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De nouvelles découvertes en poursuivant mon enquête autour du legs discographique du magnifique Lars Vogt (1970 – 2022)…

08juil

Au fur et à mesure de mes recherches autour du legs discographique _ et autre… _ du merveilleux Lars Vogt (Düren, 8 septembre 1970 – Erlangen, 5 septembre 2022) _ cf, notamment, mon article d’hier 7 juillet : « «  _,

s’égrènent, en forme de merveilleux cadeaux musicaux, de superbes découvertes-cadeaux inattendues :

non seulement, comme en l’article de la veille _ «  » _, la vidéo _ d’une durée de 6′ 11 _, de l’incident d’un mémorable « page-turning disaster » lors d’un concert de Lars Vogt et Christian Tetzlaff, à la Sendesaal de Brême avec l’intervention de la merveilleuse Anna Reszniak en tourneuse de pages de luxe ; Anna Reszniack étant aussi l’épouse de Lars Vogt… _, lors de l’interprétation du Scherzo composé par Johannes Brahms pour la fameuse « F.A.E. Sonate«  WoO 2, de 1853, dédiée à Joseph Joachim (dont les 4 mouvements sont l’œuvre d’Albert Dietrich, pour le premier, Robert Schumann, pour le second et le quatrième, et Johannes Brahms, pour le troisième,

mais aussi et encore, comme rapporté en cet article d’hier 7 juillet, la vidéo _ d’une durée de 5′ 42 _, de la « Letzter Soloauftritt von Lars Vogt bei SPANNUNGEN , soit l’interprétation _ pour son ultime réalisation de soliste au piano en concert (en un bis)… _ par  Lars Vogt _ en son Festival Spannungen, à Heimbach, le 24 juin 2022, en forme d’adieu, en tant que soliste au piano, au public aimé et fidèle de son cher Festival Spannungen _, de ce chef d’œuvre sublimissime et bouleversant qu’est l’Intermezzo n°1 de l’Opus 117  de Johannes Brahms ;

deux jours plus tard, pour la soirée de l’AbschlussKonzert, du 26 juin 2022, Lars Vogt tenait (et comment !) la partie de piano du Quatuor à cordes avec piano n°3 Op. 60 de Johannes Brahms, en forme de second sublime adieu de sa part, en chambriste cette fois _ avec le violon de Christian Tetzlaff, l’alto de Barbara Buntrock, et le violoncelle de Tanja Tetzlaff, ce dernier soir de concert à Heimbach, pour lui… _, à son merveilleux Spannungen Festival annuel _ une semaine de chaque mois de juin _, créé par lui 22 ans plus tôt, en 1998 _ pas de vidéo (ni ce CD) disponible de cet ultime concert à Heimbach, hélas jusqu’ici ;

mais je dispose toutefois d’une interprétation de ce Quatuor avec piano Op. 60, en ut mineur, de Brahms avec Lars Vogt au piano, et Antje Weithaas au violon, Kim Kashkashian à l’alto et Boris Pergamenschikow au violoncelle, enregistré live à Heimbach le 12 juin 1999, présent (c’est le CD n°7) dans le magique coffret « Spannungen : Musik im Kraftwerk Heimbach – Limited Edition – Kammermusik – Chamber Music«  de 14 CDs Avi Music 8553100 ; cf mon article du 14 novembre 2009 : « « 

Et voici que je je découvre encore ce que mon inattention m’avait jusqu’ici empêché de percevoir :

ainsi un CD « Schumann & Strauss : Melodramas » _ le CD Avi 8553204, sorti le 4 février 2022… _  de Lars Vogt au piano, avec sa fille Isabelle Vogt, narratrice, dans

_ de Robert Schumann, deux Ballades, le « Ballet of a Moorland Boy« , Op. 122 n°1, et « The Fugitives« , Op. 122 n°2 (publiées ensemble par Robert Schumann en 1853) ;

_ et, de Richard Strauss, « Enoch Arden« , Op. 38 (publié par Richard Strauss en 1897),

un CD paru pour le label Avi Music, le 4 février 2022, d’après des prises live en concert _ voir cette vidéo (de 2′ 35) _, aux sessions de 2017 et 2020 du Festival Spannungen à Heimbach

En forme de passage de témoin _ et partage ! _ de Lars Vogt, père musicien, à sa fille Isabelle, comédienne…

À suivre, pour de nouvelles découvertes « en cherchant bien » _ c’est-à-dire, encore et toujours, mieux…

Ce samedi 8 juillet 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

En continuant l’exploration du legs discographique du merveilleux Lars Vogt (1970 – 2022) : le stupéfiant CD « Schumann Violin Sonatas » de Lars Vogt et Christian Tetzlaff, paru au mois de septembre 2013…

06juil

En poursuivan l’élan d’enthousiasme _ et de curiosité _ de mon article du 28 juin dernier « « ,

je me suis très vite aperçu que dans ma collection personnelle des CDs Ondine de Lars Vogt _ qui sont au nombre de 15 à avoir été enregistrés, entre la séance première du 27 juin 2011, à Brême (pour les deux premiers parus pour le label Ondine, les CDs Ondine ODE 1204-2 (Mozart) et ODE 1205-2 (Schumann), et la dernière séance du 5 novembre 2021, à Paris (pour le tout dernier paru pour le label Ondine, le CD Ondine ODE (Mendelssohn)… _manquaient encore _ sur les 17 CDs Ondine de Lars Vogt parus _ les deux premiers enregistrés par Lars Vogt _ avec Christian Tetzlaff, les deux _ pour le label Ondine.

Soient le CD des « Sonatas for Piano and Violin » de Mozart (ODE 124-2), ainsi que le CD des « Violin Sonatas » de Schumann (ODE 125-2),

qui ont été _ et je m’en suis tout de suite avisé _ enregistrés ensemble, mais toutefois _ et pour des raisons que j’ignore _ en deux temps, à Brême :

une première session avec la sonate K. 454 de Mozart et la sonate n°2 , Op. 121, de Schumann) s’est en effet déroulée du 27 au 30 juin 2011 ;

puis une seconde session avec les sonates K. 379 et K. 526 de Mozart et les sonates n°1, Op. 105 et n°3, WoO 2, de Schumann s’est déroulée du 23 au 25 avril 2012 _ ces enregistements de 2011 et 2012 étant parus en 2 CDs séparés, l’un, le CD Mozart ODE 1204-2, au mois d’octobre 2012, et l’autre, le CD Schumann ODE 1205-2, au mois de septembre 2013.

Aujourd’hui,

je désire simplement me faire d’abord l’écho de l’enchantement très vif éprouvé immédiatement à l’écoute de ce CD Schumann ODE 1205-2 _ paru, donc, au mois de septembre 2013, mais qui avait jusqu’ici échappé à mon  attention…

Lars Vogt et Christian Tetzlaff y sont tout simplement _ et pour l’éternité _ merveilleux !

 

Avec, pour le plaisir d’en partager ici l’écoute,

ce podcast (d’une durée de 13′ 35) du « I. Ziemlich lang sam – lebhaft« , de la Sonate pour violon n°2, Op. 121, de Robert Schumann, mis en ligne par Ondine le 24 septembre 2013 ;

suivi de ce podcast (de 5’18) du « III. Leise, einfach » de cette même Sonate n°2, Op. 121 ;

ainsi que ce podcast (d’une durée de 7′ 12) du « I. Ziemlich langsam – lebhaft » de la Sonate n°3 WoO 2 ;

suivi de ce podcast (de 2′ 23) du « II. Intermezzo: Bewegt, doch nicht zu schnell » de cette même Sonate n°3 Wo02 ;

et ce podcast (de 6′ 47) du « IV. Finale: Markirtes, ziemlich lebhaftes Tempo » de cette même Sonate n°3 WoO2.

Et avec aussi,

mais cette fois seulement pour l’anecdote,

cette vidéo _ d’une durée de 6′ 11 _, de l’incident d’un mémorable « page-turning disaster » lors d’un concert de Lars Vogt et Christian Tetzlaff, à la Sendesaal de Brême avec l’intervention de la merveilleuse Anna Reszniak en tourneuse de pages de luxe ; Anna Reszniack étant aussi l’épouse de Lars Vogt… _, lors de l’interprétation du Scherzo composé par Johannes Brahms pour la fameuse « F.A.E. Sonate«  WoO 2 dédiée à Joseph Joachim (dont les 4 mouvements sont l’œuvre d’Albert Dietrich, pour le premier, Robert Schumann, pour le second et le quatrième, et Johannes Brahms, pour le troisième

_ cette « F.A.E. Sonate«  fut interprétée pour la première fois au domicile de Robert et Clara Schumann le 28 octobre 1853, par Clara Schumann au piano et Joseph Joachim, au violon ; et à ces deux mouvements pour cette « F.A.E. Sonate«  offerte à Joseph Joachim, Robert Schumann en a très vite adjoint deux autres, formant cette désormais cataloguée « Sonate n°3 WoO 2«  de Robert Schumann, qui fut achevée de composer dès le 1er novembre 1853 ; mais qui, un peu étrangement, n’a pas été retenue dans le catalogue des œuvres de Robert Schumann réalisé conjointement par Clara Schumann et Johannes Brahms ;

de fait, cette Sonate pour violon et piano n°3 de Robert Schumann, cataloguée désormais sous l’appellation de « Sonate n°3 WoO 2« , n’a été que très tardivement publiée : en 1956…

Quant au Scherzo de Brahms formant le troisième mouvement de l’initiale « F.A.E. Sonate » composée pour Joseph Joachim en 1853, il figure bien, en conclusion, à la toute dernière plage, la plage n° 11, du merveilleux CD Ondine ODE 1284-2 « Brahms The Violin Sonatas«  de Christian Tetzlaff et Lars Vogt, enregistré à la Sendesaal de Brême du 24 au 26 août 2015 ; mais ce podcast-ci de ce CD Ondine ODE 1284-2 ne comporte hélas pas ce Scherzo du 3ème mouvement de la « F.A.E. Sonate« , qui conclut pourtant le CD Ondine ODE 1284-2 pour accéder ici à ce Scherzo de Brahms interprété par Christian Tetzlaff et Lars Vogt, il faut donc se reporter à la vidéo de la conclusion du concert donné par les mêmes Christian Tetzlaff et Lars Vogt au mois d’octobre 2015, également à la Sendesaal de Brême, avec la violoniste et chef d’orchestre Anna Reszniak en tourneuse de page de luxe : un bien précieux document-vidéo…

 

Ce jeudi 6 juillet 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

La compositrice Graciane Finzi à l’honneur à l’Atelier du Théâtre National de Bordeaux-Aquitaine, pour un passionnant concert de sa musique par de brillants élèves du Conservatoire de Bordeaux Jacques Thibaud…

30juin

C’est pour aller écouter ma petite-fille Alma-Flore (âgée 11 ans) jouer « On frappe à la porte«  _ une œuvre pour harpe solo composée en 2000 par Graciane Finzi (née à Casablanca, 10 juillet 1945) pour sa petite-fille (née le 7 septembre 1995, et devenue, depuis, une excellente harpiste…), et interprétée sur cette vidéo, à Lorient, le 9 mai 2022, pour de précédentes master-classes... _, que je me suis rendu, hier soir, vendredi 29 juin, à un concert donné par des élèves du Conservatoire qui avaient très soigneusement travaillé _ avec leurs différents professeurs d’instruments (ou de voix), et, à l’occasion, sur la supervision de la compositrice elle-même, venue pour de telles master-classes à Bordeaux… _ les œuvres de Graciane Finzi, à l’Atelier du TnBA de Bordeaux,

et y ai découvert le superbe univers musical de cette compositrice contemporaine, Graciane Finzi, dont j’ignorais tout jusqu’ici…

Outre ce « On frappe à la porte » pour harpe solo, de 2000, d’une durée d’environ 3′ _ splendidement interprété hier soir par Alma-Flore Lepetit, donc ; et très loin d’un simple déchiffrage a-musical ici… _,

le programme de ce passionnant et très émouvant concert, très vivant, en conclusion très réussie des Master-classes avec la compositrice Graciane Finzi en personne,

était constitué des œuvres suivantes, très variées, de Graciane Finzi :

_ « On frappe à la porte« , de 2000, pour harpe seule, (d’une durée d’environ 3′)

par Alma-Flore Lepetit, harpe 

_ « La Confusion des sentiments et des idées« , de 2022, pour flûte et harpe (d’une durée d’environ 5′),

par Cécile Bernard, flûte, et Sirine Amarouche, harpe

_ « Nikkai« , de 2021, pour soprano et harpe (d’une durée d’environ 7′)

par Marie-France Koua, voix, et Elisa Balsamo, harpe

_ « Going up and down« , de 2020, pour violon et saxophone soprano (d’une durée d’environ 6′)

par Julie Boissel-Trunde, violon, et Margaux Lefebvre, saxophone soprano

_ « Winternacht« , de 2018, pour violon et piano, d’après la 3e Sonate de Johannes Brahms (d’une durée d’environ 19′) _ probablement l’acmé musical de ce très beau concert ; et une œuvre disponible, interprétée par Laurent Wagschal, piano, et Agnès Pyka, violon, sur le CD « Brahms aujourd’hui« , avec aussi des œuvres de Nicolas Bacri et Philippe Hersant, un CD Klarthe paru en février 2021 : Allegro ; Adagio ; Cantabile ; Presto (cliquer pour écouter les 4 podcasts, respectivement de 5′ 27 ; 4′ 15 ; 5′ 36 ; et 5′ 35) ; cf aussi le commentaire qu’en a donné Jean Jordy, sur le site utmisol. fr :

« L’œuvre de Graciane Finzi Winternacht s’inspire de la Troisième Sonate (1888) _ de Brahms _ par sa structure même en quatre mouvements et sa longueur. Elle s’ouvre Allegro par quelques mesures exacerbées précédant une ample plage mélodique que se partagent les deux instruments : tout ici se meut, avec intensité, voire gravité. L’Adagio et l’admirable Cantabile déploient une texture fluide, fine, quasi immatérielle où vibrent des sons étranges, des reflets irisés, des frissons en allés. Le Presto final confirme que la compositrice a relevé le défi, non en déjouant Brahms, mais en se confrontant à lui » _

par Gwenaëlle Burel et Kilian Mondot, piano, Julie Boissel-Trunde, Anggraini Tumino et Marie Morelle, violon 

_ »Les Jardins du possible« , de 2022, des mélodies pour voix moyennes et piano, sur des poèmes de Dominique Sampiero

par Annie Suck Gao, Lauriane Mathet, Margaux Vannicatte et Samuel Rouveure, voix, et Nicolas Contamine, Daiki Abe et Maximilien Wang, piano

_ et « Siguiriya« , de 2022, pour un ensemble de cordes _ au nombre ici de 24 : je les ai comptés, et en très grande majorité des violons… _ (d’une durée d’environ 11′), en guise de feu d’artifices final, très réussi, de ce magnifique concert,

par le Labo Violons du Conservatoire…

Un grand bravo aux interprètes, très engagés en leur interprétation, et à leurs professeurs, qui les ont fait travailler _ et très bien préparés _, avec tant de justesse et efficacité musicales : ce qui est bien l’essentiel d’une vraie formation musicienne…

Graciane Finzi,

une compositrice qui assurément retiendra désormais ma curiosité et mon oreille…

Ce vendredi 30 juin 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Et écouter le grand Christian Tetzlaff dans le « Concerto à la mémoire d’un ange » de Gustav Mahler…

09fév

Parmi les violonistes absolument majeurs d’aujourd’hui : Christian Tetzlaff _ Hambourg, 23 avril 1966.

Qui vient de nous donner, au CD _ le CD Ondine ODE 1410-2, avec le chef Robin Ticciati dirigeant le Deutsches Symphony-Orchester Berlin, en un enregistrement au Studio Nalepastrasse à Berlin, les 28 et 29 septembre 2021 _, une interprétation sublimissime de justesse _ d’incarnation (dénuée du moindre larmoyant pathos ou de kitsch) des sentiments abyssaux qui s’y expriment... _ du sublimissime Concerto pour violon « À la mémoire d’un ange«  (de 1935 _ l’œuvre est achevée le 12 août _) d’Alban Berg (Vienne, 9 février 1885 – Vienne, 24 décembre 1935) dont voici ici de quoi écouter et l’Andante – Allegretto (de 11’12), et l’Allegro – Adagio (de 15’19)… _ ;

que Christian Tetzlaff a tenu tout spécialement à coupler ici _ et il s’en explique en détails en une passionnante présentation, de sa plume, en tête de la notice, aux pages 3 à 6, en anglais, et 14 à 17, en allemand, du livret (sans traduction hélas en français !) : l’œuvre de Brahms, en 1878, constituant ici un rien moins qu’un contrepoint au chef d’œuvre testamentaire de Berg, en 1935 : pour Christian Tetzlaff, en effet, « ce morceau est un regard rétrospectif sur sa vie«  _ au Concerto pour violon Op. 77 (de 1878) de Johannes Brahms (Hambourg, 7 mai 1833 – Vienne, 3 avril 1897).

C’est donc le Berg, tout de sobriété tendue et tendre, qui constitue la pièce majeure _ et indispensable ! _ de cet admirable stupéfiant CD, 

à propos duquel j’ai trouvé bien peu de commentaires en français jusqu’ici, sinon ce « Vie et mort » de Jean-Charles Hoffelé, sur son site Discophilia, en date du 29 septembre 2022 :

VIE ET MORT

Le couplage n’est pas si courant – les violonistes ont préféré dans la discographie récente mesurer Berg à l’aune de Beethoven – mais pourtant absolument évident, Brahms refermant avec son Concerto en 1878 l’âge d’or du violon romantique, Alban Berg infusant dans la même Vienne cinquante-cinq années plus tard la musique d’une autre planète _ d’éternité, cette fois, par un adieu rétrospectif à la vie.

Robin Ticciati fouette l’orchestre de Brahms, l’allège et l’envole, l’archet de Christian Tetzlaff faisant assaut de fantaisie, d’une liberté d’accents, d’une alacrité rythmique qui resserrent l’Allegro, piaffe un Finale irrésistible et change drastiquement le visage de l’Adagio, pris andante, et animé dans chaque détail, ajoutant une fluidité à son ton de pastorale ; l’ensemble offre une lecture d’une prodigieuse vitalité.

Le même allégement sauve le Concerto de Berg de tout malhérisme _ probablement _, l’éclaire même dans la furia de l’Allegro, une quasi danse des morts d’une précision aveuglante ; les transparences de l’orchestre, la mobilité expressive du soliste, la fusion fulgurante _ oui, en sa sobriété d’émotions contenues à la limite de l’impossible _ de l’ensemble étonnent _ et stupéfient _ dès l’entre chien et loup de l’Andante _ parfaitement…

La coda atteint au sublime _ oui ! nous y voici… _, détachement aérien, violon flûtant à la chanterelle, l’orchestre ouvrant et refermant le bref arc-en-ciel. Magique musique de l’au-delà _ oui, oui, oui, d’une étreignante profondeur en sa sobriété, loin de tout dolorisme auto-complaisant et mielleux… _ assurément une des versions majeures _ que oui ! _ d’une œuvre que tous les violonistes ont à cœur d’enregistrer. L’analyse et les notes d’intention du violoniste sur le Concerto de Berg _ sur lequel le couplage de ce CD est en effet focalisé _ sont _ absolument !!! _ passionnantes.

LE DISQUE DU JOUR

Johannes Brahms(1833-1897)
Concerto pour violon et orchestre en ré majeur, Op. 77


Alban Berg(1885-1935)
Concerto pour violon et orchestre « À la mémoire d’un ange »

Christian Tetzlaff, violon
Deutsches Symphonie-Orchester Berlin
Robin Ticciati, direction

Un album du label Ondine ODE14102

Photo à la une : le violoniste Christian Tetzlaff – Photo : © Giorgia Bertazzi

Une réalisation majeure, donc, de ce musicien si magnifiquement intelligent et merveilleusement sensible qu’est Christian Tetzlaff !
Un must !

Ce jeudi 9 février 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Découvrir et savourer enfin Valentin Silvestrov par le piano de Boris Berman, en un double CD du Palais des Dégustateurs _ du cher Eric Rouyer…

22nov

Cela fait déjà quelque temps que j’ai reçu l’envoi du cher Éric Rouyer du « Valentin Silvestrov Boris Berman« , soit le double CD PDD030 du Palais des Dégustateurs, sans avoir osé, jusqu’ici , seulement l’écouter une première fois :

tant me retenait l’intuition d’avoir à faire là l’expérience de découvrir rien moins qu’un continent majeur de la création musicale contemporaine ;

au milieu de diverses activités prenantes qui ne me laissaient pas assez, à mon goût, le loisir de m’y prêter avec assez de la disponibilité qui m’apparaissait nécessaire pour une parfaite qualité d’écoute-découverte assez respectueuse de ce que j’allais ainsi enfin rencontrer…

Et de fait, je continue d’attendre encore un peu d’obtenir enfin cette qualité de pleine disponibilité pour recevoir comme il le faut pareille fête rare de découverte…

Mais voici qu’un tout récent article de ResMusica, en date du 18 novembre dernier, et sous la plume de Jean-Luc Caron, en l’espèce d’un article intitulé « Le piano de Boris Berman à découvrir et savourer dans Silvestrov et Brahms« , vient un peu débroussailler mes approches de ce terrain, de cette fête musicale à venir très prochainement.

Enfin ! Il aura fallu attendre si longtemps pour que l’art du pianiste russe Boris Berman soit dignement présenté _ en concert du moins, car en CDs, Éric Rouyer s’y est déjà fort bien employé… _ en France.

Après le concert mémorable offert au public de la salle Cortot à Paris le 22 octobre dernier, le Palais des Dégustateurs nous propose deux enregistrements à ne manquer sous aucun prétexte tant l’artiste nous y dévoile ses interprétations solides, sincères et brillantes consacrées à Johannes Brahms et à Valentin Silvestrov. Deux univers dissemblables mais réconfortants lorsque l’on songe combien chaque créateur peut et doit trouver sa place dans le cœur des mélomanes de tous bords.

Le volume consacré à Brahms se situe autour de la variation. Thème avec Variations, un arrangement du deuxième mouvement du Sextuor à cordes op. 18 (1860) du natif de Hambourg, offert à son impossible amour Clara Schumann, est parfaitement décortiqué par Berman qui garde le cap entre la rigoureuse lecture respectueuse et les intonations personnelles, amplifiant le charme du discours. La dextérité technique du pianiste et sa recherche d’une vision ou d’un supplément d’âme le positionne parmi les interprètes les plus précieux. Pas question cependant de sombrer dans quelque pathos inadéquat comme le démontre son extraordinaire vélocité dans les Variations sur un thème original et les Variations sur un thème hongrois (qui au passage n’en est pas un) parties de l’opus 21 composé en 1857. Il y révèle sa maîtrise de l’architecture, de l’enchaînement et du raffinement, qualités que l’on retrouve logiquement dans un arrangement pour la main gauche de la fameuse Chaconne en mineur de Jean-Sébastien Bach. La séance s’achève avec l’Allegro con espressione (dit Albumblatt) datant du tout début de la carrière de Brahms où se perçoit déjà son habileté à se singulariser entre une écriture ferme et l’expression d’une émotion non masquée.

Le double CD consacré à l’œuvre pour piano seul de l’Ukrainien Valentin Silvestrov, 85 ans, et récemment exilé en Allemagne en raison de la guerre russo-ukrainienne, consacre un catalogue, somme toute hétérogène au regard de l’évolution stylistique générale mais parfaitement justifiable si l’on considère chaque œuvre individuellement. A l’instar de nombre de ses contemporains, Silvestrov a initialement composé des pièces avant-gardistes avant d’évoluer peu à peu vers une manière de néoromantisme pour atteindre finalement un langage dépouillé mais puissamment riche en suggestions et réflexions. Boris Berman qui connait personnellement Silvestrov et qui a travaillé avec lui les pièces de cet album a bénéficié de ses commentaires et souhaits.

Le dernier opus composé à Berlin en mars 2022 a été travaillé en présence du compositeur et créé par Boris Berman tout récemment. Les Trois Pièces qui le composent, Elégie, Chaconne et Pastoral, illustrent parfaitement la dernière manière de Valentin Silvestrov.

Une pièce antérieure datant de 1977, et baptisée Kitsch-Music, affiche un franc attachement aux grandes lignes de l’histoire classico-romantique, tonale et euphonique qui ont illustré le XIXe siècle occidental principalement. C’est tout simplement beau et l’émotion et les sentiments l’emportent sur les considérations novatrices.

En remontant encore dans le temps, des pièces comme Triade (1962) et Elegy (1967) confirment une certaine sécheresse, un rejet de la consonnance et une volonté assumée de refouler l’héritage d’un passé lointain.

Entre ces extrêmes esthétiques, Silvestrov a exploré un certain entre-deux beaucoup plus expressif et sage, mais néanmoins d’immense qualité avec sa Sonate 1 (1975) et sa Sonate 2 (1977). Elles recèlent de magnifiques et individuelles pages.

Un tel parcours, on l’a dit, concerne d’innombrables compositeurs issus de toutes les latitudes.

Boris Berman, à n’en point douter, avec son jeu solidement teinté de perspicaces nuances, défend merveilleusement et généreusement ce parcours exceptionnel, qui, on peut l’espérer, devrait éveiller l’intérêt de nombreux mélomanes curieux.

Johannes Brahms (1833-1897) :

Thème avec variations (arrangement du Sextuor à cordes op. 18, mouvement I) ; Variations sur un thème original op. 21 n° 1 ; Variations sur une chanson hongroise op. 21 n° 3 ; Chaconne de J.S. Bach, arrangée pour la main gauche seule ; Allegro con espressione (« Albumblatt »). Boris Berman, piano. 1 CD Palais des Dégustateurs. Enregistré au Couvent des Jacobins, Beaune (France) du 5 au 7 décembre 2021. Notice en français et anglais. Durée : 56:55

Valentin Silvestrov (né en 1937) :

Triade ; Elegy ; Sonate n° 2 (CD 1) ; Kitsch-Music ; Postludium op. 5 : Cinq Pièces op. 306 ; Trois Pièces (CD 2). Boris Berman, piano. 2 CD Palais des Dégustateurs. Enregistrés du 6 au 9 juin 2022 au Couvent des Jacobins, Beaune (France). Notice en français et anglais. Durée totale : 103:27

Une approche un peu trop factuelle et un peu trop sèche à mon goût ; et qui ne risque pas d’influencer ma découverte-écoute à venir…

Mais c’est du moins, et au moins, comme un appel à oser enfin pareille découverte-écoute de ce continent Silvestrov…

Ce mardi 22 novembre 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

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