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En commençant à picorer dans le trésor des 18 h 36′ du coffret Supraphon « Karel Ančerl Live Recordings » : une merveille de naturel…

02août

Sur les conseils de l’article « Karel Ančerl en perspective » de Pierre-Jean Tribot dans le numéro  de Crescendo du 2 février dernier

(cf mon article d’hier « « ),

 

ainsi que le très détaillé article « Le Survivant » de Christophe Huss dans le numéro 712 du Diapason du mois de juin dernier,

voici qu’à la rescousse est venu aussi l’article « Le Moderne » de Jean-Charles Hoffelé sur son site Discophilia le 29 juillet dernier…

Il n’en fallait guère plus pour me faire me procurer illico presto l’admirable coffret Supraphon de 15 CDs « Karel Ančerl Live Recordings Czech Philharmonic Orchestra«  _ SU 4308-2.

Et pour commencer à y picorer, avec gourmandise,

vue l’affection musicale que je porte à ce chef si juste, clair, net, élégant ;

tel qu’il est si magnifiquement saisi ici en concert à la direction de la Philharmonie de Prague, où il a été en poste de 1945 à 1968… 

En cette salle du Rudolfinum,

dont j’ai pu apprécier l’acoustique splendide en concert, le 12 février 1994… 

Quelle extraordinaire naturelle présence,

en cette merveilleuse direction, si souple, si claire, si nette, si lumineuse,

de Karel Ančerl !

LE MODERNE

Revenu des camps de la mort, Karel Ančerl vécut sa résurrection en retrouvant l’Opéra de Prague et l’Orchestre de la Radio quasi dès sa libération en 1945. En 1950, dix huit années prodigieuses allaient s’ouvrir pour recueillir l’acmé de son art. Il réforme l’Orchestre Philharmonique Tchèque sous l’œil bienveillant de Václav Talich.

À l’art vif et coupant, absolument objectif de Karel Ančerl, Talich allait ajouter une densité expressive qui s’entendra dans Asrael, le chef-d’œuvre de Josef Suk. Le flambeau était passé.

Le disque microsillon naissant illustra d’abondance cette collaboration exigeante entre Karel Ančerl et la Philharmonie Tchèque, Supraphon réglant une prise de son admirable de réalisme et éditant un grand nombre de disques devenus depuis des références intangibles, de la 9e de Mahler à Alexandre Nevsky de Prokofiev en passant par Le Sacre du printemps de Stravinski.

Parallèlement la Radio de Prague engrangea les concerts, et les conserva pieusement, les archivistes ayant conscience de l’importance historique d’un tel trésor, recopiant régulièrement les bandes afin qu’elles ne subissent pas les outrages du temps. C’est dans cette malle aux trésors que Supraphon est allé puiser _ voilà _ pour éditer ce généreux coffret tombé littéralement du ciel _ mais oui !

Deux buts, y révéler des œuvres que Supraphon n’avait pas gravées avec Karel Ančerl – par exemple une prodigieuse Symphonie « Italienne » d’une exactitude, d’une finesse rythmique inouïes _ oui ! C’est là du plus pur et parfait Mendelssohn… _, Supraphon l’avait confiée à Pedrotti (toute belle version d’ailleurs) – et donner un autre visage à des œuvres déjà gravées auxquelles le concert apporte une dimension supplémentaire : écoutez seulement _ voilà !Ma patrie.

Une part congrue de cette manne a pu circuler sous certaines étiquettes (Praga Digitals, Multisonic, Panton), mais jamais dans des reports d’une telle qualité _ en effet !

Quelques perles : un Don Juan prodigieux d’élan, une Shéhérazade ravélienne qui envole Suzanne Danco, plus sublime encore qu’avec Ernest Ansermet, une 8e de Beethoven acérée et volcanique, des Chants et Danses de la mort avec Leonard Mróz dans l’orchestration expressionniste d’Otakar Jeremiáš, Asraël et Maturation de Josef Suk, une Suite scythe de Prokofiev, de stupéfiants Nocturnes de Debussy (Sirènes !!!!).

Découvertes majeures, deux œuvres rares de Vitezslav Novák, la bachique Symphonie automnale et le mystérieux Pan. Un regret : que Supraphon n’ait pas repris le Deuxième Concerto de Chopin avec Wilhelm Kempff ; d’ailleurs les archives conservent largement de quoi composer un second volume tout aussi opulent et essentiel _ voilà !

LE DISQUE DU JOUR

Karel Ančerl
Live Recordings

Œuvres de Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791), Ludwig van Beethoven (1770-1827), Felix Mendelssohn-Bartholdy (1809-1847), Modeste Moussorgski (1839-1881), Bedřich Smetana (1824-1884), Antonín Dvořák (1841-1904), Josef Bohuslav Förster (1859-1951), Vitezslav Novák (1870-1949), Josef Suk (1874-1935), Claude Debussy (1862-1918), Maurice Ravel (1875-1937), Richard Strauss (1864-1949), Sir Edward Elgar (1857-1934), Ralph Vaughan Williams (1872-1958), Walter Piston (1894-1976), Igor Stravinski (1882-1971), Sergei Prokofiev (1891-1953), Paul Hindemith (1895-1963), Witold Lutoslawski (1913-1994), Bohuslav Martinů (1890-1959), Erwin Schulhoff (1894-1942), Miloslav Kabeláč (1908-1979), Iša Krejčí (1904-1968), Jaroslav Ježek (1906-1942), Jan Novák (1921-1984), Jiří Pauer (1919-2007), Jindřich Feld (1925-2007), Jan Klusák (né en 1934)

Orchestre Philharmonique Tchèque
Orchestre Symphonique de la Radio de Prague
Karel Ančerl, direction

Un coffret de 15 CD du label Supraphon SU4308-2

Photo à la une : le chef d’orchestre Karel Ančerl – Photo : © Reg Innell/Toronto Star

 


Un coffret tout simplement indispensable, donc !

Ce mardi 2 août 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Un intéressant entretien de Crescendo avec Matouš Vlčinský, producteur pour Supraphon, à propos d’un riche coffret « Karel Ančerl »…

01août

Le 2 février dernier,

sur le riche site de Crescendo,

Pierre-Jean Tribot a publié un très intéressant entretien intitulé « Karel Ančerl en perspective » avec le producteur, pour le label tchèque Supraphon, Matouš Vlčinský,

à propos d’un coffret de 15 CDs Supraphon consacrés au très brillant chef tchèque Karel Ančerl (Tucapy, 11 avril 1908 – Toronto, 3 juillet 1973) :

Karel Ančerl en perspective

LE 2 FÉVRIER 2022 par Pierre Jean Tribot

Le label Supraphon édite un coffret essentiel _ voilà ! _ qui propose des enregistrements du grand chef d’orchestre Karel Ančerl. Crescendo Magazine rencontre Matouš Vlčinský, producteur pour le label tchèque et cheville ouvrière de ce coffret. Une _ excellente _ occasion de revenir sur la place de cet immense musicien _ mais oui ! _ dans la postérité.

Que représente pour vous Karel Ančerl dans l’histoire de la musique tchèque et dans l’histoire de l’école de direction tchèque ?

Karel Ančerl est surtout connu aujourd’hui comme le chef d’orchestre qui a enchaîné sur le travail de Václav Talich à la Philharmonie tchèque ; par ailleurs il avait  été l’élève entre autres de Talich. Ančerl a été nommé chef de la Philharmonie tchèque en 1950 et est resté à ce poste 18 ans. Il a réussi à lui faire rejoindre les meilleurs orchestres du monde et à lui ouvrir la porte des plus grandes salles de concert mondiales. Mais il a aussi élargi considérablement le répertoire de la Philharmonie ; le centre de gravité du répertoire de Talich, c’était Dvořák, Smetana, Suk et Janáček, avec des incursions occasionnelles dans le classicisme tchèque et européen. Ančerl s’orientait de façon naturelle vers le XXe siècle, souvent vers l’œuvre de compositeurs vivants, tchèques et du monde entier. Il a fait entrer au répertoire _ rien moins que _ Schönberg, Ravel, Bartók, Stravinsky, Prokofiev, Honegger, Hindemith, Britten, etc. Et pour ce qui est des compositeurs tchèques, outre la génération plus âgée (Suk, Novák), il mettait souvent et volontiers au programme les œuvres de Bohuslav Martinů, Miloslav Kabeláč, Jaroslav Ježek et d’autres contemporains.

Mais il faut mentionner déjà les années d’avant-guerre : dans les années 1930, Ančerl s’est établi dans le contexte européen comme un spécialiste de musique contemporaine. À Munich, il assistait Hermann Scherchen pour préparer la production de l’opéra en quarts de ton de La Mère de Hába. Des invitations à des festivals de musique contemporaine n’ont pas tardé à suivre : à Vienne, à Paris, Amsterdam, Strasbourg et Barcelone. Si j’essaie de résumer : Karel Ančerl a ouvert la Philharmonie tchèque à la production musicale mondiale et il a contribué à faire découvrir la musique tchèque aux meilleurs orchestres mondiaux. Avec l’ère Talich, celle d’Ančerl dans l’histoire de la Philharmonie tchèque est sans conteste la période où l’orchestre connaît l’évolution qualitative la plus franche.

Comment avez-vous sélectionné les enregistrements radio réédités ? Je suppose que ce n’est qu’une partie du legs préservé par les archives de la Radio ?

Nous avons opéré un choix d’après trois paramètres : le répertoire, la qualité interprétative et l’état technique de l’enregistrement. Je ne voulais pas faire doublon avec le répertoire qui est déjà publié avec une haute qualité technique dans la collection Ančerl Gold Edition (note : collection éditoriale qui est parue chez Supraphon entre 2002 et 2008 et rassemble 48 CDs d’enregistrements de Karel Ančerl). Mais la collection qui paraît maintenant saisit peut-être encore mieux le répertoire avec lequel la Philharmonie d’Ančerl se présentait à ses concerts d’abonnement. Ančerl donnait beaucoup d’œuvres de ses contemporains, et certaines d’entre elles ne résistent plus au regard actuel. Nous avons été contraints de renoncer à d’autres enregistrements à cause de leur très mauvaise qualité technique. Elle est parfois due à un matériel de mauvaise qualité ou à de la « maladresse » lors de la captation elle-même, d’autres bandes magnétiques ont souffert au fil des décennies d’avoir été copiées à plusieurs reprises.

En quoi Karel Ančerl est-il différent en concert et en studio ?

Je commencerais par ce qui reste le même : l’énergie, la passion et l’engagement _ voilà qui est rn effet très important. Les différences sont prévisibles : les enregistrements de studio sont fignolés dans le détail, tandis qu’en concert parfois la mise en place ou la justesse échappent un peu. Il faut se rappeler qu’à l’époque les enregistrements live étaient réellement une captation d’un seul concert sans possibilité de retouches après coup. La technologie d’aujourd’hui permettrait certaines corrections, mais nous avons décidé sur ce plan de ne pas toucher aux enregistrements et de leur laisser leur pleine valeur documentaire. Malgré cette imperfection, je dois dire que certains de ces enregistrements ont une atmosphère extrêmement vivante _ voilà _ impossible à créer en enregistrant en studio. On espère que l’auditeur y trouvera la récompense d’une certaine imperfection technique.

Si on regarde la liste des œuvres présentées dans ce coffret, il y a beaucoup de musique contemporaine, du moins contemporaine du chef. Est-ce un reflet de son activité de concerts ou bien un choix de votre part pour mettre en exergue des œuvres qu’il n’a pas enregistrées en studio ?

Ančerl était considéré dès les années 1930 comme un spécialiste de musique contemporaine. Il se moquait même un peu des auditeurs « traditionnels » pour qui la musique finissait au plus tard avec la Première Guerre mondiale, et qui se froissaient avec toute nouveauté. Il aimait la musique dans toute son amplitude, et beaucoup d’œuvres de ses contemporains ont bénéficié d’une exécution, parfois même à l’étranger, grâce à son engagement personnel. En ce sens il était très progressiste, et les jeunes compositeurs tchèques d’aujourd’hui regrettent peut-être de ne pas avoir « leur Ančerl ». C’est ainsi que, grâce à lui, quantité d’œuvres contemporaines n’ont pas fini réduites à n’être que des partitions poussiéreuses dans des archives, mais qu’on les connaît par des enregistrements _ c’est en effet important. Cette musique lui était certainement proche aussi grâce à ses études de musique en quarts et sixièmes de ton avec Alois Hába, et -on le sait peu- parce qu’il avait étudié la percussion, ce qui lui a donné un sens frappant du rythme _ une remarque décisive ; je suis personnellement très sensible au rythme.

Les enregistrements de ce coffret ont été réalisés entre 1949 et 1968. Le style du chef a-t-il évolué entre ces deux dates ?

Le style, je ne sais pas, mais je dirais que sa compréhension s’est approfondie, en particulier dans le domaine du répertoire romantique. Mais ce qui, à coup sûr, s’est développé, c’est la compréhension avec l’orchestre. Au début, la Philharmonie tchèque était vis-à-vis d’Ančerl en opposition ; les musiciens, après l’émigration de leur chef Rafael Kubelík, avaient choisi pour son successeur Karel Šejna, et voilà qu’Ančerl est apparu avec le décret de sa nomination par le ministère de la Culture. Ils le percevaient comme un intrus, et il a fallu des années pour qu’ils surmontent leur vexation et commencent à percevoir les qualités _ vraiment _ exceptionnelles d’Ančerl. Je pense qu’on peut sentir dans les enregistrements ce processus d’« adoucissement » et de rapprochement progressifs. Le paradoxe est que la nomination d’Ančerl n’était due alors ni à son adhésion au parti communiste ni à une faveur particulière du ministre de la Culture, mais à une initiative du violoniste David Oïstrakh, appuyée sur son expérience artistique forte avec le chef _ encore une remarque très intéressante.

Avec le passage du temps, les noms de grands artistes du passé tombent parfois dans le brouillard de l’oubli. Le nom de Karel Ančerl est-il toujours vivant parmi la jeune génération d’artistes en République tchèque ?

Je crois que oui. Je connais plusieurs jeunes artistes excellents qui continuent de revenir aux enregistrements d’Ančerl et y trouvent une forte source d’inspiration. Personnellement, je considère l’époque Ančerl _ 1950 – 1968 _ comme la période la plus marquante de la Philharmonie tchèque _ rien moins ! _ tout au moins jusqu’à la « seconde venue » de Jiří Bělohlávek. Tant que de jeunes artistes y chercheront une inspiration musicale et passeront au-dessus des limites techniques de l’époque, Ančerl restera toujours d’actualité.

Quelle est la politique éditoriale de Supraphon vis-à-vis des enregistrements historiques et d’archives ? Avez-vous des projets futurs dans ce domaine ?

Je resterai à un niveau général : nous souhaitons poursuivre notre découverte d’enregistrements historiques non encore édités et la réédition d’enregistrements déjà parus qui ont une qualité interprétative exceptionnelle. Pour les projets de l’ampleur de ce coffret Ančerl, ça dépend souvent de l’obtention d’un subside, mais je crois que nous avons encore des choses à découvrir.

Nous remercions vivement Marianne Frippiat pour la traduction de ce texte.

Le détail du coffret sur le site de Supraphon : www.supraphon.com/articles/383-karel-ancerl

Propos recueillis par Pierre-Jean Tribot

Crédits photographiques : Supraphon Archives

À suivre !

Tout à fait personnellement, j’apprécie beaucoup la culture et la musique tchèques ;

de même que j’adore Prague.

Et je profite de cette occasion « tchèque » – ci pour adresser un très vivant salut à mon ami Vaclav Jamek !

Ce lundi 1er août 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

 

Un très bel Asrael de Josef Suk dirigé par Karel Ancerl

17août

Un très bel enregistrement de mai 1967

du chef tchèque Karel Ancerl (11-4-1908 – 3-7-1973)

dirigeant l’opus 27 de Josef Suk (1874 – 1935), Asrael 

_ dont la première interprétation eut lieu le 3 février 1907 au Théâtre National, à Prague_,

avec le Südwestfunk-Orchester Baden-Baden :

un CD SWR 19055.

Asrael est une œuvre singulièrement poignante-bouleversante

en double hommage de la part de Josef Suk

aux récentes disparitions de son beau-père et maître, Antonin Dvorak, en 1904,

et son épouse Ottilie Suk, en 1905.

En complément de ce très beau programme tchèque,

nous est offerte la Sérénade pour Orchestre (de 1950)

d’Isa Krejci (1904-1968).

Ce vendredi 17 août 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa

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