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La discographie désordonnée et incomplète de l’oeuvre musical de Nicola Porpora (1686 – 1768) : à enrichir et compléter urgemment…

03juin

Suite aux frustrations évoquées en mon article d’hier 2 juin «  » de ne pas découvrir assez au disque de l’art de Nicola Porpora en faveur du chantant violoncelle, dont il a pourtant été un des découvreurs,

et en cherchant à faire un bilan rétrospectif un peu exhaustif de la discographie réalisée _ sinon disponible… _ jusqu’ici de Nicola Porpora (Naples, 10 août 1686 – Naples, 3 mars 1768),

je suis bien forcé de constater un assez grand désordre, et pas mal d’absences criantes en cette discographie de ce très marquant compositeur du XVIIIe siècle ;

absences bien dommageables pour la curiosité en éveil du mélomane….

De fait, j’ai tout de même découvert l’existence d’un double CD Brillant intitulé « Porpora Cello Concertos & Sonatas » par les soins du violoncelliste Rinato Crisculo et de l’Ensemble Musica Perduta,

dont une vidéo accessible sur youtube permet de prendre connaissance par l’oreille d’une interprétation intégrale de ce Concerto en sol majeur de Nicola Porpora : 

de la minute 61′ 25 jusqu’à la minute 78′ 55 de cette vidéo, soit la fin de ce concerto-ci.

Et le Largo donné par le Concert de La Loge de Julien Chauvin et Christian-Pierre La Marca à la plage 4 du CD « Legacy« , et d’une durée de 3′ 23 sur ce CD Naïve, en une superlative interprétation, et dont voici la très précieuse vidéo,

est accessible aussi, de la minute 70′ 32 à la minute 74′ 15, de cette vidéo-ci du double CD Brilliant de l’Ensemble Musica Perduta.

Mais hélas l’interprétation, cette fois, n’est guère engageante…

Pas grand chose à voir, en tout cas, avec les talents lumineux et enthousiasmants de Christian-Pierre La Marca et Julien Chauvin à la tête de son concert de La Loge, en le merveilleux Largo de leur CD « Legacy« .

Ce CD dont je me plais à donner à nouveau ici l‘excellente présentation vidéo _ réalisée le 8 février 2023 _ par Christian-Pierre La Marca et Julien Chauvin...

De ce CD « Legacy« , et toujours de la main de Nicola Porpora, mais cette fois en sa cantate « Gli orti esperidi« , créée le 28 août 1721, à, Naples, au Palais royal, sur un livret de Métastase,

voici encore cet air magnifique, avec Philippe Jaroussky, avec un superbe accompagnement de violoncelle de Christian-Pierre La Marca, « Giusti amor, tu che m’accendi« ,

à déguster en cette vidéo de 6′ 52…

Où l’on mesure comme jamais l’idéale harmonie entre la voix qui chante et le violoncelle, comme l’a si bien saisi, le tout premier _ déjà, du moins, dès 1721… _, le subtil et sensible Nicola Porpora…

Bref, l’ensemble de ce qu’a légué spécialement pour le violoncelle _ qu’il pratiquait _ Nicola Porpora (1686 – 1768)

demeure encore à proposer aux mélomanes au disque en une version qui soulève vraiment l’enthousiasme,

comme ont su le réaliser _ mais trop parcimonieusement pour ce qui concerne Porpora lui-même… _ Christian-Pierre La Marca et Julien Chauvin en leur enthousiasmant CD « Legacy » _ privilégiant là, et d’un certain point de vue cela peut se comprendre, ces deux formidables chefs d’œuvre que sont les deux sublimes Concertos pour violoncelle, n°1 et n°2, de l’héritier direct de Porpora au violoncelle, Joseph Haydn (1732 – 1809), qui fut, et grâce à leur ami commun Métastase, son élève à Vienne au cours de la décennie 1750… ; cf aussi le cadeau inestimable de ce radieux fragment de la rare Sinfonia concertante pour violon, alto et violoncelle Kv. 320e Anh 104, de Mozart, donné à la plage 5 du CD : une autre merveille encore (de 9′ 34)… _,

très appétant pour mieux découvrir tout ce qu’a fait _ et légué _ ce délicieux mélodiste qu’a été Nicola Porpora non seulement pour le chant _ cela étant bien connu, et assez bien servi au disque… _, mais aussi pour le violoncelle…

Vers un CD « Legacy II » ?

Nous voudrions l’espérer…

Ce samedi 3 juin 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Un superbe CD « Legacy » de Christian-Pierre La Marca au violoncelle, avec Julien Chauvin dirigeant son excellent Concert de la Loge, afin de rendre un bien bel hommage à ce qu’a légué, sur son propre violoncelle Nicolo Porpora (1686 -1768), à Joseph Haydn (1732 – 1809, et qui fut son élève à Vienne), surtout, mais aussi Gluck (1714 – 1787) et Mozart (1756 – 1791), soit un pan à beaucoup mieux explorer de l’histoire de la musique au XVIIIe siècle : la postérité autrichienne de Nicola Porpora…

02juin

C’est un magnifique CD, à la rayonnant musicalité, que ce CD « Legacy«  _ le CD Naïve V 7259 paru en 2022 _, que j’ai d’abord eu la chance d’entendre au vol, le jeudi 25 mai dernier, sur mon auto-radio, et sur France-Musique, avec une passionnante présentation de Christian-Pierre La Marca, violoncelliste, et qui tout aussitôt m’a incité à venir me procurer ce CD…

Bien caché, il a fallu le rechercher un peu partout, pour le dénicher au milieu du rayon Haydn de mon disquaire préféré : un exemplaire de ce CD somnolait encore, parmi d’autres CDs de Concertos pour violoncelle, de Joseph Haydn… Ouf !


Une première écoute en magasin des œuvres et extraits d’œuvres _ et c’est alors très frustrant ! _ présents sur ce CD, ne tarda pas de confirmer ce que j’avais pressenti et ressenti au vol, dans l’habitacle de ma voiture : un CD proprement lumineux !!!

Mais, déjà, j’apprécie beaucoup, et Julien Chauvin et son Concert de La Loge, et Christian-Pierre La Marca !

D’autre part,

le titre donné à ce CD, « Legacy« , met fort à propos l’accent sur la très intéressante postérité autrichienne de Nicola Porpora (Naples, 10 août 1686 – Naples, 3 mars 1768 _ lequel, lors des années qu’il avait passées à Vienne, entre 1752 et 1758, a précisément eu le tout jeune Joseph Haydn (Rohrau/Leitha, 31 mars 1732 – Vienne, 31 mai 1809) comme élève et assistant ; et c’est le grand Métastase (Rome, 3 janvier 1698 – Vienne, 1er avril 1782), qui résidait au troisième étage d’une maison dont la princesse Maria-Octavia Esterhazy (18 juillet 1698 – Vienne, 22 avril 1762) occupait le premier étage…, dans laquelle le jeune Joseph Haydn logeait alors dans une mansarde, qui avait présenté le jeune musicien à son ami Porpora…

Notons aussi, au passage, que peu après, en 1758, Joseph Haydn trouva un premier engagement comme directeur de la musique auprès du comte Karl-Joseph von Morzin (1717 – 1783), cousin du dédicataire du fameux recueil « Il cimento dell’armonia e dell’inventione« , où figurent les célébrissimes « Quatre saisons«  , d’Antonio Vivaldi  (Venise, 4 mars 1678 – Vienne, 28 juillet 1741),

avant de signer, le 1er mai 1761, le contrat qui allait le lier pour très longtemps à la famille Esterhazy : Paul-Anton (Eisenstadt, 22 avril 1711 – Vienne, 18 mars 1762) et Nicolas Esterhazy (Vienne, 18 décembre 1714 – Vienne, 28 septembre 1790), étant les fils de la princesse Esterhazy qui avait été la voisine de Joseph Haydn en cette maison  qui côtoyait l’église Saint-Michel, sur le Kohlmarkt, la Michaelerhaus… _), et tout particulièrement à son violoncelle…

Les Concertos n° 1 en ut majeur _ Hob.viiB:1 _ et n°2 en ré majeur _ Hob.viiB:2 _ de Joseph Haydn _ d’une durée respective ici de 25′ 33 pour le premier et de 24′ 23 pour le second _ sont idéalement interprétés, avec l’élan, la vie, l’humour aussi, qui sont la marque de ce magnifique et si riche compositeur… 

Et l’apport du fragment de la Sinfonia concertante en la majeur _ Kv 320e Anh 104 _  constitue un autre incontestable atout de ce CD original…

Mais il me faut bien avouer la frustration de ne disposer ici que du seul _ merveilleux ! _ Largo _ d’une durée de 3’23 sur les 72′ de ce CD… _ du Concerto pour violoncelle et orchestre en sol majeur de Niccolo Porpora, afin de mesurer ce que Porpora a pu léguer _ à Haydn, à Hasse, Gluck, Mozart et d’autres encore.. _ de son art de composer _ d’une manière aussi sublimement chantante ! _ pour le violoncelle…

Christian-Pierre La Marca et Julien Chauvin auraient dû proposer _ et réussir à faire accepter _ au producteur Naïve le format d’un double CD justifiant vraiment ce titre de « Legacy » de Nicola Porpora (1686 – 1768) dans l’art concertant du violoncelle à ses suivants !

À charge pour Christian-Pierre La Marca et Julien Chauvin de nous donner maintenant un second CD de ce « Legacy » de Nicola Porpora pour le violoncelle…

En attendant,

regarder et écouter, et apprécier, la vidéo de 4′ 46 de la lumineuse et très intelligente présentation de ce superbe CD « Legacy » par Christian-Pierre La Marca et Julien Chauvin.

Ce vendredi 2 juin 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Et à nouveau à propos du CD Vivaldi « Intorno a Pisendel » de Julien Chauvin et son Concert de la Loge, frémissant de vie…

13mar

Et à nouveau à propos du superbe CD Vivaldi « Intorno a Pisendel » de Julien Chauvin et son Concert de la Loge (le CD Naïve OP 7546),

et après mon assez dithyrambique article « «  du 2 novembre 2022,

voici cette fois ce que sur le site de Crescendo, ce lundi 13 mars 2023, dit de ce CD de Julien Chauvin le critique Christophe Steyne,

sous l’intitulé assez sobre « Vivaldi, concertos pour violon autour du virtuose Pisendel » :

Vivaldi, concertos pour violon autour du virtuose Pisendel

LE 13 MARS 2023 par Christophe Steyne

Concerti per violino X Intorno a Pisendel.

Antonio Vivaldi (1678-1741) : Concertos en ré majeur RV 225, RV 226, en ré mineur RV 237, en sol majeur RV 314, en la majeur RV 340, en si bémol majeur RV 369.

Julien Chauvin, violon et direction.

Le Concert de la Loge.

Livret en français, anglais, italien, allemand.

Mars 2021.

TT 60’04.

Naïve OP 7546

Parvenu au deuxième tiers _ voilà _ de son ambitieux projet (faire entendre l’intégralité des manuscrits vivaldiens conservés à la Bibliothèque Nationale de Turin, source fondamentale _ en effet ! _), cette collection apporte ici un dixième volume de concertos pour violon. Chaque fois confié à des interprètes de premier plan. Le précédent jalon concertant était confié à l’ensemble de Rinaldo Alessandrini. On retrouve ici le Concert de la Loge qui s’était illustré dans le volume 8, « Il Teatro ». Au programme : des concertos autour de la personne de Johann Georg Pisendel, le célèbre violoniste de la Cour de Dresde, que le futur Frédéric-Auguste II de Saxe (1696-1763) avait emmené à Venise lors de son voyage d’aguerrissement, et qui devint un proche élève du Prete Rosso. Pisendel était déjà à l’honneur dans le volume 5, par Dmitry Sinkovsky et Il Pomo d’Oro, et gageons qu’il le sera encore car certains opus (RV 172, 205, 242) dédiés à son archet n’ont pas encore surgi dans cette édition au long cours _ information précieuse.

On trouve ici trois concertos expressément écrits pour lui (RV 237, 314 et 340), et trois autres qu’il recopia (RV 225, 226, 369) _ une distinction intéressante elle aussi. Le Largo du RV 226 s’inscrit sur un fond de pizzicato ; le présent enregistrement a choisi la même parure de cordes pincées pour l’Adagio du Concerto en sol majeur _ RV 314 _, tirée d’une mouture alternative archivée à Dresde comme RV 314a. Cet opus ouvre le disque et attaque comme une déflagration _ voilà ! À entendre ces contrastes radicaux, éblouissants comme un flash, on suppose d’emblée que la prestation va préférer le fil du rasoir au dos de la cuiller. Joutant avec ces tranchantes ritournelles, Julien Chauvin se montre non moins affuté dans les passages rhapsodiques dont il soutire d’étranges phosphores. Cette même liberté _ mais jamais hystérisée, ni complètement arbitraire… _ dynamise le relief soliste que Vivaldi incrusta dans le ripieno du premier allegro RV 226. Dans le RV 237 en ré mineur, l’élasticité des bariolages titillés de l’archet instille une vie frémissante _ oui _, digne du dramatique RV 369 que l’équipe anime avec sensibilité et science.

Car il y a de l’audace, mais surtout du contrôle derrière ce méthodique panache que le Concert de la Loge sertit dans un ton lucide _ oui, jamais hystérisé _, rappelant que l’orchestre officie par ailleurs, conformément à son nom de baptême, dans les grandes pages du classicisme _ mais oui. Un drapé en couleurs primaires alambiqué de clair-obscur, netteté du dessin, compacité de la pose, une certaine rigidité du maintien sous la souplesse revendiquée du geste, regard vaguement compassé : l’interprétation du Largo RV 225 fait immanquablement songer au Christ chez Marthe et Marie de Mathieu Le Nain (1607-1677). Ailleurs, l’esthétique altière des musiciens de la Loge nous vaut une anthologie tracée avec une force brute et un brin guindée, heureusement décillée par l’imagination de son chef et ses arsouilles cabrioles à l’instrument. En tout cas, une étape à ne pas manquer _ voilà ! _ dans l’exploration du corpus vivaldien, tant pour la relative rareté des œuvres que leur charismatique exécution, en habit d’apparat _ oui.

Son : 8,5 – Livret : 9 – Répertoire : 9 – Interprétation : 9,5

Christophe Steyne

CD après CD,

 

et aux deux tiers de son parcours,

cette Intégrale Vivaldi d’après les manuscrits précieusement retrouvés et conservés à la Bibliothèque de Turin,

tient donc magnifiquement ses promesses…

Vivaldi sachant se renouveler merveilleusement à chacun de ses infiniment variés, mais oui !, opus…

Ce lundi 13 mars 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Maxim Emelyanychev et il pomo d’oro en extraordinaire état de grâce dans les Symphonies n°1 (« the beginning ») et n°41 (« the end ») de Mozart : un sublimissime (de vie !) CD Aparté AP 307 ; ou la pressante question de l’énigme de l’idiosyncrasie du style…

04fév

Ce que j’ai, bien à tort _ et gravement, j’en demande pardon ! _, négligé de dire dans mon article d’hier « « ,

c’est que Maxim Emelyanychev, non seulement est absolument magnifique en la grâce ultra-vivante et justissime de son jeu si fin, si vif et si pleinement « mozartien » au pianoforte _ cf la vidéo (de 6′ 39) du sublime adagio du 23e Concerto en la majeur K. 488, achevé de composer le 2 mars 1786 ; interprétation à comparer avec celle de cette vidéo du même adagio par Andreas Staier et Le Concert de la Loge dirigé par Julien Chauvin : l’adagio tendrissime de Maxim Emelyanychev est sans la moindre complaisance pré-romanticissante, encadré qu’il est par deux sublimes (eux aussi) jubilatoires allegros ; quelle merveille !.. _mais qu’il est peut-être plus encore absolument transcendant et magistral dans la conduite si merveilleusement « naturelle » de jubilatoire _ enthousiasmante ! _ évidence de son superbe orchestre d’instruments anciens _ quelle saveur extraordinaire révèle ici chacun des instruments ainsi joués par de tels si magnifiques et parfaits instrumentistes ! _ qu’est ce magique il pomo d’oro…

Ces deux premières symphonies de Mozart données-enregistrées ici, soient la première K. 16, en mi bémol majeur, de 1764, et la quarantième et ultime K. 551, en ut majeur, « Jupiter« , de l’été (août) 1788, n’ont probablement jamais connu jusqu’ici de pareille si juste, vivante et profondément marquante incarnation au disque, en ce magique _ oui ! _ CD Aparté AP 307.

Et ne pas mettre l’accent là-dessus serait la plus terrible injustice à l’égard de ce génial chef si parfaitement musicien qu’est Maxim Emelyanychev ;

ainsi qu’à l’égard aussi, bien entendu, de chacun des membres présents ici de ce formidable ensemble qu’est décidément, CD après CD, cet extraordinaire il pomo d’oro

Le principal et fécondissime apport de ce début de réalisation de ce projet d’exploration symphonique mozartien de Maxim Emelyanychev, est de si bien ici s’approcher, et nous donner à ressentir, bel et bien, en cette recherche interprétative effective _ les enregistrements de ce CD Aparté ont été réalisés sous la direction artistique de Nicolas Bartholomée à Paris, en l’église Notre-Dame du Liban, du 28 au 30 juin 2022 : c’est l’excellent Nicolas Bartholomée qui avait été le directeur artistique de l’enregistrement, à Saint-Michel-en-Thiérache, du CD de la Simphonie du Marais « Un Portrait musical de Jean de La Fontaine« , l’été 1995 : j’étais présent tout au long des séances d’enregistrement ; et cela m’avait, bien entendu passionné ! _, ce qui constitue la génialissime idiosyncrasie mozartienne,

de son départ _ tout du moins pour ce qui concerne ici le volet de l’œuvre symphonique, qui va du K. 16, noté en 1764, au K. 488, noté en 1788… _, à son apogée,

tout du moins pour ce qui concerne le volet symphonique de l’œuvre de Mozart…

C’est-à-dire plus précisément en s’interrogeant, au plus près de la musique symphonique ainsi notée au vol de la composition par Mozart, sur ce qui, en le K. 16 de 1764, anticipe en quelque sorte déjà tout le reste _ symphonique, donc, mozartien _ qui suivra, année après année ;

et, de même, sur ce qui est venu nourrir, infinitésimalement, au fil de la succession des œuvres réalisées, au fil des ans, cet absolu chef d’œuvre symphonique étourdissant-éblouissant qu’est cette radieuse Symphonie « Jupiter » K. 551 d’août 1788…

Ou encore,

puisque, selon l’intuition justissime de ce contemporain de Mozart (Salzbourg, 27 janvier 1756 – 5 décembre 1791) qu’a été Buffon (7 septembre 1707 – 16 avril 1788) _ son magnifique « Discours sur le style » a été prononcé à l’Académie française le jour de sa réception, le 25 août 1753 _« le style, c’est l’homme même« ,

qu’est ce donc qui constitue et crée l’essence la plus fondamentale et si reconnaissable _ quasi instantanément à l’écoute ! _ de ce miraculeux rayonnant _ mais pas jusqu’à l’insolence… _ style mozartien _ tel qu’a pu en baver de jalousie le moins génial, plus laborieux, Antonio Salieri, comme est venu le figurer l‘ »Amadeus » de Milos Forman, en 1984… 

Nul doute, déjà, que Maxim Emelyanychev, dans Mozart, ici, comme en d’autres de ses explorations du champ musical, nous réserve encore maintes merveilleuses découvertes et surprises de révélations _ mais oui, à ce point ! _ des œuvres, par sa si vivante et jubilatoire interprétation…

Mais, déjà, et pour aujourd’hui :

« Chapeau, Messieurs, bien bas, à vous tous, superbes interprètes » de ce grand « PETIT DISQUE ROUGE » d’Aparté…

….

Ce samedi 4 février 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Un nouvel enthousiasmant CD de Zefiro et Alfredo Bernardini : « Grand Tour a Venezia _ Heinichen Lotti Pisendel Veracini Vivaldi Zelenka », le CD Arcana A 534

22déc

Alfredo Bernardini, hautboïste _ je l’avais découvert et admiré vivement lors de Masterclasses, chez Philippe Humeau, à Barbaste _, dirige avec brio, panache, vivacité et élégance son toujours excellent Ensemble : Zefiro.

Et voici que, de Zefiro et Alfredo Bernardini, paraît un nouveau CD Arcana, A 534,

qui nous offre un très beau programme autour des rapports entre la cour de Saxe (et ses musiciens : Pisendel, Heinichen, Zelenka)

et la Cité de Venise (avec Vivaldi, Veracini, Lotti).

 

Voici ce que dit de ce très beau CD, sur le site de Crescendo, Christophe Steyne,

en un article du 17 décembre dernier, intitulé « Influence croisée entre Venise et la cour de Dresde : Zefiro tire un feu d’artifice » :

Influence croisée entre Venise et la Cour de Dresde : Zefiro tire un feu d’artifice !

LE 17 DÉCEMBRE 2022 par Christophe Steyne

Grand Tour a Venezia.

Francesco Maria Veracini (1690-1768) : Ouverture no 6 en sol mineur. Georg Pisendel (1687-1755) : Concerto pour violon no 2 en ré majeur JunP I.7. Antonio Lotti (1667-1740) : Sinfonia de l’opéra Ascanio. Johann David Heinichen (1683-1729) : Concerto pour deux hautbois en mi mineur Seibel 222. Jan Dismas Zelenka (1679-1745) : Ouverture a 7 concertanti en fa majeur ZWV 188. Antonio Vivaldi (1678-1741) : Concerto per l’orchestra di Dresda en sol mineur RV 577.

Zefiro. Alfredo Bernardini, direction et hautbois. Paolo Grazzi, hautbois. Lorenzo Cavasanti, Emiliano Rodolfi, flûte à bec. Alberto Grazzi, basson. Cecilia Bernardini, Claudia Combs, Ayako Matsunaga, Monika Toth, Rossella Croce, Ulrike Fischer, Isotta Grazzi, Matilde Tosetti, violon. Stefano Marcocchi, Teresa Ceccato, alto. Gaetano Nasillo, Sara Bennici, violoncelle. Riccardo Coelati Rama, violone. Francesco Corti, clavecin, positif. Evangelina Mascardi, luth.

Mai 2021. Livret en anglais, français, italien. TT 66’11. Arcana A534

Survivance et prolongement de la peregrinatio academica, le voyage d’initiation que les jeunes gens de l’aristocratie _ d’abord anglaise, puis, plus largement, européenne _ devaient effectuer dans les hauts-lieux de la culture européenne _ en Italie, tout particulièrement… _ contribuait à la formation politique et artistique des élites. C’est dans ce cadre pédagogique que Frédéric-Auguste Ier de Saxe (1670-1733) envoya en 1716 son fils à Venise pour son Cavaliertour, qui dura six mois. L’orchestre de la Cour de Dresde attirait les meilleurs musiciens de l’époque ; Frédéric-Auguste II (1696-1763) en emmena quelques-uns lors de son séjour dans la cité sérénissime, qui accueillait quelques compositeurs natifs (comme Vivaldi ou Lotti) ou de passage (Veracini, né à Florence et devenu organiste de la Basilique San Marco, Heinichen arrivé de Leipzig). Ce brassage marqua les œuvres, tant leur style que leur facture, stimulée par les brillants virtuoses de la Cour saxonne, tel le hautboïste Johann Christian Richter qui inspira au Prete rosso ses créations pour anches les plus ardues _ voilà. Certains compositeurs se plièrent au goût de cette Cour _ polono-saxonne… _, que séduisait le style français. D’autres y furent même ensuite invités, comme Heinichen que le fils ramena avec lui, mais aussi Lotti convié par Auguste le Fort l’année suivante, puis Veracini en 1720.

C’est cet extraordinaire réseau d’échanges et d’émulation qu’illustre le présent album _ voilà _, lançant un pont entre Dresde et Venise, et révélant les influences croisées entre ces deux majeurs foyers artistiques. Parfois sous forme d’hommage revendiqué, ainsi le Concerto per l’orchestra di Dresda où l’auteur des Quatre Saisons exploite un vertigineux laboratoire a molti strumenti (deux flûtes, deux hautbois, basson, cordes) conclu par un impétueux allegro. La même ivresse s’empare de l’étourdissante Folie qui parachève l’Ouverture a 7 concertanti de l’excentrique _ génialissime _ Zelenka, le fantasque Bohémien !

Le programme compte aussi un Concerto pour deux hautbois d’Heinichen, qui abondera le répertoire de la Cour par divers opus poly-instrumentaux, auxquels Reinhard Göbel consacra un remarquable double-album (Archiv, 1992). Le style français prisé par August der Starke est sensible dans la Sinfonia de l’opéra Ascanio ; or l’on s’étonne un peu que ce CD ait choisi celle des six Ouvertures de Veracini qui corresponde le moins à cette dilection. Le Concerto pour violon de son industrieux rival Georg Pisendel (une dissension qui poussa son confrère italien à se défenestrer !) révèle certes la diversité des faveurs musicales en vogue dans la « Florence de l’Elbe », dont témoigne le Gemischter Stil.

Depuis les vinyles de Nikolaus Harnoncourt, la discographie et les concerts viennent périodiquement enrichir l’hommage à cette Hofkapelle qui, jusque la Guerre de Sept ans, put resplendir aux oreilles des Princes-Électeurs de Saxe et souverains de Pologne _ voilà. Un récent _ superbe ! _ CD d’Alexis Kossenko à l’Abbaye de Royaumont _ le CD Aparté AP 258 _ en revigorait le faste par des moyens gargantuesques. Peut-être moins gourmand, d’un trait plus sec qui resserre la trame rythmique et aiguise les lignes, Alfredo Bernardini et son incisif _ oui : ultra-vivant ! _ ensemble Zefiro font ici assaut de tout le zèle imaginable. Des phrasés expressifs quoique drus arment une interprétation aussi précise que chatoyante. Des vertus augurées dans un récital « Dresden » enregistré en novembre 2016 pour le même éditeur _ le CD « Dresde 1720«  Arcana A 438 _, dans une veine chambriste. Tous les coups sont permis pour faire revivre l’éclat et le théâtre _ voilà _ de ces pages. On ne saurait distinguer un pupitre ou un moment tant le travail d’équipe signe un triomphe collectif _ oui, comme il se doit pour ces concerti con  molti istromenti On en sort épaté. La captation dynamique et haute en couleurs _ oui _  achève de nous combler. Admirable de bout en bout _ tout à fait ! Il y a deux ans au Réfectoire des moines, l’attelage Les Ambassadeurs / La Grande Écurie dressait une table de rois. Zefiro tire aujourd’hui le feu d’artifice qui magnifie ce festin.

Son : 9 – Livret : 9,5 – Répertoire : 9-10 – Interprétation : 10

Christophe Steyne

À comparer aussi avec les très récentes étincelantes réussites de Julien Chauvin (et son Concert de la Loge) et Amandine Beyer (et ses Gli Incogniti) en ce même brillantissime répertoire…

Ce jeudi 22 décembre 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

 

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