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Aborder l’hyper-finesse du penser de François Noudelmann, avec trois vidéos d’entretiens de l’auteur, deux articles miens de 2009, ainsi qu’un échange de courriels avec François Noudelmann en date des 28 et 30 mars 2009…

21mai

En quelque sorte en avant-propos à l’article que je m’apprête à proposer de mes lectures _ j’en suis à la troisième ! _ plus qu’enthousiastes de « Les Enfants de Cadillac« , de François Noudelmann,

qui vient de reparaître en édition de poche _ soit le Folio n° 7228, achevé d’imprimer le 30 mars dernier, et en librairie le 4 mai dernier, la première édition était parue le 19 août 2021, et je ne l’avais pas vu passer !.. _,

avec ce résumé :

Les destins du grand-père et du père de l’auteur. Chaïm est né en 1891 dans une famille pauvre de Lituanie et s’engage dans l’armée française en 1914. Il est grièvement blessé et finit sa vie dans une institution psychiatrique à Cadillac, en Gironde. Albert, son fils, est prisonnier en Allemagne en 1939. Il s’évade et regagne la France en manquant de se faire arrêter plusieurs fois.

« Le silence qui recouvre l’histoire de cet homme-là vient moins de la honte d’avoir un ancêtre fou, suscitant la peur d’une tare héréditaire, que d’une profonde mauvaise conscience de l’avoir abandonné. »

En 1911, fuyant les persécutions contre les Juifs en Lituanie, Chaïm, le grand-père du narrateur, s’engage dans l’armée française dans l’espoir d’obtenir la nationalité. Blessé par une bombe chimique pendant la Grande Guerre, il passe vingt ans interné et meurt dans l’anonymat à l’hôpital psychiatrique de Cadillac, en Gironde. En 1940, Albert, le père du narrateur, est à son tour dénoncé comme Juif. Après la libération des camps, il rejoint la France à pied depuis la Pologne, au péril de sa vie.

À travers cette bouleversante épopée familiale, François Noudelmann nous emporte dans les tumultes des deux conflits mondiaux et rédime les « fous » abandonnés par la France.

je me propose de donner ici même en liens trois très riches et passionnantes vidéos d’entretiens, en date du 7 juillet 2020, intégrées toutes les trois en un article unique pour ABCpenser.com , sur une idée de Philippe Petitintitulé très justement « Qui êtes-vous, François Noudelmann ? – Ma vie a été une suite de rencontres« ,

que voici :

_ « Qui êtes-vous, François Noudelmann ? » (22’21)

_ « Écouter » (28′ 51)

_ « Affinité » (25′ 05)

Bien à tort qualifié de « roman » par l’éditeur _ rien de fictif, ni même de romanesque, ici... _« Les Enfants de Cadillac » est un pur chef d’œuvre d’humanité la plus vraie qui soit _ et en toute la vaste pluralité de ses gammes et feuilletage merveilleusement analysé de ses dimensions… _, comme il en est hélas bien peu.

Avec aussi, de ma part, un renvoi à deux articles que j’avais consacrés à François Noudelmann et son splendide « Le toucher des philosophes : Sartre, Nietzsche et Barthes au piano« ,

celui du 18 janvier 2009 intitulé « « ,

et celui du 5 avril 2009 intitulé «  » ;

ce dernier mentionnant aussi un échange de courriels entre François Noudelmann et moi-même, en date des 28 et 30 mars 2009, que j’ai grand plaisir à reproduire ici même :

En tout cas,
le petit mot amical de François Noudelmann
à mon envoi d’articles de mon blog « En cherchant bien«
m’a fait très plaisir.
Et c’est de lui que je retiens ce mot même d’ »énergie » :


De :      Titus Curiosus
Objet :     Écriture et musique
Date :     28 mars 2009 07:48:48 HNEC
À :       François Noudelmann

Au delà du plaisir de découvrir que votre « Toucher des philosophes  » vient de se voir récompensé
du « Grand Prix des Muses« 
_ déjà un bien beau nom ! _,
je me permets de vous adresser cet article « Rebander les ressorts de l’esprit (= ressourcer l’@-tention) à l’heure d’une avancée de la mélancolie : Jean Clair »
à propos du dernier volume du « Journal » de Jean Clair
« La Tourterelle et le chat-huant« ,


car une remarque de Jean Clair fait état de l’importance pour lui
de la musique
pour s’aider à « écrire plus juste« …
J’ai conclu mon article sur cette note (et le rappel de votre livre).


Bien à vous,
Titus Curiosus

Et la réponse de François Noudelmann :

De :       François Noudelmann
Objet :     Rép :Écriture et musique
Date :     30 mars 2009 08:41:55 HAEC
À :      Titus Curiosus

Merci beaucoup pour ces informations et vos textes. Quelle énergie vous avez, c’est impressionnant ! J’aimerais avoir le secret de ces “ressorts”…
Amicalement, François

Voilà qui fait bien plaisir… Les « bouteilles » (à la mer) atteignent parfois les rivages ;
et même les courriels leurs destinataires…
C’est (presque) à ne pas en revenir !..

Et encore avec cette courte vidéo (de 3’30) pour la Librairie Mollat de présentation par François Noudelmann lui-même, le 7 août 2021, de ces (ou ses) « Enfants de Cadillac« …

À suivre, donc…

Ce dimanche 21 mai 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Dacia Maraini, superbe et lumineuse médiatrice, par sa littérature vraie, de voix empêchées ou contraintes, pour l’ouverture de la 4e édition du « Printemps italien », au Château de Thouars, à Talence, ce samedi 18 mars 2023

18mar

Ce samedi 18 mars 2023,

de 18h 30 à 20h 30, au Château de Thouars à Talence, pour l’ouverture de la 4e édition du « Printemps italien » dans la métropole bordelaise,

et dans un  français impeccable,

Dacia Maraini _  née le 13 novembre 1936 à Fiesole _ a été lumineusement splendide. 

À propos de son œuvre _ dont « La Vie silencieuse de Marianna Ucria » et « Le Bateau pour Kôbé : journaux japonais de ma mère«  (celui-ci traduit en français par Nathalie Castagné) : deux récits particulièrement emblématiques de son « donner une voix«  à qui est privé, momentanément ou durablement, de la parole (ou de l’écoute) : Marianna, ainsi, était sourde et muette ; quant à la famille de Dacia au Japon, c’était quand celle-ci a été internée au Japon, pour son anti-fascisme, pour avoir refusé allégeance au régime de Salò… ; « Voix«  étant aussi, très significativement, le titre d’une œuvre importante, « Voci« , en 1994, de Dacia Maraini… _,

dont elle a dit _ et c’est là le fondement ferme et constant de la conception que Dacia Maraini assigne à sa littérature… _ que chacun de ses romans est comme une réponse un peu développée _ et c’est là un euphémisme : en bien plus qu’une année d’écriture… _ à un personnage _ ou « caractère« , a-t-elle dit : historique ou bien contemporain… _ qui frappe un instant à sa porte, toc-toc, se présente à elle, et finit par demander, d’abord à passer la nuit en quelque chambre, puis, au matin, prendre un bon petit-déjeuner, et finalement séjourner le temps qu’il faudra en sa compagnie _ d’écriture (pour elle, réceptrice de cette voix qui demande à être un peu et enfin écoutée) de l’histoire à narrer de son récit, qui appelait ainsi, très instamment, à être donné et transmis, par elle, Dacia, à être raconté, et partagé, et reçu vraiment, par le menu infiniment sensible, et ainsi enfin « parlant« , par le passage à l’écriture (et après la lecture) d’une vraie littérature (l’unique qui vaille ! le reste, de divertissement, n’étant rien que misérable et très vaine imposture…), de ses plus significatifs très humbles, mais vrais détails, par les lecteurs les découvrant au fil de ce récit ;

en une forme de « mission civique » pour la médiatrice-réceptrice de cette voix qui demandait à être enfin entendue, que se fait alors, en quelque sorte, l’écrivaine-médiatrice, elle-même humble porte-parole de cette humilité profonde de victimes sollicitant d’être un peu écoutées et enfin un peu entendues, et reçues, via cette littérature… _ ;

à propos des femmes _ surtout celles qui, telle sa mère, Topazia, dans l’épreuve, sont fortes ;

et, en réponse à une question mienne sur les écrivaines italiennes qui comptaient le plus pour elle, Dacia, celles qu’elle a qualifiées (telle fut en effet sa très forte expression) d’ « écrivaines-mères«   pour elle : Elsa Morante, Natalia Ginzburg, Lalla Romano, Goliarda Sapienza _,

et à propos de l’infiniment tendre douceur de son ami Pier-Paolo Pasolini _ dont elle a détaillé le récit de leurs voyages (sous la tente), avec aussi Alberto Moravia, dans les contrées les plus misérables d’Iran, Inde, Yemen, ou Afrique ; en marquant bien l’importance des détails les plus quotidiens, humbles, et même triviaux, à relever et figurer, en l’écriture, comme de très maigre et pauvre nourriture vitale partagée, telle une poignée de riz mêlée de cadavres de mouches, par exemple…

Le 3 mars 2022, a paru, aux Edizioni Neri Pozza, « Caro Pier Paolo« , de Dacia Maraini, à propos duquel voici la vidéo (d’une durée de 48′ 41) d’un entretien, le 16 novembre 2022, entre l’auteur, s’exprimant en un français magnifique, et Stefania Graziano-Glockner, la présidente du Festival « Le Printemps italien« … 

Une bien belle soirée.

Ce samedi 18 mars 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

A propos de l’indispensable legs, toujours à inlassablement réactiver, de la lucidité d’imageance poïétique des chefs d’oeuvre majeurs des génies de la littérature mondiale _ ou la profonde vérité du « Ce qui demeure, les poètes le fondent », de Friedrich Hölderlin…

23fév

En apostille-ajout à mon article du 14 février dernier « « ,

ceci,

et un peu « retravaillé » encore, à la relecture devenant ré-écriture _ à la Montaigne en ses indispensables « Essais » _,

qui me paraît mériter, à lui seul, ce petit tiré-à-part-ci d’aujourd’hui :

mon « Lire ‘Liquidation’ d’Imre Kertész, ou ce qui dure d’Auschwitz« , achevé de rédiger le 13 janvier 2006, est enfin redevenu accessible, grâce à Nathalie Georges-Lambrichs _ qui a réussi à le « récupérer » sur une ancienne sauvegarde sienne, qu’elle est, non sans difficulté (elle n’en avait plus le souvenir…), parvenue à réactiver : ouf ! immense merci à elle ! _, tel que j’ai, sur ce blog même, mis en ligne en mon article du 8 novembre 2022 : « « ,

où ce très long texte mien _ plus long, mais c’était absolument nécessaire, que le texte de Kertész, dont il est n’est qu’une modeste, mais exigeante, lecture-commentaire, et un patient déchiffrage… _ de lecture-commentaire-déchiffrage du « Liquidation » de Kertész,

est miraculeusement redevenu effectivement accessible _ il n’a finalement pas été « liquidé« , ouf !, réduit au pur néant, lui, par l’accident de mon précédent ordinateur (soudainement un jour kaput !) où je le conservais sans sauvegarde aucune… _ à de patientissimes lectures !!!  ;

ce très très grand texte de Kertész qu’est ce chef d’œuvre étourdissant _ en son époustouflante complexité archi-enchevêtrée d’écriture par lui, l’auteur, mais aussi de lecture, par nous, ses lecteurs : pour ne pas nous y perdre, il nous faut, à nous lecteurs, très sérieusement nous y accrocher ; et c’est ce très patient effort-là que s’efforce de retranscrire, avec jubilation aussi et surtout, mon texte de lecture-commentaire-patient déchiffrage… _, de « Liquidation« , se re-révélant hélas ces jours de maintenant plus prémonitoire que jamais _ « Ce qui dure d’Auschwitz » avais-je, et à mon tour comme prémonitoirement, sous-titré ce modeste mien « Lire ‘Liquidation’« , qui, et cela à mon vif étonnement (!), résiste fort bien à la relecture, 17 ans après sa rédaction, achevée le 13 janvier 2006 !.. _ avec le présent retour de l’incroyable barbarie déchaînée sur ces décidément malmenées _ Boutcha, Irpin, Marioupol, Bakhmout, etc. _ terres d’Ukraine ;

relire ici, du très grand historien américain Timothy Snyder, pour commencer, son indispensable lucidissime « Terres de sang : l’Europe entre Hitler et Staline » (et désormais Poutine !)

_ et relire aussi, éventuellement et superfétatoirement, mes articles de commentaire, celui très détaillé, du 26 juillet 2012 « « , et celui, synthétique et rétrospectif, lui, du 4 mars 2022 « « , sur ce magistral travail de l’historien Timothy Snyder en ce magnifique et plus que jamais indispensable « Terres de sang : l’Europe entre Hitler et Staline« …

Et où nous mesurons aussi _ et c’est à cela que je veux bien sûr en venir ici _, tout ce que nous pouvons devoir, voilà !, par nos lectures, à la lucidité de poïesis la plus fine et la plus juste sur le réel des plus géniaux écrivains,

tel, en cette occurrence-ci, un Kertész…

Oui, voilà bien ce qu’apporte l’imageance des plus grands génies visionnaires _ et je repense ici à ce qu’en présente ce dialogue essentiel et fondamental de Platon, à propos de la puissance propre du poétique, qu’est son petit Ion _, écrivains et artistes ;

et il nous est plus que jamais indispensable, à nous les lecteurs de ce qui demeure encore de ces génies, de venir toujours et à nouveau, et génération après génération, les lire, et revenir, de nouveau, de nouveau, et génération après génération, il me faut le redire, venir et revenir encore les lire et les relire, et les méditer, tant sont puissamment destructrices les forces d’effacement, de dénégation négationniste, ainsi, d’abord, que d’oubli !, à inlassablement combattre et renverser…

Car, de ces génies visionnaires,

les regards, via _ et c’est bien cela seul qui vraiment porte et transporte jusqu’à nous, d’abord inattentifs, et oublieux que nous sommes, de l’essentiel  _, leurs plus que jamais vivantes_ à dimension temporelle d’éternité, mais oui ! puisque d’éternité il n’y a réellement que dans le temps de vies humaines (mortelles, c’est là un pléonasme) : toute vie (sexuée du moins) passe, et est promise à passer un jour définitivement, et il appartient donc à chacun, individu de passage, d’apprendre le plus vite possible, tant qu’il est temps, à saisir au vol ce que vient très furtivement et très brièvement offrir et mettre à notre portée le généreux et très malicieux (et tranchant aussi !) Kairos… _ parlantes et vibrantes voix _ oui, les voix ! je dis bien les voix : qu’il nous appartient, à nous les lecteurs, d’apprendre à percevoir, recevoir, écouter, et alors clairement enfin entendre, en leurs ténus et fragiles souffles-respirations, ainsi qu’intonations et accents, même : ce qui est le propre du seul, mais puissant en ses effets, poïétique, du moins quand ces effets du poïétique sont effectivement bien reçus et intégrés par la conscience la plus lucide du lecteur à son intelligence actuelle des situations… _ précieusement maintenues ainsi activement parlantes, déposées qu’elles sont, pour ce moment du moins où elles subsistent et durent un peu pour nous, en livres, et en livres accessibles à la lecture, ainsi que, et surtout, à la pensée-méditation à venir du lecteur, dans les rythmes souples et colorés de ces phrases _ surtout , car c’est leur allure et leur rythme singuliers qui importent !_, lignes, pages de ces livres-là, nous demeurent donc ces regards via les voix, plus que jamais présents, ces extra-lucides regards-là visionnaires, via les voix parlantes et vibrantes de vie, il me faut le souligner, en l’éclat de la beauté, oui, de la beauté, de ces œuvres et chefs d’œuvre, qu’à nous, leurs potentiels _ en voie de devenir d’un peu plus effectifs, si possible… _ lecteurs, ils ont su, tel un infiniment précieux legs, nous laisser à venir méditer _ en dialoguant un minimum avec eux _ ; charge à nous de les écouter et les entendre, ces voix, et accéder, par leur écoute musicale, à ces regards perspicaces et vifs-là.

La vraie lecture étant un réel et très effectif _ wirklich, dit Hegel… _ dialogue :

un entretien actif _ de muses : à la François Couperin... _ des deux côtés, auteur et lecteur ainsi en dialogue _ les muses en dialogue, donc ; encore à la François Couperin… Et on peut comprendre ainsi, au passage, ce qui me rend aujourd’hui particulièrement impatient de la publication, le 6 juin prochain, aux Éditions du Canoë (de Colette Lambrichs), de l’ « Ut musica, ut poïesis«  du cher Michel Deguy ; comme pour continuer avec lui la conversation entamée à la Station Ausone le 9 mars 2017, autour de son vibrant « La Vie subite« … _, et entre lecteur et auteur, quand survient le miracle de cette grâce, voilà, de s’entendre vraiment l’un l’autre.

Immense merci donc à eux tous, ces plus grands des auteurs !!!

Pour l’imageance poïétique de leurs vibrantes musicales voix, toujours vivantes et parlantes, en acte _ quand leur puissance est ainsi un peu richement activée _, pour nous, quand nous lisons vraiment leurs grands livres…

Lire et lier, relire et relier, étant consubstantiels.

Ce jeudi 23 février 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

De « Une Passion franco-allemande _ Souvenirs du Goethe-Institut de Bordeaux » à « Le Goethe-Institut de Bordeaux _ Une si riche passion intellectuelle franco allemande » : les souvenirs d’une passion (et d’une carrière professionnelle) de Jutta Bechstein-Mainhagu…

14fév

De « Une Passion franco-allemande _ Souvenirs du Goethe-Institut de Bordeaux » _ imprimé au mois de septembre 2022 _ à « Le Goethe-Institut de Bordeaux _ Une si riche passion intellectuelle franco allemande » _ imprimé au mois de février 2023 _,

soient le récit des souvenirs d’une passion (et d’une carrière professionnelle _ dans laquelle a pu se réaliser et s’épanouir cette passion « franco-allemande«  pas seulement « intellectuelle«  !.. _) de Jutta Bechstein-Mainhagu ;

ou ce qui se perd un peu d’une édition libre _ à compte d’auteur _ à une édition dans laquelle le choix du titre revient in fine à l’éditeur…

En lecteur attentif de ces deux ouvrages, bien peu différents, certes,

je regrette personnellement en effet ce qui se perd en lumière de vérité de ce passionnant et passionné récit de celle qui, de lectrice passionnée de littérature, est devenue une  passeuse passionnée et éminemment experte de la culture allemande, à Bordeaux, et très vite en France, puis en Europe, et enfin, avec Internet, dans le monde entier, auprès de lecteurs tant soit peu curieux de l’actualité la plus riche, quasi au jour le jour, de la culture allemande _ ayant à se remettre, difficilement, du poids des gravissimes crimes de l’hitlérisme, puis de celui de ses durables très pesants remords consécutifs : comment donc s’en remettre ?..

Car ce n’est pas à un compte-rendu historique de ce Goethe-Institut de Bordeaux _ qui, d’ailleurs, n’a pas eu souci de se doter d’archives de ses propres activités…que nous avons affaire ici, mais bien aux souvenirs très investis et passés au tamis de sa vive sensibilité, de celle qui dès sa nomination comme bibliothécaire, et son entrée dans les lieux _ alors au 16-ter de la rue Boudet (entre Cours de Verdun et Esplanade des Quinconces) _, le 13 juillet 1972, en fut tout aussitôt une très active et féconde cheville ouvrière,

devenant aussi, tout en fin de carrière _ en « 2012-2013« , est-il indiqué à la page 22 ; alors que Jutta prend sa retraite au mois de janvier 2013 ; et que c’est le 14 décembre 2012 qu’elle a fêté son 65e anniversaire… _, le neuvième directeur-directrice de ce Goethe Institut de Bordeaux,

après Fred Mensdorf (1971 – 1977), Gerhard Trapp (1977 – 1983), Gerhard Koebe (1983 – 1988), Wolfgang Ebert (1988 – 1991), Gisela Kadar (1991 – 1996), Holger Hartmann (1996 – …), Jochen Neuberger (… – 2004), Carmen Marcou (2005 – 2012), Jutta Bechstein-Mainhagu (2012 – 2013), Gertrud de Blay (2013 – 2018), Luise Holke (depuis 2018) ;

après être devenue auparavant, en 1997 _ et cela quinze années durant (1997-2013), c’est-à-dire jusqu’au moment de son départ à la retraite, au mois de janvier 2013 _, l’inventeur et l’animatrice infatigable de ce qu’elle-même a intitulé « le bureau de liaison littéraire du Goethe-Institut » _ à répercussions très vite internationales, même : quelle improbable aventure, au départ, en 1970, à l’âge de 22 ans, de Cobourg pour Paris !..

C’est donc cette passion personnelle de la jeune Jutta Harnatt, née le 14 décembre 1947 à Kronach, en Haute-Franconie (tout au nord du vaste Land de Bavière), devenue plus tard Jutta Bechstein, puis devenue veuve en 1997, Jutta Bechstein-Mainhagu,

qui m’a moi-même passionné par son enthousiasme très communicatif de lectrice attentive et tout à fait perspicace de la littérature allemande, notamment contemporaine ;

avec laquelle, Jutta, je n’ai pas manqué d’avoir régulièrement, moi qui ne suis pas germanophone _ mais mon père, issu d’une famille viennoise, est né le 11 mars 1914 à Stanislaus, en Galicie alors autrichienne _, d’éclairantes conversations, d’abord _ au tout début _, autour de l’œuvre si puissante et marquante, que je découvrais alors, dans les années 80, de ce génie _ autrichien _ qu’est Thomas Bernhard (Heerlen, 9 février 1931 – Gmunden, 12 février 1989) _ lire d’abord les 5 volumes de son autobiographie (écrits en 1975, 1976, 1978, 1981 et 1982 ; et publiés en traduction française chez Gallimard respectivement en 1988 (!), 1982, 1983, 1984 et 1985) : L’origine _ simple indication, La cave _ un retrait, Le souffle _ une décision, Le froid _ une mise en quarantaine et Un enfant ;

c’est à la parution à la NRf du « Souffle _ une décision » (celle de refuser de succomber à sa quasi mortelle maladie pulmonaire, et choisir de vivre en refusant l’avilissement-abaissement généralisé des compromissions…), le 13 septembre 1983, qu’un article enthousiaste de Jean-Louis de Rambures dans le Monde des livres, intitulé « Thomas Bernhard face à la mort« , m’a incité à me procurer et lire dare-dare, dans l’enthousiasme, pour la première et décisive fois, l’immense et formidable Thomas Bernhard : écrivain à l’implacable lucidité désormais et pour jamais indispensable ! Et donc c’est à partir de cette date-là, que j’ai aussitôt lu dès sa parution en traduction française le moindre titre paraissant de lui… ;

de même que j’allais voir (et y mener aussi mes élèves ! depuis Andernos où j’enseignais à philosopher…) en 1991, au Théâtre du Port-de-la-Lune, dirigé alors par Jean-Louis Thamin, les représentations de trois de ses pièces, pas moins !, dont « Le Faiseur de théâtre« , magnifiquement mis en scène par l’excellent Jean-Pierre Vincent (cf ces mots rétrospectifs de Jean-Pierre Vincent le 4 février 2011, en un entretien pour Libération, intitulé « L’art n’est clairement pas leur problème« ), et « La Société de chasse« , mise en scène par Jean-Louis Thamin, mais insupportablement défigurée hélas par cet horripilant cabot qu’est le pauvre Fabrice Luchini, qui se croit irrésistiblement amusant, aussi inintelligent là qu’à son habitude, et parfaitement infidèle à la subtile et terrible efficacité de Thomas Bernhard ; la troisième pièce étant peut-être (mais j’ai échoué à en trouver jusqu’ici trace dans les archives accessibles sur le Net, ainsi que dans mes agendas) « Minetti _ portrait de l’artiste en vieil homme« … _,

pour commencer ;

puisque je me suis ensuite passionnément intéressé à bien d’autres auteurs de la sphère d’influence germanique, en Europe centrale et orientale, comme, tout particulièrement, Bruno Schulz (« Les Boutiques de cannelle« , « Le Sanatorium au croque-mort« …), Gregor von Rezzori (« Neiges d’antan« , « Mémoires d’un antisémite« , « Sur mes traces« …), Walter Benjamin (tout l’œuvre !), Hannah Arendt (tout l’œuvre !), Lisa Fittko (« Le Chemin des Pyrénées« , devenu « Le Chemin Walter Benjamin« …), Imre Kertész (tout l’œuvre, et surtout l’indispensable « Le Chercheur de traces » _ redonné in « Le Drapeau anglais«  _ ainsi que son extraordinaire « Liquidation« , à propos des indélébiles séquelles de tout cela…),

et bien d’autres encore, et assurément non des moindres : Aharon Appelfeld (« Histoire d’une vie« , etc.), Wlodzimierz Odojewski (le bouleversant « Et la neige recouvrit leur trace« …), Andrzej Kusniewicz (« Le Roi des Deux-Siciles« , « L’État d’apesanteur« , etc.),

et aussi _ il ne me faut certes pas les oublier _ Pierre Pachet (« Autobiographie de mon père« ), Daniel Mendelsohn (« Les Disparus« ), Patrick Desbois (« Porteur de mémoires« ), et l’immense Saul Friedländer (les deux tomes de son monumental « L’Allemagne nazie et les Juifs« , ainsi que son « Quand vient le souvenir« …),

etc., etc.,

jusquà mener sur quelques uns d’entre ceux-là des recherches poussées, avec même quelques découvertes _ par exemple la localisation, à Montauban, du domicile de Hannah Arendt et son époux Heinrich Blücher (à l’étage au-dessus d’un atelier de photographe), plusieurs mois durant, entre sa fuite du camp de Gurs et leur difficile sortie de France, Varian Fry et son réseau à Marseille aidant, afin, par « le chemin des Pyrénées« , et via l’Espagne et Lisbonne, de réussir à gagner New-York et les États Unis : ce dont j’ai pu faire part, les 28 et 29 avril 2014, au colloque « Hannah Arendt«  organisé au Château d’Orion par Elke Jeanrond-Premauer, avec laquelle Jutta m’avait très efficacement mis en contact… _,

ainsi que des lectures et analyses très détaillées,

comme en mon « Lire ‘Liquidation’ d’Imre Kertész, ou ce qui dure d’Auschwitz« , achevé de rédiger le 13 janvier 2006, et redevenu accessible, grâce à Nathalie Georges-Lambrichs _ qui a réussi à le « récupérer » sur une ancienne sauvegarde sienne qu’elle est parvenue à réactiver : ouf ! immense merci à elle ! _ en mon article du 8 novembre 2022 : « « , où ce très long texte mien de lecture-commentaire-déchiffrage du « Liquidation » de Kertész est miraculeusement redevenu accessible _ il n’a finalement pas été « liquidé« , réduit au pur néant, lui, par l’accident de mon précédent ordinateur où je le conservais sans sauvegarde aucune… _ à de patientissimes lectures !!!  ;

ce très très grand texte de Kertész qu’est ce chef d’œuvre étourdissant _ en son époustouflante complexité archi-enchevêtrée d’écriture par lui, l’auteur, puis de lecture, par nous, ses lecteurs… _, de « Liquidation« ,

se re-révélant hélas ces jours de maintenant plus prémonitoire que jamais _ « Ce qui dure d’Auschwitz » avais-je moi aussi comme prémonitoirement sous-titré ce modeste mien « Lire ‘Liquidation’« , qui, et cela à mon plus vif étonnement (!), résiste superbement à la relecture, 17 ans après sa rédaction, achevée le 13 janvier 2006 ! _ avec le présent retour de l’incroyable plus qu’infâme barbarie déchaînée sur ces décidément malmenées _ Boutcha, Irpin, Marioupol, Bakhmout, etc. _ terres d’Ukraine ; relire ici, du très grand historien américain Timothy Snyder, pour commencer, son indispensable « Terres de sang : l’Europe entre Hitler et Staline » (et désormais Poutine !) _ et relire aussi mes articles, celui très détaillé, du 26 juillet 2012, « « , et celui, synthétique et rétrospectif, du 4 mars 2022, « « , sur ce formidable travail de Timothy Snyder en ce « Terres de sang : l’Europe entre Hitler et Staline« …

Et où nous mesurons tout ce que nous pouvons devoir à la lucidité de poïesis la plus fine et la plus juste sur le réel des plus grands écrivains, tel ici un Kertész…

Oui, voilà bien ce qu’apporte l’imageance des plus grands écrivains et artistes ;

et il nous est plus que jamais indispensable, à nous leurs lecteurs, de venir toujours et à nouveau, génération après génération, les lire, et revenir, de nouveau, les relire ! Car leurs regards, via leurs très vivantes voix précieusement maintenues activement parlantes, déposées qu’elles sont dans les rythmes des phrases, des lignes et des pages de leurs livres, nous demeurent plus que jamais présents, ces extra-lucides regards visionnaires-là, via ces œuvres et chefs d’œuvre, qu’à nous, leurs potentiels lecteurs, ils ont su, tel un infiniment précieux legs, nous laisser.

Immense merci à eux tous, ces plus grands des auteurs !!!  Et fin ici de l’incise.

Ma dette amicale à l’égard de Jutta, via nos conversations passionnées à la bibliothèque du Goethe-Institut, à Bordeaux, n’est donc pas mince…

Ci-joint, un lien au très intéressant petit portrait-vidéo (de 11′ 40) réalisé, il y a 4 jours aujourd’hui, par Jutta dans le petit studio ad hoc de la Librairie Mollat afin de présenter son livre,

même si Jutta met davantage l’accent ici sur son action professionnelle _ très efficace et bien connue à Bordeaux _ au Goethe-Institut, que sur l’histoire personnelle beaucoup plus touchante de ce qu’elle a nommé cette très vive « passion franco-allemande » sienne, née en sa petite enfance et son adolescence _ à Cobourg, et d’abord à travers des livres de littérature… _, qui continue de l’animer et la faire encore et toujours se transcender…

Lire aussi un remarquable entretien, excellemment synthétique, de Jutta avec le journaliste Christian Seguin, publié dans le journal Sud-Ouest du 28 janvier 2013 sous l’excellent titre, déjà, « Une passion française » ;

ainsi que peu auparavant, le 15 novembre 2012, et sous la plume, cette fois, du toujours judicieux Christophe Lucet _ petit-fils du très fin Pierre-Henri Simon _, celui, éclairant aussi, intitulé « Les quarante bougies du Goethe Institut« …

Ce mardi 14 février 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Fin ce lundi à 14h 36 de ma toute première lecture-déchiffrage du « MDEILMM _ Parole de taupe » d’Héléne Cixous : un opus conversationnel désopilant !

14nov

Fin ce lundi 14 novembre 2022, à 14h 36, de ma toute première lecture-déchiffrage du « MDEILMM _ Parole de taupe » d’Héléne Cixous :

un opus absolument désopilant !

_ et à ce propos, je recommande tout spécialement l’épisode à hurler de rire, aux pages 74 à 79, des choux à la crème auxquels ne peut surtout pas résister la cousine d’Hélène, peut-être cette « cousine Pi » (et sœur du cousin « Paul-le-malheureux« ), précédemment évoquée dans son cahier « Nacres« , et qui serait née en 1932 ; cf mon article «  » du 17 octobre 2019… L’irrésistible puissance de comique d’Hélène Cixous emportant tout !

H., décidément, s’amuse énormément,

avec l’offrande de cette n-ième revisite, avec sa réserve bien giboyeuse de magiques nouveautés, du quatrième étage de la rue Philippe, à Oran, de son enfance en Algérie sous Pétain,

où continuent de venir nous parler les adorables tables tournantes des apothicaires « Monsieur Émile » et sa pas tout à fait sybilline sœur-baleine Alice Carisio,

pour notre enchantement…

Avant de rédiger un premier commentaire un peu personnel de cet opus

qui fait suite-prolongement au déjà bien beau « Rêvoir » de l’année dernière, 2021 _ cf mes trois articles des 25 « « , 26 «  » et 27 décembre derniers «  » _,

je désire, en forme d’ouverture à mes propres remarques, citer ici deux articles consacrés à ce récent « MDEILMM _ Parole de taupe« ,

en date des 18 octobre, « Hélène Cixous, messagère de la taupe-littérature« ,

et 22 octobre derniers, « Frappée(e)(s) à l’âme, par Hélène Cixous, écrivain« ,

sous les plumes de Véronique Bergen et Fabien Ribéry…

Et désormais,

en la difficile absence physique, pour Hélène, de sa bien terrienne et solide et si vivante et très généreusement prenante mère Eve, née Klein, à Strasbourg le 10 avril 1910,

ce sont sa linguiste de fille Anne-Emmanuelle, née à Sainte-Foy-la-Grande le 27 juillet 1958, et son scientifique et mathématicien de fils Pierre-François (dit Pif), né à Paris le 22 septembre 1961, qui sont devenus les interlocuteurs priviligiés de ces vives et très animées magnifiques conversations de voix d’Hélène,

confiées à l’accueillante soie tendre, mais durable, et donc in fine assez solide, du papier

de ce qui va nous demeurer, à nous lecteurs tant soit peu attentifs _ ou inattentifs, c’est selon… _, en livres

à toujours encore jouer _ comme Hélène Cixous, la première, en l’activité hyper-sensible et hyper-ouverte, et plutôt joyeuse, de son imageance si joueuse _ à déchiffrer _ de tels livres ne se livrant pas, de même que le plus fin nectar de leur suc, immédiatement, à la toute première lecture, un peu trop rapide : leurs mystères nous défiant (de même qu’ils défient aussi Hélène, la première, en ses séances béantes d’écriture de tels livres…) ironiquement toujours un brin… Il nous faut donc apprendre un minimum à jouer, avec délices, avec la vraie littérature s’écrivant et se lisant, ainsi que se donnant finement à écouter… _,

et éventuellement _ c’est aussi selon nos propres humeurs… _ ruminer…

À suivre, donc,

Ce lundi 14 novembre 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

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