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La pure joie Mendelssohn : une « somme admirable », un « coffret unique » de 40 CDs, le coffret « Mendelssohn – The Great Edition », de Warner Classics…

08avr

« Somme admirable« , « coffret unique« , ainsi que « hautement recommandé » en conclusion de son lumineux article « Mises en boîte : Copland – Mendelssohn » du 10 mars dernier par Jean-Pierre Rousseau

sur son très précis et, plus qu’utile, très précieux blog pour tout vrai mélomane et discophile passionné,

c’est au sein du CD 13 sur les 40 que compte ce splendide indispensable coffret, que j’élis, enchanté, l’interprétation par les Quatuors Kreutzberger et Eder réunis _ un enregistrement Warner Classics réalisé à Riehen du 19 au 22 décembre 1989 _, du génialissime Octuor Op. 20 MWV R 20 (d’une durée, ici, de 31′ 03) de Felix Mendelssohn :

une œuvre que personnellement _ cf par exemple mon article «  » du 29 juillet 2020 ; ainsi qu’auparavant « «  en date du 17 octobre 2009, et dans lequel je prenais soin d’ajouter : « Est parue aussi, cette année 2009, une très belle version de l’ »Octuor » de Georges Enesco, pour orchestre, réalisée par le chef Lawrence Foster, et interprétée tout aussi brillamment par l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, dirigé par Lawrence Foster » (en un très beau CD Virgin Classics « Enescu String Octet – Violin Sonata N° 3 » : n° 50999 519312 2 3) » : une oeuvre dans la filiation directe du chef d’oeuvre de Mendelssohn _ je porte au pinacle de toute la musique…

Et je me suis permis d’ajouter en modeste commentaire, au bas de ce splendide aperçu de ce coffret Mendelssohn du label Warner Classics, détaillé en son article par Jean-Pierre Rousseau, la remarque suivante ;

Francis LIPPA

Immense merci pour cette belle et utile recension.

Je recommande pour ma part la sublimissime (et inégalée) interprétation du « Concerto pour violon, piano et Orchestre à cordes en ré mineur » par Gidon Kremer, Martha Argerich et l’Orpheus Chamber Orchestra (DG 427 338-2, paru en 1989) ;
ainsi que toute la musique de piano par Roberto Prosseda (au moins 10 CDs Decca, entre 2005 et 2015), le meilleur, et de loin…
_ cf mon blog Mollat « En cherchant bien », avec en dernier lieu mon article du 3 mars 2018 : «  »…

Ainsi que le très beau CD de Cyril Huvé (Paraty 208.106, paru en 2009).

Francis Lippa
vice-président de la Société de Philosophie de Bordeaux

Felix Mendelssohn, ou la joie.

Ce lundi 8 avril 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Ce chef d’oeuvre qu’est l' »OEdipe » (1936) de Georges Enesco (1881 – 1955) enfin redonné à l’Opéra de Paris !

04oct

Ce jour, ResMusica, sous la plume de Michèle Tosi,

et en un article intitulé « Wajdi Mouawad rend justice à l’Œdipe de Georges Enesco« ,

nous apprend la re-création à Paris, le 29 septembre 2021,

de ce chef d’œuvre de l’opéra du XXe siècle qu’est l' »Œdipe«  _ créé à l’Opéra Garnier, à Paris, le 13 mai 1936 _ de Georges Enesco (Liveni, 19 août 1881 – Paris, 4 mai 1955)…

Une recréation sinon à l’Opéra-Garnier,

du moins à l’Opéra-Bastille…

Wajdi Mouawad rend justice à l’Œdipe de Georges Enesco

Fin connaisseur des tragédies de Sophocle, le metteur en scène et directeur du théâtre de La Colline Wajdi Mouawad s’empare de l’Œdipe de Georges Enesco, l’unique opéra _ en effet _ du compositeur roumain, et signe une épure poétique aux couleurs flamboyantes.

L’opéra n’avait jamais été remonté par l’Opéra de Paris depuis sa création à Garnier en 1936. Il est le fruit d’une longue maturation de la part du compositeur, près de trente ans _ oui _ depuis la révélation que fut, pour lui, la découverte d’Œdipe roi de Sophocle joué en 1909 à la Comédie-Française. Le livret d’Edmond Fleg est une version condensée des deux tragédies de l’auteur grec, Œdipe roi et Œdipe à Colone. Wajdi Mouawad y ajoute un préambule non musical qu’il déclame lui-même en voix off.

Oubliant la malédiction d’Apollon, Laïos et son épouse Jocaste fêtent la naissance d’Œdipe dans un premier acte haut en couleurs où chaque tête s’orne d’une coiffe à la Bob Wilson, façon végétale (fleurs et feuillages selon les sexes et les personnages), symbole d’une fécondité autour de laquelle se noue la tragédie. Privilégiant les lignes verticales et l’aspect monumental de la scénographie, Emmanuel Clolus érige un immense rocher pour le décor du deuxième acte, tandis que des panneaux mobiles, à l’image des portes de Thèbes, reconfigurent l’espace scénique à chaque tableau. Des personnages géants aux costumes brillants (la présence des aïeux) occupent la scène au sein d’une masse chorale très sollicitée. Si les surtitres en anglais passent toujours au-dessus de nos têtes, le texte français s’affiche sur le décor, dans un confort de lecture très appréciable.

Georges Enesco a signé une partition somptueuse _ oui ! _dont Ingo Metzmacher cisèle les contours avec une précision d’orfèvre. Louvoyant entre le style du « Grand opéra » français et l’art du timbre d’un Debussy, l’écriture déploie une dramaturgie sonore très suggestive qui ne va pas sans une certaine emphase. Les pages d’orchestre se multiplient (superbes préludes et interludes), le deuxième tableau invitant sur scène une flûte, celle du berger qui tire de son instrument une plainte douloureuse. La vocalité regarde vers la déclamation debussyste, au plus près de la prosodie, convoquant parfois la voix parlée, comme dans le troisième acte où les mots désespérés d’Œdipe s’inscrivent sur la partie orchestrale à la manière d’un mélodrame. Enesco use également de ressorts théâtraux aux effets archaïsants, tels ces glissandos qui font ployer les voix et renforcent l’aspect tragique et intemporel du propos. Ils accusent les accents maléfiques de la Sphinge à la fin du deuxième acte dans une des scènes les plus fascinantes de l’opéra où la mezzo-soprano Clémentine Margaine, dans tout l’éclat de son registre, s’adresse à Œdipe pour le défier.

Face à l’écrasante majorité des voix d’hommes, les dames ne font que de courtes apparitions dans l’opéra. Anne Sofie von Otter, dans le premier acte, incarne une Mérope (la mère adoptive d’Œdipe) avec l’élégance et la clarté d’élocution _ oui _ qu’on lui connait. Ekaterina Gubanova est une Jocaste émouvante, alliant beauté du timbre et souplesse de la diction. Au côté d’Œdipe aveugle qu’elle accompagne durant le quatrième acte, l’Antigone d’Anna-Sophie Neher est attachante, prêtant sa voix juvénile autant que rebelle à un personnage au caractère bien trempé. Si la voix de Laurent Naouri manque un rien d’assise au premier acte, dans le rôle exigeant du Grand Prêtre, on apprécie la puissance et la projection de la basse Clive Bayley dans Tirésias, tout comme celle de Nicolas Cavallier, séduisante et ensorceleuse dans son air du Veilleur. Citons encore le Laïos de Yann Beuron _ que j’apprécie tout particulièrement _, tombant sous les coups d’Œdipe au deuxième acte, le Créon de Brian Mulligan, ardent et vindicatif, ainsi que le Berger à la voix claire (et à la coiffe en forme de panier d’osier) de Vincent Ordonneau. Mais le plateau reste dominé par l’incarnation magistrale du baryton Christopher Maltman dans l’écrasant rôle titre, exprimant toute la vulnérabilité d’un personnage qui finira par clamer son innocence et dont les accents douloureux de père déchu dans le troisième acte évoquent ceux d’un Boris Godounov. Saluons pour finir l’excellence des chœurs dont les voix irriguent toute la tragédie, personnage en soi, présent ou invisible comme celui des Euménides qui referme l’opéra dans une lumière et une sérénité retrouvées.

Crédits photographiques : © Elisa Haberer / Opéra national de Paris

Paris. Opéra Bastille. 29-IX-2021.

Georges Enesco (1881-1955) : Œdipe, tragédie lyrique en quatre actes et six tableaux ; livret d’Edmond Fleg d’après Sophocle.

Mise en scène : Wajdi Mouawad.

Décors : Emmanuel Clolus. Costumes : Emmanuelle Thomas. Maquillage, coiffures : Cécile Kretschmar. Lumières : Eric Champoux. Vidéo : Stéphane Pougnand.

Christopher Maltman, baryton, Œdipe ; Brian Mulligan, baryton, Créon ; Clive Bayley, basse, Tirésias ; Vincent Ordonneau, ténor, Le Berger ; Laurent Naouri, baryton, Le Grand Prêtre ; Nicolas Cavallier, basse, Phorbas / Le Veilleur ; Adrien Timpau, baryton, Thésée ; Yann Beuron, ténor, Laïos ; Ekaterina Gubanova, mezzo-soprano, Jocaste ; Clémentine Margaine, mezzo-soprano, La Sphinge ; Anna-Sophie Neher, soprano, Antigone ; Anne Sofie von Otter, mezzo-soprano, Mérope ; Daniela Entcheva, contralto, Une Femme thébaine ; Sylvie Delaunay, Marie-Cécile Chevassus, Les thébaines ; Luca Sannai, John Bernard, Hyun Jong Roh, Bernard Arrieta, Jian-Hong Zhao, Hyunsik Zee, Les Thébains ; Félicité Grand, Marie Texier, Antigone enfant.

Maîtrise des Hauts-de-Seine ; Chœur d’enfants de l’Opéra national de Paris (cheffe des chœurs, Ching-Lien Wu ; directeur de la maîtrise, Gaël Darchen) ;

Orchestre et Chœurs de l’Opéra national de Paris ; direction musicale : Ingo Metzmacher.

 

Voici un intéressant article, intitulé « En attendant 2036« , sous la plume de Laurent Bury, et en date du 18 mai 2018, 

qui se demandait s’il faudrait attendre 2036 pour voir redonner cet Œdipe d’Enesco sur la scène de l’Opéra, à Paris…

En attendant 2036

CD
Œdipe
Par Laurent Bury | ven 18 Mai 2018 |

L’Opéra de Paris a décidément la mémoire courte, et se montre fort réticent à reprendre les rares titres considérés _ et à très juste titre !!! _ comme des chefs-d’œuvre parmi tous ceux qui ont été créés au Palais Garnier. Pendant plusieurs années, une rumeur a prétendu que l’on verrait bientôt à Bastille l’Œdipe d’Enesco, dont la première avait eu lieu à Paris en 1936 ; on parlait d’une coproduction avec Bruxelles, où Œdipe fut monté par la Fura dels Baus en 2011. Hélas, ces bruits sont restés lettre morte, et l’on se demande s’il ne faudra pas maintenant attendre 2036 _ voilà… _ pour que le centenaire de la création de l’œuvre lyrique d’Enesco connaisse à nouveau les honneurs de notre capitale (le Capitole de Toulouse, lui, a eu le courage de la présenter en 2008 _ Bravo ! _).

En attendant cette hypothétique Œdipe parisien, on pourra aller voir l’œuvre à Amsterdam, où elle sera donnée en décembre prochain, dans la production bruxelloise également vue à Londres en 2016. Et pour se préparer à ces représentations, on se tournera naturellement _ forcément ! _ vers le disque. Si l’on oublie momentanément la version traduite en roumain (donnée pour la première fois à Bucarest en 1958), il existe trois enregistrements d’Œdipe sous sa forme originale en français. La plus récente est un live capté au Staatsoper de Vienne, dirigé par Michael Gielen, avec Monte Pederson dans le rôle-titre _ un album Naxos. Le seul enregistrement de studio est celui gravé en 1989 par Lawrence Foster à la tête de l’orchestre de Monte-Carlo, avec José van Dam en Œdipe _ chez EMI _ ; dans ces deux versions, le rôle de la Sphynge était tenu par _ la merveilleuse _ Mariana Lipovsek. Le label Malibran _ oui _ réédite la plus ancienne, écho d’un concert radiophonique de 1955, avec une distribution intégralement francophone, qui inclut même deux artistes ayant participé à la création. C’est dire la valeur de document qu’offre ce disque, où l’on trouve réunie la fameuse Troupe de l’Opéra de Paris à l’époque de son zénith _ voilà ! _, nous y reviendrons.

A la tête de l’orchestre, Charles Bruck. Un chef roumain pour diriger l’œuvre de son compatriote, mais surtout un très grand chef pour l’opéra du XXe siècle, qui allait diriger deux ans plus tard un inoubliable Ange de feu. Grâce à lui, Œdipe est parcouru d’un souffle exceptionnel et, moins de vingt ans après sa création, la partition se pare _ en 1955 _ d’une modernité qu’elle ne retrouvera guère sous la direction plus placide d’un Lawrence Foster. Les quelques coupures ne défigurent pas l’œuvre, et la durée totale est ici comparable à celle du live paru chez Naxos, même s’il manque environ une demi-heure de musique par rapport à l’intégrale de studio EMI.

Quant à la distribution, elle est exceptionnelle car tout le monde y chante dans sa langue, et y chante admirablement, avec un style empreint de noblesse, loin de tout histrionisme _ voilà. Xavier Depraz trouve là le rôle de sa vie, ou du moins l’un des rôles, déclamant à merveille, ne faisant qu’un avec son personnage tourmenté. Rita Gorr se surpasse dans la scène de la Sphinge, tandis que Geneviève Moizan campe une Jocaste aux moyens opulents. Berthe Monmart en Antigone relève du grand luxe, et Freda Betti est une truculent Mérope. Du côté des nombreuses voix d’homme, c’est la fête, avec l’équipe des concerts de la RTF à l’époque : côté clefs de fa, les excellents André Vessières et Lucien Lovano, côté ténors, un Joseph Peyron très acceptable en Laïos et un Jean Giraudeaupittoresque en berger.

Et en complément, le coffret propose même les dix dernières minutes de la version en roumain, pour ceux qui préfèrent Enescu à Enesco.


Cet Œdipe d’Enesco de 2021

constitue donc un événement musical tout à fait digne d’être remarqué…

Ce lundi 4 octobre 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

 

La merveille des Octuors de Mendelssohn et Enesco : une bonne piqûre de rappel !

29juil

Ce jour, mercredi 29 juillet 2020,

un très bon article de Jean-Charles Hoffelé, sur son site Discophilia,

intitulé Jeunesses,

vient rappeler à notre bon souvenir

l’excellence de deux Octuors que nous chérissons tout particulièrement :

deux chefs d’œuvre merveilleux, l’un et l’autre ;

l’Octuor en mi bémol Majeur, op. 20 (composé en 1825), de Felix Mendelssohn (Hambourg, 3 février 1809 – Leipzig, 4 novembre 1847) ;

et l’Octuor en ré Majeur, op. 7 (composé en 1900), Georges Enesco (Liveni, 19 août 1881 – Paris, 4 mai 1955).

voici l’article que Jean-Charles Hoffelé consacre au CD Bis 2447,

dans l’interprétation, ici, de la réunion du Gringolt Quartet et le l’Ensemble Meta4 :

JEUNESSES

Couplage logique mais audacieux, huit cordes, en fait deux quatuors _ réunis _, pour capturer les ardeurs de deux génies _ oui ! absolument ! _ dans leurs primes jeunesses _ Mendelssohn avait 14 ans (!), et Enesco, 18. Mais les mettre en regard peut être dangereux : les fusées claires, le giocoso doré, les inventions d’après Bach ou Mozart que Felix Mendelssohn tissent dans ce qui pourrait être une grande sérénade de plein air, demandent des archets souples et vifs, comme à revers de ceux, plus ménétriers, plus dans les cordes, qu’Enesco exige : il note attaca à chaque début de mouvement, ses archets mordent, là où ceux de Mendelssohn s’envolent _ jolie formulation.

Eh bien les deux quatuors réunis par BIS et placés sous le magister d’Ilya Gringolts, réussissent l’un comme l’autre : Mendelssohn danse sur les pointes, pénétré d’un constant esprit de scherzo, alors que leurs archets abrasent les quatre poèmes ardents où Enesco semble défier avec avidité Beethoven lui-même : écoutez la fougue âpre du Scherzo, écoutez surtout cette valse folle aux lacis harmoniques délétères.

Enesco pensait l’œuvre comme une symphonie de chambre (et Schönberg n’est parfois pas si loin), arrachant au chef qui mit au point la création : « C’est horriblement beau ». Tout le génie d’Enesco, parfait jusque dans la folie, y rayonne, transfiguré dans cette lecture âpre, radicale, enivrante….

LE DISQUE DU JOUR

Felix Mendelssohn-Bartholdy (1809-1847)


Octet en mi bémol majeur,
Op. 20, MWV R 20


Georges Enesco (1881-1955)


Octet à cordes en ut majeur, Op. 7

Gringolts Quartet
Meta4

Un album du label BIS Records 2447


Photo à la une : les membres du Gringolts Quartet et de Meta4 – Photo : © DR

Je possède plusieurs versions de ces deux Octuors, que j’adore

et porte au pinacle,

l’un comme l’autre ;

œuvres de deux génies de la musique,

oui, j’adhère parfaitement à ce qualificatif de Jean-Charles Hoffelé.

Cf, par exemple, mon article du 17 octobre 2009, à propos de l’interprétation éclatante et enchanteresse de ces deux mêmes Octuors de Mendelssohn et Enesco, au (merveilleux !) Festival Spannungen, de Heimbach (in le somptueux (et indispensable !) coffret de 20 CDs C AVI 8553163) :

Et en post-scriptum à cet article du 17 octobre 2009, j’ajoutais :

« Est parue aussi, cette année 2009, une très belle version de l’ »Octuor » de Georges Enesco, pour orchestre, réalisée par le chef Lawrence Foster, et interprétée tout aussi brillamment par l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, dirigé par Lawrence Foster » (en un très beau CD Virgin Classics « Enescu String Octet – Violin Sonata N° 3 » : n° 50999 519312 2 3)…

Des enthousiasmes à partager

sans mesure !

Vous grimperez aux rideaux…

 Ce mercredi 29 juillet 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

A découvrir : le piano de Jean Roger-Ducasse (1873 – 1954) par Patrick Hemmerlé

23juil

Parmi les musiciens français

contemporains de Lucien Durosoir (1878 – 1955) :

Jean Roger-Ducasse (1873 – 1954).

Et son œuvre de piano _ entre 1906 et 1921 _

interprétées par Patrick Hemmerlé :

un CD Melism MLS-CD 013.


Une découverte !


Le 18 juin dernier, sur son site Discophilia,

Jean-Charles Hoffelé

m’avais mis la puce à l’oreille,

avec son article Le Piano de Pan.


LE PIANO DE PAN




Un mystère : la musique de Jean Roger-Ducasse reste le secret le mieux gardé _ en tout cas l’un d’entre ces derniers _ du piano français, connu d’une poignée de mélomanes qui savent ses somptuosités _ oui. Dominique Merlet aura tenté de lui rendre la place qu’il mérite aux côtés de Fauré, Debussy et Ravel, Martin Jones, encyclopédiste comme il sait l’être, l’aura gravée intégralement, mais il fallait probablement ce disque entêtant comme un parfum _ voilà _ pour en révéler enfin toute les splendeurs _ oui.


Le piano de Jean Roger-Ducasse n’est que panthéisme _ voilà _, paysages sonores où l’harmonie se sature et s’envole, les doigts rêvent, les notes sont des impressions de senteurs. Inimaginable poésie des timbres qui produit une musique aussi addictive par son imaginaire sonore que peuvent l’être les œuvres de piano de Georges Enesco._ c’est tout dire ! Si les pianistes les fréquentent peu, c’est parce qu’elles sont difficiles, pour les doigts certes, mais plus encore pour la mémoire : Roger-Ducasse divague, déteste les thèmes et les repères _ tel Debussy _, détruit l’harmonie de l’intérieur comme le faisait l’ultime fauréen, et dans les moments les plus sombres – qui n’abondent pas – fait toujours pénétrer cette lumière de soir d’été.


Il faut un poète pour saisir tout cela, et un sacré pianiste, Patrick Hemmerlé sur un magnifique Bechstein qui chante loin et mordore ses timbres, en éclaire toutes les complexités, élance les myriades de notes en scintillements d’étoiles (écoutez la première Etude !), modèle les rythmes fuyants (l’Etude en sixtes), fait entrer dans ces univers clos tout un jardin dans le vent (les sublimes Rythmes de 1917).


Il a en plus construit un programme parfait, herborisant uniquement dans les chefs-d’œuvre de ce compositeur que je n’en finis pas de découvrir, en m’émerveillant. Impossible de ne pas vous laisser fasciner par ce disque _ probablement _ vampirique.


LE DISQUE DU JOUR


Jean Roger-Ducasse (1873-1954)



Barcarolle No. 1 en ré bémol majeur
Etude No. 1 en sol dièse mineur
Etude No. 2 en la bémol majeur
Etude en sixtes en sol bémol majeur
Arabesque No. 1 en fa dièse majeur
Arabesque No. 2 en ut majeur
Rythmes en sol bémol majeur
Sonorités en la bémol majeur
Barcarolle No. 2 en sol bémol majeur
Barcarolle No. 3 en fa majeur


Patrick Hemmerlé, piano

Un album du label Melism MLS-CD-013



Photo à la une : le pianiste Patrick Hemmerlé – Photo : © Jean-Baptiste Millot


Ce mardi 23 juillet 2019, Titus-Curiosus – Francis Lippa

Le bonheur de Félix Mendelssohn : son Octuor, avec Christian Tetzlaff, en un CD AVI (en public, au Festival de musique de chambre « Spannungen »‘de Heimbach)

17oct

Félix Mendelssohn (Hambourg, 3 février 1809 – Leipzig, 4 novembre 1847) est un formidable pourvoyeur de joie :

ce qui donne, à pareille constance de jubilation, par (c’est-à-dire grâce à) pas mal de ses œuvres, un aperçu probablement assez consistant, en son intensité, du bonheur accessible, au moins musicalement, pour qui veut bien l’accueillir : par les oreilles et par le cœur (de son âme !)…

Il m’est souvent arrivé de « recommander » le merveilleux CD comprenant, de ce même Félix Mendelssohn, le « Concerto pour violon, piano et orchestre à cordes » en ré mineur (ou « double concerto » : la partition autographe est datée du 6 mai 1823 ; le compositeur a quatorze ans !..), dans l’interprétation éblouissante _ c’était en 1989 (déjà !) _ de Gidon Kremer, Martha Argerich et l’Orpheus Chamber Orchestra (il s’agit du CD Deutsche Gramophone n° 427 338-2) _

accompagné d’un très, très beau, aussi, « Concerto pour violon et orchestre à cordes » en ré mineur lui aussi, de ce même Félix Mendelssohn, par Gidon Kremer : l’œuvre fut composée au début de 1822 ; et il ne s’agit pas du très célèbre « Concerto pour violon et orchestre« , dit n°2, et en mi mineur, lui, l’opus 64 de Félix-Mendelssohn-Bartoldy, composé en 1844, pour son ami le violoniste Ferdinand David, et dont la première interprétation eut lieu au Gewandhaus de Leipzig le 13 mars 1845 par son dédicataire ; ce concerto très célèbre-là _ et à très juste titre, lui aussi ! _, davantage « romantique« , lui, s’inspire, en effet, bien moins de C.-P.-E. Bach que des concertos (contemporains) de Paganini, notamment le cinquième…

D’autres versions de ce « double concerto » (pour violon, piano et orchestre à cordes, en ré mineur, donc _ je reviens à cette œuvre tellement jubilatoire ; et pas assez connue encore des mélomanes !..)

ont paru depuis au disque ; nulle

_ par exemple celle par Rainer Kussmaul au violon, Andreas Staier au pianoforte et Concerto Köln, pourtant, en 1998 (un CD Teldec) _

n’arrive à la cheville de celle-là ! solaire ! tant Kremer, Argerich et les Orpheus se surpassent au service de la musique juvénilissime, au meilleur sens du terme, du merveilleux felix pour toujours Mendelssohn

_ dont nous fêtons toute cette année 2009 le bicentenaire de la naissance : c’était, en effet, le 3 février 1809 …

Une version propre à « retarder » le départ des malades en phase terminale pour l’autre monde ; comme à faire faire bien des économies (de médicaments) pour maux de « dépression« , à toutes les Sécurités Sociales du monde !

 Je recommande aussi très vivement (!)

les douze (ou treize) « Symphonies pour cordes« 

que Félix Mendelssohn  composa, pour les six premières d’entre elles, l’année 1821 _ l’année de ses douze ans : elles sont dans la « mouvance » de l’œuvre (que je qualifierais de « vibrante« !) de Carl-Philipp-Emanuel Bach ;

et cela, probablement du double fait,

_ et du maître de musique du jeune Félix, Carl Friedrich Zelter (né le 11 décembre 1758 et mort le 15 mai 1832 à Berlin), ami personnel de Goethe, et grand admirateur du « Bach de Berlin » (et de Hambourg, aussi : Carl-Philipp-Emanuel _ né, lui, le fils de Jean-Sébastien, à Weimar le 8 mars 1714 et mort à Hambourg le 14 décembre 1788) ;

Zelter qui faisait travailler son jeune élève en « composition musicale » sur cette œuvre admirée-là ;

_ et, du fait, aussi, de la grand-tante de Félix, Sarah Levy, qui avait acheté à la veuve de Carl-Philipp une partie des « archives musicales » de son mari ;

laquelle Sarah Levy en avait fait cadeau, plus tard, à son cher (heureux : felix) petit-neveu musicien :

d’où,

en plus de quelque chose _ et qui n’est certes pas rien, ni même peu ! _d’une transmission que je dirais « bachienne« , en héritage musical de Johann-Sebastian, via Carl-Philipp-Emanuel,

d’où, donc, aussi, le souffle formidable du « Sturm und Drang » parfaitement et jubilatoirement sensible dans la joie musicale si puissante (et si généreusement contagieuse !) de (toute) la musique de Félix :

se trouve peut-être là, oserais-je donc dire, un des secrets de l’art du bonheur musical confondant (!) de ce formidable génie de la musique…

Cette parenté musicale-ci, avec le Bach de Hambourg (et Berlin), fut d’ailleurs très tôt parfaitement « notée« , dès 1827, par un journaliste berlinois (de l' »Allgemeine Musikalische Zeitung« ) d’après lequel « Mendelssohn, quand il eut achevé (de suivre l’enseignement de Zelter), écrivit des symphonies pour instruments à cordes seules dans le style de Bach« …

La dernière des douze (ou treize) de ces « Symphonies pour cordes » parut en 1823…

La version en 3 CDs de ces treize « Symphonies pour cordes » de Félix Mendelssohn par Concerto Köln en 1994, 1995 et 1996 est proprement enthousiasmante (3 CDs Teldec : 4509-94565-2 ; 4509-98435-2 & 0630-13138-2 ; ils ont été réédités et sont disponibles dans la collection « Elatus » de Warner-Classics)…

J’en viens maintenant à l' »Octuor« , en mi bémol majeur, ce chef d’œuvre des chefs d’œuvre, de Félix Mendelssohn-Bartholdy,

composé, lui, en 1825, alors que Félix n’a encore que seize ans :

l' »exploit » (musical : d’un jeune homme) n’en paraît que plus extraordinaire ; car

cette musique est la « jeunesse » (mais éternelle !) même !..

Et l’interprétation

_ en concert s’il vous plaît ! le 11 juin 2008, au « Spannungen Chamber Music Festival » de la centrale hydro-électrique (« Hydropower Station » ; « Kraftwerk« ) de Heimbach (dans les Monts de l’Eifel) ;

festival (« Spannungen » signifie « Tensions » !) que dirige depuis sa création en 1997 le pianiste Lars Vogt _

est confondante de dynamisme, de vie, de musicalité !

Les (merveilleux !) interprètes en sont :

Christian Tetzlaff, Isabelle Faust, Lisa Batiashvili, Antje Weithaas, aux violons ;

Rachel Roberts, Ori Kam, aux altos ;

et Tanja Tetzlaff & Quirine Viersen, aux violoncelles.


Cet enthousiasmant « Octuor » de Félix Mendelssohn, saisi au concert à Heimbach le 11 juin 2008,

est accompagné d’un autre « Octuor » proprement somptueux, lui aussi, d’un autre parfait chef d’œuvre de la musique :

l' »Octuor« , en ut majeur, opus 7, de Georges Enesco

(ou George Enescu, en roumain, ainsi que dans la transcription anglaise :

Liveni, en Moldavie roumaine, 19 août 1881 – Paris, 4 mai 1955) ;

un autre immense musicien ; à beaucoup mieux connaître et interpréter (!) ;

une œuvre composée avant les dix-neuf ans de son génial auteur

(publiée le 5 décembre 1900, elle fut créée au concert, à Paris, le 18 décembre 1909 par les Quatuors Geloso et Chailley _ Pierre Monteux étant l’altiste du Quatuor Geloso…).


Les interprètes de cet « Octuor » d’Enesco, à la centrale hydro-électrique de Heimbach

(dans les montagnes de l’Eifel, non loin de Düren, d’Aix-la-Chapelle et de Bonn, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie),

saisi au concert, lui aussi, pour le disque, le lendemain, le 12 juin 2008, sont :

aux violons, Christian Tetzlaff, Antje Weithaas, Isabelle Faust, Katherine Gowers ;

aux altos, Antoine Tamestit, Rachel Roberts ;

et aux violoncelles, Gustav Rivinius & Quirine Viersen

_ quelques uns des interprètes de l' »Octuor » de Mendelssohn, la veille, on le voit, ont cédé leur place à d’autres, amis, pour l' »Octuor » d’Enesco…

C’est là tout l’esprit (magique !) des Festivals de Marlboro (autour de Rudolf Serkin),

d’Aldeburgh (autour de Benjamin Britten),

de Lockenhaus (autour de Gidon Kremer)

que l’on sent souffler sur l’interprétation magnifique de ces deux chefs d’œuvre,

à ce Festival de Heimbach,

qu’anime Lars Vogt,

autour de (et avec) l’excellentissime Christian Tetzlaff.

Soit,

un parfaitement euphorisant CD AVI « Mendelssohn – Enescu Octets for strings« ,

avec le label « Spannungen Chamber Music Festival » : AVI n° 8553163 !

Christian Tetzlaff : un très brillant musicien

à suivre…


De même que le festival « Spannungen » de Heimbach, dans l’Eifel…


Titus Curiosus, ce 17 octobre 2009

Est parue aussi, cette année 2009,

une très belle version de l' »Octuor » de Georges Enesco, pour orchestre, réalisée par le chef Lawrence Foster,

et interprétée tout aussi brillamment par l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, dirigé par ce même Lawrence Foster ;

le CD comporte aussi la « Sonate pour violon » et piano en ré majeur, opus 25, « dans le caractère populaire roumain« , de Georges Enesco,

par de jeunes virtuoses enflammés :

Valeriy Sokolov, au violon, et Svetlana Kosenko, au piano.

Un très beau CD Virgin Classics « Enescu String Octet – Violin Sonata N° 3 » : n° 50999 519312 2 3…

Vive la musique ! Vive la jeunesse ! Vive la beauté !

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