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Un nouveau passionnant travail ravélien du chef anglais John Wilson et son orchestre Sinfonia of London : la Suite d’orchestre « Le Tombeau de Couperin », associé au « Divertimento » Op. 18 (de 1943) de Lennox Berkeley, et la « Symphony n°3″ (de 2021) d’Adam Pounds ; ou d’un certain héritage orchestral ravélien et de l’éthique musicale de la lisibilité…

20avr

Suite aux CDs Chandos « Ravel – Ma Mère l’Oye – Bolero – première recording of original Ballets«  _ Chandos CHSA 5280, enregistré à Londres le 9 janvier 2020 et du 30 août au 1er septembre 2020 _

et « Ravel – Daphnis et Chloé – Complete Ballet«  _ Chandos CHSA 5327, enregistré à Londres du 7 au 9 décembre 2022 _,

auxquels j’ai consacré mes articles « « 

et « « 

des 1er septembre 2022 et 4 avril 2024,

voici que je viens de recevoir le CD « Ravel – Berkeley – Pounds – Orchestral Works » _ Chandos CHSA 5324, enregistré à Londres du 22 au 24 novembre 2022, soit à peine quinze jours avant le CD « Daphnis et Chloé » CHSA 5327…  _ de John Wilson et son orchestre Sinfonia of London _ regarder ici cette brève mais éloquente vidéo (de 1’41) d’un extrait du superbe Rigaudon de la Suite d’orchestre composée par Ravel zn 1919 d’après son Tombeau de Couperin pour piano, une pièce dédiée aux frères Pierre et Pascal Gaudin (nés à Saint-Jean-de-Luz respectivement le 7 février 1878 et le 31 janvier 1883), décédés ensemble au champ d’honneur le 12 novembre 1914, frères de la très chère amie luzienne de Maurice Ravel, Marie Gaudin ;

sur les liens y compris familiaux entre Maurice Ravel avec les Gaudin et Courteault de Saint-Jean-de Luz, cf par exemple mes articles « «  et « «  des 17 et 18 août 2022…  _,

un CD que je m’étais empressé de commander à mon disquaire préféré, suite à ma lecture, le 19 mars dernier, de l’article de Pierre-Jean Tribot « Ravel en miroirs anglais, entre mentors et disciples« , que voici _ avec mes farcissures _ :

.

Ravel en miroirs anglais entre mentors et disciples

LE 19 MARS 2024 par Pierre Jean Tribot

Ravel en miroirs anglais

..;

Maurice Ravel(1875-1937) : Le Tombeau de Couperin, M 68a ;

Sir Lennox Berkeley (1903-1989) : Divertimento en si bémol majeur pour orchestre ;

Adam Pounds (né en 1954) : Symphony n°3.

Sinfonia of London, direction : John Wilson. 2022.

Livret en allemand, anglais et allemand. 65’50’’. CHSA 5324.

Cet album propose une filiation musicale _ en l’occurrence ravélienne _ sur plusieurs générations. En ouverture, on y retrouve Maurice Ravel dont la musique séduisit le compositeur anglais Lennox Berkeley qui ambitionna d’étudier avec le compositeur français (ce qui ne se fit pas, mais Berkeley accepta d’aller suivre l’enseignement de Nadia Boulanger suivant le conseil _ diligenté _ de Ravel), Lennox Berkeley et Adam Pounds, lui-même élève  de Lennox Berkeley à la Royal Academy of Music. Pour des continentaux comme nous, les univers de Berkeley et Pounds nous sont _ certes ! _ très peu familiers, et on se plaît _ tout à fait ! _ à découvrir des mondes musicaux inspirés _ voilà, par la musique française.

L’interprétation du Tombeau de Couperin (1919) par John Wilson _ surprenante à la toute première écoute, comme tout renouvellement… _ est absolument exemplaire _ mais oui ! _ et elle réussit à allier l’énergie musicale _ oui _ avec une finesse du trait _ oui : voilà qui est excellemment dit : énergie musicale et finesse du trait. Les lignes mélodiques sont d’une parfaite lisibilité _ comme c’est indispensable pour tout ce qui touche au goût français, la lisibilité y est fondamentale ! _ et John Wilson soigne les nuances et les couleurs _ voilà. Saluons aussi la justesse des tempis _ oui _ qui permettent à la baguette du chef de mettre en avant la beauté _ hédoniste ! _ de l’orchestration ravelienne _ somptueuse… Cette interprétation, telle un diamant ciselé et scintillant _ et j’adhère tout à fait à cette métaphore… _, est l’une des plus belles de la discographie _ voilà ! _ par sa fraîcheur et ses lumières _ oui. John Wilson s’affirme _ oui _ comme l’un des plus grands ravéliens du moment _ rien moins !

Le Divertimento de Lennox Berkeley (1943) est dédié à Nadia Boulanger _ voilà. En quatre mouvements, il est à peine plus long que la partition de Ravel. On découvre une orchestration fine et racée _ oui _ qui témoigne d’une influence française par sa plastique aérée et mobile _ oui : d’une superbe fluidité ! _ mais avec un sens de l’orchestration brillant _ à la Ravel _ dans ses choix instrumentaux. C’est une musique narrative et riche en saveurs. Le livret nous apprend que la partition a été chorégraphiée en ballet, c’est une suite logique pour une musique illustrative et gorgée d’émotions suggérées _ et qui conforte la cohérence dans le suivi des choix d’œuvres à servir de John Wilson en sa discographie.

Adam Pounds fut l’élève de Berkeley et en tant que chef d’orchestre, il a dirigé le Divertimento de son professeur. La Symphonie n°3, d’une durée d’une demi-heure, a été composée pendant les confinements de la récente pandémie _ en 2021. La partition est dédiée à John Wilson et au SInfonia of London _ voilà. Le ton est plus sombre et dramatique dès les premières mesures de cette partition dense. La maîtrise de l’écriture en impose avec quatre mouvements bigarrés qui rendent hommage à Chostakovitch (valse tragique du second mouvement) ou à Bruckner (« Elegy » du second mouvement). La partition se caractérise par une motorique qui sert une énergie interne saillante _ oui _ alors que l’orchestration dévoile des timbres d’une grande subtilité en particuliers dans les pupitres des bois. Indéniablement cette symphonie est une grande œuvre de notre temps par son ton qui nous place en miroir des angoisses de notre époque _ voilà, voilà.

Tout au long de ce disque, il faut saluer l’engagement des pupitres _ voilà : et j’y suis très sensible, moi aussi : voir cette vidéo ! _ de l’excellent _ oui ! _ Sinfonia of London sous la baguette experte de John Wilson. Le son “qualité Chandos” _ et c’est tout à fait juste _ rend tous les aspects de ces musiques d’orchestre passionnantes et admirables _ oui, oui, oui. 

Son : 10 – Livret : 10 – Répertoire : 9 – Interprétation : 10

Pierre-Jean Tribot

Dans la vidéo de l’extrait du Rigaudon du Tombeau de Couperin que j’ai citée plus haut,

je remarque tout particulièrement la jeunesse et la vitalité _ l’engagement, dit Pierre-Jean Tribot… _ des membres du Sinfonia of London que dirige John Wilson…

Et la musique de Ravel mérite assurément cette vitalité.

Enfin, il me faut signaler que c’est tout spécialement sur le site du magazine belge Crescendo que j’ai rencontré cette curiosité et cette appréciation très laudative portées aux prestations du chef britannique John Wilson et son orchestre Sinfonia of London ; mes autres sites favoris demeurant, quant à eux, beaucoup plus discrets…

Au delà de l’intérêt de l’apport d’interprétations de très grande qualité, servies au disque par une très confortable, voire hédoniste, prise de son _ « qualité Chandos«  : dans ces divers excellents CDs Ravel du Sinfonia of London de John Wilson, je note que l’ingénieur du son est chaque fois Ralph Couzens… _,

élargir sa connaissance du répertoire de la musique est une vraie richesse pour le mélomane passionné et un tantinet curieux…

En tout cas, John Wilson _ né à Gateshead on Tyneside en 1972, il a aujourd’hui 52 ans _ est bien un chef à suivre.

Et le charme subtil et délié, intense et profond, de Ravel lui sied idéalement

Ce samedi 20 avril 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Pour une fois, un partage de déception et agacement, pour un CD passablement raté : le CD Hyperion « Notebooks for Anna-Magdalena » de Mahan Esfahani…

15mar

Il est rare que je prenne la plume pour dézinguer un CD qui me déçoit au point de passablemenl m’irriter…

Mais c’est hélas la cas pour le CD Hypérion CDA 68387 « Notebooks for Anna-Magdalena« , dont l’écoute au magasin m’avait scandalisé : comment un label de la qualité d’Hyperion avait-il bien pu autoriser la parution d’un tel CD, au son inaudible (!), qui ne rend en rien justice à ce si délicieux cahier de musique intime et familiale de la main de la seconde épouse, Anna-Magdalena, de Johann-Sebastian Bach ?..

Et si je me le permets,

c’est parce que je retrouve sous la plume de Christophe Steyne, pour le magazine Crescendo, à la date d’avant-hier 13 mars, en son article intitulé « Cahiers pour Anna Magdalena : bal des fantômes au logis du Cantor » ,

tout ce que j’avais éprouvé à l’audition irritée de ce CD…

Cahiers pour Anna Magdalena : bal des fantômes au logis du Cantor

LE 13 MARS 2024 par Christophe Steyne

Notebooks for Anna Magdalena. Oeuvres de Johann Sebastian (1685-1750), Carl Philipp Emanuel (1714-1788), Johann Christian (1735-1782) Bach, François Couperin(1668-1733), Gottfried Heinrich Stölzel (1690-1749), Johann Adolf Hasse (1699-1783).

Carolyn Sampson, soprano. Mahan Esfahani, clavicorde, clavecin. Juin 2021.

Livret en anglais, français, allemand.

TT 76’49.

Hyperion CDA68387

Après la parution chez le même label de plusieurs albums légitimement remarqués (Partitas, Toccatas…), Mahan Esfahani poursuit son parcours en Bach par la petite porte : les carnets pour la seconde épouse _ Anna-Magdalena _, datés de 1722 et 1725. Lesquels incluent principalement des pages du pater familias _ Johann-Sebastian _, mais aussi des jeunes membres de la fratrie _ des fils _, et d’autres compositeurs que la musicologie a progressivement identifiés, expliquant certaines mentions attributives. Le programme ici entendu s’avère conforme à l’inventaire de ces manuscrits. Malgré l’éviction des Partitas (BWV 827, 830), des Suites françaises (BWV 812-816) bien connues par ailleurs, et de certaines variantes de tonalité, l’essentiel est là, quasi exhaustif. On trouve même deux versions du Menuet BWV 841 & Anh 114, et du _ merveilleux ! _ Bist Du bei mir, chacun joué au clavecin et clavicorde.

Le parcours inclut les pages vocales, ici confiées à la soprano Carolyn Sampson, rappelant qu’Anna Magdalena était admirée comme chanteuse professionnelle auprès de la cour d’Anhalt-Cöthen. Même si une réputation domestique et didactique entoure ces deux recueils, et celle d’une simplicité d’exécution qui ne prétend pas au chef-d’œuvre, le livret du disque entend restituer un intérêt dégagé de toute misogynie à ces pages qui se pratiquaient dans le cercle familial : « ce ne serait pas si mal de nous essayer à la musique qu’ils considéraient assez dignes d’accompagner leurs pensées et actions les plus intimes ».

..;

Dans la discographie, quelques anthologies du Nötenbuchlein mêlaient clavier(s) et voix à un consort plus ou moins fourni : clavecin, orgue et viole (Gustav Leonhardt, Rudolf Ewerhart, Johannes Koch) autour d’Elly Ameling (Electrola DHM, 1966) ; clavecin, clavicorde, violoncelle (Nicolas McGegan, David Bowles) autour de Lorraine Hunt (Harmonia Mundi, 1991) ; luth, arpanetta, harpes, orgue, viole (Stephen Stubbs, Andrew Lawrence-King, Erin Headley) autour d’un panel de chanteurs (Teldec, 1991) ; clavecin et violoncelle (Luc Beauséjour, Sergei Istomin) autour de la soprano Karina Gauvin (Analekta, 1995) ; violon, viole, clavicorde, orgue positif, clavecin (Julien Chauvin, Christine Plubeau, Aurélien Delage, Olivier Baumont) autour d’Anne Magouët (Bayard, 2015).

Quant à lui, le présent enregistrement alterne un clavicorde d’après un exemplaire bavarois de Johann Heinrich Silbermann, et un clavecin de Miles Hellon (Londres, 1992) d’après Mietke. Dans un avertissement en page 11, teinté d’une ironie dont il cultive le malin plaisir au gré de la présentation de ses albums, Mahan Esfahani précise que l’art de Carolyn Sampson « est responsable de toute amélioration qui pût advenir dans mon jeu solo. Comme d’habitude, les insuffisances sont entièrement miennes ». Aucune insuffisance dans l’interprétation proprement dite, mais les deux instruments apparaissent aussi plats qu’insipides _ hélas ! hélas ! hélas ! _, et se trouvent encore miniaturisés par la prise de son _ indigentissime !!! Pâles spectres en perspective _ voilà…

Ces pages semblent alors émaner d’une fade boîte à musique _ en effet _, ce qui n’est pas pour extraire de l’insignifiante mignardise _ voilà ! _ le cortège de menuets, polonaises et autres musettes. Même la délectable Bergerie de Couperin devient un vain tripotage de fils de soie par une araignée neurasthénique _ ouaf, ouaf. En cette galerie de camées, la voix ample, délicate et suave de Carolyn Sampson, largement épanouie dans la réverbération, ne peine guère à s’imposer voire, par contraste, à se surexposer. Et même si le style cultive une humilité bienvenue. Heureusement, la mezza voce est de mise pour le Schaffs mit mir, Gott, sinon le clavicorde serait inaudible. Dommage que les louables intention et réalisation artistiques se trouvent mouchées par ces instruments si médiocrement captés _ voilà. Même dans l’optique da camera, cette réduction ectoplasmique ressemble trop souvent à une veillée un soir de chandelle morte. Le résultat déçoit, ennuie _ agace et irrite surtout _, et reflète une bien piètre image du foyer du Cantor, qu’on imagine laboratoire fertile et non futile _ voilà. Sur une thématique voisine, on reviendra _ bien _ plutôt aux _ excellentissimespénates de Francesco Corti (Arcana, 2020), autrement attrayantes _ et c’est même peu dire. Car ce nouveau CD, après Concerto nach italienischen Gusto que nous avions récompensé d’un Joker et qui crevait l’écran, ne passe hélas pas _ et même pas du tout _ la rampe.

Son : 4 – Livret : 9 – Répertoire & interprétation : 7

Christophe Steyne

Aller, et même courir, au délicieux CD « Little Books » _ le CD Arcana A 480 ; cf mon article « «  du 7 mai 2022 _ de l’admirable Francsco Corti.

Ce vendredi 15 mars 2024, Titux Curiosus – Francis Lippa

Elargir la connaissance de l’oeuvre musical d’Adriaen Willaert (suite 2) : de l’importance de l’interprétation, ainsi que du niveau de qualité de la performance dans l’interprétation elle-même, avec quelques exemples de concerts enregistrés, à Gand et à Venise, de l’excellentissime Ensemble Dionysos Now ! de Tore Tom Denys ; ou la transcendance ressentie d’une grâce miraculeuse…

06août

Toujours dans la continuité de mes précédents articles « « ,

« « ,

et «  » ,

je me propose de mesurer aujourd’hui, dimanche 6 août 2024,

non seulement l’importance considérable de l’interprétation de cette musique d’Adriaen Willaert, en l’occurence tout particulièrement par l’excellentissime ensemble vocal Dionysos Now! dirigé par Tore Tom Denys _ que j’ai découvert tout récemment, et par hasard, par le CD « Adriano 4« , le CD Evil Penguin EPRC 0054, ainsi que je l’ai narré en mon article du 3 août dernier : c’est le seul nom du compositeur, Adriaen Willaert, qui a retenu alors mon attention, et m’a fait demander d’écouter le CD , écoute qui m’a aussitôt subjugué !.. _,

mais aussi le caractère tout aussi crucial de la qualité éminemment singulière de la performance, lors de l’enregistrement live du concert _ ou en studio : ce qui n’était pas le cas jusqu’ici au moins pour cet Ensemble Dionysos Now ! : l’enregistrement de leurs programmes « Adriano 1«  (EPRC 0041), « Adriano 2 » (EPRC 0043) et « Adriano 3 » (EPRC 0047) étant seulement accessibles sur disques vinyles ; et « Adriano 4 » étant lui seul accessible jusqu’à présent en CD : il s’agit du CD Evil Penguin EPRC 0054… _,

comme le fait si bien ressentir la comparaison entre les enregistrements _ outre, bien sûr, celui du CD « Adriano 4 » (EPRC 0054), comportant la « Passio Domini nostri Jesu Christi secundum Joannem » et les Motets « Tristis est anima meaT« , « Ecce lignum crucis – Crux fidelis » et « Da pacem Domine« … _ accessibles sur le web de deux de leurs concerts

donnés,

le premier _ absolument magique d’intensité ! Acoustique et prise de son aidant !!! _, sans public, à l’église Saint-Jacques, à Gand, le 27 décembre 2020, de l’intégralité de la « Missa Mittit ad virginem » ; et dont la vidéo _ proprement sublimissime !!! _, accessible sur le web, est d’une durée de 26′ 14 ;

et le second _ moins intense… _, avec public, à la Scuola Grande di San Rocco, à Venise, comportant plusieurs extraits de cette « Missa Mittit ad virginem« , divers Motets, et quelques Canzoni villanesche, dont « A quand’a quand’haveva una vicina« … ; la vidéo est d’une durée de 59′ 50.

La différence d’intensité de la performance de ces deux concerts ainsi accessibles sur le web, ne me paraissant pas tenir à la qualité de leurs 7 interprètes, à Gand et à Venise, dont quatre des chanteurs sont identiques : Tore Tom Denys, ténor (et chef de l’ensemble) ; Bernd Oliver Frölich, altus-ténor ; Julian Podger, ténor ; et Tom Scott Whiteley, baryton-basse. Alors que se succèdent à Gand et à Venise : Terry Wey et Filip Damec, superius, ou contre-ténor ; Jan Petryka et David Munderloh, ténor ; Joachim Hölchbauer et Simon Whiteley, basse.

Mais plutôt à ces variables que sont la présence ou non du public ; l’acoustique du lieu ; la prise de son ; et surtout le degré d’état de grâce, ces soirs-là, des chanteurs…

Le concert de Gand de ce 27 décembre 2020 étant d’une intériorité transcendante proprement sublime...

Il en va d’ailleurs de même de l’enregistrement, en cette même église Saint-Jacques de Gand, et à nouveau apparemment sans public, mais lors d’un enregistrement ultérieur à celui de décembre 2020, de plusieurs Canzoni villanesche, accessibles sur les vidéos suivantes :

« O dolce vita mia: villanesche » (5′ 35),

« A quand’a quand’haveva una vicina » (2′ 42) : ces deux pièces étant présentes dans le vinyl « Adriano 2″

Ou encore, mais cette fois-là avec public, et avec, à nouveau, beaucoup d’intensité, cette vidéo-ci :

« Quando di rose d’oro » (3′ 13) : une pièce présente dans le vinyl « Adriano 3« …

La qualité d’interprétation musicale, telle qu’elle peut être saisie au concert ou à l’enregistrement, atteint _ ou reçoit… _ parfois, en sa singularité même, une grâce _ difficilement répétable ! _ qui tient lieu, ou s’approche, alors du miracle… 

Ce dimanche 6 août 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

L’excellence saisissante et sidérante de Francesco Corti, au clavecin et à la direction de l’Ensemble Il Pomo d’Oro, dans les Concertos pour clavecin et orchestre de Johann-Sebastian Bach, dans 2 CDs Pentatone parus en 2020 et 2021…

21mai

L’audition _ en boucle _ des 2 CDs Pentatone PTC 5186 837 et PTC 5186 859 des Concertos pour clavecin de Johann-Sebastian Bach par ,

enregistrés le premier au Gustav Mahler Hall à Toblach du 1er au 5 mars 2019, et le second à la Villa San Fermo, à Lonigo, du 2 au 8 mars 2020 ; et parus le premier en 2020, et le second en 2021,

que j’avais commandés avec une très vive impatience, et que j’ai pu récupérer chez mon disquaire préféré ce jour,

me confirme très amplement, et mieux encore !, dans ma profonde intuition-conviction du génie d’interprète de Francesco Corti _ cf l’enthousiasme de mon article du samedi 5 mai dernier :  ;  celui-là même qui m’a conduit à commander illico presto ces 2 CDs Pentatone PTC 5186 837 et PTC 5186 859 des Concertos pour clavecin de Johann-Sebastian Bach par le claveciniste Francesco Corti, à la tête de l’Ensemble Il Pomo d’Oro _,

et cette fois ici non seulement au clavecin, mais aussi à la direction de l’Ensemble Il Pomo d’Oro :

avec toujours cette éloquentissime puissance d’incarnation, à la fois fluide et si juste, en même temps que la plus pure poésie musicale si fine qui émane de son jeu,

dans les Concertos pour clavecin BWV 1052, 1053, 1055 et 1058, d’une part, et BWV 1051, 1056, 1057, etv 1044, d’autre part, de Johann-Sebastian Bach,

comme si ceux-ci nous étaient enfin vraiment révélés en leur plus authentique essence et audible réalité

_  même si je dois aussi avouer, pour être le plus honnête possible, une légère préférence pour le premier de ces 2 CDs, celui paru en 2020, tout particulièrement dans les mouvements vifs ; car pour les mouvements lents, l’incarnation dans le CD de 2021 est à nouveau carrément sublimissime…

Il faut dire aussi que ces très enlevés et joyeux Concertos ont très probablement été créés par Bach, ses fils et ses élèves, au Café Zimmermann de Leipzig,

pour des concerts créés quelques années plut tôt, en 1702, par le très joyeux grand ami de Bach Georg-Philipp Telemann ;

Georg-Philipp Telemann dont la très contagieuse idiomatique joie musicale s’entend encore, mais oui, mais oui !, dans ces magnifiques Concertos de son ami Bach :

surtout tels qu’interprétés comme ici par le splendide Francesco Corti et Il Pomo d’Oro…

Chapeau bas, Monsieur Corti !

Et quelle prise de son de l’ingénieur du son Jean-Daniel Noir !

À l’assez impressionnante discographie

Et cela, bien sûr, compte aussi dans la réussite plus ou moins splendide et réussie, ou pas, d’un CD…

Ce samedi 21 mai 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Découvrir la version restaurée de La Petite Sirène d’Alexander von Zemlinsky dans l’interprétation dirigée par Marc Albrecht

25juil

Ce jour,

sous le titre de Sombre Sirène

en sa chronique Discophilia,

Jean-Charles Hoffelé

nous invite à écouter une nouvelle interprétation au disque

par Marc Albrecht dirigeant le Netherlands Philharmonic Orchestra ;

soit le CD Pentatone PTC 5186740 _,

de la version restaurée par Anthony Beaumont _ en 2013 _

de Die Seejungfraufantaisie pour orchestre d’après Andersen,

_ composée en 1902-1903, la première eut lieu à Vienne en 1905 ; mais Zemlinsky ne l’inscrivit pas dans le catalogue de ses œuvres !  _

d’Alexander von Zemlinsky (Vienne, 14 octobre 1871 – New-York, 15 mars 1942).

Voici donc cet article :

SOMBRE SIRÈNE

Au catalogue discographique des opus d’Alexander von Zemklinsky, Die Seejungfrau serait-elle en passe de supplanter la _ merveilleuseSymphonie lyrique ? Les chefs de la jeune génération _ tiens, tiens ! _ se passionnent pour cette partition où le mystère le dispute à l’éclat _ oui _, où Zemlinsky tord le cou à l’orchestre straussien _ voilà ! qui dominait sur la scène européenne en ces années d’ouverture du XXe siècle… _ en y faisant entrer et l’impressionnisme français _ oui _ et les tentations modernistes _ oui, oui _ de ce qui allait devenir _ en effet _ la nouvelle Ecole de Vienne _ autour de Schoenberg.

Zemlinsky fut d’ailleurs injuste avec son chef-d’œuvre de jeunesse _ Zemlinsky entamait alors sa trentaine _, il le retira de son catalogue, ne le mentionnant même plus _ rien que cela !!! _, donnant le manuscrit du premier mouvement à une amie, Marie Pappenheim, n’emportant dans son exil aux Etats-Unis que les deux autres mouvements pour mieux les oublier _ voilà ! _ au fond d’une valise.

L’œuvre attendra les années 1980 pour voir ses trois parties _ enfin _ réunies par les efforts conjugués de plusieurs musicologues ; ce sera le disque _ oui _ qui fera sa fortune, et plus encore depuis qu’Anthony Beaumont aura publié en 2013 son édition de la version originale : on découvrit alors un chef-d’œuvre à l’exact étiage du Pelleas und Melisande de Schoenberg _ l’œuvre fut écrite à Berlin entre juillet 1902 et février 1903 ; et elle fut créée au concert, à Vienne, conjointement à la Die Seejungfrau de Zemlinsky, en 1905. Thomas Dausgaard s’empara de l’œuvre (il l’enregistrera deux fois _ pour Chandos, en 1998 et pour Da Capo, en 2006 _, sans y revenir pourtant depuis l’édition d’Anthony Beaumont), ouvrant la voix à James Judd _ pour le label Naxos, en 2009 _, John Storgårds (qui signa le premier enregistrement _ en 2015 _ de la version originale _ pour le label Ondine, et avec le Helsinki Philharmonic Orchestra : l’écouter ici ! _), mais ce fut Cornelius Meister (CPO) qui en réalisa la gravure la plus saisissante _ pour le label CPO, en 2010 _ le 28 mai 2010, s’en tenant à l’état de l’œuvre avant le travail de Beaumont.

Marc Albrecht lui offre aujourd’hui _ pour le label Pentatone, spécialement renommé pour l’excellence de ses prises de son ! _ une réponse aussi éloquente avec une captation également en concert de la version Beaumont qui fait entendre toute la touffeur _ voilà ! _ d’un orchestre saturé de couleurs sombres, enchevêtré de motifs mahlériens, aux crescendo tsunami dévastateurs _ oui.

Secret des réussites de ces deux versions _ celle de Marc Albrecht, aujourd’hui, comme celle de Cornelius Meister, en 2010 _ : elles sont avant tout des narrations _ voilà ! _, Zemlinsky avait en effet pensé cette fantaisie orchestrale comme une pantomime virtuelle _ voilà. Marc Albrecht, si versé dans les œuvres de la Seconde Ecole de Vienne fait entendre les audaces d’une partition soudain visionnaire _ oui _ là où Cornelius Meister, encore dépendant de la version non corrigée, celle que l’on joua à compter des années 1980 (Peter Gülke en fut le divulgateur), immergeait son orchestre dans un postromantisme plus univoque. Mais peu importe, Meister ou Albrecht mettent chacun à leur façon en lumière ce conte _ musical d’après le conte d’Andersen : voilà… _ aux abysses aveuglants _ oui _, la prise de son _ parfaite _ des ingénieurs de Pentatone donnant à ce dernier un certain avantage.

LE DISQUE DU JOUR

Alexander von Zemlinsky(1871-1942)


Die Seejungfrau (édition de la version originale dans l’appareil critique d’Anthony Beaumont)

Netherlands Philharmonic Orchestra
Marc Albrecht, direction

Un album du label Pentatone PTC5186740

Photo à la une : © D

 

Ou comment la recherche musicologique

et l’interprétation de grands chefs pour le disque

concourent

à la résurrection de chefs d’œuvre un temps malmenés _ voire démembrés… _ par l’Histoire…

Ma discothèque comporte au moins trois interprétations de cette Die Seejungfrau d’Alexander von Zemlinsky,

un compositeur que j’apprécie tout particulièrement :

celle par James Conlon, avec le Gürzenich-Orchester Kölner Philharmoniker, pour le label EMI, en 1996 ;

celle par James Judd, avec le New-Zealand Symphony Orchestra, pour le label Naxos, en 2009 ;

et celle par Emmanuel Krivine, avec l’Orchestre Philharmonique du Luxembourg, pour le label Alpha, en 2016…

Ce samedi 25 juillet 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

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