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Enthousiasmant concert hier soir au Théâtre des 4 Saisons de Gradignan, avec un magnifique Félicien Brut, et un orchestre de jeunes musiciens déchaînés ; avec la création mondiale de la Suite pour accordéon et orchestre « Olympia », de Karol Beffa…

08juin

Le concert avec Félicien Brut hier soir au Théâtre des 4 Saisons à Gradignan,
a été épatant !
D’un enthousiasme festif et d’un engagement assez rare de la part des très talentueux musiciens de l’orchestre
composé de jeunes instrumentistes de l’Orchestre du Pôle d’Enseignement Supérieur de Musique et de Danse (PESMD) de Bordeaux-Aquitaine, pour une moitié,
et de jeunes instrumentistes du Centre Supérieur de Musique du Pays Basque (Musikene) _ de Donostia-Saint-Sébastien _, pour l’autre moitié,
dirigés avec maestria par le chef Laurent Gignoux, à la direction d’une vivacité très dynamique en même temps qu’élégante :
des jeunes d’un enthousiasme merveilleusement communicatif, 
et incarnant, oui, magnifiquement les musiques très expressives qu’ils jouaient _ de Heitor Villa-Lobos (« Bachianas Brasileiras n°2« ), Leonard Bernstein (« Danses symphoniques de West Side Story« ), Arturo Marquez (« Danzon n°2« ), Richard Galliano, Astor Piazzolla (« Oblivion« ), Karol Beffa (« Olympia« ), Thibault Perrine (« Caprice d’accordéoniste« ), Gus Viseur (« Flambée montalbanaise« ) _, et qui les portait, et nous avec, vers les cintres…
De ces œuvres la plupart très festives, je possède diverses brillantes interprétations à ré-écouter :
 _ de la 2e des « Bachianas Brasileiras«  de Heitor Villa-Lobos, d’abord l’interprétation, à Paris les 10 et 11 mai 1956, sous la direction du compositeurVilla-Lobos lui-même : soit le CD EMI 7243 5 66912 2 3 « Villa-Lobos Bachianas Brasileiras N° 1, 2, 5 & 9 » ; ou bien, aussi, à Sao Polo, en juin 2002, sous la direction impeccable de John Neschling : soit le coffret BIS 1830/32 « The Complete Choros and Bachianas Brasileiras« 
_ des « Danses symphoniques de West Side Story« ) de Leonard Bernstein, d’abord la version princeps, à New-York, le 6 mars 1961, sous la direction, ici encore, du compositeur Bernstein lui-même : soit le CD Sony SMK 63085 « Bernstein : Candide, Symphonic Dances from West Side Story, On the Waterfront, Fancy Free« 
_ du « Danzon n°2 » d’Arturo Marquez, l’interprétation, à Caracas, en janvier 2008, du Simon Bolivar Youth Orchestra of Venezuela, sous la direction flamboyante de son chef Gustavo Dudamel : soit le CD DG 477 7457 « Fiesta« 
_ de l' »Oblivion » d’Astor Piazzolla, plusieurs passionnantes interprétations :
. celle, à Tokyo le 26 juin 1988, d’Astor Piazzolla et le Quintetto Tango Nuevo accompagnant la merveilleuse Milva : soit le CD 7Music 7M001-2 « Milva & Astor Piazzolla Live in Tokyo 1988 » ;
. celle, aussi à Tokyo, les 20 et 21 juin 1988, à nouveau de Milva, cette fois avec le Quintetto Argentino de Daniel Binelli : soit le CD Accademia 2004 AC 402-1 « Milva El Tango de Astor Piazzolla » ;
. celle, splendide aussi, sur deux pianos, de Martha Argerich et Eduardo Hubert, en 2009 : soit le CD Warner 019029531899 « The Sound of Piazzolla » ;
. et celle, également saisissante, à Lockenhaus, en 1995, de Gidon Kremer avec Vadim Sakharov, Alois Posch et Per Arne Glorvigen : soit le CD Nonesuch 755979407 2 « Hommage à Piazzolla« .
Quant à Félicien Brut,
il est merveilleusement plein de vie et d’une formidable énergie !
Pour une soirée musicale de quasi été, qui fait vraiment beaucoup de bien !
et le public, très nombreux, n’a pas ménagé ses longs et vibrants applaudissements… 
Ce fut ainsi l’occasion de la création mondiale, ce 7 juin, de la Suite musicale pour accordéon et orchestre « Olympia« , de Karol Beffa, par son dédicataire même, Félicien Brut,
avec, ainsi que l’a confié au public Félicien Brut, des références musicales subtiles aux performances à l’Olympia, 28 Boulevard des Capucines à Paris _ entre le 5 février 1954 et le 14 avril 1997 _, de chanteurs qui ont intensément et durablement marqué le public de cet Olympia _ de Bruno Coquatrix, décédé le 1er avril 1979 _, comme le furent Barbara, Charles Trenet, Yves Montand, Edith Piaf et Charles Aznavour…
Un concert de création mémorable !
… 
En une salle, ce Théâtre des 4 Saisons, à l’acoustique parfaite !
_ Félicien Brut était venu y enregistrer son précédent superbe CD « Le Pari des bretelles« … 
Ce mercredi 8 juin 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Régine Robin, formidable exploratrice des méga-villes en mouvement : le cas-malaise de Paris

26mar

Régine Robin, merveilleuse marcheuse des très grandes villes,

après son magnifique Berlin Chantiers _ Essai sur les passés fragiles, en 2001,

et après son grandiose Mégapolis _ les derniers pas du flâneur, en 2009  _ cf notre article du 16 février 2009 : Aimer les villes-monstres (New-York, Los Angeles, Tokyo, Buenos Aires, Londres); ou vers la fin de la flânerie, selon Régine Robin _,

nous livre aujourd’hui un passionnant Mal de Paris :

tous trois aux Éditions Stock, et dans la superbe collection Un ordre d’idées, de Nicole Lapierre.

En l’entretien chaleureux  _ le podcast dure 50′ _ que Francis Lippa a eu avec Régine Robin au 91 de la rue Porte-Dijeaux sur ce Mal de Paris, le 10 mars dernier,

la conversation alerte met l’accent sur le corsetage _ un peu trop asphyxiant _ de l’imaginaire parisien dominant,

à la fois dans un temps (celui du Paris haussmannien du XIXe siècle) et un espace (celui du Paris maintenu à l’intérieur du cercle difficilement franchissable du Périphérique !) tous deux un peu trop confinés,

et faisant triompher les clichés

tant des nouveaux habitants (ceux de la gentrification de la capitale, et, maintenant aussi, de sa proche banlieue ! Paris a beaucoup chassé en banlieue les Parisiens les moins fortunés…),

que des touristes internationaux qui viennent y passer (et y consommer) quelques heures, au cours de leurs circuits.

L’anecdote, lors de l’entretien, des musiciens de rue roms payés à enchaîner sempiternellement, à tel coin de rue, la scie du _ pourtant merveilleux _ Padam, padam d’Edith Piaf, afin de renforcer le grain de la _ fausse, devenue frelatée _ couleur locale _ type Amélie Poulain, ou Midnight in Paris _du quartier, où ces malheureux sont contraints d’officier sans relâche afin de gagner (un peu) ainsi leur vie… Décidément la scie en boucle a de beaux jours devant elle…

L’île _ Fluctuat nec mergitur… _ ainsi repliée sur elle-même ainsi que sur un déjà lointain passé mythifié, apparente par là même ce Paris corseté _ tant imaginairement (dans les désirs de ceux qui viennent le goûter) que physiquement ! par la muraille un peu trop étanche du Périphérique… _ à la Venise formatée et se vidant de ses Vénitiens _ ils ne sont désormais plus que 60 000 à y résider à l’année, face aux dizaines de milliers de touristes qui viennent chaque jour se repaître ad nauseam de leurs clichés figés ! _ que la lucidité de Régis Debray mettait si justement en lumière dans son bien vif Contre Venise… C’est la muséification-touristification mortifère de Venise que dénonçait là cet amoureux vrai de Venise.

Sur ce phénomène,

cf ma série d’articles sur Arpenter Venise, à partir du 26 août 2012 : Ré-arpenter Venise : le défi du labyrinthe (involutif) infini de la belle cité lagunaire

C’est à dessein que je mets l’accent davantage sur l’aspect « malaise » que sur celui de l’affection teintée de nostalgie _ mais pas seulement : Régine Robin, en demi-américaine qu’elle est (montréalaise) adore surtout ce qui remue, bouge et change _ du mot « Mal » dans l’expression « le mal de Paris« , en employant l’expression « le cas-malaise de Paris » dans le titre de cet article…

Car dans l’ambiguïté voulue de ce titre choisi en commun par l’auteure et son éditeur pour ce livre, Le Mal de Paris,

je perçois tout ce qu’a de regret cette nord-américaine (de Montréal, en effet, où elle vit l’été ; alors qu’elle choisit de vivre l’hiver à Paris, et en Europe : depuis son appartement du XIVe arrondissement, rue du commandant René Mouchotte _ mais Régine Robin est aussi une grande amoureuse de New-York et de Buenos-Aires !),

de ce que Paris _ son Paris de vraie parisienne : elle est née à Ménilmontant-Bellevillene connaît pas assez _ trop corseté que Paris se trouve et se laisse entrainer en son imaginaire… _ la mobilité juvénile joyeuse des mégapoles s’assumant fièrement _ et quasi innocemment _ comme telles,

comme le font New-York, Los Angeles, Tokyo, Buenos-Aires, mais aussi Londres ou Berlin.

C’est ce courage _ américain en quelque sorte _ que Régine Robin rêve de voir Paris oser assumer enfin,

plutôt que de se laisser enliser dans la fossilisation _ muséification _ des seules _ trop petites, provinciales… _ gentrification et touristification : par d’autres…

Régine Robin continue d’être une vraie parisienne, en les divers quartiers où elle a vécu,

mais aussi envisage toujours de vivre…

Voilà un entretien bien vivant

et un livre plus encore,

en même temps que très riche de la perspicacité chantante de ses aperçus empathiques (à la fois excellemment informés _ admiration ! _ autant qu’infiniment poétiques _ dans ses promenades gourmandes et boulimiques, comme dans ses lectures d’une merveilleuse ouverture et variété, toujours, les unes comme les autres, jubilatoirement exploratrices autant qu’aventureuses, parmi le lacis de l’énorme maquis urbain en permanente expansion continue, malgré le corsetage… _) sur la vie vraie de Paris, en son vivant renouvellement, et des Parisiens qui savent y vivre au quotidien et au présent…


Le défi qui se pose à Paris _ comme, aussi, à d’autres villes, dont Bordeaux… _

est de savoir se donner vraiment,

par une imageance un peu plus féconde que la seule imagination (carrée et très étroitement formatée) des gestionnaires qui ne savent faire leur priorité que de la comptabilité à profit résolument quantitatif des tiroirs-caisses… _ cf L’Institution imaginaire de la société, de Cornelius Castoriadis _,

un présent et un avenir beaucoup plus ouverts et bien plus vivants (et mélangés)…

Titus Curiosus, ce 26 mars 2014

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