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Quelle musique donc écouter pour supporter de succéder, avec tant soit peu de succès, à l’enchantement jouissif d’un pur chef d’oeuvre ?..

03nov

Il est bien difficile, pour une œuvre à choisir d’écouter, de succéder, avec suffisamment de succès, au degré d’enchantement qui vient d’être éprouvé à la jouissance extatique voire orgasmique… _ d’un pur chef d’œuvre

_ et d’interprétation aussi…

Ou encore :

comment réussir à composer _ pour un concert ou pour un disque _ un programme d’œuvres dans lequel ne soit pas éprouvée une trop forte dépressurisation _ vraiment trop déceptive… _ de l’auditeur ?..

Telle est la question que je me suis posée à la suite de mes écoutes successives de l’enchanteur Mozart de Francesco Piemontesi,

d’une part _ cf mon article «  » du 31 octobre dernier… _ ;

et, d’autre part, du superlatif Vivaldi en 3 CDs de Giuliano Carmignola _ cf mes deux articles «  » et «   » des 1er et 2 novembre, avant-hier et hier 31 octobre derniers… _ qui ne cesse de me combler…

Quelle solution ai-je donc pu trouver à pareille nécessité de niveau de programme, ce jour ?..

Quel CD me suis-je proposé à écouter, face à tel danger/risque de dépressurisation de plaisir musical ?..

J’ai donc choisi d’une interprète violoniste elle aussi brillantissime, Isabelle Faust (), le CD « Solo » (Harmonia Mundi HMM 902678, enregistré à Berlin au mois d’avril 2020),

recommandé à la fois par ce très fin mélomane qu’est mon gendre Sébastien,

ainsi que par un Diapason d’Or du magazine Diapason n°727 de ce mois de novembre 2023, avec un article assez élogieux, à la page 98 de Jean-Christophe Pucek, qui a pris soin de comparer 5 des 6 morceaux choisis par Isabelle Faust avec des interprétations _ parues en des CDs de 1991, 2004, 2009, 2013 et 2023 _ d’autres violonistes :

 

_ de la « Fantasia » en la mineur (vers 1719) de Nicola Matteis le fils (ca. 1670 – 1737), une interprétation de Leila Schayegh, pour Glossa en 2023 _ Faust s’y montre « moins extravertie« , juge Pucek… _ ;

_ d’un choix d »Ayres for the violin » (de 1676) de Nicola Matteis le père (ca. 1650 – après 1713), une interprétation d’Hélène  Schmitt, pour Alpha en 2009 _ Faust s’y montre « moins contemplative« , juge Pucek... _ ;

_ de la « Sonate » en la mineur (vers 1725) de Johann-Georg Pisendel (1687 – 1755), une interprétation de Rachel Podger, pour Channel Classics en 2013 _ Faust s’y montre cette fois « plus solaire« , selon Pucek… _ ;

_ de la « Partita » n°5 en sol mineur (en 1715) de Johann-Joseph Vilsmayr (1663 – 1722), une interprétation de Gunar Letzbor, pour Arcana en 2004 _ et Faust s’y montre « plus flamboyante et relevée« , indique Pucek… _ ;

_ de la « Passacaille« en sol mineur dite « l’ange gardien« , extraite des fameuses « Sonates du Rosaire » (en 1684-1685) de Heinrich-Ignaz-Franz Biber (1644 – 1704), une interprétation de Reinhard Goebel, pour Archiv en 1991 _ Faust la joue « alla Goebel« , et y montre « un souffle et une ardeur invincibles« , pour Jean-Christophe Pucek, dans cet article de Diapason.

En revanche,

Jean-Christophe Pucek ne dit rien des « Amusements pour violon seul« , Op. 18 (de 1762)  de Louis-Gabriel Guillemain (Paris, 15 novembre 1705 – Chaville, 1er octobre 1770), telles qu’elles ont été interprétées et enregistrées _ « en première mondiale«  _ en 2002 par Gilles Colliard, en un CD EMEC E-054 _ un CD que je possède :  en effet, c’est depuis bien longtemps que je m’intéresse aux violonistes français contemporains de Jean-Marie Leclair (Lyon, 1697 – Paris, 1764), dont fait partie Louis-Gabriel Guillemain, éléve comme Leclair, à Turin, de Giambattista Somis (Turin, 1686 –  Turin, 1763) ; et si Guillemain a peut-être été aussi des élèves de Jean-Marie Leclair, il en a été en tout cas un rival ; de même que fut aussi un rival de Leclar le turinois de naissance Jean-Pierre Guignon (Turin, 1702 – Versailles, 1774)… ; et ne perdons jamais de vue que le violon est bien une invention italienne !.. _, un CD que Pucek semble ignorer…

Alors, pour ce qu’il en est du passage du CD Mozart-Piemontesi de mon article du 31 octobre et des trois CDs Vivaldi-Carmignola de mes articles des 1er et 2 novembre derniers, à ce récital-ci « Solo » d’Isabelle Faust,

disons que la redescente musicale se fait en très satisfaisant confort…

Quelle surprise discographique va donc bien pouvoir suivre ?…

Ce vendredi 3 novembre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Joseph Marchand (1673 – 1747) et la naissance du violon français, au tournant des XVIIe et XVIIIe siècles (suite)…

05avr

Dans la continuité de mon article du 29 mars dernier «  »

et toujours à propos du triple album AParté AP 301 des « Suites » pour le violon et la basse, en 1707, de Joseph Marchand (1673 -1747) par le oh! Trio,

voici ce mercredi 5 avril 2023, sur le site Discophilia, un article intitulé « Apogée du violon français » de Jean-Charles Hoffelé consacré à cette superbe réalisation discographique _ du label Aparté _ d’un jeune ensemble polonais, le oh! trio, explorant le répertoire baroque français étrangement bien trop ignoré et délaissé par les violonistes baroques français d’aujourd’hui…

APOGÉE DU VIOLON FRANÇAIS

Dans la longue théorie des musiciens et compositeur de la famille _ et homonymes ! Joseph n’a pas de lien de parenté avec le mieux connu claveciniste et organiste Louis Marchand !Marchand, Joseph, basse de violon à la Chapelle Royale puis à la Grande Bande, musicien courant des concerts des petits appartements de Louis XV, avait corps et bien disparu _ de l’horizon (de connaissance et fréquentation) des musiciens et de la plupart des musicologues _, et c’est un peu un miracle que quatre amis polonais _ Martyna Pastuszka, Krzysztof Firlus, Anna Firlus et Jan Čižmář _ aient retrouvé ces somptueuses Suites pour les exhumer au disque.

Pas moins de trois CDs où parait l’épanouissement _ alors en voie de déploiement _ de l’influence italienne (jusqu’à l’usage du double trille) intégré au style noble de la suite française, airs et danses, pièces en portrait, chaconnes ou siciliennes pour conclure, Sonates pour ouvrir, souvent la nostalgie la plus étreignante (l’Air II de la Sixième Suite) voisine avec des danses toujours élégantes.

Musique de pur plaisir, et des plus raffinées _ dans le voisinage de l’œuvre absolument contemporaine de François Couperin (1663 – 1733) _, mais aussi rêveries un rien crépusculaires _ un peu à la Marin Marais (1656 – 1728) _ que magnifient des interprètes audiblement sous le charme de leur découverte _ oui ! _, prenant soin de varier les couleurs : Anna Firlus prend l’orgue positif dans la Deuxième Suite, le luth de Jan Čižmář s’invite dans la Troisième Suite, la viole de gambe de Krzyzstof Firlus contrechante avec tendresse au long de cet émouvant recueil sauvé de la poussière des bibliothèques.

Et si demain les quatre amis exploraient le legs, plus italianisant encore, de Jean-Baptiste Anet le fils _ 1676 – 1755 _ ?

LE DISQUE DU JOUR

Joseph Marchand
(1673-1747)


Suites de Pièces mêlée de
Sonates pour le violon
et la basse (1707)

{oh!} trio
Jan Čižmář, luth

Un album du label Aparté AP301

Photo à la une : © DR

Ainsi la très intéressante notice de ce CD _ d’Evangelina Kopsalidou, s’inspirant de la rubrique de Bernard Bardet concernant « les Marchand«  dans l’indispensable « Dictionnaire de la musique en France aux XVIIe et XVIIIe siècles » de Marcelle Benoît, aux Éditions Fayard, en 1992… _ dresse-t-elle un tout à fait bienvenu panorama historique de l’école française de violon _ cet instrument italien si tard venu en France _ à l’époque baroque :

après le premier livre de Sonates pour violon de François Duval, publié en 1704, puis en 1707 et 1711, avec ces Suites & Sonates pour le violon & la basse de Joseph Marchand, les Sonates pour violon de Sébastien de Brossard, Elisabeth Jacquet de La Guerre et Jean-Fery Rebel, les œuvres pour violon de la génération de Jean-Baptiste Anet et ses élèves, Louis et François Francoeur, Jean-Baptiste Sénaillé.

Puis, une génération plus tard, à partir de 1725, viendront Jean-Marie Leclair, Jean-Pierre Guignon, Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville, Louis-Gabriel Guillemain.

Vers 1750, la troisième génération est celle de Jean-Baptiste Cupis, Jean-Baptiste Canavas, Joseph-Bernabé Saint-Sévin l’Abbé le fils.

Et à la fin du siècle, la quatrième génération de Pierre Vachon, Nicolas Capron, le chevalier de Saint-Georges et surtout _ le bordelais _ Pierre Gaviniès.

Une réalisation discographique exemplaire, donc.

Et à suivre…

Ce mercredi 5 avril 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Pourquoi si peu de CDs consacrés, ce siècle-ci, à l’oeuvre de Jean-Marie Leclair (1697 – 1764) ?

13août

Jean-Marie Leclair (Lyon, 10 mai 1697 – Paris, 22 octobre 1764)

est un très grand compositeur du Baroque français ;

tout particulièrement _ mais pas exclusivement _ dans le répertoire du violon.

Formé au violon à Turin _ la capitale du royaume de Savoie _

auprès du virtuose Giovanni Battista Somis (Turin, 25 décembre 1686 – Turin, 14 août 1763),

le lyonnais d’origine Jean-Marie Leclair

est une cheville ouvrière clé de la réunion des goûts réunis, au XVIIIe siècle,

entre l’Italie et la France…

C’est ainsi qu’il développe en France

ces nouveaux genres musicaux nés de l’autre côté des Alpes

que sont, notamment, la sonate et le concerto.

Ce jour,

Jean-Charles Hoffelé, sur son site Discophilia,

consacre un article intitulé Violon à la française

à un coffret de 3 CDs du label Brilliant Classics _ n° 95290 _

intitulé Jean-Marie Leclair Complete Violin Concertos,

par l’Ensemble Violini Capricciosi,

constitué de

Igor Ruhadze (violon solo et leader),

Daria Gorban et Marta Noelia Jimenez Vega (violons),

Eirini Stratigopoulou, alto,

 Octavie Dostaler-Lalonde, violoncelle,

Juan Diaz, contrebasse,

et Alexandr Puliaev, clavecin.

Voici cet article,

qui fait un point très opportun sur l’histoire discographique

de ces Concertos pour violon (Op. 7 et Op. 10) de Jean-Marie Lelair.

VIOLON À LA FRANÇAISE

Les deux cahiers de Concertos que Jean-Marie Leclair écrivit à son usage _ de compositeur violoniste virtuose _ sacraient le règne absolu de l’instrument italien _ voilà _ qui, dans le répertoire français, avait supplanté la viole _ cf l’excellent triple album Ricercar, en 1993, Defense de la basse de viole contre les entreprises du violon et les prétentions du violoncelle, d’après l’œuvre, en 1740, de Hubert Le Blanc. La virtuosité folle, l’archet acrobatique, la main gauche agile et ferme _ oui _, tout installait de nouveaux standards techniques  _ mais artistiques aussi _ dont ces douze concertos _ en 1737 et 1745 _ célèbrent les fastes avec une fantaisie, une liberté, des audaces qui voguent entre Italie et France (lorsque les imitations de musette paraissent comme dans le Largo de l’Opus 10 No. 5), nouveaux concerts des Goûts Réunis _ selon l’expression de François Couperin (Paris, 10 novembre 1668 – Paris, 11 septembre 1733).

Leclair ne fut _ certes _ pas seul pour cette révolution parisienne : _ outre Louis-Gabriel Guillemain (Paris, 15 novembre 1705 – Chaville, 1er octobre 1770)Pierre Guignon _ Giovanni Pietro Ghignone (Turin, 10 février 1702 – Versailles, 30 janvier 1774 ; et lui aussi élève de Somis  _ lui disputa souvent la primauté, leurs concerts en joute sont restés célèbres, mais le génie de Leclair dominait toujours, dans ces concertos comme à l’Opéra, où Scylla et Glaucus _ créé à l’Académie royale de Musique le 4 octobre 1746 _ aura sacré la seconde apogée _ après Lully (Florence, 28 novembre 1632 – Paris, 22 mars 1687), et avec Rameau (Dijon, 25 septembre 1683 – Paris, 12 septembre 1764) _ de la Tragédie lyrique.

Les Concertos _ pour violons _ connurent une fortune _ relativement _ modeste au disque, Jean-François Paillard le premier les distribua à Huguette Fernandez et Germaine Raymond, y revint pour la stéréophonie avec Gérard Jarry ; à l’ère moderne, Jaap Schröder, en pionnier _ oui, en 1978 _, donna un relief saisissant à trois Concertos avec son ensemble d’Amsterdam, avant que Simon Standage _ surtout _ n’impose à l’intégrale _ en 3 CDs Chandos _ un modèle un rien trop classique, Fabio Biondi lui répondant pour une sélection en des termes équivalents.

Le paysage changea radicalement avec un disque divin de Monica Huggett ; et l’Opus 7 vivement enlevé par Luis Otavio Santos et Les Muffatti _ le CD Ramée 1202. Coda de ces relectures brillantes et historiquement informées, l’intégrale de Leyla Schayegh chez Glossa _ cf mes articles récents _, virtuose et impertinente _ oui, comme ce genre et l’époque de leur composition le réclament .

Celle que propose ici Igor Ruhadze et ses Violoni Capricciosi n’est en rien sage ou scolaire comme j’ai pu le lire ici où là, elle fuse souvent dans un jeu qui prend tous les risques, montre bien du caractère dans les Finales en gigue, ou les musettes ; mieux, si elle fait un Opus 7 brillant, ce que le recueil appelle, il me semble que son Opus 10, moins prisé _ jusqu’ici _ des violonistes – plus complexe, plus français _ oui ! _ avec ses nombreuses références aux danses – trouve toujours le ton juste, un peu nostalgique, avec des élégances _ voilà _ qui anticipent sur le classicisme de Mozart, si bien que l’intégrale s’ajoute à une discographie peu abondante, offrant au sein de celle-ci un angle singulier d’où ces admirables concertos _ merci ! _ se voient et s’entendent d’une façon différente.

LE DISQUE DU JOUR

Jean-Marie Leclair (1697-1764)


6 Concertos pour violon, Op. 7 (Intégrale)
6 Concertos pour violon, Op. 10 (Intégrale)

Igor Ruhadze, violon
Ensemble Violini Capricciosi

Un coffret de 3 CD du label Brilliant Classics 95290

Photo à la une : le compositeur Jean-Marie Leclair – © BnF

Une parution bienvenue,

en un répertoire superbe, pas encore assez couru des interprètes.

Ce jeudi 13 août 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Louis-Gabriel Guillemain (1705 – 1770), par le flûtiste Wilbert Hazelzet : une révélation (de musique de chambre française du XVIIIe siècle)

19mar

Qui eut pu attendre la révélation

du talent du compositeur

et virtuose du violon

Louis-Gabriel Guillemain (1705 – 1770),

par un autre interprète

qu’un violoniste ?..

Eh bien ! c’est pourtant ce qui se produit

avec la superbe version que donne au CD

_ le CD resonus RES10222 : Flûte Quartets Op. 12 _

l’excellent flûtiste qu’est Wilbert Hazelzet

avec l’ensemble Fantasticus !

Vous en serez ravis !

Ce mardi 19 mars 2019, Titus Curiosus

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