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Le musicalissime Berlioz de John Nelson avec Joyce DiDonato et Cyrille Dubois dans « Romeo et Juliette » et « Cléopatre » : une confirmation…

18mai

Et une nouvelle confirmation d’appréciation d’un de mes précédents articles, après, hier, la confirmation de mon « Cyrille Dubois, ténor, décidément parfait…« , par l’excellent article de ResMusica « Cyrille Dubois, ou les charmes du ténor de grâce« , sous la signature de Catherine Scholler,

avec cet excellent article-ci, à nouveau sur le site de ResMusica, et cette fois sous la signature de Jean-Christophe Le Toquin, « Roméo et Juliette, symphonie vraiment dramatique, avec John Nelson« , en date d’avant-hier 16 mai,

comme confirmation dee mon article du samedi 15 avril dernier, intitulé « « …

Voici donc cet article d’avant-hier sur ce très marquant CD double de John Nelson, comportant aussi la sublime « Cléopatre » de Berlioz, avec Joyce DiDonato :

Roméo et Juliette, symphonie vraiment dramatique avec John Nelson

John Nelson poursuit son cycle Berlioz pour Erato avec Roméo et Juliette. De cette « symphonie dramatique » visionnaire, le chef et ses musiciens en osmose résolvent l’équation de la musique pure et du drame. La cantate Cléopâtre s’inscrit dans cet élan et est élevée en condensé prémonitoire des Troyens.

Ne craignons pas _ du tout ! _ de le dire, cet enregistrement, qui combine prises en concert et sans public dans la Salle Erasme de Strasbourg en juin dernier, est une réussite _ absolument _ majeure. Certes les attentes étaient fortes au vu de l’affiche, avec les mêmes chef, chœurs et orchestre que pour les Troyens (Clef d’Or ResMusica) unanimement _ et à fort juste titre !!! _ célébrés. Mais le succès n’était pas acquis, car la Damnation de Faust qui avait suivi (Erato) était _ un peu _ moins convaincante. Ici, Nelson retrouve les sommets de la discographie _ oui. Pas tant _ mais si : aussi ! _ en raison des qualités des interprètes _ vraiment superlatifs, transcendés, eux aussi _ , que de ce qu’accomplit _ sublimement le chef _ John Nelson avec eux. Fort de son expérience de l’opéra berliozien – il est le seul chef à avoir pleinement rendu justice _ oui ! _ aux Troyens, à Benvenuto Cellini et à Beatrice et Benedict (les enregistrements de Colin Davis dans ces deux derniers ouvrages cèdent le pas sur ceux de Nelson) – son Roméo et Juliette et sa Cléopâtre réalisent le rêve visionnaire de Hector Berlioz de fusionner musique et théâtre _ oui _, pureté symphonique et incarnation dramatique _ c’est on ne peut plus juste que de le souligner ainsi.

Revenons à la forme de l’œuvre imaginée par Berlioz : Roméo et Juliette est une « symphonie dramatique », autrement dit, explique-t-il, une « symphonie avec chœurs ». Non un « opéra de concert », ni une cantate. Et c’est bien ainsi que les plus grands chefs l’ont interprétée, Charles Munch le flamboyant (avec Boston, RCA), Colin Davis le brillant (préférer la version Philips avec le London Philharmonic Orchestra), Seiji Ozawa l’équilibré (Boston encore, DG). Tous ils dirigent une symphonie. Dans l’histoire de l’interprétation, Michael Tilson Thomas avait à notre sens marqué une inflexion notable en faisant de l’œuvre une précurseuse de West Side Story (San Francisco Symphony, Clef ResMusica, SFS Media). John Nelson va encore plus loin, et le fait avec un orchestre français.

Sur le plan orchestral, la version strasbourgeoise tutoie les interprétations de référence sans s’en démarquer, ce qui est déjà une belle réussite. Mais pour la Scène d’amour et la scène au Tombeau des Capulets, qui sont précisément les deux acmés de cette partition et probablement de tout l’œuvre berliozien, John Nelson et l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg dépassent leurs prédécesseurs en réalisant la fusion _ voilà ! _ des genres symphoniques et lyriques. Avec eux et dans ces deux chefs-d’œuvre absolus _ oui, oui, oui ! _ , on ne sait plus où on est, dans une symphonie ou dans un opéra de concert, et c’est sans importance : on est au cœur du drame _ voilà _, celui de l’amour et de la mort. Les moyens mis en œuvre pour parvenir à cet état de grâce ne sont pas hors normes, l’orchestre n’est pas plus virtuose ou spectaculaire que les autres, simplement les musiciens atteignent un état d’osmose _ oui _ avec le chef et la musique où il ne reste que la vie sublime et tragique. Soit exactement ce que recherchait Berlioz _ absolument !

Si les parties chantées n’atteignent pas _ pas tout à fait, peut-être ; et encore… _ le sublime _ oui, c’est bien ce que vise et obtient ici Berlioz _ de celles dévolues à l’orchestre, et c’est bien ainsi que l’entendait Berlioz pour Roméo et Juliette, elles sont _ au moins _ un écrin précieux, et la distribution _ formidable _ réunie contribue au succès. Face à une Joyce DiDonato aux interventions magnifiquement suspendues, mystérieuse, au timbre presque androgyne, ses partenaires masculins sont au contraire surprenamment incarnés et démonstratifs. Le très redoutable scherzetto de la Reine Mab est abordé avec verve _ magnifique ! un trait superbement français… _ par Cyrille Dubois, qui signe là une interprétation d’anthologie _ absolument ! Dans la partie finale, Christopher Maltman s’impose comme un Père Laurence à l’autorité biblique, sûr du pouvoir subjuguant de son timbre pour mettre un terme _ pacifiant _ aux rivalités des deux familles. On pourra trouver cela excessif (et être un peu gêné par un vibrato prononcé) et préférer l’humanité d’un José Van Dam (avec Ozawa), mais c’est affaire de goût. Les chœurs, le Coro Gulbenkian et le Chœur de l’Opéra national du Rhin sont d’un engagement superlatif _ oui _, leur colère « Perfides, point de paix! Non » est à vous faire dresser les cheveux sur la tête.

Cléopâtre _ ce chef d’oeuvre éblouissant ! _ est l’occasion d’entendre Joyce DiDonato dans un _ très _ grand morceau, et de la retrouver dans une interprétation de Reine _ oui _, après sa Didon des Troyens. Si vocalement elle ne se démarque pas des interprétations de référence de ses grandes consœurs anglo-saxonnes Janet Baker (avec Colin Davis, Philips _ mais pas seulement lui… _) et Jessye Norman (avec Ozawa, Decca), et si on pourra légitimement toujours préférer la diction irréprochable des tragédiennes Anna Caterina Antonacci (avec Nézet-Séguin, BIS), Véronique Gens (Louis Langrée, Erato), cette version se rapproche par son art consommé de la direction _ oui _ de celle de Lucile Richardot avec Gardiner en concert (DVD Versailles Spectacles).

Ce qui est formidable avec Joyce DiDonato, ce n’est pas tant sa noblesse, la puissance veloutée de ses aigus, son sens du drame, c’est qu’elle émerge de la musique _ voilà. La prima donna s’efface pour être « simplement » la reine à l’orée de la mort. Là où tous les chefs exception faite de Gardiner dirigent Cléopâtre comme une cantate de jeunesse, ce qu’est cette œuvre composée pour le Prix de Rome (et qui effraya le jury au point qu’il refusa contre toute attente de lui donner le Premier Prix), John Nelson dirige cette partition avec l’intensité _ voilà _ des Troyens. Et comme il a raison ! _ évidemment ! On en donnera trois courts exemples. L’introduction ? Elle est soudaine et presque brutale, comme Berlioz le fera pour ouvrir ses Troyens. Chez tous les autres chefs, elle est un prélude, mais chez John Nelson, c’est déjà le drame tout entier, tout de suite _ oui _, et dont l’entrée de la mezzo n’est que la continuité. Même procédé pour la Méditation. Les accords sombres et mystérieux, une des trouvailles géniales du jeune Berlioz, sont un préliminaire chez les autres, ils sont un opéra en soi chez John Nelson. Avec lui, on ne pense plus à l’intervention à venir de la reine, et quand elle entame son invocation « Grands pharaons, nobles Lagides », on en est presque étonnés. L’effet n’en est pas moins saisissant. Dernier exemple, la conclusion. Les mots ultimes de la reine « Cléopâtre en quittant le vie / redevient digne de César! » sont suivis des silences _ oui _ et soubresauts _ voilà _ de l’orchestre représentant les effets _ terribles _ du venin dans le corps de la femme trahie. Cette exclamation peut être chantée comme un dernier défi, comme chez Antonacci. Avec Joyce DiDonato, le dernier mot « César ! » est éteint, presque inaudible _ en effet… Ce que la diva perd en éclat, le drame le récupère en vérité _ dramatique : absolument tragique. Car si son « César ! » s’entend à peine, c’est que le poison exerce déjà _ voilà, en quelques longues secondes tétanisantes, syncopées _ son emprise _ finalement _ mortelle. Et l’orchestre _ symphonique _ de John Nelson nous donne à vivre _ oui _ les derniers instants de Cléopâtre avec une acuité _ voilà _, un réalisme anthropologique _ oui _ que seul Gardiner avant lui nous proposait.

Ainsi cet album de John Nelson n’est pas juste un grand enregistrement de plus dans la discographie. Pour Roméo et Juliette et Cléopâtre, il réalise _ pleinement, royalement même : sublimement ! _ le rêve fou de Berlioz de fusionner _ voilà _ la musique pure et le drame.

Hector Berlioz (1803-1869) : Roméo et Juliette op. 17 H.79 ; Cléopâtre.

 

Joyce Di Donato, mezzo-soprano ; Cyrille Dubois, ténor ; Christopher Maltman, basse ;

Coro Gulbenkian (dir. Jorge Matta) ; Chœur de l’Opéra National du Rhin (dir. Alessandra Zuppardo) ;

Orchestre Philharmonique de Strasbourg, direction : John Nelson.

2 CD Erato.

Enregistrés Salle Erasme à Strasbourg du 3 au 9 juin 2022, en public et sans public.

Notice de présentation de Christian Wasselin.

Durée : 72:26 et 39:29

Deux réalisations somptueuses donc, et indispensables, par conséquent, en ce merveilleux double album Erato 5054197481383…

Ce jeudi 18 mais 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

 

Comparer diverses interprétations profondément émouvantes de chefs d’oeuvre _ bouleversants _ de Mieczyslaw Weinberg, à partir du tout récent CD de l’Ensemble Les Métamorphoses, sous la direction de Raphaël Feye, avec le violoncelle intensément « tragique et pudique » de Pieter Wispelwey…

15mai

En quelque sorte en complément de mon article du mercredi 4 mai dernier, « « ,

voici que ce  dimanche 15 mai ResMusica publie, sous la plume de Jean-Christophe Le Toquin, un très intéressant article consacré lui aussi au tout récent superbe CD Evil Penguin Classic 2022 EPRC0045

consacré à 3 chefs d’œuvre de ce compositeur tout à fait essentiel du XXe siècle, qu’est le si émouvant Mieczyslaw Weinberg :

le Concertino pour violoncelle Op. 43bis (de 1948),

la Fantaisie pour Violoncelle et Orchestre Op. 52 (de 1951-53),

et la Symphonie de chambre n°4 Op. 153 (de 1992) ;

en un article intitulé, lui, « Pieter Wispelwey et Les Métamorphoses investissent Weinberg« …

Un CD dans lequel _ je suis en train de le ré-écouter avec un très vif plaisir : j’adore ce compositeur et sa musique si déchirante… _, je dois souligner que je remarque, à nouveau, à cette ré-écoute, la splendide clarinette klezmérisante de Jean-Michel Charlier…

Le voici donc _ avec, en forme de dialogue avec, mes farcissures en vert… _, cet article paru ce dimanche :

Pieter Wispelwey et les Métamorphoses investissent Weinberg

Pieter Wispelwey et l’ensemble Les Métamorphoses signent un album Weinberg remarquable de couleurs et d’investissement dans la profondeur du son _ oui, et c’est fort juste de bien le souligner ainsi. 

Les trois œuvres de Mieczysław Weinberg réunies dans cet album ne doivent rien au hasard, puisqu’elles avaient constitué le couronnement d’un grand week-end consacré fin 2019 à Bruxelles par la biennale Chamber Music for Europe à l’occasion du centenaire de la naissance du compositeur _ né à Varsovie le 8 décembre 1919. Si l’interprétation en concert avait reçu tous les éloges de notre collègue, la captation en studio réalisée _ à Gand _ à l’été 2021 _ du 28 juin au 1er juillet _ et proposée dans cet album combine la vitalité et l’unité que donne l’expérience de l’interprétation en public, avec le soin intense apporté à chaque note et inflexion que permet le temps long de l’enregistrement_ en effet.

Le Concertino pour violoncelle op. 43 bis, composé en 1948 (_ soit une toute première approche du futurConcerto pour violoncelle op. 43, qui fut créé par Rostropovitch en 1957) avait été oublié de tous, et ne fut découvert qu’en 2016, 20 ans après la disparition du compositeur. Il fut alors enregistré rapidement _ en 2018 _ par la violoncelliste Marina Tarasova, qui a connu Weinberg, et publié dès 2018 par le courageux label de Saint-Pétersbourg Northern Flowers _ je possède aussi ce CD NF/PMA 99131, enregistré à Moscou en 2018. La comparaison des deux enregistrements est éclairante : là où les musiciens russes – à l’instar d’un Rostropovitch – tiennent l’émotion et les accents klezmer à distance _ mais oui _ pour mieux faire ressortir le classicisme de cette musique et la rattacher à toute la musique russe, Pieter Wispelwey et les musiciens des Métamorphoses vont plus profondément dans l’exploration psychologique _ de l’idiosyncrasie de Weinberg _ et travaillent à restituer – sans sentimentalisme – le substrat tragique _ voilà _ de la vie du compositeur (la fuite du nazisme _ en 1939 _, mais pour subir ensuite l’antisémitisme de l’État soviétique). Le résultat de ce choix interprétatif est un impact émotionnel plus fort, bien que pudique _ oui, sans le moindre pathos parasite. C’est comme si on rendait à la musique de Weinberg une identité plus riche, plus complexe _ oui : la sienne ! _, on oserait dire plus présente dans le double sens de présence et d’actualité. De quelques années plus tardives _ 1951-53 _, la Fantaisie pour violoncelle et orchestre op. 52 est moins lyrique et moins immédiatement prenante que le Concertino _ de 1948 _mais elle garde ses accents polonais et populaires  _ oui, et c’est très important… _ et cette finesse d’écriture _ tout à fait _ qui retiennent _ et marquent _ l’attention.

L’album se conclut par la dernière œuvre _ voilà ! en quelque sorte testamentaire _ de Weinberg, la Symphonie de chambre n°4 op. 153 _ composée, elle, en 1992. Comme toutes les pièces de maturité, l’heure n’est plus – et depuis longtemps – à l’immédiateté et à la facilité _ de l’expressivité du compositeur. Mais placée ainsi _ sur ce CD _ après le Concertino et la Fantaisie, il n’y a pas de rupture, simplement une évolution _ oui. Cette continuité s’explique aussi par le fait que ces quatre symphonies de chambre sont elles-mêmes _ oui _ des retours en arrière, reprenant _ et enrichissant, un peu testamentairement : pour l’éternité de sa singularité de créateur _ des compositions de jeunesse. Elles ont fait l’objet d’un enregistrement intégral _ des Concertos de chambre n°1 à 4 _ par Gidon Kremer et la Kremerata Baltica (ECM, 2017) _ soit le double CD ECM 2538/39  4814604, paru en 2017 ; un double album que je possède et admire _, et par Rostislav Krimer et l’East-West Chamber Orchestra (_ soit le CD Naxos 8.574063, paru en 2019, pour les Concertos de chambre n° 1 et 3 ; je le possède aussi _, et _ le CD Naxos 8.574210, paru, lui, en 2021 _ pour les n° 2 et 4) ; le second _ Rostislav Krimer _ défendant une approche plus raffinée et poétique. Face à ces concurrents letton _ Gidon Kremer _ et biélorusse _ Rostislav Krimer _ qui ont pour eux l’avantage de l’ancrage culturel originel _ en effet, de Weinberg _, les musiciens des Métamorphoses _ dirigés ici par Raphaël Feye _ investissent la musique de Weinberg avec une approche d’Europe de l’Ouest qui se nourrit d’un travail _ de fond _ sur la mémoire et sur l’histoire _ voilà. Là où les versions occidentales de la musique de Chostakovitch dans les années 1950 à 80 pouvaient paraitre moins habitées que celles de l’autre côté du rideau de fer, cette caractéristique ne se retrouve pas avec Weinberg, pourtant si proche. Weinberg est un musicien polonais, slave, juif, et d’Europe centrale _ oui ! et c’est là un trait tout à fait essentiel et fondamental pour l’idiosyncrasie de sa musique… _, et s’il a passé sa vie d’adulte _ depuis 1939, et ses vingt ans… _ en URSS _ à Moscou, puis Tachkent, Moscou, etc. _, il n’a jamais oublié ses origines _ juives, d’Europe centrale et orientale ; et c’est probablement aussi pour cela que sa musique me touche, personnellement, si profondément autant ! Dès lors, un violoncelliste néerlandais, un chef et un ensemble belges développant une approche sensible (l’orchestre _ les Métamorphoses _ avait enregistré le beau disque Destins juifs dirigé par Amaury de Closel en 2018, KMI) peuvent apporter une vision différente et au moins aussi pertinente _ oui ! _ de ce répertoire _ de Weinberg.

Espérons que cette réussite – doublée d’une édition luxueuse _ oui _ façon livre, avec couverture rigide et épais livret richement illustré – donnera à ces interprètes l’envie de continuer à s’approprier la musique de Weinberg, car ils lui apportent un relief et une attraction particulières _ en effet, particulièrement idoines…

Mieczysław Weinberg (1919-1996) :

Concertino pour violoncelle op. 43bis ;

Fantaisie pour violoncelle et orchestre op. 52 ;

Symphonie de chambre n° 4 op. 153.

Pieter Wispelwey, violoncelle ;

Jean-Michel Charlier, clarinette ;

Les Métamorphoses, direction : Raphaël Feye.

1 CD Evil Penguin Classic.

Album couverture cartonnée rigide, livret quadrilingue richement illustré de photographies des séances d’enregistrement et d’illustration poétique de Peter de Bruyne.

Contenu numérique supplémentaire (vidéo d’enregistrement) accessible par QR code.

Enregistré du 28 juin au 1er juillet 2021 au MC De Bijloke, Gand (Belgique).

Durée : 68:27

Un CD tout à fait remarquable, donc,

pour des chefs d’œuvre déchirants et pudiques de cet immense compositeur qu’est Mieczyslaw Weinberg…

Ce dimanche 15 mai 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Pour élargir notre connaissance des compositeurs du temps de la Shoah

21sept

Ce jour, sur le site de ResMusica,

Jean-Christophe Le Toquin ouvre notre connaissance des compositeurs du temps de la Shoah,

par un article « Cinq destins  de compositeurs juifs du XXe siècle« , consacré à un passionnant CD intitulé « Jewish destinies« , un CD KMI (Karusel Music International), proposé par le chef d’orchestre Amaury du Clausel..

Cinq destins de compositeurs juifs du XXe siècle par Amaury du Closel

Avec l’album Destins juifs, Amaury du Closel poursuit son travail de défense et de reconnaissance _ voilà _ des compositeurs du XXᵉ siècle marqués par la Shoah. Il fait mouche avec la jeune soprano Erminie Blondel.

Si les œuvres proposées dans cet album ont été composées entre 1912 (le Pierrot Lunaire de Max Kowalski) et 1947 (les Huit chants populaires juifs de Simon Laks) et dépassent donc les circonstances historiques de la persécution nazie, c’est bien la Shoah qui fait le lien entre les cinq compositeurs réunis ici. Elle a bouleversé leur destin, par l’enfermement, pour les uns l’exil, pour les autres la mort. Deux ont payé le prix ultime, Viktor Ullmann et Ilse Weber assassinés en 1944 à Auschwitz. Louis Saguer, musicien allemand engagé politiquement auprès des communistes, a fui Berlin pour Paris en 1933. Il ne fut pas déporté par les nazis, mais interné en 1939 par les autorités françaises, avant d’être naturalisé français en 1947.

Dans la lignée de son engagement depuis 2003 avec son initiative des Voix Étouffées, Amaury du Closel remet en lumière ces compositeurs sinon oubliés, du moins méconnus. Et pourtant, elle est belle leur musique _ oui.

Qui connaît le Pierrot lunaire de Max Kowalski, composé la même année 1912 que celui, fameux, d’Arnold Schoenberg ? Schoenberg le connaissait et ne dédaignait pas ce cycle plus court – 12 poèmes contre 21 – à l’esthétique certainement moins avant-gardiste, mais qui dégage un vrai parfum fin de siècle avec une pointe d’humour. Les deux Pierrot juxtaposés composeraient une belle affiche de concert !

Les Cuatro cánticas Sefardíes ou Quatre chants populaires judéo-espagnols de Louis Saguer (1935-1936) en langue ladino (parlée dans les Balkans par les descendants des Juifs d’Espagne chassés en 1492 !), les Trois mélodies yiddish de Viktor Ullmann (1944) et les Huit chants populaires juifs de Simon Laks (1947) ont en commun d’avoir été écrits en acte de résistance face à la volonté d’extermination, pour que la culture juive (re)vive. Ainsi vont les tentatives de négation et d’extermination, elles aboutissent à revivifier la culture qu’elles oppriment.

Ilse Weber, choisit, elle, un autre moyen de se mettre debout et de nous mettre à genoux : l’extrême simplicité, la dignité, la pudeur. Pour bercer les enfants et qu’ils oublient le camp et leur destin. Quelle force d’âme dans cette douceur ! Il semble que des décennies après leur composition, on n’a pas fini d’apprécier la puissance de ces mélodies qui glissent comme de l’eau.

Dans ce généreux programme de 75 minutes, la soprano Erminie Blondel doit ainsi varier les styles, de la mélodie fin de siècle Mitteleuropa aux chansons populaires séfarades et yiddish, en concluant par les chansons universelles dépourvues de sophistication, émouvantes par le dépouillement. L’expression est toujours juste, jusqu’aux dernières paroles sans accompagnement qui closent le disque et nouent la gorge. C’est un disque qui par son éthique fait écho à l’album _ marquant !Terezín/Theresienstadt par Anne Sofie von Otter (DG). Un enregistrement qui n’apportera pas une gloire brillante à ses auteurs, mais qui durera.

Le livret avec les poèmes tous proposés en langue originale et traduits en français et en anglais, est riche et indispensable.

Lire aussi :

Anne Sofie von Otter : Theresienstadt / Terezín

Terezín/Theresienstadt.

Ilse Weber (1903 – 1944) : Ich wandre durch Theresienstadt, Ade, Kamerad !, Und der Regen rinnt, Wiegala ;

Karel Svenk (1917-1945) : Pod destnikem, Vsechno jde ! (Marche de Terezin).

Adolf Strauss (1902 – 1944) : Ich weiß bestimmt, ich werd Dich wiedersehn !

Anonyme : Terezin-Lied ;

Martin Roman (1910-1996) : Wir reiten auf hözelrnen Pferden ;

Hans Krasa (1899-1944) : Trois mélodies d’après Arthur Rimbaud ;

Carlo Sigmund Taube (1897-1944) : Ein jüdisches Kind ;

Viktor Ullmann (1898-1944) : Beryozkele, Trois Mélodies tirées des Six Sonnets, opus 34 ;

Pavel Haas (1899-1944) : Quatre Chants sur des poésies chinoises ;

Erwin Schulhoff (1894-1942) : Sonate pour violon (1927).

Anne Sofie von Otter, mezzo-soprano ; Christian Gerhaher, baryton ; Daniel Hope, violon ; Bengt Forsberg, Gerold Huber, piano ; Bebe Risenfors, accordéon, guitare, contrebasse ; Ib Hausmann, clarinette ; Philip Dukes, alto ; Josephine Knight, violoncelle.

1 CD Deutsche Gramophon 477 6546, code barre : 0 2894776546 2.

Enregistré à Berlin en février 2006 et Munich en février 2007.

Notice et textes trilingues en français, anglais, allemand.

Durée : 71:40

 

Jewish destinies.

Louis Saguer (1907-1991) : Cuatro cánticas Sefardíes.

Max Kowalski (1882-1956) : 12 Gedichte nach Pierrot lunaire op. 4.

Simon Laks (1901-1983) : Huit chants populaires juifs (arrangement : Amaury du Closel).

Viktor Ullmann (1898-1944) : Drei jiddische Gesänge op. 53.

Ilse Weber (1903-1944) : Theresienstadt et six autres mélodies.

Erminie Blondel, soprano ; Thomas Tacquet, piano ; Orchestre Les Métamorphoses, direction : Amaury du Closel.

1 CD KMI.

Enregistré en 2018 à l’auditorium Antonin Artaud à Ivry-sur-Seine.

Textes des mélodies en langue originale, anglais et français, notice bilingue.

Durée : 75:03

Ce mardi 21 septembre 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

 

Et à, nouveau 2 Symphonies de chambre (les n° 1 et 3) de Mieczyslaw Weinberg : faire revivre de chers fantômes de son passé

10fév

Décidément,

Mieczyslaw Weinberg (1919 – 1996)

tient désormais l’affiche

des nouveautés discographiques de très grande qualité.

Cf notamment mes précédents articles des

8 décembre 2019 :  ;

29 novembre 2019 :  ;

22 juillet 2019 :  ;

etc.

Aujourd’hui

avec un magnifique _ et idiosyncrasique _ CD Naxos 8.574063

des Symphonies de chambre n0s. 1 et 3

(de 1987 et 1990),

par l’East-West Chamber Orchestra

dirigé par Rostislav Krimer

_ un chef biélorusse.

Une merveilleuse interprétation

d’une musique bouleversante.

À comparer avec le splendide _ déchirant ! _ double album ECM 2538/39 4814604

paru en 2017

des 4 Symphonies de chambre de Weinberg,

opus 145 (de 1986),

147 (de 1987),

151 (de 1990)

et 153 (de 1992),

enregistrés en 2015 par la Kremerata Baltica de Gidon Kremer !

Une musique bouleversante,

merveilleusement interprétée cette fois-ci à nouveau

par l’East-West Chamber Orchestra…

Cf l’extrait suivant de l’article Actualité de la musique de chambre de Weinberg au disque

du 18 janvier 2020

de Res Musica, sous la plume de Jean-Christophe Le Toquin :

weinberg-east-west-chamber-orchestra-naxosPour leur premier enregistrement, le East-West Chamber Orchestra établi à Minsk en 2015 par Rostislav Krimer (sans lien avec le West-Eastern Divan Orchestra de Daniel Barenboim) choisit les Symphonies de chambre n° 1 et n° 3. Respectivement de 1987 et 1990, elles font partie des dernières pièces du compositeur, et partagent avec les deux dernières Symphonies de chambre n° 2 et n° 4 un retour aux œuvres précédentesLa Symphonie n° 1 est en grande partie reprise du Quatuor n° 2, composé à Minsk en 1940, tandis que la Symphonie n° 3 s’inspire de plusieurs mouvements du Quatuor n° 5 de 1945 et inclut un nouveau final. Si Chostakovitch dans sa dernière Symphonie n° 15 recourt aussi aux citations (Tristan, l’ouverture de Guillaume Tell…) et auto-citations, le procédé chez Weinberg se rattache moins à une réflexion universelle sur la mort et le passé, et davantage à faire revivre les fantômes de son propre passé, ses chers disparus _ voilà. Et c’est très important pour bien pénétrer la genèse de ces œuvres bouleversantes. Ce disque de Weinberg est le premier jamais enregistré à Minsk, là même _ où il acheva ses études. Sur le plan interprétatif, la comparaison qui s’impose est – encore – avec Gidon Kremer et sa Kremerata Baltica (ECM) _ en effet _, mais le résultat est inverse aux enregistrements évoqués précédemment. Cette fois, c’est l’East-West Chamber Orchestra qui adopte une lecture plus raffinée _ oui _ là où la Kremeratica Baltica opte pour une interprétation davantage immédiate et moins policée. Kremer capte plus l’attention en première lecture, mais la finesse poétique _ voilà _ de l’ensemble biélorusse (composé de musiciens russes, biélorusses, polonais, allemands et des pays baltes pour l’essentiel) est convaincante et pourra être préférée pour des écoutes renouvelées _ voilà qui est dit.

Ce lundi 10 février 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Aujourd’hui 8 décembre 2019, 100 ème anniversaire de la naissance à Varsovie du compositeur Mieczeslaw Weinberg

08déc

Aujourd’hui 8 décembre 2019,

100 ème anniversaire de la naissance à Varsovie de l’immense compositeur Mieczyslaw Weinberg.

Pour commencer à bien le fêter, cet anniversaire, 

voici,

sur le site de Res Musica,

un excellent article de Jean-Christophe Le Toquin,

intitulé

Mieczysław Weinberg, portrait pour un premier centenaire


Mieczysław Weinberg, portrait pour un premier centenaire

 

Ce dimanche 8 décembre 2010, Titus Curiosus – Francis Lippa

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