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Comparer trois interprétations du Motet « Ego dormio » de Claudio Monteverdi (publié à Rome en 1626) : par Il Concerto italiano de Rinaldo Alessandrini (en 1996), par l’Ensemble Concerto de Roberto Gini (en 2004), et par I Disinvolti de Massimo Lombardi (en 2020) ; ou servir au mieux l’italianité de ces Motets italiens du premier Seicento, d’une tendresse sublime…

27mar

En désirant creuser mon plaisir pris aux écoutes renouvelées du merveilleux CD « Motets from the Song of Songs – Vulnerasti cor meum » des I Disinvolti, le CD de toute beauté (!) Arcana  A 562 _ cf mon article d’hier « «  _,

j’ai recherché dans ma discothèque personnelle une autre interprétation du Motet qui m’est apparu comme le probable sublime sommet de cet admirable programme si merveilleusement servi ici par I Disinvolti sous la direction de Massimo Lombardi,

je veux dire le Motet « Ego dormio » de Claudio Monteverdi,

paru à Rome en 1625 au sein d’une anthologie intitulée « Sacri Affetti« . réunie par les soins de Francesco Sammaruco (Edition Luca Antonio Soldi),

et assez peu présent au disque…

C’est ainsi qu’après une petite recherche, je suis tombé sur le CD « Monteverdi – Musica sacra » du Concerto italiano de Rinaldo Alessandrini, le CD Opus 111 OPS 30-150, enregistré et paru en 1996.

En janvier 1996, à Briosco,

les interprètes de ce Motet « Ego dormio » « à soprano e basso » du Concerto Italiano, à la plage 20, étaient Elisa Franzetti, soprano, Sergio Foresti, basso, ainsi qu’Andrea Damiani et Tiziano Bagnati, tiorba.

….

Puis, après une seconde recherche, se présente à moi le double CD « Claudio Monteverdi – Sacred Music » de l’Ensemble Concerto de Roberto Gini, le double CD Dynamic CDS 491/1-2, enregistré à Vigevano au mois de septembre 2004 et paru en 2006.

Et en septembre 2004, à Vigevano,

les interprètes _ superbes ! _ de ce Motet « Ego dormio » de l’Ensemble Concerto, à la plage première de leur second CD, étaient Antonella Gianese, soprano, Salvo Vitale, basse, et Roberto Gini, à l’orgue _ écoutez-ici les 3′ 25 de cette lumineuse interprétation de 2004…

 

Alors qu’en juin 2020, à Breno,

les interprètes de ce même Motet « Ego dormio » « à deux voix, pour soprano (ou ténor) et basse, avec accompagnement de basse continue« , sont cette fois Massimo Altieri, tenor, Guglielmo Buonsanti, bass, Noelia Reverte Reche, viola di gamba et Nicola Lamon, organ :

une interprétation à nouveau de très haute tenue, et superbe de tendresse.

Et il me faut dire qu’à mes oreilles et à mon goût, l’interprétation de cet « Ego dormio » monteverdien des Disinvolti _ avec leur choix des voix et des instruments _ est, elle aussi, d’une tendresse retenue infiniment délicate et juste :

à tomber totalement sous le charme de cette musique d’une douceur enveloppante et pudique sublime…

Ce présent CD « Vulnerasti cor meum » _ comportant 17 Motets (d’entre 1606 et 1643) de 16 compositeurs différents _ des Disinvolti, est un enchantement musical d’une réussite discographique absolue,

qui met aussi, et plus généralement, excellemment en évidence le niveau transcendant de toute cette musique « amoureuse » religieuse en Italie, entre 1606 et 1643,

héritière de l’ère magnifique du Madrigal…

Et je place désormais cet ensemble des Disinvolti, inconnu de moi jusqu’ici, au niveau de la merveilleuse Compagnia del Madrigale… 

Et même si c’est en latin _ et pas en italien _ qu’est le texte de ces Motets,

il va pour moi sans dire que la très patente « italianité » de ces Motets place les seuls ensembles d’interprètes italiens en mesure de leur rendre pleinement et le plus splendidement justice !!!

Ce CD enchanteur d’une tendresse sublime, « Vulnerasti cor meum« , est donc tout simplement un must !

Ce mercredi 27 mars 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Revoir Tůma, ou plutôt redécouvrir et réécouter la splendide musique de František Ignác Antonín Tůma (Hradec Králové, 1704 – Vienne, 1774)…

26déc

Le très vif plaisir pris à l’écoute du CD « František Tůma » _ cf mon trop bref  article «   » du 21 novembre dernier… _ d’Andreas Scholl et le Czech Ensemble Baroque dirigé par Roman Valek _ soit le CD Aparté AP340, enregistré à Znojmo du 2 au 6 juin 2023 _,

m’a conduit à faire un point récapitulatif sur ma discothèque personnelle comportant des œuvres de cet important _ et très prenant _ compositeur tchèque _ disciple du merveilleux Jan Dismas Zelenka (1679 – 1745) _, František Ignác Antonín Tůma (Hradec Králové, 2 octobre 1704 – Vienne, 3 février 1774),

soient les 11 CDs suivants,

classés ici dans l’ordre de leur enregistrement, de 1990 à 2023 : 

1) à Prague, en 1990, le CD Panton  81 0953 « Fr. A. I. Tůma – J. Myslivecek – L. Kozeluh « ,

par le Suk Chamber Orchestra dirigé par Josef Vlach :

2) à Prague, en 1993, le CD Rosa Classic RD 103 « Fr. I. Tůma – Missa C Dur – J. D. Zelenka – Lamentationes Jeremiae Prophetae« 

par le Prazsky komorni sbor & l’Olomoucky komorni orchestr dirigés par V. Podrazil ;

3) à Hoeven (Pays-bas) en 1995, le CD Accent ACC 95108 D « František Tůma – Miserere Mei Deus – Stabat Mater« 

par l’ensemble Currende dirigé par Erik Van Nevel ;

4) à Hradec Králové (Tchéquie), en 2004, le CD Supraphon SU 3806-2 « Jan Dismas Zelenka – Die Responsorien zum Karfreitag – František Tůma Sonatas in A minor & E minor – Sinfonia in B major« 

par Boni Pueri  & Musica Florea dirigés par Marek Štryncl ;

5) à Rome, en 2006, le CD naïve OP 30436 « Tůma – Partite, sonate & sinfonie« 

par le Concerto Italiano dirigé par Rinaldo Alessandrini ;

6) à Prague, en 2013, le CD Supraphon SU 4160-2 « Zelenka – Sanctus – Agnus Dei ZWV 34 & 36 – Sub Tuum Praesidium ZWV 157 – Tůma – Stabat Mater« 

par le Collegium 1704 dirigé par Václav Luks _ en écouter ici les sublimes 17′ 16 du podcast de cette magistrale interprétation… _ . ;

7) à Gedinne (Belgique), en 2019, le CD Ramée RAM 1914 « Tůma – Stabat Mater –  Biber – Requiem – Animam gementem cano« 

par le Pluto-Ensemble dirigé par Marnix De Cat & le Hathor Consort dirigé par Romina Lischka ;

8) à Znojmo (Tchéquie), en 2021, le CD Supraphon SU 4300-2 « Tůma – Requiem. Missa della morte in c (1742) – Miserere in c« 

par le Czech Ensemble Baroque dirigé par Roman Válek ; 

9) à Znojmo (Tchéquie), en 2022, le CD Supraphon SU 4315-2  « Tůma – Te Deum – Missa Veni Pater Pauperum – Sinfonia ex C » par le Czech Ensemble Baroque dirigé par Roman Válek ; 

10) à Znojmo (Tchéquie), en 2023, le CD Aparté AP 340 « František Tůma – Motets – Sinfonia a quattro – Dixit Sominus« 

par Andreas Scholl et le Czech Ensemble Baroque dirigé par Roman Válek _ apprécier ici la petite vidéo (de 2′ 37) de présentation de ce très beau CD par Andreas Scholl et Roman Válek à l’œuvre…

Post-scriptum du mercredi 27 décembre :

En fouillant encore un peu mieux dans les recoins des rangées et piles de CDs de ma discothèque personnelle,

j’ai retrouvé un onzième CD comportant, lui, 2 autres œuvres de Frantisek Tůma :

un « Inno per il festo di Santa Teresia » _ en écouter ici les 4′ 09 _

et des « Vesperae de la B. M. V. » _ en écouter ici les 9′ _,

soient les pages 8 et 9 du CD Ricercar 135 « Cantate ad Alto solo« , enregistrées à Heverleen (Belgique) entre le 11 et le 28 mai 1991 par James Bowman et le Ricercar Consort

Et je me suis aperçu aussi que j’avais laissé passer le CD Ramée RAM 1304 « Fede e Amor » de l’ensemble La Fontaine et Alex Potter, paru le 25 septembre 2013,

qui comportait la « Sonata a 2 Violini e 2 Tromboni in E minor » de Frantisek Tůma _ écoutez-en ici les 3′ 18 de la plage 7… 

Ce mardi 26 décembre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Pour compléter ma discothèque Cipriano de Rore : le CD Gimell 029 de sa « Missa Praeter rerum seriem » et quatre Motets, par les Tallis Scholars, en 1994…

09sept

Plongé toujours dans le merveilleux répertoire sacré de la Renaissance,

et m’efforçant de rassembler un peu mieux les CDs trop épars jusqu’ici de ma discothèque personnelle consacrés à divers compositeurs majeurs de ce très fécond splendide moment musical,

je viens de recevoir le CD intitulé « Missa Praeter trerum seriem«  _ une des 5 messes qui nous sont parvenues de Cipriano de Rore (messe en double « hommage à son employeur, le Duc Ercole II de Ferrare, et à Josquin des Prés qui exerça non seulement la seule véritable influence sur lui mais fut aussi son prédécesseur le plus apprécié à la cour d’Este…«  ; et qui s’appuie sur le Motet de Noël « Praeter trerum seriem«  (écoutez ici (7′ 17) : c’est somptueux !) de Josquin des Prés ;  et complétée en ce CD par 4 sublimes Motets de Cipriano de Rore : « Infelix ego » (écoutez ici (12′ 08)), « Parce mihi, Domine«  (écoutez ici (5′ 33)), « Ave Regina cælorum » (écoutez ici (5′ 55)) et « Descendi in hortum meum«  (écoutez ici (5′ 32)) … _ par les Tallis Scholars sous la direction de leur chef Peter Phillips, soit le CD Gimell CDGIM 029, enregistré à Norfolk, et parue au mois de septembre 1994…

 

Voici la très intéressante présentation qu’en proposait Peter Phillips _ en une traduction en français de Meena Wallaby _ aux pages 6 à 9 du livret de ce CD :

Le regain d’intérêt pour les compositeurs de la Renaissance n’a que très rarement révélé des musiciens devant leur notoriété à une égale appréciation de l’ensemble de leur œuvre. Ce travers est poussé à l’extrême dans le cas de Cipriano de Rore qui, de son vivant et jusqu’à nos jours, a été considéré comme un compositeur marquant de madrigaux et l’un des plus importants précurseurs de Monteverdi. Hélas pour ceux qui aiment que les choses restent simples, Rore composait avec un égal génie _ voilà ! _ de la musique sacrée, en digne successeur de Josquin des Prés. Rore suivit le parcours normal d’un musicien talentueux de la Renaissance né aux Pays-Bas. Son éducation achevée dans ses Flandres natales, il chercha un emploi en Italie. Il noua des contacts à Venise, en particulier avec Adrian Willaert, maestro di cappella à Saint-Marc, et néerlandais _ c’est-à-dire flamand : il est natif de Renaix-Ronse… _ lui aussi. De 1547 à mars 1558, il fut employé _ onze années _ sans interruption à la cour de Ferrare par le duc Ercole II d’Este, pour lequel il composa la Missa Praeter rerum seriem. Lorsque, en 1559, le successeur du duc Ercole, Alfonso II, mit un terme aux fonctions de Rore à Ferrare, celui-ci s’installa à Parme, à la demande de la famille Farnese. En 1563, il fut choisi pour succéder à Willaert à Saint-Marc de Venise, ce qui était sans doute, même à l’époque, le poste le plus prestigieux pour un musicien en Italie. À quarante-sept ans, Rore semblait alors avoir son avenir placé sous les meilleurs auspices. Malheureusement, pour une raison quelconque _ ignorée de nous _, il n’était apparemment pas fait pour sa tâche à Saint-Marc de Venise, et, dès septembre 1564, il était de retour à Parme, où il mourut en août ou septembre 1565.Malgré le nombre impressionnant de madrigaux que Rore écrivit, sa production de musique sacrée ne fut pas négligeable : plus de quatre-vingts motets et cinq messes voilà. Parmi les œuvres proposées sur cet enregistrement, ce sont les motets qui montrent le plus clairement la formation musicale de Rore, musicien franco-flamand dans la tradition josquinienne. Bien que nullement madrigalesque, et écrite quelques années avant la naissance de Monteverdi, la messe de Rore recèle de fascinants pré-échos monteverdiens. Cette messe, qui s’appuie sur le motet de Noël de Josquin Praeter rerum seriem _ écoutez ici (7′ 17) _, est l’une des messes-parodie les plus élaborées de son époque. En l’écrivant, Rore rendait hommage à la fois à son employeur, le Duc Ercole II de Ferrare, et à Josquin qui exerça non seulement la seule véritable influence sur lui mais fut aussi son prédécesseur le plus apprécié à la cour d’Este _ en 1503-1504.Le Praeter rerum seriem fait sans aucun doute partie des plus grandes œuvres de Josquin _ voilà. Il est formé d’une série de motifs travaillés avec soin autour du chant dévotionnel sur lequel il est construit. Pour l’essentiel de l’œuvre, la polyphonie se présente de manière antiphonée entre les trois voix supérieures quand le chant de dévotion est confié au superius (soprano I), et entre les trois voix basses quand il est confié au tenor. Cette méthode apparaît au tout début de l’œuvre avec la distribution des voix basses, et donne à l’écriture une telle puissance que Rore construisit l’ouverture des cinq mouvements de cette manière, ainsi qu’une section subsidiaire (sur ‘Et iterum’ dans le Credo). La deuxième partie du motet de Josquin est relativement plus libre que la première. Le chant est masqué par une structure généralement à six voix, qui devient ternaire quand le texte fait finalement allusion au mystère de la Trinité, avant de revenir au rythme binaire du ‘Mater ave’.En un sens, la messe de Rore n’est une composition originale que dans une très faible mesure. Cependant, il parodie son modèle de façon si ingénieuse que les éléments fixes semblent prendre de nouvelles dimensions _ voilà. Rore ajouta une partie de cantus (soprano) aux six voix employées à l’origine par Josquin. Puis il transforma l’une des parties existantes, celle de quintus (ici alto I), en une ligne de cantus firmus de notes longues pour chanter les mots ‘Hercules secundus dux Ferrarie quartus vivit et vivet’ jusqu’à la mélodie du chant dévotionnel citée par Josquin. La ligne de cantus supplémentaire de Rore apporte une nuance nouvelle à l’écriture en créant une sonorité plus éclatante, qui semble faire totalement sortir la musique de la période du milieu de la Renaissance, voire la faire, voire la faire tendre vers le Baroque. Le passage sur ‘Et in unum Dominum Iesum Christum’ du Credo est presque du pur Monteverdi.

L’écriture la plus impressionnante apparaît au début de chaque mouvement de la messe, où Rore développe l’ouverture magistrale du motet josquinien. Dans le Kyrie, la version de Josquin est pratiquement inchangée en ce qui concerne les voix basses, bien que Rore ajoute une autre ligne à la partie d’altus II. Dans le Gloria, il fait une inversion de la gamme ascendante de Josquin tout en conservant l’originale. Il emploie le même procédé dans le Credo sous une forme plus ornée. Mais c’est seulement dans le Sanctus et l’Agnus Dei que la mesure des deux cantus de Rore apparaît pleinement dans le contexte de cette phrase, qui semble s’être développée et amplifiée. Le Sanctus commence par de longues lignes rhapsodiques dans un vaste espace sonore. L’Agnus Dei va un peu plus loin en impliquant toutes les voix dès le départ et en étayant pour la première fois l’ensemble par un énoncé du chant. De manière générale, on n’entend le chant que lorsqu’un mouvement ou une section est bien amorcé, et que la longueur extrême de ses notes l’empêche véritablement de se mêler à la texture d’ensemble. C’est seulement dans deux passages où le nombre des voix est réduit, le ‘Pleni’ et le ‘Benedictus’ (tous deux dans le Sanctus), qu’il est totalement omis.

Les quatre motets qui figurent sur cet enregistrement présentent tous le son et la technique bien reconnaissables de la polyphonie franco-flamande traditionnelle, et sont aussi éloignés des madrigaux italianisés de Rore qu’ils pouvaient l’être dans le contexte musical de l’époque. Deux d’entre eux, Ave Regina caelorum et Descendi in hortum meum, comportent une écriture en canon des plus avancée. Infelix ego comprend un motif conducteur énoncé selon une structure mathématique stricte. Seul Parce mihi, Domine _ écoutez ici (5′ 33) _ est composé en toute liberté, bien que ses sonorités sombres (écrites pour cantus, altus, tenor, quintus et bassus, ici SATTB) et ses longues mélodies ne lui confèrent guère une résonance moderne. L’essence de ces pièces tient toutefois à l’aisance avec laquelle Rore donna une expression aux techniques anciennes. Les deux oeuvres pénitentielles, Infelix ego et Parce mihi, Domine, créent une atmosphère inoubliable _ voilà _ de doute et d’interrogation sur soi, grâce à la longueur des idées musicales et des mélodies qui se répercute finalement sur la longueur globale des pièces. Tout au long de Infelix ego _ écoutez ici (12′ 08) _, motet à six voix écrit pour cantus, altus, sextus, tenor, quintus et bassus (ici AATTBB), court un motif de cantus firmus de huit notes, une pour chaque syllabe de ‘Miserere mei, Deus’, qui est cité dans la partie d’altus (ici alto II). Au fil de la musique, la longueur des notes de ce cantus firmus diminue de moitié jusqu’à ce qu’à la fin toutes les voix le reprennent. Cette méthode très simple permit à Rore d’amener cette œuvre colossale à son point de résolution, tout en soulignant le ton d’insistance propre à la supplication du ‘Miserere’.

Les deux œuvres en canon sont plutôt moins sombres. Toutes deux sont écrites pour sept voix dont trois sont impliquées dans un canon strict. Ave Regina cælorum _ écoutez ici (5′ 55) _ adopte un genre typique du milieu de la Renaissance que l’on trouve par exemple chez Mouton et Willaert. Cela implique une texture libre pour quatre voix, souvent écrite pour cantus, altus, tenor et bassus, au milieu de laquelle est inclus un canon à trois voix. Les parties en canon comportent des notes relativement longues et ne sont chantées que périodiquement. Dans ce cas, les trois voix conservent leur propre hauteur de ton (fondamentale, quatrième et cinquième degrés), ce qui a pour effet une certaine fascination académique. C’est cependant dans les sonorités auxquelles contribuent tous ces élements que réside la puissance d’expression de l’œuvre. Descendi in hortum meum, composé selon une structure identique, dégage une atmosphère totalement différente qui convient aux parfums puissants de son texte tiré du Cantique des cantiques. Ce chef-d’œuvre _ écoutez ici (5′ 32) _ paraît si naturel que l’on a peine à croire qu’une écriture mathématique rigoureuse le sous-tend. Mais l’altus II (qui mène l’ensemble), le cantus II (soprano II) et le tenor I chantent bien en canon, cette fois-ci à la quinte et à l’octave. Le canon est maintenu même dans la section ternaire vers la fin, là où Rore le madrigaliste retrouve brièvement le compositeur de génie de musique sacrée pour créer le plus beau et le plus mélancolique de tous les passages polyphoniques: ‘Reviens, reviens, ô Sulamite, reviens que nous puissions te contempler’.

Des œuvres merveilleuses sublimées par l’interprétation sublime des Tallis Scholars…

Ce samedi 9 septembre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Et encore une autre découverte en un recoin perdu de ma discothèque : deux Motets précoces d’Adriaen Willaert présents dans le Medici Codex, en le CD « Vivat Leo ! Music for a Medici Pope » de la Cappella Pratensis et Joshua Rifkin…

25août

En mettant à nouveau et encore un peu d’ordre dans le rangement un peu complexe de ma discothèque personnelle,

voici que ce vendredi 25 août je mets la main sur le CD Challenge Classics  CC 72366 intitulé « Vivat Leo ! Music for a Medici Pope«  _ en l’occurrence le pape Léon X Médicis _, par la Cappella Pratensis dirigée par Joshua Rifkin (un CD enregistré à Anvers du 12 au 14 avril 2010),

comportant deux Motets : « Virgo gloriosa Christi, Margareta«  _ écoutez ici le podcast (d’une durée de 3′ 11) _ et « Saluto te, sancta Virgo Maria » _ écoutez ici le podcast (d’une durée de 6′ 15) _, d’Adriaen Willaert (ca. 1490 – 1562),

qui font partie du « Medici Codex,

une collection de 53 Motets probablement destinée en premier lieu à l’usage privé de Léon, mais finalement offerte à son neveu Laurent de Médicis, duc d’Urbino, lorsque celui-ci revint en Italie avec sa nouvelle épouse française, la princesse Madeleine de la Tour d’Auvergne, à la fin de l’été 1518 » _ le 8 septembre ; leur mariage avait eu lieu à Amboise le 2 mai précédent… Et au passage je remarque que ce Laurent II Médicis n’est autre que le dédicataire du Prince de Machiavel, ouvrage composé entre juillet et décembre 1513, et publié en 1532 ; ces dates sont bien sûr à relever…

Et il est très probable que ces Motets d’Adriaen Willaert sont liés au séjour romain de celui-ci auprès du pape Léon X Médicis (Florence, 11 décembre 1475 – Rome, 1er décembre 1521) second fils de Laurent le magnifique (1449 – 1492), Jean de Médicis était devenu pape sous ce nom de Léon X le 11 mars 1513… _, peu avant la présence dûment attestée à Rome du jeune compositeur _ Willaert a alors autour de 25 ans… _ au tout début de l’année 1515…

Il est très intéressant de comparer, à l’écoute, le style de ces deux Motets d’Adriaen Willaert, composés vraisemblablement vers 1518 _ en juillet 1515, Adriaen Willaert, quittant Rome, était entré, comme chantre, au service de la cour du cardinal Hippolyte Ier d’Este à Ferrare, ecclésiastique qui voyage beaucoup et qui emmène Willaert jusqu’en Hongrie, où il séjourne entre 1517 et 1519… _,

et le style, quelques années plus tard, des Motets de Cipriano de Rore disciple et successeur, en 1562, à Saint-Marc de Venise de celui-ci _, tels qu’ils sont accessibles dans les vidéos et podcasts présents en mon article d’hier 24 août : « « … 

Ce vendredi 25 août 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Un ramassé commode (et provisoire) des enregistrements disponibles et accessibles à ce jour (par disques vinyle, CDs, podcasts et vidéos…) d’oeuvres d’Adriaen Willaert (Roeselare, ca. 1490 – Venise, 1562) par l’admirable ensemble Dionysos Now ! de l’excellent Tore Tom Denys

10août

Pour simplifier l’accès _ écouter et parfois regarder par simple clic… _ aux enregistrements de l’œuvre musical magistral d’Adriaen Willaert réalisés _ admirablement _,

et accessibles par divers médias à ce jour,

par le magnifique ensemble vocal _ créé en 2020 _ Dionysos Now ! de Tore Tom Denys,

et pour conclure avec efficacité ma série d’articles achevée hier par cette bien trop longue synthèse :

« « ,

en voici une commode simple _ et provisoire, je l’espère… _ liste récapitulative : 

Messes :

_ Missa « Mittit ad virginem » (26’05) :

1. Kyrie Eleison (3’42) ; 2. Gloria (4’45) ; 3. Credo (8’05) ; 4. Sanctus – Benedictus (5’36) ; 5. Agnus Dei (5’55)


_ Missa « Sex vocum super Benedicta » :

1. Kyrie Eleison (3’36) ; 2. Gloria (5’22) ; 3. Credo (7’24) ; 4. Sanctus (5’37) ; 5. Agnus Dei (3’35)


_ Missa « Ippolito » :

1. Kyrie (3’23) ; 2. Gloria (4’47) ; 3. Credo (7’16) ; 4. Sanctus (6’17) ; 5. Agnus Dei (4’23)

Passion :

« Passio Domini nostri Jesu Christe secundum Joannem » (49’30)

Willaert / Dionysos Now ADRIANO 4 CD

_ Divers :

« Choral Hymnus Mittit ad virginem » (3’38), « Kyrie cunctipotens Genitor Deus » (5’58)

_ Motets :

« Mittit ad virginem » (9′ 53), « O Gloriosa Domina » (4’47), « Ave Maria » (4’09), « Beata Viscera » (3’51),

« Regina coeli » (1’11), « Maria Mater Domini » (6’36), « In diebus illis » (5’05), « Venator lepores » (5’21),

« Adriacos numero » (5’02), « Si rore Aonio » (5’47), « Haud aliter pugnans » (2’43), « Victor Io salve » (5’23)

« Tristis est anima mea » (3’26), « Ecce lignum crucis – Crux fidelis » (5’39), « Da pacem Domine » (2’24), « Infelix ego«  (6’45), « Flete oculi » (4′ 12), « Dulces exuviae » (3’50)

Villanesche :

 « O dolce vita mia » (5’10), « A quand’a quand’haveva » (2’32)

Canzoni, Madrigali, Chansons :

« Passa la nave » (4’39), « A la fontaine du prez » (2’24), « Quando di rose d’oro » (2’29), « Qui boyt et ne reboyt » (0’55).

Jouissives écoutes !!!

Et à suivre non sans impatience, face à tant de sublime beauté…

Ce jeudi 10 août 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

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