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La compositrice Graciane Finzi à l’honneur à l’Atelier du Théâtre National de Bordeaux-Aquitaine, pour un passionnant concert de sa musique par de brillants élèves du Conservatoire de Bordeaux Jacques Thibaud…

30juin

C’est pour aller écouter ma petite-fille Alma-Flore (âgée 11 ans) jouer « On frappe à la porte«  _ une œuvre pour harpe solo composée en 2000 par Graciane Finzi (née à Casablanca, 10 juillet 1945) pour sa petite-fille (née le 7 septembre 1995, et devenue, depuis, une excellente harpiste…), et interprétée sur cette vidéo, à Lorient, le 9 mai 2022, pour de précédentes master-classes... _, que je me suis rendu, hier soir, vendredi 29 juin, à un concert donné par des élèves du Conservatoire qui avaient très soigneusement travaillé _ avec leurs différents professeurs d’instruments (ou de voix), et, à l’occasion, sur la supervision de la compositrice elle-même, venue pour de telles master-classes à Bordeaux… _ les œuvres de Graciane Finzi, à l’Atelier du TnBA de Bordeaux,

et y ai découvert le superbe univers musical de cette compositrice contemporaine, Graciane Finzi, dont j’ignorais tout jusqu’ici…

Outre ce « On frappe à la porte » pour harpe solo, de 2000, d’une durée d’environ 3′ _ splendidement interprété hier soir par Alma-Flore Lepetit, donc ; et très loin d’un simple déchiffrage a-musical ici… _,

le programme de ce passionnant et très émouvant concert, très vivant, en conclusion très réussie des Master-classes avec la compositrice Graciane Finzi en personne,

était constitué des œuvres suivantes, très variées, de Graciane Finzi :

_ « On frappe à la porte« , de 2000, pour harpe seule, (d’une durée d’environ 3′)

par Alma-Flore Lepetit, harpe 

_ « La Confusion des sentiments et des idées« , de 2022, pour flûte et harpe (d’une durée d’environ 5′),

par Cécile Bernard, flûte, et Sirine Amarouche, harpe

_ « Nikkai« , de 2021, pour soprano et harpe (d’une durée d’environ 7′)

par Marie-France Koua, voix, et Elisa Balsamo, harpe

_ « Going up and down« , de 2020, pour violon et saxophone soprano (d’une durée d’environ 6′)

par Julie Boissel-Trunde, violon, et Margaux Lefebvre, saxophone soprano

_ « Winternacht« , de 2018, pour violon et piano, d’après la 3e Sonate de Johannes Brahms (d’une durée d’environ 19′) _ probablement l’acmé musical de ce très beau concert ; et une œuvre disponible, interprétée par Laurent Wagschal, piano, et Agnès Pyka, violon, sur le CD « Brahms aujourd’hui« , avec aussi des œuvres de Nicolas Bacri et Philippe Hersant, un CD Klarthe paru en février 2021 : Allegro ; Adagio ; Cantabile ; Presto (cliquer pour écouter les 4 podcasts, respectivement de 5′ 27 ; 4′ 15 ; 5′ 36 ; et 5′ 35) ; cf aussi le commentaire qu’en a donné Jean Jordy, sur le site utmisol. fr :

« L’œuvre de Graciane Finzi Winternacht s’inspire de la Troisième Sonate (1888) _ de Brahms _ par sa structure même en quatre mouvements et sa longueur. Elle s’ouvre Allegro par quelques mesures exacerbées précédant une ample plage mélodique que se partagent les deux instruments : tout ici se meut, avec intensité, voire gravité. L’Adagio et l’admirable Cantabile déploient une texture fluide, fine, quasi immatérielle où vibrent des sons étranges, des reflets irisés, des frissons en allés. Le Presto final confirme que la compositrice a relevé le défi, non en déjouant Brahms, mais en se confrontant à lui » _

par Gwenaëlle Burel et Kilian Mondot, piano, Julie Boissel-Trunde, Anggraini Tumino et Marie Morelle, violon 

_ »Les Jardins du possible« , de 2022, des mélodies pour voix moyennes et piano, sur des poèmes de Dominique Sampiero

par Annie Suck Gao, Lauriane Mathet, Margaux Vannicatte et Samuel Rouveure, voix, et Nicolas Contamine, Daiki Abe et Maximilien Wang, piano

_ et « Siguiriya« , de 2022, pour un ensemble de cordes _ au nombre ici de 24 : je les ai comptés, et en très grande majorité des violons… _ (d’une durée d’environ 11′), en guise de feu d’artifices final, très réussi, de ce magnifique concert,

par le Labo Violons du Conservatoire…

Un grand bravo aux interprètes, très engagés en leur interprétation, et à leurs professeurs, qui les ont fait travailler _ et très bien préparés _, avec tant de justesse et efficacité musicales : ce qui est bien l’essentiel d’une vraie formation musicienne…

Graciane Finzi,

une compositrice qui assurément retiendra désormais ma curiosité et mon oreille…

Ce vendredi 30 juin 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Pour écouter au mieux « les pianos de Lenny » Bernstein, un très sagace article de l’attentif intensif Jean-Charles Hoffelé

11nov

Face à un très copieux coffret de CDs 

_ tel ici le magnifique coffret de 11 CDs Leonard Bernstein, the pianiste, le coffret Sony Classical 88985483792 _,

un article d’un critique sagace

_ bien érudit et surtout le plus juste possible en ses précises appréciations ! _

est plus que bienvenu et utile :

quasi nécessaire,

même s’il ne s’agit, bien sûr, jamais de le suivre aveuglément

_ ou plutôt ici sourdement ! _,

mais de toujours faire preuve, sans jamais les abdiquer,

de son propre goût

et discernement !

C’est ici

qu’un excellent attentif intensif

tel que peut l’être à son ordinaire un Jean-Charles Hoffelé

est d’un apport magnifique

pour l’acuité

de notre propre oreille !

Quitte à ne pas partager à l’occasion son appréciation…

Bien sûr,

en cette année 2018

du 100 ème anniversaire de la naissance

le 25 août 1918, à Lawrence (Massachusetts) _,

de Lenny,

 l’aficionado de Bernstein que je suis

n’ai pas manqué de me précipiter

chaque fois

sur les divers coffrets de ré-éditions des enregistrements discographiques

du merveilleux Lenny.


Dont ce coffret-ci de 11 CDs

Leonard Bernstein the pianist !

Eh bien,

voici ce très sagace article

Les Pianos de Lenny 

tel que Jean-Charles Hoffelé nous l’offre ce dimanche du 11 novembre

sur son excellent site

Discophilia. Les chroniques de Jean-Charles Hoffelé :

LES PIANOS DE LENNY

Comme Herbert von Karajan, Leonard Bernstein fut d’abord pianiste, mais le demeura au long de sa carrière, mettant son clavier au secours des chanteurs, se produisant en musique de chambre ou en soliste, mais aussi expliquant aux gamins, devant la caméra comment l’objet musical fonctionne _ tout cela !

Ce piano laboratoire _ exploratoire _ était souvent peu soucieux du texte, Bernstein jouait à vue, même pour ses chanteurs qu’il n’hésitait pas à malmener d’enthousiasme – la section passionnée de La Vie antérieure le voit presser sans vergogne le débit vieilli de sa chère Jennie Tourel, l’album Brahms avec Christa Ludwig, superbe d’élan, mais tout de même bucheronné du clavier _ tiens, tiens…

En musique de chambre et au studio, il savait être à la fois inspiré et exact comme l’illustre un immortel Quintette de Schumann avec les Juilliard, mais plus extraordinaire encore, c’est tout l’orchestre de Mahler qu’il fait entrer dans son piano pour l’un des plus inspirés disques de Dietrich Fischer-Dieskau, y ajoutant un théâtre insensé lors d’un Knaben Wunderhorn capté en public à VienneWalter Berry et Christa Ludwig se déboutonnent, fabuleux moment _ car c’est de toujours de moments uniques qu’il s’agit bien : et parfois, instants de grâce magiques, les dieux sont présents et nous assistent !


Le pianiste et compositeur Leonard Bernstein à la MacDowell Colony – Photo : © DR

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Et le concertiste ? Un transcendant 17e Concerto de Mozart, libre comme l’air, en dit assez long sur son cantabile qui n’oubliait jamais le rythme _ en effet ! sa pulsation est bien fondamentale ! _, son Concerto en sol de Ravel – deux versions ici, la première avec le Philharmonia est à peu près une horreur, la seconde avec le Columbia Symphony une étude de jazz – est passé à la postérité, mais le live à Paris _ in le superbe et indispensable, lui aussi, coffret Leonard Bernstein An American in Paris, le coffret Warner Classics de 7 CDs Warner 0190295689544 _ les éclipse tous deux _ mais oui !

Quelques merveilles absolues et oubliées : I Hate Music! avec Blanche Thebom en 1949, les Chants et Danses de la mort et la Shéhérazade avec Tourel. Hélas, il est trop tard pour elle lors du récital à Carnegie Hall le 2 mars 1969, ce qui n’empêche pas de pouvoir y prendre bien du plaisir – les Satie ! Mais le plus étonnant reste pour moi le Quatuor en sol mineur de Mozart avec les Juilliard. Ecoutez seulement !

LE DISQUE DU JOUR


 

 

 

 

 

 

 

 

Leonard Bernstein
The Pianist

Ludwig van Beethoven(1770-1827)
Concerto pour piano et orchestre No. 1 en ut majeur, Op. 15
Leonard Bernstein
(1918-1990)
Seven Anniversaries
Afterthought – Study for the Ballet “Facsimile”
I Hate Music (2 versions)
La Bonne cuisine
Marc Blitzstein (1905-1964)
Dusty Sun
Johannes Brahms (1833-1897)
Zigeunerlieder, Op. 103
Liebestreu, Op. 3 No. 1
Ruhe, Süssliebchen, im Schatten, Op. 33 No. 9
Von ewiger Liebe, Op. 43 No. 1
Die Mainacht, Op. 43 No. 2
eldeinsamkeit, Op. 86 No. 2
Sapphische Ode, Op. 94 No. 4
Der Tod, das ist die kühle Nacht, Op. 96 No. 1
Immer leiser wird mein Schlummer, Op. 105 No. 2
Ständchen, Op. 106 No. 1
Mädchenlied, Op. 107 No. 5

Dimitri Chostakovitch (1906-1975)
Concerto pour piano et orchestre No. 2 en fa majeur, Op. 102
Aaron Copland (1990-1990)
Sonate pour piano
Claude Debussy (1862-1918)
Fêtes galantes, Livre I, L. 80
Henri Duparc (1848-1933)
La Vie antérieure
George Gershwin (1898-1937)
Rhapsody in Blue
Franz Liszt (1811-1886)
Oh! Quand je dors, S. 282
Gustav Mahler (1860-1911)
Des Knaben Wunderhorn
Rückert-Lieder
Lieder und Gesänge aus der Jugendzeit
Phantasie aus Don Juan
Erinnerung
Ich ging mit Lust durch einen grünen Wald
Frühlingsmorgen
Lieder eines fahrenden Gesellen
Modeste Mussorgski (1839-1881)
Chansons et danses de la mort
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Concerto pour piano No. 15 en si bémol majeur, K. 450
Concerto pour piano No. 17 en sol majeur, K. 453
Concerto pour piano No. 25 en ut majeur, K. 503
Concerto pour trois pianos et orchestre en fa majeur, K. 242
Quatuor pour piano, violon, alto et violoncelle en sol mineur, K. 478
Jacques Offenbach (1819-1880)
O mon cher amant (extrait de « La Périchole »)
Ah! Quel dîner (extrait de « La Périchole »)
Francis Poulenc (1899-1963)
Air vif, FP 46/4
Banalités, FP 107 (2 extraits : No. 2, Hôtel ; No. 4, Voyage à Paris)
Ce (No. 1, extrait des “Deux poèmes de Louis Aragon, FP 122 »)
Sergei Rachmaninov (1873-1943)
Oh, cease thy singing (No. 4, extrait des “6 Romances, Op. 4”)
Maurice Ravel (1875-1937)
Concerto pour piano et orchestre en sol majeur (2 versions)
Shéhérazade
Erik Satie (1866-1925)
La statue de bronze
Daphénéo
Le Chapelier
Robert Schumann (1810-1856)
Quintette pour piano et cordes en mi bémol majeur, Op. 44
Liederkreis, Op. 39
Richard Strauss (1864-1949)
Allerseelen, Op. 10 No. 8
Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893)
Die Nacht (No. 9, extrait des “12 Romances, Op. 60”)
Romances, Op. 16 Nos. 1 & 2
Jours sombres (No. 5, extrait des “6 Romances, Op. 73”)
Zabyt tak skoro, TH 94

Leonard Bernstein, piano, direction
Jennie Tourel, mezzo-soprano
Dietrich Fischer-Dieskau, baryton
Christa Ludwig, mezzo-soprano
Walter Berry, baryton-basse
Blanche Thebom, mezzo-soprano
Arthur Gold, piano
Robert Fizdale, piano
Juilliard String Quartet
Columbia Symphony Orchestra
New York Philharmonic
Israel Philharmonic Orchestra
Philharmonia Orchestra

Un coffret de 11 CD du label Sony Classical 88985483792

Photo à la une : © DR

 

Ce dimanche 11 novembre 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa

Le « sublime » de Marc-Antoine Charpentier + la question du « déni à la musique », en France

02fév

A propos du « charme » _ « sublime » ! _ de la musique française en général,

et de Marc-Antoine Charpentier _ et le CD « Motets pour le Grand Dauphin » (CD Alpha 138) , en particulier _,

ce simple (petit) échange de correspondance,

avec Aurélien Delage, professeur de clavecin au Conservatoire national de Région de Bordeaux :

De :   Aurelien Delage

Objet : RE: A propos du style français
Date : 1 février 2009 23:23:31 HNEC
À :   Titus Curiosus

Cher Monsieur,
Merci pour votre message.
Je vois que nous avons le même sentiment au sujet du disque « Méditations sur le carême« … sublime !
bien cordialement,
Aurélien

En réponse à mon envoi:

To: Aurelien Delage

Subject: A propos du style français
From: Titus Curiosus

Date: Sun, 1 Feb 2009 06:42:18 +0100

2 articles
pour donner un peu envie d’aller prêter l’oreille
autour du style français
aux XVII & XVIII èmes siècles _ et même après…
:

« Le charme intense de la musique de style français (suite) : avec des oeuvres de Marc-Antoine Charpentier et Georg-Philip Telemann »

et
« Douceur (de la musique) française _ ou pas« 


Même si cela ne creuse pas assez loin…

En tout cas, le sujet me passionne,
autant qu’il me charme…

Reste qu’il semble assez difficile d’intéresser (les autres) à la musique en France ;
que la musique suscite souvent une sorte de fermeture a priori (un refus, un déni) des oreilles : c’est un comble !


Titus

Et ma réponse, ce matin :

De :   Titus Curiosus

Objet : le « sublime » des « Méditations sur le carême » de Marc-Antoine-Charpentier par l’Ensemble Pierre-Robert et Frédéric Desenclos
Date : 2 février 2009 06:06:04 HNEC
À :   Aurelien Delage

Cher Aurélien,

Merci  de ce tout simple acquiescement au mot « sublime » pour ce CD et/ou cette musique de Charpentier :

la finalité de ce blog « En cherchant bien »

étant de partager des enthousiasmes vrais,
je veux dire non mercantiles…

Comme pouvait le faire la merveilleuse émission de Claude Maupomé « Comment l’entendez-vous ? »
sur France-Musique,
dont parle (très bien) François Noudelmann dont son « Toucher des philosophes _ Sartre, Nietzsche, Barthes au piano »
en son chapitre sur Roland Barthes
et son (ou ses) émission(s) à propos de Schumann.

Alors que Barthes parlait moins de Chopin
et encore moins de Ravel _ qu’il vénérait…

Barthes aurait été aussi un passionnant claveciniste…

Je vous recommande ce livre ;
et la venue de François Noudelmann
à la librairie Mollat
est en train de s’envisager…
Je vous en tiendrai au courant.

J’évoque l’importance d’une telle émission _ que « Comment l’entendez-vous ? » _  sur le partage du goût pour la musique
dans mon article sur ce livre de Noudelmann : « Vers d’autres rythmes : la liberté _ au piano aussi _ de trois philosophes de l’”exister

ainsi que dans d’autres articles auparavant,
à propos des _ sublimes aussi ! _ « Quatuors » de Lucien Durosoir (CD Alpha 125) :

« Musique d’après la guerre »

et de ma correspondance ensuite à propos de l’œuvre de Lucien Durosoir :

« de la critique musicale (et autres) : de l’ego à l’objet _ vers un “dialogue” »

ou d’autres articles encore sur la musique,
il faudrait chercher un peu…

Jacques Merlet, lui aussi, demeure, par son talent et ses enthousiasmes passionnants si communicatifs,
quelqu’un d’irremplaçable et irremplacé, hélas, aussi, sur France-Musique…

J’étais venu, avec Jean-Paul Combet, lui rendre visite lors de sa rééducation à La-Tour-de-Gassies, il y a quelques années ;
et je sais aussi qu’il va aussi bien que possible en pareille situation…

Claude Maupomé étant de Talence ;
et Jacques Merlet de Sainte-Foy-la-Grande : des bordelais ! du pays de Montaigne !…

Et pour terminer sur les « Vêpres pour le carême » de Charpentier,
je peux ajouter que le CD Alpha de Frédéric Desenclos s’est réalisé (un peu !) grâce à mon enthousiasme :

invité à Arques afin de présenter, en avant-concert, le concert de l’ensemble Pierre-Robert consacré à cette musique
_ par une conférence-présentation de « la musique française religieuse au XVIIème siècle » _,
et sous son charme profond (sublime, en effet !!!), alors et depuis,
j’avais exprimé à Jean-Paul Combet mon puissant désir de voir ce programme enregistré au disque (par Alpha !)
_ ce qui au départ n’avait pas été prévu !..

Ainsi, aussi, qu’à Catherine Cessac : pour voir ce que son association Charpentier, ou le CMB de Versailles,
pouvaient éventuellement faire,
pour qu’advienne cet enregistrement…

Et le CD est advenu ; et vous savez sa beauté…

Jean-Paul Combet m’ayant annoncé le nouveau CD Charpentier/Pierre-Robert/ Desenclos
« Motets pour le Grand Dauphin » (CD Alpha 138)
comme un sommet discographique (et musical),
j’étais en grand appétit…

Je dois vous dire toutefois que le charme (ou peut-être tout simplement l’alchimie des timbres) des chanteurs jouant sur ma réception sensitive,
je demeure très personnellement un tout petit peu plus « attaché » aux « Méditations du carême« …
Mais je réécoute beaucoup ce nouveau CD Charpentier…

Que va-t-il advenir de l’Ensemble Pierre-Robert
maintenant que vient à échéance l’aide-soutien de la Fondation Orange ?

Beaucoup de formations musicales s’inquiètent de leur devenir
en cette période de restrictions budgétaires tous azimuts…

Alors un Ensemble consacré à ce charme si subtil de la musique française !..
Les Anglais _ qui aiment sans doute le plus au monde cette musique _
n’étant pas en meilleure situation financière…

Bien à vous,
et avec tous mes encouragements, encore, pour votre beau et important travail,

Titus Curiosus


Titus Curiosus, ce 2 février 2009

Post-scriptum :

Et encore cette réaction de Jean-Paul-Combet

à ce que je qualifiai du « déni » (des oreilles) « à la musique« , en France :

« D’après toi, pourquoi ce déni ?« …


Une question de fond, en effet,

et qui demande un surcroît de réflexion _ personnelle et collective _, et de débat _ à partager… :

aussi, me permets-je de la proposer au débat, cette question,

aux lecteurs de ce blog :

pourquoi la musique suscite-t-elle tellement moins d’attrait, en France, que la littérature, les essais, ou que les Arts plastiques ?..

pourquoi nous prend-elle, nous, Français, tellement, et si continûment, en notre Histoire, à contrepied ?..

nous qui, un temps, avions tant aimé danser ? et chanter, pourtant ?..


Voilà ma question aux lecteurs…

Au pays du off shore : l’élan du port de voix ; ou la vérité du style…

25nov

Sur « Voix off » de Denis Podalydès, au Mercure de France,

dans la (très) belle collection « Traits et portraits« , de Colette Fellous

(avec photos ; cf déjà ses très beaux « Tuiles détachées« , de Jean-Christophe Bailly ;

et « La première main« , de Rosetta Loy)…

_ avec un CD de 14 plages de textes, dits par Denis Podalydès lui-même

et bien d’autres (et quelle anthologie sonore !!!) :

Jean Vilar , Gérard Desarthe, André Dussolier, Jean-Louis Trintignant, Pierre Reverdy, Daniel Mesguich, Michael Lonsdale, Roland Barthes, Sarah Bernhardt, Michel Simon, Charles Denner, Marcel Bozonnet, Richard Fontana, Ludmila Mikaël, Christine Fersen, Jean-Luc Boutté, Eric Elmosnino, Orson Welles & Fernand Ledoux, Pierre Mendès-France, Coluche, Guy Lux, Roger Lanzac, Valéry Giscard d’Estaing, Jean Cocteau, Paul Claudel, Paul Léautaud, Gérard Philipe, Michel Bouquet, Jacques Weber et Bruno Podalydès… ;

et, accessoirement, prix Fémina de l’Essai 2008…

« Est-il, pour moi, lieu plus épargné, abri plus sûr, retraite plus paisible,

qu’un studio d’enregistrement ?

_ énonce tranquillement, en ouverture de ce livre (et disque), l’acteur diseur (lecteur) Denis Podalydès…

Enfermé de toutes parts, encapitonné, assis devant le seul micro, à voix haute _ sans effort de projection, dans le médium _, deux ou trois heures durant,

je lis les pages d’un livre.

Le monde est alors _ féériquement _ celui de ce livre.

Le monde _ tout entier _ est _ miraculeusement _ dans le livre.

Le monde est le livre.

Les vivants que je côtoie, les morts que je pleure, le temps qui passe, l’époque dont je suis le contemporain, l’histoire qui se déroule, l’air que je respire,

sont _ entièrement _ ceux du livre.

 J’entre _ sacralement _ dans la lecture« ,

s’ouvre

_ en beauté, et mystère, comme une cérémonie (un peu secrète) d’intronisation (à Éleusis) _

le livre, page 11 ;

et ces mêmes mots-là, et à plusieurs reprises,

soit avec (quelques) coupures,

soit avec de légères variantes,

vont revenir scander l’ouverture (ou la clôture) des divers chapitres

donnant à retentir et vibrer, à nouveau, toutes ces voix : pages 97, 153 et 219…


(…) 13 lignes plus loin, à la page 12 :

« Nacelle ou bathyscaphe,

le réduit sans fenêtre où je m’enferme _ pour l’enregistrement, en ce studio (ou studiolo)… _

autorise une immersion ou une ascension totales.

Nous

_ Denis Podalydès inclut en cette « expédition » et l’ingénieur du son et le directeur artistique (de l’enregistrement) _

descendons dans les profondeurs _ page après page, abyssales _ du livre,

montons dans un _ septième _ ciel de langue.

Je confie à la voix le soin _ = une ascèse… _ de me représenter _ furieusement, bien que tout soit tranquille _ tout entier.

Les mots écrits et lus me tiennent lieu _ métamorphose quintessentielle _ de parfaite existence. »

Et un tout petit peu plus loin, encore, page 14, le fin mot de tout ce « dispositif » :

« Mais de ma voix

_ Par l’odeur de la pluie m’était rendue _ en un « admirable tremblement du temps«  ! _

l’odeur des lilas de Combray,

par l’assourdissement des bruits dans la chaleur de la matinée,

la fraîcheur des cerises : quels délices ! _,

lisant les mots d’un autre _ Marcel Proust, en l’occurrence, pour ici

(« Combray » : l’ouverture de « La Recherche« , « Du côté de chez Swann« ) _

ceux d’un mort lointain _ le 18 novembre 1922 _,

dont la chair est anéantie _ peut-être bien… _,

mais dont le style,

la beauté de ce style,

fait surgir _ tel son pouvoir _

un monde _ oui ! _ d’échos, de correspondances et de voix vivantes _ ou le seuil ! _

par lesquelles je passe,

parlant à mon tour,

entrant dans ces voix _ soit la clé de la métamorphose ! _,

me laissant aller à la rêverie,

à l’opération précise d’une rêverie continue, parallèle et libre,

je sais que je parle,

je sais que c’est de moi qu’il s’agit,

non pas dans le texte,

bien sûr,

mais dans la diction

_ voilà l’opération de trans-substantiation qui, ici, donc, se livre _

de ces pages. »

Pour aboutir à cette ultime phrase, de l’ouverture,

et clé de tout ce « Voix off« , page 15 :

« Alors d’autres voix encore se font entendre,

dans la mienne.« 

Deux exemples, j’élirai, seulement :

d’abord,

celui d’une voix « personnelle » au récitant,

celle de « Mamie d’Alger«  _ Jeanne, la mère de son père (Jean-Claude Podalydès) ;

qui n’est même pas « la plus proche » de ses deux grand-mères ;

lui, Denis, se sentant bien davantage « du côté » des Ruat _ versaillais _, et de Mamie Odette :

« Elle parle lentement. Son accent pied-noir froisse, accroche chacune des syllabes qu’elle prononce. Discours patiemment élaboré, au discours toujours plus ralenti. La salive lui manque toujours. Phrases infiniment longues et détaillées. ses évocations ont une précision maniaque, dont Maman _ versaillaise, elle : côté Ruat ; et pas Podalydès _ gentiment se moque :

« Nous étions donc un lundi, lundi 23 février, il devait être neuf heures trente du matin, en tout cas il n’était pas dix heures, la température, je m’en souviens, était tout de même assez fraîche, tu me diras que c’est normal en février, Papi, le pauvre, ne s’était pas encore rasé, il se rase toujours au rasoir à main, tu le sais

_ l’histoire qu’elle raconte ne commence jamais avant l’inventaire de toutes les circonstances énonçables, infinies _ en effet !… _,  dont la mémoire ne lui fait jamais défaut _ ;

c’était la Saint-Lazare, je m’en souviens parce que Papi disait toujours, le pauvre, tu sais s’il était drôle, même s’il pouvait avoir des colères, mon Dieu, des colères ! Ton père a dû t’en raconter quelques unes, bon, je disais, oui, alors, bon, voilà, Papi disait qu’il était curieux de fêter les gares, de fêter celle-là particulièrement, alors qu’on ne fêtait pas la Saint-Montparnasse ! Tu comprends la blague, je pense, alors, nous étions donc le 23 février… »


L’histoire alors reprend à son début,

on s’aperçoit peu à peu qu’il n’y a pas d’histoire,

que l’histoire est ce qui précède _ en abyme(s) _ l’histoire,

que l’argument principal, par lequel, en principe, le récit a commencé depuis une vingtaine de minutes,

est perdu,

inexistant,

ou si maigre,

que sa venue enfin,

dans le cours des phrases,

ne sera pas même remarquée,

emportée _ comme chez Montaigne ! _ par les fioritures infimes et inutiles _ pas tout à fait, toutefois… _,

divisées à l’infini.


Et pourtant,

de sa voix asséchée de mélancolie et de médicaments,

ralentie par les menus détails, les regrets et lamentations sempiternels,

 elle m’en dit des choses«  : en effet ! pages 134-135…

Mon second exemple sera la voix de Roland Barthes (pages 201 à 204),

parmi les « Voix des morts« …


« On entend toujours affleurer ce qu’il désigne lui-même _ Roland Barthes _ sous l’expression l' »angoisse de délicatesse ».
La voix découpe les masses, ou plutôt les ensembles signifiants

en haïkus » _ page 201.

« Barthes échappe cependant à toute affectation.

Tout le long de ce cours  _ au Collège de France, sur le Neutre _

si précis dans la conduite de son propos

_ il faudra donc entendre qu’il y a une violence du Neutre _

malgré les sinuosités _ encore, aussi : Montaigne… _ de l’exposé

_ mais que cette violence est inexprimable _ ;

si scrupuleux dans la tension de ses paradoxes

_ qu’il y a une passion du Neutre, mais que cette passion n’est pas celle d’un vouloir-saisir _

si constamment anxieux d’échapper aux déterminations,

aux partis pris,

à toute voie trop droite

_ revoilà donc notre Montaigne ! _

mais plus encore aux attaques de sa profonde mélancolie,

dont les leçons successives révèlent le travail souterrain,

à laquelle il accorde sa place dans le système ;

et c’est peut-être à ce mélange de la mélancolie et de la méthode,

à cette acceptation d’un fond irrémédiable de tristesse dans la progression même de la pensée,

que la voix de Barthes doit sa beauté,

son phrasé généreux,

musical. » 


On voit combien l’oreille _ et la voix _ de Denis Podalydès a de justesse de générosité et de sens,

autant que de

musicalité…

Et je n’ai même pas encore écouté le CD !!!


L’écriture de Denis Podalydès est une exploration _ magnifiquement inspirée ! et de quelle justesse ! _
de ce que peut être « l’œuvre de voix »

_ c’est-à-dire l’œuvre de la voix _,
au premier chef des comédiens eux-mêmes,
et au théâtre, d’abord _ bien sûr ! _ ;

mais pas seulement d’eux ;

et elle constitue,
cette écriture même en ce livre
_ rare, et/ou peut-être même unique ! _,
un véritable « bréviaire »
théâtral
pour qui voudrait _ et voudra _ « retrouver »
ce que furent les « apports »
_ singuliers ! _ de quelques grands noms

désormais

_ car désormais _ sinon, bientôt… _ fantômes

hantant _ ou voués à « hanter »… _ rien que notre mémoire et notre nostalgie :

cf la page (page 90) consacrée au souvenir d’Annie Ducaux :

« époque où l’on s’évanouit, où l’on se pâme, en écoutant une tirade d’« Athalie«  _ C’était pendant l’horreur d’une profonde nuit _ ;
époque dont Annie Ducaux, voix noble, drapée
_ Ma mère Jézabel devant moi s’est montrée _
aisée, rythmée, _ Comme au jour de sa mort pompeusement parée _
capable de frapper le dernier rang de spectateurs _ J’ai senti tout à coup un homicide acier _ d’une violence inouïe qui les transperce plus vivement que le gel _ Que le traître en mon sein a plongé tout entier _,

époque révolue, dis-je,

dont Annie Ducaux est _ on note, ici, l’usage du présent ! _ peut-être la dernière manifestation vocale«  (page 91) ;

maintenant que non seulement

le moment de la « représentation »
_ ou « performance« , comme cela se dit en anglais ;

et « performance » sur la scène même, sur les « tréteaux » dressés _,
a passé

_ mais ce n’est rien là que la loi (de l’éphémère !) du spectacle vivant, hic et nunc, ce soir-là, sur cette scène-là ; et pas le lendemain, ni la veille, « au théâtre » !..  ;

et que le temps a fait son œuvre ;

et, pire que le temps,
la « maladie de la mort », aussi ;

et son fruit

_ qui tout à la fois va germer,

nous nourrir,

et pourrir…

Mais c’est ce qu’il nous faut _ et vite ! _ apprendre de la vie,

que cet « éphémère »-ci ;

et « lui rendre grâce »,

comme le fait (notre) Montaigne…


Ainsi,
Denis Podalydès a-t-il des pages bouleversantes
sur son souvenir vivant
_ ô combien ! et comment ! _
de comédiens en de derniers moments sur la scène,

ou ailleurs :

un tournage de cinéma,
ou même croisé en quelque rue :

tels que Richard Fontana (« il joue « La Fausse suivante » à la Comédie-Française« , page 94),
et Jean-Luc Boutté (« à quelques pas de moi, sur le tournage de « Mayrig« , où je fais un petit rôle » :
« il attend immobile, sans un mot ni regard. Je scrute son décharnement, sa patience, sa souffrance irradiante et mutique » (page 94, aussi) ;

ainsi que quelques _ « grands » _ autres (Gérard Philipe, Bernard Blier, page 93),
déjà…

De plus longs passages, plus loin, seront consacrés aux voix _ en action _ de ces mêmes Richard Fontana et Jean-Luc Boutté, sur la scène ;

comme
à la voix d’Éric

_ le frère de Denis, de Bruno, de Laurent Podalydès _,
suicidé « le 10 mai 1997 » (pages 144 à 147) ;

ou comme
aux « Voix des toreros« 
,

« Voix sans voix« ,

car
« nuit fait homme
il

_ le torero José Tomás , « le 10 septembre à Nîmes« , en 2007 _ ;

il appelle les taureaux d’un souffle. Ce même souffle que l’arène retient. Silence médusé. La respiration du taureau. Halètement. Ce va-et-vient du poitrail.
José Tomás avance la main. Regard du taureau. Saisi, tenu. Flexion du poignet. Ondulation de la muleta. Appel, absence de voix. Charge.
Le taureau entre dans l’illusion, la voilure fuyante du leurre. Navigation de la bête, ralentie, allégée. Courbe. Absence de voix.
Toujours du silence au principe de chaque mouvement.
« 

Etc… : encore 13 lignes…

C’est magnifique : parce que juste ! (aux pages 147-148).

Chapeau ! Monsieur le regardeur-écrivain !..

Ou

l’œil d’un artisan praticien, probe ;

et maître artiste,

simplement…

Merci…

Titus Curiosus, ce 25 novembre 2008

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