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La perfection de la pudique tendresse de Céline Frisch sur le clavecin de Louis XV : une réussite absolue…

27juil

À deux mois moins 3 jours de mon article du 29 mai dernier «  « ,

c’est hier 26 juillet 2022 que, par son article très simplement intitulé « Les Plaisirs« , Jean-Charles Hoffelé sur son site Discophilia vient reconnaître à son tour la splendide réussite de Céline Frisch en son délicieux CD « L’Aimable _ Une journée avec Louis XV« ,

soit le parfaitement ravissant CD Alpha 837…

LES PLAISIRS

Apogée ou vertige ? Le grand clavecin classique, roide, celui de Louis XIV _ dont le règne prend fin, avec la mort du roi, le 1er septembre 1715 _, allait à jamais quitter ses _ occasionnelles _ sévérités pour le temps de Louis XV _ Versailles, 15 février 1710 – Versailles, 10 mai 1774. Tout un autre monde _ musical tout particulièrement, bien sûr _ s’ouvre à lui, qui pourrait correspondre en sons à l’art des grands maîtres du pastel _ c’est bien vu… Adieux suites de danses, bonjour portraits, scènes intimes, échos sonores de cloches, de nature _ voilà ! _, et lorsque le ballet s’invite, ce sera celui du Pygmalion de Rameau (1883 – 1764), ébouriffé au clavecin par Balbastre (1724 – 1799), toujours gourmant du génie du Dijonnais.

Période faste donc, qu’aujourd’hui Céline Frisch herborise comme jadis le fit Blandine Verlet (Paris 27 février 1942 – Paris, 30 décembre 2018) dans ses albums des « Princesses de France » (Philips, années 1970 _ 1978 plus précisément _). Elle y commence avec des François Couperin (1668 – 1733) et D’Agincourt (1684 – 1758) de pur charme _ oui __, les jouant leste, et elle ira finir à cette merveille si rarement gravée que sont Les Étoiles, petit moto perpetuo comme argenté par la lueur lunaire _ de Michel Corrette (1707 – 1795).

C’est un monde du tendre _ absolument _, du fragile _ ténu, subtil _, des plaisirs fugitifs _ à mille lieues de la moindre insistance ou lourdeur… _ qu’elle saisit avec _ infinie _ poésie _ voilà ! _ sur l’élégant Rastelli d’après Goujon, trésor du Musée de la Musique : écoutez seulement Les tendres sentiments de Royer (1703 – 1755) : 6’26 de discrète et pudique douceur…

LE DISQUE DU JOUR

L’Aimable
Une journée avec Louis XV

Œuvres de François Couperin (1668-1733), François d’Agincourt (1684-1758), Pierre Dandrieu (1664-1733), Louis-Claude Daquin (1694-1772), Pancrace Royer (1703-1755), Claude-Bénigne Balbastre (1724-1799), Michel Corette (1707-1795)

Céline Frisch, clavecin

Un album du label Alpha Classics 837

Photo à la une : la claveciniste Céline Frisch – Photo : © Jean-Baptiste Millot

Un délicat ravissement que pareil discret bijou de CD !

Ce mercredi 27 juillet 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

La plus récente actualité discographique du courageux et audacieux « exploreur » du répertoire baroque Johannes Pramsohler, de son Ensemble Diderot, et de son label Audax…

07déc

Aujourd’hui, 7 décembre 2021,

voici le neuvième article que, depuis le 28 avril 2018, je viens consacrer au courageux et inventif violoniste baroque italien Johannes Pramsohler, son Ensemble Diderot, et son label discographique Audax…

 1°  le 28 avril 2018 : 

2° le 13 mai 2018 :  

3° le 2 août 2018 : 

4° le 19 octobre 2018 : 

5° le 26 juin 2019 : 

6° le 19 juillet 2019 : 

7° le 11 août 2019 : 

8° le 15 octobre 2020 : 


Aujourd’hui donc, 7 décembre 2021,

je veux revenir sur deux parutions discographiques relativement récentes, en son label Audax, du violoniste Johannes Pramsohler et son Ensemble Diderot :

_ le CD « The Berlin Album » (Audax 13726), enregistré à Toblach les 6-7-8-9-10 décembre 2019, et paru en 2020,

et comportant des Sonates en trio de Georg-Anton Benda (1722 – 1795), Johann-Gottlieb Graun (1703 – 1771), Johan-Philipp Kirnberger (1721 – 1783), Johann-Abraham-Peter Schulz (1747 – 1800) et Johann-Gottlieb Janitsch (1708 – 1763) ; ainsi qu’une Fugue de la princesse Anna-Amalia de Prusse (1723 – 1787),

interprétées par Johannes Pramsohler et Roldan Bernabé, violons, Gulrim Cho, violoncelle, et Philippe Grisvard, clavecin et pianoforte ;

_ le CD « Concertos pour violon _ The beginnings of the violin concerto in France » (Audax 13782), enregistré à Toblach les 16-17-18 décembre 2020, et paru lui aussi en 2020,

et comportant des Concertos de Jacques Aubert (1689 – 1753), Jean-Marie Leclair (1697 – 1764), Jean-Baptiste Quentin (ca. 1690 – ca. 1742), André-Joseph Exaudet (1710 – 1762) et Michel Corrette (1707 – 1795),

interprétés par Johannes Pramsohler, Roldan Bernabé, Mario Konaka et Simone Pirri, violons, Georges Barthel, flûte, Alexandre Baldo, alto, Gulrim Cho, violoncelle, François Leyrit, contrebasse, et Philippe Grisvard, clavecin et pianoforte.

Pour « The Berlin Album« ,

je renvoie à cette intéressante chronique, intitulée « La Trilogie berlinoise« , de Sébastien Holzbauer, du 27 décembre 2020, sur le site « Muse baroque » :

CDS & DVDS, CRITIQUES

La trilogie berlinoise (The Berlin Album, Pramsohler, Ensemble Diderot – Audax)

Ich bin ein Berliner

 
The Berlin Album, sonates en trio de Benda, Graun, Kirnberger, et alii

Georg Anton Benda (1722–1795) : Trio sonata in E Major
Johann Gottlieb Graun (1703–1771) : Trio sonata in A Major, GWV Av:XV:41 (scordatura) 
Johann Philipp Kirnberger (1721–1783) : Trio sonata in D Minor
Princess Anna Amalia of Prussia (1723–1787) : Fugue in D Major
Johann Abraham Peter Schulz (1747–1800) : Trio sonata in A Minor
Johann Gottlieb Graun : Trio sonata in G Major “Melancholicus & Sanguineus”, GWV A:XV:11
Johann Gottlieb Janitsch (1708–1763) : Trio sonata in G Major

 …
Ensemble Diderot :
Johannes Pramsohler & Rodan Bernabé, violons,
Gulrim Choi, violoncelle,
Philippe Grisvard, clavecin et pianoforte.
1 CD Audax, enr. décembre 2019.
Johannes Pramsohler et ses fidèles, à qui l’on doit l’exhumation méthodique _ oui _ de répertoires rares _ oui _, ont décidé de s’aventurer sur des terres encore plus inconnues, vers l’Est et la lointaine Germanie, au royaume de Prusse. Poursuivant leur tour d’Europe de la sonate en trio après Dresde, Paris, puis Londres, l’ensemble Diderot aborde Berlin, ou plutôt Potsdam, et avance dans le siècle des Lumières par rapport à ses opus précédents. Evitant soigneusement les principaux acteurs musicaux du temps (Frederic II ou Carl Philipp Emanuel Bach), nos explorateurs ont décidé d’aborder un répertoire trop méconnu, celui des partitions de la Princesse Amélie de Prusse, de Johann Abraham Peter Schulz, sans renier des compositeurs de la demi-obscurité tels Benda, Kirnberger le théoricien, Graun (attention ce n’est point Carl Heinrich) ou Janitsch.
On goûte un album doux et rêveur _ en effet _, à l’épanchement mélodique et la souplesse toute solaire, d’un soleil givré hivernal, pastel, aux reflets argentés. Les archets de Johannes Pramsohler & Rodan Bernabé, gracieux et souples, tressent le cocon réconfortant d’une bonne tasse de thé. Par rapport aux remarquables Paris Album ou London Album précédents (Audax), une atmosphère nouvelle, celle de l’Empfindsamkeit prédomine, mélange d’intimité chaleureuse, d’épanchement psychologique, mais aussi de sorte de sentimentalisme galant et légèreté préromantique. Avouons que ces compositions ne sauraient égaler la profondeur d’un Sébastien de Brossard, Henri Purcell ou Telemann des albums précités.
Toutefois, avec conviction, l’Ensemble Diderot tire le meilleur _ oui _ de ses œuvres élégantes et se fait le tenant de la ligne claire : textures aériennes, clarté confondante des pupitres, équilibre favorisant les aigus. Partout règne le même raffinement, d’une mondanité libre _ c’est tout à fait cela. Il en surgit parfois de manière inattendue un éclair plus torturé à l’instar du Larghetto de Benda, ou du très noble Affetuoso de Graun dans la sonate en trio cyclothymique justement intitulée Melancholicus & Sanguineus, sans conteste l’une des plus originales et personnelles du programme. Ce mouvement est interprétée avec un abandon ciselé, suivi d’un Allegro carré italianisant avec que la sonate ne se conclue sur un Allegro di molto à la simplicité virtuose et jubilatoire.

On découvre également à la seconde écoute _ bienvenue, en effet _ du disque des détails insoupçonnés. La sonate en trio de Kirnberger débute sur un Andante archaïsant aux chromatismes soignés, tandis que l’Allegro avec ses entrées fuguées rappelle l’écriture d’un Bach. On ajoutera enfin que l’Ensemble Diderot a choisi de varier de manière bienvenue le soutien harmonique, et Philippe Grivart passe ainsi avec le même naturel du clavecin au pianoforte. On regrettera enfin que la captation ne donne pas la part belle au violoncelle discret de Gulrim Choi, trop en retrait. Sensible, communicatif, ce Berlin Album dissimule derrière son apparente simplicité des délices pour les oreilles attentives. A quand la suite du Grand Tour ? Saint-Petersbourg peut-être ?
Sébastien Holzbauer
Technique : enregistrement clair et précis, avec un soin tout particulier apporté aux violons et aux aigus du spectre.

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 Et pour ce qui concerne le CD des « Concertos pour violon _ The beginnings of the violin concerto in France« ,
voici une courte vidéo du Largo du Concerto à cinq instruments d’Exaudet. 
Ainsi que ces brefs commentaires des magazines BBC Music et Gramophone, rapportés par le site Boxset.me, en date du 8 octobre 2021 :

 

Une aventure de recherche musicale d’œuvres demeurées méconnues et assez peu interprétées,

de la part de ce passionné, et toujours intéressant, qu’est Johannes Pramsohler.

Ce mardi 7 décembre 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

Un superbe concert baroque de l’Ensemble Diderot (direction Johannes Pramsohler) à Saint-Pée-sur-Nivelle : Telemann et le concert français

11août

Me trouvant ce week-end à Saint-Jean-de-Luz et Ciboure, et m’apprêtant à prendre ma voiture pour rejoindre, à Ciboure, la Tour de Bordagain, où se tenait exceptionnellement une présence de l’Association Jakintza,

je trouve, samedi matin, vers 10 heures trente, sur le pare-brise de ma voiture, à peine déposé, un flyer informant de la tenue _ le soir même _ d’un concert de l’Ensemble Diderot, avec son chef, le violoniste baroque Johannes Pramsohler _ excellentissime ! _, à Saint-Pée-sur-Nivelle, à la salle Larreko, à 21 heures,

avec pour intitulé du programme : « Telemann et le concert français« , œuvres de Telemann, Leclair, Aubert, Corrette et Boismortier.

J’en informe bientôt mes amis Sylvie et Bernard _ de Bidart _, fervents mélomanes, et abonnés au Kursaal de Saint-Sébastien : le concert _ je l’ai noté _ est placé sous les auspices de la Quincena Musical de San Sebastian _ Bernard va s’informer sur la réservation possible des places.

Juste au sortir de La Cidrerie de Biriatou _ où j’aime venir déjeuner quand je me trouve à Saint-Jean-de-Luz ; et je n’en suis jamais déçu ! _, et allant reprendre ma voiture, coup de fil de Bernard qui m’informe avoir appris _ sur le site du Kursaal _ que le concert est déjà complet !

Je lui réponds que la loi française, à ma connaissance, impose qu’un certain volant de places doit demeurer disponible jusqu’au dernier moment pour tout concert, ou représentation de théâtre ou d’opéra ;

et que de retour chez moi à Saint-Jean je vais à mon tour m’aviser de la réalité de la situation _ étonnante : pourquoi les organisateurs du concert de Saint-Pée auraient-ils pris la peine de venir déposer ces flyers ce matin même à Saint-Jean-de-Luz, sinon ?..

Sur Internet, je découvre le nom et les coordonnées téléphoniques de l’organisateur, à Saint-Pée, Jean-François Clément ;

et je lui téléphone aussitôt.

Bien sûr, le concert n’est pas du tout complet,

et il m’avise qu’après le concert, la municipalité de Saint-Pée a prévu de fêter les musiciens comme il convient : pour la soif et une petite faim.

Il est aussi très sympathique.

Je rappelle aussitôt mon ami Bernard : nous nous retrouverons donc à Saint-Pée ce soir pour le concert de l’Ensemble Diderot dont je connais la plupart (excellentes ! toutes…) réalisations discographiques, chez Audax Records ;

Audax Records dont je possède à ce jour onze CDs ; je suis très curieux de tout ce que produit la marque de CDs Audax, fondée par Johannes Pramsohler lui-même, musicien et producteur, d’une immense curiosité musicale et d’une qualité d’interprétation à chaque fois enthousiasmante : rien moins ! Et les disquaires de la librairie Mollat ne manquent pas d’approvisionner en ces CDS Audax leurs rayons !


Le concert « Telemann et le concert français » a pour programme :

de Jean-Marie Leclair (1697 – 1764), un concerto pour violon en mi bémol majeur ;

de Georg Philipp Telemann (1681 – 1767), le concerto pour 3 violons en fa majeur (TWV 53:F1) extrait de la Tafelmusik ;

de Michel Corrette (1707 – 1795), le concerto comique Les Sauvages et La Furstemberg _ avec aussi des variations sur Quand on sçait aimer et plaire _ ;

de Joseph Bodin de Boismortier ( 16989 – 1755), un concerto pour violoncelle ; 

et de Jacques Aubert (1689 – 1753), le concerto pour 4 violons op. 26 N°3.

En bis,

les 7 musiciens de l’Ensemble Diderot,

soient Johannes Pramsohler, violon et direction,

Roldan Bernabé et Simone Pirri, violons,

Mario Konaka, alto et violon,

Gulrim Choi, violoncelle,

François Leyrit, contrebasse,

et Philippe Grisvard, clavecin,

donneront Le Carillon, du même Jacques Aubert, et à 4 violons.

Un superbe concert de concertos français du XVIIIeme siècle,

à la jointure d’une forme italienne _ le concerto _ et d’une expression française ;

que le très curieux et très ouvert Georg Philipp Telemann a eu très à cœur de diffuser

en ses admirables Ouvertures-Suites _ à la française : les chefs d’œuvre du genre, tout simplement ! très variés : quelle sublime inventivité chez le généreux Telemann _ comme en sa somptueuse Tafelmusik (publiée en 1733)…

Telemann effectuera en 1737-1738 un très fécond séjour à Paris de huit mois _ avec concerts de sa musique : à la cour comme au Concert Spirituel _ dont sortiront ses somptueux Quatuors parisiens _ j’aime beaucoup la version, en 3 CDs, de l’ensemble Florilegium…

L’enregistrement Archiv de 1988 de la Tafelmusik par Reinhard Goebel et son Musica Antiqua Köln

tient toujours magnifiquement la route.

La réception par Jean-François Clément,

comme par le maire de Saint-Pée, Pierre-Marie Nousbaum

_ et la salle de concert Larreko est superbe _,

a été très amicale et festive : avec un très fort goût de revenez-y…

En parfaite harmonie avec le festivité musicale

de l’Ensemble Diderot 

et le dynamisme et la musicalité de Johannes Pramsohler,

et ses CDS Audax…

Sur Johannes Pramsohler

musicien-interprète ainsi que producteur des toujours passionnants Audax Records,

outre les nombreux articles de mon blog à son sujet,

lire son excellent entretien du 13 juin dernier avec Maciej Chizynski sur le site de Res Musica :

Johannes Pramsohler, violoniste pour sortir des sentiers battus… 

On notera aussi que de puis 2008 Johannes Pramsohler joue un violon Pietro Giacomo Rogeri (1665 – 1740) de 1713 (Brescia)

que lui a cédé Reinhard Goebel…

 

Une petite remarque néanmoins,

à destination, non pas des organisateurs _ parfaits ! _ de Saint-Pée,

mais des éditeurs _ guipuzcoans de Donostia, dans le cadre de leur Quinzaine musicale _ du programme distribué au début du concert :

le troisième violon, d’une très grande expressivité, ne se nomme pas Simone Perrin,

mais Simone Pirri :

natif, en octobre 1994 de Pescara,

cet excellent violoniste de vingt-trois ans est domicilié à Londres ;

élève de Rachel Podger,

Simone Pirri joue fréquemment avec l’excellentissime _ lui aussi _ Concerto 1704, de Vaclav Luks… 


Ce dimanche 11 août 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

Pour en apprendre un peu plus sur Johannes Pramsohler, violoniste et créateur des disques Audax

13mai

Voici déjà quelques temps que j’apprécie les CDs Audax

que publie _ et interprète parfois _ le violoniste italien (du Sud-Tyrol) Johannes Pramsohler :

ainsi les excellents CDs

Bach & Weiss, par Johannes Pramsohler, baroque violin, et Jadran Duncum, baroque lute (Audax ADX 13706),

Handel Works for keyboards, par Philippe Grisvard (ADX 13709),

French Sonatas for Harpsichord and Violin, par Philippe Grisvard et Johannes Pramsohler, violin (ADX 13710)

et German Cantatas with Solo Violin, par Nahuel Di Pierro, basse, Johannes Pramsohler, violon, Andrea Hill, soprano, Jorge Navarro Colorado, tenor, Christopher Purves, basse, et l’Ensemble Diderot (ADX 13715) _ sur ce dernier CD cf mon article du 28 avril dernier : _

Or voici que le site Res Musica vient de publier hier un excellent article sur le double CD Audax 13710 des Sonates françaises pour clavecin et violon, par Philippe Grisvard et Johannes Pramsohler.

Le voici donc _ avec l’ajout de menues farcissures miennes, en vert _ :

 

SONATES FRANÇAISES POUR CLAVECIN AVEC ACCOMPAGNEMENT DE VIOLON

CD, Musique de chambre et récital

Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville (1711-1772) : Sonata I en sol mineur ; Sonata VI en la majeur.

Louis-Gabriel Guillemain (1705-1770) : Sonata V en ré majeur ; Sonata VI en sol mineur ; Sonata IV en do mineur.

Jacques Duphly (1715-1789) : « La de Casaubon », « La du Tailly », « La de Valmallette » ; « Ouverture », « La de May », « La Madin ».

Michel Corrette (1707-1795) : Sonata IV en mi mineur.

Claude Balbastre (1724-1799) : Sonata I en sol majeur.

Luc Marchand (1709-1799) : Première suite avec accompagnement de violon en la mineur.

Charles-François Clément (c. 1720-1782) : Sonata I en do mineur.

Philippe Grisvard, clavecin ; Johannes Pramsohler, violon.

2 CD Audax Records.

Enregistré en avril 2016 au SWR Studio Kaiserslautern.

Textes de présentation en français, anglais, allemand et japonais.

Durée : 1:50:23

Le claveciniste Philippe Grisvard et le violoniste Johannes Pramsohler nous présentent, pour leur troisième album enregistré en duo, une dizaine de sonates pour clavecin avec accompagnement de violon, genre en vogue sous le règne de Louis XV, dans les années 1740-1760. En offrant un beau bouquet de compositions méconnues, parmi lesquelles cinq sont des premiers enregistrements mondiaux, cette production est une aubaine _ mais oui ! _ pour tous les admirateurs de la musique d’alors.

L’âge du baroque tardif a vu naître en France un nouveau genre de musique instrumentale _ voilà ! _ : la sonate pour clavecin avec accompagnement de violon. Une telle combinaison d’instruments, sous forme de sonates en trio, avait déjà été proposée par Jean-Sébastien Bach pour son cycle BWV 1014-1019, composé aux alentours des années 1720-1723, pour lequel, cependant, la voix supérieure du clavecin et celle du violon étaient mises sur un pied d’égalité, tandis que pour les sonates françaises, la partie de violon était estimée de moindre importance par rapport au rôle tenu par l’instrument à clavier _ telle est donc la différence…

En parlant de cette innovation, nous pouvons résolument utiliser le terme _ expression plutôt _  de « révolution esthétique » car, jusqu’alors, dans la musique pour plus d’un instrument, que ce soient des sonates ou des suites, l’accompagnement était destiné à être réalisé par le continuo _ voilà. Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville décide – en vue d’explorer de nouvelles manières de s’exprimer – de confier au clavecin aussi bien la basse qu’une voix de dessus, et de les enrichir de « commentaires » donnés par une seconde voix de dessus exprimée par le violon. C’est ainsi qu’il fait publier, en 1740, ses Pièces de clavecin en sonates avec accompagnement de violon. Dans l’avant-propos de ce recueil, il note : « Il y a peut-être plus que de la témérité à donner aujourd’hui de la musique instrumentale au public. On a mis au jour depuis quelques années un nombre si prodigieux de sonates de toute espèce qu’il n’est personne qui ne croie que ce genre est épuisé. Cependant […] je me suis appliqué à chercher du nouveau » _ oui.

D’une part, les sonates de Mondonville présentent une division en trois mouvements empruntée à la sonate italienne ; d’autre part, on y perçoit un certain raffinement des lignes et le culte du détail caractéristiques de la musique française de l’époque _ bien sûr !

Le paysage de la musique de chambre en France fut dès lors changée de manière considérable. D’autres recueils, publiés par les contemporains de Mondonville, lui ont succédé : les Sonates pour le clavecin avec un accompagnement de violon que Michel Corrette fait éditer en 1742, pour lesquelles il affirme qu’elles peuvent être exécutées « sur le Clavecin seul », et celles de Charles-François Clément (1743), pour lesquelles la position du violon est affermie (du moins d’après leur titre : Sonates en trios pour un clavecin et un violon) par rapport à celle du clavecin. En 1745 voient le jour les sonates de Louis-Gabriel Guillemain, pour lesquelles la partie de clavecin, très athlétique, surpasse, du point de vue des difficultés techniques, celle laissée par Mondonville ; puis en 1747 sont publiées les suites de Luc Marchand, dans lesquelles le clavecin se voit rejoint non seulement par le violon, mais également par d’autres instruments ; en 1748 paraissent trois Pièces de Clavecin en Sonates avec accompagnement de violon de Claude Balbastre ; finalement, Jacques Duphly fait sortir, en 1756, son Troisième Livre de Pièces de Clavecin, renfermant six courtes pièces écrites selon le modèle laissé par Mondonville _ cet éclairage historico-musicologique est très intéressant.

Prestations puissantes, élégantes et ciselées

Pour ce qui est des exécutions, Philippe Grisvard et Johannes Pramsohler mènent une conversation galante _ voilà _ qui, malgré un léger manque de théâtralité rhétorique, convient étonnamment au goût français, en s’inscrivant dans la tradition qui consiste à mettre en lumière aussi bien la beauté même de la musique que la richesse des nuances _ oui : un goût français _ dont celle-ci s’accompagne. C’est ainsi qu’on admire la netteté du contour et la maîtrise des ornements (dont la majorité ont été annotés de la main des compositeurs _ c’est à souligner : marquant un tournant d’époque _), de même que l’importance de la mise en valeur de la pulsation _ oui _ et, pour la plupart des mouvements extrêmes, d’une certaine vivacité des tempi. Celle-ci accuse le côté expressif, voire émotif _ oui : anticipant en quelque sorte le moment de l’empfindsamkeit _ de ces partitions, et pourtant, n’affecte pas leur charme ni leur grâce, en y apportant au contraire de la fraîcheur _ très bien.

Pour la plupart des compositions présentées dans cet album, le violon s’implante _ voilà _ au sein du tissu acoustique du clavecin afin de perfectionner la partie de ce dernier, conçue comme un centre de gravité _ voilà _ autour duquel tourne son satellite. Si dans cet enregistrement l’instrument à clavier se caractérise par un geste simple et introverti (ce qui ne veut pas dire qu’il a tendance à se retirer du dialogue), à savoir étudié plutôt que spontané, et équilibré plutôt qu’impératif – en quelque sorte, le contraire de ce que nous propose Christophe Rousset dans sa récente interprétation de la Sonate en sol majeur de Balbastre –, le violon se montre un meneur de jeu éblouissant _ voilà _ de virtuosité (sonates de Mondonville et Guillemain), de poésie (celle de Corrette), de tendresse (celle de Clément) et de douceur (la suite de Marchand et la sonate de Balbastre) _ c’est remarquablement dégagé.

Accordés à une fréquence de 415 Hz, les deux musiciens déploient une belle sonorité baroque, se distinguant par un large éventail de teintes et, surtout pour le violoniste – jouant d’un instrument construit en 1713 par Pietro Giacomo Rogeri, ayant appartenu à Reinhard Goebel à l’époque des plus grands succès de Musica Antiqua Köln – par une articulation agile, précise et, à la fois, élégante _ à la française. Les phrasés « chantants » de Johannes Pramsohler impressionnent autant par la délicatesse et la densité que par la clarté, voire la luminosité du timbre _ mais oui. On doit admettre que cet instrument a trouvé un digne successeur ! _ à Reinhard Goebel…

Voici une belle proposition discographique _ oui _ dont ne peuvent se passer les amoureux de la musique instrumentale baroque _ en un des pans méconnus. En trouvant le plaisir d’écouter les enregistrements offerts par le tandem de luxe Philippe Grisvard-Johannes Pramsohler, il faut espérer que ce répertoire continuera à être exploré.


Merci à Maciej Chiżyński de cette qualité d’écoute,

au service de l’intelligence de sa propre curiosité musicale.

..

Et la passion de la curiosité est immensément féconde.

Et merci à Res Musica.

Ce dimanche 13 mai 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa

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