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Impressions de souvenirs à la lecture d’un portrait de sa grand-mère par sa petite-fille

04juil

Ce jour,

sans être, je l’espère, trop intrusif dans les vies de personnes amies,

j’aimerais narrer quelques impressions de souvenirs personnels pas très précis,

suite à ma lecture d’un très beau texte, assez singulier et fort,

d’un portrait d’une grand-mère (1882 – 1988) par sa petite-fille.

C’est un bien beau texte, et singulier, que ce portrait de votre grand-mère alsacienne, A., née S..

Elle avait un sacré tempérament ; que le récit, par C., d’une partie de sa vie semble éclairer au moins partiellement,
par les péripéties un peu dures de son parcours (au moins tel que vécu par elle) de jeunesse.

 
Il me semble me souvenir _ mais peut-être est une reconstruction de mon imagination (?) _ d’avoir croisé votre grand-mère A. en son très grand âge
au 20 avenue G. C., au cours d’une ou deux visites à votre mère,
quand j’ai enseigné au Lycée A. K., tout à côté, dans les années 80…
 
De toutes façons, votre mère se souciait assez de sa vieille mère, tenace, et à la forte personnalité ; et elle en parlait un peu ;
mais jamais pour s’en plaindre ou s’en lamenter, non. Et l’image que je gardais d’elle n’avait rien de négatif, au contraire…
D’où ma légère surprise en lisant ce portrait « vécu » par vous, C..
Il est vrai que S. n’était jamais négative.
Et quand elle faisait preuve d’une douce ironie (jamais appuyée), c’était toujours avec un beau sourire, pacifié.
Et d’ailleurs le terme d’ironie est inapproprié ; c’était de l’humour, avec tendresse. Du moins tel que je l’ai vécu.
 
Votre récit, C., a quelque chose du merveilleux et dur (sinon cruel) des contes (germaniques ?) tels que les a analysés Bruno Bettelheim…
 
Je me souviens aussi que l’étage où votre grand-mère habitait, rue du T. P., donnait aussi rue C.-de-S.,
au-dessus d’une boutique qu’il me semble avoir été une crémerie.
J’ai toujours été très sensible à la disposition des lieux : j’aime me repérer.
Mon oncle (décédé en 1982 et qui a habité rue P. jusqu’en 1979, au décès de ma tante) habitait tout près de là, rue P. ;
et de ses fenêtres on pouvait apercevoir l’immeuble de cette crémerie, qui faisait face à la rue P.…
Tout cela (qui remonte à assez loin) est demeuré tel quel dans ma mémoire.
 
Et longtemps j’ai pensé, aussi, que la longévité de S. (1914 – 2014) approcherait probablement celle de sa mère (1882 – 1988)…
Des femmes tenant bien debout, solides, tenaces.
 
Je me souviens aussi que S. m’avait parlé de N. S.
_ lointainement apparentée _,
que j’avais entendue chanter à Bordeaux ; S. peut-être aussi : elle allait aux concerts…
 
J’ai aussi retrouvé quelque chose du sourire de S. dans le sourire de P.-Y. ; une semblable forme d’humour.
 
Rien n’est passé. Tout demeure.
Même quand la Cerisaie est proche d’être abattue…
Et S. aimait aussi beaucoup le théâtre. Pour sa profonde capacité poétique de vérité.

Ce samedi 4 juillet 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Un travail bioyesque de René de Ceccatty pour le Cinelandia d’Alfredo Arias _ et un entretien proprement extraordinaire

11oct

Hier jeudi 10 octobre,

à 18 heures à l’Auditorium de la Bibliothèque de Bordeaux-Mériadeck,

et dans le cadre de l’hommage à Adolfo Bioy (1914 – 1999)

_ pour le vingtième anniversaire de son décès à Buenos Aires en 1999 _

organisé par l’Association Les Amis de Bioy Casares,

une merveilleuse contribution de René de Ceccatty,

à partir de la métamorphose qu’il fit, en 2002, en son Fiction douce

_ le quatrième volume du récit de ses amours compliquées avec Hervé : 

Aimer (Gallimard, paru le 27 août 1996), Consolation provisoire (Gallimard, paru le 5 mars 1998), L’Èloignement (Gallimard, paru le 12 janvier 2000), Fiction douce (Le Seuil, paru le 22 février 2002) et Une Fin (Le Seuil, paru le 27 août 2004) ;

et l’ensemble de ces 5 récits (d’entre 1996 et 2004) mérite assurément une édition qui les réunisse ! _

de la personne d’Adolfo Bioy

en personnage de son récit.

Tout dernièrement, René de Ceccatty s’est souvenu

qu’un autre rapport, cette fois à l’œuvre de Bioy, avait marqué son propre travail d’écriture,

et en collaboration avec Alfredo Arias :

pour Cinelandia, un spectacle musical créé en 2012 et redonné en 2014, 2016…

Et il m’a adressé ce texte

pour m’aider aussi _ et encore _ à la préparation de notre entretien de 18 heures hier jeudi 10 octobre.

Voici donc ce que René de Ceccatty et Alfredo Arias ont tiré,

pour leur Cinelandia,

du film de Leopoldo Torres Rios et son fils Leopoldo Torres Nilsson El Crimen de Oribe,

et, encore en amont _ et à la source _,

de la nouvelle de Bioy El Perjurio de la Nieve

(un conte paru notamment dans La Trame céleste) :

El Crimen de Oribe

Alfredo : Loin de toute ironie se situe le monde poétique et fantastique d’El Perjurio de la Nieve, Le parjure de la neige, est une nouvelle de l’auteur Argentin Adolfo Bioy Casares. Elle raconte l’histoire d’un père qui réussit à ensorceler le temps pour empêcher la mort de sa fille. Ce récit a été porté à l’écran en 1950 par Leopoldo Torres Rios et par son fils, Leopoldo Torres Nilsson sous le titre : El crímen de Oribe, Le crime d’Oribe.  C’était une époque où les écrivains argentins souffraient d’une curiosité maladive : ils fourraient leur nez partout. Borges et Bioy Casares adoraient se promener dans cette ville de Buenos Aires qui, avec ses rues et ses personnages, se présentait comme une sorte de grande bibliothèque. 

Carlos Thompson entre en scène, vêtu d’un costume sombre, ayant l’allure d’un dandy désabusé.

Carlos: Ou de fête foraine avec ses crimes et ses jeux de miroirs où il m’est arrivé de perdre mon âme….

CARLOS CHANTE. ALMA MÍA.

Le son d’un piano évocateur reproduit cette lancinante mélodie qui fut interprétée magistralement par l’inoubliable chanteur cubain Bola de Nieve. Carlos entraîné par la mélancolie de la chanson  dessine avec ses pas le chemin d’un inextricable labyrinthe.

Alma mía, sola, siempre sola,

sin que nadie comprenda, 

tu sufrimiento, tu horrible padecer.

Fingiendo una existencia

siempre llena de dicha y de placer,

de dicha y de placer.

Si yo encontrara un alma

como la mía,

cuántas cosas secretas

le contaría.

Un alma que al mirarme,

sin decir nada,

me lo dijese todo

con su mirada.

Alfredo : Vous, Carlos Thompson, né Juan Carlos Mundin Schafter, comédien argentin, né en Suisse alémanique… Impeccable!

Carlos : Gracias. J’ai fait mes débuts d’acteur dans ce film somnambulique…

Alfredo: Vous êtes face à moi pour parler d’un film qui m’a beaucoup marqué. Et qui prolonge jusqu’à aujourd’hui sa fascination. Assez pour que je ne vous oublie pas.

Carlos: Oui, j’étais une star du cinéma international. Star involontaire, on peut dire. Et sans doute que Le Crime d’Oribe, ce conte énigmatique, a révélé ma vraie nature. Ecrivain.

Alfredo : Le Crime d’Oribe. Curieux titre, à  double sens : d’un côté, on croit qu’on a tué Oribe et de l’autre qu’Oribe a tué quelqu’un !

Carlos: Comme mon personnage dans le film, instigateur d’un crime et victime d’un meurtre. (Ironique) Un homme plutôt très malheureux, n’est-ce pas?

CARLOS CHANTE: NO PUEDO SER FELIZ. 

Pendant que Carlos murmure les paroles de cette chanson désespérée, on voit entrer, comme un fantôme, Lucía. Elle se cache derrière ses lunettes noires et elle est enveloppée  d’une tunique de recluse sophistiquée.  

Lucía entre.

No puedo ser feliz,

no te puedo olvidar,

siento que te perdí

y eso me hace pensar.

     

He renunciado a ti

ardiente de pasión,

no se puede tener

conciencia y corazón.

Hoy que ya nos separan

la ley y la razón,

si las almas hablaran

en su conversación

las nuestras se dirían

cosas de enamorados,

no puedo ser feliz,

no te puedo olvidar.

Lucía : Je m’appelle Lucía. Je suis la victime  d’Oribe… et vous (à Carlos),  vous êtes Oribe…

Carlos (qui devient désormais Oribe): Oui j’incarne Oribe et à la fin du film, à cause de vous,  Lucía, je suis assassiné !

Lucía : Nous sommes les deux morts d’une même histoire. Ça a l’air de vous faire plaisir…

Carlos-Oribe: Un meurtre donne toujours une touche de perfection à une histoire. C’est propre, c’est net, c’est définitif.

Lucía: C’est la fatalité.

Carlos-Oribe: Dans le film, tout commence par une énigme. J’étais fasciné par une histoire. On m’avait parlé de votre estancia… l’estancia des Vermehren, à General Paz, au sud de Buenos Aires. J’étais un poète avide de mystère, alors j’ai fait le voyage pour savoir si je pouvais…

Lucía : Aucun étranger n’avait accès à notre propriété. N’est ce pas, Adelaida ?

Adelaida, la sœur aînée, entre. Elle aussi a l’apparence immatérielle d’un esprit, sorti d’un magazine de mode des années 50.

Adelaida: Nous formions une famille modèle d’émigrés danois. Les Vermehren.

Lucía: Nous étions quatre filles.

Adelaida: Lucía, moi, Adelaida, et deux autres petites sœurs.

Lucía: Ruth et Margarita… Nous vivions seules avec notre père… 

Adelaida : Maman est morte pendant notre voyage entre Copenhague et Buenos Aires.

Lucía: Notre père avait fait fortune, mais au bout de quelques années…

Adelaida : … il y a de ça maintenant…

Lucía :… non, tu sais bien, pas de date !

Adelaida :… Oui, pas de date … Les heures ne tournent plus.

Lucía :…. Nous sommes dans un jour qui se répète…

Adelaida :… sans aucun changement….

Lucía :… réfugiés derrière la grille cadenassée, derrière les volets clos, les rideaux tirés… 

Adelaida: …  et tout ça parce que tu es tombée gravement malade…

Lucía (souriant) : … le diagnostic du médecin a été lapidaire…

Adelaida : Tu n’avais plus que quelques mois à vivre, ma pauvre petite chérie.

Lucía : C’est alors que notre père a décidé de nous couper du monde, d’arrêter le temps,.

Adelaida: Et que plus personne n’aurait le droit d’y entrer… 

Lucía: Les voisins étaient intrigués: « Comment font-ils pour se nourrir? »

Adelaida: Les commis qui apportaient les aliments s’arrêtaient au portail…

Lucía: À l’intérieur, la vie était rythmée par nos soupirs,  par nos propres pas.

DUO DE LUCÍA ET ADELAIDA: EL MUNDO QUE YO NO VIVA. 

Les sœurs Vermehren chantent de leurs voix ensorcelantes une nostalgique ballade tandis que leurs corps reproduisent des gestes quotidiens, à la façon d’automates.

El mundo que yo no viva,

lo pensé como cosa extraña,

con marca de maravilla,

¡ay!, de mi vida.

Allí sonará la lluvia,

junto al fuego en las noches frías,

vendrá agosto en el río Arga

y tú, la gentil sonrisa.

Brillará en el papel que siembro,

la negra flor de la tinta,

¡ay!, de mi vida.

Carlos-Oribe : Un jour, un journaliste en route pour la Patagonie descend dans l’Hôtel America où je logeais. Je lui ai parlé de cette énigme de votre estancia interdite… de cette étrange famille danoise perdue à General Paz… Où le temps semblait s’être endormi.

Lucía : Et il y avait au milieu de la pièce, tu te souviens…

Adelaida: Un arbre de Noël. …

Lucía : Car Noël était éternel.

Adelaida: Chaque soir,  nous fêtions Noël….. comme en 1930.

Lucía  (protestant) : Ah, ces dates, ces dates !

Adelaida: Le même soir de Noël comme il y a vingt ans.

Lucía (inquiète): Nous sommes en 1950 ?

Adelaida : Oui, nous sommes en 1950.

Carlos-Oribe: J’ai voulu en avoir le cœur net. Comprendre pourquoi vous viviez comme autrefois dans un passé répété minutieusement. Oui, par un soir de neige, nous nous sommes approchés, le journaliste et moi, de l’estancia où nous avions tant envie de rentrer. Et finalement on a pu pénétrer le mystère….  De retour à l’hôtel, nous avions tellement bu … Or, le matin venu, nous avons appris que…

Lucía:… Je meurs…

Adelaida :… Mais pourquoi, Lucía ? Pourquoi maintenant ?

Lucía :… ma maladie…

Adelaida :… je te croyais guérie.

Lucía :… non, non, le sortilège a été rompu… Les heures ont repris leur rythme.

Adelaida :…. Mais qui a remonté la pendule?

Lucía :… Nous ne sommes plus seuls, Adelaida ! Nous ne sommes plus hors du temps ! 

Adelaida: Pour que tu restes en vie, il fallait que personne ne brise le cercle du temps suspendu.

Lucía: J’ai aperçu un visage étranger, j’ai croisé un regard. L’intrus m’avait découverte en train de chanter.

 Adelaida: Quelqu’un nous a surprises ! Nous a arrachées à notre rêve. Et t’a ôté la vie, mon pauvre ange!

 (Lucía  meurt dans les bras d’Adelaida)

CARLOS ORIBE. AY AMOR!

La poésie de la chanson interprétée par Carlos-Oribe accompagne la mort de Lucía qui glisse entre les bras de sa sœur comme la pluie entre les doigts de la main.

Ay amor, si me dejas la vida

Déjame también el alma sentir,

Si sólo queda en mí dolor y vida,

Ay amor, no me dejes vivir.

Carlos-Oribe : En réalité, moi, je suis resté à la grille de l’estancia. Mais comme le journaliste, au retour de son expédition, m’avait tout raconté en détails, il ne m’a pas été difficile de repérer l’endroit précis où se trouvait votre alcove. 

Lucía : Et ça vous a coûté cher!

Carlos-Oribe: Deux mois plus tard, on retrouvait mon cadavre dans une rue d’Antofagasta.

Lucía: Mon père vous a poursuivi jusqu’au Chili et tué d’une balle.

 Carlos-Oribe : Selon votre père, j’avais été le témoin qui avait suspendu la répétition incessante de ce Noël 1930!

Lucía: Et mon père a vengé sa fille, croyant qu’Oribe était le responsable de ma mort.

Oribe: Mais il s’est trompé de victime.

Lucía: Oui, je le sais, c’était l’autre, l’intrus, votre complice! Et non pas vous ! C’était lui qui s’était faufilé dans notre intimité. 

Adelaida (apparaissant) : Viens petite sœur, viens te reposer (Lucía sort). La maison est bien mélancolique depuis ton départ, les herbes folles ont presque enseveli notre demeure jadis enchantée. Les minutes avancent inexorablement. Et nous vieillissons derrière une dentelle de feuilles mortes.

ORIBE CHANTE: NO PUEDO SER FELIZ . 

Cette fois Carlos-Oribe, transporté par cette chanson, suit la fantomatique Lucía qui l’entraîne en parcourant les sinuosités d’un sentier sans issue.

Hoy que ya nos separan

la ley y la razón,

si las almas hablaran,

en su conversación

las nuestras se dirían

cosas de enamorados,

no puedo ser feliz,

no te puedo olvidar.

Alfredo: Bioy Casares disait qu’Oribe était un poète immoral, parce qu’il avait incité le journaliste à briser cette nuit de Noël  et à sacrifier ainsi la vie de Lucía. Et tout ça, pour écrire un poème romantique sur sa mort !… Un poème sur la mort, ça vaut une vie ? 

Carlos: Oui, on peut mourir pour un poème sur la mort.

Alfredo : Prendre la place d’un autre, rien de plus dangereux... On ne sort jamais vivant de la galerie des miroirs!

Carlos: Qui a dit ça?

Alfredo: Orson Welles… je crois. Fin.

 

Le commentaire que fit hier René de cet épisode bioyesque

de sa collaboration avec Alfredo Arias

a été proprement merveilleux

à propos des fantômes, du temps et de l’éternité, de l’amour, de la mort, et des chagrins,

ainsi que du comique _ d’ironie, toujours très discrète, mais bien réelle et perceptible _,

dans l’œuvre d’Adolfo Bioy Casares ;

et tout cela en une suprême élégance et le plus parfait respect du lecteur

_ avec une profonde et vraie humilité.

Tout cela manifeste excellemment les diverses connexions qui existent

entre René de Ceccaty

_ tourné d’abord vers l’Italie et le Japon (et aussi la Tunisie) de son histoire personnelle _

et,

parmi divers Argentins qui l’ont marqué,

notre Adolfo Bioy

_ notre cousin un peu célèbre au sein du panthéon littéraire mondial.


Je tiens aussi à souligner ici le chapitre intitulé Complicité,

aux pages 377 à 383 du très remarquable Mes Argentins de Paris

(paru aux Éditions Séguier le 20 mars 2014),

qui narre le détail _ passionnant ! _ de cette inspiration bioyesque

d’Alfredo Arias et René de Ceccatty.


Détail que René a admirablement développé hier soir

dans une intervention _ oserai-je dire sublime ? _ qui a touché au cœur

l’assistance entière de l’Auditorium de la Bibliothèque de Bordeaux.


Ce vendredi 11 octobre 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

Délicate balance, entre exigence de vérité et souci de délicatesse : quelques remarques préliminaires, en lisant « Mes Années japonaises » de René de Ceccatty

20avr

Désirant que l’article que je vais écrire sur Mes années japonaises de René de Ceccatty _ le livre est à paraître le 2 mai prochain au Mercure de France _,

soit à peu près à la hauteur de celui que j’ai composé pour Enfance, dernier chapitre

j’en suis à ma quatrième relecture minutieuse de ces Années japonaises de René de Ceccatty.
Et je trouve que la figure de R. _ de leur rencontre-coup de foudre au mois de mai 1978 à Tôkyô, à leur très pénible séparation en juillet 1994 à Paris, puis à la fin de leur collaboration de traducteurs du japonais en français, en 2014 ; R. étant rentré d’Europe au Japon en 2011 _
y est un peu _ trop ? _ escamotée, floutée _ et alors même que le prénom de R. apparaît 72 fois (en 51 pages, sur 246) ; et son nom, jamais ; à titre de comparaison, le prénom de Cécile, la compagne de René à Tôkyô, de leur arrivée ensemble le 26 septembre 1977, à son départ prématuré et seule (page 73) à l’automne 1978 (page 82), à 57 reprises (en 39 pages) ; René regagnant la France le 30 juin 1979 (page 152) _ ;
R. étant caractérisé ici par quelques très brefs épisodes de son ironie un peu froide _ mais en rien agressive : affectueuse en sa forme, sinon en son fond (tout de même critique) : « R. estimait que je perdais mon temps à écrire mes livres plutôt que d’approfondir ma connaissance de la langue japonaise et de la culture de son pays. « Tu scribouilles« , me disait-il avec un mélange d’affection et de mépris« , lit-on page 184 _ à l’égard de son ami René,
 plutôt que par des éléments sentimentaux de leur attachement réciproque durablement profond de plus de quinze années, de mai 1978 _ leur rencontre-coup de foudre à Tôkyô ; et nous n’en connaîtrons que la date approximative _ à juillet 1994 _ leur douloureuse rupture : évoquée seulement par la très rapide allusion, page 153, aux larmes de R. « dans un café des Invalides qui n’existe plus » (René ajoutant cependant ici : « Et c’était moins notre rupture qu’il pleurait que sa vie nouvelle déjà si difficile« , sans plus de précision, comme souvent ; nous n’en apprendrons pas davantage…) ;
sans compter la continuation de leurs travaux communs de traduction, poursuivie jusqu’en 2014, même après le départ d’Europe et retour de R. au Japon en 2011 _ je viens de le dire.
C’est d’ailleurs une des principales raisons de cette quatrième relecture de ma part ;
et bien des choses _ tapies dans des détails, comme toujours, dans l’écriture si détaillée et riche (toujours parfaitement fluide ! sans jamais la moindre lourdeur…) de René de Ceccatty _ m’échappent probablement encore…
Et je me demandais aussi pourquoi _ hormis un répété et longtemps tenace masochisme, peut-être : jusqu’à l’arrivée en la vie de René de Julien _ René avait quitté si brutalement R., en 1994, pour sa si calamiteuse histoire avec Hervé, comme cela est narré _ mais sans se focaliser jamais sur les sentiments (et le point de vue) de R., laissés dans l’ombre supposée protectrice du non-dit_ dans Aimer
Et cela, René de Ceccatty le laisse ici à nouveau dans le flou… Sans y poser son regard _ et encore moins s’y attarder si peu que ce soit ; mais René de Ceccatty, toujours fluide, ne s’attarde pesamment jamais.
J’imagine et comprends donc les irritations que pourrait éprouver R. à la lecture de ces Années japonaises de René de Ceccatty,
qui sont d’abord, et profondément même, Les années R. de René !!!
Lire vraiment René de Ceccatty
exige toujours _ et c’est un formidable plaisir de lecture !!! _ une attention patiente et sans relâchement aucun : un tout petit mot unique _ par exemple, page 306, l’hapax du terme télétransportation (un phénomène se produisant pour René, via « la merveilleuse lumière hivernale«  et « l’ombre chaleureuse poméridienne« , entre les collines de Montpellier et celles de Tôkyô) dans Enfance, dernier chapitre _ au sein des volutes détaillés de l’envol d’une phrase développée, pouvant constituer une clé décisive de l’intelligence du réel vécu évoqué… Mieux vaudrait donc ne pas le manquer…
Et j’aime tout particulièrement que la sagacité du lecteur soit ainsi, même un peu rudement _ mais sans jamais d’agressivité, simplement par un jeu infiniment léger avec le lecteur, ainsi provoqué à la vigilance par sa propre éventuelle curiosité, si l’aventure lui survenait de se laisser prendre à un tel jeu (de lecture chercheuse), et sans la moindre lourdeur, évidemment !, de la part de l’auteur ; le lecteur ainsi incité par sa curiosité, devenant lui aussi acteur actif, et non passif, de sa présente lecture _ sollicitée !!!
Montaigne agissait ainsi, lui aussi !
« Indiligent lecteur, quitte mon livre ! », prévenait-il en ouverture hyper-ironique de ses Essais
Et cela, alors que la mère de René, confidente particulièrement lucide _ toute sa longue vie _, était très critique sur les situations amoureuses à éviter _ pour elle-même comme pour tout autre _ :
notamment _ d’abord _ à propos de ses propres sœurs Solange et Colette.
René l’avait bien souligné _ probablement trop tard rétrospectivement pour lui-même. Que n’a-t-il mieux suivi lui-même ce lucide conseil, serait-on donc (bien vainement) tenté de dire, de l’extérieur… 
D’où un assez persistant sentiment _ gris _ de culpabilité en lui
envers ce qu’il a mal réglé en son passé : trahisons, égoïsmes, aveuglements, indifférences,
qui continuent de le travailler, lui maintenant si lucide…
L’œuvre d’écriture réussira-t-elle à en venir au moins partiellement à bout ?
Je peux donc fort bien comprendre ce que pourrait être le point de vue de R. lecteur aujourd’hui de ces Années japonaises de son ami René de Ceccatty ; qui sont pour beaucoup aussi _ voire le principal _ les Années R. de l’auteur…


Et R. rejoindrait ainsi le point de vue du Raphaël réel _ non percé à jour, lui, dans L’Hôte invisible et Raphaël et Raphaël, en sa réelle identité, à la différence d’Hervé _parvenant à faire retirer de la parution, in extremis _ le matin même du jour où allaient tourner les rotatives de l’imprimerie ! _Un Père, qui livrait son portrait, même crypté et flouté.
Même si ce Raphaël réel demeure, lui, in fine assez épisodique et peu profond _ me semble-t-il _ au sein du parcours sentimental de René de Ceccatty ;
à la _ colossale _ différence, précisément, de R. …
Et à cette différence, aussi, que R. _ même si seul le prénom est ici, dans le récit, prononcé ; et pas une seule fois le nom ! c’est à relever ; avant, du moins, la réduction à l’initiale R. … _ est un personnage public parfaitement identifié, lui.
Et même dans la saga d’Hervé, ouverte par Aimer, René s’est efforcé de flouter le mieux possible toutes les personnes réelles qu’il évoque ;
et il faut bien de la ténacité un peu sagace au lecteur un peu curieux pour parvenir à percer à jour pas mal _ certains continuant de résister à l’entreprise _ de ces floutages…
Il n’empêche, les années japonaises de René sont, via, et très fondamentalement, la personne de R., les Années R. de René de Ceccatty
_ cf ces mots éminemment révélateurs à la page 160, à propos de son écriture à Tôkyô de la troisième partie de son magnifique Jardins et rues des capitales :
« Dans ce style ciselé et net, prudent et conscient, dépouillé et sec, je décrivais ma vie intérieure _ telle qu’elle venait d’avoir été vécue à Paris et à Rome _ que je séparais des informations qui m’étaient fournies _ alors _ par mon séjour _ présent _ en terre étrangère, convaincu que je n’étais justement pas _ en ce Japon _ à l’étranger, mais au contraire dans mon propre pays _ voilà ! l’expression est puissante ! _, un pays intérieur _ une expression très proche de celle, décisive, de « paysage intérieur » dans Enfance, dernier chapitre  _
auquel me donneraient accès ces idéogrammes _ de l’écriture japonaise _ que j’avais tant de mal à mémoriser,
espérant un jour faire miens ces livres qu’on m’indiquait (et dont, en effet, d’Ôé, de Mishima, de Kunio Ogawa, de Dögen, je traduirais certains) et me fondre dans une vie _ à la japonaise_ qui me semblait être, elle aussi, la mienne.
Mais cela, je le savais aussi, ne pouvait se produire qu’à travers un être humain tel, justement, R. _, et non seulement des livres »
Alors,
il me semble qu’en effet René de Ceccatty expose le moins possible _ comme il le fait aussi pour son frère Jean dans Enfance _ la figure même de R. _ nous ne saurons quasiment jamais (à l’exception des larmes versées dans le café près des Invalides, qui n’existe plus, de la page 153) ce que R. éprouve _ ;
mais de toutes les façons, la longue collaboration suivie (ne serait-ce que par leurs traductions communes) de René de Ceccatty avec R., est suffisamment publique ;
sans compter ce qui transparaît aussi déjà de R. à travers bien des romans matinés de romanesque _ issus-inspirés de leur séjour anglais : dans le Devon et à Torquay, en 1980 _ de René ;
ainsi qu’à travers les cinq récits _ Aimer, Consolation provisoire, L’Éloignement, Fiction douce et Une Fin _ de la saga d’Hervé, tout particulièrement son premier volume, Aimer.
Déjà là, la figure de R. abandonné _ pour le définitivement fuyant Hervé _ en cette explosive rupture avait été assez étrangement _ pour le lecteur, du moins _ escamotée-floutée dans cet Aimer
A nul moment, en effet, la personne cruciale de R. n’y avait été exposée _ et encore moins surexposée : la surexposition (hystérisée) étant d’ailleurs parfaitement étrangère au mode d’écrire-peindre, toujours parfaitement délicat (et merveilleusement léger en le flux heureux de ses phrases), de René de Ceccatty _ ; au contraire son nom seulement pouvait apparaître, à l’occasion,
mais pas la figure _ ni les expressions _ de sa personne, demeurée(s) entièrement translucide(s), floutée(s).
Ici, forcément, en ces Années japonaises, il est bien difficile de se taire totalement sur R., personne-pivot essentiel tout au long de ces années japonaises – années R., de René de Ceccatty :
que ce soit à Tôkyô et au Japon, dans le Devon, à Torquay et Totnes, à Paris, ou à Brosses, dans le Nivernais _ où se trouve la grange qu’avait achetée R., et dans laquelle ont traduits ensemble René de Ceccatty et R., onze ans durant, de 1990 à 2001 ; y compris après leur rupture-séparation de juillet 1994…
Ainsi R. demeure-t-il quasiment transparent _ translucide, quasi invisible _ aux yeux du lecteur : d’où mon point de vue premier _ de lecteur naïf, donc…
René de Ceccatty a été vraiment plus que discret _ et supérieurement délicat _ sur sa personne ;
et leur attachement…
Et c’est toujours la vérité _ la plus honnête qui soit _ du réel que recherche _ impitoyablement pour lui-même d’abord _ en l’œuvre poursuivi d’écriture rétrospective de sa vie, René de Ceccatty,

puisque la mission de fond qu’il conçoit de l’écriture _ cf page 54 : « c’était déjà _ dès l’enfance _ une évidence prouvée que mon rapport au monde passait par la chose écrite et lue « … _ et de la littérature est bien celle-là :
par le style singulier le plus adéquat possible à la vérité désirée _ maintenant _ de ce réel vécu _ passé, mais dont bien des effets réels, souvent non dépassés, demeurent, de ne pas avoir été réellement réglés alors… _ à laquelle l’écriture et la _ vraie _ littérature seules _ et c’est là une thèse très puissante et décisive de René de Ceccatty, présidant même à toute son écriture d’aujourd’hui ; cf page 56 : « Durant l’été, les manuscrits insipides et maladroits que je lisais attentivement me révélaient la banalité de toute vie quand elle est mal racontée _ voilà ! par clichés _ et donc aussi de la mienne si je ne l’écrivais pas ainsi qu’il me semblait que je le devais «  _ permettent, par-delà _ et contre _ le temps écoulé, passé, d’essayer d’atteindre vraiment _ comme pour remédier, par ses propres moyens spécifiques, à ce qui s’était alors trop mal passé _,
et avec la plus grande finesse _ très vigoureusement recherchée : René de Ceccatty se malmenant lui-même fortement avec celui qu’il a été _ du rendu des sensations éprouvées alors, 
au-delà de la banalité des clichés sur les situations communément partagées : des lieux communs au sens propre… ;
et toujours, aussi, avec la plus grande délicatesse possible, afin de ne surtout pas blesser le moins du monde ceux qui s’y reconnaitraient (ou reconnaîtront) à la lecture
de ce à quoi René de Ceccatty est parvenu à cerner et développer dans le détail subtil et magnifique de sa remémoration de ce souvent douloureux _ et coupable, par ses trahisons, ses aveuglements ou son égoïsme d’alors _ vécu passé.
Et toujours René de Ceccatty, auteur, recherche la plus juste balance possible entre ce souci le plus exigeant de la vérité de ce qui fut vécu alors, à essayer d’atteindre, et celui de la délicatesse à avoir à l’égard de ceux qui pourraient en être aujourd’hui, par son présent récit-remémoration, blessés…
À suivre :
ceci n’étant qu’un avant-propos liminaire à mon article de fond à venir…
Ce vendredi 19 avril 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

Cette mine d’intuitions passionnantes qu’est le « Dictionnaire amoureux de l’esprit français », du turco-suisse Metin Arditi

07mar

Le mardi 26 février dernier,

et suite à mon écoute, le dimanche 24, de l’émission Musique émoi, d’Elsa Boublil,

qui lui était consacrée

_ cf mon article  _,

j’avais brièvement présenté

mon très vif plaisir de l’entame

_ jusqu’à la page 167 / 661, ce premier soir de lecture : j’en arrivais à l’article Debussy, après l’article Dada _

de ma lecture de ce très riche travail

_ de l’helvéto-turc Metin Arditi (né à Ankara le 2 février 1945) _,

sur un sujet qui de très loin, moi aussi, et depuis très longtemps,

me travaille :

je veux dire

les mystères et arcanes de ce « esprit français« 

auquel je suis tellement sensible, moi aussi, dans les Arts

_ et sans nationalisme aucun (ni encore moins de sourcilleuse exclusivité !), est-il utile que je le précise ?!

Il s’agit seulement du simple constat renouvelé chaque fois

et non sans surprise

_ je ne le recherche en effet pas du tout ! Non, mais cela vient me tomber dessus,

et me ravir et combler… _

de ce qui vient au plus profond secrètement me toucher,

et me fait fondre de délectation :

telle la reconnaissance d’affinités intenses comme congénitales…

Voici,

pour aller d’emblée à l’essentiel de ce que vais un peu discuter,

le résumé

Dans ce dictionnaire, l’écrivain sélectionne des traits selon lui exemplaires de la culture française, comme le culte de l’élégance, le sens de l’ironie et l’art de la conversation _ rien à redire, bien sûr, à cet excellent choix-ci. Les entrées abordent aussi bien les institutions, les personnalités et des aspects historiques, de l’Académie française à Louise de Vilmorin, en passant par la haute couture, l’impressionnisme et Jacques Prévert.

puis la quatrième de couverture de ce Dictionnaire amoureux de l’esprit français, de Metin Arditi,

publié aux Éditions Plon et Grasset :

Dictionnaire amoureux de l’Esprit français :

« Je voudrais bien savoir, dit Molière _ plaidant ici pro domo _, si la grande règle de toutes les règles n’est pas de plaire. » Partant de ce constat, Metin Arditi examine d’une plume tendre _ en effet _ les formes dans lesquelles s’incarne cet impératif de séduction _ oui… _ : le goût du beau _ davantage que du sublime _, le principe d’élégance _ oui, toujours ! a contrario de la moindre vulgarité _, le sens de l’apparat _ un peu survalorisé par l’auteur, selon moi _, mais aussi le souci de légèreté _ fondamental, en effet _, l’humour _ oui, avec toujours un léger décalage… _, l’art de la conversation _ très important : civilisateur _, un attachement historique à la courtoisie _ parfaitement ! _, l’amour du trait _ d’esprit et parole, seulement _ assassin, la délicatesse _ c’est très, très important aussi !!! l’égard et ses formes, envers l’autre _ du chant classique « à la française » _ la quintessence peut-être du goût français _, un irrésistible penchant pour la théâtralité _ surévalué à mon goût, à contresens de la délicatesse et de la discrétion, selon moi _, l’intuition du bon goût _ oui ! _, la tentation des barricades _ à l’occasion, faute de parvenir à assez se bien faire entendre _, une obsession du panache _ surévaluée, elle aussi, comme le penchant à la théatralité : le panache de Cyrano illustrant la couverture du livre ! _, et, surtout, une _ sacro-sainte et irrépressible ! _ exigence de liberté _ oui, cela, c’est incontestable : ne jamais être comdamné à emprunter des voies toutes tracées, ou disciplinaires ; mais disposer d’une capacité permanente d’invention, et de singularité. En un mot, le bonheur à la française _ oui : à savourer assez paisiblement et durablement en sa profonde et somme toute discrète intensité. À l’heure où chacun s’interroge sur la délicate question de l’identité _ mais non assignable à des traits fermés et une fois pour toutes donnés, invariants… _, ce dictionnaire rappelle que l’esprit français est, surtout, un inaltérable cadeau _ d’ouverture et fantaisie. Une lecture qui fait plaisir… et pousse à réfléchir _ et discuter, entamer le dialogue.

Voici aussi le texte accompagnant le podcast de l’émission Musique émoi du dimanche 24 février dernier,

qui reprend ces diverses thématiques :

Metin Arditi, amoureux  comme personne de  l’esprit français, examine d’une plume légère et souvent espiègle les  diverses formes dans lesquelles s’incarne en France le désir de plaire.

« On ne considère en France que ce qui plaît », dit Molière, « C’est la grande règle, et pour ainsi dire la seule ».


Partant de cet indiscutable constat, l’auteur de ce dictionnaire,  lui-même amoureux  comme personne de l’esprit français, examine d’une  plume légère et souvent espiègle les diverses formes dans lesquelles  s’incarne en France le désir de plaire : au fil des siècles se sont  développés le goût du beau, bien sûr, mais aussi le principe d’élégance,  le sens de l’apparat, le souci de légèreté, l’humour, l’art de la  conversation, un attachement historique à la courtoisie, la délicatesse  du chant classique « à la française », le penchant pour la théâtralité,  l’amour du juste, le goût des barricades, du panache, oui, du panache,  et, surtout, une exigence immodérée de liberté. Ce dictionnaire parle de  Guitry et de Piaf, de Truffaut et de Colette _ oui _, mais aussi de Teilhard de  Chardin, Pascal, Diderot, Renan, Péguy, les prophètes qui ont nourri  les artistes de leur pensée et les ont libérés dans l’exercice de leurs talents.


L’esprit français a aussi ses interdits. Ne jamais être lourd…  Ne pas faire le besogneux… _ c’est en effet capital ! Et Nietzsche vénérait tout spécialement cet aspect-là de l’esprit français… Comment plaire, sinon ?


Au fil des pages, ce dictionnaire rappelle que le goût des belles choses a _ aussi _ un prix _ économique, financier _, qu’un tel bonheur ne vient pas sans facture _ à régler in fine ! À défaut,  l’esprit français ne serait pas ce qu’il est… _ assez impécunieux…  Sans vouloir  transformer un pays qui, c’est heureux, n’est pas transformable, on  pourrait peut-être imaginer, ça et là _ mais c’est bien un vœu pieux ! une pure vue de l’esprit… _, quelques mesures aptes à diminuer _ mais est-ce vraiment réaliste ? _ le montant de l’addition.


À l’heure où chacun s’interroge sur la délicate question de l’identité du pays, ce dictionnaire rappelle combien l’esprit français est un  cadeau _ sans prix, eu égard au bonheur (d’être vraiment d’esprit français).

 

Je regrette aussi que manquent en ce Dictionnaire amoureux

certaines entrées

que pour ma part je trouve bien plus essentielles

que Sacha Guitry ou Edmond Rostand,

telles

Joachim du Bellay, Montaigne, Marivaux, Chardin, Monet, Paul Valéry, Pierre Bonnard, Charles Trenet, par exemple,

qui,

les uns comme les autres,

ont si merveilleusement _ et idiosyncrasiquement : un trait lui aussi bien français ! _ su chanter

l’incomparable douceur de notre France.

En tout cas,

j’éprouverais un très vif plaisir à dialoguer de tout cela

avec Metin Arditi,

s’il venait à Bordeaux.

Ce jeudi 7 mars, Titus Curiosus – Francis Lippa

L’humour « ouragant » d’Hélène Cixous : de Siegfried Katzmann lecteur de Freud et Walter Benjamin, en 1937-38, à Fred Katzmann, « petit homme gallinacé » et « le deuxième ultramoche parmi les prétendants » d’Eve, après 1985-86

07fév

Hier, au terme de mon second article à propos de 1938, nuits, d’Hélène Cixous

_ soit d’abord, en prologue,  le 4 février,

puis  hier 6 février _,

j’en suis venu à désirer placer maintenant le focus de mon regard-lecture-analyse

sur un élément à mes yeux capital de l’œuvre d’Hélène Cixous :

son formidable et merveilleux humour

_ et c’est un élément tout spécialement actif, en contrepoint (permanent ; et c’est un trait de famille : son père, Georges Cixous, sa mère, bien sûr, Ève Klein-Cixous, ses deux enfants, sa fille et son fils, sa tante Erika Klein-Barme, etc.) de l’horreur narrée, en cet opus nouveau-ci, 1938, nuits,

et cela tout particulièrement à propos du personnage-pivot de cet opus qu’est Fred Katzmann,

qu’Hélène, elle, à la différence de son fils et de sa fille (chez laquelle Fred a, avec Ève, au moins résidé quelques jours, « à Ithaca New-York« , « en 1988« , comme indiqué, au passage (page 86) de la conversation d’Hélène avec sa fille et son fils, conversation développée aux pages 84 à 88) ;

Fred Katzmann, donc,

qu’Hélène, donc, n’a peut-être jamais (dans le récit, la chose demeure dans le flou) rencontré de son vivant (Fred Katzmann étant décédé à Des Moines, Iowa, le 18 septembre 1998 ;

cependant, page 10, Hélène dit ceci, à propos de sa mère Ève :

« Bien des fois, j’ai cru la perdre _ pour un homme, qu’Ève aurait donc suivi ? _, je l’ai perdue _ en vrai ? du vivant d’Ève ? qui serait de fait partie rejoindre un homme ? ou bien s’agirait-il bien plutôt, voilà !, d’une perte (par intermittences) de rêve, ou dans les rêves ?.. Ève se mettant à déserter les rêves de sa fille, Hélène ? Á ce stade du tout début de l’opus, page 10, le lecteur est incapable de savoir sur quel pied il va bien pouvoir danser, en ce récit sans guère de repères sur lesquels pouvoir un peu compter pour se fixer tant soit peu en une relative stabilité de l’ordre du discours : la narratrice jouant à s’amuser un peu de nous, ses lecteurs un peu désorientés… Tout flotte encore un peu, avec légèreté, dans de l’indécidable ; et c’est une forme d’humour de l’auteur vis-à-vis des lecteurs entamant ici avec confiance leur lecture… _, elle est revenue.

Cela me fait penser _ nous y voilà donc _ au voyage _ lequel ? Fred et Ève en firent plusieurs, dans des pays lointains, pour des vacances (nous l’apprendrons plus loin, aux pages 85, 86, 88, par exemple : Hawaï, New-York, Istanbul, Buenos Aires, Majorque…) ; qu’a pu donc avoir de particulier ce voyage (de « road movie« , évoqué page 10 : qu’est-ce à dire ?) auquel Hélène fait allusion ici ?.. _ qu’elle _ Ève _ a  fait avec Fred _ nous y voilà ! Et telle est la première apparition (onirique ? et de quand daterait un tel rêve ?..) de Fred Katzmann dans cet opus, 1938, nuits _

j’étais occupée _ en réalité bien effective ? ou seulement en pensée ou imagination, voire en un rêve ?à Des Moines, en Iowa, en 2000 _ mais à cette date, Fred, lui, est déjà mort (le 18 octobre 1998) ! S’agirait-il ainsi, là, d’un rêve ?.. C’est bien possible : Hélène sait aussi en jouer… _,

Fred avec sa Cadillac blanche, c’est lui qui conduisait _ où, dans l’Iowa, à partir de Des Moines ? et quand donc ? En un rêve rêvé par Hélène en 2000 ? Ou bien un rêve censé se dérouler, lui, en 2000 ? Et pourquoi alors une telle date ?.. Du fait du nombre rond ?.. _, il est un peu plus jeune qu’elle _ de deux ans _, il n’a pas tout à fait 90 ans _ en effet, en 2000 : né en 1912, et décédé en 1998, Fred ne les atteindra pas vraiment ; il aura seulement 86 ans… ; mais en 2000, il serait bien né il y aurait 88 ans… _, elle dit : il fait plus vieux que moi.

Je les ai regardés prendre la grande route, pour leur road movie _ comment l’interpréter ? s’agit-il là d’un pur cliché onirique ? Hélène s’amuse avec nous, ses lecteurs… _ Fred s’était fait une élégance de fiancé américaine, américaine l’élégance, une rose blanche à la boutonnière, Ève comme d’habitude, pantalon, bons souliers _ de marche ou de randonnée _, prête, ready, the readiness is all _ Shakespeare, Hamlet, V, 2 _, tu connais ça ? _ serait-ce à Fred que s’adresserait ici Ève ? Probablement oui, même en ce rêve d’Hélène… Selon Ève, c’est du Heine, Fred démarre deux secondes trop tard, ils entrent dans l’immense route américaine.

Cinq jours passent, ont passé _ sans recevoir de nouvelle d’eux deux et de leur Cadillac… _, à la fin je n’ai plus retenu mon angoisse ou ma colère, après cinq jours s’ils étaient morts sur la route, j’en mourrais, s’ils n’étaient pas morts une énorme colère me transporterait _ de n’avoir pas reçu de nouvelles _, et le sixième jour j’ai éclaté. Ève n’avait pas vu le temps passer _ ni pensé seulement  à passer quelque petit signe, un petit coup de fil à Hélène, pour la prévenir que tout allait bien... Pour Fred non plus le temps ne passe pas _ d’abord depuis (et du fait) qu’il est décédé ; nous savons, à ce stade du récit, page 190, si peu de choses de lui ; il n’est guère davantage qu’une mince silhouette, de quelques rares traits. Vous auriez pu m’appeler ! criai-je. Assassins !

Ils changent de temps selon la langue de leur échange. En 2000 _ Fred est mort depuis le 18 septembre 1998  _ ils voyageaient en anglais, mais pour se disputer venait l’allemand. Avec moi, le français. Je criais en français » _ dans ce rêve, rêvé en 2000 par Hélène, ou bien se déroulant en 2000 pour Hélène ? Mais qu’est-ce qui donc, à ce moment-là du passé, aurait pu lui faire penser-rêver à ce Fred ? Hélène est donc encore bien loin d’avoir découvert le Bericht qui va lui faire regarder d’un tout autre œil celui qui était demeuré pour elle un simple « M. Katzmann«  !..

On ne sait pas non plus ce qui dans les faits advenus permet au fils d’Hélène de parler, lui aussi, comme sa sœur, assez précisément, et avec humour, de Fred Katzmann, aux pages 85 à 88 (« C’était le deuxième ultramoche parmi les prétendants _ des vieux jours d’Ève : en 1986, Ève (née le 14 octobre 1910) a atteint les 76 ans _, dit mon fils, mais le contraire du premier ultramoche _ sans plus de précision ! _ que je haïssais, je le trouvais _ lui, Fred _ sympathique _ le fils d’Hélène a donc connu au moins ces deux prétendants-là, « ultramoches«  _, l’œil vif, le pas petit saccadé comme d’une poule. D’une marionnette « , page 86) ; il se peut ainsi que lui aussi l’ait très effectivement rencontré, et observé ; et possiblement, comme sa sœur, aux États-Unis… ;

et, d’autre part, Hélène, quant à elle, pourrait, aussi, c’est une autre éventualité-hypothèse, ne s’être rendue (mais était-ce en réalité vraie ? ou seulement en rêve ?.. Se pose la question !) à Des Moines, Iowa, qu’en 2000, soit postérieurement au décès de Fred Katzmann (survenu le 18 septembre 1998) : qu’y serait-elle venu y faire, ou y chercher ? et pour quelles obscures raisons ? Elle ignorait tout alors de ce petit « trésor«  (page 9) qu’allait devenir pour elle le Bericht de Fred ! Au cas où ce ne serait pas en rêve qu’elle s’y serait rendue, à Des Moines, Iowa… ;

en se souvenant de cette remarque de la page 10 (à propos d’un voyage de road movie, en Cadillac blanche, de Fred et Ève), à saisir (ou manquer) au vol de la lecture qui débute, mais trop elliptique pour ne pas demeurer au lecteur, et encore ! si il y fait attention, plutôt énigmatique, à la seconde page, page 10, donc, de 1938, nuits : le lecteur, surtout rapide, ne prend guère garde alors, à ce moment, à pareille allusion pour lui bien vague (et très anecdotique) au point de lui sembler carrément gratuite !), faute de référentiel factuel un peu solide auquel pouvoir, dès ici de son début de lecture, se raccrocher… : « j’étais occupée _ à quoi donc faire de beau ou d’utile ? _ à Des Moines, en Iowa, en 2000« , déclare ainsi ici, à la volée, et quasi clandestinement, Hélène, la narratrice ; à moins que ce séjour d’Hélène à Des Moines Iowa, soit sans le moindre rapport avec la personne de Fred Katzmann, vague compagnon de voyage occasionnel de sa mère…

Et c’est là un des traits assez marquants, à mes yeux du moins, des récits parlés (telle une conversation devant un amical lecteur un peu attentif…) d’Hélène Cixous ; soit une façon aussi d’allumer-attiser un peu, sur le vif, la curiosité du diligent (et bienveillant) lecteur complice, comme le dirait un Montaigne :

Siegfried-Fred Katzmann (Burgsteinfurt, 15 août 1912 – Des Moines, 18 septembre 1998), donc :

il est un personnage éminemment tragique en son présent, puis passé, de Siegfried Katzmann en Allemagne, lors de l’épouvantable effroi des nuits d’Enfer de 1938 (et peut-être 39), à Osnabrück, puis Buchenwald ;

puis, il est devenu un personnage un peu comique, du moins à partir de 1985 et ses retrouvailles, le 20 avril de cette année-là, à Osnabrück, avec sa coréligionnaire et concitoyenne de jeunesse, à Osnabrük, avant 1929, Ève Klein, (devenue en 1936, par son mariage à Oran avec Georges Cixous, né, lui, à Oran le 9 mai 1908 et décédé à Alger le 12 février 1948, Ève Cixous),

du moins aux yeux d’Ève (« on le reconnaît à coup sûr à son petit format cagneux, voix sonore, petit homme », dit-elle, page 14), mais aussi des enfants d’Hélène, sa fille et son fils, qui l’ont semble-t-il un peu rencontré, notamment à New-York, en 1988 (et quid, ici du « restaurant de la rue de Trévie«  (à New-York ?..) dans lequel Fred « s’est fait voler son portefeuille«  resté dans une poche de sa veste accrochée à un portemanteau du restaurant ?, ainsi que l’évoque la fille d’Hélène, à la page 86.

Existerait-il donc une « rue de Trévie » à New-York ??? :

métamorphosé qu’il s’est, ce Siegfried allemand d’Osnabrück, en traversant l’Atlantique en mars 1939 sur un bateau néerlandais, le « Nieuw Amsterdam« ,

en Fred Katzmann américain de Des Moines, médecin orthopédiste pour enfants, porteur, à l’occasion, de « chemises hawaïennes et de colliers de fleurs« , voyageant en vacances de par le vaste monde, avec Ève, retrouvée par lui à Osnabrück le 20 avril 1985, pour une cérémonie d’hommage aux Juifs d’Osnabrück :

« Il avait envie de jouir de la vie, on parlait restaurant _ c’est ici la fille d’Hélène qui raconte, page 85 _, ils _ Fred et Ève _ vont à Hawaï ; je vois les photos de Fred avec la chemise hawaïenne et le collier de fleurs, une des raisons pour lesquelles on _ un référentiel collectif, qui semble réunir ici Hélène et ses deux enfants _ n’a jamais tenté d’accéder _ vraiment _ à lui

_ vraiment, et vraiment sérieusement ; avant de découvrir son Bericht (rédigé en 1941), laissé sur une étagère de son couloir par Ève, et qui dormait là, sans avoir été lu par quiconque (pas même Ève, fort peu soucieuse du passé : « Ma mère laisse traîner le rapport de Fred, sur une étagère depuis l’année 1986, elle ne le lit pas. Ça ne sert à rien, elle est contre le couteau dans la plaie« , page 79), avant qu’Hélène ne le découvre, ce Bericht (« c’est de l’or« , « ce trésor« , page 9), en 2018… _,

c’est quelqu’un qui ne faisait pas d’histoires » ; et qui a cependant été « le « personnage familier » pendant plusieurs années _ une dizaine d’années tout au plus, à partir de 1986, énonce ici la fille d’Hélène, toujours page 85, pour de banals voyages de tourisme de par le monde, en compagnie de sa grand-mère, Ève…

Une pièce rapportée par Ève, qu’aurait-il _ donc bien _ pu dire _ d’un peu original et vraiment intéressant, autre que des clichés _ à la famille d’Ève ? » ;

mais aussi, et c’est l’expression immédiatement suivante, probablement encore dans la bouche de la fille d’Hélène ; mais ce pourrait être aussi dans celle de son frère : car ils sont bien d’accord sur leur image de Fred, l’un deux laissant échapper un « On en a vu défiler des hommes à côté d’Ève«  (toujours page 85) ; une remarque apparemment anodine, mais factuellement assez intéressante : Ève, toujours active et en chemin, souliers de marche ou randonnées aux pieds, était éminemment pragmatique, et restée jeune, et pas seulement d’esprit, longtemps ; et quasiment jusqu’au bout… ; cela, nous l’apprenons ici, au détour de ces remarques plutôt anodines… ;

et avec lequel Fred,

je reviens ici sur la focalisation du discours-conversation sur lui spécialement entre Hélène et ses deux enfants,

il semble bien qu’Ève a effectivement fait pas mal de voyages (de tourisme) à travers le monde : « Pour Ève, Fred servait (sic : Ève est fondamentalement une pragmatique !) à voyager. Istanbul. Buenos-Aires. Majorque« , page 88 ; le narrateur demeurant ici indistinct au lecteur ;

lui, Fred, avait peut-être vis-à-vis d’Ève, quelque arrière visée matrimoniale (Fred était en effet devenu veuf, à Des Moines, en 1983) ;

mais, outre qu’il était « ultramoche«  (page 86 ; et le criterium esthétique est rédhibitoire pour Ève ! elle le proclame bien fort, à propos des hommes : « J’ai pas rencontré tellement d’hommes intéressants. J’ai vu pas mal de médecins _ Ève Cixous, devenue veuve le 12 février 1948, avait créé à Alger une clinique d’accouchements ; elle était sage-femme. Ils étaient mariés. René, c’était un bon camarade. Un garçon bien, intelligent, honnête, on a fait des voyages, c’était pas la grande générosité mais il était gentil.

Finalement Fred, le seul Allemand, un médecin, et pas marié _ en fait veuf depuis 1983. Un homme très intelligent. Mais, qu’est-ce que tu veux, la limite, c’est mon sens de l’esthétique« , page 15 : Fred était « ultramoche« , page 86…),

« Ève avait _ aussi _ dit qu’il était impuissant » (page 85) ;

en conséquence de quoi « Ève ne pouvait _ décidément _ pas être amoureuse de lui c’était un intellectuel discret » (énonce encore l’un des deux enfants d’Ève, pour justifier leur absence de vraie curiosité à son égard, toujours page 85)… _

j’en suis donc venu à penser à placer maintenant le focus de mon regard-lecture

sur un élément à mes yeux capital de l’œuvre d’Hélène Cixous :

je veux dire son formidable et merveilleux _ toujours présent _ sens de l’humour.

Un humour tout à la fois extrêmement léger,

mais aussi proprement « ouragant«  _ au participe présent ! cette forme verbale de l’action étant utilisée par l’auteure à la page 24 de 1938, nuits ;

et en voici l’occurrence :

l' »Événement » (et il s’agit, en cette occurrence-là, de celui de la « Kristallnacht » !« advient partout, imprévisible, ouragant, déchaînant des éléments encore inconnus, émissaire de la fin du monde«  ; c’est dire là toute la démesurée puissance de ce qui vient ouraganer…

Ouragant au passage aussi le lecteur ! qui en est bouleversé…

Et cet humour, Hélène,

qui le partageait tellement

_ et même, et peut-être surtout, au cours de leurs épiques disputes _

avec sa mère Ève,

continue de le partager aussi _ mais sans se disputer ! _ avec ses deux enfants,

avec leur regard à la fois terriblement amusé _ et amusant _,

en même temps que terriblement lucide

sur les traits _ défauts comme qualités _,

les travers,

des personnes croisées et rencontrées,

tel ici ce pauvre Fred, le médecin orthopédiste pour enfants de Des Moines, Iowa,

et compagnon de quelques uns des voyages tardifs d’Ève, de par le monde, à partir des années 1986-87-88,

_ et suite à leur(s) rencontre-retrouvailles (depuis 1929) à Osnabrück le 20 avril 1985,

pour le colloque en hommage aux Juifs d’Osnabrück, organisé par Peter Junk et Martina Sellmayer _

et qui a eu de plus en plus de mal à marcher

au fur et à mesure de son vieillissement…

Cet humour ouragant, donc,

que Hélène Cixous partage avec les plus grands,

tels Montaigne, Shakespeare, Proust,

ou Kafka.

Je parlerai de Freud et de l’illusion

dans mon prochain chapitre

à propos de ce très riche récit _ « une banque de graines« , « des graines de vérité« , des expressions cruciales : à prendre très à la lettre ! (page 11) ;

ou encore « un trésor » (page 9) _,

nous avait averti l’auteure,

en ouverture de ce récit sien,

et à partir de sa lecture comme « hypnotisée » du Bericht de Siegfried-Fred Katzmann,

rédigé par ce rescapé de Buchenwald

en une semaine « hallucinée » de mars 1941, à Des Moines, Iowa,

à la page 11, de 1938, nuits


Ce jeudi 7 février 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

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