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Le choc du piano de Leos Janacek sous les doigts de magicien de Benedek Horvath, en un concert rien moins que parfait…

19oct

C’est sur la foi de l’enthousiasme communicatif du très fiable Jean-Charles Hoffelé en son article du 3 octobre dernier « Paysages imaginaires« ,

PAYSAGES IMAGINAIRES

Il faut bien plus que des doigts _ et comment ! _ pour saisir le presque-rien _ voilà _ qui ouvre dans un regret onirique les Improvisations que Bartók tissa sur les chants de paysans hongrois notés lors de ses voyages dans les villages de la puszta. La matière sonore éthérée que suscite le toucher immatériel _ unique… _ de Benedek Horváth est déjà emplie de ce sfumato qui tissera tant de mystères au long de _ ce chef d’œuvre sans égal qu’estDans les brumes, cette esquisse quasi abstraite coulée de la plume de Janáček, dont la Sonate rythme un peu plus loin le programme de ce concert parfait _ absolument !

Couleurs, pesées, pédale économe mais efficace – elle ne dissout jamais les attaques ou les rythmes chez Bartók _ comme il est absolument nécessaire, bien sûr _, écoutez la précision du tambour qui ouvre la première des deux Danses roumaines. Ce piano est une pure machine à imaginaire, qui impose jusque dans les irisations de Játékok – hélas seulement une sélection – des visions entre rêve et cauchemar que Kurtág aura notées dans sa calligraphie arachnéenne. Merveille _ oui ! _ qui exige une science de faire sonner l’instrument que j’aimerais entendre s’employer _ aussi _ à Debussy.

Aussi raffiné et complexe que soit le jeu de Benedek Horváth, dont j’avais tant aimé le premier album _ en 2016 _ où déjà s’affirmait la fusion KurtágBartók, et paraissait sous masque le compositeur de Jenůfa (l’opus de Kurtág, Les Adieux, est noté « à la manière de Janáček »), c’est la nature même de sa sonorité, ample, boisée, profonde, abolissant les marteaux à force de timbres – cela est sensible dans les écarts d’Éclats, l’autre opus de Kurtág présent au programme – qui me rend ce pianiste si physiquement proche _ oui, oui, oui.



Magnifique disque _ vraiment !!! _, dont la perfection ne laisse pas croire qu’il a pu être capté en public _ si : il fallait cette vie…

LE DISQUE DU JOUR

Béla Bartók (1881-1945)


Improvisations sur des chants paysans hongrois, Op. 20,
Sz. 74, BB 83

2 Danses roumaines, Op. 8a, Sz. 43, BB 56


Leoš Janáček (1854-1928)


Dans les brumes, JW 8:22
Sonate pour piano « 1.X.1905 », JW 8:19


György Kurtág (né en 1926)


Szalkak (Éclats), Op. 6d
Játékok (selection : Livre VI, Nos. 18, 6 ; Livre IV, No. 3b ; Livre II, Nos. 21, 5, 37 ;
Livre I, No. 57)

Benedek Horváth, piano

Un album du label Artalinna ATL-A027

Photo à la une : le pianiste Benedek Horváth – Photo : © DR

..

 

que je me suis empressé de commander le CD Artalinna « Bartok, Janacek & Kurtag« , le CD Artalinna ATL 027,

que je viens de recevoir ce jeudi, et qui immédiatement m’enchante,

tout spécialement dans le piano si singulier de Leos Janacek, « I-X-1905 » et « Dans les brumes« …

Avec pour conséquence mon intention de commander aussi, et au plus vite, le précédent CD Artalinna « Liszt, Bartok« , ATL 013,

dont voici ce que l’excellent Jean-Charles Hoffelé disait, déjà, en un article intitulé « Hungaria« , paru sur son site Discophilia le 11 octobre 2016,

il y a tout juste 7 ans déjà :

HUNGARIA

Le lent carillon qu’égrène dans le vent du soir György Kurtág au long de sa pièce inspirée par La Vierge de Frydek de Janáček et qu’il aura nommée « Les Adieux » ouvre et referme ce disque dédié à l’âme hongroise par Benedek Horváth, vingt cinq ans _ en 2016. Il en prolonge l’écho avec En rêveLiszt fait entendre à la reprise un glas que tant de pianistes oublient de faire sonner ; pas lui. Musiques de cloches _ et à quand Ligeti ?.. _, art de la résonance, mise en espace des claviers divers que savent susciter un emploi savant de la pédalisation, déjà rien qu’en cela, du grand art _ voilà.

Un jeune pianiste ? Un maître _ oui. Écoutez seulement l’orchestre qu’il déploie de son piano dans la plus littéraire, la plus habitée version d’Après une lecture du Dante que j’ai entendue depuis celle(s) de Claudio Arrau. Il y faut un clavier profond et des doigts héroïques, une armure de virtuose, une âme de poète ; il les a toutes deux. Voilà pour la preuve.

Mais pour l’esprit, qui se ressent et ne se prouve pas, la cantilène fragile qui ouvre En rêve de Liszt – une apparition juste inquiète comme il faut, un Füssli en sons –, la sélection si sentie opérée principalement dans les Deuxième et Troisième Cahiers de Pour les enfants de Bartók, vous en diront plus : ce piano en timbres, ces phrasés tendres mais sans sucre, cette grâce d’une suspension de l’harmonie au détour d’un accord, quelle grammaire, quel style à vingt-cinq ans !

Et si vous préférez le virtuose, l’Allegro barbaro de Bartók, la Sixième Rhapsodie de Liszt, tous deux dits à plein clavier, hantés par des verbunkos guerriers, déclamés, vous en apprendront plus, sans que jamais le musicien ne s’absente.

Pourtant, le sommet du disque reste selon moi la Sonate de Bartók, partition complexe que seul jusqu’alors Dino Ciani aura su incarner, motoriste et crâneur à la fois. Horváth y met une touche de grand fauve, creusant le clavier, jouant non d’un piano mais quasi d’un gamelan. Ce que faisait aussi Ciani, mais il lui en coûtait. Secret du hongrois _ un héritage de la langue ? _ : le tempo, qui lui donne tout le temps de glorifier le corps harmonique. Mais au fond, voilà le secret de son art : il joue non pas à deux mains mais à dix doigts. Cette plénitude du son ne s’explique pas autrement que par cette pratique qui transmue l’horizontalité du clavier en un orchestre.

Vite, une suite que je verrais bien chez Beethoven.

LE DISQUE DU JOUR

Bartok_Lisszt_Cover1110György Kurtág (né en 1926)


Les Adieux (in Janáceks Manier) (2 versions)


Franz Liszt (1811-1886)


Im Traum, S. 207
Après une lecture du Dante (No. 7, des Années de pèlerinage II,
S. 161)

Rhapsodie hongroise No. 6
en ré bémol majeur, S. 244/6


Béla Bartók (1881-1945)


Allegro Barbaro, Sz. 49, BB 63
Sonate pour piano, Sz. 80, BB 88
Pour les enfants, Sz. 42, BB 53 (sélection)

Benedek Horváth, piano

Un album du label Artalinna ATL-015

Photo à la une : © Jean-Baptiste MillotCDs Artalinna, 

Quel choc !

Jamais je n’avais aussi bien perçu, chez de merveilleux interprètes pourtant, le génie si singulier et vraiment extraordinaire de l’immense Leos Janacek _ le morave _ en ces 2 sonates pour piano,

que sous ces doigts magiques de Benedek Horvath !

Et voici, aussi, une vidéo (de 13′ 23) d’une interprétation de ce même magique « Dans les brumes » de Janacek, par Benedek Horvath, enregistré en concert le 10 novembre 2018

_ sur ce CD Artalinna AT L, la pièce dure 14′ 04 ; et le CD a été enregistré à l’église évangélique Saint-Marcel, à Paris, les 11-13 et 14 novembre 2018 ! Juste après cette prise en concert du 10 novembre 2018…

Chapeau bien bas, l’artiste !

Nous te suivrons désormais…

Ce jeudi 19 octobre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Une foudroyante incarnation, d’une intensité fabuleuse, des 2 Quatuors à cordes de Leos Janacek, n° 1 « Kreutzer Sonata » (de 1923) et n° 2 « Intimate Letters » (de 1928), par le Escher String Quartet…

05oct

Possédant déjà de magnifiques interprétations des 2 merveilleux et très singuliers Quatuors à cordes (« Sonate à Kreutzer« , de 1923, et « Lettres intimes« , de 1928) de Leos Janacek (1854 – 1928),

et surtout par des Quatuors tchèques,

je me demandais bien ce que pouvait valoir cette nouvelle interprétation par un Quatuor venu d’Outre Atlantique, tel que le Escher String Quartet _ soit le CD Bis-2670 SACD _, enregistré, du 19 au 22 février 2022, à Saxmundham, dans le Suffolk, en Angleterre…

Or, les écouter tels qu’incarnés ici par ces quatre instrumentistes que sont Adam Barnett-Hart et Brendan Speltz, violons, Pierre Lapointe, alto, et Brook Speltz, violoncelle _ les frères Speltz sont bien natifs de Los Angeles ; Pierre Lapointe est natif de Halifax, en Nouvelle-Écosse ; et Adam Barnett-Hart est, lui, de Boulder, dans le Colorado ; quant au percussioniste Colin Currie qui se joint à eux quatre pour la partie de percussions du 4e mouvement du Quatuor n° 2 Op. 7 « Des Montagnes du Singe«  de Pavel Haas (1899 – 1944) qui complète en suprême beauté ce très impressionnant CD, il est natif, lui, d’Édimbourg, en Écosse..  _,

est une expérience véritablement foudroyante !!!..

Car ils ont absolument tout saisi du génie musical de ces œuvres confondantes de puissance du compositeur morave (1854 – 1928) qu’est Leos Janacek !

Sans nul équivalent en leur genre…

À suivre, passionnément…

Ce jeudi 5 octobre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Ecouter le tendre ténor slovaque Pavol Breslik dans les Mélodies moraves du râpeux et sublime Leos Janacek

10mar

Géographiquement,

Kysucké Nové Mesto,

le lieu de naissance (le 9 mars 1979) du ténor _ slovaque _ Pavol Breslik

_ cf mes articles des 11 février et 28 mai 2018, et 19 janvier 2020 : ,  et … _

n’est vraiment pas très éloigné

de Hukvaldy,

le lieu de naissance (le 3 juillet 1854) du compositeur _ morave _ Leos Janacek…

C’est seulement le 1er janvier 1993 que la Slovaquie s’est séparée _ à l’amiable _ de la Bohème-Moravie, à laquelle elle était unie depuis le Traité de Saint-Germain-en-Laye, le 10 septembre 1919, qui avait créé la République de Tchécoslovaquie ;

en conséquence de quoi Pavol Breslik a possédé à sa naissance, en 1979, la nationalité tchécoslovaque

que possédait Leos Janacek lors de son décès, le 12 août 1928.

Surtout,

le chanteur _ slovaque _  et le compositeur _ morave _ appartiennent au même monde culturel slave 

assez proche de Vienne…

Le CD _ Orfeo C989201 _ The Diary of one who disappeared,

consacré à trois cycles de Mélodies de Leos Janacek :

Le Journal d’un disparu JW V/12,

Six chants populaires d’après Eva Gabel, JW V/9

et Mélodies de Detva, Ballades de Brigands, JW V/11,

est ici servi

par le ténor Pavol Breslik,

accompagné au piano par Robert Pechanec ;

avec, à l’occasion, la participation des chanteuses

Ester Pavlu, mezzosoprano,

Dominika Hanko, soprano,

Zuzana Marczelova, soprano

et Maria Kovac, mezzosoprano.

Pavol Breslik

est un _ tendre _ ténor mozartien ;

et c’est avec un très grand plaisir

que nous l’entendons pénétrer ici

le langage un peu rapeux _ et très idiosyncrasique ; et sublime ! _ de Leos Janacek…

Ce mardi 10 mars 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

L’élégance merveilleuse de Rudolf Firkusny : dans Beethoven et Schubert, comme dans de somptueux Martinu…

21fév

Le 29 septembre dernier,

en mon article ,

Rudolf Firkušný 1960.jpg
Rudolf Firkušný

je m’étais déclaré un peu déçu par ses diverses interprétations d’œuvres de Leoš Janáček (Hukvaldy, 3 juillet 1854 – Ostrava, 12 août 1928) 

_ dont Rudolf Firkušný (Napajedla, 11 février 1912 – Staatsbourg, 19 juillet 1994) fut, très jeune, l’élève ! _,

celles de ce compositeur accessibles dans le très beau coffret Sony The Complete RCA and Columbia Album Collection (19075922812) de 18 CDs… :

car « je m’attendais à un jeu un peu plus râpeux, brut, presque sauvage« 

dans l’incomparable _ et unique _ Janáček…

Janáček et Firkušný étant tous deux natifs _ Hukvaldy et Napaledja : qu’on consulte une carte ! _ de Moravie

_ Hukvaldy (aujourd’hui 820 habitants, se trouve à 23 kms au sud d’Ostrava ; et Napajedla, aujourd’hui 7234 habitants, au bord de la rivière Morava, se trouve à 66 kms à l’est de Brno…

Suite à l’audition d’une superbe interprétation du Concerto n° 1 pour violoncelle H. 191, de Bohuslav Martinů (Polička, 8 décembre 1890 – Liestal, 18 août 1959)

par l’immense violoncelliste János Starker (Budapest, 5 juillet 1924 – Bloomington, 28 avril 2013) et le Czech Radio Symphony, dirigé par John Nelson _ in le proprement merveilleux CD In Memoriam Janos Starker de Praga Digitals PRD 250 304 : une prise live à la Radio Tchèque le 19 mars 1990 ;

avec, aussi, le Concerto en mi mineur, op. 58, de Serguei Prokoviev (1891 – 1953), et le Konzertstück pour Violoncelle et Orchestre en ré Majeur, op. 12, de Ernö Dohnányi (1877 – 1960) _,

j’ai éprouvé le vif désir de venir jeter une oreille un peu attentive

aux interprétations de Bohuslav Martinů par Rudolf Firkušný,

en ce coffret Sony.

Le CD 18 et dernier _ somptueux ! _, intitulé Rudolf Firkušný Tribute de ce coffret

est tout bonnement admirable :

 

enregistré dans la _ superbe _ salle du Rudolfinum, à Prague, du 14 au 20 juin 1993,

ce CD comporte les Concertos pour Piano et Orchestre n° 2 H. 237, n° 3 H. 316 et n° 4 H. 358 de Martinů,

Firkušný étant accompagné par le Czech Philharmonic, dirigé par le chef Libor Pešek.

J’ai aussi écouté le CD 16 de ce coffret Rudolf Firkušný The Complete RCA and Columbia Album Collection :

les Sonates pour Violoncelle et Piano n°1 H. 277, n° 2 H. 286 et n° 3 H. 340 de Bohuslav Martinů, interprétées par Rudolf Firkušný et János Starker,

enregistrées à New-York les 8, 9 et 11  octobre 1990 _ j’aime décidément beaucoup ce compositeur.

Et en fouillant plus avant parmi les piles de ma discothèque,

j’ai mis la main

d’abord sur un admirable CD Beethoven d’une Édition Firkušný, par EMI _ 7243 5 66064 2 5 _, en 1996,

comportant les Sonates

n° 8, op. 13, « Pathétique » ,

n° 14, op 27, « Clair de lune »,

n° 21, op. 53, « Waldstein » _ une interprétation parfaite de vie et de naturel ! _

et n° 30, op. 109


J’ai découvert aussi un extraordinaire _ vraiment ! _ inédit en CD de Firkušný,

dans la série des indispensables de Diapason,

le n° 97 :

un enregistrement _ merveilleux ! magistral en sa lumineuse évidence  _ datant de 1948

des sublimes Impromptus D 899, op. 90, et Impromptus D 935, op. posthume 142, de Schubert ;

à distinguer du CD n°5 du coffret Rudolf Firkušný The Complete RCA and Columbia Album Collection

comportant ces mêmes Impromptus,

enregistrés, eux, chez Columbia en octobre 1951 et février 1952 :

incontestablement moins bien réussis…

Rudolf Firkušný _ quel chic ! quel naturel ! _ est un des très grands interprètes

du XXème siècle.


Ce vendredi 21 février 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

L’élégance Firkusny et l’oeuvre pour piano de Leos Janacek…

29sept

Le coffret de 18 CDs Rudol Firkusny The Complete RCA and Columbia Album Collection

_ un coffret Sony 19075922812 _

offre deux CDs d’interprétations de la musique pour piano de Leos Janacek (1854 – 1928) :

un premier CD d’enregistrements dans les studios Columbia, à New-York, dans les années 1952, 53 et 54

_ publiés en 1953 et 1955 _ ;

un second, d’enregistrements dans les studios RCA, à New-York, en 1989

_ publiés en 1990.


Rudolf Firkusny,

né à Napajedla (Moravie) le 11 février 1912,

et décédé à Staatsbourg (Etat de New-Kork) le 19 juillet 1994,

est un musicien d’une suprême élégance.


Dans l’interprétation de son _ sublime _ compatriote morave Janacek,

je m’attendais à un jeu un peu plus râpeux, brut, presque sauvage…

Mais il est difficile à Firkusny de complètement _ peut-être en particulier à New-York _ effacer sa propre suprême élégance.

Il me reste 16 CDs de ce coffret Sony notamment 3 CDs Bohuslav Martinu (1890 – 1959) _ à écouter-déguster…



Ce dimanche 29 septembre 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

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