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Un pianiste bien mieux que prometteur : Martin James Bartlett, dans Ravel, Reynaldo Hahn, et Debussy, Rameau et François Couperin : son enchanteur CD « La Danse »…

31jan

L’article d’hier mardi 30 janvier de Jean-Charles Hoffelé, intitulé « Danse funèbre« , sur son site Discophilia,

m’a grandement mis l’eau à la bouche à propos du CD « La Danse«  _ le CD Warner Classics 5054197896804, tout juste sorti le 26 janvier dernier… _ du jeune pianiste anglais Martin James Bartlett _ né à Londres le 20 juillet 1996 ; le découvrir aussi dans sa vidéo du « Liebestraüme » n°3 , de Franz Liszt (4′ 58), du 3 mai 2019… _,

consacré principalement à 3 chefs d’œuvre absolus de Maurice Ravel, « Pavane pour une infante défunte« , « Le Tombeau de Couperin » et « La Valse« ,

ainsi que quelques autres pièces _ superbes, elles aussi ! _ de musique française, autour :

une « Gavotte et ses six doubles« , extraite de la « Suite en la mineur » des « Nouvelles Suites de clavecin » de Jean-Philippe Rameau,

« Les Barricades mystérieuses« , la pièce n°5 du Sixième Ordre du « Second Livre de pièces de clavecin » de François Couperin,

l' »Andantino n°1 » des « Arabesques » de Claude Debussy,

et _ surtout _ deux pièces _ d’un charme fou _ du « Ruban dénoué » de Reynaldo Hahn : « Décrets insolents du hasard » et « Les Soirs d’Albi » _ qui forment le sommet de charme français de ce merveilleux CD !

DANSE FUNÈBRE

Que l’on ne croit _ surtout _ pas le titre de ce papier. L’œuvre _ très effectivement, oui _ la plus ouvertement noire de ce disque que l’on classera à Ravel _ soit « La Valse » pour l’apocalypse viennoise… _ est emporté dans un clavier absolument solaire, dont les vertiges érotiques, les grands gestes d’un piano absolument orchestral, ne danseront jamais au bord d’un volcan. Cette Valse n’est pas _ ici… _ un monde qui s’effondre _ ce qu’elle est bien, en sa vertigineuse réalité ! _, mais un pur spectacle esthétique _ voilà, délié… _ où les canons de l’art de Ravel sont magnifiés par un jeu athlétique absolument clouant. La lettre oui, et c’est rare de l’entendre à ce point réalisée dans une partition où les chausse-trappes abondent, mais l’esprit aussi _ mais _ sans le tragique _ ce qui n’est tout de même pas peu… Et pour ma très modeste part, personnement je le regrette…

Le tragique, vous le trouverez _ subtilement _ masqué _ tapi _ dans un _ tout à fait _ émouvant Tombeau de Couperin, tout en apartés, phrasé avec une imagination de tous les instants, dansé (le Rigaudon est leste, les ornements de la partie centrale faisant vraiment paraître Couperin) mais surtout ému (la Forlane, hors du temps, belle à pleurer _ oui ! _). Ce tragique affleurera dans l’assombrissement du Menuet, moment saisissant, et sera à peine suggéré dans une Pavane pour une infante défunte admirablement tenue _ oui, oui, oui. C’est magnifique !

La variété du toucher, la présence d’une main gauche diseuse, le grand son mis à Rameau ou Couperin laissent espérer que Martin James Bartlett reviendra aux clavecinistes français qu’il entend avec bien plus d’art qu’un certain confrère plus chenu _ lequel ? _, mais l’autre merveille _ absolument ! _du disque, plus encore que la face Ravel, plus que l’Arabesque de Debussy qui sous ses doigts a un petit côté Clair de lune, ce sont bien _ oui, oui, oui _ les deux _ merveilleuses _ pièces tirées du _ formidableRuban dénoué _ ce délicieux pur chef d’œuvre, mais pas encore assez connu, de Reynaldo Hahn, composé pourtant dans les tranchées, en 1915 _ où le rejoint l’ami Alexandre Tharaud, romance nostalgique _ sublimisssime !!! _ des Décrets indolents du hasard, petit contredanse anisée des Soirs d’Albi, perles tirées d’un cycle de valses merveilleux _ oui, oui, oui _ tout juste enregistré dans son intégralité par Eric Le Sage et Frank Braley (voir ici) _ et voir aussi mon article enchanté «  » du 13 janvier dernier.

LE DISQUE DU JOUR

La Danse

Jean-Philippe Rameau
(1683-1764)


Gavotte et six doubles
(No. 7, extrait de la « Suite en la mineur, RCT 5 »,
des « Nouvelles suites de pièces de clavecin, 1727 »)


François Couperin
(1668-1733)


Les Barricades mystérieuses (No. 5, extrait de l’« Ordre VI », du
« Second livre de pièces de clavecin, 1717 »)


Maurice Ravel (1875-1937)


Le Tombeau de Couperin, M. 68
Pavane pour une infante défunte, M. 19
La Valse, M. 72 (version pour piano deux mains)


Reynaldo Hahn (1874-1947)


Le ruban dénoué (2 extraits : No. 1. Décrets indolents du hasard ;
No. 2. Les soirs d’Albi)
*


Claude Debussy (1862-1918)
Arabesque No. 1, CD 74/1. Andantino con moto

Martin James Bartlett, piano
*Alexandre Tharaud, piano

Un album du label Warner Classics 5054197896804

Photo à la une : le pianiste Martin James Bartlett –
Photo : © Paul Marc Mitchell

Afin d’en juger,

rien de mieux qu’en écouter, un par un, chacun des podcasts :

_ celui de la « Gavotte et ses 6 doubles » de Jean-Philippe Rameau (6′ 25)

_ celui des « Barricades mystérieuses » de François Couperin (2′ 44)

_ ceux des 6 pièces du « Tombeau de Couperin » de Maurice Ravel :

      _ le « Prélude » (3′)

      _ la « Fugue » (3′ 57)

      _ la « Forlane » (6′ 02)

      _ le « Rigaudon » (3′ 06)

      _ le « Menuet » (4′ 44)

      _ et la « Toccata » (3′ 55)

_ ceux de 2 extraits _ en contraste tout à fait épatant _ du « Ruban dénoué » de Reynaldo Hahn, à 2 pianos, avec Alexandre Tharaud :

      _ « Décrets indolents du hasard« (1′ 36)

      _ « Les Soirs d’Albi » (2′ 32)

_ celui de l’ « Arabesque » n°1 de Claude Debussy (4′ 37)

_ celui de la « Pavane pour une infante défunte » de Maurice Ravel (5′ 58)

_ celui de « La Valse » de Maurice Ravel, dans une version pour piano à deux mains ici (11′ 36)

Pour ma part,

de ce formidablement délicieux CD de sommets de charme fou du meilleur de la musique française,

je regrette seulement _ un peu, car l’interprétation est vraiment magistrale !! quelle clarté de lecture ! _ la dilution _ un poil trop purement hédoniste ici, à mon goût ; je ne partage donc pas toutà fait l’avis, pour une fois, de Jean-Charles Hoffelé… _ du tragique absolu, pourtant, de « La Valse » _ une œuvre génialissime !_ de l’apocalypse viennoise de l’immense Maurice Ravel,

cette sublime course à l’abîme et à la chute que décidément elle est bien, cette « Valse » pour Vienne…

Mais, à la suite de plusieurs infiniment jouissives ré-écoutes de ce piano à deux mains de Martin James Bartlett _ sans  Alexandre Tharaud donc… _ en cette splendidissime « Valse » de Maurice Ravel,

il me faut rendre les armes : le jeu de Bartlett est magistralement lumineux !

Et complètement fidèle à Ravel : au final du morceau, simplement ça s’arrête…

Tel l’ictus foudroyant, sans secours et sans grondement (ni pathos gras et redondant), de l’implacable mort subite.

Sobre et humble élégance ravélienne.

Bravo !

Un récital de piano somptueux !

Qui va droit à l’essentiel…

Ce mercredi 31 janvier 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

En revenir encore et toujours au merveilleux trésor du legs discographique de Lars Vogt (1970 – 2022) : aujourdhui le sublime CD (paru en 2021) des Sonates Op. 30 de Beethoven, avec le violon magistral de l’ami Christian Tetzlaff…

28juin

En revenir encore et toujours au merveilleux trésor du legs discographique du magicien foncièrement honnête et juste, et formidablement généreux Lars Vogt (Düren, 8 septembre 1970 – Erlangen, 5 septembre 2022) _ quel immense musicien ! _ :

aujourd’hui sur ma platine le CD Ondine ODE 1392-2 des Sonates Op. 30 pour piano et violon (sic) de Beethoven, avec le violon magistral, lui aussi, de son ami et fabuleux complice Christian Tetzlaff (Hambourg, 29 avril 1966),

 

un enchanteur CD enregistré à Brême du 31 août au 2 septembre 2020, et paru pour le label Ondine le 1er octobre 2021…

En effet, la découverte tout à fait inopinée _ cf mon article d’avant-hier 26 juin « «  _ du CD « Schwanengesang » de Lars Vogt et Ian Bostridge _ le CD Pentatone PTC 5186 786, paru le 23 septembre 2022 _,

m’a vivement incité à passer en revue _ le plus exhaustivement possible _ les CDs de LarsVogt parus pour le label Ondine présents en ma discothèque personnelle _ ils étaient alors au nombre de 14 sur les 17 publiés par Ondine, depuis octobre 2012 _,

et cela afin de tenter, dans la mesure, forcément, du réalisable, d’en combler instamment les manques…

Nous disposons aussi de ses phénoménaux CDs de musique de chambre enregistrés live à son merveilleux « Spannungen Festival » _ cf mon tout premier article consacré à lui, en date du 14 novembre 2009 : « « … Et mon oreille ne me trompait pas…

Et depuis, j’ai bien évidemment passionnément thésaurisé tous les CDs publiés ensuite lors de ce fantastique festival annuel, dont Lars Vogt était l’âme vibrante ainsi que le très actif et très amical directeur musical…

Ainsi me suis-je aperçu que dans la liste des 17 CDs avec Lars Vogt _ en tant que pianiste ou/et en tant que chef d’orchestre _, figurant au catalogue du label Ondine, me manquait l’anté-pénultième, ce CD Beethoven Ondine ODE 1392-2 des Sonates Op. 30 pour piano et violonparu, lui, le 1er octobre 2021 _ juste avant ses précédents CDs pour le label Ondine : ses CDs Schubert et Mendelssohn, parus respectivement le 4 mars 2022 pour le CD Mendelssohn, et le 3 février 2023, pour le double CD Schubert…

Par chance, aussitôt recherché, le voilà déniché, bien tapi parmi les autres CDs d’œuvres pour Piano et Violon de Beethoven, au rayon Beethoven de mon disquaire préféré…

Et c’est, en effet, à nouveau, une pure merveille enchanteresse d’incarnation _ par ces magiciens inspirés et rigoureux, si formidablement justes, que sont Lars Vogt et Christian Tetzlaff _ de l’esprit de Beethoven !

Et voici, à écouter ici, ce qu’en a excellemment dit  _ et avec extraits musicaux des Sonates Op. 30 n° 3 et n° 2 ! _ le 17 décembre 2021, en son émission de France-Musique, Rodolphe Bruneau-Boulmier (le podcast dure 11’26)…

J’en retiens surtout ceci,

qui est parfait :

« Un disque absolument merveilleux, aérien, urgent, engagé, un Beethoven lumineux comme jamais. (…) C’est notre disque du jour. J’ai adoré ce disque. (…) Ce qui m’a passionné, dans ce disque, c’est que rien n’est lisse, ici il y a des à-coups, c’est rugueux quand il faut, il se passe toujours quelque chose, j’ai trouvé que c’était un disque très engagé, et c’est absolument sublime !« …

L’immense regret _ discographique, mais pas seulement, bien sûr… _,

c’est que Lars Vogt n’ait pas eu le temps d’enregistrer pour Ondine, et avec l’ami Christian Tetzlaff, les 7 autres Sonates pour Piano et Violon de Beethoven _ dont les célèbres n° 5 « Le Printemps« , Op.  24, et n°9 « À Kreutzer« , Op. 47…

Lars Vogt : un artiste et un homme proprement lumineux.

Dont nous restent, en forme d’immensément généreux legs de sa part, les disques : à revenir souvent ré-écouter.

Ce mercredi 28 juin 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Apprécier Francesco Piemontesi : lumineux et tendre dans le piano de Liszt aussi…

06juin

J’apprécie beaucoup le jeu de piano de Francesco Piemontesi ;

en particulier en un très lumineux _ et superbe ! _ CD Mozart,

avec les concertos pour piano n° 25 et 26,

sous la direction d’Andrew Manze,

édité chez Linn Records…


Si un précédent CD Liszt par Francesco Piemontesi,

le CD Orfeo _ C 944 182 _, m’avait,

je dirais, intéressé,

sans me toucher vraiment

_ et une seconde écoute vient de me confirmer en ma première impression _ :

un CD comportant la Première année  – Suisse –

des Années de Pélerinage de Franz Liszt,

avec, aussi, la Légende de Saint François de Paule marchant sur les flots,

cette fois,

je suis complètement séduit et emporté

par le CD Orfeo _ C 982 191 _

comportant la Deuxième année – Italie

de ces mêmes Années de Pélerinage de Franz Liszt,

avec, aussi, la Légende de Saint-François d’Assise _ La prédication aux oiseaux.


C’est totalement enthousiasmant !

Quelle poésie ! Quelle justesse ! Quelle maîtrise !

Quelle sublime sensibilité !

Quel artiste !


..

Serait-ce, aussi, que l’Italie me toucherait davantage que la Suisse ?

Mais Francesco Piemontesi est tessinois…



Ce jeudi 6 juin 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

A nouveau la question de l’interprétation (et de l’interprète) : Daniil Trifonov et Sergei Rachmaninov

13oct

Incontestablement,

l’évidence de la puissance et de la sagacité de certains interprètes de la musique

_ au concert, bien sûr, mais aussi au disque tel qu’il est enregistré _

s’impose à nous ;

et ramène sur le tapis

la question cruciale de la légitimité ou pas de l’interprétation _ et de sa part _ dans la simple réalisation sonore _ pour d’autres, comme pour soi-même, dans la solitude _ de la musique,

telle qu’elle peut _ et plus encore a pu être _ être notée sur une partition,

quand cette musique,

jouée,

n’est pas purement et simplement improvisée sur le champ,

en une seule et unique à jamais

performance _ absolument et définitivement irrépétable.

Cette question vient de m’être plus ou moins posée

retournée _

lors de l’éloge que je viens de commettre,

et diffuser _ à quelques amis mélomanes _,

de l’interprétation par Pavel Kolesnikov de la sonate Au Clair de lune de Beethoven

_ cf mon article d’il y a à peine trois jours, le 10 octobre dernier : _ :

 doit-on seulement remarquer _ et admirer, ou vilipender _ la plus ou moins grande singularité

du jeu de l’interprète

face à la qualité intrinsèque

de l’œuvre

voulue par son auteur : le compositeur-créateur ?

La part de la virtuosité

de l’interprétation

s’enfle considérablement à l’époque des concerts romantiques,

tout particulièrement avec les triomphes en salles

que s’assurent un Liszt

ou un Paganini…


Ici, le virtuose

que le mélomane,

même à son corps défendant

_ eu égard au culte qu’il voue à la création de l’oeuvre par le compositeur _

ne manque pas d’admirer

_ voire vénérer, à son tour _,

est

Daniil Trifonov,

dans les Concertos pour piano n° 2 & 4 de Sergei Rachmaninov,

en un CD Deutsche Grammophon 483 5335

intitulé Destination Rachmaninov – Departure ;

soutenu par The Philadelphia Orchestra,

tout aussi brillammente dirigé

par Yannick Nézet-Séguin.


C’est lumineux, et transportant !

Déjà, j’avais été sidéré par de précédents CDs de Daniil Trifonov :

son Carnegie Recital,

son double Transcendental (Liszt),

son double Chopin Evocations

L’interpréte d’exception

est

_ à côté d’autres : plus fades et moins justes _

celui qui nous fait accéder

avec la plus grande évidence de lumière

_ qui peut être, bien sûr, ombreuse, en maintes de ses parties… _

de son jeu,

à l’œuvre même du créateur

en sa plus simple et forte

_ qui peut aussi être très douce ; mais jamais plate ! _

vérité.

J’aime Rachmaninov, mais oui.

Ce samedi 13 octobre 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa

Et ce tweet,

à propos de l’enthousiasme de mon article du 10 octobre 

pour le CD Beethoven de Pavel Kolesnikov,

de la part de la librairie Mollat :

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parmi plus de 300 000 titres.

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