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Musiques de joie : la fraîche Vilanelle qui ouvre les somptueuses Nuits d’été de Berlioz, par Régine Crespin

23mai

Parmi les joies que donne la musique française,

les six somptueuses Nuits d’été d’Hector Berlioz

(La-Côte-Saint-André, 11 décembre 1803 – Paris, 8 mars 1869)

constituent la merveilleuse ouverture du genre de la mélodie française

_ que ce soit avec accompagnement de piano, ou d’orchestre : quel prodigieux chef d’œuvre, d’emblée ! _,

en septembre 1841,

sur six poèmes de Théophile Gautier, réunis dans un recueil intitulé La Comédie de la mort

La plus joyeuse de ces six somptueuses mélodies des Nuits d’été,

est, probablement, la première d’entre elles, Vilanelle, qui ouvre le bouquet,

au futur _ des promesses du printemps _, puis au présent _ de l’invitation à la jouissance actuelle _ :

Quand viendra la saison nouvelle,
Quand auront disparu les froids,
Tous les deux, nous irons, ma belle,
Pour cueillir le muguet aux bois ;
Sous nos pieds égrenant les perles
Que l’on voit au matin trembler,
Nous irons écouter les merles
          Siffler.

Le printemps est venu, ma belle,
C’est le mois des amants béni,
Et l’oiseau, satinant son aile,
Dit des vers au rebord du nid.
Oh ! viens donc sur ce banc de mousse
Pour parler de nos beaux amours,
Et dis-moi de ta voix si douce :
          Toujours !

Loin, bien loin, égarant nos courses,
Faisons fuir le lapin caché,
Et le daim au miroir des sources
Admirant son grand bois penché ;
Puis chez nous, tout heureux, tout aises,
En paniers enlaçant nos doigts,
Revenons rapportant des fraises
          Des bois.

Et j’ai choisi, pour en savourer peut-être au mieux tout le suc,

l’interprétation voluptueuse de l’art de dire (et chanter),

et de la voix toute de soie,

de la grande Régine Crespin

en son célèbre _ à très juste titre _ CD Decca 417813-2,

avec l’Orchestre de la Suisse Romande, et sous la direction d’Enest Ansermet,

enregistré à Genève en septembre 1963.

Cet art est royal…

J’aime beaucoup, aussi, une prise live, au concert, à Londres, le 14 mai 1975,

de la très grande Janet Baker, sous la direction de Carlo Maria Giulini,

en un CD BBC Legends 40772, paru en 2001.

Ce vendredi 22 mai 2020, Titus Curiosus, Francis Lippa

Musiques de joie : le délicieux bonbon fondant de la mélodie « A Chloris » de Reynaldo Hahn

22mai

La mélodie française,

pour poursuivre l’élan de mon inspiration d’hier à propos des saisissantes Nuits d’été de Berlioz

_  _,

est très souvent capable d’un charme fou, vraiment ;

avec la capacité de légèreté, tendresse, douceur, élégance

et merveilleuse délicatesse,

de l’art français.

J’en veux pour preuve quelques unes des mélodies de Reynaldo Hahn

(Caracas, 9 août 1874 – Paris, 28 janvier 1947),

absolument délicieuses.

Par exemple _ et je ne m’en lasse pas _,

sur un poème de Théophile de Viau (Clairac, 1590 – Paris, 25 septembre 1626),

la merveilleuse À Chloris.

Dont m’a enchanté l’interprétation

_ au tout premier abord un peu surprenante _,

en un CD étonnant et magnifique, le CD Virgin Classics 50999 216621 2 6, intitulé _ d’après une très belle mélodie, aussi, de Camille Saint-Saëns _ Opium,

de Philippe Jaroussky ;

qui avait, pour l’occasion _ très heureuse ! _, troqué sa voix de haute-contre, pour celle de ténor léger :

son meilleur disque, à mon goût, tout du moins…

Sur ce magnifique CD Opium de Philippe Jaroussky,

une autre très réussie interprétation

d’une autre merveilleuse mélodie de Reynaldo Hahn,

et sur un poème, cette fois, de Charles d’Orléans (Paris, 24 novembre 1394 – Amboise, 5 janvier 1465) :

Quand je fus pris au pavillon

Bien sûr, on trouvera des interprétations un peu moins surprenantes de ces deux mélodies,

sur ces petits merveilleux chefs d’œuvre de la plus haute poésie française

_ quel goût, déjà, de la part de Reynaldo Hahn ! _,

telle, par exemple, celle

et celle encore

de la magnifique Véronique Gens, en son très beau récital intitulé Néère,

soit le CD Alpha 215.

Reynaldo Hahn sait être prodigieusement simplement délicieux…

Ce samedi 23 mai 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Le tact et le raffinement de Cyrille Dubois et Tristan Raës dans les Mélodies de Nadia et Lili Boulanger

02mar

Ce jour,

le site Res Musica,

sous la plume de Matthieu Roc,

rend un très juste hommage

intitulé Cyrille Dubois et Tristan Raës rendent grâce aus sœurs Boulanger

au merveilleux CD de Mélodies de Nadia et Lili Boulanger

_ le CD Aparté AP 224 _

que j’ai chroniqué le 26 février dernier :

Entendre chanter la poésie française du début du XXe siècle : Cyrille Dubois interprète des Mélodies de Nadia et Lili Boulanger

Voici donc ce nouvel article :

Cyrille Dubois et Tristan Raës rendent grâce aux sœurs Boulanger

Ce lundi 2 mars 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Cette mine d’intuitions passionnantes qu’est le « Dictionnaire amoureux de l’esprit français », du turco-suisse Metin Arditi

07mar

Le mardi 26 février dernier,

et suite à mon écoute, le dimanche 24, de l’émission Musique émoi, d’Elsa Boublil,

qui lui était consacrée

_ cf mon article  _,

j’avais brièvement présenté

mon très vif plaisir de l’entame

_ jusqu’à la page 167 / 661, ce premier soir de lecture : j’en arrivais à l’article Debussy, après l’article Dada _

de ma lecture de ce très riche travail

_ de l’helvéto-turc Metin Arditi (né à Ankara le 2 février 1945) _,

sur un sujet qui de très loin, moi aussi, et depuis très longtemps,

me travaille :

je veux dire

les mystères et arcanes de ce « esprit français« 

auquel je suis tellement sensible, moi aussi, dans les Arts

_ et sans nationalisme aucun (ni encore moins de sourcilleuse exclusivité !), est-il utile que je le précise ?!

Il s’agit seulement du simple constat renouvelé chaque fois

et non sans surprise

_ je ne le recherche en effet pas du tout ! Non, mais cela vient me tomber dessus,

et me ravir et combler… _

de ce qui vient au plus profond secrètement me toucher,

et me fait fondre de délectation :

telle la reconnaissance d’affinités intenses comme congénitales…

Voici,

pour aller d’emblée à l’essentiel de ce que vais un peu discuter,

le résumé

Dans ce dictionnaire, l’écrivain sélectionne des traits selon lui exemplaires de la culture française, comme le culte de l’élégance, le sens de l’ironie et l’art de la conversation _ rien à redire, bien sûr, à cet excellent choix-ci. Les entrées abordent aussi bien les institutions, les personnalités et des aspects historiques, de l’Académie française à Louise de Vilmorin, en passant par la haute couture, l’impressionnisme et Jacques Prévert.

puis la quatrième de couverture de ce Dictionnaire amoureux de l’esprit français, de Metin Arditi,

publié aux Éditions Plon et Grasset :

Dictionnaire amoureux de l’Esprit français :

« Je voudrais bien savoir, dit Molière _ plaidant ici pro domo _, si la grande règle de toutes les règles n’est pas de plaire. » Partant de ce constat, Metin Arditi examine d’une plume tendre _ en effet _ les formes dans lesquelles s’incarne cet impératif de séduction _ oui… _ : le goût du beau _ davantage que du sublime _, le principe d’élégance _ oui, toujours ! a contrario de la moindre vulgarité _, le sens de l’apparat _ un peu survalorisé par l’auteur, selon moi _, mais aussi le souci de légèreté _ fondamental, en effet _, l’humour _ oui, avec toujours un léger décalage… _, l’art de la conversation _ très important : civilisateur _, un attachement historique à la courtoisie _ parfaitement ! _, l’amour du trait _ d’esprit et parole, seulement _ assassin, la délicatesse _ c’est très, très important aussi !!! l’égard et ses formes, envers l’autre _ du chant classique « à la française » _ la quintessence peut-être du goût français _, un irrésistible penchant pour la théâtralité _ surévalué à mon goût, à contresens de la délicatesse et de la discrétion, selon moi _, l’intuition du bon goût _ oui ! _, la tentation des barricades _ à l’occasion, faute de parvenir à assez se bien faire entendre _, une obsession du panache _ surévaluée, elle aussi, comme le penchant à la théatralité : le panache de Cyrano illustrant la couverture du livre ! _, et, surtout, une _ sacro-sainte et irrépressible ! _ exigence de liberté _ oui, cela, c’est incontestable : ne jamais être comdamné à emprunter des voies toutes tracées, ou disciplinaires ; mais disposer d’une capacité permanente d’invention, et de singularité. En un mot, le bonheur à la française _ oui : à savourer assez paisiblement et durablement en sa profonde et somme toute discrète intensité. À l’heure où chacun s’interroge sur la délicate question de l’identité _ mais non assignable à des traits fermés et une fois pour toutes donnés, invariants… _, ce dictionnaire rappelle que l’esprit français est, surtout, un inaltérable cadeau _ d’ouverture et fantaisie. Une lecture qui fait plaisir… et pousse à réfléchir _ et discuter, entamer le dialogue.

Voici aussi le texte accompagnant le podcast de l’émission Musique émoi du dimanche 24 février dernier,

qui reprend ces diverses thématiques :

Metin Arditi, amoureux  comme personne de  l’esprit français, examine d’une plume légère et souvent espiègle les  diverses formes dans lesquelles s’incarne en France le désir de plaire.

« On ne considère en France que ce qui plaît », dit Molière, « C’est la grande règle, et pour ainsi dire la seule ».


Partant de cet indiscutable constat, l’auteur de ce dictionnaire,  lui-même amoureux  comme personne de l’esprit français, examine d’une  plume légère et souvent espiègle les diverses formes dans lesquelles  s’incarne en France le désir de plaire : au fil des siècles se sont  développés le goût du beau, bien sûr, mais aussi le principe d’élégance,  le sens de l’apparat, le souci de légèreté, l’humour, l’art de la  conversation, un attachement historique à la courtoisie, la délicatesse  du chant classique « à la française », le penchant pour la théâtralité,  l’amour du juste, le goût des barricades, du panache, oui, du panache,  et, surtout, une exigence immodérée de liberté. Ce dictionnaire parle de  Guitry et de Piaf, de Truffaut et de Colette _ oui _, mais aussi de Teilhard de  Chardin, Pascal, Diderot, Renan, Péguy, les prophètes qui ont nourri  les artistes de leur pensée et les ont libérés dans l’exercice de leurs talents.


L’esprit français a aussi ses interdits. Ne jamais être lourd…  Ne pas faire le besogneux… _ c’est en effet capital ! Et Nietzsche vénérait tout spécialement cet aspect-là de l’esprit français… Comment plaire, sinon ?


Au fil des pages, ce dictionnaire rappelle que le goût des belles choses a _ aussi _ un prix _ économique, financier _, qu’un tel bonheur ne vient pas sans facture _ à régler in fine ! À défaut,  l’esprit français ne serait pas ce qu’il est… _ assez impécunieux…  Sans vouloir  transformer un pays qui, c’est heureux, n’est pas transformable, on  pourrait peut-être imaginer, ça et là _ mais c’est bien un vœu pieux ! une pure vue de l’esprit… _, quelques mesures aptes à diminuer _ mais est-ce vraiment réaliste ? _ le montant de l’addition.


À l’heure où chacun s’interroge sur la délicate question de l’identité du pays, ce dictionnaire rappelle combien l’esprit français est un  cadeau _ sans prix, eu égard au bonheur (d’être vraiment d’esprit français).

 

Je regrette aussi que manquent en ce Dictionnaire amoureux

certaines entrées

que pour ma part je trouve bien plus essentielles

que Sacha Guitry ou Edmond Rostand,

telles

Joachim du Bellay, Montaigne, Marivaux, Chardin, Monet, Paul Valéry, Pierre Bonnard, Charles Trenet, par exemple,

qui,

les uns comme les autres,

ont si merveilleusement _ et idiosyncrasiquement : un trait lui aussi bien français ! _ su chanter

l’incomparable douceur de notre France.

En tout cas,

j’éprouverais un très vif plaisir à dialoguer de tout cela

avec Metin Arditi,

s’il venait à Bordeaux.

Ce jeudi 7 mars, Titus Curiosus – Francis Lippa

Ecouter « Les Nuits d’été » de Berlioz : le grand charme de la version Véronique Gens-Louis Langrée-Orchestre de l’Opéra National de Lyon

12fév

L’écoute de la toute récente version des Nuits d’été par Stéphane Degout

et Les Siècles,

dirigés par François-Xavier Roth

m’a subjugué !

et a complètement bouleversé mon écoute de ce chef d’œuvre

de la mélodie française (avec orchestre)…

De divers côtés,

on me disait (très) grand bien de la _ première _ version (en 2001) _ au CD,

le CD Warner 7243 5 45422  2 0  _ de Véronique Gens,

avec l’Orchestre de l’Opéra National de Lyon,

dirigés par Louis Langrée ;

 

mais j’ai été très dèçu de sa seconde version _ in le CD Ondine ODE 1200-2 _,

avec l’Orchestre National des Pays de Loire,

dirigé par John Axelrod :

voix trop aigüe à mon goût…


Le récent très beau coffret de l’intégrale Berlioz chez Warner _ Warner 0190295614447 _, en 27 CDs,

propose, au CD n° 9,

par Véronique Gens et Louis Langrée,

leur version de 2001, de La Mort de Cléopatre :

pas assez dramatique, à mon goût !

J’ai toujours à l’oreille la sublime version de Janet Baker,

avec John Barbirolli, chez EMI… 

Surtout en ré-écoutant,

dans le CD n°9 de ce même coffret Warner,

la magnifique version des Nuits d’été de Janet Baker,

avec le New Philharmonia Orchestra, dirigés par John Barbirolli :

tout y est !!!

Et quel timbre !

Ce jour, réception chez mon disquaire préféré,

du CD Berlioz de Véronique Gens, avec Louis Langrée, chez Warner en 2001,

comportant cette fameuse première version gensienne des Nuits d’été, enfin !!!

Eh bien,

le charme opère pleinement pour ces Nuits d’été-là,

abordés par la soprano dans leur pleine, douce

et envoûtante intimité !

Infiniment poétiquement …

Ce que confirme la superbe interprétation, toute en douceur aussi,

en suivant,

de Zaïde,

de La captive,

et de La belle voyageuse

En musique,

seule l’écoute attentive et ouverte !,

compte

et vaut !!!

Une version à mettre à côté, donc,

de celles de Régine Crespin, bien sûr _ quel charme pulpeux ! _,

et de Janet Baker ;

et maintenant,

de celle, bien différente _ quel art de dire et de chanter ! Et quel timbre, lui aussi ! _, de Stéphane Degout !!!

Ce mardi 12 février 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

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