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Apprécier tout particulièrement Klaus Mäkelä dirigeant l’Orchestre de Paris dans le « Prélude à l’après-midi d’un faune »…

16avr

Dans le tout récent très brillant CD « Stravinsky – Pertrouchka, Debussy – Jeux – Prélude à l’après-midi d’un faune« , le CD Decca 487 0146, de Klaus Mäkelä dirigeant l’Orchestre de Paris,

les éloges, voire les dithyrambes, ne manquent pas _ tel celui de Jean-Charles Hoffelé en son bel article « Joueurs de tennis« , en date du 13 avril dernier… _ pour saluer, et leur debussyste « Jeux« , et leur stravinskyen « Petrouchka » ;

il n’empêche, c’est leur lumineux, sensualissime _ mais sans le moindre pathos _ « Prélude à l’après-midi d’un faune » qui tout personnellement m’emporte et m’enchante…

Quel chef !!!

 

Ce mardi 16 avril 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Le paradoxe insistant des défauts d’élocution rédhibitoires de Sandrine Piau, co-présents avec son inaltéré beau timbre de voix…

07avr

Suite aux divers articles que j’ai consacrés sur ce blog « En cherchant bien » à l’art de Sandrine Piau

_ cf mes articles du 16 février 2024 «  » ;

du 8 février 2024 «  » ;

et du 31 juillet 2019 « « , notamment… _,

voici, ce dimanche 7 avril 2024, sur le site de ResMusica, et cette fois sous la plume de Nicolas Mesnier-Nature,

un très juste article « Sandrine Piau et Jean-François Verdier : dans des mélodies françaises d’une beauté paradoxale« ,

apportant, une nouvelle fois, de l’eau à mon moulin, sur ce qui me gêne continuement dans le chant de Sandrine Piau,

et que Nicolas Mesnier-Nature, baptise gentiment ici, lui, de « beauté paradoxale« … :

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Après un précédent enregistrement réunissant l’Orchestre Victor Hugo, son chef et en soliste, cette équipe récidive dans un répertoire de mélodies avec orchestre. On retrouvera avec plaisir une continuité artistique entre les deux sorties _ de ces CDs « Reflet » et « Clair-Obscur« , pour le label Alpha 1019 et 727… _, avec toutefois une différence de taille pour les oreilles françaises.

On ne peut que se féliciter dans un premier temps de la continuité artistique telle que nous la proposent les interprètes. En effet, le travail de fond mené depuis des années par _ l’excellent à la tête de l’Orchestre Victor Hugo _ de Besançon _ paye : une partie de cette formation a été renouvelée depuis son arrivée en 2010, ce qui a permis une ouverture du répertoire et un décloisonnement indéniable vers d’autres publics et d’autres manifestations musicales non plus strictement classiques. Les multiples rencontres avec des artistes de renom enrichit considérablement les contenus des prestations données, bien au-delà de la Franche-Comté. est un chef qui sait mêler dans ses programmes la tradition du grand répertoire (ici Berlioz, Duparc, Ravel et Debussy) avec des œuvres moins connues du grand public (celles de Koechlin, Britten, les orchestrations de Caplet ou d’Ansermet pour Debussy).

Autre performance de l’orchestre : l’effectif parfois considérable demandé par les auteurs ne vient _ en effet ! _ jamais submerger la voix soliste, pas davantage qu’il ne s’efface _ non plus _ à son profit. Un jeu d’équilibriste des plus subtils _ voilà _ qui permet de tout entendre sans se mettre en avant _ ni l’orchestre, ni la chanteuse : bravo ! _, ce qui n’est pas donné à tout le monde. Faire sonner un orchestre symphonique comme un grand ensemble chambriste, sans gros effets, voilà qui est _ tout à fait _ remarquable _ en effet.

Les années ne semblent pas affecter _ du tout _ la voix de , toujours bien timbrée et colorée _ oui, oui. Les graves sont ronds et bien galbés, le medium soutenu et les aigus menés avec agilité et grande souplesse. La tenue des sons est linéaire et très agréable _ à l’écoute : c’est en effet le cas. Et pourtant, il est _ trois fois hélas !!! _ quasiment impossible de comprendre _ entendre les sons : oui : comprendre les mots ou les phrases : non _les paroles des poèmes chantés sans les suivre sur le livret _ et c’est hélas rédhibitoire !!! Par moment on saisit un mot ou une partie de phrase, avec effort, jamais un vers complet _ voilà… Pour un auditeur non francophone, tout paraîtra certainement très beau. Mais ne pas pouvoir comprendre les poèmes de Théophile Gautier, Leconte de Lisle, Mallarmé ou Victor Hugo laisse _ plus que _ dubitatif. Quel dommage ! _ snif ! snif !

…`

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Hector Berlioz (1803-1869) : Le spectre de la rose.

Henri Duparc (1848-1933) : Chanson triste ; l’invitation au voyage.

Charles Koechlin (1867-1950) : Pleine eau ; aux temps des fées ; épiphanie.

Claude Debussy (1862-1918) : Clair de lune ; épigraphe antique n°6.

Maurice Ravel (1875-1937) : 3 poèmes de Mallarmé.

Benjamin Britten (1913-1976) : 4 chansons françaises.

Sandrine Piau, soprano ; Orchestre Victor Hugo, direction : Jean-François Verdier.

1 CD Alpha classics. Enregistré en novembre 2022 à l’Auditorium de la Cité des Arts, Besançon.

Notice de présentation en français, anglais et allemand.

Durée : 57:05

C’est tout de même bien dommage !!!

Ce dimanche 7 avril 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

A partir d’un travail sien de révision des partitions (jusqu’ici truffées d’erreurs), le chef John Wilson vient nous offrir une magistrale interprétation de ce chef d’oeuvre de Ravel qu’est le Ballet complet de « Daphnis et Chloé »…

04avr

Avec le CD « Ravel – Daphnis et Chloé – Complete Ballet« , soit le CD Chandos 5327 _ enregistré à Londres du 7 au 9 décembre 2022 _,

à la tête du Sinfonia of London Chorus et du Sinfonia of London, le décidément excellent John Wilson vient nous offrir une superbe _ magistrale _ interprétation de ce chef d’œuvre sublime de Maurice Ravel qu’est le Ballet de « Daphnis et Chloé« , à partir d’un travail extrêmement minutieux de révision _ effectué par lui-même, John Wilson, au moment des confinements du Covid _ des partitions, truffées d’erreurs accumulées jusque là…

Voici le bel article intitulé « John Wilson, un nouveau regard sur Daphnis et Chloé de Ravel » que ce jeudi 4 avril 2024, sur le site de l’excellent magazine Crescendo, Pierre-Jean Tribot vient consacrer à cette prouesse musicale et discographique ravélienne, pour le label Chandos :

John Wilson, un nouveau regard sur Daphnis et Chloé de Ravel 

LE 4 AVRIL 2024 par Pierre Jean Tribot

Maurice Ravel (1875-1917) : Daphnis et Chloé, M.57.

Sinfonia of London Chorus, Sinfonia of London, direction : John Wilson.

2022. Livret en anglais, allemand et français. 54’00.

Chandos CHSA 5327.

En matière de Daphnis et Chloé de Maurice Ravel, il y bien une problématique centrale : celle des centaines de fautes qui n’avaient jamais été corrigées _ hélas _ depuis la première édition de la partition. Tous les chefs d’orchestre qui se confrontent à ce chef d’œuvre se repassent des listes de corrections à appliquer, et certaines de ces listes, comme celle établie par Pierre Boulez, sont presque “légendaires”.

En 2020, pendant le confinement pandémique _ voilà ! _, le chef d’orchestre John Wilson a amorcé un travail de fond pour proposer une édition révisée expurgée de ces erreurs. Sur base des sources, dont le manuscrit original ou la partition de la réduction piano/chœur, il a pu proposer le travail “qui reflétait le mieux les décisions finales du compositeur” _ voilà quel était l’objectif ! _ comme il l’indique dans la notice de présentation _ aux pages 34-35. En effet, différentes modifications avaient également été apportées par Ravel _ sur le vif _ au moment des répétitions. Ces dernières avaient été reportées sur les parties séparées, mais pas reprises dans la partition de chef. John Wilson livre donc en première son travail au pupitre de ses musiciens londoniens.

La réussite de ce nouvel enregistrement est indéniable _ en effet. En premier lieu, il faut saluer la performance de l’incroyable Sinfonia of London dont l’engagement est sans faille : puissance et éclat dans les tuttis, richesse de couleurs et finesse et élégance dans les solistes _ voilà qui est dit, et bien dit. Le Sinfonia of London Chorus est quant à lui d’une idéale homogénéité avec ce qu’il faut de flexibilité à la fois dans la transparence des timbres que dans la puissance de la projection _ oui.

La baguette de John Wilson travaille le texte, et on redécouvre _ ainsi _ cette œuvre _ d’une extraordinaire fraïcheur, en la plus parfaite cohérence, d’ailleurs, avec son sujet… La texture instrumentale sonne allégée _ oui _ avec une plus grande mobilité de la masse orchestrale. La lisibilité des pupitres est exceptionnelle _ c’est magnifique, et sublimement ravélien ! _ et rend encore plus impactants les contrastes et les césures narratives de ce ballet. Le geste compositionnel de Ravel, sa force et son génie sont ici magnifiés _ voilà. Bien évidemment, la prise de son Chandos, techniquement superlative, nous place au cœur de cette interprétation magistrale qui fait date _ oui.

Alors bien évidemment, la discographie de Daphnis et Chloé est bardée de références d’Ansermet (Decca) _ et Monteux (Decca)… _ à François-Xavier Roth (HM) _ cf par exemple, et à côté de plusieurs autres, mon article «  » en date du 23 juin 2023, mais aussi, et plus particulièrement à propos de « Daphnis et Chloé« , celui-ci, même bien trop bref, « «  en date du 15 septembre 2019… _en passant par Pierre Boulez (DGG), mais cette version, unique par le regard _ quasi originaire _ qu’elle nous permet de retrouver _ enfin ? _ sur ce chef d’œuvre, est _ sans nul doute _ une pierre angulaire.

Pierre-Jean Tribot

Pour ce qui personnellement concerne l’aficionado ravélien que je suis,

je dois signaler ici que j’avais beaucoup apprécié, à sa sortie, le précédent CD Ravel « Ma Mère L’Oye – Boléro (premières recordong of original ballets«  de John Wilson (le CD Chandos CHSA 5280),

ainsi qu’en témoigne mon article en date du 1er septembre 2022 : « « .

Mais il me faut relever aussi que ni le site Discophilia de Jean-Charles Hoffelé, ni le site ResMusica _ que je consulte quotidiennement _ n’ont jusqu’ici consacré d’article aux (belles) réalisations discographiques ravéliennes de John Wilson ;

et cela à la différence du site (belge) du magazine Crescendo, dont je relève maints articles (au nombre de 13) antérieurs _ à celui de ce 14e, ce jeudi 4 avril 2024 _ consacrés à ce chef britannique, dont, en l’occurrence, ces 3 remarquables-ci à propos de Maurice Ravel :

_ « John Wilson et Ravel« , un entretien entre Bertrand Balmitgère et John Wilson, en date 26 janvier 2022 :


_ « Les œuvres orchestrales de Ravel chez Chandos : le choc John Wilson« , un article de Pierre-Jean Tribot, en date du 20 février 2022 :


_ et « Ravel en miroirs anglais, entre mentors et disciples« , un article de Pierre-Jean Tribot, en date du 19 mars 2024…

Je ne sais trop  qu’en conclure : serait-on plus attentif, ou plus curieux, en Belgique qu’en France ?..

En tout cas, John Wilson est un chef ravélien _ Ravel, a-t-il aussi confié, est son « compositeur préféré«  _ à coup sûr bigrement intéressant… 

Écoutez-ici la sublime Pantomime de la troisième Partie de ce « Daphnis » (6′ 40), sous la baguette de John Wilson..

Ce jeudi 4 avril 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Comparer trois interprétations du Motet « Ego dormio » de Claudio Monteverdi (publié à Rome en 1626) : par Il Concerto italiano de Rinaldo Alessandrini (en 1996), par l’Ensemble Concerto de Roberto Gini (en 2004), et par I Disinvolti de Massimo Lombardi (en 2020) ; ou servir au mieux l’italianité de ces Motets italiens du premier Seicento, d’une tendresse sublime…

27mar

En désirant creuser mon plaisir pris aux écoutes renouvelées du merveilleux CD « Motets from the Song of Songs – Vulnerasti cor meum » des I Disinvolti, le CD de toute beauté (!) Arcana  A 562 _ cf mon article d’hier « «  _,

j’ai recherché dans ma discothèque personnelle une autre interprétation du Motet qui m’est apparu comme le probable sublime sommet de cet admirable programme si merveilleusement servi ici par I Disinvolti sous la direction de Massimo Lombardi,

je veux dire le Motet « Ego dormio » de Claudio Monteverdi,

paru à Rome en 1625 au sein d’une anthologie intitulée « Sacri Affetti« . réunie par les soins de Francesco Sammaruco (Edition Luca Antonio Soldi),

et assez peu présent au disque…

C’est ainsi qu’après une petite recherche, je suis tombé sur le CD « Monteverdi – Musica sacra » du Concerto italiano de Rinaldo Alessandrini, le CD Opus 111 OPS 30-150, enregistré et paru en 1996.

En janvier 1996, à Briosco,

les interprètes de ce Motet « Ego dormio » « à soprano e basso » du Concerto Italiano, à la plage 20, étaient Elisa Franzetti, soprano, Sergio Foresti, basso, ainsi qu’Andrea Damiani et Tiziano Bagnati, tiorba.

….

Puis, après une seconde recherche, se présente à moi le double CD « Claudio Monteverdi – Sacred Music » de l’Ensemble Concerto de Roberto Gini, le double CD Dynamic CDS 491/1-2, enregistré à Vigevano au mois de septembre 2004 et paru en 2006.

Et en septembre 2004, à Vigevano,

les interprètes _ superbes ! _ de ce Motet « Ego dormio » de l’Ensemble Concerto, à la plage première de leur second CD, étaient Antonella Gianese, soprano, Salvo Vitale, basse, et Roberto Gini, à l’orgue _ écoutez-ici les 3′ 25 de cette lumineuse interprétation de 2004…

 

Alors qu’en juin 2020, à Breno,

les interprètes de ce même Motet « Ego dormio » « à deux voix, pour soprano (ou ténor) et basse, avec accompagnement de basse continue« , sont cette fois Massimo Altieri, tenor, Guglielmo Buonsanti, bass, Noelia Reverte Reche, viola di gamba et Nicola Lamon, organ :

une interprétation à nouveau de très haute tenue, et superbe de tendresse.

Et il me faut dire qu’à mes oreilles et à mon goût, l’interprétation de cet « Ego dormio » monteverdien des Disinvolti _ avec leur choix des voix et des instruments _ est, elle aussi, d’une tendresse retenue infiniment délicate et juste :

à tomber totalement sous le charme de cette musique d’une douceur enveloppante et pudique sublime…

Ce présent CD « Vulnerasti cor meum » _ comportant 17 Motets (d’entre 1606 et 1643) de 16 compositeurs différents _ des Disinvolti, est un enchantement musical d’une réussite discographique absolue,

qui met aussi, et plus généralement, excellemment en évidence le niveau transcendant de toute cette musique « amoureuse » religieuse en Italie, entre 1606 et 1643,

héritière de l’ère magnifique du Madrigal…

Et je place désormais cet ensemble des Disinvolti, inconnu de moi jusqu’ici, au niveau de la merveilleuse Compagnia del Madrigale… 

Et même si c’est en latin _ et pas en italien _ qu’est le texte de ces Motets,

il va pour moi sans dire que la très patente « italianité » de ces Motets place les seuls ensembles d’interprètes italiens en mesure de leur rendre pleinement et le plus splendidement justice !!!

Ce CD enchanteur d’une tendresse sublime, « Vulnerasti cor meum« , est donc tout simplement un must !

Ce mercredi 27 mars 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Pour une fois, un partage de déception et agacement, pour un CD passablement raté : le CD Hyperion « Notebooks for Anna-Magdalena » de Mahan Esfahani…

15mar

Il est rare que je prenne la plume pour dézinguer un CD qui me déçoit au point de passablemenl m’irriter…

Mais c’est hélas la cas pour le CD Hypérion CDA 68387 « Notebooks for Anna-Magdalena« , dont l’écoute au magasin m’avait scandalisé : comment un label de la qualité d’Hyperion avait-il bien pu autoriser la parution d’un tel CD, au son inaudible (!), qui ne rend en rien justice à ce si délicieux cahier de musique intime et familiale de la main de la seconde épouse, Anna-Magdalena, de Johann-Sebastian Bach ?..

Et si je me le permets,

c’est parce que je retrouve sous la plume de Christophe Steyne, pour le magazine Crescendo, à la date d’avant-hier 13 mars, en son article intitulé « Cahiers pour Anna Magdalena : bal des fantômes au logis du Cantor » ,

tout ce que j’avais éprouvé à l’audition irritée de ce CD…

Cahiers pour Anna Magdalena : bal des fantômes au logis du Cantor

LE 13 MARS 2024 par Christophe Steyne

Notebooks for Anna Magdalena. Oeuvres de Johann Sebastian (1685-1750), Carl Philipp Emanuel (1714-1788), Johann Christian (1735-1782) Bach, François Couperin(1668-1733), Gottfried Heinrich Stölzel (1690-1749), Johann Adolf Hasse (1699-1783).

Carolyn Sampson, soprano. Mahan Esfahani, clavicorde, clavecin. Juin 2021.

Livret en anglais, français, allemand.

TT 76’49.

Hyperion CDA68387

Après la parution chez le même label de plusieurs albums légitimement remarqués (Partitas, Toccatas…), Mahan Esfahani poursuit son parcours en Bach par la petite porte : les carnets pour la seconde épouse _ Anna-Magdalena _, datés de 1722 et 1725. Lesquels incluent principalement des pages du pater familias _ Johann-Sebastian _, mais aussi des jeunes membres de la fratrie _ des fils _, et d’autres compositeurs que la musicologie a progressivement identifiés, expliquant certaines mentions attributives. Le programme ici entendu s’avère conforme à l’inventaire de ces manuscrits. Malgré l’éviction des Partitas (BWV 827, 830), des Suites françaises (BWV 812-816) bien connues par ailleurs, et de certaines variantes de tonalité, l’essentiel est là, quasi exhaustif. On trouve même deux versions du Menuet BWV 841 & Anh 114, et du _ merveilleux ! _ Bist Du bei mir, chacun joué au clavecin et clavicorde.

Le parcours inclut les pages vocales, ici confiées à la soprano Carolyn Sampson, rappelant qu’Anna Magdalena était admirée comme chanteuse professionnelle auprès de la cour d’Anhalt-Cöthen. Même si une réputation domestique et didactique entoure ces deux recueils, et celle d’une simplicité d’exécution qui ne prétend pas au chef-d’œuvre, le livret du disque entend restituer un intérêt dégagé de toute misogynie à ces pages qui se pratiquaient dans le cercle familial : « ce ne serait pas si mal de nous essayer à la musique qu’ils considéraient assez dignes d’accompagner leurs pensées et actions les plus intimes ».

..;

Dans la discographie, quelques anthologies du Nötenbuchlein mêlaient clavier(s) et voix à un consort plus ou moins fourni : clavecin, orgue et viole (Gustav Leonhardt, Rudolf Ewerhart, Johannes Koch) autour d’Elly Ameling (Electrola DHM, 1966) ; clavecin, clavicorde, violoncelle (Nicolas McGegan, David Bowles) autour de Lorraine Hunt (Harmonia Mundi, 1991) ; luth, arpanetta, harpes, orgue, viole (Stephen Stubbs, Andrew Lawrence-King, Erin Headley) autour d’un panel de chanteurs (Teldec, 1991) ; clavecin et violoncelle (Luc Beauséjour, Sergei Istomin) autour de la soprano Karina Gauvin (Analekta, 1995) ; violon, viole, clavicorde, orgue positif, clavecin (Julien Chauvin, Christine Plubeau, Aurélien Delage, Olivier Baumont) autour d’Anne Magouët (Bayard, 2015).

Quant à lui, le présent enregistrement alterne un clavicorde d’après un exemplaire bavarois de Johann Heinrich Silbermann, et un clavecin de Miles Hellon (Londres, 1992) d’après Mietke. Dans un avertissement en page 11, teinté d’une ironie dont il cultive le malin plaisir au gré de la présentation de ses albums, Mahan Esfahani précise que l’art de Carolyn Sampson « est responsable de toute amélioration qui pût advenir dans mon jeu solo. Comme d’habitude, les insuffisances sont entièrement miennes ». Aucune insuffisance dans l’interprétation proprement dite, mais les deux instruments apparaissent aussi plats qu’insipides _ hélas ! hélas ! hélas ! _, et se trouvent encore miniaturisés par la prise de son _ indigentissime !!! Pâles spectres en perspective _ voilà…

Ces pages semblent alors émaner d’une fade boîte à musique _ en effet _, ce qui n’est pas pour extraire de l’insignifiante mignardise _ voilà ! _ le cortège de menuets, polonaises et autres musettes. Même la délectable Bergerie de Couperin devient un vain tripotage de fils de soie par une araignée neurasthénique _ ouaf, ouaf. En cette galerie de camées, la voix ample, délicate et suave de Carolyn Sampson, largement épanouie dans la réverbération, ne peine guère à s’imposer voire, par contraste, à se surexposer. Et même si le style cultive une humilité bienvenue. Heureusement, la mezza voce est de mise pour le Schaffs mit mir, Gott, sinon le clavicorde serait inaudible. Dommage que les louables intention et réalisation artistiques se trouvent mouchées par ces instruments si médiocrement captés _ voilà. Même dans l’optique da camera, cette réduction ectoplasmique ressemble trop souvent à une veillée un soir de chandelle morte. Le résultat déçoit, ennuie _ agace et irrite surtout _, et reflète une bien piètre image du foyer du Cantor, qu’on imagine laboratoire fertile et non futile _ voilà. Sur une thématique voisine, on reviendra _ bien _ plutôt aux _ excellentissimespénates de Francesco Corti (Arcana, 2020), autrement attrayantes _ et c’est même peu dire. Car ce nouveau CD, après Concerto nach italienischen Gusto que nous avions récompensé d’un Joker et qui crevait l’écran, ne passe hélas pas _ et même pas du tout _ la rampe.

Son : 4 – Livret : 9 – Répertoire & interprétation : 7

Christophe Steyne

Aller, et même courir, au délicieux CD « Little Books » _ le CD Arcana A 480 ; cf mon article « «  du 7 mai 2022 _ de l’admirable Francsco Corti.

Ce vendredi 15 mars 2024, Titux Curiosus – Francis Lippa

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