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« Sans la vérité, la vie serait sale » : un propos (de « chat ») de Aharon Appelfeld

28mai

Qui a entendu une fois la parole de vive voix d’Aharon Appelfeld, comme ce fut le cas dans les salons Albert Mollat, ainsi qu’au Centre Yavné _ c’était le 19 mars 2008 _,

n’oubliera sa puissance de vérité

de sa vie…

Aussi, dois-je m’empresser de diffuser plus largement encore que sur le site du Monde ;

et en le commentant (un peu) de mes impressions très « reconnaissantes« 

les mots (de lumière ! ) qu’Aharon Appelfeld sait trouver pour éclairer (si bien) les interrogations de quelques uns qui ont la chance _ désormais (hors des cachettes des forêts d’Ukraine, où il est, très difficilement, parvenu à survivre, entre 1940 et 1945)  _ de le rencontrer…

Dans un chat « Sans la vérité, notre vie est sale«  au Monde.fr

LEMONDE.FR | 20.05.09 | 10h57  •  Mis à jour le 27.05.09 | 17h05 ,

Aharon Appelfeld se penche sur « le pouvoir de la mémoire qui donne un sens à notre vie« , dit-il. Il revient aussi sur « la place du mal » et « la falsification des faits«  _ qui est « le propre des politiques, pas de gens honnêtes« , poursuit-il.

Donateli : Comment en êtes-vous venu à penser puis écrire que la lâcheté de l’homme était indispensable à la construction de la société ?

Aharon Appelfeld : J’estime que la lâcheté n’est pas centrale dans mes écrits. Je parle plutôt de la « faiblesse«  _ un distinguo crucial ! Car l’homme est un être faible. C’est plus par rapport aux « faiblesses » de l’homme que je parle. Nous sommes faits de chair et d’os, et c’est cela qui nous rend faibles. Mais en même temps, il faut avoir un certain respect par rapport à cette faiblesse _ et « vulnérabilité« , « fragilité«  _, inhérente à l’homme _ et à son « humanité« , toujours à conquérir, défendre, reconstituer : jamais simplement et pour jamais acquise, possédée… Mais cela n’a rien à voir avec la lâcheté _ en effet !..

Denis_de_Montgolfier (Lyon) : Quel est votre rapport au bégaiement, puisque vos livres y font allusion ?

Aharon Appelfeld :  Lorsque j’étais enfant, pendant la guerre, je me suis retrouvé à travailler pour un groupe qui avait des activités criminelles. Il s’agissait d’Ukrainiens, qui ne savaient pas que j’étais juif _ cf l’admirable « Histoire d’une vie« , récit autobiographique d’Aharon Appelfeld…. J’ai été parmi eux _ davantage qu’« avec eux«  _ pendant un an et demi, et pour me protéger _ voilà : le silence, voire le mutisme, comme « protection«  vitale !.. _, je parlais le moins possible, je ne parlais pas. Lorsque la guerre a pris fin dans cette région-là, en 1944, car la zone a été reprise par l’armée russe, parce que je n’avais pas parlé pendant un an et demi, ou quasiment pas, lorsque je me suis remis à parler, je bégayais. Le bégaiement, pour moi, c’est quelque chose qui est venu plus tard _ que dans la première enfance, comme chez la plupart _ dans ma vie, mais je le vois en même temps comme une qualité, une vertu. Car le bégaiement, pour moi, fait ressortir davantage _ l’expression est importante ; et davantage qu’une parole non bégayée, donc... _ les sentiments, les sensations, et mêmes les idées.

Il permet de faire émerger toutes ces choses _ qui demeureraient immergées, donc, sinon… _, car c’est une sorte de friction _ éminemment féconde _ entre pensée et sentiment _ champ magnifique à explorer par l’écrivain véritable. Pour les personnes qui parlent vite, elles sont recouvertes _ au point de s’y noyer, pour filer la métaphore… _ de paroles, alors qu’avec le bégaiment, il y a un effort pour permettre _ le surgissement de _ la parole _ à son plus vrai… Cela peut paraître étrange, mais pour moi, il est positif dans le sens où cela fait partie de la création _ ainsi que l’analyserait un Noam Chomsky : la création de la « générativité » du discours… _, cet effort pour faire sortir _ du magma du non-dit _ la parole _ en un mouvement de « aufhebung« , dirait Hegel…

cerrumios : Qu’est-ce qui est le plus dangereux : l’oubli du passé, le manque d’intérêt des nouvelles générations à l’histoire, le déni de faits réels, les maladies dégénératives dues au vieillissement… ?

Aharon Appelfeld : Tout est dangereux. Les maladies de la vieillesse ne me paraissent pas très importantes. Dans un sens, l’oubli du passé est une maladie _ pour le dynamisme fécond de la personne ; pour qu’elle devienne vraiment « sujet » d’elle-même (et pas enkystée et plombée en « objet » _ pour d’autres qu’elle). Car notre âme _ oui ! _ et la construction _ oui ! _ de ce que nous sommes _ et avons à devenir _ sont une composition _ en partie de notre responsabilité personnelle _ du passé, du présent et du futur. En ce qui concerne le manque d’intérêt chez les jeunes pour l’histoire, je n’en suis pas persuadé. J’ai été moi-même professeur d’université et j’avais beaucoup d’étudiants qui voulaient apprendre, savoir ce qui était arrivé aux générations de leurs pères et grands-pères.

Cela fait partie de la normalité chez l’homme de s’intéresser au passé. En ce qui concerne le déni des faits _ un phénomène crucial ! _, pour moi, c’est un agissement _ d’abord _ des politiques. Ce sont des personnes qui cherchent _ par intérêt partisan (= « idéologique« ) personnel, ou de leur clan ! _ à nous cacher les faits, à falsifier les faits _ d’où le devoir (le plus) sacré (qui soit) de les « établir«  et « avérer«  _, à détourner l’attention _ soient des tactiques crapuleuses décisives ; cf « Le Prince » de Machiavel… Un homme honnête _ droit ! _ ne fait pas ça, ne va pas nier les faits. C’est comme en politique, pour moi.

Romano : Le Prix Nobel de littérature Ohran Pamuk est l’objet _ ce fut en octobre 2005 ; depuis, elles ont été abandonnées : le 22 janvier 2006 _ de poursuites judiciaires dans son pays, la Turquie, pour avoir « revisité » dans son dernier roman _ le dernier roman d’Ohran Pamuk, « Masumiyet Müzesi« , est paru à Istamboul en 2008 ; en fait, ce fut pour une interview donnée à un journal suisse début 2005 _ la mémoire à trous de la Turquie (génocide des Arméniens et question kurde). Peut-on mourir pour sauver la mémoire ?

Aharon Appelfeld : La vérité et le passé ne font qu’un pour moi _ expression à creuser… Nier ce qui s’est passé, c’est nier la vérité. Les efforts de cet écrivain turc pour retrouver _ par le travail de la pensée, tant celui de la connaissance de l’historien, que celui de l’œuvre vraie du véritable écrivain : lire à ce propos tout l’œuvre (magnifique !) d’Imre Kertész, et pas seulement ses réflexions les plus « théoriques«  (pour des « discours«  publics ou des « articles«  brefs) sur les rapports entre mémoire, fiction et Histoire : cf « L’Holocauste comme culture« , sur lequel je dois (et vais) écrire sur ce blog même un article !  _ le passé et la vérité sont importants _ et c’est un euphémisme _, car sans la vérité notre vie est sale _ la formule, magnifique de vérité, donne très fortement (et avec grandeur ! plus encore !) à penser…

David Miodownick : Ne craignez-vous pas d’encourager malgré vous une « concurrence des mémoires » ?

Aharon Appelfeld : Je n’écris pas sur le passé _ avec la moindre mélancolie ou nostalgie que ce soit… Je parle d’individus _ particuliers, voire singuliers _ à un certain moment. Je ne parle pas par abstractions, mais d’individus ; et de leur temps _ c’est capital (face aux discours généralisateurs idéologiques dont nous sommes plus que copieusement abreuvés par les médias, tous azimuts)… J’écris sur les juifs, j’écris sur les non-juifs. D’ailleurs, j’ai plus écrit _ si l’on veut se mettre à « compter«  _  sur les non-juifs que sur les juifs. J’essaie _ et c’est l’effort poétique de la littérature vraie qu’une telle « vision«  !.. _ de voir le monde à travers les individus, à travers leurs désirs, leur besoin _ ou plutôt « désir« , ou « quête » ; et assez désespérée, souvent… ; une « demande«  !.. _  d’amour, à travers leur solitude, à travers leur recherche de réponses à des questions métaphysiques _ oui ! là où se joue le sens des vies « humaines » (« non-inhumaines« , ainsi que le formule si justement mon ami Bernard Stiegler _ qui vient de publier « Pour en finir avec la mécroissance«  Je n’écris donc pas sur le passé _ qui serait mort ; et pèserait, fossilisé, de tout son « poids mort«  Chaque individu a droit à son passé _ singulier (et non pas « idéologique« , ou plutôt « idéologisé«  en une « mémoire » d’emprunt ; « fourguée« …) ; et activé par l’effort tout en souplesse (et hoquets) de sa « mémoire«  toute personnelle ! pour s’appuyer sur le sol fécond (et toujours « vivant« ) de son « expérience » ainsi « travaillée«  : lire ici l’extraordinaire chapitre « De l’expérience« , en conclusion magnifique et testamentaire des « Essais«  du merveilleux et irremplaçable Montaigne Et moi, je suis pour le pluralisme dans tous les sens du terme. Je ne suis pas _ ni obsessionnellement, non plus ! _ collé _ « scotché«  _ à une histoire _ particulière, et partisane, contre d’autres « histoires«  : tout aussi particulières et partisanes ; soient « idéologiques » seulement : hélas !..

Lefevre : Que pensez-vous du livre « Les Bienveillantes« , de Jonathan Litell ?

Aharon Appelfeld : Ce qui m’a étonné, c’est à quel point un homme _ écrivant _ pouvait s’identifier avec le mal _ quelle singulière (= malsaine) perspective d’enquête, en effet ! Et la question que je me pose, c’est quel est le but de cela. Quel est le but de son livre. Est-ce d’apprendre à s’identifier avec le mal ? Est-ce que c’est essayer de comprendre le mal depuis l’intérieur de nous-mêmes ? Je me demande quel est le but de ce livre. Moi, mon impression, c’est que le résultat est une démonisation de soi _ ce qui est dangereux et morbide… L’expression « démonisation de soi » est à retenir !

Comme vous le savez _ cf l’admirable « Histoire d’une vie« , récit autobiographique d’Aharon Appelfeld… _, j’étais dans un camp, brièvement _ en Transnistrie, à l’est de sa Bukhovine natale _, avant de m’échapper _ c’était en 1941, il avait neuf ans. Mais j’ai eu le temps de voir toute la perversion des meurtres des juifs. Il ne s’agissait pas seulement de tuer les juifs, il s’agissait également de les humilier avant de les massacrer. Par exemple, de les obliger à jouer de la musique classique avant de les assassiner. Donc il ne s’agissait pas seulement de tuer, mais d’une perversion des meurtres.

Et dans les quarante livres que j’ai pu écrire, je ne parle jamais des assassins. Ils n’existent pas dans mon âme. Ils existent dans le sens socio-historique _ de ce qu’ils ont commis : forcément ! _, mais ils n’ont pas de place dans mon âme. Il n’y a pas que l’intelligentsia juive qui a critiqué le livre. Tout le monde devrait critiquer ce livre _ je le pense aussi. M. Littell, l’écrivain, est un homme très intelligent, de grand talent. Et cela rend son livre d’autant plus dangereux _ par cette attention « démonologique »  perverse ; pour analyser « cela« , lire plutôt les analyses fouillées (à bien démêler la complexité) des historiens Christopher Browning : « Des Hommes ordinaires _ le 101e bataillon de réserve de la police allemande et la solution finale en Pologne«  et Harald Welzer : « Les Exécuteurs _ des hommes normaux aux meutriers de masse« 

Aaron : Quel avenir pour la mémoire dans la mondialisation, ce rouleau compresseur qui uniformise la pensée et avale le temps et la mémoire au nom de l’utilitarisme ?

Aharon Appelfeld : Il m’est difficile de parler de l’avenir, car je n’aime pas parler en termes généraux. Pour moi _ c’est-à-dire « tout personnellement« , existentiellement… _, c’est le passé qui compte _ par le poids (existentiel et personnel) de ses effets _, car cela donne du sens à la vie _ quand il est humainement « affronté«  et « compris«  : voilà l’enjeu ! au lieu d’être esquivé, escamoté, ou trafiqué et falsifié !!! Même un passé horrible, c’est quelque chose qui donne de l’ampleur _ quel beau mot ! de quel souffle !!! _ à notre vie _ personnelle, donc, quand ce « passé horrible«  est « surmonté«  : là-dessus, lire, outre Aharon Appelfeld, Imre Kertész : par exemple, en contr’exemple d’« Être sans destin » et du « Refus » (ou du sublime « Le Chercheur de traces« ), le non moins sublime « Liquidation » : un des chefs d’œuvre sur le siècle qui vient de s’achever (le livre est paru à Budapest en 2003) Si nous souhaitons une vie riche _ qualitativement _, avec du sens _ voilà !!! _, qui ne soit pas superficielle _ ni bling-bling… _, il faut nous rattacher _ oui ! par la « plasticité«  du souffle et l’« ampleur » de l' »inspiration« « respiration«  de notre « vivre«  _ à notre mémoire _ activée ! Pas tous nos souvenirs _ en nous défaisant des « clichés«  « réactifs«  plombants du ressentiment ; il y a aussi une joyeuse « vertu d’oubli« , nous apprend Nietzsche… _, mais tout ce qui a du sens _ = le plus « essentiel » !.. La vie _ subie _ peut être un enfer. Je l’ai connu, cet enfer _ en Bukhovine, en Transnistrie et en Ukraine, entre 1941 et 1944… Mais la vie est aussi une chose très précieuse, qui porte _ potentiellement _ beaucoup de sens _ à constituer « plastiquement«  par nous, en partie « essentielle«  ; et selon une exigence transcendante de vérité ! _, et il faut faire en sorte _ c’est un apprentissage personnel ; et l’« écrire« , et l’Art, y a, certes, sa part… _ que notre vie soit remplie _ dynamiquement _ de sens _ au lieu, statiquement, d’absurde et de vide : que répandent les divers nihilismes…

cerrumios : Comment peut-on être sûr qu’une personne détient la vérité si elle est contredite par un groupe ?

Aharon Appelfeld : Mais nous sommes tout le temps contredits par d’autres _ et pas seulement « négativement« , non plus, qui plus est ; la démocratie authentique, c’est le débat éclairé !.. Le mal est une contradiction constante _ qui veut nuire et détruire : c’est sa définition ! Les individus sont souvent tentés _ de mentir, de trahir, de porter tort, de nuire (= blesser, mutiler et tuer ; anéantir) _, leur moralité subit des tentations qui viennent de groupes ou d’autres individus _ un peu _ charismatiques _ sur les estrades politiques, avec micros et haut-parleurs ; et sous le feu (avec projecteurs) des caméras, tout particulièrement. Mais nous devons apprendre _ c’est une école _ à résister, à défendre notre réalité _ singulière propre : elle est « à construire«  ; n’étant jamais simplement « donnée« , ni « héritée«  _, qui a un sens pour nous.

Oulala : Quelle est votre position sur le débat entre histoire et mémoire ? La littérature ne peut-elle pas servir de « casque bleu » entre les deux ?

Aharon Appelfeld : La bonne _ et seule « vraie«  _ littérature devrait rester modeste _ à échelle de la personne ; et sans généraliser : non « idéologique« , forcément ! Et devrait comprendre que son pouvoir est limité _ pauvre, humble : la lecture est un acte silencieux et de solitude. La littérature, par nature _ non instrumentalisante qu’elle est, fondamentalement _, ne peut pas changer les hommes, ne peut pas changer la société _ en effet : ses effets ne sont pas « mécaniques » ; ni instrumentalisables… Mais elle est comme la bonne musique : cela fait germer _ oui : avec générosité illimitée ; joyeusement : la joie est spacieuse… _ en nous quelque chose d’essentiel _ oui ! _, cela purifie _ de miasmes délétères _ notre vie, cela donne un parfum _ ouvrant !.. _ à notre vie et nous donne de la lumière _ on ne saurait mieux le dire… Donc la littérature, on ne connaît pas exactement son effet _ non « mécanique«  _, mais elle porte le germe _ dynamique et dynamisant _ de quelque chose qui préserve _ et peut miraculeusement perpétuer _ notre humanité _ toujours menacée d’« inhumanité« 

Voilà pour ces morceaux de « conversation » (« chat » !) offerts

sous le titre « Sans la vérité, notre vie est sale »

sur le site du Monde : ils sont assurément infiniment précieux !..

Entre tous nos contemporains,

Aharon Appelfeld est un « humain » « non-inhumain » « essentiel« 

Titus Curiosus, le 28 mai 2009

Le diagnostic d’une impasse _ ou les dégâts de l’idéologie et de la démagogie électoralistes dans la « crise » universitaire _ par Marcel Gauchet

23avr

Un constat d’expert _ particulièrement navré _ face au gâchis (à court, à moyen ainsi qu’à long terme, fort probablement !) de l’actuelle « mise en crise«  (et en « pourrissement« ) délibérée(s) de l’Université française ; et ce par une piètre « tactique » de démagogie électoraliste (populiste) ;

par Marcel Gauchet _ co-auteur de « Conditions de l’éducation« , en novembre 2008 ; et de « Pour une philosophie politique de l’éducation _ Six questions d’aujourd’hui« , en octobre 2003, avec Marie-Claude Blais et Dominique Ottavi _, ce jour dans « Le Monde » :

« L’« autonomie » veut dire la mise au pas des universitaires« 

Propos de Marcel Gauchet,

recueillis par Maryline Baumard et Marc Dupuis

_ et farcis, à mon habitude, de quelques commentaires…

LE MONDE | 22.04.09 | 10h11  •  Mis à jour le 22.04.09 | 15h08

Dans votre dernier livre, « Conditions de l’éducation« , vous mettiez _ le livre est paru au mois de novembre dernier _ l’accent sur la crise de la connaissance. Le mouvement actuel dans l’enseignement supérieur n’en est-il pas une illustration ?

L’économie _ conçue d’une certaine façon, du moins : pas au service des besoins des personnes _ a, d’une certaine manière, dévoré _ = détruit _ la connaissance. Elle lui a imposé un modèle qui en fait une machine à produire des résultats dans l’indifférence à la compréhension et à l’intelligibilité des phénomènes _ ce qui est particulièrement niais et grave. Or, même si c’est une de ses fonctions, la connaissance ne peut pas servir uniquement à créer de la richesse _ surtout financière; et pour quelques uns, surtout, en priorité. Nous avons besoin d’elle _ aussi et d’abord _ pour nous aider à comprendre notre monde _ en sa complexité à toujours déchiffrer… Si l’université n’est plus du tout en position de proposer un savoir de cet ordre _ de l’intelligence du réel : l’idéal des Lumières _, elle aura échoué. Or, les savoirs de ce type ne se laissent ni commander _ mécanico-technocratico-militairement _ par des comités _ que ce soient des « comités Théodule« , ou que ce soient, carrément, de l’ordre de la « nomenkatura«  des « soviets » _ de pilotage, ni évaluer par des méthodes quantitatives _ un point crucial de l’analyse de Marcel Gauchet.

N’est-ce pas pour cela que la question de l’évaluation des savoirs occupe _ dans le dispositif législatif (ou de « décret«  !) à mettre en place _ une place centrale dans la crise ?

Alors que les questions posées par les modalités de l’évaluation sont très complexes, puisqu’elles sont inséparables d’une certaine idée _ non neutre, non in-nocente ! et « qui commande«  tout !.. _ de la connaissance, elles ont été réglées _ par les modalités législatives (ou de « décret« ) :  » le diable se cache toujours dans les détails » _ de manière expéditive par l’utilisation d’un modèle _ mathématico-physique _ émanant des sciences dures _ championnes (et pour cause !) du réductionnisme au tout-« quantitatif » !.. Ces grilles d’évaluation sont contestées jusque dans le milieu des sciences dures pour leur caractère très étroit _ très peu fin _ et leurs effets pervers _ en cascade… Mais, hormis ce fait, ce choix soulève une question d’épistémologie fondamentale : toutes les disciplines de l’université entrent-elles dans ce modèle ? Il y a des raisons _ puissantes _ d’en douter.

Ce n’est pas un hasard si les sciences humaines ont été en pointe dans le mouvement. Il s’agit pour elles de se défendre _ bec et ongles… ; et « à mort«  _ contre des manières de les juger _ et « évaluer« , noter ; et « condamner » !.. _ gravement inadéquates _ eu égard à leurs spécificités, plus fines et « délicates«  L’exemple le plus saillant est la place privilégiée accordée aux articles dans des revues « à comité de lecture« , qui dévalue totalement la publication de _ vrais _ livres _ ouverts, eux, à l’appréciation (tous azimuts) d’un beaucoup plus large public cultivé ; et « hors côteries« , lui… ; ainsi, et d’abord, que de « pairs » : compétents ! ; et pas livrés à un jugement discrétionnaire, intéressé, et partisan : très « étroit« , en effet, lui ; et partiel, et partial… Or pour les chercheurs des disciplines humanistes _ et le qualificatif est bien à prendre « à la lettre » (celle qui sert « l’esprit«  ! et un « idéal » de « l’Homme«  : là-dessus, lire Alain…)… _, l’objectif principal et le débouché naturel de leur travail est le livre _ soit bel et bien une œuvre propre et singulière ; pas un simple (ou vulgaire) instrument de carrière : cf la vigoureuse et magnifique description on ne peut plus et on ne peut mieux « réaliste«  du régime éditorial « stalinien » dans la Hongrie d’après 1956 par Imre Kertész dans « Le Refus«  ; ou le monde (et la « novlangue« ) selon le « 1984 » du lucidissime George Orwell (en 1948)… On est en pleine impasse épistémologique. _ absolument : mais ces « décideurs »-légiférant-(ou-« décrétant« )-là s’en soucient-ils seulement ? eux qui ne pensent (machiavéliquement _ plutôt que machiavéliennement !) qu’au nombre de « ré-élections » qui les obsèdent (en se rasant quotidiennement la barbe ou la moustache le matin…) ?.. Et à ce compte, le champion (et « modèle« ) serait : un certain Berlusconi…

Toutefois, la source du malaise _ de cette « mise en crise » de l’université ; et de la place civilisationnelle du savoir, de l’enseignement ; et de l’apprentissage et de la transmission (sur-qualifiés à tours de bras de vilains « conservatismes« ) _ est bien en amont des textes de réforme qui cristallisent aujourd’hui les oppositions.

L’université souffre au premier chef de sa mutation démographique _ depuis, juste après 1968, la première « réforme Edgar Faure » de l’Université, pour ce qui concerne la France… Elle a mal vécu une massification _ en effet ; sans démocratisation authentique, hélas ; c’est-à-dire au mépris de la qualité ; et du « qualitatif« _ qui s’est faite _ quasi exclusivement _ sous le signe de la compression des coûts et qui s’est traduite par une paupérisation _ de l’Université (et ses acteurs). Il faut bien voir que nous sommes confrontés ici à un mouvement profond, qui relève de l’évolution des âges de la vie, et qui étire la période de formation _ au moins universitaire, de « jeunes » devenus aussi, à bien des égards, pour beaucoup (et « en masse« , générationnellement ; « bombardement«  des larges mass medias aidant), des « adulescents » de plus en plus longtemps « prolongés«  _ jusqu’à 25 ans. L’afflux vers l’enseignement supérieur est donc naturel _ dans les « normes sociales » en cours, c’est-à-dire « modernes«  !.. _, indépendamment du contenu offert _ bien sûr : on y a un peu moins « regardé« , le plus souvent, sans doute… Étant donné la « culture politique » française, dans l’imaginaire collectif _ et cela, depuis les rois Bourbon, probablement, et les édits « pacificateurs«  de Henri IV, dont l’édit de Nantes (le 30 avril 1598) _, l’université devient le prolongement naturel de l’école républicaine gratuite et presque socialement obligatoire _ en effet : d’où la formidable prégnance populaire encore de notre devise « Liberté – Egalité -Fraternité«  !.. Je ne crois pas plausible _ selon quels critères : de pragmatisme (de « besoins«  techniques des « métiers possibles« ) ? de fort resserrement des budgets (économiques) ? _ de maintenir le modèle de cette école républicaine jusqu’à 25 ans ; mais je comprends pourquoi _ de par cette histoire : et française, et républicaine _ les gens y croient. C’est même constitutif de notre pays _ oui : au moins depuis Henri IV ; ou François Ier ; ou plus en amont encore : qu’en disent les historiens du Moyen-Âge ?.. Mais cette spécificité en rencontre une autre _ tout aussi (et presque autant) « française«  historiquement… : ce que comprit fort bien l’habile Louis XVIII ; après Napoléon, lui-même… _, qui joue en sens inverse, à savoir l’existence d’un système à part _ de « distinctions » et « privilèges«  _ pour la formation des élites, celui des grandes écoles. Il s’ensuit que nos dirigeants, issus en général de ce circuit « d’élite« , sont peu intéressés par l’université, quand ils ne la méprisent pas _ certes.

Notre université paie donc le prix d’une spécificité hexagonale ?

Ce partage universités/grandes écoles pèse très lourd. Partout ailleurs, le problème de l’université est vital puisqu’il y va de la formation des élites. Mais pas chez nous, la bourgeoisie française disposant d’un système ultra-sélectif de grande qualité pour la formation de ses rejetons, qui a de surcroît l’avantage unique d’être gratuit _ au nom du « mérite«  (et de la méritocratie). Mieux : on peut même y être payé pour apprendre : voir Polytechnique ou Normale Sup _ idem. L’université de masse, en regard, tend à être traitée comme un problème social _ et non, prioritairement, de formation (et accès) au savoir. Nos gouvernants viennent de découvrir qu’elle était aussi un problème économique _ pour le budget de l’État (et la charge des contribuables). Mais leur regard reste conditionné par le passé : ils veulent des résultats _ pré-formatés, à la façon d’un « plan«  de type « soviétique« , selon la responsabilité de « patrons » (des Universités), selon la logique plutôt uniforme (de rentabilité prévisionnelle) des « marchés«  _ pour pas cher.

C’est sur un terrain déjà bien miné qu’arrive le mot nouveau _ bien connoté (de « loi«  décidée « par soi-même« ) _ d' »autonomie » ?

Ce mot admirable _ en effet : cf ce qu’en dit Kant (en la « Critique de la raison pratique« , ou dans les « Fondements de la métaphysique des mœurs«  _ que personne ne peut récuser n’est _ en cette occurrence-ci ! _ qu’un mot _ d’orwelienne « novlangue«  Il est illusoire de croire que parce qu’on a le mot, on a la chose _ nous ne sommes pas dans le monde féérique des marques et « logos«  (cf « Propaganda _ comment manipuler l’opinion en démocratie« , d’Edward Bernays (neveu de Freud : le livre-pionnier parut en 1928 aux États-Unis ; ou « La Stratégie du désir _ une philosophie de la vente » de Dichter Ernest (en 1960; la traduction française parut aux Éditions Fayard en 1961) : bibles des imaginatifs communicants du « marketing«  Demandons-nous ce qui se cache derrière ses promesses apparentes _ d’« autonomie«  Pour avoir une autonomie véritable _ et non « illusoire«  _, il faut disposer de ressources indépendantes. Or, en France, c’est exclu, puisque le bailleur de fonds reste _ du moins pour le moment, provisoirement _ l’Etat. On peut certes développer des sources de financement autres. Elles font peur à un certain nombre de mes collègues, mais je les rassure tout de suite, ça n’ira jamais très loin : le patronat français ne va pas par miracle _ du fait de lourdes « pesanteurs sociologiques » historiques… _ se mettre à découvrir les beautés _ « pour la forme« , gratuites _ d’un financement qu’il n’a jamais pratiqué. Notre « autonomie à la française » ne sera donc qu’une autonomie de gestion _ administrative ! _ à l’intérieur de la dépendance financière et du contrôle politique final _ Ouf ! _ qui va avec. Le changement est moins spectaculaire _ et davantage « poudre aux yeux«  _ que le mot ne le suggère.

D’autres modèles étaient _ on remarque la formulation au passé _ possibles ?

Certains pays de l’Est comme la Pologne ont pris un parti radical dans les années 1990. L’État a opéré une dotation des universités en capital ; et elles sont devenues des établissements indépendants. A elles de faire fructifier leurs moyens et de définir leur politique. Si un tel changement était exclu _ toujours au passé ! nos « pesanteurs«  sont endémiquement lourdes (sur la plutôt « longue durée« , dirait peut-être Braudel) ; et la « rupture«  surtout matamoresque… _ chez nous, ce n’est pas seulement en raison du « conservatisme » français. C’est aussi et surtout que notre système n’est pas si mauvais _ tiens donc ! _ et que tout le monde le sait, peu ou prou. A côté de ses défauts manifestes, il possède des vertus cachées.

On pourrait même soutenir, de manière provocatrice, qu’il est « l’un des plus compétitifs du monde« , dans la mesure où il est l’un de ceux qui font _ financièrement, à la « débrouillardise«  _ le mieux avec le moins d’argent. C’est bien la définition de la compétitivité, non ? Dans beaucoup de disciplines, nous sommes _ culture d’une certaine « ingéniosité » aidant, peut-être… _ loin d’être ridicules par rapport à nos collègues américains, avec des moyens dix fois moindres.

Et vous pensez que le grand public _ soit le « peuple souverain« , qui vote ! mais de qui donc peut-il bien être le « public«  spectateur ?.. _ en a une vision déformée ?

Comment le connaîtrait-il ? L’image romantique _ éthérée _ du « chercheur » dissimule une réalité _ au quotidien des travaux _ très différente. La recherche est probablement le secteur le plus compétitif, le plus concurrentiel, le plus soumis à la pression _ rien moins ! _ de tous les secteurs de la vie sociale _ on peut en lire un compte-rendu féroce de la vie dans les laboratoires universitaires dans l’autobiographie de Paul Feyerabend, « Tuer le temps » (en traduction française aux Éditions du Seuil en 1996). C’est d’ailleurs l’un des motifs de la désaffection _ des postulants-étudiants _ pour les sciences. Il faut une vocation solidement chevillée au corps pour endurer cette vie de moine-soldat, où vous avez à vous battre tous les jours pour _ accrochez-vous bien ! _ rester dans le coup, obtenir des moyens, faire valider vos résultats, le tout pour un salaire sans aucun rapport avec ceux des cadres de l’économie _ commerciale, vendeuse. Il y a _ donc _ quelque chose de fou _ versant sadisme _ dans le besoin d’en rajouter une couche _ de la part des pouvoirs ! _ et de resserrer encore le contrôle, comme si les chercheurs n’étaient pas capables de détecter seuls _ par une autonomie de l’intelligence, cette fois _ les sujets porteurs _ de fécondité de leur ingéniosité _, comme s’ils étaient assez stupides pour aller s’embourber dans des domaines qui n’ont aucun intérêt pour personne. Qui donc fait preuve d’aveuglement, ignorance et incompétence, ici ?

Le pire à mes yeux pour l’avenir _ c’est lui qui est en balance, en bascule ; au bord de la ruine (par la « casse«  de ce qui marche !) _ est dans cette prétention à « programmer _ de points nodaux administratifs : de tout-puissants « présidents«  d’université ! _ la recherche« . Comme s’il pouvait exister des « méta-chercheurs » en position de piloter le travail des autres ! _ ainsi « subalternisés » et placés et maintenus « aux ordres » : en totale situation d' »hétéro-nomie« , pour le coup : par cette « caporalisation«  des structures de décision et pouvoir… La situation normale _ du point de vue de la saine raison, et de la légitimité (de droit) _ est celle du chercheur qui soumet _ en le proposant à un jugement et une discussion de viabilité _ un projet à des instances _ de conseil, à l’amiable ; chacun faisant entendre librement ses réflexions _ qui le jugent réaliste, ou prioritaire, compte tenu des moyens disponibles, exactement comme un banquier prend un risque _ qui engage sa responsabilité _ en prêtant de l’argent à une entreprise _ afin de soutenir et faire réussir l’ambition ainsi dessinée par le postulant. Mais l’idée _ même de la recherche à inventer et mener, et le programme des travaux qu’elle induit _ ne peut venir que du chercheur ! Autrement, le conformisme _ voilà le péril ; l’académisme au détriment de l’audace ! de l’originalité ! du « génie » !.. _ est garanti. C’est une machine à tuer l’originalité dans l’œuf _ voilà ! _ qui se met en place.

Quelles conséquences l' »autonomie » _ ainsi instituée _ aura-t-elle sur la vie professionnelle _ concrète, effective, « au quotidien«  _ des enseignants-chercheurs ?

L' »autonomie » entraîne le passage des enseignants-chercheurs sous la coupe _ un terme à bien mesurer ! _ de l’université _ via le « président » qui y est (et sera) élu _ où ils travaillent. L’établissement, à l’instar de n’importe quelle autre organisation ou entreprise, se voit doté d’une gestion de ses « ressources humaines«  _ on les connaît bien déjà ; on les voit fonctionner… _, avec des capacités de définition _ rigidifiée _ des carrières et, dans une certaine mesure, des rémunérations. C’est un changement fondamental _ de caractérisation du pouvoir de décision _, puisque d’un statut qui faisait de lui _ l’enseignant-chercheur _ un agent (indépendant) du progrès de la connaissance _ son objectif et sa priorité ! _, recruté par des procédures rigoureuses _ en effet ! _ et évalué par ses pairs _ enseignants-chercheurs indépendants (d’esprit) eux-mêmes _, il passe à celui d’employé _ plus que dépendant ! désormais : incité (le couteau sous la gorge) à la servilité ! _ de cet établissement.

Jusqu’où va ce « changement fondamental » ?

C’est un changement complet de métier _ rien moins ! Il est visible que la mesure de cette transformation _ d’abord idéologique (caporalière) ; et électoraliste _ n’a pas été prise _ par l’opinion, endormie face au pouvoir politique concepteur et signataire du décret (du 22 avril). L' »autonomie » des universités veut dire en pratique la mise au pas _ avec passage de la nuque et du col (et de toute la tête ; ainsi que le buste) sous les fourches caudines _ des universitaires. Toute la philosophie de la loi _ une jolie expression _ se ramène _ ah ! _à la seule « idée » _ c’est une philosophette _ de la droite en matière d’éducation, qui est de créer des « patrons de PME«  _ voilà !!! _ à tous les niveaux _ des ex-« services publics«  de l’Instruction-Enseignement-Éducation _, de la maternelle à l’université _ au service des seuls « besoins » (prévisibles) de la clientèle (électorale d’abord) des « parents-d’élèves » (souvent affolés, et à juste titre, par les graves incertitudes d’avenir de leurs enfants)… Ô Mânes d’Alain, soulevez-vous !.. Il paraît que c’est _ le « management«  de type-PME _  le secret de l’efficacité _ managériale… On peut _ de fait, sinon de droit : c’est une hypothèse d’école aimable… _ juger que le statut antérieur _ des « enseignants-chercheurs«  _ était archaïque et n’était plus tenable _ pragmatiquement _ à l’époque d’une université de masse ; mais encore fallait-il expliciter _ devant l’opinion publique (citoyenne), et en vue d’un débat honnête ! (= véritablement « démocratique«  !) _ les termes de cette mutation _ à mener, tambour battant et bannières au vent, au nom de la « modernité » « réformiste«  ; versus les « conservatismes«  « corporatistes«  de tous poils ; l’air est connu… _ et clarifier _ mais qui peut bien rechercher la clarté en matière de « machiavélisme » ?.. _ les conséquences à en tirer.

Ce statut _ la « bête«  à mettre à bas ! _ était un concentré de l’idée du « service public à la française« , avec ses équilibres subtils _ oui… : fruits d’une Histoire de compromis pacifiés (non sans secousses, ou embardées, d’ailleurs…) _ entre la méritocratie, l’émulation et l’égalité. Toutes les universités ne sont pas égales, personne ne l’ignore ; mais tout le monde est traité de la même façon. Il n’y a rien de « sacro-saint » là-dedans ; mais on ne peut « toucher«  _ au nom de quelque « rupture«  que ce soit ! : de quel côté est se cache ici l’idéologie ? _ à tels produits de l’histoire _ il faut en avoir suffisamment conscience ! _ qu’en pleine connaissance de cause _ c’est peut-être là un peu beaucoup demander ! ces derniers temps… _ ; et en mettant toutes les données sur la table _ sinon, gare aux conséquences des méfaits de « Gribouille«  : nous avons pu constater, cet automne, où ont mené les deux mandats flambants de George « W« . Bush !.. Tout le monde n’en a pas encore pris de la graine _ à part les slogans des communiquants (« Yes, YOU can«  !!!) : cherchez l’erreur !..

C’est donc tout le fonctionnement de notre société qui _ par ricochets _  est interrogé là ?

Le problème universitaire est un bon exemple _ en effet : paradigmatique ! _  du problème général _ de fond : et posant des choix politiques fondamentaux _ posé à la société _ ou « Nation« , je ne sais (ou « le peuple« )… _ française, celui d’assurer l’adéquation à la « marche du monde«  _ dite « globalisation« _ de notre « modèle » hérité de l’Histoire ; et organisé autour de l’idée de République. Toute la difficulté _ et de tout Politique ! _ est de faire évoluer ce « modèle«  _ « français » (et antérieur, déjà à la « République » depuis 1789 _ sans brader notre héritage _ et ses valeurs _ dit « républicain« . Nous ne verserons pas d’un seul coup _ même par la vertu de quelque volontarisme bonapartien (de « rupture« ) !!! _ dans un modèle compétitif et privé _ ultra-libéral _, qui n’a jamais été _ de fait _ dans notre histoire _ comme quiconque a pu s’en pénétrer, même avec un cursus secondaire médiocre (ou pire). Comment intégrer davantage de décentralisation et d’initiative _ « girondines« , en quelque sorte… _, tout en maintenant un État garant de l’intérêt général _ s’il demeure un tel « idéal régulateur«  qui soit « voulu«  (= effectivement) par le « corps national«  _ et de l’égalité des services ? _ s’ils demeurent, aussi, en tant que vrais « services publics«  ?.. C‘est ce point d’équilibre entre les mutations nécessaires _ « globalisation » poussant à la roue (« de l’Histoire« ) _ et la persistance de son identité historique _ difficile à renverser ou rayer d’un seul trait de crayon magique (par décret !) _ que le pays recherche _ d’élection en élection ; à coup de changements de majorité… Il n’est pas « conservateur » : il est « réactif«  _ au quart de tour !.. Mais pour conduire ce genre d' »évolutions« , il faut procéder à découvert, oser le débat public _ et davantage de « vraie » démocratie (= honnête)…

Ce qui a été _ tactiquement _ absolument évité…

Le gouvernement a fait le choix d’une offensive éclair _ à la Bonaparte au Pont d’Arcole _, sur la base d’une grande méconnaissance _ par incompétence foncière (et mépris) _ du terrain universitaire. Probablement, ce sentiment d’urgence _ un des effets pervers de ce malheureux quinquennat ; renforcé d’une très dangereuse pente à la présidentialisation ; sans freins ; et un rabotage de la plupart des contrepouvoirs _ a-t-il été multiplié par le choc _ (très médiocrement !) médiatique seulement, hélas ! : c’est un indice du poids des « communiquants » parmi les conseillers du « Prince« , à la Cour… _ du « classement mondial des universités » fait par l’université de Shanghaï _ et un enseignant de Chimie ! _, qui a secoué nos élites _ si l’on peut s’exprimer ainsi… : « autoproclamées« , plutôt _ dirigeantes ; sans leur inspirer, hélas, le souci de se mettre _ effectivement !!! _ au courant. Si vous ajoutez à cela une image d’Épinal _ = un cliché ! _ de ce qu’est le système universitaire américain, aussi typique du sarkozysme _ hollywoodien _ que largement fausse ; plus l’idée que n’importe quelle stratégie de communication bien menée _ à la façon que décrit Machiavel : tantôt « en lion« , tantôt « en renard«  ; avec comme postulat la plus grande ignorance (et crédulité) possible(s) de à qui on s’adresse (cf « Gorgias » de Platon)… _ vient à bout de tous les problèmes _ principalement d’opinion (ou électoraux) _, vous avez les principaux ingrédients de la « crise » actuelle _ et de la situation, choisie tactiquement, de « pourrissement« .

Quelle « sortie de crise » imaginez-vous ?

Quelle que soit l’issue du mouvement _ de tensions _, le problème _ de fond _ de l’université ne sera pas réglé. Le pourrissement est (…) fatal, mais la question restera béante et resurgira _ « réforme« -t-on jamais par simples décrets ?.. Peut-on museler pour toujours la voix du peuple ? Si le gouvernement _ qui joue la tactique _ croit que parce qu’il a gagné une bataille, il a gagné la guerre, il se trompe. La conséquence la plus grave _ à court terme, du moins _ sera sans doute une détérioration supplémentaire de l' »image » de l’université, ce qui entraînera la fuite des étudiants qui ont le choix vers d’autres formes d’enseignement supérieur ; et ne laissera plus à l’université que les étudiants non sélectionnés ailleurs. De quoi rendre le problème _ social ; puis culturel ; et, in fine, civilisationnel _ encore un peu plus difficile.

Propos recueillis par Maryline Baumard et Marc Dupuis

Article paru dans l’édition du 23.04.09.

Marcel Gauchet :

historien et philosophe, directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales, Marcel Gauchet, 62 ans, a publié beaucoup d’articles, notamment dans « Le Débat« , revue dont il est rédacteur en chef. On lui doit aussi de nombreux ouvrages où la démocratie, le pouvoir et le politique sont centraux. La transmission est un sujet qui lui importe ; et il a co-signé, fin 2008, en collaboration avec Marie-Claude Blais et Dominique Ottavi, « Conditions de l’éducation«  (aux Éditions Stock, 2008) _ on se souvient aussi, par les trois mêmes, en novembre 2003, d’un excellent et nécessaire « Pour une philosophie politique de l’éducation _ Six questions d’aujourd’hui« 

A méditer

_ on pourra lire avec profit « Prendre soin 1 _ De la jeunesse et des générations«  de Bernard Stiegler ;

ainsi que consulter le site d’« Ars Industrialis« , qu’il dirige _ ;

et l’Histoire, qui prend toujours du temps _ et son temps (propre !) ; au delà des variations des opinions et des votes aux élections des électeurs _ jugera,

comme d’habitude…

Titus Curiosus, ce 23 avril 2009

Pour prolonger la conférence d’hier soir de Fabienne Brugère : penser la « sollicitude » et l' »intime »

26nov

Pour prolonger la conférence d’hier soir de Fabienne Brugère, sur « Le Sexe de la sollicitude« 

_ dans les salons Albert-Mollat,

et dans le cadre de la saison 2008-2009 des conférences de la Société de philosophie de Bordeaux _,
ce petit mot (à un ami) :


Cher Rolandas,

Après Fabienne,
c’est Guillaume
qui hier soir, en aparté à la conférence _ salle pleine (des salons Mollat illuminés) _ de Fabienne _ en forme olympique _
m’a « confié » qu’il s’était mis à « re-lire » « La Privation de l’intime« 

(de Michaël Foessel)

que je t’ai chaleureusement recommandé (cf mon article du 11 novembre : « la pulvérisation maintenant de l’intime : une menace envers la démocratie«  ;

en convenant que le faisceau du projecteur en direction du phénomène de « pipolisation »
n’était, en effet que marginal dans l' »économie » du livre _ ainsi que je le lui avais bien soutenu en notre échange téléphonique de dimanche après-midi…

Quant à Fabienne,
elle a, elle aussi, convenu _ au sortir de la conférence, et en nous dirigeant vers le restaurant du repas convivial qui allait suivre (au « Café Louis« , du Grand-Théâtre),
que la conception de « l’intime » de ce livre (de Michaël Foessel)
s’attachait bien à un rapport d’attention à
(la personne de) l’autre (comme sujet ; et « aimé » vraiment…) ;
et pas à quelque repli sur quelque « intériorité » (d’un Moi séparé, en quelque « fort » _ sic _ intérieur ; vis-à-vis de quelque « objet » _ ou « moyen » _ que ce soit…) ;

ainsi qu’au concept _ si crucial _ de « vulnérabilité » « humaine »…

Et que la troisième partie de « La Privation de l’intime » était, en effet, très riche
de bien fécondes perspectives (quant au devenir démocratique)…

Pour ce qui concerne le fond de la conférence de Fabienne hier soir,
je vais tâcher d’en rédiger un article (sur mon blog) ;

et pour ce qui concerne « la forme »,
Fabienne l’avait hier soir
:

claire, précise sur les détails de ses analyses,
_ encore mieux que dans son livre, ai-je « trouvé »…

Il n’empêche,
le fond

_ sinon une quasi « fusion », du moins de très fortes « passerelles » revendiquées,

du « descriptif » (disons, de nature sociologique) et du questionnement (proprement philosophique, lui) de ce qui peut venir « fonder » des normes (morales, sociales, politiques) _

continue de, « quelque part », « me gêner » un peu (aux entournures)…

Céline Spector, avec sa clarté synthétique coutumière _ bien précieuse ! _,
a tranquillement ouvert le débat avec cette question _ de fond, cruciale _
quant au statut de la « sollicitude » (et du « care« ) :
la visibilité
_ « demandée » (par Fabienne, et à plusieurs reprises, je l’avais repéré, dans le livre) _ ne tombe-t-elle pas (un peu) sous les coups
des critiques du tout-Etat-Providence ?..

même si Fabienne, en son exposé, avait solennellement « récusé » par avance les arguments _ type Michel Schneider _ anti « Big Mother » : in « La confusion des sexes » (paru aux Éditions Flammarion en février 2007)…

Quelle est donc « l’authenticité » d’une « croisade » (en faveur de cette « sollicitude« -là) ?

Que penser des arguments cherchant à bien dissocier la « sollicitude« ,
et de la « compassion«   ;
et, plus encore, de la « charité »
_ présentée comme illégitime
parce que prétendant se fonder sur quelque transcendance (divine) ?..

Je me le suis demandé à la lecture du « Sexe de la sollicitude« ,
et continue de m’y interroger après ce (très) clair exposé
de la conférence d’hier soir…

Bref, cette « sollicitude« -là _ et à l’égard de quels « pauvres« , de quels « blessés » (de la vie) ? _
sur quoi donc vient-elle « se fonder » ?

Parvient-elle à échapper, et comment, au statut (et fonctions) de l' »idéologique » ?

Voilà qui continue pas mal de me « travailler » encore…

Et sur quoi se détermine la différence entre « le proche« 

_ ayant « droit » à de « pleins » rapports de réciprocité _
et « le lointain« 

_ « réduit », lui
(sur « qui » on vient alors « se pencher » : le « surplombant« …),
à des rapports a-symétriques ?

même si la « liberté » de chacun d’eux est très clairement revendiquée,

et notée « à respecter »…

Par quel « sur-plomb »

qui soit « de droit » ?..
et pas rien que « de fait »…

Bruce et Christophe
se le demandaient aussi…

N’y a-t-il pas là quelque chose comme de l' »inauthentique »,
ainsi que quelque chose comme des « larmes de crocodile » _ « Où sont les caméras ?« ..

Voire : n’y aurait-il pas, ici,
rien que cela ?..

Le « second » dix-huitième siècle, enivré de « vertu »

_ et de « larmes » (je pense ici aux beaux livres de Chantal Thomas : « Les Adieux à la reine » ; « La reine scélérate. Marie-Antoinette dans les pamphlets » ; « Sade » ; « Sade, la dissertation et l’orgie » ; « Casanova. Un voyage libertin« ) _ sous le règne de ce brave bougre de Louis XVI _,
n’aboutit-il pas

aux paniers de sciure des têtes coupées (à la « réception » du couperet de la guillotine)

de la Terreur robespierrienne…

Du Laclos des « Liaisons » _ dangereuses, en effet, certes ! _
au Beaumarchais de la « Mère coupable » ;
et, immédiatement après, au Sade des « Infortunes »

de cette « vertu« …

De même,
l’expression de Fabienne

_et dans son livre,
et lors de sa conférence _,
d’un « usage de la politique« 
me fait toujours assez (fortement) « question » ;

me « trouble »…

Tout cela n’étant vraisemblablement pas sans nul rapport, non plus,
avec les querelles, pressions, cris d’orfraies
du congrès _ et suites _ du PS,
en train de s’achever pendant que nous dînions _ fort agréablement, et convivialement _ hier soir…

Voilà de toutes premières réflexions sur cette conférence

très réussie

d’une Fabienne très en forme,
dans ce si beau lieu,
si bien éclairé,
des salons Albert-Mollat, hier soir…


Bien à toi,

Titus

qui tâchera de rédiger quelque chose sur « Le Sexe de la sollicitude » aussi sur son blog…


La question de l' »authenticité » n’en paraît que plus « forte » ;
ainsi que la question des « fondements » _ et de l' »autorité » _,
en régime

_ désormais : Fabienne citait très justement la position, notamment, de David Hume _ ;

en régime d’immanence,

de la « sollicitude »…

Sur le terrain de l’esthétique,
je n’ai pas encore lu « L’expérience de la beauté : essai sur la banalisation du beau au XVIIIe siècle » de Fabienne (Brugère),
mais _ j’avais écouté Fabienne en (bien) parler sur France-Culture ;
à l’émission de Raphaël Enthoven, il me semble me souvenir _ ;

je ne me situe personnellement pas tout à fait
sur ce champ
_ rien que « de fait » _ de la « banalisation » des valeurs (esthétiques ; et autres !)…

Idem quant aux réflexions de l’ami Bruce (Bégout),
avec lequel j’ai échangé quelques mots hier soir, à la conférence (mais lui participait à un autre « banquet philosophique »),
sur le « quotidien » (in la « Découverte du quotidien » ; cf aussi « De la décence ordinaire« , qui est sur ma table de chevet)…

« Banal » ; « quotidien« 
versus _ peut-être ?… _ « intime« , en quelque sorte (pour se référer au livre si riche de Michaël Foessel
et versus, aussi, le « sublime«  de l’amie Baldine Saint-Girons (« Le Sublime » ; cf aussi son très beau « L’Acte esthétique« )…

ou l' »indécrottable » point de vue du « baroqueux »
que je demeure ad vitam æternam !..


Dernière chose :


j’ai très envie de « lire » Stanley Cavell,
notamment son « Déni de savoir » :

au repas hier soir, Layla Raïd me l’a présenté très favorablement,
à partir des mots de « rencontre » et de « conversation« 

_ qui sont, aussi, de « mon » vocabulaire, comme de celui de Layla :
le vocabulaire de l' »intime« 
, donc,

cher Rolandas…

J’espère ne pas trop te faire perdre de ton temps en étant si prolixe…
à rebours du B-A BA de l' »art de la conversation », justement : sans pesanteur, lui…
Vive Marivaux !

Titus Curiosus, ce 26 novembre 2008

« Philosophie » en rayon et kiosque : pour comprendre que « le réel » d’un coup vient de changer ; et que doit changer vite le « réalisme »

17nov

Sur l’article « Néolibéralisme versus libéralisme ?« , par Michaël Foessel,

dans le numéro (11) de novembre de la Revue Esprit : »Dans la tourmente (1). Aux sources de la crise financière« .

Avec, à suivre, le numéro (12) de décembre d’Esprit,

qui s’intitulera, lui : « Dans la tourmente (2) : Que fait l’Etat ? Que peut l’Etat ?« …


Comprendre « le réel » exige un minimum de recul, et la focalisation (du regard et de l’analyse)

que peut apporter l’éclairage

d’un peu plus loin que le bout du nez

(et que les vessies qui se font prendre pour des lanternes : les idéologies qui occupent massivement en permanence les écrans

des lucarnes médiatiques dans tant de « foyers »)

l’éclairage (avec un minimum de « génie » d’un auteur pertinent) philosophique :

soit le lumineux travail de Michaël Foessel sur ce qui distingue _ et sépare _ le néolibéralisme, triomphant des années Thatcher et Reagan, appuyées, ces années-là (Thatcher, au pouvoir depuis 1979 ; Reagan, depuis 1982) sur la vulgate de Milton Freedman

_ “prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel” en 1976, lui ;

cf mon article sur ce blog du 2 novembre dernier : « Sur le réel et le sérieux : le point de Paul Krugman sur l’élection du 4 novembre aux Etat-Unis«  _ ;

sur ce qui distingue _ et sépare _ le néolibéralisme

du libéralisme

_ classique, depuis Locke et Adam Smith…


Michaël Foessel appuie son (affuté) regard analytique sur le travail de 1978-1979

_ on mesure ici l’avance en lucidité du « génie » philosophique (!), pas si fréquent, toutefois ; mais assez mal reconnu, compris, déjà, sur le moment ; puis mal diffusé, alors et depuis, forcément : il secoue tant de cocotiers et de « places occupées », et autres « rentes de situation »… _,

sur le travail de 1978-1979 de Michel Foucault en ses « Cours (ou « séminaire » : semences à planter…) au Collège de France« 

_ une institution exceptionnelle remarquable depuis François Ier !… _

intitulés « Naissance de la biopolitique« ,

publiés conjointement par les Éditions Gallimard et du Seuil, en la collection « Hautes Etudes » en octobre 2004 :

une lecture diablement d’actualité en ce moment de déchaînement de la « tourmente » ; ou de « dedans l’œil » du cyclone ;

en plus d’être puissamment pertinente…

Je liste simplement ici les références que réunit et « lit » pour notre intelligence du présent (et de la tourmente qui nous assaille, en cet unique bateau du « monde mondialisé », désormais) ce remarquablement utile article de Michaël Foessel :

Friedrich A. Hayek (1899-1992) : « La Route de la servitude« , paru en traduction française aux PUF en 1985 ; « Droit, législation, liberté« , aux PUF en décembre 2007 ;

Ludwig von Mises (1881-1973) : « L’Action humaine, traité d’économie (abrégé)« , publié en traduction française aux Belles Lettres en 2004 ; « Le Socialisme« , de 1922, en français à la Librairie de Médicis en 1938… ;

Serge Audier : « Aux origines du libéralisme : le colloque Lippmann« , aux Éditions Le bord de l’eau, en avril 2008 ;

Wendy Brown : « Les habits neufs de la politique mondiale _ Néolibéralisme et néoconservatisme« , paru en traduction français aux Éditions Les Prairies ordinaires en 2008 ;

Christian Laval : « L’Homme économique. Essai sur les racines du néolibéralisme« , aux Éditions Gallimard en avril 2007

Pierre Dardot et Christian Laval : « La Nature du néolibéralisme : un enjeu théorique et politique pour la gauche« , un article dans le numéro 50 _ « Où est passée la gauche française ? » de la Revue « Mouvements« , de juin-août 2007 ;

François Denord : « Néolibéralisme, version française. Histoire d’une idéologie« , aux Éditions Démopolis en novembre 2007 ;

Jean-Pierre Dupuy : « Libéralisme et justice sociale« , aux Éditions Hachette Littératures en 1997 ;

Frédéric Lordon : « L’Intérêt souverain. Essai d’anthropologie politique spinoziste« , aux Éditions de La Découverte en avril 2006 ;

Céline Spector : « Le Spinozisme politique aujourd’hui« , un article de la revue « Esprit », en mai 2007 ;

Christian Lazzeri : « Reconnaissans spinoziste et sociologie critique, Spinoza et Bourdieu« , un article dans le recueil dirigé par Yves Citton et Frédéric Lordon « Spinoza et les sciences sociales« , aux Éditions Amsterdam en février 2008 ;

Carl Schmitt : « La notion de politique« , paru en traduction française aux Éditions Flammarion (collection « Champs »), en 1999.

A lire pour sa gouverne,

en cet « œil du cyclone » de la « tourmente« …

Titus Curiosus, ce 17 novembre 2008

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