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Le sublime CD Ricercar « Vater unser » de Clematis et Paulin Bündgen : pour confirmation…

07oct

Comme pour confirmer ma déclaration de « sublime« 

à propos du CD Ricercar Vater unser

de Paulin Bündgen et son ensemble Clematis

_ le CD Ricercar RIC 389  _

en mon article Un sublime CD « Vater unser » de Clematis, d’après les collections Düben de Stockholm du 12 juillet dernier

_ presque trois mois, déjà _,

j’y mettais l’accent sur l’importance musicale des archives-collection Düben de la cour de Suède,

voici ce jour un excellent article 

CLEMATIS FAIT DIALOGUER VOIX ET INSTRUMENTS DANS LA PIÉTÉ LUTHÉRIENNE

sur ce même CD Vater unser de Clematis et Paulin Bündgen chez Ricercar

_ avec la présence de Jérôme Lejeune à la viole ténor au sein de l’ensemble instrumental ! _,

sur le très bon site Res Musica,

et sous la plume de Cécile Glaenzer :

Vater unser, German sacred cantatas.

Johann Hermann Schein (1586-1630), Samuel Eccard (1553-1611), David Pohle (1624-1695), Franz Tunder (1614-1667), Johann Fischer (1646-1716), Johann Wolfgang Franck (1644-1710), Johann Christoph Bach (1642-1703), Georg Böhm (1661-1733), Johann Theile (1646-1724), Johann Michael Bach (1648-1694), Johann Rudolph Ahle (1625-1673), Heinrich Schwemmer (1621-1696).

Paulin Bündgen, contre-ténor.

Ensemble Clematis.

1 CD Ricercar.

Enregistré à Centeilles en octobre 2017.

Durée 1:19:46

Vater-Unser-Clematis-Paulin-BündgenLe label Ricercar revient à ses premières amours avec ce programme de musique sacrée allemande de la deuxième moitié du XVIIe siècle. L’ensemble belge Clematis nous propose ici la découverte d’un pan trop méconnu de ce répertoire, qui fait la part belle au dialogue _ voilà _ entre la voix d’alto de Paulin Bündgen et les instruments.

La plupart des œuvres de ce programme proviennent de manuscrits conservés dans la collection Düben à Uppsala, qui contient de véritables pépites méritant d’être mises en avant _ c’est sur ce point pas assez connu-là que je mettais aussi l’accent ; et ils furent plusieurs membres de la famille Düben à se succéder à la cour de Suède. Nous avons là une génération de compositeurs _ allemands _ très influencés par l’Italie et l’opéra, dans le sillage de Schütz _ et aussi de Buxtehude _, mais aussi pour certains par la France _ mais oui ! _, comme Johann Caspar Fischer _ un compositeur passionnant (1656 – 1746) ; cf le superbe CD Uranie que lui a consacré, au clavecin et à l’orgue, mon amie Elisabeth Joyé (CD Encelade ECL 1402), en 2016 _ qui séjourna à Paris en tant que copiste au service de Lully _ et n’oublions pas non plus le séjour (et la mort, en 1650) de Descartes à la cour de la reine Christine ; Descartes y participant à la réalisation de ballets de cour !

Si le fil conducteur de tout ce répertoire est bien sûr _ comme l’indique le titre même choisi pour ce CD _ le choral luthérien, son traitement instrumental _ oui ! un merveilleux dialogue, en effet ! _ se développe avec une étonnante _ et bienheureuse, joyeuse _ liberté, tant dans l’ornementation _ oui _ que dans le choix des formes (sinfonia, ritornello, sonata …). Ce programme fait _ très _ judicieusement alterner _ lui aussi : en dialogue _ pièces instrumentales et cantates pour alto solo de formes variées : lieder strophiques, lamentos, concerts spirituels… La caractéristique commune de toutes ces pièces vocales est le rôle primordial _ et il faut en effet bien le souligner, en effet ! _ qu’elles donnent aux instruments, offrant un véritable dialogue _ voilà ! _ entre les cordes et la voix.

Le leitmotiv du choral Vater unser, qui donne son titre au CD, revient trois fois dans le programme en trois versions instrumentales _ oui. La dernière est due  à Georg Böhm, dans une transcription de son choral orné pour orgue, où le violon s’empare du thème richement ornementé. Stéphanie de Failly, premier violon et fondatrice de l’ensemble Clematis, y fait merveille _ oui. Bel exemple d’aller-retour entre l’Allemagne et l’Italie, le Salve Regina du papiste Rovetta qui devient Salve mi Jesu sous la signature de Franz Tunder, comme J.S. Bach le fera avec le Stabat Mater de Pergolèse transformé en motet luthérien. On retrouve toutes les caractéristiques de la cantate dans le motet Herr, wer ich nur dich habe de David Pohle (avec les cordes qui imitent le tremblant de l’orgue) et dans le grand Weil Jesu in meinem Sinn de Johann Wolfgang Franck. Mais le chef d’œuvre absolu _ oui !!! _ est le célèbre lamento Ach dass ich Wasser g’nug hätte de Johann Christoph Bach, tant admiré par son cousin Johann Sebastian _ oui. Le premier violon y dialogue admirablement _ oui _ avec la voix d’alto, dans une intensité dramatique qui nous donne à voir _  mais oui _ couler les larmes du pécheur dans des effets descriptifs incomparables qui collent au sens des paroles _ absolument. Le contre-ténor Paulin Bündgen y est magistral _ oui !!! _, comme tout au long de ce programme. Sa voix souple épouse parfaitement _ oui _ toutes les nuances du texte et nous élève _ voilà _ vers une spiritualité intemporelle _ soit l’éternité même : c’est parfaitement relevé.

Jérôme Lejeune, fondateur du label Ricercar, tient lui-même la partie de viole ténor au sein de Clematis _ c’est, bien sûr, à relever ! _ et nous fait bénéficier de sa grande érudition _ mais oui, comme chaque fois !!! Lumineuse ! _ dans le texte du livret qui nous éclaire _ superbement _ sur ses choix musicaux.

Un merveilleux moment de musique,

vous disais-je ce 12 juillet dernier,

de ce sublime CD Ricercar Vater unser _ German sacred santatas


Ce dimanche 7 octobre 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa

 

Un jubilatoire CD de clavecin : les « Pièces de caractère » de Jean-François Dandrieu, par Marouan Mankar-Bennis

22mai

De jeunes générations d’instrumentistes viennent très heureusement re-visiter le répertoire,

et le faire merveilleusement sonner _ et chanter, et danser : pour notre bonheur.

Merveilleusement ; oui, vraiment.

Ainsi ce jour, Marouan Mankar-Bennis, pour un CD Jean-François Dandrieu, intitulé Pièces de caractère, empruntées aux trois Livres (de 1724, 1728 et 1734) de ce musicien (1682-1738) :

le CD L’Encelade ECL 1702.

Parmi les musiciens français de l’Ancien régime _ Louis XIV (1643-1715) , Régence du duc d’Orléans (1715-1723), Louis XV (1723- 1774) _,

Jean-François Dandrieu n’était, jusqu’ici, guère davantage qu’un nom connu de moi, parmi une cinquantaine ou une centaine d’autres _ et dont je possédais déjà plusieurs CDs à son œuvre consacrés.

Rien de lui _ Jean-François Dandrieu, Paris, 1682 – Paris, 17 janvier 1738 _,

et surtout de sa musique _ cf le panorama que détaille un peu déjà l’intéressante notice de wikipédia... _,

n’avait retenu _ distinctement et singulièrement _ mon attention jusqu’ici _ mais je dois aussi en être en partie responsable… 

Et voici qu’aujourd’hui’hui ce CD Pièces de caractère de Marouan 1er _ id est Marouan Mankar-Bennis _, se signale tout à fait singulièrement et très vivement  à mon oreille et à mon plaisir musical…

Dès la première pièce, Prélude (extraite _ et c’est la seule ! _ d’un des trois Livres _ de clavecin _ dits de jeunesse, publiés en 1705),

l’attention est captée, et beaucoup mieux que ça, enlevée, emportée, complètement séduite

par sa jubilation _ pourtant relativement simple : un prélude n’a-t-il pas pour principale fonction de permettre à l’instrumentiste de se faire un peu les doigts ?..

Il faut dire que deux éléments y contribuent puissamment :

la sonorité _ délicieusement luthée _ de l’instrument,

ainsi que le jeu extrêmement délié, et magnifiquement ludique, tout en étant très élégant, de l’interprète, jubilatoire.

Cette double séduction va opérer tout le long d’un programme extrêmement finement élaboré, en ses parties, ses transitions, ou passages surprenants, a contrario. Nous sommes ici conviés à un théâtre de musique _ à la fois très intime et joliment subtil, mais aussi très puissamment expressif (mais sans aspérités, ni brutalités : avec beaucoup d’humour, et parfois un grain de mélancolie, aussi) _ qui se déploie pour notre jubilation tout le long du programme très judicieusement développé ;

et en mêlant les emprunts aux trois Livres _ de clavecin _ de la maturité du compositeur (1724, 1728, 1734).

A partir du troisième tiers des pièces du CD, l’interprète change d’instrument,

troquant l’extraordinaire clavecin flamand d’après Joannet Couchet (du milieu du XVIIe siècle), réalisé par Andreas Linos et Jean-François Brun, en 2014,

pour un clavecin français d’après un modèle du XVIIIe siècle, par Ryo Yoshida, en 1989.

Ce CD L’Encelade _ une marque décidément remarquable !!! _ est un cadeau du ciel :

vous n’oublierez plus les noms de Jean-François Dandrieu,

ni de Marouan Mankar-Bennis.

Et je n’ai rien dit de l’intelligence de la notice, rédigée avec beaucoup de précision et de sensibilité par l’interprète et concepteur de ce si beau programme.

Si bien qu’ayant lu que Marouan a été l’élève de mon amie Elisabeth Joyé _ qui lui a aussi prodigué quelques conseils pour cet enregistrement ! _,

j’ai appelé aussitôt Elisabeth

afin de partager avec elle la joie de ce plaisir de musique française

si merveilleusement servie ici.

Merci, Elisabeth !

Et Bravo Marouan !!!

Ce mardi 22 mai 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa

Découvrir l’entame merveilleuse de l’oeuvre de clavier de Jean-Sébastien Bach par le prodigieux Benjamin Alard

30mar

Benjamin Alard publie ces jours-ci le volume 1, en 3 CDs,

intitulé The Young Heir / Le Jeune Héritier (1699 – 1705),

de The Complete Words for Keyboard de Johann-Sebastian Bach (1685 – 1750),

une intégrale de 14 coffrets…


Ces plus de 4 heures de sublime musique

nous transportent dès maintenant très, très, très haut…

Le 1er CD du ce 1er coffret concerne Ohrdruf _ soit la toute première formation du jeune Johann-Sebastian (1685-1750) auprès de son frère aîné Johann-Christoph (1660-1721), qui le recueille là entre 1695  et 1700, suite à la perte successive de la mère, Elisabeth, en 1694, et du père, Johann-Ambrosius, en 1695 ; et se frottant à des œuvres de Johann-Michaël Bach (1648-1694), Frescobaldi (1583-1643), Kuhnau (1660-1722), Böhm, déjà (1661-1733), Froberger (1616-1667), Pachelbel (1653-1706), Marchand (1669-1732), Grigny (1672-1703), ainsi que de Johann-Christoph Bach (1642-1703) _ ;

le second, Lüneburg _ l’apprentissage méthodique tout autant qu’inspiré, auprès d’un immense maître, Georg Böhm, entre 1700 et 1703 ; tout en permettant au très audacieux et fougueux jeune homme de pouvoir gagner assez aisément, de là, et à pied, Hambourg et Lübeck, où officiaient les merveilleux Reincken, à Hambourg, et Buxtehude, à Lübeck… _ ;

et le troisième, Arnstadt _ lieu du tout premier poste du jeune organiste et compositeur, à partir de juillet 1703 ; et c’est somptueux…

Bien sûr,

la musique du jeune Johann-Sebastian Bach vient trancher très tôt avec les compositions des maîtres de son temps.

Le texte au dos de ce premier coffret _ des 14 au total, qui formeront cette intégrale des œuvres pour claviers de Bach ! _ est tout à fait éloquent :

« On ne naît pas génie, on le devient _ en effet ! La jeunesse de Bach a été un vaste champ _ et chantier : chantant ! _ d’observation intense et intensive. Depuis les années d’apprentissage à Ohrdruf, où sa sensibilité artistique précoce se manifeste de façon éclatante _ oui ! _, jusqu’au premier grand poste d’organiste à Arnstadt _ où son génie s’emballe et se donne très libre cours _, Bach n’a cessé d’enrichir _ oui _ sa _ phénoménale _ culture musicale, porté par une _ déjà _ puissante tradition familiale, animé par le respect iconique _ _ des maîtres anciens, des affinités _ en effet _ décisives et une _ infinie _ curiosité _ gourmande, boulimique et de très grand goût _ constamment en éveil… En prélude à une intégrale _ de 14 coffrets _ d’un nouveau genre _ mêlant tous les claviers, et intégrant aussi, à l’occasion quelques voix de chanteurs _  il fallait l’éloquence _ parfaite _ et l’intelligence vigilante _ sans défaut _ du jeu de l’excellent _ et c’est là, encore, un euphémisme, tant il est prodigieux ! _ Benjamin Alard pour révéler la maîtrise technique _ aussitôt, mais c’est loin d’être le principal ! _ des premières œuvres pour clavier de Bach et traduire l’essence même _ mais oui… _ du discours musical d’un jeune compositeur qui se mesure déjà _ avec une totale réussite, couronnant son audace et la générosité et très haute inspiration de ses élans _ à l’aune de ses prédécesseurs comme de ses contemporains« .

Mais il faut aussi, et encore plus, rendre pleine justice au miraculeux talent _ révélé depuis bien longtemps déjà  : merci, merci !, à l’ami Jean-Paul Combet, pour cela, et d’abord sur l’orgue d’Arques-la-Bataille !!! _ de Benjamin Alard _ né à Rouen le 13 juillet 1985 _

de savoir si bien d’abord écouter chacun de ses instruments _ tant, ici, l’orgue de Sainte-Aurélie de Strasbourg, que le clavecin que lui a construit, d’après des modèles flamands de Ruckers et Dulken, le maître-facteur Emile Jobin _, en les moindres de leurs sonorités singulières,

et de si bien savoir mettre celles-ci au service de son interprétation, aussi puissante que souple, délicate, fluide, et merveilleusement chantante, aussi vive et brillante que toujours parfaitement juste, de ces merveilleux chants de gloire, de la plume inspirée à foison, telle une inépuisable source de lum!ère, de notre génial compositeur… 

Et ici je me souviens de la profondeur, douceur, noblesse et gravité, de l’hommage que, le 7 août 2014, Benjamin Alard, accouru aussitôt de sa Normandie, est venu rendre à Jacques Merlet, à l’orgue Dom Bedos de l’abbatiale Sainte-Croix de Bordeaux,

pour les obsèques de cet incomparable défenseur de la musique ancienne _ et des meilleurs de ses servants _, qu’était notre facétieux, aussi, maître Jacques…

cf mon article du 31 août 2014 : Tombeau de Jacques Merlet en son idiosyncrasie _ à un grand bordelais… ; ainsi que cet autre, du 11 décembre 2015 : «  ; ainsi que le podcast de mon entretien du 12 décembre 2015 avec Marcel Pérès : Les Muses en dialogue _ hommage à Jacques Merlet

Et ce n’est pas un hasard si dans l’entretien présent dans le livret, Benjamin Alard sait, aussi, rendre hommage

à ce qu’il doit à Pierre Hantaï,

et à Elisabeth Joyé.

Ce tout premier coffret de trois CDs de l’intégrale à venir de la musique pour clavier de Johann-Sebastian Bach

est, déjà, un merveilleux et très épanoui juvénile monument de vie.

Pourvoyeur à ce degré de joie,

il n’est pas près de quitter ma platine…

Ce vendredi 30 mars 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa

la postérité-filiation (musicale) de l’immense Gustav Leonhardt : Pierre Hantaï, Elisabeth Joyé, Benjamin Alard…

19fév

Comment rendre _ enfin ! j’ai appris son décès, survenu le 16 janvier, le 18 janvier : cela fait un mois… _ l’hommage le plus juste qui soit, à un talent musical tel que celui de Gustav Leonhardt ? qui nous a procuré tant et tant des plus hautes jouissances qu’un musicien peut offrir tant au concert qu’au disque ?..


Car nous avons eu bien de la chance, à Bordeaux, que le maître apprécie non seulement la beauté élégante et noble (sans ostentation) de notre ville, mais aussi la singularité de l’orgue Dom Bedos de l’abbatiale Sainte-Croix, au point d’y revenir souvent donner des concerts : d’abord, peut-être, à l’amphi 700 de la Faculté des Lettres, pour le Gram ; mais aussi et surtout au Temple du Hâ, pour le Carré, à de nombreuses et ô combien heureuses reprises ; mais aussi au Grand-Théâtre ; et encore en quelques beaux châteaux de vin, tels que Yquem ou Carbonnieux ; et encore Soutard, pour un concert privé de clavicorde… Sans compter, outre plusieurs grands récitals d’orgue à Sainte-Croix, l’enregistrement si marquant, en juin 2001, du CD Alpha 017 L’Orgue Dom Bedos de Sainte-Croix de Bordeaux, à l’advenue duquel j’ai ma modeste participation, outre ma contribution au livret « la construction de l’orgue Dom Bedos en l’abbatiale Sainte-Croix de Bordeaux sous la réforme mauriste« , pages 16 à 23. Et côtoyer au quotidien le maître, et son humour incisif, outre son élégance, n’est certes pas peu en une vie d’amoureux de la musique… Je l’ai revu et écouté aussi à Arques…

Aussi, mets-je à profit pour ce blog

ce courrier adressé ce matin même à mon ami Jean-Paul Combet, le fondateur d’Alpha,

pour lui faire part de l’article de Renaud Machard dans Le Monde daté de ce dimanche 19 février 2012, qui à l’occasion de concerts du très doué et toujours « parfait » Benjamin Alard, lui rend au passage aussi hommage,

en saluant l’amitié et la collaboration éditoriale (pour Alpha) qui les unissait, Gustav et Jean-Paul…

Voici donc ce courriel :

De :  Titus Curiosus
Objet : Benjamin Alard, Gustav Leonhardt et Jean-Paul Combet : texte choisi à lire aux funérailles
Date : 19 février 2012 08:42:17 HNEC
À :   Jean-Paul Combet

Un bel article d’hommage(s),
que tu as dû relever, dans Le Monde
(édition papier de ce dimanche 19 février)…

Sinon, le voici…
http://www.lemonde.fr/culture/article/2012/02/18/benjamin-alard-fait-sonner-saint-louis_1645273_3246.html


J’espère que tu vas bien,
amitié(s)

Titus

P.s. : sais-tu ce qu’est ce texte
« magnifique » (!)
que Gustav Leonhardt a fait lire à ses funérailles ?

Benjamin Alard fait sonner Saint-Louis

MUSIQUE | | 18.02.12 | 13h42

On ne l’avait pas revu depuis quelque temps : Benjamin Alard, 27 ans, a toujours la même allure et ces traits juvéniles à la Harry Potter que lui donnent parfois des lunettes cerclées, mais il n’est plus tout à fait le benjamin de l’école de clavecin et d’orgue française. Elle est si florissante (ce que Murray Perahia, le grand pianiste américain, confirme quand on lui parle de clavecin, un instrument qu’il adore et joue en privé) que, chaque semestre, un nouveau talent _ tel, à Bordeaux, Aurélien Delage… _ semble éclore _ grâce au génie de la transmission d’Elisabeth Joyé, me faut-il tout spécialement ajouter ! Une fée !

Mais Benjamin Alard est d’une graine différente _ et singulière. On pourrait dire que ce grand jeune homme discret, fin, réservé mais à l’humour subtil, a su être vieux _ c’est-à-dire pleinement mature _ de bonne heure. Dès ses premières apparitions publiques, après l’obtention du très prestigieux Premier Prix du Concours international de Bruges, en 2004 (sorte de Concours Tchaïkovski ou Chopin du clavecin et de la musique ancienne), le musicien semblait avoir tout compris des chefs-d’oeuvre de la littérature pour le clavier, ce qu’il démontrait avec l’aplomb sans tapage d’un sage : un jeu extrêmement calme et affûté, dégraissé mais d’une souplesse merveilleuse, comme géré par un subtil entrelacs de tensions savamment poussées et relâchées _ c’est parfaitement énoncé !

Pour ceux qui ne connaîtraient pas ses _ merveilleux ! _ disques d’orgue ou de clavecin, distribués par les labels Hortus, puis Alpha _ par exemple le génial double CD des Partitas de Bach : Clavier Übung – I, le CD Alpha 157 _, il est possible d’entendre Benjamin Alard un dimanche par mois, à l’heure du déjeuner, à la tribune de l’église Saint-Louis-en-l’Ile, où il est organiste titulaire, et au clavecin, lors de concerts organisés à l’hôtel de Lauzun, à quelques pas, quai d’Anjou. Deux séries en écho et en intelligence, la première dans la vaste nef, la seconde dans une salle de 90 places seulement.

L’ensemble fait la part belle à Jean-Sébastien Bach, mais fait entendre aussi des compositeurs auxquels Alard est très sensible, ceux de la jointure des XVIIe et XVIIIe siècles, comme Samuel Scheidt _ 1587-1654, en fait : c’est un contemporain de Schütz… « Sa programmation permet de prendre des distances avec les concerts d’orgue, parfois un peu poussiéreux, du dimanche après-midi« , avoue Benjamin Alard. « Je n’y vois rien de mal, mais je tiens à faire passer un message vraiment musical et exigeant, et aussi à mettre en regard, en « contrepoint », le terme qui sert de titre à la série, la littérature des deux instruments. »

Alard dit aussi vouloir faire découvrir la beauté de l’orgue Bernard Aubertin dont il est le cotitulaire depuis 2005 : « C’est un instrument neuf qui est construit d’après les canons anciens pour jouer spécifiquement la musique allemande des XVIIe et XVIIIe siècles. Son statut et son état sont exceptionnels, surtout si on les compare à ceux de beaucoup d’orgues de la capitale, dont certains sont en mauvaise santé et attendent des restaurations, comme les tribunes de Saint-Nicolas-des- Champs ou Saint-Merri« , précise Alard.

On s’étonne de la jauge de la petite salle de l’hôtel de Lauzun et de son incidence sur l’économie du projet : « Ce projet n’a, en fait, pas vraiment d’économie car notre association, Claviers en l’Isle, ne possède pas la licence de concert. D’ailleurs, ce n’est pas l’esprit de ces rencontres avec le public, que nous voulons singulières et au service premier de la musique. » Singulières mais en rien élitistes, assure Alard : « C’est juste que le clavecin n’est pas fait pour être joué dans des grandes salles et ce n’est que dans un tel cadre qu’on peut vraiment l’entendre » _ oui ! ; comme, aussi, dans les salons ou chambres de l’Hôtel de Soubise, où je suis venu écouter la perfection d’Elisabeth Joyé dans un récital (sublime !) de musique française…

Le festival Contrepoints est aussi soutenu par L’Autre Monde, l’association créée par Jean-Paul Combet, fondateur du label discographique Alpha. « Jean-Paul, qui est un ami, ne fait pas qu’éditer notre dépliant, mais il nous conseille dans la programmation. » Benjamin Alard doit beaucoup à M. Combet : « Il a publié la plupart de mes disques, mais je lui suis redevable de ma découverte _ in vivo : à l’Académie Bach, d’Arques-la-bataille, en Haute-Normandie, près de Dieppe _ de Gustav Leonhardt« , confie le claveciniste à propos du « pape » de l’instrument, qui vient de mourir le 16 janvier.

« C’était en Normandie, ma région natale, lors d’un concert organisé par Jean-Paul. Je me souviens encore avec émotion de ce choc. » Le choc pour l’orgue eut lieu très jeune. Le jeune Alard s’initie à l’instrument grâce au curé de sa paroisse. « Le son de cette machine me fascinait« , se souvient-il. Il travaille avec Louis Thiry, pour lequel il ne cache pas sa vive admiration. Le clavecin vient après. Mais il ne cessera de jouer de conserve les deux types de clavier.

De Leonhardt, auquel on l’a plusieurs fois comparé pour la noblesse _ oui ! _ de leurs jeux, Benjamin Alard n’a cependant pas été l’élève. « J’ai été comme beaucoup extrêmement impressionné par son dernier concert, donné à Paris _ c’était le 12 décembre dernier _, quelques jours _ un mois à peine _ avant sa mort. Et très marqué aussi par les textes _ de sagesse de la vie _ qu’il avait choisi de faire lire à ses funérailles _ à la Westerkerke d’Amsterdam. Des textes magnifiques qui disaient tous le doute _ actif _ face à l’existence. Cet homme suggérait, aidait les musiciens à puiser ce qu’il y a de meilleur et singulier en eux. Il doutait _ positivement _, ne proférait rien. C’est cela qu’il nous laisse en héritage« , conclut Benjamin Alard, visiblement ému.

Contrepoints,
par Benjamin Alard (orgue). Eglise Saint-Louis-en-l’Ile, 19 bis, rue Saint-Louis-en-l’Ile, Paris 6e. Un dimanche par mois, jusqu’au 10 juin. Prochain concert : le 19 février à 12 h 30. Œuvres de Samuel Scheidt, Dietrich Buxtehude. Entrée et participation libres. Durée du concert : une heure, sans entracte.

Renaud Machart

Article paru dans l’édition du 19.02.12

Titus Curiosus, ce 19 février 2012

 

La joie Bach : de sublimes sonates à l’orgue Aubertin de Saint-Louis en l’Île par un « solaire » Benjamin Alard

15sept

Des « Sonate a 2 Clav. & Pedal » (BWV 525-530) de Johann Sebastian Bach _ datées « des années 1723-1725« , à l’approche de la quarantaine du maître (1685-1750) _,

Gilles Cantagrel les présente, page 14 de ses « notes » du livret de ce CD Alpha 152 _ « Sonate a 2 Clav. & Pedal BWV 525-530 » de Johann Sebastian Bach par Benjamin Alard à l’orgue Pascal Aubertin de Saint-Louis en l’Île, Paris… _,

comme,

par « leur beauté intrinsèque comme leur puissance poétique« ,

« des chefs d’œuvre de la musique d’orgue« ,

tous auteurs confondus, si j’ose dire, et au-delà du seul génie de Bach lui-même ; et « devenues des pièces majeures des programmes de récitals » des plus grands organistes…

Gilles Cantagrel se ralliant par là même à l’avis du tout premier biographe de Bach, Johann-Nikolaus Forkel (1749 – 1818), en son décisif « Über Johann Sebastian Bachs Leben, Kunst und Kunstwerke« , publié par Hoffmeister & Kühnel, à Leipzig en 1802 (soit la « Vie de Jean-Sébastien Bach » dans l’édition Flammarion de novembre 2000) :

« La copie la plus ancienne de ces œuvres est due pour partie à Wilhelm Friedemann Bach _ Weimar, 1710 – Berlin, 1784 _, fils aîné du compositeur, et pour partie à sa belle-mère, Anna Magdalena Bach, seconde épouse de Jean-Sébastien. Cette copie demeura en la possession de Wilhelm Friedemann, ce qui accrédite le propos de Forkel _ indique Gilles Cantagrel, page 15 des « notes«  du livret du CD _, premier biographe de Bach _ en 1802, donc _, tenant de la bouche même de l’intéressé _ Wilhelm Friedemann _ que

« Bach écrivit ces sonates pour son fils aîné Wilhelm Friedemann. C’est en les étudiant que Wilhelm Friedemann se préparait à devenir le grand organiste _ lui-même, à son tour ! sur les leçons de son père… _ que je connus _ dit Forkel, donc, en 1802 _ dans la suite.

Il est impossible de vanter assez le mérite de ces sonates, composées alors que leur auteur, parvenu à l’âge mûr _ peu avant ses quarante ans, donc _, se trouvait en pleine possession de ses moyens : on peut les considérer comme étant son chef d’œuvre en ce genre (…). Il existe de Bach d’autres sonates pour l’orgue : elles sont dispersées dans diverses mains et doivent être comptées parmi ses meilleures œuvres, sans qu’elles puissent égaler celles que je viens de mentionner » _ fin de la citation de Forkel.

Et « c’est là le seul témoignage historique que nous possédions sur ces œuvres« , précise encore Gilles Cantagrel, page 15, qui ajoute cependant que « il est possible d’en reconstituer avec vraisemblance la genèse à partir de ce document » même :

« On sait que Bach veilla avec le plus grand soin, un soin que l’on peut même qualifier d’écrasant, à l’éducation musicale de son fils aîné qui manifesta très tôt des dons exceptionnels. A la fin du siècle _ le XVIIIème… _, Cramer rapporte que Bach « n’était satisfait que du seul Friedemann, le grand organiste ». Il lui enseigna le clavecin, l’orgue, le violon, et toutes les disciplines de l’écriture musicale. A son intention, il écrivit ses premiers ouvrages didactiques, « Inventions » à deux voix et « Sinfonie«  à trois voix, qui sont tout autant un traité de contrepoint que des exercices pour les doigts. Puis le premier livre du « Clavier bien tempéré« . Et il n’est pas douteux que c’est dans l’« Orgelbüchlein« , le « Petit Livre d’Orgue«  de son père, que le jeune garçon, déjà claveciniste aguerri, put faire son apprentissage d’organiste. Peu après, les six « Sonates en trio«  _ enregistrées ici, en ce CD Alpha 152 _ allaient le rompre à la haute école instrumentale, ce qui devait lui permettre de participer aux exécutions des cantates dominicales _ à Leipzig _ en tenant la partie d’orgue obligé des œuvres composées au cours de l’année 1726. Il avait quinze ans.

Mais on sait le labeur harassant qui, à la même époque, dans les premiers temps de son cantorat à Leipzig, attendait Bach. En composant, faisant copier et répéter, puis exécuter une nouvelle cantate chaque dimanche, durant ses quatre ou cinq premières années leipzicoises, il allait constituer un répertoire qu’il pourrait exploiter les années suivantes.


Mais il ne lui restait guère de temps pour songer à d’autres œuvres nouvelles.
Aussi n’est-il pas possible qu’à ce moment il ait pu composer les
« Sonates en trio » _ voilà la déduction importante de Gilles Cantagrel, page 16.


A l’examen, au contraire _ poursuit celui-ci sa « déduction«  _, il apparaît _ voici l’enseignement majeur pour nous ! _ que leurs dix-huit mouvements sont, au moins en grande partie _ et cela s’entend ! se savoure ! et avec quelle sublime délectation, même !.. _, sinon en totalité, des adaptations de pages antérieures, de musique de chambre essentiellement _ pour la cour du prince, si délicieusement mélomane, de Cöthen, Léopold d’Anhalt-Cöthen, à l’excellentissime service musical duquel Bach demeura de 1717 à 1723. Seule la sixième Sonate pourrait être une création entièrement neuve. Pour certaines d’entre elles, du reste, des états originaux sont connus ; de même qu’on en connaît des résurgences ultérieures« 


Autre précision intéressante de Gilles Cantagrel, en son si riche, comme chaque fois, livret, page 18 :

« Les « Sonates » occupent une place tout à fait particulière dans l’œuvre de Bach, à côté des « Concertos » transcrits d’après des originaux ultramontains _ c’est-à-dire italiens : notamment Antonio Vivaldi ! _, puisqu’il s’agit de pièces pour l’orgue qui ne sont pas destinées à l’église _ ni au culte _ ; et ne sauraient y être exécutées, en tout cas pas dans le cadre d’une cérémonie cultuelle _ voilà ! _, messe ou vêpres _ ou autres encore… On n’y relève d’ailleurs pas trace _ en effet ! _ de motif de choral » _ d’après le legs canonique de Luther..


Cependant Gilles Cantagrel précise, et sur un mode interrogatif fort intéressant :

« Mais tel ou tel mouvement ne pourrait-il cependant trouver place dans le déroulement de ces grandes liturgies de la musique et de la parole _ sur le modèle des « Abendmusiken«  de Franz Tunder et Dietrich Buxtehude à Sainte-Marie de Lübeck, par exemple… _ qu’affectionnaient alors les luthériens allemands ?

Et _ de plus, en effet ! _ existe-t-il une frontière bien nette entre le sacré et le profane _ baroques _, en ce temps où « tout citoyen est sociologiquement chrétien » ? Il suffit de voir comment ces œuvres sont constituées de pages ici assemblées, ayant connu d’autres parures sonores ou appelées à d’autres usages _ oui !


Il n’empêche que le tout
_ de ces six « Sonates« -ci _ forme un ensemble d’une remarquable cohérence dans sa diversité oui ! c’est même un caractère fondamental du « Baroque«  ; qui n’est ni le maniérisme ; ni le rococo…

Certes, les six « Sonates » respectent toutes la coupe en trois mouvements de la « sonata di camera » italienne _ oui ! (…) De l’économie du matériau , Bach tire toujours la plus grande substance sonore et le plus miraculeux équilibre entre la densité et la transparence _ formulation magnifique de pertinence. C’est l’ineffable poésie des mouvements lents, dans les amples festons de la mélodie rêveuse du « Largo » de la Sonate 2 ; le chant désolé du « Lento » de la Sonate 6 ; et plus encore, peut-être, la poignante méditation du « Largo » de la Sonate 5. Mais que d’énergie vitale dans les mouvements animés : le « Vivace » vertigineux qui conclut la Sonate 3 ; ou l' »Allegro » final en coupe de rondo de la Sonate 6 qui referme le recueil, en un jubilatoire tournoiement de motifs bondissants ! », pages 18-19…

De la remarque suivante, page 19 du livret du CD : « contrairement à l’habitude de l’époque pour la musique d’orgue, que l’on notait sur deux portées seulement« ,

Gilles Cantagrel déduit encore ceci :

« les sonates sont _ ici _ notées sur trois portées, correspondant à la main droite, à la main gauche et aux pieds intervenant sur le pédalier, parfait reflet de l’écriture en trio _ des sonates de musique de chambre. C’est là sans doute _ et c’est tout à fait éclairant _ un souvenir _ ou même davantage ! _ de l’instrumentation d’origine de la plupart de ces pages ;

mais il y a plus,

puisque cette disposition isolant chaque partie

équivaut à la notation « en partition », que l’on pratiquait encore à cette époque, celle de « L’Art de la fugue » ou du « Ricercar » de l’« Offrande musicale« .

Cette écriture d’une parfaite lisibilité _ que sert ici si splendidement l’intelligence musicale de Benjamin Alard à « son«  orgue Aubertin de Saint-Louis en l’Île _ est pour Bach une façon d’inciter à prendre la plus grande intelligence du texte, de son réseau contrapuntique si serré, si étroitement maillé, tout en invitant l’interprète à individualiser chacune des trois parties, quant à sa couleur, à son phrasé, à son articulation.

Et c’est bien là l’un des défis techniques _ lumineusement relevé : quelle splendeur musicale que celle de Benjamin Alard ! _ lancés par le compositeur à l’exécutant _ servant sa musique _, chargé de traduire la vivante autonomie de chacune des voix en dialogue _ oui ! et comment ! à l’instar du « dialogue des Muses«  _ avec les autres. Il lui faut posséder une indépendance parfaite des doigts et des pieds, dans leur non moins parfaite interdépendance. Faire entendre comment un personnage renchérit sur un autre ou s’y oppose. On comprend bien la fonction didactique _ quelle chance eut le jeune Wilhelm Friedmann d’apprendre à un tel « matériau didactique » à un tel degré : royal !!! _ qui est aussi celle de ces chefs d’œuvre« 

Quel interprète splendide est déjà, lui aussi, aujourd’hui, le jeune et si merveilleux Benjamin Alard !!!

Que son professeur Elisabeth Joyé,

visible, ainsi que Jean-Paul Combet (et Hugues Deschaux) sur la dernière des photos prises lors de l’enregistrement de ce CD par Robin Davis, donnée page 50,

ait apporté aussi ici

son « aide précieuse & amicale » (page 5),

illustre l’importance de ces miraculeuses filiations musicales…

Grand merci à eux tous

pour ce qu’ils nous donnent si splendidement

_ « jubilatoirement«  :

c’est le mot de mon titre,

comme celui qu’utilise, page 3, Jean-Paul Combet en sa courte présentation de ce CD :

« la difficulté _ d’exécuter une sonate à trois voix pour un musicien soliste, tel que, ici, l’organiste _ ne demande pas une technique ostensiblement et vainement virtuose, mais une capacité cérébrale de totale indépendance des trois voix (main droite, main gauche, pieds).

Pour les avoir pratiquées autrefois, je peux témoigner _ indique donc Jean-Paul Combet _ à la fois de cette difficulté

et du plaisir jubilatoire _ soit la « joie » de mon titre d’article ! _

que procure la conduite d’un tel « attelage »,

qui traite l’orgue comme un ensemble de musique de chambre«  _ rien moins ; et le principal est là !.. _

Grand merci à eux tous

pour ce qu’ils nous donnent si splendidement, donc,

d’une telle si belle musique !!! 


Titus Curiosus, ce 15 septembre 2009

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