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Ce que j’apprends de plus du parcours de vie assez bousculé d’Edith Bruck (et de ses proches) à la lecture de « L’hirondelle dans le radiateur » (de 2014-2015) par rapport à mes lectures de « Qui t’aime ainsi » (de 1959) et « Le Pain perdu » (de 2021)…

01oct

En la synthèse _ riche et pointue ; et je n’ai rien lu jusqu’ici d’un peu équivalent… _ de mon article du 10  février 2022 « « , et en l’absence d’auto-biographie, ainsi que de biographie, jusqu’ici, d’Édith Bruck,

j’avais pas mal appris de ma comparaison minutieuse des récits de sa vie qu’avait réalisés Édith Bruck en 1959, avec « Qui t’aime ainsi« , et en 2021, avec « Le Pain perdu » _ avec beaucoup de noms cryptés, qu’il fallait retrouver : ceux des prénoms de ses frères et sœurs et des autres membres de sa famille, pour commencer (variant d’un récit à l’autre…), de ses maris successifs, et de pas mal de personnes rencontrées, ici où là, en ses pérégrinations compliquées de Tiszabercel jusqu’à Rome, etc. ; là-dessus, cf le décryptage de mon article du 10  février 2022 : « « …

Venant de relire ce dimanche 1er octobre son récit « L’Hirondelle sur le radiateur » de 2014-2015, publié, conjointement avec « Je te laisse dormir » de 2017, en traduction française par René de Ceccatty, aux Éditions du sous-sol _ le volume est à paraitre vendredi 6 octobre prochain aux Éditions du sous-sol _,

je ne peux manquer de m’interroger :

d’une part sur la différence des récits que la narratrice, Édith Bruck elle-même,  donne de sa première rencontre, le 9 décembre 1957, à Rome, avec celui qui devient très vite le compagnon de sa vie, et qu’elle épousera, au Capitole de Rome, le 17 mars 1966, Nelo Risi, et dont elle recueillera le dernier souffle, en leur domicile du 72 Via del Babuino, à Rome, le 17 septembre 2015 ;

et d’autre part de ce que, après quelques petites recherches à partir des apports de la lecture attentive de ce nouveau texte qu’est « L’Hirondelle sur le radiateur« , je découvre concernant quelques données nouvelles de certaines des personnes abordées dans « Le Pain perdu » :

par exemple,

_ la sœur bien-aimée Adel Steinschreiber Taub (nommée Judit dans « Le Pain perdu » et Eliz dans « Qui t’aime ainsi« ) : née à Tiszakarad, le 12 mars 1927, et décédée à Tel-Aviv le 23 juin 2010, la très attentive protectrice d’Édith en 1944-45, à Auschwitz, Bergen-Belsen, etc. (cf les terribles récits de « Qui t’aime ainsi » et « Le Pain perdu« ),

Adel avait eu deux maris, en 1946 et en 1982, tous les deux nommés Taub :

_ Karoly Taub (Tiszadob, 28 octobre 1922 – Merlo (Buenos-Aires), 9 mars 1974), épousé à Chypre, en 1946, et dont Adel a eu deux enfants, Haïm Taub, en 1947 _ lui-même, en 2014, père de 3 fils, et grand-père de 2 petits-enfants, et psychologue social en Israël _, et Deborah Taub Damascelli, née en 1956, la très proche nièce « romaine » d’Édith _ épouse du romain Lucio Damascelli, et mère de leurs 3 enfants : Ariel, Daniel et Lisa Damascelli… _ ;

_ puis Alex Taub (Szamossalyi, 19 février 1923 – ?), qu’Adel, devenue Zahava en Israël, a épousé le 22 août 1982, à New-York, quartier de Queens ;

ou bien

_ celle qui fut la première épouse (australienne) de Nelo Risi, jusqu’ici nommée seulement, et sans davantage de précision, « Mitty« , Mitty Risi :

Juanita Lee-Brown (San Francisco, 22 octobre 1922 – Trinco – Sri Lanka -, 3 juin 2012), célèbre peintre australienne, avec laquelle Nelo Risi a vécu plusieurs années à Paris ;

et dont Nelo Risi n’a pu divorcer _ à cause des lois italiennes d’alors _ que bien après sa rencontre à Rome, le 9 décembre 1957 avec Édith, que Nelo n’a pu épouser au Capitole de Rome que seulement huit années plus tard, en 1966, le 17 mars _ pour être un peu précis _, alors qu’ils vivaient ensemble _ Édith ayant enfin quitté la chambre très obscure et exigüe où elle vivait jusqu’alors, chez Madame Ida, dans le même quartier, non loin de la Piazza di Spagna _ depuis plusieurs années déjà, dans le petit studio de Nelo, Piazza Mignanelli, non loin des grands escaliers de la Piazza di Spagna…

Mais c’est surtout la comparaison des récits de sa première rencontre avec Nelo Risi, aux pages 150 à 152 du « Pain perdu » _ lu en janvier-février 2022 _,

et aux pages 187 à 188 du récit « L’Homme Nelo Risi »,

intercalé entre « L’Hirondelle sur le radiateur » et « Je te laisse dormir » _ lu depuis le 18 septembre dernier _, au milieu du volume « Je te laisse dormir » à paraître jeudi 6 octobre prochain aux Éditions du sous-sol,

qui m’a assez intrigué :

« Parfois j’allais manger chez Otello _ Via della Croce, 81, proche de la Via del Babuino (du futur domicile, au 72, de Nelo et Édith) et de la Via Condotti, où travaillait alors Édith, dans la boutique de luxe de Gian-Carla Mandelli (« Nadia« , ou encore « Madame G.« ), où officiait le fameux coiffeur des stars « aux mains d’or« , Filippo (cf les pages 148 à 154 du « Pain perdu« )… _ pour mille lires, comme en famille, car j’avais sympathisé avec la femme  _ Nora Geronzi _ et les filles _ Maria-Pia, Franca, Gabrielladu restaurateur _ Giuseppe Caporicci, dit Otello ; cf cet intéressant et significatif article en date du 15 mars 2023 : « A tavola… da Otello alla Concordia« … _ « ,

page 150 du « Pain perdu« .

(…)

« Chez Otello, j’avais rencontré, il y avait déjà longtemps, un émigré arménien _ qui ? _ qui était critique littéraire, et c’était la première fois que je le voyais _ ce très mémorable 9 décembre 1957 _ avec un homme qu’il me présenta comme poète et cinéaste _ sans que j’identifie alors son nom… Cet inconnu m’interrogea aussitôt sur le livre que j’étais en train d’écrire _ le crucial « Qui t’aime ainsi« , qui, une fois achevé, paraîtra un peu plus tard, en 1959, aux Éditions Lerici… Je me plongeai dans son visage, dans ses yeux érudits, je fixai sa bouche charnue, je bus ses paroles avec son « r » aristocratique que j’aurais toujours voulu toujours entendre, ses mains agitées à la paume tendre, délicate, que j’aurais voulu toujours sentir entre les miennes, son beau visage marqué et fragile, que je ne pourrais oublier, un homme qui est entré aussitôt dans mon âme, qui m’a vidée de toute mon énergie, en faisant trembler mes genoux. Une impression si immédiate, irrationnelle, totale me fit peur, surtout à l’égard d’un inconnu dont je ne connaissais _ à cet instant-ci même pas le nom, qui m’avait échappé, car son être m’avait comme étourdie, et je compris _ sur le champ _ que je m’enfonçais dans quelque chose d’inexplicable dont je ne remonterais plus.

Nelo, l’homme élu  parmi des millions d’hommes, se donnait à moi et disparaissait, Me cherchait et M’abandonnait. Me voilait et ne me voulait pas« ,

page 152 du « Pain perdu« .

Et :

« J’ai fait sa connaissance le 9 décembre 1957 à Rome, dans le Palazzo Marignoli _ sur le Corso, où se tenaient des réceptions et des conférences où cinq personnalités de retour de la Chine de Mao vont raconter leur expérience.

Ugo Casiraghi, critique de cinéma _ (Milan, 25 février 1921 – Gorizia, 7 janvier 2016) triestin, sans ascendance arménienne _, me demande lequel de ses compagnons de voyage me plaît le plus et je lui indique Risi.

_ Non, non, me dit-il, c’est le meilleur d’entre nous, mais c’est le plus compliqué _ voilà ! _, j’ai partagé sa chambre en Chine, choisis-en un autre.

_ Non, lui, ai-je insisté avant de savoir qui c’est, comment il s’appelle.
C’est l’élu de mon cœur, à en juger mes battements accélérés, rien qu’à le voir, dès lors pour le restant de mes jours.

Le soir même à dîner _ où ? chez Otello, via della Croce, 81 ? _ je suis assise face à lui, il me propose de goûter le jambon, que je n’ai jamais mangé, et je lui dis aussitôt que je suis juive, une survivante des camps de concentration nazis.

Le jambon au bout de la fourchette dans sa main reste suspendu en l’air, son regard clair s’assombrit et, presque rapetissé d’un coup, il me demande pardon comme s’il était coupable de la terrible épreuve que j’avais endurée _ en 1944- 1945.

À partir de ce 9 décembre, notre destin – moi, dernier enfant de l’obscurantisme, née dans une pauvre famille hongroise, lui descendant des Lumières, dans une famille bourgeoise de Milan – se tisse de manière indéfectible _ voilà.

Après une longue et pénible attente _ voilà _ d’un « oui » de sa part, je déménage de ma _ très sombre et très exigüe_ chambre meublée dans son studio solitaire _ de la Piazza Mignanelli, non loin des escaliers de la Piazza di Spagna.

pages 187-188 du volume « Je te laisse dormir » qui paraît vendredi prochain 6 octobre. 

(…)

Ainsi commence notre cohabitation dans la différence _ oui qui nous enrichit réciproquement et sans être conditionnée par l’amour pour lui, avec la lumière _ sereine et lucide, distanciée _ de la raison, je peux dire que vivre avec un homme rare, exceptionnel, est une grâce« ,

page 189 du « Je te laisse dormir » qui paraît vendredi.

À suivre…

Ce dimanche 1er octobre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

La question de la coordination des noms des personnes-personnages dans les divers récits autobiographiques d’Edith Bruck : par exemple, entre « Chi ti ama cosi » de 1959 et « Il Pane perduto » de 2020…

13jan

Lecteur éminemment curieux et actif,

je recherche, par delà la spécificité singulière _ absolument légitime _ de chaque opus,

la cohérence autobiographique présente en creux dans les divers récits successifs, de 1959 à 2020, d’Edith Bruck.

Laquelle témoigne magnifiquement, en son œuvre entier d’écrivain, œuvre de poésie comprise, de ce qu’il a fallu, à sa personne, en toute la substantialité la plus à vif et intime de sa chair, surmonter d’épreuves terribles, en sa survie _ entre le 8 avril 1944, la rafle des Juifs par les gendarmes à Tiszabercel, et le 15 avril 1945, la libération par les Américains du lager de Bergen-Belsen, où Edith Steinschreiber et sa sœur Adel étaient encore (après Auschwitz, Dachau, Kaufering, Landsberg, une première fois Bergen-Belsen, Christianstadt, et après la marche de la mort, leur retour, épuisées, à Bergen-Belsen), internées _, puis vie _ et encore survie, d’une autre façon _, à partir de son retour chez elle, au village hongrois de Tiszabercel, à l’automne 1945, à l’âge de 14 ans _ Edith Steinschreiner est, en effet, née à Tiszabercel, au nord-est de la Hongrie, le 3 mai 1931 _,

en tenant compte aussi de données biographiques disponibles, recherchées complémentairement ailleurs qu’en sa seule œuvre publiée :

ainsi, par exemple, dans la très utile très récente « Brève chronologie » que, avec l’aide même de l’autrice, René de Ceccatty vient de donner _ et à la suite de sa lumineuse et lucidissime préface, très justement intitulée « La poésie, plutôt que la prière« , en introduction splendide (aux pages 5 à 26) à l’anthologie de poèmes choisis et traduits par lui-même, intitulée « Pourquoi aurais-je survécu ?«  _, aux pages 27 à 30 de cet indispensable recueil « Pourquoi aurais-je survécu ?« .

Afin de surmonter, en lecteur curieux donc et tenace que je suis, quelques blancs, ainsi que _ et peut-être surtout _ quelques variations de nominations de personnages cruciaux de ses divers témoignages, 

à commencer par les prénoms des frères et sœurs, mais aussi les noms des divers compagnons et époux de celle qui a, faute de recevoir une écoute vraiment réceptive à sa parole, a appris à « parler au papier » qui, lui, sait l’écouter fidèlement, ainsi que, en intense et profond exigeant, voire implacable, dialogue de vérité, lui « répondre vraiment » ;

les uns et les autres de ces _ et ses _ « proches » étant, je le remarque, nommés diversement dans ces récits successifs ;

et tout particulièrement le récent, en 2020, et sublime, « Le Pain perdu« , 

mais aussi dans diverses ressources biographiques annexes, glanées de-ci, de-là, au fil de recherches documentaires complémentaires de ma part de lecteur actif cf mon article du 11 janvier dernier :

Ainsi

Lili (née à Tiszabercel, le 24 décembre 1920),

Magda (née à Tiszabercel, le 22 septembre 1922),

Ôdön (né à Gava, le 13 janvier 1925),

Adel (née à Tiszabercel, le 12 mas 1927),

Laszlo (né à Tiszabercel, le 16 août 1929), 

les deux frères et les trois sœurs d’Edith Steinschreiber, née, elle, le 3 mai 1931 _ et non pas 1932, comme mentionné dans son « Qui t’aime ainsi« , de 1959 : pour quelles raisons donc ?.. _,  à Tiszabercel,

apparaissent-ils, dans le récit de « Chi ti ama cosi » de 1959, sous les prénoms de :

Leila, pour Lili,

Margo, pour Magda,

Peter, pour Ôdön,

Eliz, pour Adel,

et Laci, pour Laszlo ;

et, dans le récit du « Pain perdu » de 2020, sous les prénoms, cette fois, de

Mirjam, pour Lili (la Leila de Qui t’aime ainsi),

Sara, pour Magda (la Margo de Qui t’aime ainsi),

David, pour Ôdön (le Peter de Qui t’aime ainsi),

Judit, pour Adel (l’Eliz de Qui t’aime ainsi),

et Jonas, pour Laszlo (le Laci de Qui t’aime ainsi)

En attendant impatiemment la (re-)parution prochaine, le 21 janvier prochain, de la traduction française _ « Qui t’aime ainsi« , en Points _ du « Chi ti ama cosi« , paru le 1er janvier 1959 aux Éditions Lerici _ actives de 1927 à 1967, et à l’impressionnant catalogue... _,

j’ai très attentivement lu _ et cherché à en décrypter le plus méthodiquement possible les noms… _ une sélection de pages de ce texte en italien accessibles sur le net

Et cela, en partie afin de rechercher, tout spécialement, quel est ce « cugino » d’Edith _ côté Bieber, la famille de sa mère ? ou bien côté Steinschreiber, la famille de son père ? Côté Bieber, je le découvrirai un peu plus tard… _, qui nous est présenté là sous le nom du « mio cugino Tibi » _ qui a aussi une sœur, prénommée, en ce récit de 1959, Magda ; et c’est bien là son prénom effectif : Gerson Deutsch et sa soeur Magda Deutsch, étant en effet les enfants d’Helen Bieber (Tiszakarad, 7 août 1880 – Auschwitz, mai 1944) et de son époux David Deutsch (Tolcsva, 17 septembre 1884 – Auschwitz, mai 19944) ; Helen Bieber, une des sœurs Bieber de la mère d’Edith, née Berta Bieber (Tiszakarad, 1er février 1895 – Auschwitz, mai 1944)… _, son _ très beau, mais assez brutal : « lui qui m’avait dépucelée d’un seul coup, ce qui m’avait rappelé l’abattage kasher, où l’on égorgeait la poule d’un seul geste et on la jetait encore sanglante dans la cour de la synagogue ! Est-ce que le sang le dégoûtait ? Pourquoi cette violence sans la moindre caresse ? Était-ce lui qui voulait punir en moi toutes les femmes, ou était-ce moi qui voulais me punir moi-même ? Pourquoi l’ai-je laissé faire ? Était-ce moi qui voulais jeter aux orties ma vie inutile, ma jeunesse dans un monde devenu bestial, mes seize ans _ « quindici« , lit-on dans le « Chi ti ama cosi«  de 1959 _ défendus de toutes mes forces, et qui me méprisais ? À moins que je l’aie aimé ? Étais-je malade ? Ou assoiffée d’amour, parce qu’il y avait un être pour lequel j’existais, qui me désirait, même s’il avait d’autres maîtresses, et qui jouissait de son plaisir en ignorant le mien. Pourquoi ? Pourquoi ?« , lisons-nous à la page 101 de l’admirable « Le Pain perdu » de 2020… _ tout premier amant, à Podmokly _ un village de Bohème situé non loin  de Pilsen _, en Tchécoslovaquie, quand Edith avait 15 ans, et Tibi, 23 : en 1946…

Se pourrait-il _ oui ! _ qu’il s’agisse là, pour ce « molto bello, alto e biondo« _ mais « poco intelligente« « cugino Tibi« ,

du cousin _ côté Bieber _ Gershon Deutsch (Krompachy, Slovaquie, 16 février 1922 – Brooklyn, 20 septembre 2009),

un des fils de la tante Helen Bieber (Tiszakarad, 27 juin 1892 -Auschwitz, mai 1944) _ et son époux David Desider Deutsch (Tolcsva, 17 septembre 1884 – Auschwitz, mai 1944) : Tolcsva, dans la vallée de la rivière Bodrog (un affluent de la Tisza), est le village voisin d’Olaszliszka _ :

Helen Bieber, une des sœurs de Berta _ nommée « Frida, Friduska (en hébreu Deborah)« , à la page 14 du « Pain perdu« ... _ Bieber (Tiszakarad, 1er février 1895 – Auschwitz, mai 1944),

elle-même l’épouse de Sandor Sulem Shalom _ « nommé Adam, Shalom en hébreu« , à la page 18 du « Pain perdu _ Steinschreiber (Tiszakarad, 1895 – Dachau, 1945), et la mère d’Edith, ses trois sœurs et ses deux frères Steinschreiber…

De même que je me demandais si le tout premier éphèmère mari d’Edith, Milan Grün _ cf cette biographie-ci d’Edith Bruck _est bien présent, ou pas, dans le récit de 2020, « Le Pain perdu » _ et après recherche attentive, il me semble bien que non : je ne l’y trouve décidément pas… _ ;

 

quand son second éphémère mari, Dany Roth _ ibidem _, nous est présenté, lui, à la page 104 du « Pain perdu«  _, sous le nom _ à la hongroise : le nom avant le prénom _ de « Braun Gabi » ;

et le troisième encore plus éphémère mariibidem  : « un dénommé Bruck » : ce très bref mariage sur le papier avait eu pour seule fin, en effet, de permettre à Edith, redevenue, par son second divorce, célibataire, d’échapper à l’obligation à un retour à une résidence collective en un camp, en Israël… _, et dont Edith a conservé le nom pour sa signature d’auteur, Edith Bruck, 

apparaît alors avec le diminutif de Tomi : « Tomi Bruck« , lit-on à la page 128 du « Pain perdu« … 

Quant à l’amour vrai de la vie d’Edith, Nelo Risi _ homme généreux et particulièrement désintéressé : ce qui est plutôt rare… _,

dans « Le Pain perdu« , il apparaît furtivement et merveilleusement, tout à la fin, aux pages 152 à 155,

sous son seul prénom de « Nelo » :

Edith le rencontra _ cf son récit, à la page 152 _ au restaurant Otello de la via della Croce, à Rome _ ce fut le 9 décembre 1957 ; cf le beau poème intitulé « Rencontre 1957« , à la page 104 de l’anthologie « Pourquoi aurais-je survécu ?« , qui se clôt par ce vers libre : « le 9 décembre«  _ ;

mais, suite aux difficultés de Nelo pour obtenir la légalisation officielle de son divorce d’avec celle, artiste peintre australienne, qu’il a nommée « Mitty » _ mais est-ce seulement là son vrai prénom ? Un certain flou semble ici étonnamment demeurer : Edith Bruck en a-t-elle elle-même connaissance ? Peut-être, probablement, tout de même… _,

le mariage officiel d’Edith et de Nelo ne put avoir lieu, au Capitole de Rome, que neuf années plus tard, seulement : le 17 mars 1966 _ cf la très brève remarque, et dépourvue de commentaire, de la page 154 ; et la date même de ce mariage romain n’est pas alors donnée _, célébré par Francesco Fausto Nitti _ « (1899-1974), une des grandes figures de l’antifascisme », indique la note de bas-de-page du traducteur, René de Ceccatty ; les témoins du marié étant son frère, Dino Risi (1916-2008), et son ami l’écrivain, scénariste, et plus tard réalisateur, Fabio Carpi (1925 – 2018) ; mais le récit du « Pain perdu » ne les mentionne pas ; quant aux témoins de la mariée, eux non plus non mentionnés, quels ils furent, je l’ignore à ce jour…

À son seul amour vrai, Nelo,

Edith Bruck consacrera deux très beaux livres,

pas encore traduits en français :

« La Rondine sul termosifone« , en 2017 ;  et « Ti lascio dormire« , en 2018.

Nelo Risi, né à Milan le 20 avril 1920, est décédé à Rome le 17 septembre 2015.

Et même si, bien sûr, le principal _ poétique et existentiel _ est loin d’être là,

ce fond d’autobiographie historique très présent dans l’œuvre singulière et si marquante d’Edith Bruck,

passionne aussi le lecteur actif et curieux du réel que je suis…

Ce jeudi 13 janvier 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Sources-ressources pour des précisions biographiques concernant Edith Bruck, sa famille, ses proches, et quelques autres personnes, rencontrées en 90 années de vie (1931 – 2021), en son exigeant parcours de survie et d’écriture

11jan

Par commodité,

et dans l’ordre chronologique commode des références répertoriées, 

voici un petit compendium _ forcément partiel et surtout provisoire _ de 20 sources-ressources

au sein desquelles pouvoir dénicher-puiser quelques éventuelles _ à contrôler et vérifier, bien sûr, pour chacune d’entre elles ! tant d’approximations et erreurs s’y glissent… _ précisions biographiques concernant la famille, les proches, et d’autres personnes croisées, à un peu mieux identifier,

afin d’élargir un peu l’intelligence, par le lecteur un peu curieux, de quelques situations évoquées, notamment dans « Le Pain perdu« , par Edith Bruck,

en son admirable et indispensable récit mémoriel et testimonial :

1) un article, de Lorenza Trucchi, intitulé « Mitty Risi inaugura la stagione romana« , dont voici aussi un très intéressant lien au fac-similé, paru dans le journal romain Giovedi du 1er octobre 1953 

2) le livre « Filippo di Roma _ genialità in via dei Condotti« , de Toni Cosenza paru en 2005, à propos de l’institut de beauté, le « Salone Filippo« , que dirigea un moment, vers les débuts de son installation à Rome, en 1954, Edith Bruck, recrutée par la Signora G. _ probablement Giancarla Mandelli (1937 – 3 avril 2010)… _, quelque temps après son arrivée à Rome, et jusqu’en 1959, au moment de la découverte _ détonnante _ de la publication de son tout premier livre, Che ti ama cosiet, en conséquence, du fait qu’Edith avait survécu à la Shoah…

3) des extraits du livre « Magyar, Stars and Stripes : a journey from Hungary through the Holocaust and to New-York« , de Michael Lipiner, en 2005, à propos du parcours de la Judit de cet admirable « Pain perdu » _ prénommée ici Zahava, et à sa naissance, Adele _, la sœur d’Edith, et sa très fidèle et protectrice compagne dans les camps de concentration, d’Auschwitz à Bergen-Belsen, du 28 mai 1944 au 15 avril 1945

4) l’article important « Memorial Candles« de Deborah Taub Damascelli, la bien-aimée nièce d’Edith _ et fille d’Adele : Deborah Taub est née en 1957 _, et désormais romaine _ épouse de Lucio Damascelli _, paru dans le volume « Trauma and Memory« , vol. 2, n°2, en 2014, où Deborah Taub raconte l’extraordinaire parcours de survie de sa mère, prénommée ici Zahava, et de sa très chère tante Edith…

5) quelques très précieux avis de condoléances de plusieurs membres de sa famille, adressés à Edith, pour le décès _ le 17 septembre 2015, à Rome _ de son époux Nelo Risi, parus dans le numéro de La Repubblica du 19 septembre 2015

6) l’intéressante notice biographique détaillée consacrée à Nelo Risi _ rédigée par Riccardo D’Anna _ dans le Dizionario Biografico degli Italiani, vol. 87, en 2016

7) un tout à fait détaillé résumé d’un très riche entretien avec Edith Bruck, de Fava Francesca et Giacobbe Borelli Maia _ d’une durée de 1 h 53′ ; je n’ai hélas pas réussi à accéder à l’écoute de ce podcast… _, réalisé le 2 avril 2016 : un document passionnant !

8) un article sociologiquement significatif _ seulement… _, intitulé « Sergio Valente, l’hair-stylist delle attrici internazionali« , paru dans La Gazzetta dello spettacolo du 9 juin 2016, consacré au coiffeur des stars Sergio Valente, qui a débuté sa carrière au fameux « Salone Filippo » de la via dei Condotti, et qui évoque cet institut de beauté dont Edith Bruck a été un moment la directrice, avant de se fâcher, au moment de la parution de son premier livre, Chi te ama cosi, à Rome, en 1959, avec la mal commode patronne, la Signora G. _ Giancarla Mandelli…

9) et 10) deux très riches articles _ avec des précision biographiques que j’ai seulement découvertes ici, à propos du parcours d’Edith entre son retour à Tiszabercel et son débarquement en Israël, à Haifa, le 3 septembre 1948 : extraites du « Qui t’aime ainsi«  de 1959…  _ d’Olivier Ypsilantis, intitulés « En lisant « Qui t’aime ainsi » 1 et 2″, en date des 18 et 20 avril 2017, publiés sur le site Zakhor-Online.com

11) l’entretien très émouvant d’Edith Bruck avec Antonio Gnoli intitulé « Scrivevo mentre Nelo dormiva » paru le 30 avril 2017 dans La Repubblica, à l’occasion de la publication du livre d’Edith consacré à la maladie terminale de son époux disparu le 17 septembre 2015, Nelo : « Le Rondine sul termosifone« 

12) une notice, qui bien que très mal traduite, comporte cependant quelques détails assez intéressants, intitulée « Les Écrivains hongrois« , et consacrée à Edith Bruck, sur le site bookwiki.info

13) un très intéressant entretien avec Edith Bruck mené par Patricia Amardeil à Rome le 18 février 2019, intitulé « A bâtons rompus« , à propos des très belles singularités de l’écriture de celle-ci

14) et 15) deux entretiens détaillés _ et consécutifs _ d’Edith Bruck avec Patricia Amardeil,

le second en date de l’automne 2019

et le premier (« Retour sur l’Italie« ) du 5 mars 2020

16 ) le podcast (de 11′ 07) d’un entretien d’Edith Bruck avec Ora Daria, intitulé « Edith Bruck, testimone della Shoah« , en date du 27 janvier 2021

17 ) la vidéo (de 16′) d’un entretien intitulé « Edith Bruck Scrittice e testimone della Shoah« , à la Rai, le 25 avril 2021, lors de la marquante Festa della Liberazione

18) l’entretien sur « Le Pain perdu » d’Edith Bruck avec Pupa Garriba et Fiorella Leone le 14 mai 2021, au domicile romain de l’écrivain, Via del Babuino, 72

19) un article assez développé de Sandra Petrignani, intitulé « La Storia di Edith« , paru le 30 juin 2021

20) un entretien d’Ilaria Romano avec Edith Bruck intitulé « Edith Bruck : Testimoniere per il futuro« , en date du 1er octobre 2021

Que je complète

par un lien _ à faire défiler, de parent à parent… _ à un site de généalogie, à propos de sa famille Steinschreiber (et familles apparentées) de Tiszabercel, en Hongrie :

à partir, ici, de la fiche concernant le père d’Edith, Sandor Sulem Shalom Steinschreiber…

et par un lien à quelques cartes _ à faire défiler aussi… _ de la région de Tiszabercel,

et de villes et villages mentionnés dans les environs…

Soient un trésor de ressources documentaires véritablement passionnantes

pour qui désire en apprendre un peu plus sur le parcours de vie (et d’écriture) d’Edith Steinschreiber – Bruck – Risi…

Ce mardi 11 janvier 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

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