Posts Tagged ‘Pisendel

Un nouvel enthousiasmant CD de Zefiro et Alfredo Bernardini : « Grand Tour a Venezia _ Heinichen Lotti Pisendel Veracini Vivaldi Zelenka », le CD Arcana A 534

22déc

Alfredo Bernardini, hautboïste _ je l’avais découvert et admiré vivement lors de Masterclasses, chez Philippe Humeau, à Barbaste _, dirige avec brio, panache, vivacité et élégance son toujours excellent Ensemble : Zefiro.

Et voici que, de Zefiro et Alfredo Bernardini, paraît un nouveau CD Arcana, A 534,

qui nous offre un très beau programme autour des rapports entre la cour de Saxe (et ses musiciens : Pisendel, Heinichen, Zelenka)

et la Cité de Venise (avec Vivaldi, Veracini, Lotti).

 

Voici ce que dit de ce très beau CD, sur le site de Crescendo, Christophe Steyne,

en un article du 17 décembre dernier, intitulé « Influence croisée entre Venise et la cour de Dresde : Zefiro tire un feu d’artifice » :

Influence croisée entre Venise et la Cour de Dresde : Zefiro tire un feu d’artifice !

LE 17 DÉCEMBRE 2022 par Christophe Steyne

Grand Tour a Venezia.

Francesco Maria Veracini (1690-1768) : Ouverture no 6 en sol mineur. Georg Pisendel (1687-1755) : Concerto pour violon no 2 en ré majeur JunP I.7. Antonio Lotti (1667-1740) : Sinfonia de l’opéra Ascanio. Johann David Heinichen (1683-1729) : Concerto pour deux hautbois en mi mineur Seibel 222. Jan Dismas Zelenka (1679-1745) : Ouverture a 7 concertanti en fa majeur ZWV 188. Antonio Vivaldi (1678-1741) : Concerto per l’orchestra di Dresda en sol mineur RV 577.

Zefiro. Alfredo Bernardini, direction et hautbois. Paolo Grazzi, hautbois. Lorenzo Cavasanti, Emiliano Rodolfi, flûte à bec. Alberto Grazzi, basson. Cecilia Bernardini, Claudia Combs, Ayako Matsunaga, Monika Toth, Rossella Croce, Ulrike Fischer, Isotta Grazzi, Matilde Tosetti, violon. Stefano Marcocchi, Teresa Ceccato, alto. Gaetano Nasillo, Sara Bennici, violoncelle. Riccardo Coelati Rama, violone. Francesco Corti, clavecin, positif. Evangelina Mascardi, luth.

Mai 2021. Livret en anglais, français, italien. TT 66’11. Arcana A534

Survivance et prolongement de la peregrinatio academica, le voyage d’initiation que les jeunes gens de l’aristocratie _ d’abord anglaise, puis, plus largement, européenne _ devaient effectuer dans les hauts-lieux de la culture européenne _ en Italie, tout particulièrement… _ contribuait à la formation politique et artistique des élites. C’est dans ce cadre pédagogique que Frédéric-Auguste Ier de Saxe (1670-1733) envoya en 1716 son fils à Venise pour son Cavaliertour, qui dura six mois. L’orchestre de la Cour de Dresde attirait les meilleurs musiciens de l’époque ; Frédéric-Auguste II (1696-1763) en emmena quelques-uns lors de son séjour dans la cité sérénissime, qui accueillait quelques compositeurs natifs (comme Vivaldi ou Lotti) ou de passage (Veracini, né à Florence et devenu organiste de la Basilique San Marco, Heinichen arrivé de Leipzig). Ce brassage marqua les œuvres, tant leur style que leur facture, stimulée par les brillants virtuoses de la Cour saxonne, tel le hautboïste Johann Christian Richter qui inspira au Prete rosso ses créations pour anches les plus ardues _ voilà. Certains compositeurs se plièrent au goût de cette Cour _ polono-saxonne… _, que séduisait le style français. D’autres y furent même ensuite invités, comme Heinichen que le fils ramena avec lui, mais aussi Lotti convié par Auguste le Fort l’année suivante, puis Veracini en 1720.

C’est cet extraordinaire réseau d’échanges et d’émulation qu’illustre le présent album _ voilà _, lançant un pont entre Dresde et Venise, et révélant les influences croisées entre ces deux majeurs foyers artistiques. Parfois sous forme d’hommage revendiqué, ainsi le Concerto per l’orchestra di Dresda où l’auteur des Quatre Saisons exploite un vertigineux laboratoire a molti strumenti (deux flûtes, deux hautbois, basson, cordes) conclu par un impétueux allegro. La même ivresse s’empare de l’étourdissante Folie qui parachève l’Ouverture a 7 concertanti de l’excentrique _ génialissime _ Zelenka, le fantasque Bohémien !

Le programme compte aussi un Concerto pour deux hautbois d’Heinichen, qui abondera le répertoire de la Cour par divers opus poly-instrumentaux, auxquels Reinhard Göbel consacra un remarquable double-album (Archiv, 1992). Le style français prisé par August der Starke est sensible dans la Sinfonia de l’opéra Ascanio ; or l’on s’étonne un peu que ce CD ait choisi celle des six Ouvertures de Veracini qui corresponde le moins à cette dilection. Le Concerto pour violon de son industrieux rival Georg Pisendel (une dissension qui poussa son confrère italien à se défenestrer !) révèle certes la diversité des faveurs musicales en vogue dans la « Florence de l’Elbe », dont témoigne le Gemischter Stil.

Depuis les vinyles de Nikolaus Harnoncourt, la discographie et les concerts viennent périodiquement enrichir l’hommage à cette Hofkapelle qui, jusque la Guerre de Sept ans, put resplendir aux oreilles des Princes-Électeurs de Saxe et souverains de Pologne _ voilà. Un récent _ superbe ! _ CD d’Alexis Kossenko à l’Abbaye de Royaumont _ le CD Aparté AP 258 _ en revigorait le faste par des moyens gargantuesques. Peut-être moins gourmand, d’un trait plus sec qui resserre la trame rythmique et aiguise les lignes, Alfredo Bernardini et son incisif _ oui : ultra-vivant ! _ ensemble Zefiro font ici assaut de tout le zèle imaginable. Des phrasés expressifs quoique drus arment une interprétation aussi précise que chatoyante. Des vertus augurées dans un récital « Dresden » enregistré en novembre 2016 pour le même éditeur _ le CD « Dresde 1720«  Arcana A 438 _, dans une veine chambriste. Tous les coups sont permis pour faire revivre l’éclat et le théâtre _ voilà _ de ces pages. On ne saurait distinguer un pupitre ou un moment tant le travail d’équipe signe un triomphe collectif _ oui, comme il se doit pour ces concerti con  molti istromenti On en sort épaté. La captation dynamique et haute en couleurs _ oui _  achève de nous combler. Admirable de bout en bout _ tout à fait ! Il y a deux ans au Réfectoire des moines, l’attelage Les Ambassadeurs / La Grande Écurie dressait une table de rois. Zefiro tire aujourd’hui le feu d’artifice qui magnifie ce festin.

Son : 9 – Livret : 9,5 – Répertoire : 9-10 – Interprétation : 10

Christophe Steyne

À comparer aussi avec les très récentes étincelantes réussites de Julien Chauvin (et son Concert de la Loge) et Amandine Beyer (et ses Gli Incogniti) en ce même brillantissime répertoire…

Ce jeudi 22 décembre 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

 

Musiques de joie : la bonne humeur égale de l’ami Telemann, et la vivante compagnie de sa Musique de table, en 4 généreux CDs

04avr

Ce samedi très ensoleillé de début avril,

je reviens à l’excellente compagnie _ à la fois paisible et tonique : vivante ! _

de l’ami Telemann :

il n’est certes pas du genre à se pousser du col _ jamais ! _,

et sait très amicalement _ humainement ! _ varier les plaisirs musicaux qu’il nous donne.

Telemann a ainsi quelque chose de l’ami Jean de La Fontaine… 

J’ai donc opté aujourd’hui pour son recueil de plus de 4 heures de musique

_ Telemann est aussi un généreux ! _,

en 3 « Productions« , de musique de table,

Tafelmusik,

publié, en souscription, à Hambourg en 1733

_ et 206 personnes souscrivirent, parmi lesquelles, à Dresde, Pantaleon Hebenstreit et Johann Georg Pisendel, à Berlin, Johann Joachim Quantz, à Paris, Michel Blavet, et à Londres Händel _ :

chacune de ces « Productions » comportant

_ je cite in extenso le titre de la publication originale _

« une Ouverture avec la Suite à 7 instruments,

un Quatuor,

un Concert à 7,

un Trio,

un Solo,

et une Conclusion à 7,

et dont les instruments se diversifient par tout ;

composée par George Philipp Telemann,

Maître de Chapelle de L. A. S. le Duc de Saxe-Eisenach, et le Margrave de Bayreuth ;

Directeur de la Musique à Hambourg« .

Et j’alterne à l’écoute deux interprétations

de ma discothèque,

toutes deux publiées _ je le note _ en 1989 :

le quadruple album _ Teldec 8.35670 244 688-2 _ du Concentus Musicus Wien,

sous la direction de Nikolaus Harnoncourt,

et le quadruple album _ Archiv 427619-2 _ du Musica Antiqua Köln,

sous la direction de Reinhard Goebel.

Et je regrette au passage que l’excellent ensemble Florilegium

ne nous ait pas encore gratifiés d’une intégrale de cette Tafelmusik !

Telemann est un ami de la meilleure compagnie _ la plus humaine… _ qui soit :

d’humeur égale et toujours bienveillante ;

en une œuvre constamment vivante, ouverte et variée.

Ce vaste _ et ordonné _ recueil

modestement intitulé « Musique de table« 

est d’un constant régal,

en sa variété superbement accomplie

de « goûts réunis« …

Ce samedi 4 avril 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Chercher sur mollat

parmi plus de 300 000 titres.

Actualité
Podcasts
Rendez-vous
Coup de cœur