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Les « Madrigali per cantare sonare a uno, e doi, e tre Soprani fatte per la Musica del gia. Seg. Duca Alfonso d’Este » (1601) de Luzzasco Luzzaschi : deux interprétations discographiques à comparer, par La Venexiana en 2009, et par La Néréide, en 2022…

15sept

Le balisage des musiques pour Ferrare qu’vec passion j’ai entrepris depuis le début de ce mois d’août 2023 _ avec, tout particulièrement, les transmissions musicales que je qualifierai de « ferraraises« ,

auprès de la cour ultra-raffinée des Este, des ducs Alfonse I (Ferrare, 21 juillet 1476 – Ferrare, 31 octobre 1534), Hercule II (Ferrare, 4 avril 1502 – Ferrare, 3 octobre 1559) et Alphonse II (Ferrare, 22 novembre 1533 – Ferrare, 27 octobre 1597) ;  ainsi que des cardinaux Hippolyte I (Ferrare, 20 mars 1479 – Ferrare, 3 septembre 1520) et Hippolyte II (Ferrare, 25 août 1509 – Rome, 2 décembre 1572),

entre Adriaen Willaert (Roselaere, ca. 1490 – Venise, 7 décembre 1562), Cipriano de Rore (Ronse-Renaix, ca. 1515 – Parme, septembre 1565), Luzzasco Luzzaschi (Ferrare, ca. 1545 – Ferrare, 10 septembre 1607) et Girolamo Frescobaldi (Ferrare, 13 septembre 1583 – Rome, 1er mars 1643)… _

m’a conduit, via ce maillon majeur que constituent, pour l’histoire ultra-sensivle de la musique, la vie et l’œuvre du ferrarais Luzzasco Luzzaschi, au CD qui vient tout juste de paraître pour le label Ricercar _ RIC 455, enregistré à Centeilles au mois d’août 2009  _ « Luzzaschi – Il Concerto segreto » de l’Ensemble La Néréide _ avec les voix des 3 soprani Camille Allérat, Julie Roset et Ana Vieira Leite…  _,

interprétant les « Madrigali per cantare sonare a uno, e doi, e tre Soprani fatte per la Musica del gia. Seg. Duca Alfonso d’Este » de Luzzasco Luzzaschi (Ferrare, ca. 1545 – Ferrare, 16 septembre 1605).

Que je n’ai inévitablement pas manqué de comparer tout de suite au lumineux CD « Luzzasco Luzzaschi – Concerto delle Dame » du label Glossa, enregistré par La Venexiana _ soit le CD n°6 du mirifique coffret de 12 CDs « L’Arte del Madrigale«  GCD 920930, un CD enregistré à Pinerolo au mois d’août 2009, avec la prestation somptueuse des 3 parfaites soprani que sont Roberta Mameli, Emanuela Galli et Francesca Cassinari _ interprétant les mêmes 12 Madrigaux.

 

Ce vendredi 15 septembre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Une pause à l’écart du pôle musical ferrarais : la présence de Pierre de La Rue (Tournai, 1460 – Courtrai, 1518) dans ma discothèque…

07sept

M’écartant un peu ce soir du pôle musical ferrarais, et de mes recherches passionnées autour d’Adriaen Willaert (Roselaere, ca. 1490 – Venise, 1562) et Pierre Cadéac (Auch ?, ca. 1505 – Auch, ca. 1565),

je suis revenu me pencher sur un compositeur _ un poil plus ancien… _que j’apprécie énormément depuis les années 80 : Pierre de La Rue (Tournai, ca. 1460 – Courtrai, 1518), dont les cheminements de par la vaste Europe ne sont précisément pas passés par Ferrare _ seulement Sienne, où il est alors répertorié comme « chanteur« , et non « compositeur », de 1483 à 1485, pour ce qui concerne son passage par l »Italie… _ ;

et dont je me suis amusé à rassembler les CDs consacrés à ses principales œuvres, et qui se trouvent au nombre de 10 _ publiés entre 1986 et 2018, et comportant à 6 reprises l’interprétation de son « Requiem«  _, pour ma recherche de ce jour _ peut-être pas tout à fait exhaustive, nous verrons… _, parmi les rangées et les piles de ma discothèque…

Voici ces 10 CDs,

dans l’ordre de leur parution discographique :

_ en 1986, le CD Amon Ra SAR 24 « Pierre de la Rue « Requiem » – Josquin des Prez « Mass Hercules Dux Ferrariae » and « Deploration »« , par le New London Chamber Choir sous la direction de James Wood ;

_ en 1986, le CD Kontrapunkt 32001 « Pierre de la Rue « Requiem » – Giaches de Wert « 5 Motets »« , par Ars Nova sous la direction de Bo Holten ; 

_ en 1988, le CD Kontrapunkt 32008 « Pierre de la Rue « Missa L’homme armé » – Nicolas Gombert « 2 Motets »« , par Ars Nova sous la direction de Bo Holten ;  

_ en 1989, le CD Harmonia Muni HMC 901296 « Pierre de la Rue « Messe L’homme armé » – « Requiem » » par l’Ensemble Clément Janequin ;

_ en 1992, le CD EMI Classics Reflex CDC 7 54082-2 « Pierre de la Rue « Missa Cum iocunditate » – « Motets » » par The Hilliard Ensemble ;

_ en 2003, le CD Gaudeamus GAU 307 « Pierre de la Rue « Missa De Sancta Croce – « Salve Regina » – « Vexilla Regis » – De quadris «  » – « Lamentations » » par The Clerks’ Group sous la direction de Edward Wickham ; 

_ en 2012, le CD Challenge Classics CC 72541 « Ockeghem – De La Rue « Requiem » » par l’ensemble Cappella Pratensis sous la direction de Stratton Bull ; 

_ en 2014, le CD Christophorus CHR 77386 « Pierre de la Rue « Requiem » – «  »Missa De Beata Virgine » par l’Ensemble Officium sous la direction de Wilfried Rombach ;

_ en 2016, le CD Hyperion CDA 68150 « Pierre de la Rue « Missa Nuncqua fue pena mayor » – « Missa Inviolata » » par The Brabant Ensemble sous la direction de Stephen Rice ;

_ et en 2018, le CD Bayard Musique 308 475-2 « Johannes Ockeghem – Pierre de La Rue « Requiem » » par Diabolus in Musica, sous la direction d’Antoine Guerber. 

Je dois préciser tout de suite que ce sont les merveilleux CD Kontrapunkt de 1986 et 1988 de l’ensemble Ars Nova, sous la direction du chef danois Bo Holten, qui m’ont enthousiasmé, et m’ont fait attacher dès lors beaucoup d’attention aux parutions discographiques concernant l’œuvre de Pierre de la Rue (Tournai, ca. 1460 – Courtrai, 1518) ;

de même, aussi _ dois-je aussitôt ajouter _ qu’à celle, tout aussi somptueuse, de Nicolas Gombert (La Gorgue, ca. 1495 – ca. 1560)  ; et sur ce dernier compositeur, majeur lui aussi, je relève immédiatement qu’il est l’auteur, en 1556, d’une « Missa « Je suis deshéritée » » sur la célèbre chanson de Pierre Cadéac (ca.1505 – ca. 1565), publiée en 1534 par Pierre Attaingnant (ca. 1494 – ca. 1552)…

 

Ce jeudi 7 septembre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Quelques questions à propos des éditions successives, de 1535 (à Paris, Pierre Attaingnant), février 1539 (à Ferrare, Johannes de Buglhat, Henricus de Campis et Antonio Hucher), août 1539 (à Strasbourg, Peter Schöffer-le-Jeune) et 1555 (à Paris, Adrien Le Roy & Robert Ballard) du motet « Salus populi ego sum » de Pierre Cadéac : la diffusion-circulation des partitions et le carrefour civilisationnel de Ferrare…

07sept

En me penchant d’un peu plus près sur les découvertes présentées hier 5 septembre en mon article «  » _ à écouter ici en une durée de 5′ 09, dans l’interprétation de l’Ensemble Siglo de Oro dirigé par Patrick Allies, dans ce très intéressant CD « The mysterious Book of Motets 1539«  Delphian DCD34284 qui m’a fait et découvrir cette œuvre, et me passionner pour elle depuis… _ concernant quatre éditions successives, en mai 1535 à Paris, en février 1539 à Ferrare, en août 1539, à Strasbourg, et puis en 1555, à Paris, du Motet « Salus populi ego sum » de l’auscitain Pierre Cadéac (ca. 1505 – ca. 1565) :

_ à Paris, au mois de mai 1535, par Pierre Attaingnant (ca. 1494 – ca. 1552) _ au sein (le n° 17) du recueil collectif « Motettorum, Book 13 » de 18 Motets de 14 compositeurs différents (Rogier Pathie, Corneille Joris (2), Jodon, Matthieu Lasson, Jean Lhéritier, Claudin de Sermisy (2), Johannes Lupi (2), Colin Margot, Florentius Vilain, Pierre de Manchicourt, Jacquet de Mantoue, Nicolas Gombert, G. Harsius et Pierre Cadéac (2))  … _

_ à Ferrare, au mois de février 1539, par Johannes de Buglhat, Henricus de Campis et Antonio Hucher _ une édition dédiée à Ercole II d’Este, le duc de Ferrare ; sur Jean de Buglhat, actif à Ferrare à partir de 1528 (où il arrivé dans le bagages de Renée de France, l’épouse d’Ercole II, le 28 mai 1528, à Paris), et décédé en 1558, lire la notice détaillée de Camilla Cavicchi, aux pages 434-435 du « Guide de la Musique de la Renaissance » des Éditions Fayard en novembre 2011 ; ainsi que l’article « the battle of the woodcuts« , à propos de la rivalité des imprimeurs de musique Antonio Gardano, à Venise, et Johannes de Buglhat, à Ferrare… ;

au sein (le n° 4) du recueil collectif « Moteti de la simia » de 20 Motets de 12 compositeurs différents (Nicolas Gombert (3), Jacques Arcadelt (2), Pierre Cadéac, Jaquet de Berchem (3), Nicolle Celliers de Hesdin (2), Claudin de Sermisy, Ivo Barry (2), Jacques du Pont, Jacquet de Mantoue (2), Dominique Pinot, Maistre Jhan et Adrian Willaert) _ ;

_ à Strasbourg, au mois d’août 1539, par Peter Schöffer-le-Jeune _ au sein (le n° 8) du recueil collectif « Cantiones quinque vocum selectissimae » de 28 Motets de 14 compositeurs différents (Maistre Jhan, Nicolas Gombert (9), Jean Conseil, Jacquet de Mantoue (4), Adrian Willaert (3), Pierre Cadéac, Andreas de Silva, Johannes Lupi (2), Dominique Phinot, Simon Ferrariensis, Jehan Sarton, Jhan Billon, Philippe Verdelot et Jacques Arcadelt) _ ;

_ et à Paris, en 1555, par Adrien Le Roy & Robert Ballard _  le n° 14 du recueil de 18 « Moteta quatuor quinque et sex vocum liber primus » de Pierre Cadéac seul, cette fois… _,

vient s’éclairer davantage le lien _ a priori un peu étonnant : Pierre Cadéac n’est ni parisien, ni flamand…_ à Ferrare du Motet « Salus populi ego sum » de Pierre Cadéac…

La présence effective de compositeurs ou chanteurs ou instrumentistes français ou flamands à Ferrare, à partir de 1528, de même que la présence de partitions _ manuscrites, ou imprimées _ de ces compositeurs à la cour de Ferrare, est en partie liée à _ ou plutôt réactualisée (la fine-fleur des musiciens franco-flamands est en effet très présente à Ferrare dès la fondation de la chapelle musicale des Este par Leonello d’Este, en 1441 ; et même un peu avant, lors du brillant concile tenu à Ferrare en 1438-1439, en présence du pape Eugène IV, sous le règne du père de Leonello, Niccolo III d’Este… ; cf mes articles des 2 et 3 septembre derniers : « «  et « « …) ; ou plutôt réactualisée, donc, par _ la présence à Ferrare, et au cœur même de la vie de cour ducale, de la duchesse Renée de France (Blois, 25 octobre 1510 – Montargis, 12 juin 1575) _ fille du roi Louis XII (Blois, 27 juin 1462 – Paris, 1er janvier 1515) et son épouse la reine Anne de Bretagne (Nantes, 25 janvier 1477 – Blois, 9 janvier 1514), et belle-sœur du roi François Ier (Cognac, 12 septembre 1494 – Rambouillet, 31 mars 1547) : la sœur aînée de la duchesse Renée était la reine Claude (Romorantin, 13 octobre 1499 – Blois, 15 juillet 1524)… _, l’épouse du duc Ercole II d’Este (Ferrare, 4 avril 1508 – Ferrare, 3 octobre 1559) ; dont le mariage venait d’avoir eu lieu, à Paris,  le 28 mai 1528.

Et la duchesse Renée sera _ très (voire un peu trop) _ présente, avec son entourage français _ seront ainsi présents, un moment, à Ferrare, entre autres notables hôtes personnels de la duchesse Renée : le poète Clément Marot (ca. 1496, Cahors – Turin, 12 septembre 1544), d’avril 1535 au carême 1536, et le théologien de la Réforme Jean Calvin (Noyon, 15 juillet 1509 – Genève, 27 mai 1564)… _, à Ferrare jusqu’au décès de son époux, le 3 octobre 1559 ; le nouveau duc, leur fils Alfonso II d’Este (Ferrare, 22 novembre 1533 – Ferrare, 27 octobre 1597), s’empressant de renvoyer alors la duchesse douairière, sa mère, en France, où elle décèdera, à Montargis, le 12 juin 1575. Mais la duchesse Renée eut auprès d’elle nombre d’artistes, mais aussi entre les mains nombre de poèmes et de partitions de ses musiques aimées :

ont ainsi composé pour elle, entre autres, Jakob Buus (Gand, ca. 1500 – Vienne, août 1565), qui lui dédie en 1543 son « Primo libro di canzoni francesi«  ; mais aussi Adrian Willaert et Cipriano de Rore, qui ont composé sur la « Méditation de Savonarole » _ Jérôme Savonarole (Ferrare, 21 septembre 1452 – Florence, 23 mai 1498) était en effet ferrarais… _ du compositeur Simon Joly (1524 – 1559)…

Par conséquent, c’est très probablement dans ce contexte culturel ferrarais que l’imprimeur Jean de Buglhat _ en rivalité avec le grand imprimeur vénitien Antonio Gardano (Gardanne, 1509 – Venise, 28 octobre 1569), installé Calle della Simia, non loin du pont du Rialto… _ fait paraître en février 1539, à Ferrare _ où Buglhat demeurera désormais toute sa vie durant : il décède à Ferrare en 1558 ; sur l’éditeur Jean de Buglhat, lire la notice de Camille Cavicchi aux pages 434-435 du « Guide de la Musique de la Renaissance«  _ le recueil de 20 motets _ intitulé par pure provocation professionnelle ! _ « Moteti de la simia« , dans lequel Buglhat intègre, très probablement emprunté au recueil de 18 Motets « Motettorum, Libro 13 » publié au mois de mai 1535 à Paris par Pierre Attaingnant, en raison de sa beauté singulière, le Motet de Pierre Cadéac « Salus populi ego sum« .

Et c’est probablement par ce biais ferrarais-là des « Moteti de la simia » de Buglhat, de février 1539, et via la diffusion-circulation _ jusqu’à la cour si mélomane de Ferrare ; et en 1535, justement, Clément Marot y séjourne depuis le mois d’avril de cette année-là… _ du recueil de Motets « Motettorum, Libro 13 » de Pierre Attaingnant publié à Paris en mai 1535, qu’a pu en prendre connaissance, à son tour, à Milan, le maître de chapelle de la cathédrale de Milan, le flamand Matthias Werrecore (Warcoing-Pecq, ca. 1500 – après 1574) _  dont l’envoi et la réception strasbourgeoise a permis l’édition de ce motet « Salus populi ego sum«  de Pierre Cadéac au sein des 28 « Cantiones quinque vocum selectissimae » qu’a fait paraître, six mois plus tard, au mois d’août 1539, l’éditeur- imprimeur strasbourgeois Peter Schöffer-le-Jeune ; recueil de Motets sur lequel Daniel Trocmé-Latter a travaillé en son « The Strasbourg Cantiones of 1539« , qui a servi de source au CD Delphian « The mysterious Book of Motets 1539 » de l’Ensemble Siglo de Oro, qui m’a permis, lui, de découvrir et admirer ce superbe motet de Pierre Cadéac…

Lequel milanais Matthias Werrecore, lié lui-même _ d’une manière qu’il serait bien intéressant de préciser… _ au brillant et très mélomane cardinal Ippolito II d’Este (Ferrare, 25 août 1509 – Rome, 2 décembre 1572 _ en 1519, Ippolito II d’Este (âgé alors de 10 ans) avait hérité de son oncle le cardinal Ippolito I d’Este (Ferrare, 14 mars 1579 – Ferrare, 3 septembre 1520) l’archevêché de Milan ; et il est possible que le jeune Ippolito II ait sinon résidé du moins séjourné un peu, ces années-là à Milan, en particulier entre 1519 et 1527 au moins (je retiens cette année de 1527, parce que le brillant Adriaen Willaert, après avoir été pendant cinq années (1515-1520) au service de l’oncle le cardinal archevêque de Milan Ippolito I d’Este, quitte le service musical du neveu, Ippolito II, lui aussi archevêque de Milan, mais résidant à Ferrare à la cour de son père Alfonso I ; un service musical attesté par des paiements entre décembre 1524 et avril 1525 _ cf Giuliano Danieli : « La musica nel mecenatismo di Ippolito II d’Este« .., aux pages 97 et 199 _, pour aller prendre le prestigieux poste de maître de chapelle de la basilique Saint-Marc à Venise ; en 1527, Ippolito II a alors 18 ans ; cf mon article du 11 août dernier : « «  _,

a adressé, de Milan, à l’imprimeur-éditeur alors installé à Strasbourg Peter Schöffer-le Jeune (Mayence, ca. 1475 – Bâle, 1547), qui l’a publié au mois d’août 1539 au sein de son recueil de Motets « Cantiones quinque vocum selectissimae« , dont il faisait partie, en huitième position, le Motet « Salus Populi ego sum » de l’auscitain Pierre Cadéac…

Et de même que les deux cardinaux d’Este, Ippolito II et son neveu Luigi, n’ont jamais mis les pieds de leur vie dans leur diocèse d’Auch,

de même Pierre Cadéac ne s’est jamais rendu ni à Ferrare, ni à Venise, ni à Milan, ni à Strasbourg, et probablement jamais non plus seulement à Paris _ où très tôt (dès 1534 pour la chanson « Je suis deshéritée« ) Attaingnant publie sa musique, sacrée comme profane : et c’est très vraisemblablement Clément Janequin (Châtellerault, ca. 1485 – Paris, ca. 1558), passé par Auch vers 1531-1532 (cf le remarquable article de Rolf Norsen « Les compositeurs de musique Clément Janequin et Pierre Cadéac à Auch au début du XVIe siècle«  cité en mon article « «  du 16 août dernier) qui lui avait ainsi mis le pied à l’étrier éditorial de l’éditeur-imprimeur de musique si important et décisif pour la plus large diffusion et circulation de la musique à ce moment, qu’a été Pierre Attaingnant _ :

mais son œuvre, elle, a brillamment voyagé pour lui, ainsi jusqu’à Ferrare et Milan en février et août 1539, et aujourd’hui, jusqu’à nous : en partitions à déchiffrer et lire, et maintenant en disques (et concerts) à écouter ici _ et savourer…

Ce mercredi 6 septembre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Quelques précisions à propos du Motet « Salus populi ego sum » de l’auscitain Pierre Cadéac…

05sept

D’abord,

se mettre (ou remettre) à l’oreille ce splendide Motet « Salus populi ego sum » de l’auscitain Pierre Cadéac (ca. 1505 – ca. 1565),

tel que superbement interprété par l’ensemble Siglo de Oro sous la direction de son chef Patrick Allies, à la plage 1 CD Delphian  DCD34284 « The mysterious Book of Motets 1539« ,

à écouter ici en une durée de 5′ 09.

Ce Motet a connu 4 publications successives, en 1535, 1539, 1539 et 1555, telles qu’elles ont été relevées par le musicologue Daniel Trocmé-Latter,

d’après les travaux duquel,

à partir du recueil « Cantiones quinque uocum selectissimae » édité à Strasbourg au mois d’août 1539 par Peter Schöffer-le Jeune, d’après l’envoi des 28 Motets de divers compositeurs _ plus au moins directement liés au cercle très mélomande de la cour des Este, à Ferrare ; cf mes articles successifs « « ,

«  »

et « « , en date des 8 août, 11 août et 21 août derniers… _ assemblés en recueil par le maître de chapelle de la cathédrale de Milan Matthias Werrecore,

a été réalisé ce magnifique CD Delphian DCD34284 « The mysterious Book of Motets 1539«  »…  :

Music files

  • NewScore.gif (Posted 2023-08-28)  CPDL #75060:  Network.png
Editor: Daniel Trocmé-Latter (submitted 2023-08-28).   Score information: Unknown   Copyright: Personal
Edition notes: Transposed down a major second. With keyboard reduction. A preview is available, but name and email are required to download complete free licensed copies.
  • NewScore.gif (Posted 2023-08-28)  CPDL #75059:  Network.png
Editor: Daniel Trocmé-Latter (submitted 2023-08-28).   Score information: Unknown   Copyright: Personal
Edition notes: Transposed down a major second. A preview is available, but name and email are required to download complete free licensed copies.
  • (Posted 2022-12-20)  CPDL #71963:  Network.png
Editor: Daniel Trocmé-Latter (submitted 2022-12-20).   Score information: A4   Copyright: Personal
Edition notes: With keyboard reduction. A preview is available, but name and email are required to download complete free licensed copies.
  • (Posted 2022-12-20)  CPDL #71962:  Network.png
Editor: Daniel Trocmé-Latter (submitted 2022-12-20).   Score information: A4   Copyright: Personal
Edition notes: A preview is available, but name and email are required to download complete free licensed copies.

General Information

Title: Salus populi ego sum
Composer: Pierre Cadéac
Lyricist:
Number of voices: 5vv   Voicing: SATTB
Genre: SacredMotet

Language: Latin
Instruments: A cappella

First published: 1535 in Motettorum, Book 13 (Attaingnant), no. 17
2nd published: 1539 (February) in Moteti de la simia (Buglhat, de Campis, and Hucher), no. 4
3rd published: 1539 (August) in Cantiones quinque vocum selectissimae (Peter Schöffer), no. 8
4th published: 1555 in Moteta quatuor quinque et sex vocum liber primus, no. 14

Original text and translations

Latin.png Latin text

Salus populi ego sum, dicit Dominus,
de quacunque tribulatione, exclamaverint ad me,
exaudiam eos,
et ero illorum Dominus in perpetuum.
Attendite popule meus legem meam,
et inclinate aurem vestram in verba oris mei.

English.png English translation

I am the salvation of the people, says the Lord;
in whatever pain they shall cry unto me,
I will hear them,
and I will be their Lord forever.
O my people, hear my laws,
and incline your ear to the words of my mouth.

Ensuite,

ce très prometteur échange de courriels avec l’auscitain Jacques Lapert _ domicilié à Auch Impasse Pierre Cadéac ! _, en date des 1er et 3 septembre derniers :

_ mon envoi du 1er septembre, à 9 h 08 :

Cher Monsieur,

 

la découverte du motet « Salus populi ego sum » de Pierre Cadéac, qui ouvre en beauté (!) le CD « The mysterious Book of Motets 1539 » du label britannique Delphian (DCD32484), a ouvert ma curiosité sur ce superbe compositeur jusqu’ici inconnu de moi…
 
Merci, déjà, de vos deux courriels des 14 et 17 août derniers,
et des informations sur Pierre Cadéac qu’apportent les 2 articles de 2022 (de Rolf Norsen) et de 1996 (de vous-même)
publiés par la Société archéologique et historique du Gers…
 
Et les travaux du musicologue Daniel Trocmé-Latter sur le recueil « Cantiones quinque uocum selectissimae » publié à Strasbourg au mois d’août 1539 par l’éditeur Peter Schöffer-le-Jeune,
en provenance d’un envoi du maître de chapelle à la cathédrale de Milan Matthias Werrecore, qui constituent la source de ce remarquable CD « The mysterious book of Motets 1539 » par l’Ensemble Siglo de Oro dirigé par Patrick Allies, paru en 2022,
viennent d’élargir le répertoire connu aujourd’hui de Pierre Cadéac, avec ce superbe motet « Salus populi ego sum ».
Daniel Trocmé-Latter, que je suis parvenu à joindre, à Londres, m’a confié sa préférence, à lui aussi, pour ce motet de Pierre Cadéac au sein des 28 Motets du recueil de Strasbourg de 1539,
ainsi qu’au sein des 12 Motets accessibles sur le CD Delphian de 2022…
 
Or, non seulement en votre article de 1996, vous disiez que des partitions de Pierre Cadéac (venant de musicologues anglo-saxons) étaient consultables à Auch,
mais dans votre courriel du 17 août dernier vous m’avez indiqué que les chœurs auxquels vous avez participé, à Toulouse et Auch, dans les années 1980-2000,
« avaient souvent Cadéac à leur répertoire »…
Avez-vous gardé trace (ou mention circonstanciée) des œuvres de Pierre Cadéac (Messes et Motets, surtout ; les Chansons, elles, sont plus largement connues…) que vous-même avez alors chantées ?..
 
Il me paraît donc intéressant de faire un bilan le plus précis possible des partitions recensées à ce jour de Pierre Cadéac (et de leurs sources, imprimées ou manuscrites) ;
et en particulier à Auch et à Toulouse…
D’autre part, je trouve assez extraordinaire que vous-même résidiez à Auch « Impasse Pierre Cadéac » …
Seriez-vous pour un peu quelque chose dans le choix du nom de cette voie ?..
Au plaisir d’échanger plus avant avec vous, cher Monsieur, autour de Pierre Cadéac…
 
Francis Lippa, à Bordeaux
vice-président de la Société de Philosophie de Bordeaux

_ avec la réponse de Jacques Lapart, en date du surlendemain, le 3 septembre, à 17 h 10 :

Bonjour Monsieur,

Votre intérêt pour Pierre Cadéac m’enchante.  Dans les années 1990-2000, l’ensemble vocal Campanella d’Auch (dont je faisais partie) dirigé par le Dr Patrick de Chirée a donné plusieurs fois des œuvres de Cadéac lors de plusieurs concerts  dans les cathédrales d’Auch, de Lectoure, etc. Il faudrait que je retrouve les partitions. Au début des années 2 000, on avait eu la surprise de découvrir l’excellent ensemble Antiphona de Toulouse  qui a donné qques concerts pendant 3/4 ans avec des œuvres de Cadéac. Je n’ai jamais su où ni comment ils avaient trouvé les partitions.

Il y a beaucoup de partitions à Paris.

Plus récemment, j’ai été contacté par une étudiante M-Noelle Billecocq qui a fait à l’université de Metz, un travail universitaire « Le premier livre de motets à 4, 5 et 6 voix de P.Cadéac » (oct.2005, 3 vol., 459 p.). Un résumé a été publié dans le bulletin de la Soci. Arch. et Historique du Gers, 1er trim 2007, p.43-56.
(Il existe un autre mémoire de maîtrise  par Olga Bluteau sur les chansons de P.Cadéac à Paris IV en 1985, que je ne connais pas.)

A notre installation à Auch en 1988, j’ai acheté une maison dans une petite impasse. La mairie nous a contactés vers 1994 pour lui donner un nom. Redoutant un nom genre impasse des Coquelicots ou des Chardonnerets, j’ai proposé Pierre Cadéac en fournissant une fiche biographique. Pour l’instant, le quartier devenu en partie « zone verte », n’a pas été transformé et l’impasse n’a pas été prolongée en rue. C’est triste pour Cadéac mais agréable pour nous.

cordialement
J.Lapart

À suivre :

redécouvrir l’œuvre d’un compositeur tel que Pierre Cadéac est absolument passionnant !

Ce mardi 5 septembre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Ce qu’apprend le « Guide de la Musique de la Renaissance » sur la musique à la cour des Este de Ferrare, de 1438 à 1598 (I)…

02sept

Achevé d’imprimer, pour les Éditions Fayard, au mois de novembre 2011, et paru le 30 novembre 2011, le « Guide de la Musique de la Renaissance« , sous la direction de Françoise Ferrand, m’avait été très amicalement adressé, « en hommage« , par celle-ci, le 20 février 2012.

Recherché et retrouvé dans ma bibliothèque, j’ai donc pu y consulter aux pages 448 à 454, l’article _ signé par Françoise Ferrand _ consacré à « Este« ,

et aux pages 454 à 456, l’article _ signé par Philippe Canguilhem _ consacré à « Ferrare« …

Ces deux articles de Françoise Ferrand et de Philippe Canguilhem consacrés, le premier, à la famille des Este ;  et, le second, à la vie musicale de la cour de Ferrare, sont riches de nombreuses précisions sur la vie de la chapelle musicale des Este, à la cour ducale, à partir de 1471, de Ferrare ; et cela depuis la fondation, dès son accession au pouvoir, fin décembre 1441, d’une chapelle musicale fixe, par le très raffiné et humaniste marquis Leonello d’Este (Ferrare, 21 septembre 1407 – Ferrare, 10 octobre 1450) ; qui avait succédé le 28 décembre 1441 à son père Niccolo III d’Este (Ferrare, 9 novembre 1393 – Milan, 26 décembre 1441) :

Leonello d’Este, un très brillant prince humaniste, et mélomane, d’un extrême raffinement…  

Déjà, au pouvoir à Ferrare durant 48 ans _ de son avènement, le 1er août 1393 (à l’âge de 10 ans) jusqu’au jour de son décès, à Milan, le 26 décembre 1441 _, le père de Leonello, le marquis Niccolo III d’Este, avait engagé pour les fastueuses cérémonies en musique ponctuant le concile de réconciliation des Églises d’Orient et d’Occident, réuni à Ferrare en 1438-1439, en présence du pape Eugène IV, de nombreux musiciens, un grand nombre d’entre eux originaires des Flandres…

De la passion pour la musique de Ugo Caleffini écrira, en 1462, que celui-ci tout particulièrement « aimait les Vêpres et la Messe » et qu’alors « on eut dit que les Anges étaient tout près« … 

Du frère et successeur de Leonello d’Este, Borso d’Este (Ferrare 24 août 1413 – Ferrare, 20 août 1471) qui se maintint au pouvoir à Ferrare durant 21 ans _ du 10 octobre 1450 à son décès le 20 août 1471 ; c’est lui qui obtient le titre de duc du pape Paul II Barbo, à Rome, le 12 avril 1471…  _,

on peut dire que s’il goûtait un peu moins la musique polyphonique (à laquelle il préfèrait la musique liturgique monophonique), et choisit, en conséquence, de diminuer le nombre des chanteurs de sa chapelle musicale, et d’augmenter le nombre de ses instrumentistes,

on doit noter aussi son intérêt marqué pour la poésie chantée en monodie, ainsi que le fait qu’il fait retenir à Ferrare Pietrobono il Chitarrino (Ferrare, ca. 1417 – Ferrare, septembre 1497) _ le plus grand luthiste italien du XVe siècle _ qui avait été engagé tout jeune, dès 1541, par son frère Leonello, à son avènement, et qui restera sa vie durant _ Pietrobono décèdera à Ferrare en septembre 1497 _ au service des Este, à la cour de Ferrare…

Puis, vint le règne à Ferrare, 32 ans durant _ de son avènement, le 20 août 1471, à son décès, le 25 janvier 1505 _, du troisième frère de Leonello (1407 – 1450) et de Borso (1413 – 1471), le brillantissime duc Ercole I d’Este (Ferrare, 26 octobre 1431 – Ferrare, 25 janvier 1505),

qui agrandit la chapelle musicale de la cour de Ferrare jusqu’à 30 chanteurs _ celle-ci est passée de 14 adultes et 14 enfants, en 1473, à 33 adultes et 2 organistes, en 1504… _, « qui atteint sous son règne sa plus grande splendeur« , dirigée qu’elle fut par les plus grands compositeurs flamands :

Johannes Martini (Leuze, 1440 – Ferrare, 22 octobre 1497), de 1471 à 1497 ;

Josquin des Prés (Beaurevoir, ca. 1450 – Condé-sur-l’Escaut, 27 août 1521), en 1503-1504  ;

Jacob Obrecht (Gand, 1457 – Ferrare, juillet 1505), en 1504- 1505 … 

À suivre…

Ce samedi 2 septembre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

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