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Lectures et relectures de l’interrogation sur les tensions entre filiations et affinités dans le feuilletage de son identité personnelle, entre francité et judéité, de François Noudelmann en son passionnant « Les enfants de Cadillac »…

29mai

Au terme d’une riche semaine de lectures et relectures du « Les enfants de Cadillac« de François Noudelmann, qui vient de paraître tout récemment en collection de poche Folio,

voici la série de liens aux 7 articles que je viens de consacrer ce mois de mai à ce passionnant travail de recherche et de méditation sur le feuilletage complexe de la propre identité personnelle de François Noudelmann, eu égard aux tensions entre ses filiations _ et désaffiliations _ à son père et à son grand-père paternel, eux-mêmes pris entre leur désir profond et éperdu de « francité« , et leurs efforts pour mettre aussi un peu à distance la « judéité » de leurs racines familiales, dans le choc des tourmentes de l’Histoire _ européenne, principalement _ de ces derniers siècles surtout… :

_ dimanche 21 mai : « « 

_ lundi 22 mai : « « 

_ mardi 23 mai :  « « 

_ mercredi 24 mai : « « 

_ jeudi 25 mai : « « 

_ vendredi 26 mai : « « 

_ et samedi 27 mai : « « 

Bonnes et fécondes lectures

et re-lectures…

Ce lundi de Pentecôte, 29 mai 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Assumer sa francité et sa judéité, depuis son installation outre-Atlantique, à New-York, désormais : le beau devenir freudien de François Noudelmann « prenant de l’âge » sur la question des « feuilletages » de l’identité..

26mai

Ce vendredi 26 mai,

je poursuis l’élan des commentaires de ma lecture du si prenant « Les enfants de Cadillac » de François Noudelmann, à la suite de mes 5 articles précédents :

_ du dimanche 21 mai : « « 

_ lundi 22 mai : « « 

_ mardi 23 mai :  « « 

_ mercredi 24 mai : « « 

_ et du jeudi 25 mai : «  « 

En effet, toute la fin du récit, de la page 193 à la fin, page 234, est une méditation très fine sur ce que finissent par constituer, pour François Noudelmann, au présent de son récit, c’est-à-dire en 2020, ce qu’il nomme, en les repensant, sa « francité » _ « comme un millefeuilles« , dit-il, page 194… _ et sa « judéité » _ « elle aussi, pour beaucoup, un feuilleté d’appartenances qui se déclarent sans être verbalisées, ou par des langages indirects«  _, ainsi que leur _ assez complexe, enchevêtrée… _ hiérarchie pour lui…

Alors qu’il réside désormais outre-Atlantique, à New-York, probablement depuis 2019 qu’il a décidé de complètement « s’y installer« , plutôt que faire d’incessants allers-retours depuis ce qui était son domicile parisien _ François Noudelmann, qui a appris très vite le nomadisme, a beaucoup déménagé, en sa vie : « En résidant souvent « ailleurs », j’ai poursuivi le relativisme de mon enfance lorsque, passant d’une maison à une autre et d’une ville à une autre, je changeais de culture, apprenant qu’ici on dîne à telle heure, que là on parle doucement, ou que là-bas on ne mélange pas telle ou telle couleur. Avoir eu des parents qui se sont mariés chacun trois fois, sans compter leurs relations officieuses, explique peut-être mon instabilité sentimentale _ ah ! Je glisse, je fuis, j’étouffe lorsque je demeure trop longtemps. Je connais la joie de partir rien dans les poches, de ne pas être lesté, de ne maintenir les relations et les lieux que par choix et non par habitude. (…) De fait je suis étonné par la difficulté, et souvent l’impossibilité de certains à changer de vie, d’époux ou d’épouse, de métier, de pays, attachés qu’ils sont à leurs amis d’enfance, à leur maison de famille ou à leur carrière. (…) Ma disponibilité à partir, ou peut-être cette névrose _ _, n’est sans doute pas étrangère à la vie de ceux _ Chaïm, Albert _ qui ont porté mon nom. Elle confirme probablementent la légende de l’errance juive, avec sa réalité et son imaginaire (…) Le déplacement à travers des mondes, l’acceptation pluraliste de leurs différences, la transformation de soi au gré des voyages me semblent des modalités de l’existence juive, partagées au-delà de toute communauté par nombre d’exilés. Être dedans et dehors, convertir le sentiment de « ne pas en être » en désir d’être temporairement quelqu’un d’autre, se sentir japonais, catalan ou martiniquais, se rendre perméable à l’inconnuu, vivre hors de soi _ cf son « Hors de moi« , paru en 2006 aux Editions Léo Scheer _, être dérouté par des affinités imprévisibles, ainsi vont les errants, juifs ou non« , confie-t-il magnifiquement pages 215-216… _ ; et que, de plus, il vient de faire le voyage de Cadillac afin d’être présent à la cérémonie d’inauguration, à laquelle il a été invité en tant que petit-fils de Chaïm Noudelmann, interné à Cadillac depuis la fin décembre 1929, comme « fou«  incurable, et décédé (mort de faim, sous le régime de Vichy) le 21 mars 1941, et inhumé là dans le carré des fous, qui venait d’être rénové :

« Parti _ de France, de Paris _ pour une durée indéterminée, peut-être définitive, j’avais abandonné jusqu’à la responsabilité d’honorer, ou plus simplement de nettoyer, la tombe commune de ma grand-mère _ « dans le carré juif du cimetière de Bagneux« , a-t-on lu page 53 _, et voilà que je suis invité dans le cimetière français qui avait retrouvé trace de mon grand-père Chaïm. (…) Ce fut donc pour assister à la rénovation d’un cimetière abandonné que je revins _ »le 19 septembre 2020″, précisément, apprend-on page 224 _ sur les traces funéraires de mon fou grand-paternel« , page 223 ; et, ruminant ce jour-là « à la terrasse d’un des cafés de Cadillac qui entourent la mairie » (page 228), le petit-fils de Chaïm se dit alors (page 229) :

« Le sacrifice de Chaïm m’oblige à l’égard de la France _ pour laquelle celui-ci, Chaïm, encore officiellement étranger, de nationalité « russe« , en 1914, s’engagea, et devint, gazé au gaz moutarde sur le front, irréversiblement un « fou de guerre«  … _ et il ranime étrangement ma fidélité _ un mot assez important… _ : résidant _ désormais _ hors du territoire national _ à New-York _, je connais _ en cette année 2020 qui le mène à l’écriture de ce magnifique « Les enfants de Cadillac« …  _ l’amour de loin _ celui d’un autre girondin : le blayais sublime troubadour Jaufré Rudel _ et le plaisir de l’aller-retour d’un amant à double vie » ; mais, François Noudelmann se voit alors devoir admettre le fait que « même si l’histoire de Chaïm n’est pas la mienne, elle se perpétue à travers le nom _ « Noudelmann » _ des pères _ Chaïm, Albert, François… _, que cette transmission soit assumée _ et elle va l’être ici même, par l’écriture de ce livre, par lui, François _, rejetée ou suspendue. Elle a _ ainsi _ ouvert une séquence _ d’Histoire à la fois personnelle et familiale, et plus générale encore… _ qui se prolonge jusqu’à moi et déroule bientôt cent années _ en effet, « Chaïm obtient la nationalité française, par décret du 16 juin 1927« , avons-nous appris à la page 25  _ d’identité française« , convient François Noudelmann, page 229 ;

et il poursuit, page 229 : « Le sens de l’héritage m’apparut alors plus clair« , et justifie ainsi la méditation et retour aux sources de l’entièreté de cet immense et profond grand livre _ que je ne peux décidément pas me résoudre à accepter comme constituant rien qu’un « roman« …

« Inessentiel d’abord , et interchangeable, ce nom juif _ de Noudelmann _ ne joua aucun rôle dans mes choix d’enfant« , commence-t-il par établir, par un effort de récapitulation mémorielle, page 196, de l’articulation en son identité « feuilletée » de ce qu’il nomme sa « francité » et sa « judéité« .

Et, de fait, ce n’est qu’en 2008 que « le cluster antisémite » fut vraiment entendu, pour la première fois, par lui, « dans les agglomérats verbaux que le credo _ politique _ m’avait appris à proférer » en des manifestations auxquelles il participait, se joignait, déclare-t-il page 204.

(…) « Ce ne fut qu’à la fin 2008 que se produisit, pour moi, écrit-il page 207, le choc révélateur, un petit séisme intime _ rien moins ! _ qui instaura _ pour le devenir de fond de sa personne _ un avant et un après _ voilà ! Cet hiver-là, j’habitais dans le XIIIe arrondissement de Paris et souvent d’imposantes manifestations passaient par le boulevard Arago _ c’est au 4 Boulevard Arago que résidait en effet alors François Noudelmann : je l’ai retrouvé noté sur mon agenda d’adresses… (…) Il m’arrivait d’y prendre part, surtout en ces temps de ministère de l’Identité nationale qui rappelait de fâcheux souvenirs, page 207. (…) Par dizaines de milliers, chaque semaine,  des manifestants venaient dénoncer l’intervention disproportionnée de Tsahal et, ce jour-là, je pensais défiler avec les militants de La Paix maintenant, qui soutenaient le principe de « deux peuples, deux États« ..

(…)  _ cependant _, une pulsion de mort se répandait _ à l’imparfait, pas au passé simple ! _ parmi les crieurs de slogans et, sans arriver à en croire nos oreilles, nous entendîmes _ l’ami et lui qui défilaient ensemble, un peu à l’écart, cependant, des groupes du cortège _ distinctement : « Mort aux Juifs ! » Non pas une voix isolée, mais un hurlement collectif et dense. Il n’était pas possible de l’ignorer« , marque-t-il très clairement, page 208.

« Je pensais alors aux Noudelmann et aux Friedmann _ ses frères et sœurs, oncles, tantes et cousins Friedmann : quand elle épousa Chaïm Noudelmann, en avril 1916, deux mois avant la naissance d’Albert Noudelmann, le 24 juin suivant, Marie Schlimper était veuve de Hersch Friedmannn, dont elle avait eu 4 enfants : Jacques, né le 7 novembre 1902, Rachel, née le 25 août 1904, Raymonde, née le 3 avril 1907, et Bernard, j’ignore à quelle date il était né ; de même que j’ignore la date du décès de Hersch Friedmann... _ qui avaient dû porter l’étoile jaune à Paris, où ces mêmes appels au meurtre recouvraient les murs et les vitrines. Je revoyais ma tante _ une belle-sœur de sa mère, côté Friedmann, le plus probablement… _ et mes cousins me montrant le signe de l’infamie _ qu’ils avaient conservé… (…) Leur anxiété ou leur terreur me devinrent soudain plus proches et tangibles », page 209

Page 229, François Noudelmann poursuit sa réflexion sur ce que, lors de sa réflexion à Cadillac, le 19 septembre 2020, au sortir de la cérémonie au cimetière, il vient de nommer « le sens de l’héritage » à la fois juif et français :

« Du moins il me sembla osciller entre deux écueils opposés : d’une part l’orgueil de l’individu qui ne veut pas hériter, qui croit ne tenir que de lui-même _ à la Sartre, en quelque sorte… _ et s’honore d’être libre d’autant plus qu’il ignore les raisons qui le gouvernent. D’autre part, la romance psycho-généalogique de celui qui se pense un « descendant » _ à la Barrès, dirais-je par exemple… _ et qui s’identifie à bon compte aux traumatismes de ses ancêtres. Je suis paradoxalexalement tombé dans le premier piège, héritant du refus d’une famille _ les Noudelmann, Chaïm et Albert _ qui se voulait sans histoire et dans laquelle chacun _ à chaque génération _, pouvait remettre les compteurs à zéro. Programmé pour être _ à mon tour, moi aussi _ sans programme, je vivais comme Chaïm et Albert qui rejetérent leur filiation et leurs coutumes, même celle de la religion à laquelle ils ne croyaient plus et qui aurait pu leur procurer le sentiment d’une solidarité. Plus je prends de l’âge, plus je perçois combien cet affranchissement est présomptueux, et pour le dire ave les mots de la philosophie, je deviens de plus en plus freudien _ voilà ! _, doutant de ce que je crois avoir choisi par moi-même, tout en résistant au second piège de l’héritage »

À suivre…

Ce vendredi 26 mai 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

François Noudelmann questionnant les tensions entre affiliations, d’ailleurs diverses (pas seulement généalogiques), et le jeu contingent des affinités de rencontres, alliances de différences : routes et déroutes d’un homme plus libre… Une première amorce.

23mai

Ce mardi 23 mai,

je poursuis l’approfondissement de mes lectures successives du passionnant et richissime, délicieux « Les enfants de Cadillac« , de cet hyper-fin analyste qu’est décidément, ouvrage après ouvrage, François Noudelmann,

après mon «  » d’avant-hier dimanche 21 mai

et mon «  » d’hier lundi 22 mai,

en en venant maintenant à cerner de plus près le fond philosophique du questionnement crucial du sens de sa vie et son identité plurielle ouverte _ de Français juif aussi ; avec les questions que lui pose l’articulation-tension entre cette francité et cette judéité siennes… ; même si « pour moi, le mot « juif » reste un prédicat, et s’écrit avec une minuscule, à côté de la majuscule qui identifie les noms de peuples« , lit-on page 165 ; et François Noudelmann de préciser alors : « Élevé par un père juif  _ ici aussi un prédicat _ qui s’est toujours marié _ trois fois _ à des femmes non juives, je n’ai pas de judaïté religieuse et n’ai pas reçu d’éducation rituelle, ou du moins se limite-t-elle au fait d’avoir été circoncis à la naissance et de participer à des cérémonies familiales qui se résument à Kippour, aux bar-mitsva et aux kaddish. Les chrétiens baptisés, qui assistent aux communions, aux messes de Noël et d’enterrement, partagent sans doute ce lien culturel _ seulement _ à leurs rites dédivinisés _ voilà. Plus radicalement, l’athéisme confirmé _ c’est clair _ de mon père m’a prévenu _ c’est clair aussi _ contre tous les clergés – rabbins, curés et imams confondus. Il ne me viendrait _ donc _ pas à l’esprit de me penser descendant d’Abraham _ sinon de l’Abraham Noudelmann qui est son arrière-grand-père (de Lithuanie), le père de son grand-père Chaïm _ et au plus lointain de ma parenté je me sens plus proche des premiers primates que des patriarches de la Bible. De là vient que les singes m’émeuvent plus que les grands hommes« , précise-t-il pour commencer, aux pages 165-166... _ de François Noudelmann,

en ce qu’il a donné un peu étrangement _ je persiste donc en cette appréciation… _ l’apparence et la qualification, sous son titre, d’un « roman«  _ peut-être parce qu’il s’autorise, en son magnifique récit-écriture qu’est ce « Les enfants de Cadillac« , à « ventriloquer«  son père, et ainsi lui faire, par une sorte de proposopée à quarante ans de distance du récit enregistré de son père en 1980, développer, creuser, et ainsi révéler, ce que lui n’a pas littéralement dit ou bien ce qu’il entendait alors retenir, voire taire et cacher à son fils, ou bien ce que, à son insu, il refoulait (et ne pouvait en conséquence pas alors dire, n’étant pas en mesure de le penser ni de se le dire déjà à lui-même), en ces pages vibrantes de dialogue poursuivi et splendidement approfondi maintenant avec lui, au présent de cette écriture si vivante, vibrante, de 2020 – François dit bien ici « tu«  à son père ; et le fils, muri, de 2020 dialogue effectivement et superbement avec le père qu’était ce père témoignant en 1980 à son fils de 21 ans –, avec ce que peut apporter, à celui qui rapporte les dix heures de parole de son père en 1980, le recul de l’âge, à quarante années de distance (2020 / 1980), ainsi qu’une forme d’expérience peu à peu acquise, très importante pour l’intelligence la plus lucide de ce réel-là, par le rapporteur à quarante années de distance de cette confidence paternelle… ; en 1980, le François qui écoute et enregistre sur son petit manétophone à cassettes, avait 21 ans ; alors qu’en 2020, le François qui écrit et rapporte et commente, en le « ventriloquant » ainsi, ce que disait vraiment son père quarante années plus tôt, a 61 ans… _,

lui qui sait pourtant mieux que personne ce que les concepts doivent, fondamentalement, à l’imageance légitime et nécessaire des métaphores…

Me retiennent aussi, au passage, et j’aurais bien sûr à m’y pencher, ces expressions, aux pages 229 et 230 :

d’abord celle-ci, elliptique,

et _ volontairement ? assez probablement… _ énigmatique :

« Résidant _ maintenant _ hors du territoire national _ à New-York _, je connais l’amour de loin _ un peu plus effectif, toutefois, que celui, exotique et moyen-oriental (tripolitain), de notre Jaufré Rudel girondin (de Blaye) _ et le plaisir de l’aller-retour d’un amant à double vie » _ est-ce là comme un elliptique aveu crypté ? Comprenne qui voudra, ou pourra… ; cf cependant les discrètes (mais déjà parlantes) initiales « C. L.«  de la dédicataire, page 9… _ ;

et surtout, plus fondamentalement, cette fois :

« Je deviens de plus en plus freudien _ au lieu du sartrien que d’abord et longtemps fut François Noudelmann philosophe… _, doutant _ maintenant, la soixantaine mature venue… _ de ce que je crois avoir _ librement _ choisi, par moi-même _ seul ; ou quasiment seul, par le seul libre-arbitre… _, tout en résistant au piège _ déterministe un peu trop fermé, lui aussi _ de l’héritage » _ décidément mis à distance…

À suivre…

Ce mardi 23 mai 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Aborder l’hyper-finesse du penser de François Noudelmann, avec trois vidéos d’entretiens de l’auteur, deux articles miens de 2009, ainsi qu’un échange de courriels avec François Noudelmann en date des 28 et 30 mars 2009…

21mai

En quelque sorte en avant-propos à l’article que je m’apprête à proposer de mes lectures _ j’en suis à la troisième ! _ plus qu’enthousiastes de « Les Enfants de Cadillac« , de François Noudelmann,

qui vient de reparaître en édition de poche _ soit le Folio n° 7228, achevé d’imprimer le 30 mars dernier, et en librairie le 4 mai dernier, la première édition était parue le 19 août 2021, et je ne l’avais pas vu passer !.. _,

avec ce résumé :

Les destins du grand-père et du père de l’auteur. Chaïm est né en 1891 dans une famille pauvre de Lituanie et s’engage dans l’armée française en 1914. Il est grièvement blessé et finit sa vie dans une institution psychiatrique à Cadillac, en Gironde. Albert, son fils, est prisonnier en Allemagne en 1939. Il s’évade et regagne la France en manquant de se faire arrêter plusieurs fois.

« Le silence qui recouvre l’histoire de cet homme-là vient moins de la honte d’avoir un ancêtre fou, suscitant la peur d’une tare héréditaire, que d’une profonde mauvaise conscience de l’avoir abandonné. »

En 1911, fuyant les persécutions contre les Juifs en Lituanie, Chaïm, le grand-père du narrateur, s’engage dans l’armée française dans l’espoir d’obtenir la nationalité. Blessé par une bombe chimique pendant la Grande Guerre, il passe vingt ans interné et meurt dans l’anonymat à l’hôpital psychiatrique de Cadillac, en Gironde. En 1940, Albert, le père du narrateur, est à son tour dénoncé comme Juif. Après la libération des camps, il rejoint la France à pied depuis la Pologne, au péril de sa vie.

À travers cette bouleversante épopée familiale, François Noudelmann nous emporte dans les tumultes des deux conflits mondiaux et rédime les « fous » abandonnés par la France.

je me propose de donner ici même en liens trois très riches et passionnantes vidéos d’entretiens, en date du 7 juillet 2020, intégrées toutes les trois en un article unique pour ABCpenser.com , sur une idée de Philippe Petitintitulé très justement « Qui êtes-vous, François Noudelmann ? – Ma vie a été une suite de rencontres« ,

que voici :

_ « Qui êtes-vous, François Noudelmann ? » (22’21)

_ « Écouter » (28′ 51)

_ « Affinité » (25′ 05)

Bien à tort qualifié de « roman » par l’éditeur _ rien de fictif, ni même de romanesque, ici... _« Les Enfants de Cadillac » est un pur chef d’œuvre d’humanité la plus vraie qui soit _ et en toute la vaste pluralité de ses gammes et feuilletage merveilleusement analysé de ses dimensions… _, comme il en est hélas bien peu.

Avec aussi, de ma part, un renvoi à deux articles que j’avais consacrés à François Noudelmann et son splendide « Le toucher des philosophes : Sartre, Nietzsche et Barthes au piano« ,

celui du 18 janvier 2009 intitulé « « ,

et celui du 5 avril 2009 intitulé «  » ;

ce dernier mentionnant aussi un échange de courriels entre François Noudelmann et moi-même, en date des 28 et 30 mars 2009, que j’ai grand plaisir à reproduire ici même :

En tout cas,
le petit mot amical de François Noudelmann
à mon envoi d’articles de mon blog « En cherchant bien«
m’a fait très plaisir.
Et c’est de lui que je retiens ce mot même d’ »énergie » :


De :      Titus Curiosus
Objet :     Écriture et musique
Date :     28 mars 2009 07:48:48 HNEC
À :       François Noudelmann

Au delà du plaisir de découvrir que votre « Toucher des philosophes  » vient de se voir récompensé
du « Grand Prix des Muses« 
_ déjà un bien beau nom ! _,
je me permets de vous adresser cet article « Rebander les ressorts de l’esprit (= ressourcer l’@-tention) à l’heure d’une avancée de la mélancolie : Jean Clair »
à propos du dernier volume du « Journal » de Jean Clair
« La Tourterelle et le chat-huant« ,


car une remarque de Jean Clair fait état de l’importance pour lui
de la musique
pour s’aider à « écrire plus juste« …
J’ai conclu mon article sur cette note (et le rappel de votre livre).


Bien à vous,
Titus Curiosus

Et la réponse de François Noudelmann :

De :       François Noudelmann
Objet :     Rép :Écriture et musique
Date :     30 mars 2009 08:41:55 HAEC
À :      Titus Curiosus

Merci beaucoup pour ces informations et vos textes. Quelle énergie vous avez, c’est impressionnant ! J’aimerais avoir le secret de ces “ressorts”…
Amicalement, François

Voilà qui fait bien plaisir… Les « bouteilles » (à la mer) atteignent parfois les rivages ;
et même les courriels leurs destinataires…
C’est (presque) à ne pas en revenir !..

Et encore avec cette courte vidéo (de 3’30) pour la Librairie Mollat de présentation par François Noudelmann lui-même, le 7 août 2021, de ces (ou ses) « Enfants de Cadillac« …

À suivre, donc…

Ce dimanche 21 mai 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

La mémoire familiale juive des Gassmann (Alessandro Gassmann, Vittorio Gassman, Luisa Ambron)

17août

Ce jour,

sur la page du Corriere della Sera (l’article, de Stefania Ullivi, est en date du 15 août),

un article sollicite mon attention : Alessandro Gassman : « Mio padre e la ebraicità nascosta : mia nonna dovette cambiare cognome e perdemmo due parenti ad Auschwitz »

du fait de mon double intérêt

pour Vittorio Gassman (Gênes, 1er septembre 1922 – Rome, 29 juin 2000)

et pour son fils (ainsi que de Juliette Mayniel, la troisième épouse de Vittorio) Alessandro Gassmann (né à Rome le 24 février 1965) _ ce dernier fit ajouter un N (Gassmann) au nom reçu de son père (Gassman).

Vittorio est l’immense acteur que tout cinéphile connaît ;

Alessandro, lui, s’était fait remarquer dans le passionnant et beau film de Ferzan Oztepec, en 1997, Hammam (Il Bagno turco).

Vittorio Gassman _ dont la mère, Luisa Ambron, fit retirer un N à son nom en 1934 _ est le fils de Heinrich Gassman (Karlsruhe, 1900 – Rome, 1936) et de Luisa Ambron, née à Pise dans une famille juive, les Ambron.

Voici donc cet article-interview de Stefania Ulivi :

Alessandro Gassman : « Mio padre e la ebraicità nascosta : mia nonna dovette cambiare cognome e perdemmo due parenti ad Auschwitz »

L’attore si racconta mentre presenta il film «Non odiare», in cui interpreta un medico ebreo che non salva un paziente nazista : « Ma ora dobbiamo provare a dialogare »

Alessandro Gassman: «Mio padre e la ebraicità nascosta: mia nonna dovette cambiare cognome e perdemmo due parenti ad Auschwitz»

L’anno scorso ci andò insieme a un piccolo grande film, « Mio fratello rincorre i dinosauri » di Stefano Cipani. Quest’anno Alessandro Gassmann torna a Venezia con un’altra opera prima, « Non odiare » di Mauro Mancini con Sara Serraiocco, unico film italiano in concorso alla Settimana della critica. Lì un racconto (vero) di maturazione di un adolescente grazie al fratello affetto da sindrome di Down. Qui la messa in scena di un dilemma morale terribile : salvare o no la vita a qualcuno che ritiene giusto sterminare quelli come te ?

« Lo spunto è una vicenda accaduta in Germania — racconta Gassmann — un chirurgo ebreo si è rifiutato di operare un paziente con un tatuaggio nazista che aveva sulla spalla. Anche il mio personaggio è un chirurgo, Simone Segre, che si trova per caso a decidere della vita o della morte di un uomo con una svastica tatuata sul petto. Anche lui non lo salva e dovrà fare i conti, grazie al contatto con i figli di quest’uomo, con le sue radici e i suoi valori ».

E lei cosa farebbe?


« Io Alessandro, forse lo salverei. Ma non sono Simone Segre, non ho un padre che è stato chiuso in campo di concentramento e si è salvato curando i nazisti. È un tema molto complesso.Non odiare,” dovrebbe essere l’undicesimo comandamento. È importante, tanto più ora dove odio e violenza verbale (e non) sono sempre più presenti e l’avversario è sempre un nemico di abbattere. Chi ha la possibilità e la cultura per discernere deve metterci la faccia, favorire il dialogo. Non siamo bestie, possiamo ragionare. Sta scomparendo la generazione che visse gli orrori del fascismo e della guerra. Maestri preziosi come Camilleri, luce che ci manca molto _ Andrea Camilleri : Porto Empedocle, 6 septembre 1925 – Borgo, 17 juillet 2019. Lo stiamo già capendo ora con gli effetti della pandemia ».

Che clima vede?


« Pericoloso. Il virus ha acuito problemi e difetti. La crisi economica è pesante, per alcuni terribile. Siamo un paese impaurito e disinformato, quello con meno laureati d’Europa. Abbiamo già dimostrato di essere capaci di pagine orrende, complici ignoranza e paura ».

Questo film è anche un’occasione per lei per fa i conti con la sua storia.


« Che non ho mai affrontato, come peraltro mio padre. Sua madre _ Luisa Ambron _ era ebrea, dovette italianizzare _ en 1934 _ in Ambrosi il suo cognome, Ambron. E dopo la morte di mio nonno _ Heinrich, en 1936 _ si trovò in difficoltà economica con due figli _ Vittorio (né en 1922) et sa sœur aînée Maria-Luisa (née en 1919) _ a carico. Se la cavarono perché mio padre giocava bene a pallacanestro, era nazionale. Ma lui non ha mai smesso di avere paura. L’unica volta che ha messo la kippah fu al matrimonio _ avec Robert Neuman _ di mia sorella Vittoria _ née le 14 février 1953 _, figlia di Shelly Winters, ebrea e credente. Per lui fu un gesto molto importante _ voilà. La Shoah non va dimenticata. Io l’ho scoperta anche grazie ai racconti di mia nonna _ Luisa _, viveva a Pisa nel ghetto, due nostre parenti della famiglia Ambron _ les sœurs Gabriella et Vera De Cori ; cf l’article Una via di Pisa per le sorelle De Cori, uccise ad Auschwitz  _ furono deportate e uccise nei campi di concentramento ».

A proposito di famiglia, lei è un fan accanito di suo figlio Leo _ né à Rome le 22 novembre 1998.


« Sono ammirato di come sappia coltivare la sua passione. E pensare che detesto il pop. Ma l’amore paterno è talmente forte che ho cambiato i gusti… La trap? No, quella non ce la faccio ».

E il suo nuovo film da regista?


« Se tutto va bene il 3 novembre sarò sul set a Napoli per Il silenzio grande adattamento del testo teatrale. Con un grande cast. Ho lottato per non esserci come attore, è la prima volta e ne sono felice ».

« Non odiare » sarà in sala il 10 settembre.


« Non vediamo l’ora. E più avanti uscirà Ritorno al crimine di Max Bruno. Farà ridere, ne abbiamo bisogno. Per ora sono tornato sul set, per I bastardi di Pizzofalcone. I protocolli sono durissimi, un tour de force. Ma l’importante era ricominciare ».

Merci de tout cela.

Ce lundi 17 août 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

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