sont ainsi publiés sous forme de monodie accompagnée conjointement à leur version pour quatuor vocal. Ici, on remarquera le motif mélodique descendant illustrant le flot des larmes. La mélancolie est la marque de fabrique _ bien connue ! _ de Dowland (Dowland, semper dolens). Plus loin dans le programme, son air Trembling shadow nous permet d’apprécier la complexité du chromatisme qui donne à entendre une impression de tremblement.

Si Dowland semble avoir été catholique par opportunisme plus que par conviction, William Byrd, lui, témoigne par son art d’avoir été un « récusant » sincère et d’avoir mis sa grande notoriété au service de la cause religieuse. Ses motets sont empreints _ en effet _ d’une grande force expressive, particulièrement remarquable dans le motet à huit voix Quomodo cantatibusd’une écriture contrapuntique très savante.

Les musiciens catholiques qui quittaient l’Angleterre pour échapper aux persécutions s’exilaient principalement aux Pays-Bas ou dans les Flandres. C’est le cas de Peter Philips et de Richard Dering. Du premier, nous entendons dans cet enregistrement deux motets à la Vierge illustrant le passage du style archaïque de la prima pratica aux innovations du premier baroque.


Une parenthèse contemporaine nous est proposée par une oeuvre écrite par Huw Watkins pour l’ensemble, mettant en musique un poème de Shakespeare, « Le Phénix et la Colombe », qui serait une allégorie évoquant les martyrs catholiques dont on décrit ici les funérailles, et qui se termine par une sublime mélopée finale.

Enfin, pour clore ce programme, les « Lamentations de Jérémie » mises en musique par Robert White (dont nous avons déjà pu apprécier l’écriture dans le Magnificat que Stile Antico donnait en concert à Toulouse l’année dernière) nous offrent _ en 22′ 41 _ des versets d’une force émotionnelle remarquable.

Formé de douze voix a capella, l’ensemble Stile Antico porte à l’excellence _ oui ! _ l’interprétation de la musique anglaise de la Renaissance et s’affirme comme une référence dans le paysage vocal européen. La parfaite homogénéité des voix, l’équilibre des pupitres, la perfection de la justesse, tout concourt à une impression de plénitude à l’écoute de ces polyphonies inspirées.

in a strange land hm

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


A vous, bien entendu, de juger…

Ce dimanche 3 février 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

L’altérité de la personne de l’autre : pourquoi un tel abîme entre pratique et discours ?..

24mai

A l’occasion du colloque à Bordeaux L’Âge classique dans les fictions du XXIe siècle,

ce matin au Studio Ausone,

deux communications d’universitaires auxquelles j’ai assisté :

La Carte de Tendre dans L’Eveil de Line Papin (2016), par Frédéric Briot ;

La Chine dans La Blessure et la soif  (2009), par Laurence Plazenet.


La communication de Frédéric Briot m’a au moins appris l’existence d’au moins trois Cartes de Tendre au sein de l’œuvre de Madeleine de Scudéry

_ dont la plus célèbre, la seconde, se trouve dans son roman Clélie (10 volumes, publiés de 1654 à 1660) _ ;

alors que l’usage qui est fait de cette fameuse Carte, dite _ de façon bien erronée ! _ « du tendre« ,

est d’un extraordinaire succès à travers les siècles ;

et toujours aujourd’hui…

Il faudrait aussi s’interroger sur le succès, en 1668, des Lettres de la religieuse portugaise,

et du thème des Bérénice de Racine et de Corneille…












La communication de Laurence Plazanet porte, elle, sur son propre roman, La Blessure et la soif, de 2009.

Et nous y apprenons que son goût, ici, pour la très grande estrangeté _ ou estrangèreté ? _ de la Chine (au XVIIe siècle,

au moment très précis de la violente disparition de la dynastie des Ming ; en 1644, Pékin est conquise par les Mandchous)

fonctionne, en la singularité de son imaginaire d’auteur de fictions _ à distinguer de ses fonctions (annexes) d’universitaire, prend-elle bien soin de préciser… _,

comme un analogue de son goût pour l’estrangeté profonde _ et fascinante _ de l’augustinisme _ et du jansénisme de Port Royal _,

exactement au même moment en France (sous la Fronde et ses suites) : de 1648 à 1662…

Et la conférencière de citer comme exemple d’écrivain admiré par elle

en ses méthodes comme en ses goûts d’écriture,

Pascal Quignard _ dont elle a rencontré l’œuvre au moment du film Tous les matins du monde ; avant de la lire goulûment in extenso très vite…

Il se trouve que j’ai moi aussi lu presque tout Quignard,

du moins jusqu’à un certain moment _ celui (2009) du film Villa Amalia

Film et livre m’ont profondément agacé. Le charme était rompu.

Cf mon article du 26 avril 2009 : 

De même que j’ai fini par m’agacer de la thématique (de l’altérité _ sacralisée en paroles _) de François Jullien,

que j’avais fait inviter à de nombreuses reprises chez Mollat et à la Société de Philosophie de Bordeaux,

avant de m’apercevoir de la très profonde cécité _ narcissique ; et en actes… _ à l’autre de cet auteur…

Les yeux se décillent. 

A ma question sur les rapports entre son goût de la passion et le masochisme _ un mot électrique ! _, le sadisme _ qui évoque déjà le raffinement (extatique ! ) de cruauté de certains supplices chinois, au moins dans nos imaginaires… _, la pulsion de mort et les pulsions de vie _ et autres concepts freudiens ! _,

Laurence Plazanet a choisi de botter immédiatement en touche,

en avançant que toute référence postérieure au XVIIème siècle

tombait forcément hors de propos _ pour profond anachronisme ; et incapacité d’approcher la singularité historique et civilisationnelle visée par son approche documentaire extrêmement rigoureuse et poussée, mais aussi fictionnelle… _ pour elle…

Dont acte.

Son dolorisme se trouve ainsi placé comme au-dessus de toute approche, et par conséquent hors d’atteinte.

Dogmatiquement : il n’a pas à être _ confusément et hors de propos _ discuté.

J’ai trouvé cette position archi-romantique…

J’ai relevé aussi l’aveu de la conférencière de sa vive passion des ruptures…

Ah ! bon…

Pour ma part, je préfère Montaigne à Pascal _ et Augustin et l’augustinisme _,

et j’aime la subtilité sobre et infiniment fine de Marivaux.

Ce jeudi 24 mai 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa

 

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