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A nouveau à propos de la formidable expansion du style lulliste en Allemagne : un nouvel article de présentation du CD « Lully’s followers in Germany _ Works by Fischer, Muffat, Telemann » de l’ensemble El Gran Teatro del Mundo…

21oct

Tout à fait dans la continuité, décidément, de mes articles de ces derniers jours-ci à propos de CDs de musique française de l’époque baroque, de Lully à Rameau :

 ;

et plus encore, et plus spécialement, cette fois, de mon article du 13 octobre dernier :

 ;

voici que je découvre ce jour, sur le site de ResMusica, et sous la signature de Cécile Glaenzer, 

ce nouvel article

venant chroniquer le très remarquable CD de l’ensemble El Gran Teatro del Mundo, intitulé, un peu sèchement, « Lully’s followers in Germany _ Works by Fischer, Muffat, Telemann » ;

soit le CD Ambronay AMY314,

dont j’avais signalé l’existence le 13 octobre dernier…

Voici donc ce nouvel article :

Quand les musiciens allemands s’emparaient du style lulliste

Pour son premier enregistrement, le jeune ensemble El Gran Teatro del Mundo a choisi d’illustrer l’influence de la musique française _ voilà _ dans les cours allemandes autour de 1700.

L’influence artistique du règne de Louis XIV à travers toute l’Europe est considérable _ en effet… Au-delà de la puissance politique et militaire de la France de l’époque, le style versaillais a infusé _ vraiment _ tous les arts, tant était important le rayonnement culturel du royaume à la fin du XVIIᵉ siècle _ musique comprise, c’est tout à fait cela. Il n’est que de considérer tous les châteaux qui ont été érigés comme autant de « petits Versailles » dans de nombreux États germaniques à l’époque _ en effet. Il en est de même pour la musique, _ voilà _ où le style dont Lully fut le promoteur _ au service de la glorification du roi _ se retrouve partout : ouverture à la française, suites de danses, écriture à cinq parties… _ oui. Le meilleur exemple d’assimilation du style français nous est donné par le compositeur Georg Muffat. D’origine savoyarde _ ou plutôt d’ascendance écossaise ; même si c’est dans l’Etat de Savoie, et précisément à Megève que Georg Muffat est né, le 1er juin 1653 _, formé en Alsace et en Italie auprès de Pasquini, il étudia à Paris avec Lully avant de faire carrière à Vienne, Prague, Salzbourg et Passau _ où il décède le 23 février 1704. Il est donc au carrefour _ voilà _ des traditions musicales française, italienne et germanique. « Lorsque je mêle des airs français à ceux des Allemands et des Italiens, ce n’est pas pour émouvoir une guerre, mais plutôt préluder peut-être à l’harmonie de tant de nations, à l’aymable paix« , écrit-il dans la préface de son _ admirableFlorilegium Primum en 1695. Les sonates _ merveilleuses ! _ de l’Armonico tributo, véritables concerti grossi, se réclament conjointement de l’influence de Corelli et de celle de Lully _ oui, dont Muffat avait l’élève, à Rome et à Paris. Il est ainsi le précurseur des _ couperiniens _ Goûts Réunis qui culmineront au début du XVIIIᵉ siècle _ à partir de l’œuvre de François Couperin. Johann Caspar Ferdinand Fischer (Schönfeld, 6 septembre 1656 – Rastatt, 27 août 1746) n’est pas en reste au regard de sa parfaite connaissance de la tradition lulliste, sans que l’on ait la preuve _ formelle _ qu’il soit venu se former en France. Ses suites pour clavecin en attestent, mais également les suites orchestrales de son « Journal du Printemps » (publié sous ce titre en français). Celle qui est jouée ici _ la suite n°1 en ut majeur du Journal du printemps, de 1695 _ cite presque littéralement certaines danses d’opéras de Lully _ oui. Enfin, George Philipp Telemann, d’une génération plus jeune _  Magdebourg, 14 mars 1681 – Hambourg, 25 juin 1767 _, se réclame lui aussi du style français, bien que l’influence italienne soit aussi palpable.

Le cosmopolitisme des compositeurs de ce programme fait écho à la mosaïque de nationalités des musiciens qui constituent El Gran Teatro del Mundo. On sent chez les musiciens une belle complicité artistique et une parfaite connaissance de la danse _ un élément fondamental, toujours, du style français _ , ce qui donne beaucoup d’élan _ oui _ à cette interprétation _ tout à fait _ enjouée _ cf les appréciations similaires de mon article du 13 octobre dernier : . Le livret _ très intéressant _ nous signale_ en effet _ qu’ils utilisent des partitions réduites en basse et dessus _ à partir d’originaux pour orchestre _, comme éditées à l’époque, ce qui permet une très grande liberté _ oui _ dans les parties intermédiaires comme dans la réalisation de la basse continue _ absolument… On remarquera particulièrement ce que fait Julio Caballero Pérez au clavecin dans les conduits et parties improvisées, ainsi que la vélocité exceptionnelle du basson de Claudius Kamp. Dans la suite (TWV 55:Es4) de Telemann, un très beau solo de basse de viole, joué avec beaucoup de sensibilité par Bruno Hurtado Gosalvez et accompagné au théorbe, nous offre une magnifique respiration au milieu du tourbillon des danses. La Chaconne qui conclut la suite n°1 de Fischer est un modèle du genre, _ tout à fait _ comme on en trouve à la fin des tragédies lyriques de Lully. Au château de Rastatt, où Fischer était attaché à la cour du Margrave de Bade, l’illusion d’être à Versailles devait être parfaite, depuis l’architecture jusqu’à la musique.

Encore une réussite du projet Eeemerging+, qui repère et promeut les meilleurs ensembles européens de musique ancienne, et leur permet d’enregistrer leur premier disque dans la Collection Jeunes Ensembles du label Ambronay.

Georg Muffat (1653-1704) : Sonata n° 2 en sol mineur (de l’Armonico Tributo) ; Suite Nobilis Juventus, du Florilegium secundum I.

Johann Caspar Ferdinand Fischer (1656-1746) : Suite n° 1 en do majeur (du Journal du Printemps).

Georg Philipp Telemann (1681-1767) : Suite TWV 55.

El Gran Teatro del Mundo ; Julio Caballero Pérez, clavecin et direction artistique.

1 CD Ambronay.

Enregistré à Jujurieux en février 2021.

Livret anglais/français.

Durée : 68:24

Un CD absolument emballant !

qui sert magnifiquement le délicieux et dansant style français des « suiveurs » de Lully…

Ce jeudi 21 octobre 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

 

Pour continuer avec un autre délicieux florilège des délicates et heureuses musiques lullistes dans l’Allemagne baroque…

13oct

Après le magnifique récital de la claveciniste autrichienne Anne-Marie Dragovits

dont témoigne mon article d’hier ,

voici ce jour la découverte d’un splendide _ extrêmement vivant !!! _ récital de Suites et Sonates pour orchestre (de Johann-Caspar Fischer, à nouveau, de Georg Muffat et Georg-Philipp Telemann), intitulé « Lully’s followers in Germany« , par l’ensemble El Gran Teatro del Mundo : le CD Ambronay AMY 314.

En plus de l’excellent Johann-Caspar Fischer (1656 – 1746),

Georg Muffat, né à Megève en 1653 et décédé à Passau en 1704, est un des plus merveilleux compositeurs de ce moment magnifique du Baroque européen,

dont je n’ai cessé de recherché les diverses interprétations de sa musique en CDs, en ne cessant de pester contre l’incuriosité et l’indolence des éditeurs à réaliser une intégrale discographique de sa somptueuse musique !..

Quant à Georg-Philipp Telemann (1681 – 1767),

cet homme d’une infatigable curiosité (et générosité !),

je le porte lui aussi au pinacle des plus magnifiques compositeurs dispensateurs de joie !

Avec cet album _ parfaitement enlevé et jubilatoire ! _,

les musiciens de l’ensemble El Gran Teatro del Mundo plongent au cœur de ce répertoire baroque allemand profondément influencé par le style français propre au règne de Louis XIV _ voilà.

L’occasion de découvrir, à travers le prisme de partitions d’orchestre réduites pour ensemble de chambre _ une pratique très répandue à cette époque, et fort bien expliquée dans le livret de ce CD… _, la richesse et la fougue _ voilà, ainsi que la finessse et la subtilité délicieuses… _ de ces Lullistes _ très délicats… _ que furent Muffat, Telemann ou Fischer.

Les musiciens de l’ensemble El Gran Teatro del Mundo sont :

Coline Ormond et Yoko Kawakubo, violons ; Miriam Jorde Hompanera, hautbois ; Michael Form, flûte à bec ; Bruno Hurtado Gosalvez, basse de violon et viole de gambe ; Jonas Nordberg, théorbe ; Claudius Kamp, basson et flûte à bec ; et Julio Caballero Pérez, clavecin et direction.

Réjouissons-nous !!!

Ce mercredi 13 octobre 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

Ecouter et ré-écouter le lumineux voyage musical d’Anne-Marie Dragosits dans le répertoire baroque allemand, en son CD « Ici schlief, da traümte mir » (2)

12oct

En écoutant et ré-écoutant, à plaisir, le splendide CD « Ici schlief, da träumte mir« 

(le CD Encelade ECL 2002),

auquel j’avais consacré l’article , le 30 août dernier,

je désire souligner ici le magnifique talent de la claveciniste autrichienne Anne-Marie Dragosits,

ici, et en ce récital autour du thème du Sommeil,

sur le superbe clavecin Zell de 1728 conservé au Musée des Arts décoratifs de Hambourg…

Son programme se centre en effet sur les variations que divers compositeurs de l’Allemagne musicale baroque,

à partir et à la suite de Lully (et son très justement célèbre Sommeil d’Atys),

ont consacrées au thème du Sommeil...

Christoph Graupner (1683 – 1764) est un compositeur que j’apprécie beaucoup _ et auquel j’ai consacré divers articles, tel, par exemple, celui du 20 septembre 2018,  _ ;

de même que Johann-Caspar Fischer (1656 – 1746),

le tout premier compositeur germanique à diffuser le style de Lully (1632 – 1687) en Allemagne _ Fischer, dont mon amie Elisabeth Joyé a donné une merveilleuse interprétation de la Suite Uranie, extraite du Musikalischer Parnassus, de 1736 (soit le CD Encelade ECL 1402, en 2015)…


Anne-Marie Dragosits a bien du talent et du goût

pour ce répertoire si vivant et si beau…

Ce mardi 12 octobre 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

Le sublime CD Ricercar « Vater unser » de Clematis et Paulin Bündgen : pour confirmation…

07oct

Comme pour confirmer ma déclaration de « sublime« 

à propos du CD Ricercar Vater unser

de Paulin Bündgen et son ensemble Clematis

_ le CD Ricercar RIC 389  _

en mon article Un sublime CD « Vater unser » de Clematis, d’après les collections Düben de Stockholm du 12 juillet dernier

_ presque trois mois, déjà _,

j’y mettais l’accent sur l’importance musicale des archives-collection Düben de la cour de Suède,

voici ce jour un excellent article 

CLEMATIS FAIT DIALOGUER VOIX ET INSTRUMENTS DANS LA PIÉTÉ LUTHÉRIENNE

sur ce même CD Vater unser de Clematis et Paulin Bündgen chez Ricercar

_ avec la présence de Jérôme Lejeune à la viole ténor au sein de l’ensemble instrumental ! _,

sur le très bon site Res Musica,

et sous la plume de Cécile Glaenzer :

Vater unser, German sacred cantatas.

Johann Hermann Schein (1586-1630), Samuel Eccard (1553-1611), David Pohle (1624-1695), Franz Tunder (1614-1667), Johann Fischer (1646-1716), Johann Wolfgang Franck (1644-1710), Johann Christoph Bach (1642-1703), Georg Böhm (1661-1733), Johann Theile (1646-1724), Johann Michael Bach (1648-1694), Johann Rudolph Ahle (1625-1673), Heinrich Schwemmer (1621-1696).

Paulin Bündgen, contre-ténor.

Ensemble Clematis.

1 CD Ricercar.

Enregistré à Centeilles en octobre 2017.

Durée 1:19:46

Vater-Unser-Clematis-Paulin-BündgenLe label Ricercar revient à ses premières amours avec ce programme de musique sacrée allemande de la deuxième moitié du XVIIe siècle. L’ensemble belge Clematis nous propose ici la découverte d’un pan trop méconnu de ce répertoire, qui fait la part belle au dialogue _ voilà _ entre la voix d’alto de Paulin Bündgen et les instruments.

La plupart des œuvres de ce programme proviennent de manuscrits conservés dans la collection Düben à Uppsala, qui contient de véritables pépites méritant d’être mises en avant _ c’est sur ce point pas assez connu-là que je mettais aussi l’accent ; et ils furent plusieurs membres de la famille Düben à se succéder à la cour de Suède. Nous avons là une génération de compositeurs _ allemands _ très influencés par l’Italie et l’opéra, dans le sillage de Schütz _ et aussi de Buxtehude _, mais aussi pour certains par la France _ mais oui ! _, comme Johann Caspar Fischer _ un compositeur passionnant (1656 – 1746) ; cf le superbe CD Uranie que lui a consacré, au clavecin et à l’orgue, mon amie Elisabeth Joyé (CD Encelade ECL 1402), en 2016 _ qui séjourna à Paris en tant que copiste au service de Lully _ et n’oublions pas non plus le séjour (et la mort, en 1650) de Descartes à la cour de la reine Christine ; Descartes y participant à la réalisation de ballets de cour !

Si le fil conducteur de tout ce répertoire est bien sûr _ comme l’indique le titre même choisi pour ce CD _ le choral luthérien, son traitement instrumental _ oui ! un merveilleux dialogue, en effet ! _ se développe avec une étonnante _ et bienheureuse, joyeuse _ liberté, tant dans l’ornementation _ oui _ que dans le choix des formes (sinfonia, ritornello, sonata …). Ce programme fait _ très _ judicieusement alterner _ lui aussi : en dialogue _ pièces instrumentales et cantates pour alto solo de formes variées : lieder strophiques, lamentos, concerts spirituels… La caractéristique commune de toutes ces pièces vocales est le rôle primordial _ et il faut en effet bien le souligner, en effet ! _ qu’elles donnent aux instruments, offrant un véritable dialogue _ voilà ! _ entre les cordes et la voix.

Le leitmotiv du choral Vater unser, qui donne son titre au CD, revient trois fois dans le programme en trois versions instrumentales _ oui. La dernière est due  à Georg Böhm, dans une transcription de son choral orné pour orgue, où le violon s’empare du thème richement ornementé. Stéphanie de Failly, premier violon et fondatrice de l’ensemble Clematis, y fait merveille _ oui. Bel exemple d’aller-retour entre l’Allemagne et l’Italie, le Salve Regina du papiste Rovetta qui devient Salve mi Jesu sous la signature de Franz Tunder, comme J.S. Bach le fera avec le Stabat Mater de Pergolèse transformé en motet luthérien. On retrouve toutes les caractéristiques de la cantate dans le motet Herr, wer ich nur dich habe de David Pohle (avec les cordes qui imitent le tremblant de l’orgue) et dans le grand Weil Jesu in meinem Sinn de Johann Wolfgang Franck. Mais le chef d’œuvre absolu _ oui !!! _ est le célèbre lamento Ach dass ich Wasser g’nug hätte de Johann Christoph Bach, tant admiré par son cousin Johann Sebastian _ oui. Le premier violon y dialogue admirablement _ oui _ avec la voix d’alto, dans une intensité dramatique qui nous donne à voir _  mais oui _ couler les larmes du pécheur dans des effets descriptifs incomparables qui collent au sens des paroles _ absolument. Le contre-ténor Paulin Bündgen y est magistral _ oui !!! _, comme tout au long de ce programme. Sa voix souple épouse parfaitement _ oui _ toutes les nuances du texte et nous élève _ voilà _ vers une spiritualité intemporelle _ soit l’éternité même : c’est parfaitement relevé.

Jérôme Lejeune, fondateur du label Ricercar, tient lui-même la partie de viole ténor au sein de Clematis _ c’est, bien sûr, à relever ! _ et nous fait bénéficier de sa grande érudition _ mais oui, comme chaque fois !!! Lumineuse ! _ dans le texte du livret qui nous éclaire _ superbement _ sur ses choix musicaux.

Un merveilleux moment de musique,

vous disais-je ce 12 juillet dernier,

de ce sublime CD Ricercar Vater unser _ German sacred santatas


Ce dimanche 7 octobre 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa

 

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