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L’extase Wagner par bien d’autres chemins que les plus parcourus : l’intense et prenant CD « Richard Wagner » de Nikolai Lugansky, pianiste, croisant le très original et merveilleusement réussi lui aussi « In the shadows – Wagner » de Michael Spyres…

13mar

Après le stupéfiant et magnifique CD _ Erato 5054197879821 _ « In the shadows – Wagner » de Michael Spyres _ cf mon article «  » de mardi 5 mars dernier… _, qui explorait les chemins qui ont insensiblement conduit Richard Wagner (Leipzig, 22 mai 1813 – Venise, 13 février 1883) à devenir le compositeur qui s’est épanoui en lui à partir de « Lohengrin« , en 1848 _ et c’est en effet sur le « Mein lieber Schwan ! » de Lohengrin (5′ 49) que s’achève cet exceptionnel CD « In the shadows – Wagner«  de Michael Spyres… _,

c’est maintenant le piano raffiné et merveilleusement subtil de Nikolai Lugansky qui vient nous enchanter dans un superbissime CD _ Harmonia Mundi HMM 902393 _  « Richard Wagner » de transcriptions pour le piano _ par Franz Liszt (1811 – 1886), Louis Brassin (1836 – 1884), Zoltan Kocsis (1952 – 2016), ainsi et surtout lui-même (Nikolai Lugansky est né à Moscou le 26 avril 1972)… _ de scènes somptueuses extraites du cycle du « Ring » et « Parsifal« , et venant culminer dans l’extase magicienne et proprement ensorcelante de la « Mort d’Isolde » de « Tristan« ,

dans le livret duquel CD intitulé « Richard Wagner » Nikolai Lugansky, présentant le sens, pour lui, de ce projet et réalisation discographique _ d’un Wagner transcrit au piano ! _ a priori sinon un peu surprenant, du moins assez inattendu, déclare :

« Wagner me fascine depuis bien longtemps.

(…)

J’ai trois sentiments différents selon le moment où il a composé. Il y a une première période, quand il écrit _ à l’âge de 19 ans, en 1832 _ sa « Symphonie en do majeur« , des œuvres pour piano ; si on s’en tient à ces pages, je ne vois pas du tout en quoi c’est prometteur. Puis surgissent « Rienzi » _ en 1842 _, « Le Vaisseau fantôme » _ en 1843 _, « Tannhaüser » _ en 1845 _ : là, la musique oscille entre le bon et le génial. Enfin tout ce qu’il a écrit à partir de « Lohengrin«  _ en 1848 _ est du pur génie _ voilà. C’est très inhabituel pour un compositeur : pour la plupart d’entre eux, on peut déceler les germes du génie _ en gestation, donc, avant l’éclosion et l’épanouissement... _ dès leurs premières œuvres. C’est donc cette dernière partie de son œuvre, notamment des scènes du monumental « Anneau du Nibelung » _ de 1869 à 1876  _, que j’ai choisi de présenter _ au simple piano _ ici« ,

etc.

En conséquence de quoi,

se dégage très clairement en quoi ces deux merveilleuses réalisations discographiques de Nikolai Lugansky, pianiste, et Michael Spyres, chanteur d’opéra, qui paraissent chez les disquaires presque simultanément, se révèlent, non pas opposées et contradictoires, mais bien plutôt étrangement complémentaires :

Michael Spyres traquant et montrant ce qui avant même Wagner va peu à peu et quasi insensiblement, mener le génie en gestation-germination d’abord lente et souterraine de Wagner, à accoucher bientôt un peu plus tard _ en d’infiniment prolongés sublimes orgasmes de musique… _ du Wagner idiosyncrasique et génialissime du Ring _ de 1869 à 1876 _, de Tristan _ en 1865 _, ainsi que de Parsifal _ en 1882 _,

dont le piano de Nikolai Lugansky traque, lui, et expose _ et comment ! _, à son simple piano _ et transcrit beaucoup aussi par lui… _ le sublime extatique de la sublimissime apothéose, orgasmique en effet, de cet idiosyncrasique chant wagnérien, ici saisi par lui à son acmé musical accomplissement…

Deux indispensables CDs, magnifiquement complémentaires donc,

par Michael Spyres, chanteur, d’une part, et Nikolai Lugansky, pianiste et transcripteur, d’autre part,

ou quand des parallèles musicales finissent par se rencontrer, du moins par et pour nous, mélomanes qui partageons leur écoute doublement enchantée…

Ce mercredi 13 mars 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Eblouissant Michael Spyres, une nouvelle fois sublimement au sommet, en un somptueux « In the shadows – Wagner », dans lequel il élargit encore son répertoire, ici jusqu’à Wagner, de son autorité naturelle d’une rayonnante douce évidence et parfait art du chant… Chapeau bien bas, Monsieur !

05mar

Après son flamboyant CD « Baritenor«  _ enregistré à Strasbourg en août et octobre 2020, avec l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg dirigé par Marko Letonja, soit le CD Erato 019029516664 ; cf, par exemple, mon article du 22 octobre 2021 « «  _

et son passionnant CD « Michael Spyres – Contra-Tenor«  _ enregistré à Lonigo (Vicence) en septembre 2022, avec Il Pomo d’Oro dirigé par Francesco Corti, soit le CD Erato 5054197203467 ; cf, par eremple, mon article « «  du 5 mai 2023… _,

voici qu’aujourd’hui _ regardez ici cette vidéo de présentation de leur CD par Michael Spyres et Christophe Rousset (d’une durée de 6′ 52) : elle est vraiment très intéressante dans la précision même des détails donnés, et par Michael Spyres, et par Christophe Rousset, et sur la composition magnifique du programme de ce trèsremarquable CD, et dans le choix et la fraîcheur, comme d’improvisaion pour une première sur la scène, de leur interprétation enregistrée et partagée ici des divers airs si minutieusement et intelligemment choisis… _  l’incomparable Michael Spyres nous fait la grâce d’un admirable somptueux CD « In the shadows – Wagner » _ enregistré à Paris, Salle Colonne, en décembre 2022, avec cette fois Les Talens lyriques dirigés par Christophe Rousset, soit le CD Erato 5054197879821 _ dans lequel il met en parfaitement convaincante lumière beaucoup de ce que l’ombrageux génie musical de Richard Wagner (1813 – 1883) _ ici en un air d’Arindal de l’opéra « Les Fées«  (créé en 1834), en un air de Cola Rienzi de l’opéra  « Rienzi«  (créé en 1842), et dans un air de Lohengrin de l’opéra « Lohengrin«  (créé en 1848) ; regardez-ici cette vidéo de l’enregistrement (d’une durée de 5′ 09) _ doit, aussi, même si c’est resté jusqu’ici assez peu visible _ et pas assez remarqué, avant, justement, la curiosité sagace et experte du merveilleux Michael Spyres… _, à certains de ses prédécesseurs compositeurs du premier XIXe siècle opératique,

de 1807, pour la date de création de l’opéra « Joseph » d’Étienne Méhul, à 1833, pour la date de création de l’opéra « Hans Heilig » de Heinrich Marschner,

pour ce qu’il en est du choix réalisé ici en ce programme magnifique (!) de ce que Richard Wagner doit à ses immédiats prédécesseurs en l’histoire de la musique et l’opéra… :

Étienne Méhul (1763 – 1817) _ pour un air de Joseph dans « Joseph » (créé en 1807) ; admirez-ci ce sublime podcast (d’une durée de 5′ 06)… _,

Ludwig Van Beethoven (1770 – 1827) _ pour un air de Florestan dans  « Fidelio » (créé en 1814) _,

Gioachino Rossini (1792 – 1868) pour un air de Leicester dans « Elisabetta, regina d’Inghilterra«  (créé en 1815) ; écoutez-ici le podcast (de 9′ 57) _,

Giacomo Meyerbeer (1791 – 1864) _ pour un air d’Adriano dans « Il Crociato in Egitto » (créé en 1824) _,

Carl Maria Von Weber (1786 – 1826) pour un air de Max dans « Freischütz » (créé en 1821) _,

Daniel Auber (1782 – 1871) _ pour un air de Masaniello dans « La Muette de Portici » (créé en 1828) ; écoutez-ici le podcast (de 5′ 01) _,

Gaspare Spontini (1774 – 1851) _ pour un air de Heinrich dans « Agnes von Hohenstaufen » (créé en 1829) ; écoutez-ici le podcast (de 5′ 12) _,

Vincenzo Bellini (1801 – 1835) _ pour un air de Pollione dans « Norma » (créé en 1831) _

et Heinrich Marschner (1795 – 1861) _ pour un air de Konrad dans  « Hans Heiling » (créé en 1833). 

Et, à nouveau,

Michael Spyres, ténor, avec une autorité naturelle qui jamais ne force rien, mais vient délicatement, doucement, illuminer tout,

avec la clarissime évidence de son timbre magnifique, de sa voix si justement posée, de sa parfaite élocution en les diverses langues, français, italien, allemand, et de son idéal art du chant le plus naturel qui soit,

vient cette fois encore ici nous surprendre,

et fait merveille absolue !

Et c’est tout simplement, et à nouveau _ j’y insiste, pardon, mais comment ne pas rendre les armes devant un tel, à nouveau sublime, sommet d’art du chant ?!. _ un éblouissement…

Chapeau bien bas, l’artiste !

Bravissimo, Monsieur !

Ce mardi 5 mars 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

La seconde de deux révélations majeures dans le stupéfiant CD de « L’heure espagnole » de Maurice Ravel par François-Xavier Roth et Les Siècles : le discret mais tout à fait crucial talent du chef de choeur (et pianiste) Mathieu Pordoy…

21juin

Dans la continuité de mon article d’hier mardi 20 juin, « « ,

et le prolongement de mes deux articles des vendredi 17 et samedi 18 juin derniers : «  » et « « ,

ainsi, et d’abord et surtout, dans la poursuite des mouvements de l’onde de ravissement éprouvée à la vision de la vidéo _ que je me repasse en boucle avec de plus en plus d’admiration à chaque fois ! _ de l’enregistrement proprement miraculeux de la plage 24 du CD  : « Un financier… Et un poète… Un époux ridicule… Une femme coquette…« ,

avec la conclusion chantée en chœur à 5 : « C’est la morale de Boccace : entre tous les amants, seul amant efficace, il arrive un moment dans les déduits d’amour, ah !, où le muletier a son tour !« 

à comparer, et c’est bien intéressant, avec le podcast (d’une durée, cette fois, de 3′ 06) de l’interprétation, considérée jusqu’ici comme de référence, sous la direction de Lorin Maazel, en 1965, et avec les chanteurs Jane Berbié (Concepcion), Michel Sénéchal (Gonzalve), Jean Giraudeau (Torquemada), Gabriel Bacquier (Ramiro) et José Van Dam (Don Inigo Gomez) : excusez du peu !.. Il leur a seulement probablement manqué, ce jour-là, le petit plus, un rien, mais qui fait toute la différence, de la patte d’un chef de chant aussi génial, oui, que Mathieu Pordoy… Et ce peut bien être à pareille aune-là qu’on peut mesurer par ici (Roth) et par  (Maazel) le degré de qualité, poétique et proprement magique, oui, de  l’exceptionnel talent (de chef de chant) de Mathieu Pordoy… _,

voici, ce mercredi 21 juin _ jour de la fête de la musique _,

la seconde des deux révélations majeures sur laquelle il me tient très à cœur de mettre ici le projecteur et l’accent, et que je tiens beaucoup à partager _ la première des fonctions de ce blog « En cherchant bien«  étant de bien partager mes enthousiasmes ; cf mon article programmatique (et d’ouverture de ce blog), publié le jeudi 3 juillet 2008, mais rédigé le 20 mai précédent : « «   _,

concerne, et cela au cœur le plus intime et secret de ce qui fait obtenir la magie stupéfiante du résultat artistique de ce miraculeux CD de « L’Heure espagnole – Bolero » de François-Xavier Roth et son orchestre Les Siècles _ d’eux, de leur jeu tellement juste et vivant, du choix si rigoureux et adéquat de leur instrumentarium, et de l’extraordinaire prise de son, aussi, qui y concourt, je ne ferai jamais, non plus, assez l’éloge ! _,

je veux dire par là le travail exceptionnel réalisé par les chanteurs, sous la direction _ le coaching extrêmement juste et rigoureux _ du discret _ son nom n’apparaît qu’une unique petite fois dans le texte du livret : en haut de la page 2, juste à la suite du nom des cinq chanteurs de « L’Heure espagnole«  _, chef de chant qu’est Mathieu Pordoy :

car c’est bien son travail _ de qualité vraiment exceptionnelle ! _ de parfaite mise en bouche du texte chanté qui a permis de réaliser ce prodige d’intelligence et de vie qu’est l’idéale incarnation obtenue _ et donnée à l’enregistrement : c’était les 24 et 25 mars 2021… _ par les cinq chanteurs de ce CD _ cf la magique vidéo (d’une durée de 3′ 21) de cette magistrale réalisation tant vocale que dramatique, en ce CD-ci des Siècles, des chanteurs-comédiens Julien Behr, Jean Teitgen, Loïc Félix, Thomas Dolié et Isabelle Druet.. _ des cinq personnages-protagonistes _ Gonzalve (le bachelier poète), Don Inigo Gomez (le banquier financier), Torquemada (l’horloger époux ridicule), Ramiro (le muletier amant efficace) et Concepcion (l’épouse coquette infidèle) … _ de cette pochade délicatissime d’esprit _ si français… _, qu’est cette « Heure espagnole » de Maurice Ravel et Franc-Nohain,

d’esprit si fin et subtilissime, par-dessus l’apparente gaudriole du genre plutôt populaire choisi, autant que terriblement difficile à « attraper » et obtenir-réaliser-donner dans le jeu et le chant par les interprètes- chanteurs auxquels pareil défi d’incarnation de ces rôles est proposé.

Et dont le quintette virtuose en apothéose finale de la pochade est extraordinairement difficile à obtenir, sur la scène ou dans l’enregistrement du CD, dans le détail de ses moindres inflexions de parole et de chant, par les chanteurs…

C’est donc sur le travail et la personnalité du discret et invisible _ sous-terrain _ chef de chant de ce si réussi travail qu’il me tient à cœur de diriger, pour une fois le projecteur :

Mathieu Pordoy…

Mathieu Pordoy,

enfant d’une famille landaise _ d’origine béarnaise : de Larrau, en vallée d’Ossau _, de Saint-Paul-lès-Dax _ né le 12 avril 1981, Mathieu Pordoy a maintenant 42 ans _,

présente son travail en une éclairante petite vidéo (de 3′ 37), filmée en sous-sol, intitulée « Billet de service #7 KATIA KABANOVA« , réalisée en 2016 à Avignon, à l’occasion de sa participation à la mise en place _ ou making of… _ de l’opéra de Janáček « Katia Kabanova » _ créé à Avignon le 27 novembre 2016 ; cf donc cette vidéo-ci _,

mais que lui, sur son site « Mathieu Pordoy pianiste – chef de chant« , préfère, très justement, nommer « Qu’est-ce qu’un chef de Chant ?« …

Interrogé, et avec un malicieux sourire complice, il y qualifie (à 2′ 37  de cette vidéo) son métier de chef de chant de « métier-clé », de  » métier de l’ombre« , et (à 2′ 52) son travail de fond avec les chanteurs, de « travail de l’intime« …

Nous y sommes…

Sur ce métier de chef de chant et de travail « intime » avec les chanteurs,

afin de contribuer au mieux à leur permettre de donner, par leur jeu et par leur voix, le meilleur d’eux-mêmes en chantant ainsi,

on peut se référer aux repères majeurs que sont les témoignages qu’en ont donné, par exemple, Irène Aïtoff (Saint-Cast, 30 juillet 1904 – Paris, 5 juin 2006) _ cf le DVD du film « Irène Aïtoff : la grande Mademoiselle« , de Dominique Delouche, en 2008 _ ; et Janine Reiss (Paris, 23 novembre 1921 – Saint-Arnoult, 1er juin 2020) _ cf le livre « La Passion prédominante de Janine Reiss : la voix humaine » de Dominique Fournier, paru aux Editions Actes-Sud en 2013…

Sur l’inscription landaise de Mathieu Pordoy,

consulter cet article de Sud-Ouest en date du 12 mai 2011 _ il y a 12 ans déjà… _ intitulé « Le Retour de l’enfant-prodige« .

Le retour en musique de l’enfant prodige

Formé à Saint-Paul, Dax, Bayonne et Paris, le pianiste professionnel Mathieu Pordoy jouera demain à domicile.

Demain soir, c’est un ancien élève de l’école de musique de Saint-Paul-lès-Dax qui donnera un concert en « guest star » en l’église de Saint-Paul-lès-Dax. À 30 ans _ à la date du 12 mai 2011 de cet article de Sud-Ouest… _, Mathieu Pordoy est aujourd’hui un pianiste reconnu qui parcourt la France et l’Europe, entre Paris et Aix-en-Provence, Vienne et Monte-Carlo. « Je crois que je n’ai jamais joué à Saint-Paul ou à Dax depuis que je suis parti, commente le jeune musicien. C’est l’association culturelle des Quatre Chemins qui m’a proposé ce concert. Mes parents ont aussi joué un rôle ! J’en suis ravi car c’est l’occasion de jouer devant des gens qui savent que je voyage beaucoup mais ne m’ont jamais entendu. »

Mathieu Pordoy a donc commencé par faire ses gammes et à jouer du violon et du piano à l’école saint-pauloise _ la date nen est pas donnée. Trois ans plus tard, il intègre l’école de musique de Dax avant de poursuivre son parcours au Conservatoire de Bayonne. Lycéen à Borda, il décroche un bac S : « Je n’avais pas du tout l’intention d’être musicien. Je voulais être médecin. Et puis j’ai pris une année sabbatique après le bac. »

Un an non à l’étranger comme souvent, mais dans le coin, à jouer « beaucoup de musique » avec le Conservatoire de Bayonne. Sa spécialité : les accompagnements. « Je n’aime pas faire du piano seul, mais avec les autres _ c’est très intéressant…. C’est un instrument d’autiste devant lequel on peut passer 15 heures. J’adore, mais la vie selon moi n’est pas devant le clavier et dans le seul studio de répétition. »

Accompagné

Au bout de cette année _ non spécifiée non plus… _, comme plusieurs de ses amis bayonnais, le Landais passe le concours du Conservatoire de Rueil-Malmaison. Il fait partie des 30 candidats sélectionnés. Deux ans plus tard _ même remarque _, le Saint-Paulois intègre le Conservatoire national supérieur de musique de Paris (CNSMDP). Adieu la faculté de médecine et bonjour la musique à titre professionnel. Il ressort de la prestigieuse école parisienne en 2006 _ enfin une date : Mathieu Pordoy a alors 25 ans _ avec son diplôme de formation supérieure « mention très bien avec les félicitations du jury ». « J’ai très vite commencé à travailler et été autonome financièrement. » Mathieu Pordoy devient chef de chant : « C’est la personne qui a la responsabilité dans une production d’opéra de faire répéter les chanteurs avant l’arrivée de l’orchestre. De s’assurer du bon rythme, et de la justesse du style et de la langue » _ voilà ! Soit le français, l’italien, l’anglais et l’allemand. À son actif déjà _ en 2011, donc ; Mathieu a alors 30 ans _, une vingtaine d’opéras. « Zaïde », « Zampa », « Carmen », « Pelléas et Mélisande », « Marius et Fanny », « Djamileh », « Il Tabarro »… Mais aussi de nombreux récitals _ en soliste ? en accompagneur de chanteurs ? _ dont un récemment avec le chœur de Radio France.

Demain soir, dans la commune de son enfance, Mathieu Pordoy sera accompagné de la mezzo-soprano Marie Lenormand et du ténor Yann Beuron _ un chanteur que personnellement j’apprécie beaucoup... Deux pointures d’envergure internationale qui ont également accepté l’invitation saint-pauloise pour ce concert au bercail, entre Mozart, Gounod, Liszt, Massenet ou Donizetti.

Concert de Mathieu Pordoy, Marie Lenormand, Yann Beuron demain soir à 20 h 30 à l’église de Saint-Paul-lès-Dax. Entrée, 13 euros, 8 euros pour les moins de 14 ans. Locations à l’Office de tourisme. Tél. 05 58 91 60 01.


On porra lire aussi cette brève présentation de son cursus par lui-même,

pour les Saisons de musique de Gordes :

Mathieu Pordoy

Études Musicales / Piano
Brief info

Pianiste et chef de chant, Mathieu Pordoy est régulièrement et notamment invité dans les plus grands théâtres, au Wiener Staatsoper (Don Carlos), à l’Opéra national de Paris (Les Huguenots, L’Enfant et les Sortilèges) et au Staatsoper de Zurich (Les Contes d’Hoffmann).


Très intéressé par l’enseignement, il est invité pour encadrer _ voilà _ de jeunes chanteurs à l’International Vocal Art Institute à Tel-Aviv et Montréal, ainsi que par les Académies du Théâtre Mariinsky à Saint-Pétersbourg, de l’Opéra national de Paris et du Festival d’Aix-en-Provence.


En 2019, il fait ses débuts au Carnegie Hall de New York dans Lélio de Berlioz sous la direction de Sir John Eliot Gardiner, et en récital avec Sabine Devieilhe, lors duquel il est remarqué par le New York Times comme « un partenaire superbe, dont le talent artistique a contribué à faire de ce récital un moment privilégié de musique de chambre ».
En qualité de spécialiste du répertoire français _ voilà _, l’Opéra-Comique, la Monnaie de Bruxelles, l’Opéra de Monte-Carlo, le Théâtre des Champs-Elysées, les Chorégies d’Orange, le London Symphony Orchestra, l’Opéra de Cologne le sollicitent régulièrement pour prendre part à leurs productions.


Son activité comprend aussi de nombreux récitals et concerts _ en tant que pianiste soliste ou pianiste accompagnateur de chanteurs… _, notamment avec Sabine Devieilhe aux Musicales de Normandie, ainsi qu’au Grand Théâtre de Genève et au Festival d’Aix-en-Provence dans un programme Mozart-Strauss, capté pour Arte Concert, avec Marina Rebeka au Capitole de Toulouse et à la Salle Gaveau dans un programme italien-russe, repris dans la prestigieuse grande salle du Conservatoire Tchaikovsky. Marina et Mathieu ont enregistré pour le label Prima classic en association avec le Palazzetto Bru-Zane un album de mélodies intitulé « Voyage(s) » _ cf cet article « Beau voyage aux frontières de la mélodie française avec Marina Rebeka » de Matthieu Roc sur le site de ResMusica en date du 11 octobre 2022. Cette saison, ils se produiront au Teatro Real de Madrid ainsi qu’au Palau de les Arts de Valencia.


Partenaire privilégié _ et ami _ du ténor Michael Spyres, il donne avec ce dernier une série de récitals aux Opéras de Bordeaux et Francfort _ accéder ici à la vidéo de ce superbe récital d’une durée de 94′ 47, donné à l’Opéra de Frncfort le 18 juin 2019 _, ainsi qu’au Festival de Lanaudière au Québec et à La Corogne, Las Palmas de Gran Canaria en Espagne. Leur programme 100% Rossini : « Mr Crescendo » a été un succès au Théâtre de L’Athénée, au Capitole de Toulouse et à l’Atelier lyrique de Tourcoing. En septembre 2022, ils sont invités pour deux récitals à Armory Park Avenue à New-York ainsi qu’au Kennedy Center à Washington.


L’été 2021, Mathieu a débuté au Festival de Salzbourg pour un récital remarqué avec Benjamin Bernheim _ autre merveilleux interprète _, capté pour Medici TV. Ce récital a été repris au Théâtre des Champs Elysées ainsi qu’au Konzerthaus de Vienne. Il se sont produits au festival d’Aix en Provence dans le cadre de l’édition 2022 dans les Dichterliebe de Schumann. Il a parmi ses projets : Werther à Monte-Carlo, Giulio Cesare, Les Mamelles de Tirésias/ Le Rossignol, La Flûte enchantée et Werther au Théâtre des Champs-Elysées et Henry VIII au Théâtre de la Monnaie.
Originaire du Sud-Ouest _ Saint-Paul-lès-Dax _, il obtient son premier prix de direction de chant à l’unanimité et avec les félicitations du jury au Conservatoire national supérieur de musique de Paris _ en 2006 _, établissement où il enseigne _ immédiatement en suivant l’obtention de son diplôme _ de 2006 à 2011 _ des dates intéressantes.

Et sur son cursus, on pourra lire aussi ceci,

paru sur le site du Festival de Salzbourg en 2021 :

Mathieu Pordoy

Current as of August 2021

French collaborative pianist Mathieu Pordoy is one of the most promising coaches of his generation.

He has worked at various leading opera houses in a broad range of repertoire, including Don Carlos at the Vienna State Opera, Les Huguenots and L’Enfant et les sortilèges at the Paris Opéra and Les Contes d’Hoffmann at the Zurich Opera. Mathieu Pordoy also has given masterclasses at the Mariinsky Academy of Young Opera Singers, and been a member of the staff at the Canadian Vocal Arts Institute in Montreal, and the International Vocal Arts Institute in Israel.

He made his double debut at Carnegie Hall in 2019 in Berlioz’s Lélio with John Eliot Gardiner, as well as in recital with Sabine Devieilhe, with whom he has also appeared at the Grand Théâtre de Genève, the Festival d’Aix-en-Provence and Festival Pulsations in Bordeaux _ voilà ! _ in a programme of Strauss and Mozart that was recently broadcast on Arte Television and France Musique. Other musical partners include US tenor Michael Spyres _ oui ! _, with whom he has given recitals throughout Europe and Canada, and Latvian soprano Marina Rebeka, appearing together in France and Russia, as well as on a live broadcast for Rossiya K and a 2021 album _ « Voyage«  _ for Prima Records in association with the Palazzetto Bru Zane in Venice.

A specialist in French opera _ oui _, Mathieu Pordoy is regularly invited to work at opera houses such as the Opéra Comique in Paris, the Opéra de Monte-Carlo, the Grand-Théâtre de Luxembourg and La Monnaie in Brussels. Since 2008, he has collaborated on productions every summer in Aix _ c’est important _ and has served as coach _ voilà ! _ for the Académie at the Festival. He has also worked as a vocal coach _ oui _ and accompanist and served on the music staff at opera houses such as the Théâtre des Champs-Élysées, the Auditorio de Tenerife, Les Chorégies d’Orange, the Cologne Opera and the Teatro Municipal de Santiago, as well as working with conductors including Fabio Luisi, Gianluigi Gelmetti, Gianandrea Noseda, Daniele Gatti, François-Xavier Roth, Mikko Franck and Raphaël Pichon.

..

Mathieu Pordoy graduated with honours from the Paris Conservatoire, where he taught _ voilà ! _ from 2006 to 2011.

Mathieu Pordoy mérite très amplementent pareil éclairage…

Mais surtout qu’on réécoute encore et encore, grâce à cette vidéo de 3′ 21, ce chef d’œuvre inouï jusqu’ici _ du moins _ d’interprétation du final _ en général inaudible (ce n’est alors qu’un insipide caquetage !), ou bien c’est très plat et très vide : de purs contresens… _ de « L’Heure espagnole« …

Ce mercredi 21 juin 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Le passionnant travail du magnifique Michael Spyres sur les amplitudes et l’histoire de la voix de ténor, en son nouveau stupéfiant CD « Contra-Tenor », après son « BariTenor » de 2022…

05mai

Après son déjà passionnant (et déjà stupéfiant !) CD « BariTenor«  _ le CD Erato 019029516664, enregistré à Strasbourg aux mois d’août et octobre 2020, et paru en 2021, avec l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg, sous la direction de Marko Letonja ; cf mes articles des 22 octobre (« « ), 23 octobre (« « ), 24 octobre (« « ) et 15 décembre 2021 (« « )… _,

le magnifique ténor qu’est l’immense Michael Spyres (Mansfield, Missouri, 1979), étend sa passionnante exploration des répertoires _ encore trop mal connus, et confusément répertoriés… _ de la voix de ténor, en ses divers et très larges ambitus,

par un nouveau stupéfiant CD, intitulé de manière un tantinet provocante, cette fois, « Contra-Tenor » _ soit le CD Erato 5054197293467, enregistré à la Villa San Fermo à Lonigo (province de Vicence, en Italie), du 15 au 22 septembre 2022, avec l’Ensemble (baroque bien connu !) Il Pomo d’Oro, dirigé par l’excellentissime Francesco Corti.

Soit, à nouveau, une magistrale réussite musicale.

Qu’on écoute, par exemple, les airs donnés en ces deux vidéos-ci :

en la première, l’air, virtuosissime, « Tu m’involasti un regno », extrait de l' »Antigono » (répété à Lisbonne au mois d’octobre 1755 _ mais non créé alors, à cause du terrible désastre du tremblement de terre de Lisbonne, le 1er novembre !!! _, d’Antonio-Maria Mazzonni (1717 – 1785) _ à comparer avec cette autre prise vidéo (d’une durée de 6’15) pour le même air, à Lisbonne, cette fois, en 2011, avec l’Ensemble Il divino sospiro dirigé par Enrico Onofri… _ ;

et en la seconde, l’air, aussi époustouflant _ de beauté, comme d’interprétation _, « Se il mio paterno adore », extrait du « Siroe » (créé à Rome le 12 janvier 1740), de Gaetano Latilla (1711 – 1788) ;

vidéos d’une durée respectivement de 6’17 et de 6’10.

J’ai réuni ici 5 liens à de bien intéressants articles parus en commentaire de ce tout nouveau CD « Contra-Tenor » de Michael Spyres,

auxquels on pourra accéder par ces liens-ci :

_  de Tim Ashley, sur le site de Gramophone _ sans date _, « Michael Spyres : Contra-Tenor« …

_ de Laurent Bury, sur le site de PremiereLoge-Opera.co, le 21 avril dernier, « Contra-Tenor par Michael Spyres _ et pourtant il chante ! « 

_ de Clément Demeure, sur le site de ForumOpera.com, le 21 avril aussi, « Contra-Tenor, Michael Spyres _ un jalon du chant baroque« 

_ de Pierre Giangiobbe, sur le site de Olyrix, le 22 avril, en suivant, « Michael Spyres, ténor contratenore dans son nouvel album« 

_ de Pierre Degott, sur le site de ResMusica, en date du 28 avril 2023, « Michael Spyres, ténor assoluto« 

Ce qui donne, pour ces articles en français, avec l’ajout de quelques remarques de ma part :

_ pour l’article « Contra-Tenor par Michael Spyres _ et pourtant il chante !  » de Laurent Bury :

Nous ne pouvions pas imaginer, rendant compte de son enregistrement des Nuits d’été, que Michael Spyres, à défaut de devenir soprano, se présenterait ensuite comme « contre-ténor ». Ce n’est évidemment pas ainsi qu’il convient de traduire le titre de son nouveau disque, où il apparaît plutôt sous l’aspect d’une haute-contre à la française _ voilà ! _, mais où il aborde aussi toutes sortes de rôles italiens destinés à cette tessiture qui, ainsi qu’il l’explique, n’existe pas, ou du moins, que nul n’a jamais pu définir très clairement : « la voix la plus virtuose et difficile à classer dans une catégorie spécifique », selon lui.

Ayant abordé l’opera seria mozartien après s’être fait connaître dans le répertoire des premières décennies du XIXe siècle (Rossini, Meyerbeer), Michael Spyres s’amuse depuis quelque temps à brouiller les pistes, et veut nous montrer qu’il peut chanter en baryton aussi bien qu’en ténor. Nouvelle démonstration avec le disque Contra-Tenor, mais cette fois dans le répertoire du XVIIIesiècle, le rôle-titre de Mitridate étant à peu près le seul qu’il a eu l’occasion de servir à la scène (même si on se rappelle une incursion haendélienne dans un Theodora donné en concert et enregistré dans la foulée).

Le programme de ce récital va donc de Lully à Piccinni, deux Italiens ayant connu le succès à Paris (et dans les deux cas sur un livret de Quinault _ en effet ! _, puisque Piccinni reprit pour son Roland _ en 1778 _ le livret que Lully avait utilisé un siècle auparavant _ en 1685 _), et s’il inclut un compositeur né en France – Rameau – et quelques Allemands déracinés – Haendel, Hasse, Gluck –, il faut bien reconnaître _ oui _ que, en ce CD Contra-Tenor les Italiens d’Italie se taillent la part du lion.

De Lully, il aurait sans doute été possible _ oui ! _ de trouver un véritable air, comme celui de Renaud dans Armide, par exemple, plutôt que cette minute et demie de déclamation extraite de Persée sur laquelle s’ouvre le disque _ peut-être en suivant l’exemple de Rockwell Blake en son CD « Airs d’Opéras français« , pour EMI, en 1994. Et entre ce Persée de 1682 et la Naïs de Rameau en 1749, n’y avait-il donc aucun compositeur français qui mérite d’être enregistré par le « Contra-Tenor », lui qui chante si admirablement notre langue ? _ la remarque est en effet très judicieuse…

Tous les Italiens du XVIIIe siècle défilent, y compris le trop rare Galuppi, et d’encore moins fréquentés, comme Gaetano Latilla ou Antonio Maria Mazzoni, qui offrent à Michael Spyres d’excellentes occasions _ mais oui ! _ de déployer son agilité vocale dans des arias exigeant non seulement une maîtrise du chant rapide et orné, mais imposant aussi d’impressionnants _ certes _ sauts d’octave, nouvelle preuve de l’étendue de son registre, lorsqu’il aligne d’impressionnants suraigus et de soudaines descentes dans le grave, sans jamais perdre de vue _ et c’est bien là le principal _ l’expressivité de ces pages (il parvient même à proposer une version personnelle d’un air aussi rabâché que « J’ai perdu mon Eurydice »).

Non content de vouloir aborder Wagner, le ténor américain réussit – en studio, en attendant la scène – à s’imposer dans des répertoires aux exigences tout autres. Quant à Il Pomo d’Oro, on savait l’ensemble familier de la musique italienne, mais on le découvre très à son aise aussi _ oui ! _ dans l’opéra français, avec une noble passacaille de Persée.

_ pour l’article « Contra-Tenor, Michael Spyres _ un jalon du chant baroque » de Clément Demeure :

Un jalon du chant baroque

En 2011, l’agent de Michael Spyres publiait sur YouTube « Tu m’involasti un regno », air de bravoure d’Antigono où l’on découvrait un ténor casse-cou aux moyens exceptionnels, sans doute le premier à rendre pleinement justice à ce genre de partition _ oui. Douze ans plus tard, désormais vedette internationale, l’Américain revient enfin à ce premier belcanto pour lequel il est idéalement taillé _ en effet, et cela sur tous les plans…

Et c’est un disque qui fera date _ sans nul doute. Dans son ambition comme dans sa composition, le programme renvoie à de multiples références. À Spyres lui-même pour commencer, d’Antigono _ de Mazzoni _ au Mitridate _ de Mozart _ dont il s’est fait la spécialité. Écho aussi au précédent Baritenor : avec Contra-Tenor, le chanteur opte encore malicieusement _ oui… Michael a aussi beaucoup d’esprit ! _ pour un terme adjacent, comme pour tourner autour _ oui, en creusant et déployant… _ de la catégorie « ténor » et railler la rigidité du Fach, ce système de registres vocaux qu’il ne cesse de dynamiter _ et c’est là un point en effet tout à fait important pour l’intelligence d’une telle démarche de la part de Michael Spyres… Il faut voir sa mine réjouie _ oui _ dans divers montages kitsch rappelant _ mais oui ; c’est fort bien vu… _ les facéties d’une certaine Bartoli. Un modèle assurément, tant l’Italienne a contribué à l’aggiornamento du chant baroque et joué _ oui _ avec les tessitures _ voilà... Restait à faire pour les ténors ce que Bartoli et d’autres ont réussi pour Bordoni, Farinelli et consorts… Entreprise bien peu tentée, surtout encore en combinant les répertoires français et italien1.

Comme toujours, Spyres entend ne rien s’interdire, et montrer qu’il peut exceller partout. En se confrontant à diverses références, ici au mythique album français de Rockwell Blake (comportant, et en ouverture de ce CD de Rockwell Blake, en 1994,  le même « En butte aux fureurs de l’orage »), là aux intégrales récentes de Vinci ou Porpora chez Decca. S’il se « contente » de tenir tête à Blake, dont la virtuosité jubilatoire est d’une netteté inégalable _ en dépit d’un timbre de voix plus contestable, lui _, Spyres surpasse nettement sa concurrence _ oui ! Jetons un voile pudique sur les infortunés chargés de ressusciter l’Achille in Sciro de Sarro à Martina Franca et Naples ; saluons l’autorité de Spyres dans « Si sgomenti », dont la tessiture grave gênait Juan Sancho, ou chez Vivaldi dans un air où la voix de Topi Lehtipuu se tassait ; oublions enfin tous ces ténors « baroques » essoufflés par les graves et les écarts épuisants de Bajazet. Autre clin d’œil du programme, l’extrait d’Arminio de Hasse répond crânement à Rodolfo Celletti qui, dans sa célèbre Histoire du bel canto (1983), y voyait « un des airs exigeant le plus de virtuosité qui aient été écrits pour cette voix [le ténor] ».

C’est peu dire _ oui ! _ que Spyres se montre à la hauteur de ses ambitions. Conformément au principe du belcanto, la voix est homogène et bien assise dans le médium _ oui _, enjambe les intervalles sans effort apparent _ oui, et c’est absolument nécessaire… _ et dispense à l’envi _ et jubilation, oui _ trilles et vocalises. Il se permet _ aussi de réjouissantes _ incartades et nuances des tréfonds du grave au suraigu. Manière de remettre les pendules à l’heure : le primo tenore d’opera seria n’est ni un évangéliste façon Bach, ni un ténor di grazia censément « mozartien » _ c’est fort juste ! Le programme parcourt chronologiquement _ oui _ l’évolution des styles et des vocalités entre France et Italie. Résolument sombre dans les airs de Vivaldi (transposition d’un air pour castrat), Haendel et Vinci, évocations des baryténors Borosini (1695 – 1747) et Pinacci (1695 – 1750) _ des noms à retenir _, Spyres se montre plus prodigue d’aigus à partir du galant « Nocchier che mai non vide » de Porpora. À compter des années 1730, le primo tenore se hisse au rang de premier antagoniste _ voilà… _ dans des emplois stéréotypés de pères et hommes de pouvoir inquiets aux passions chaotiques. Véhicules idéaux pour une nouvelle génération de ténors capables de rivaliser _ c’est cela, sur la scène _ avec les castrats et divas dans l’extravagance d’ambitus étirés et la complexité des vocalises _ oui _ : Spyres convoque les mânes de monstres vocaux comme Amorevoli (1716 – 1798) (Sarro et Hasse, image ci-dessus), Babbi (1708 – 1768) (Mazzoni et Latilla) et Ettore (1740 – 1771) (Mozart).

Même si rien dans le programme n’est routinier, seules trois pages sont de vraies premières mondiales. « Solcar pensa un mar sicuro » de Hasse (Arminio, 1745) tisse une parabole maritime sur d’ondoyantes dentelles de trilles, tandis que Galuppi (Alessandro nell’Indie, 1755) distille son charme mélodique habituel dans un air sensible « Vi trofeo d’un alma imbelle » où l’aigu doit être sollicité sans brusquerie jusqu’au contre-ut. Mais le clou du spectacle, c’est _ très probablement _ l’allegro « Se il mio paterno amore » du Siroe de Gaetano Latilla (1740). Multiples plongeons du la3 au ré2, descentes dans le registre de basse jusqu’au sol1, entêtantes vocalises et roulades déferlantes, tout est exécuté avec une autorité _ et plénitude, oui _ qui laisse bouche bée. En revanche, si l’on comprend _ et combien !!! _ que Spyres ait souhaité laisser une gravure « propre » _ oui _ de l’air spectaculaire « Tu m’involasti un regno » de Mazzoni qui a contribué à le faire connaître – roulade sur trois octaves incluse –, le doublon était moins nécessaire pour « Se di lauri » _ du Mitridate de Mozart _, que l’on préfère dans l’intégrale Minkowski gravée seulement deux mois plus tard.

L’Américain était moins attendu dans la tragédie lyrique _ française… Le hiatus stylistique est manifeste, mais les récitals romantiques associent souvent Donizetti et Gounod, Massenet et Verdi sans que personne n’y trouve à redire : l’idée de confronter les genres au siècle précédent se défend. Dans le français clair et éloquent _ superbissime ! _ qu’on lui connaît, Spyres relève le défi de tessitures nettement plus élevées, avec des allègements bienvenus dans les trois ariettes de réjouissance choisies qui, de Lully à Piccinni, trahissent un goût croissant pour la vocalise. En virtuosité pure _ mais est-ce là l’essentiel ? non… _, l’Américain surclasse Reinoud van Mechelen, qui conserve néanmoins notre faveur dans ce répertoire et rend lui aussi de très beaux hommages à ses devanciers (Dusmeny, Jéliote et bientôt _ nous l’attendons impatiemment _ Legros). L’unique déploration proposée (« J’ai perdu mon Eurydice » de 1774) est ce qui convainc le moins _ mais cela se discute… Pour autant, cela ne signifie pas _ certes ! et ce serait là très déplorablement bien réducteur… _ que l’album, indéniablement démonstratif, ne vaut que pour ses tours de force. Une fois passée la stupéfaction initiale, on goûte _ et combien !!! _ la finesse _ merveilleuse _ d’un interprète qui sait _ et comment ! _ ce qu’il chante, varie les couleurs, sculpte le verbe sans confondre _ jamais _ déclamation et aboiement _ cette déclamation si fondamentale dans tout l’art musical français _, et ne néglige _ en effet _ aucune nuance dramatique. Ajoutons à cela des variations excitantes et de bon goût _ toujours : cela aussi étant absolument nécessaire _, dans les reprises da capo.

Il Pomo d’oro _ une fois encore, et comme à chaque fois, à son niveau d’excellence… _, dirigé par _ le toujours parfaitFrancesco Corti, étonne tout autant _ mais oui _ que le soliste par son adéquation aux différents styles, par exemple _ mais c’est le seul morceau purement instrumental du CD _ la passacaille de Persée. Les tempi sont justes, la technique est sans faille, et si l’orchestre laisse _ mais oui _  la star briller, il contribue également à hausser ces versions au-dessus des concurrentes, en tout cas pour le versant italien. Et à faire de cet album un nouvel étalon _ voilà !!!! _ dans l’interprétation de l’opera seria.

  1. En 1970, Peter Schreier avait proposé un disque baroque (Italienische Belcanto-Arien), et en 1993 Ernesto Palacio avait gravé Re ed Eroi di Pietro Metastasio sous la baguette de Tamás Pá. S’il faut rendre hommage à leurs efforts précurseurs, le style – surtout à l’orchestre – et la timidité technique en font surtout des documents. D’autres ténors ont depuis conçu des récitals consacrés à Haendel et parfois Vivaldi, voire des programmes franchement originaux ou ambitieux. L’album Gluck fort réussi de Daniel Behle (2014), qui mêle aussi airs pour haute-contre et opera seria, est celui qui se rapproche le plus du projet de Michael Spyres. L’Allemand compte d’ailleurs continuer sur ce terrain cette année à Bayreuth (Kings of bravura).

_ pour l’article « Michael Spyres, ténor contratenore dans son nouvel album » de Pierre Giangiobbe :

Après BariTénor, Michael Spyres continue d’explorer _ oui, et c’est passionnant ! _ les frontières de sa tessiture _ voilà _ et passe “de la cave au grenier” avec son nouveau disque Contra-Tenore, replongeant pour s’élever vers le répertoire baroque pour voix masculine aiguë, en compagnie de l’orchestre Il Pomo d’Oro dirigé par Francesco Corti pour un disque Erato-Warner Classics.

Le précédent album questionnait la frontière grave _ voilà _ entre ténor et baryton, celui en fait de même pour la frontière aiguë _ oui ! _, et il le fait de la même manière, avec une forme de flou artistique aussi. Si le choix de répertoire est bien délimité (ce nouveau projet remonte au baroque, et s’arrête donc là où le précédent album commençait), le titre du disque et le propos du livret _ extrêmement intéressant en ses analyses détaillées, il faut le souligner _ posent une série de questions _ oui ! _ jouant sur les termes et les strates historiques. Le « contra-tenore » n’est en effet pas _ oui, oui !!!  _ le « contre-ténor » d’aujourd’hui, celui qui a succédé au castrat, mais veut au contraire désigner le ténor qui, à l’époque baroque, rivalisait justement _ sur la scène _ avec les castrats. Comme le rappelle le livret, ces ténors pouvaient déjà être désignés par toute une série _ non codée, et pour cause : chaque chanteur faisait (et osait !) avec ses propres moyens… _ d’appellation : ténor-basse, baritenore, contre-ténor et haute-contre, ou encore taille. Michael Spyres, continue donc _ voilà _ son exploration _ passionnante _ de ces déclinaisons en s’intéressant ici au spectre aigu, le « contre » pouvant aussi bien définir le haute-contre à la française que le contre-ténor italien, mais pas _ en effet ! _ le contre-ténor à la voix de fausset.

Et finalement, c’est encore une autre voix que le chanteur vise et qu’il met en avant : celle du « tenore assoluto » dont la tessiture balaye l’ambitus allant du bariténor au contre-alto (voix grave féminine), un terme qui est depuis devenu le surnom superlatif d’Enrico Caruso, « Tenore Assoluto« , rajoutant encore à la confusion.

Michael Spyres vise donc le contra-tenore-assoluto-barocco _ si l’on veut… _ en prêtant sa voix à l’étendue spectaculaire _ certes, mais jamais forcée au final… _ aux rôles composés par Lully, Haendel, Rameau et plus tardivement Gluck et Mozart (et le disque fait également découvrir quelques morceaux de Johann Adolf Hasse, Baldassare Galuppi ou Gaetano Latilla, enregistrés pour la première fois).

Cet album est un hommage à l’habileté technique _ mais pas seulement ! Ce serait là terriblement réducteur ! _ de l’interprète. Trilles, mordants, fioritures sont au rendez-vous, exécutés avec souplesse _ et naturel, comme il se doit… _, d’une voix toujours projetée avec l’éclat d’un vibrato sémillant. Michael Spyres s’illustre autant dans les pyrotechnies vocales du répertoire italien que dans le raffinement sobre _ nécessairement : un art de la délicatesse, jamais forcée… _ du grand style français. Sa prononciation est _ parfaitement _ soignée dans ces deux langues. Naviguant entre les registres, il déploie tantôt un grave satiné « barytonant », voire « basso » large et profond, tantôt un aigu fulgurant. Plusieurs morceaux l’amènent dans l’extrême-aigu sur la cadence (jusqu’au contre-fa, voire au-delà). La voix s’affine sans basculer en falsetto _ en effet _ et reste nettement _ oui _ timbrée.

Les musiciens de l’orchestre Il Pomo d’Oro mettent toute leur expertise _ très grande _ du répertoire baroque au service notamment des pièces oubliées, déployant une riche palette sonore emportée par un pupitre de cordes particulièrement vif et endiablé (sans oublier les nuances _ capitales _ données par la direction précise _ et justissime _ du chef et claveciniste _ excellent, chaque fois !Francesco Corti, qui confère à cette musique tout son caractère vivant et aérien) _ absolument : beaucoup de fluidité et de vie…

De quoi, au final, se laisser emporter _ sans la moindre réticence, jamais _ par la virtuosité absolue _ mais pas gratuite, ni capricieuse : Michael Spyres n’est pas Cecilia Bartoli… _ de cette musique, qui justement déborde _ avec esprit _ tous les cadres, toutes les cases et appellations : en vers et contre-ténors.

_ pour l’article de Pierre Degott « Michael Spyres, ténor assoluto » :

Dans un programme riche et éclectique, se livre à une nouvelle démonstration de virtuosité et de versatilité _ mais jamais gratuites ni capricieuses. Un récital qui fera date _ oui _, et qu’on rangera à côté _ et sans l’y amalgamer _ des plus grandes réussites récentes de tous nos contreténors préférés.

Est-il ténor, baryton, baryténor, haute-contre, Heldentenor, maintenant contra-ténor ? se pose décidément beaucoup de questions, pour le plus grand bonheur de ses auditeurs _ en effet _ qui n’auront aucun mal à se faire leur propre avis. Si l’album intitulé Baritenor avait moyennement convaincu _ pas moi : j’en suis enthousiaste _ , cet album consacré aux grands airs baroques devrait, lui, rallier tous les suffrages. Le choix du programme, tout d’abord, qui de Lully à Mozart couvre l’exploration de la tessiture de ténor sur toute la période baroque, devrait satisfaire tous les amateurs de musique ancienne. Un air par compositeur, de quoi ravir les admirateurs de musique italienne comme de musique française _ bien distincts cependant. Le projet de Michael Spyres est visiblement de convaincre qu’à côté de la voix de castrat, le ténor baroque avait lui aussi _ mais oui ! _ son mot à dire, même s’il est vrai que la tessiture de cette voix n’était pas aussi nettement définie _ en effet _ qu’elle l’est devenue plus tard au XIXᵉ siècle. Le haute-contre à la française de Lully et de Rameau, convenons-en, a peu à voir _ en effet !!! _ avec le ténor barytonnant de Haendel, illustré ici par le Bajazet de Tamerlano. Ce personnage évolue en effet dans une tessiture relativement grave qui a permis encore récemment à Plácido Domingo, ténor alors redevenu baryton, de se tailler un beau succès dans le rôle….

 

Dans les deux types de tessiture, Michael Spyres se montre souverain _ oui _, même si l’on se permettra de préférer ses couleurs vocales dans le haut-médium de la voix. Son extension dans le grave, si elle commande le respect, n’a pas la même qualité de timbre que la partie plus élevée de l’instrument. On n’en apprécie pas moins les variations dans les notes basses de certains airs, dont le « Se il moi paterno amore » du Siroe, re di Persia, enregistré en première mondiale. Dans toutes les plages réunies sur cet album, lesquelles feront entendre quelques tubes du baroque et du classicisme naissant comme des nouveautés absolues _ les deux _, Spyres se montre un technicien hors pair _ mais pas seulement, et loin de là : un merveilleux artiste lucide aussi… La voix est homogène sur tous les registres, des extrêmes graves aux extrêmes aiguës, et enjambe les intervalles les plus folles sans la moindre difficulté _ quelle suprême fluidité… Elle offre tout au long du programme, et sans le moindre effort, trilles, mordants et vocalises, s’autorisant des incartades _ mais jamais folles _ autant dans le suraigu que dans les tréfonds du registre de basse. Le spectaculaire « Tu m’involasti un regno » extrait de l’Antigono de Mazzoni fait entendre une vocalise sur rien moins que trois octaves. Cerise sur le gâteau, Spyres sait également dire un texte et son interprétation de « J’ai perdu mon Eurydice », dans un excellent français, est une des plus émouvantes qu’on ait pu entendre ces dernières années _ mais oui ; et en quel admirable français !

Un tour de force vocal, donc, qui rappelle que virtuosité technique et expressivité _ voilà _ ne sont en rien incompatibles. On aura rarement été autant convaincu par un récital d’airs baroques, autant pour la variété des airs sélectionnés que par la maîtrise de la technique vocale et par celle de l’art de la diction _ oui !!! _ et de l’interprétation _ admirable. Il Pomo d’oro, dirigé ici par , est un ensemble instrumental aujourd’hui bien connu _ pour sa régulière excellence !! Tout comme le soliste, il montre sa parfaite adéquation _ oui _ aux différents styles _ très divers _ représentés sur ce programme à l’éclectisme rare _ oui _ pour un enregistrement estampillé « baroque ». Sa contribution _ voilà _ au succès de l’entreprise se doit d’être dûment signalée.

Contra-tenor.

Jean-Baptiste Lully (1632-1687) : « Cessons de redouter » et Passacaille extraits de Persée.

Georg Friedrich Haendel (1685-1759) : « E il soffrirete … Empio per farti guerra » extrait de Tamerlano.

Antonio Vivaldi (1678-1741) : « Cada pur sul capo audace » extrait de Artabano, re de’ Parti.

Leonardo Vinci (1690-1730) : « Si sgomenti alle sue pene » extrait de Catone in Utica.

Nicola Porpora (1686-1768) : « Nocchier, che mai non vide » extrait de Germanico in Germania.

Domenico Sarro (1679-1744) : « Fra l’ombre un lampo solo » extrait de Achille in Sciro.

Baldassare Galuppi (1706-1785) : « Vil trofeo d’un alma imbelle » extrait de Alessandro nell’Indie.

Gaetano Latilla (1711-1768) : « Se il mio paterno amore » extrait de Siroe, re di Persia.

Johann Adolf Hasse (1699-1783) : « Solcar pensa un mar sicuro » extrait de Arminio.

Jean-Philippe Rameau (1683-1764) : « Cessez de ravager la Terre » extrait de Naïs.

Antonio Maria Mazzoni (1717-1785) : « Tu m’involasti un regno » extrait de Antigono.

Christoph Willibald Gluck (1714-1787) : « J’ai perdu mon Eurydice » extrait de Orphée et Eurydice.

Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : « Se di lauri » extrait de Mitridate, re di Ponto.

Niccolò Piccinni (1728-1800) : « En butte aux fureurs de l’orage » extrait de Roland.

Michael Spyres, ténor ;

Il Pomo d’oro, direction : Francesco Corti.

1 CD Erato.

Enregistré du 15 au 22 septembre 2020 à la Villa San Fermo de Lonigo (Italie).

Notice de présentation en anglais, français et allemand.

Durée : 72:54

 

Voilà pour ces articles annotés.

Le CD enfile ses 14 airs dans l’ordre _ presque, à une exception près : les airs de Vivaldi (en 1716) et de Haendel (en 1724), intervertis dans l’ordre du CD, pour une raison qui m’échappe… _ strictement chronologique de leur création (ou composition, pour l’air de Mazzoni qui n’a pu être créé à Lisbonne à cause des destructions du terrible tremblement de terre, alors que l’opéra « Antigono » était en répétitions..) :

_ 1682, pour l’air extrait de « Persée » de Lully, créé à Paris le 18 avril 1682

_ 1716, pour l’air extrait d' »Artabano, re de’ Parti » de Vivaldi, créé à Venise le 18 janvier 1716

_ 1724, pour l’air extrait de « Tamerlano » de Haendel, créé à Londres le 31 octobre 1724

_ 1728, pour l’air extrait de « Catone in Utica » de Vinci, créé à Rome le 19 janvier 1728

_ 1732, pour l’air extrait de « Germanico in Germania » de Porpora, créé à Rome en févrierl 1732

_ 1737, pour l’air extrait d' »Achille in Sciro » de Domenico Sarro, créé à Naples le 4 novembre 1737

_ 1738, pour l’air extrait d' »Alessandro nell’Indie » de Galuppi, créé à Mantoue le 14 janvier 1738

_ 1740, pour l’air extrait de « Siroe, re di Persia » de Gaetano Latilla, créé à Rome  le 12 janvier 1740

_ 1745, pour l’air extrait d' »Arminio » de Hasse, créé à Dresde, le 7 octobre 1745

_ 1749, pour l’air extrait de « Nais » de Rameau, créé à Paris le22 avril 1749

_ 1755, pour l’air extrait d' »Antigono » d’Antonio-Maria Mazzoni, répété, mais non créé, à Lisbonne en octobre 1755

_ 1762, pour l’air extrait d' »Orphée et Eurydice » de Gluck, créé à Paris le 5 octobre 1762

_ 1772, pour l’air extrait de « Mitridate, re di Ponto » de Mozart, créé à Milan le 26 décembre 1772

_ 1778, pour l’air extrait de « Roland » de Piccinni, créé à Paris le 27 janvier 1778.

Un CD indispensable.

Ce vendredi 5 mai 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Le grand Michael Spyres dans les sublimes « Nuits d’été » d’Hector Berlioz et Théophile Gautier (version, avec orchestre, de 1856) : qu’en penser ?..

14avr

Les « Nuits d’été » d’Hector Berlioz sur des poèmes de Théophile Gautier, sont le plus sublime monument de la mélodie française ;

et Michael Spyres est un des plus merveilleux chanteurs en activité aujourd’hui.

Cependant, la prestation de celui-ci dans le CD « Les Nuits d’été Harold en Italie«  _ le CD Erato 5054197196850, paru le 18 novembre 2022 _, en un enregistrement à Strasbourg du 12 au 15 octobre 2021, sous la direction de l’excellent berliozien qu’est John Nelson, à la tête de l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg,

constitue une relative déception à mes oreilles et à mon goût :

pae ce que j’estime être un certain manque de naturel de l’interprète,

un peu trop opératique…

Voici l’opinion de Jean-Charles Hoffelé, en un article significativement intitulé « Timothy«  _ en l’honneur de l’altiste Timothy Ridout, en verve dans le « Harold en Italie » de ce CD Erato…en date du 7 janvier 2023, sur son site Discophilia :

TIMOTHY

…Passons à pieds joints _ rien que cela !!! _, sur le tour de force parfois pénible _ hélas, oui… _ des Nuits d’été selon Michael Spyres : si son « baryténor » lui permet d’offrir chaque mélodie dans sa tonalité originale, les dotant d’un français plus étudié que naturel _ hélas ! _, comment ne pas entendre que les notes lui résistent pourtant, plus que les sentiments d’ailleurs : Sur les lagunes est vraiment bien senti _ personnellement, je le trouve un peu trop théâtral, opératique… _, et évidemment John Nelson met à son orchestre une poésie, un art d’évoquer qui suffisent à rendre l’écoute attractive.

Pourtant, lorsque l’alto de Timothy Ridout murmure la première méditation de Byron de son archet diseur, soudain ce personnage qui manquait aux Nuits d’été parait. Il ne quittera plus l’auditeur au long de cet Harold en Italie débarrassé de toute grandiloquence jusque dans les tonnerres de l’orgie de brigands, voyage dans des paysages dont l’orchestre de peintre rêvé par Berlioz s’incarne enfin avec toutes ses subtilités : décidément les Strasbourgeois y sont étonnants, tout comme hier dans la Messe Glagolitique de Janáček. Mais c’est d’abord la sonorité ambrée du jeune altiste anglais qui vous cueillera.

Cet ambre des cordes, ce fluide de l’archet, quel altiste les aura possédés avant lui ? Lionel Tertis, et comme Tertis Timothy Ridout sait ce que chanter suppose, le phrasé, les mots imaginaires derrière les notes, les couleurs pour les émotions. Justement, il grave la transcription que Tertis réalisa à son usage du Concerto pour violoncelle d’Elgar, le compositeur l’ayant adoubée jusqu’à diriger la création de ce que l’altiste espérait comme un ajout majeur au répertoire de l’instrument.

Las, cette mouture singulière ne s’imposa pas, affaire de sonorité certainement, l’alto de Tertis était un mezzo haut et sa transcription tire à l’aigu, mais justement la sonorité claire de Timothy Ridout retrouve l’esprit de celle du transcripteur et dans l’orchestre savamment allégé par Martyn Brabbins donne à l’œuvre une couleur nostalgique émouvante.

Contraste total avec la Suite pour alto et orchestre aux couleurs extrêmes orientales que Bloch composa en 1919. C’est l’univers balinais qui ouvre le voyage (initialement Bloch avait intitulé le premier mouvement « Jungle »), le compositeur emportant son alto dans un orchestre hautement évocateur.

L’œuvre est demeurée rare, même au disque, elle culmine dans les lacis vénéneux d’un Nocturne ténébreux, moment magique où le jeune altiste déploie une incantation inquiète, phrasée pianissimo, d’une poésie fascinante, hypnose et sortilèges. Quelle œuvre !

LE DISQUE DU JOUR

Hector Berlioz (1803-1869)


Les nuits d’été, Op. 7, H. 81
Harold en Italie, Op. 16, H. 68

Timothy Ridout, alto
Michael Spyres, ténor
Orchestre Philharmonique de Strasbourg
John Nelson, direction

Un album du label Erato 5054197196850

Sir Edward Elgar (1857-1934)


Concerto pour violoncelle et orchestre en mi mineur, Op. 85 (arr. pour alto : Lionel Tertis)


Ernest Bloch (1880-1959)


Suite pour alto et orchestre, B. 41

Timothy Ridout, alto
BBC Symphony Orchestra
Martyn Brabbins, direction

Un album du label harmonia mundi HMM902618

Photo à la une : l’altiste Timothy Ridout – Photo : © Kaupo Kikkas…

Et lire aussi _ et surtout _ l’excellent article très détaillé, lui, de Laurent Bury, intitulé « Les Nuits d’été par Michael Spyres – et si en plus il était soprano ? » en date du 19 novembre 2022, sur le site de Première Loge :

Les Nuits d’été par Michael Spyres – Et si en plus, il était soprano ?

19 novembre 2022

Le label Erato poursuit son projet Berlioz dirigé par John Nelson, après notamment des Troyens très remarqués et un Benvenuto Cellini qui n’est pas non plus passé inaperçu. Le chef américain a trouvé ses interprètes de prédilection, que l’on retrouve donc d’un disque à l’autre (Joyce DiDonato, par exemple), mais pour graver Les Nuits d’été, il n’a pas choisi de respecter le souhait du compositeur, qui prévoyait _ en 1856 _ des chanteurs différents pour les six poèmes de Théophile Gautier. Ou du moins, il a préféré un seul interprète qui se targue d’avoir plusieurs voix. Ce n’est en effet plus un secret pour personne : après avoir longtemps été ténor, Rossini étant d’abord son terrain d’élection, Michael Spyres se présente désormais comme baryténor _ voilà ! cf par exemple mon article du 23 octobre 2021 : « «  _, alternant à volonté ces deux timbres, comme il le faisait récemment dans un disque portant exactement ce titre. C’est ce qui lui permet un exploit supplémentaire : respecter la tonalité d’origine pour chacune des pièces.

Heureusement, il ne prétend pas encore pouvoir être aussi soprano, mezzo, ou contre-ténor. Car, par-delà la performance physique, il n’est pas sûr que l’auditeur s’y retrouve vraiment _ aïe – aïe… D’une part, parce que l’on a plus d’une fois l’impression que Michael Spyres s’écoute chanter _ hélas… _ , tout content d’étaler des graves de baryton, voire de baryton-basse. C’est en particulier le cas dans « Le Spectre de la rose » _ ampoulé, en effet _ et dans « Sur les lagunes »  _ trop théâtral, opératique… _ : le chanteur se fait plaisir, s’enivre du beau son qu’il est capable de produire dans une tessiture où l’on ne l’attendait pas a priori, mais il en perd de vue l’émotion qui devrait affleurer _ avec bien plus de naturel… _ et qu’ont si bien su traduire d’autres artistes _ mais oui, à commencer par Régine Crespin ou Janet Baker, ainsi que pas mal d’autres… Il y a là un peu trop d’art et pas assez de naturel _ voilà, voilà ! C’est exactement ça ! De même, la Villanelle initiale manque _ voilà ! _ de fraîcheur : le tempo en est bien _ trop _ lent, et il manque surtout l’entrain _ voilà encore ! _ que l’on aimerait y entendre. De manière générale _ et c’est parfaitement juste _, c’est une approche très « opéra » qui a été adoptée ici  _ à tort !  en effet… _ , dont on peut penser qu’elle n’est pas forcément le meilleur choix pour cette partition qui, même orchestrée, n’est pas si éloignée de l’univers des salons _ mais oui _ auquel elle était au départ destinée.

La deuxième partie du recueil est en revanche beaucoup plus enthousiasmante _ et je partage complètement cet avis _, avec deux mélodies dans lesquelles on retrouve celui qui fut le plus somptueux des titulaires du Faust de La Damnation, qui savait nous tirer des larmes lorsqu’il invoquait la Nature immense. « Au cimetière » est une réussite totale _ oui, oui : sobre et juste, ai-je noté pour ma part… _, sur un texte qui convient à merveille au ténor – car c’est bien un ténor que l’on y entend, avec un chant qui relève bien plus de l’évidence _ oui ! et c’est cela qu’il faut pour entraîner la conviction… _ dès lors qu’il ne cherche plus à prouver quoi que ce soit. Michael Spyres y convainc pleinement _ oui _ et trouve _ enfin _ sans effort les accents les plus adéquats, avec cette diction stupéfiante du français qui est depuis longtemps sa caractéristique. « L’île inconnue » fonctionne aussi très bien _ c’est exactement ce que j’ai moi-même aussi noté ! _, prise à un tempo allant _ oui, oui _, et avec un bel effet de dialogue entre le nautonier et sa belle.

Le programme est complété par Harold en Italie avec le jeune altiste britannique Timothy Ridout en soliste. Déjà protagoniste des deux intégrales d’opéra mentionnées plus haut, l’Orchestre philharmonique de Strasbourg y livre également une fort belle prestation, John Nelson excellant à traduire les atmosphères évoquées par Berlioz, comme le montrait déjà « Au cimetière », décidément le sommet _ oui, avec L’île inconnue _ de ces Nuits d’été. Ah, si monsieur Spyres avait bien voulu partager avec ses camarades…

Voici aussi un choix de quelques liens _ au nombre de 5 _ à un florilège de précédents articles miens à propos de diverses belles interprétations de ces sublimes berlioziennes « Nuits d’été » que j’aime tant… :

_ le 24 octobre 2011 : « « 

_ le 19 janvier 2019 : « « 

_ le 12 février 2019 : « « 

_ le 22 février 2019 : « « 

_ le 23 mai 2020 : « « 


Voilà.

Ce vendredi 14 avril 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

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