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Encore et toujours la prodigieuse fécondité créative d’Antonio Vivaldi de mieux en mieux accessible en CDs : par exemple avec Giovanni Antonini, à diverses flûtes, et même Martin Fröst, à la clarinette

28avr

Du vivant d’Antonio Vivaldi (Venise, 4 mars 1678 -Vienne, 28 juillet 1741),

la clarinette _ du moins celle que nous connaissons comme telle de nos jours _, n’avait pas tout à fait encore, semble–il, complètement vu le jour, en s’émancipant des divers chalumeaux

qui la précédaient dans l’instrumentarium disponible…

Cependant, créé vers 1690 à Nuremberg par le facteur Johann-Christoph Denner,

l’instrument nouveau que nous appellons désormais la clarinette, apparaît déjà _ apprenons-nous, et si l’on cherche bien… _ dans l’Ouverture HWV 424 de Haendel,

ainsi que, et surtout  _ et c’est forcément à relever ! _, dans les Concerti Grossi RV 559 et RV 560 d’Antonio Vivaldi, déjà en 1716 _ j’en possède au moins une interprétation discographique : dans le CD de l’excellent Ensemble Zefiro que dirige l’excellentissime Alfredo Bernardini, le CD Naïve Edition Vivaldi (Tesori del Piemonte, volume 25) intitulé « Concerti per vari strumenti« , enregistré en novembre 2004, avec aux clarinettes Lorenzo Coppola et Daniele Latini… _ ; et aussi, encore cette même année 1716, dans la Juditha triumphans, de ce même Antonio Vivaldi !.. Ainsi que dans le Concerto « per la solennita di San Lorenzo«  RV 556, dont j’ignore la date de composition.

Et aussi dans la tragédie en musique Zoroastre de Jean-Philippe Rameau en 1749.

Et ce n’est qu’à partir des années 1750 que la clarinette aura conquis, d’abord les instrumentistes, et bien vite le public des concerts qui commençaient alors à gagner en aura et diffusion par les diverses capitales européennes…

À commencer par le salon des La Pouplinière, à Paris _ fréquenté par Rameau ; et pépinière de remarquables talents….

C’est donc avec une curiosité certaine que j’ai réussi à me procurer, tout de suite, et écouter le CD « Vivaldi«  _ Sony 19073929912 _ de Martin Fröst, avec Concerto Köln, enregistré en 2019 :

le programme comportant 3 Concertos reconstitués, à partir d’Arias chantés extraits de diverses œuvres vocales d’Antonio Vivaldi _ et respectivement baptisés ici « Sant’Angelo« , « La Fenice«  et « Il Mezzetino«  _, a été spécialement constitué et adapté pour la clarinette de Martin Fröst par le Professeur Andreas N. Tarkmann…

Mais, à mon goût du moins, cette réalisation « re-imagining Vivaldi » manque par trop d’évidence dans le raboutement de ces divers morceaux, et n’atteint hélas pas la fluidité bien plus convainquante du programme, pourtant bien plus composite, du CD suivant de Martin Fröst, « Night Passages« … 

En revanche _ et sur les conseils de toute confiance du toujours très avisé Vincent Dourthe _, je me suis aussi procuré le CD Vivaldi Alpha 364, paru en 2020, intitulé « Concerti per flauto« , avec diverses fûtes, de Giovanni Antonini, avec Il Giardino Armonico :

et c’est là une réalisation tout à fait somptueuse

et de _ sans rien forcer _ la plus parfaite évidence, elle, en le naturel lumineux de sa fluidité pourtant la plus virtuose, en l’aisance élégante et si poétique de sa sprezzatura

Le trésor des œuvres, toujours nouvelles, laissées par l’inventivité inépuisable du génial Antonio Vivaldi, nous semble en quelque sorte, et merveilleusement, toujours à découvrir …

Ce jeudi 28 avril 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Un magnifique exemple de la quintessence de l’art musical français : le double CD Ramée des « Six Concerts à deux Flûtes Traversières sans Basses » de Michel Pignolet de Montéclair (vers 1710)

06sept

Les flûtistes Marie-Céline Labbé et Marion Treupel-Franck présentent en un double CD Ramée Ram 1102 une réalisation enthousiasmante de finesse, profondeur, poésie, de « Six Concerts à deux Flûtes Traversières sans Basses« , de Michel Pignolet de Montéclair : « de l’Académie Royale de Musique. Ces Concerts dont les Pièces sont les unes dans le goût François et les autres dans le goût Italien, ne conviènent pas moins aux Violons, Violes et autres Instrumens, qu’aux Flûtes Traversières« , prévenait celui qui les publiait ainsi, entre 1721 et 1724 : le neveu même du compositeur, l’éditeur de musique François Boivin…

« Cela ne nous livre malheureusement aucun indice sur la date de composition des quelques 64 pièces que comptent ces six concerts. Tout au plus, nous savons que Montéclair _ 1667-1737 _ avait utilisé le Rondeau du troisième concert dans ses Leçons de musique divisées en quatre classes parues en 1710« , nous prévient, page 23, la notice, rédigée par Germain Saint-Pierre.


Qui précise excellemment : « Les Concerts à deux flûtes traversières sans basses se situent dans une lignée inaugurée en 1709 avec les Suites de Pièces à deux flûtes traversières de Michel de La Barre, compositeur et premier grand flûtiste français.

Particulièrement prisé des Français en cette première partie du XVIIIe siècle _ les dernières du long règne de Louis XIV, roi de 1643 à 1715 _, ce genre musical inspira de grands compositeurs _ en effet : tout ce répertoire est sublime ! _, tels Hotteterre, Philidor et Boismortier, auxquels nous devons un grand nombre de recueils consacrés à ce répertoire » _ d’une exquise, simple et profonde délicatesse.

« Les pièces sont pour la plupart des mouvements de danse et portent souvent des noms évocateurs, révélant le goût des Français pour la musique descriptive : Badinage, L’Italienne, Les Ramages, Le Papillon, Le Moucheron. Plusieurs sont empreintes de mélancolie : le Dialogue et La Françoise du quatrième concert, ainsi que la Plainte en Dialogue du second concert. D’autres sont au contraire d’une gaieté résolue : L’Angloise et La Rieuse du quatrième concert.

Grâce à des échanges de voix très savants, Montéclair invite les flûtistes à faire preuve dans leur jeu d’une grande complicité _ telle celle d’une conversation (de musique) : dont tout l’art (suprêmement raffiné : cf ici les analyses de Marc Fumaroli) est de toujours donner le beau rôle à l’interlocuteur… _, éveillant un désir d’osmose, suscitant un élan de confidence , de tendresse, une émotion toute baroque _ mais à la française ! Il invite à se dépasser, à s’oublier pour rejoindre l’autre, se fondre en lui dans un monde intangible, pour regagner la terre ferme l’instant suivant grâce à une mélodie connue, une basse bien affirmée, qui donnent aussitôt de danser« …


Et le livrettiste d’excellemment commenter, au final de sa juste notice, page 24 :

« Cet enregistrement vise à combler un _ très étonnant, pour de si belles musiques !!! _ vide malheureux dans la discographie actuelle _ en effet ! Peu d’enregistrements depuis ceux, merveilleux, de Frans Bruggen, Barthold Kuijken et Philippe Allain-Dupré : sinon ceux, maintenant (magnifiques !), de François Lazarévitch… _ et à susciter l’intérêt pour l’œuvre de Montéclair.« 

Pour conclure : « Partir à la découverte de ce compositeur, c’est tout d’abord s’émerveiller devant la beauté de cette musique subtile, s’attacher à elle pour finalement se l’approprier, de la même manière que, partant à la recherche de nos propres racines, nous éprouvons un jour cette satisfaction toute simple, malgré tout _ presque _ indicible _ ne jamais renoncer ! _, de retrouver l’être que nous sommes avec ses besoins _ ou désirs _ tellement légitimes d’aimer, de partager, de vouloir laisser quelques traces à la postérité.« 


Ce merveilleux double CD Ramée Ram 1102 : « Six Concerts à deux Flûtes Traversières sans Basses« , de Michel Pignolet de Montéclair,

par la grâce subtile et profondément poétique de Marie-Céline Labbé et Marion Treupel-Franck, sur deux flûtes traversières (392 Hz) de Rudolf Tutz, à Innsbruck, d’après Jean-Hyacinthe Rottenburgh, à Brusselles, vers 1730,

y réussit superbement pour le bonheur de notre écoute !

Très chaudement recommandé !


Titus Curiosus, ce 6 septembre 2011

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