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Le passionnant travail tant d’analyse que de synthèse de Patrick Rotman sur les « Résistances en France (1940 – 1945) », en 4 fois 55′ hier soir 25 avril sur Arte…

26avr

Hier soir, et presque par hasard, j’ai regardé avec passion sur la chaîne Arte les 4 fois 55′ de film du « Les Résistances en France (1940 – 1945)« 

très brillamment et très lucidement construit par le réalisateur-chercheur Patrick Rotman,

en 4 très riches et remarquablement clairs _ et surtout justissimes ! _ épisodes détaillés successifs :

_ « Le bricolage héroïque été 1940 – juin 1941« 

_ « Tournants  juin 1941 – novembre 1942« 

_ « Unification novembre 1942 – juin 1943« 

_ « Libération juin 1943 – automne 1944« 

Un document tant d’analyse pointue que de synthèse lumineuse sur le déroulé très complexe et si tragique d’un peu plus de quatre années de ces Résistances en France, des « bricolages » tâtonnants de l’été 40 à la participation à la libération de la France à l’automne 1944…

Ces 4 fois 55′ de films que j’ai ici mis en ligne ne seront accessibles ici que provisoirement pour le moment…

Mais qu’on saisisse bien l’opportunité de cette splendide occasion de les découvrir et regarder, et puis les re-regarder et scruter bien en détails…

Ainsi, en un exemple parmi bien d’autres,

le défilé des recrutés du SOL de Darnand, à la minute 50′ 38″ » du premier épisode

En une forme de complément à mes propres recherches passées sur ces Résistances de France, au moment de ce qui avait été pour moi la recherche de la connaissance de ce qu’avait été le parcours de mon père ces années-là, en zone sud, du côté d’Oloron de juillet 1942 à décembre 1943, puis de Toulouse de décembre 1942 à juin 1944, puis de nouveau Oloron de juin 1944 à septembre 1944, avant _ les Allemands partis _ son retour à Bordeaux…

Avec, notamment cet ajout-ci d’un très détaillé courriel en date du 5 juin 2014,

cité déjà en mon article du 20 août 2019 « « , un article important dans lequel je me réfère à d’autres articles eux aussi trés détaillés de ma recherche personnelle :

22 avril 2015 : 

18 avril 2017 : 

et encore, auparavant :

_ 31 août 2013 : 

_ 31 juillet 2014 : 

_ 27 septembre 2014 :  

(utilement révisé celui-ci le 7 octobre 2022 en mon article ).

Voici donc le détail de ce courriel, si riche pour l’avancée de la recherche, du 5 juin 2014,

non retouché, lui, depuis cette date, alors que bien de nouvelles connaissances sont venues, depuis, préciser ou corriger certaines des données dont je disposais à la date de ce 5 juin 2014 : la recherche heureusement progresse.

Mais tel qu’il était et demeure donc, ce courriel d’alors, à des amis oloronais _ certains décédés hélas depuis 2014 _ qui m’aidaient dans ma recherche _ laquelle est aussi, ainsi, un défi envers cette montre qui ne cesse de tourner ; et les vies de passer… _, constitue un tout à fait notable et précieux document…

Chers amis,
à cette date du 5 juin 2014,
voici un point sur l’enquête que je mène depuis une année environ
sur le parcours de mon père le Dr Benoît (ou Benedykt) Lippa (Stanislawow, 11 mars 1914 – Bordeaux, 11 janvier 2006)
en zone non-occupée
entre le 5 juin 1942 _ cela fait aujourd’hui 72 ans ! _ ,
date de son départ précipité (sur le conseil pressant de son maître en ORL _ et fort bien informé ! _ le Professeur Georges Portmann) de Bordeaux vers Oloron
_ Oloron, où résidaient deux des frères (Pierre Bioy, pharmacien à Oloron, et Xavier Bioy, maire d’Herrère) du père de sa fiancée (et depuis, ma mère : Marie-France Bioy, née le 18 février 1918, et toujours en vie, et avec une très bonne mémoire ! _ décédée le 27 octobre 2018 à Bordeaux, en sa 101e année) _, Paul Bioy (mon grand-père maternel),
et son retour définitif à Bordeaux le 1er octobre 1944, au domicile de mes grands-parents maternels Bioy, 117 rue Judaïque.
Entre ces deux dates du 5 juin 1942, son départ de Bordeaux, et du dimanche 1er octobre 1944, son retour à Bordeaux,
mon père a été interné au camp de Gurs
_ mais à ce jour j’ignore encore à partir de quand ; et donc combien de temps !..
Et s’il y faisait déjà partie (ou pas) d’un GTE à l’intérieur du camp de Gurs
_ comme me le suggère Claude Laharie, étant donné que mon père était l’assistant en ORL du Professeur Georges Portmann,
et qu’il parlait, outre le français et le polonais, l’allemand, le russe et l’espagnol : il y exerçait la médecine, et faisait office de traducteur et secrétaire.
A ce sujet, j’indique que je détiens un livre offert à Gurs et dédicacé à mon père par son auteur le Pasteur Charles Cadier ;
ce livre est recouvert d’une feuille
dont le verso n’est autre qu’un formulaire (vierge) de demande d’engagement d’un travailleur étranger à un GTE !
Je dispose pour le moment seulement du « contrat agricole » qui a ex-filtré mon père de Gurs,
contrat passé le jeudi 26 août 1943 au siège du 526e GTE à Oloron (pour un mois, mais il a été renouvelé les mois d’octobre, novembre et décembre 1943) :
ce contrat a été passé entre le commandant du 526e GTE
_ probablement Philippe Grandclément à cette date, venant de succéder à Marcel Brenot à la tête du 526e GTE d’Oloron _,
et à l’initiative _ c’est important à noter ! _ du commandant de ce 526e GTE,
et Pierre Klingebiel, professeur de philosophie à Oloron, et ami de Jean Bonnemason, un des chefs du réseau de résistance de l’Armée secrète de la région d’Oloron
_ Pierre Klingebiel avait permis à plusieurs républicains espagnols d’être exfiltrés de Gurs grâce à de tels « contrats agricoles ».
Mon père a fait partie de cette organisation de Résistance (« Région oloronaise _ Capitaine Bonnemason« ) dès le mois de juillet 1942,
indique son Etat des services (18e Région militaire _ Direction du Service de Santé)
en date du 29 mai 1945 (comme Médecin-Lieutenant).
Si mon père est demeuré interné au camp de Gurs du mois de juin 1942 au jeudi 26 août 1943,
je recherche des documents
ou des témoignages
à même de le confirmer :
ainsi, par exemple, ai-je rencontré à Pau (le 15 novembre 2013) l’infirmière Eva Laügt (née en 1914),
mais ni le nom, ni les photos de mon père, n’ont parlé à sa mémoire _ et pour cause : Eva Laügt a quitté le camp de Gurs un peu avant l’arrivée de mon père….
Puis mon père a fait partie (sous le matricule 2091 _ contrat n° 452, en 1943)
du 526e GTE départemental des Basses-Pyrénées et Landes non occupées :
_ une première fois, de septembre à décembre 1943 (Philippe Grandclément dirigeant alors ce GTE) :
le jeudi 9 décembre, mon père est en effet transféré en région toulousaine, au 561e GTE de Beaupuy,
où il est incorporé le vendredi 10 décembre 1943 (cf le Registre des Contrôles nominatifs du 561e GTE).
_ puis, une seconde fois, du vendredi 21 juillet 1944 à la fin septembre 1944 (cette fois sous le matricule 3693 _ contrat n° 601) :
le jeudi 20 juillet 1944, mon père a en effet quitté Toulouse et la gare Matabiau
(et la veille, le mercredi 19 juillet, le cantonnement du 561e GTE de Beaupuy ;
à moins que ce ne soit le 562 GTE de Toulouse, rue de Belfort (mon père y avait été muté le vendredi 16 juin 1944 ;
mais cette mutation a été ensuite notée sur le Registre des Contrôles nominatifs de ce 562e GTE comme « nulle et non avenue » (!) ;
avec l’inscription « RdC le 21-7-44 a. c. du 19-7-44«
_ sur les Registes des Contrôles nominatifs de ces deux GTE 561 et 562, mon père est immatriculé déjà sous le numéro 3693) ;
le vendredi 21 juillet mon père se rend au siège du 526e GTE à la Villa Montréal (28 Avenue Henri IV) à Jurançon
et il revient à Oloron le samedi 22 juillet 1944…
J’ignore à ce jour si c’est encore Philippe Grandclément qui dirige ce 526e GTE départemental des Basses-Pyrénées à la date du 21 juillet 1944
_ c’est en effet l’adjoint Gourmençon (?) qui signe le document accompagnant le nouveau « contrat agricole » de mon père, adressé ce 21 juillet à Pierre Klingebiel _,
mais sur un nouveau document daté cette fois du vendredi 4 août 1944,
le nouveau chef du 526e GTE départemental est alors E. Delluc (qui dirigeait précédemment le 525e GTE départemental des Hautes-Pyrénées).
Le siège de ce 526e GTE départemental des Basses-Pyrénées était encore situé à Oloron à la date du jeudi 26 août 1943 ;
mais ce siège fut transféré à Pau-Jurançon,Villa Montréal, 28 Avenue Henri IV, dès les premiers jours de septembre 1943
(sans doute par la volonté de son nouveau chef, Philippe Grandclément, qui succédait alors au commandant Marcel Brenot) ;
et quand mon père revient dans les Basses-Pyrénées, le vendredi 21 juillet 1944,
le siège du 526e GTE départemental des Basses-Pyrénées se trouve toujours à la Villa Montréal à Jurançon.
_ à la Villa Montréal, j’ai rencontré Georges et Gérard Bacqué, ses actuels propriétaires,
et fils de Cyprien Bacqué, lui-même résistant, ami de Gabriel Delaunay et d’Honoré Baradat…
C’est en 1945 que Cyprien Bacqué est devenu locataire de la Villa Montréal ; et quelques années plus tard, son propriétaire…
Entre ces deux dates du vendredi 10 décembre 1943 (arrivée de mon père à Beaupuy) et du vendredi 21 juillet 1944 (son passage à Jurançon),
mon père est immatriculé (sous le numéro 3693) au 561e GTE de Beaupuy (à 8 kms au nord-est de Toulouse),
de la mi-décembre 1943 au 16 juin 1944.
Le vendredi 16 juin 1944, mon père est muté au 562e GTE de Toulouse – rue de Belfort (Services Généraux).
Mais peut-être est-il demeuré cantonné au 561e GTE de Beaupuy jusqu’au jeudi 20 juillet 1944, date de son départ effectif de Toulouse,
la mutation du 561e GTE au 562e GTE ayant été déclarée « annulée« ,
d’après ce qui est inscrit sur le Registre des Contrôles Nominatifs du 562e GTE de Toulouse,
pour des raisons qui m’échappent pour le moment…
Une lettre (n°699 / CI du 19-7-44 _ un lundi _) est censée justifier cette « annulation-radiation » ; mais cette lettre manque hélas ! dans le Registre du 562e GTE !
En effet, je viens de découvrir aux Archives départementales de la Haute-Garonne, grâce à Madame Chantal Pagès,
que le registre des Contrôles nominatifs du 562e GTE de Toulouse, rue de Belfort,
indique que mon père a bien été muté du 561e GTE de Beaupuy au 562e GTE de Toulouse (Services Généraux) le vendredi 16 juin 1944 ;
mais que cette mutation a été ensuite considérée comme « nulle et non avenue » (sic) ;
et que mon père a été rayé de ce registre le vendredi 21 juillet 1944, à compter du vendredi 16 juin !..
Pataquès qu’il serait bien intéressant de démêler…
A moins que la mutation évoquée par la lettre n° 699 / CI du 19-7-44 concerne
non plus le 562e GTE de Toulouse (rue de Belfort, Services Généraux),
mais cette fois le 526e GTE de Pau-Jurançon !
et permettant le retour de mon père à Oloron,
grâce à  un nouveau « contrat agricole » (n° 601) passé par le chef du 526e GTE, à nouveau avec Pierre Klingebiel…
Tout cela renforçant d’abord ma conviction qu’il y a une enquête à mener sur les chefs des divers GTE :
certains (par exemple François Malinvaud au 647e GTE départemental de Chancelade, en Dordogne) sont engagés dans la Résistance ;
d’autres (par exemple Alexandre de Moroge au 618e GTE de Buzy, dans les Basses-Pyrénées), dans la Milice ;
d’autres demeurent attentistes, en attendant de voir comment le vent  et la force des armes, vont tourner… Surtout à partir du Débarquement de Normandie le 6 juin !
Et tout cela posant aussi, et plus précisément, la question des liens
et de mon père
et des chefs des divers GTE auxquels il a eu à faire
_ d’abord, peut-être à l’intérieur même du camp de Gurs (si je suis l’intuition de Claude Laharie :
mais je n’ai jusqu’ici découvert aucun document administratif concernant la présence de mon père dans un GTE à Gurs,
exceptés les archives et témoignages _ écrits ou oraux _ de Pierre et André Klingebiel…),
puis Marcel Brenot (?), Philippe Grandclément, E. Delluc, au 526e GTE des Basses-Pyrénées ;
Georges Ledoux, au 561e GTE de Beaupuy ;
M. Brouguière, si c’est encore lui qui dirige le 562e GTE de Toulouse rue de Belfort en juin-juillet 1944 _
avec les réseaux de résistance,
et d’abord celui de l’Arme secrète _ Jean Bonnemason, Pierre Klingebiel, etc., à Oloron…
A ce sujet, je suis en contact avec plusieurs descendants des résistants de ce réseau de l’Armée secrète à Oloron,
afin de réunir méthodiquement ce qui demeure d’archives privées concernant ce réseau !
Voici un rapide résumé de quelques avancées à ce jour de ma recherche :
_ 5 juin 1942 : afin de rejoindre Oloron (et les oncles de sa fiancée Marie-France Bioy : Pierre Bioy, pharmacien à Oloron, et Xavier Bioy, maire d’Hérère :
deux des frères de mon grand-père Paul Bioy),
et sur les conseils de son maître (ORL) le Pr Georges Portmann qui (très bien informé !) l’avertit de l’imminence de prochaines rafles à Bordeaux,
le Dr Benedykt (ou Benoît) Lippa quitte son domicile (chez les parents de sa fiancée, Marie-France Bioy) à Bordeaux (177 rue Judaïque)
et franchit la ligne de démarcation à Hagetmau, à l’heure du repas de midi _ ma mère et ma tante l’avaient accompagné jusque là.
Mon père était ami du Dr Hoffmann-Martinot : j’en ai parlé à son fils…
_ date ? Benedykt Lippa, interpellé par la gendarmerie _ vers la fin du mois de juin : il est interné un moment à Grenade-sur-l’Adour _
est interné au camp de Gurs (quand ? _ au début du mois de juillet _ et avec quel statut, et combien de temps il y demeure, je l’ignore à ce jour _ je l’apprendrai plus tard… :
je note que page 134 de la thèse de Peter Gaida « Camps de travail sous Vichy« , on lit ceci :
« En août 1941, une circulaire informe les préfets que chaque ex-militaire polonais franchissant la ligne de démarcation
_ ce qui est le cas de mon père, engagé volontaire le 20 septembre 1939 _,
est à incorporer dans un GTE » ; en principe, donc…).
Parmi les archives de Pierre Klingebiel, je remarque qu’un document d’avril 1945 indique que
la pénalité-amende infligée à mon père pour franchissement illégal (clandestin) de la ligne de démarcation,
avait été « levée« !
Dans quelles circonstances, et comment, et par qui, je l’ignore à ce jour aussi…
_ juillet 1942 _ au camp de Gurs… _ : mon père s’est « engagé dans la résistance, Région oloronaise, Capitaine Bonnemason« 
selon son « Etat des Services » (18e RI _ Direction du Service de Santé) du 29 mai 1945, à Bordeaux :
est-ce alors même qu’il se trouve interné au camp de Gurs ? je l’ignore _ formellement, mais c’est très probable…
Henri Duchemin (Oloron, 22-3-1918 – Roquiague, 14-8-1944), frère des futurs amis protestants de mon père, Laurent et Anna Duchemin
(et amis des Klingebiel), à Oloron,
est gardien au camp de Gurs, ainsi que résistant :
blessé lors de combats (de membres du Corps-Franc Pommiès) le 10 août à Mauléon-Licharre,
Henri Duchemin est achevé à coups de baïonnette par les Allemands le 14 août dans une ferme, à Roquiague…
Ou bien mon père n’a-t-il été interpellé et interné à Gurs qu’un peu plus tard? A ce jour, je l’ignore…
Je suis assez intrigué par le fait que ma mère, qui a pu _ tant bien que mal… _  correspondre tout le temps de la guerre avec mon père,
ne garde pas de souvenir que mon père a été interné (et peut-être plus d’un an : possiblement de fin juin 1942 à fin août 1943) à Gurs,
quand il se trouvait en Béarn…
_ octobre 1942 : date présente sur une carte de visite du Professeur Georges Portmann
recommandant son assistant, le Dr Lippa, au Dr Rigaud (chargé de cours d’ORL à la Faculté de médecine de Toulouse)…
Qui est ce Dr Rigaud ? Mon père l’a-t-il rencontré à Toulouse ?
Jacques Lartigue se souvient des gros livres de médecine que mon père avait sur sa table
au domicile de son oncle et sa tante Joseph et Léonie Castille, 40 rue des Oustalots, à Oloron _ où mon père résidait alors _,
quand mon père l’a soigné : il avait 9 ans…
Ces livres de médecine, mon père les a probablement ramenés de Toulouse…
_ le 26 août 1943, un contrat « agricole » (d’un mois : il sera renouvelé mensuellement, jusqu’au mois de décembre 1943 compris)
est passé entre le commandant du 526e GTE d’Oloron
(Marcel  Brenot ? Philippe Grandclément, plus probablement _ oui ; on peut lire la signature de son adjoint, Joseph de Goussencourt _,
le nom de Philippe Grandclément remplaçant celui de Marcel Brenot dès le 26 août 1943 sur les papiers officiels :
le nom de Marcel Brenot est toutefois encore présent _ et c’est bien sûr à relever ! _ sur un document imprimé faisant partie du dossier de ce contrat)
et Pierre Klingebiel, professeur de philosophie au collège d’Oloron et protestant actif
(et très lié aux activités du cercle de résistants de l’Armée secrète d’Oloron, que dirigeait Jean Bonnemason ;
Pierre Klingebiel est ami de Jean Bonnemason ; et il reçoit (= cache et nourrit) de nombreux candidats à l’évasion par l’Espagne…) ;
et cela sur l’initiative du chef du 526e GTE d’Oloron :
_ d’une part, afin que le 526e GTE dispose « à demeure » des services de ce médecin ;
_ et, d’autre part, que Benedykt Lippa dispose, ainsi exfiltré du camp de Gurs, de davantage de liberté de mouvement
(j’ignore à partir de quelle date mon père a été interné au camp de Gurs _ probablement fin juin ou début juillet 1942 _) ;
_ d’autre part encore, un brouillon de courrier de Pierre Klingebiel, en date d’avril 1945, indique que
la pénalité-amende pour franchissement illégal de la ligne de démarcation infligée à mon père, a été annulée :
par qui ? et dans quelles circonstances ?..
Ma mère se souvient bien de ce lien de mon père à « Grandclément » !
mais il s’agit de Philippe Grandclément (25 juillet 1904 – 26 avril 1974),
le frère aîné d’André (18 juillet 1909 – 27 juillet 1944),
le célèbre chef de la Résistance en région bordelaise, assassiné au Muret le 27 juillet 1944…
Je cherche à joindre les descendants de Philippe Grandclément (mort à Saint-Laurent-La-Prée, près de Rochefort, en 1974),
via Jérôme Allard, petit-fils (belge) d’André.
En vain jusqu’ici, malgré un premier contact téléphonique positif avec Jérôme Allard ; ensuite, il ne m’a plus répondu…
_ le Dr Lippa quitte ainsi le camp de Gurs en devenant TE du 526e GTE d’Oloron
(ou Izeste-Louvie-Juzon : mon père a coupé du bois pour l’entreprise Morello-Lombardi, à Arudy-Louvie-Juzon :
cela, il le racontait…) ;
ainsi qu’en témoignent les archives de Pierre Klingebiel
(archives méthodiquement exposées en un copieux et très précieux ! fascicule par son fils André Klingebiel),
ainsi que les souvenirs personnels de son fils, André Klingebiel
(né en 1930, professeur de Géologie à la Faculté des Sciences de Bordeaux, et ayant une excellente mémoire) ;
et ceux, aussi de Jacques Lartigue (né en 1934), à Oloron :
mon père a résidé à Oloron, 40 rue des Oustalots, chez l’oncle et la tante, Joseph et Léonie Castille, de ce dernier
_ membre d’une famille d’industriels toujours très actifs à Oloron…
_ vers le 8 décembre 1943 _ probablement le jeudi 9 _ : mon père a quitté Oloron ;
et doit installer l’infirmerie du 561e GTE de Haute-Garonne,
qui (déménagé de Clairfont ; la chose est avérée au moins le 3 mars 1944 : sur un document préfectoral de Haute-Garonne)
est installé au château de La Gaillarde, à Beaupuy,
où mon père réside déjà depuis le vendredi 10 décembre
(sans eau courante ni électricité pour le moment : le château, inoccupé depuis plusieurs années, est délabré…)
_ cf la lettre de mon père à Pierre Klingebiel, le lundi 20 décembre 1943.
_ 31 décembre 1943 : résiliation officielle du « contrat agricole » de Benedykt Lippa auprès de Pierre Klingebiel et du 526e GTE d’Oloron
_ archives de Pierre Klingebiel…
Mais le Registre des Contrôles nominatifs du 561e GTE inscrit le nom de mon père en date du 1er décembre ;
et indique que son installation au château de La Gaillarde a eu lieu à la date du 10 décembre 1943
(ce qui est confirmé par une lettre de mon père (datée du 20 décembre) à ses amis Klingebiel à Oloron…
_ samedi 29 janvier 1944 : visite, à Muret (Haute-Garonne) du Dr Lippa au Pasteur Arias Castro
(qui dispose, lui, d’un « contrat industriel » à l’usine d’aiguilles pour seringues médicales de M. Thiébaud),
au domicile du Pasteur Arias Castro, à Muret, 8 Chaussée de Louge.
Mon père aide alors le Pasteur Arias Castro à éviter de partir en Allemagne, ou d’être expédié à l’Organisation Todt
_ ma mère se souvient bien de cela…
Un courrier d’Arias Castro à Pierre Klingebiel (daté du dimanche 6 février 1944) indique la date de cette visite de mon père à Muret.
_ 3 mars 1944 : recensement préfectoral attestant du transfert du 561e GTE de Clairfont à Beaupuy, au Domaine de La Gaillarde
(cf l’article de Lilian Pouységur, in Les Camps de travail du Sud-Ouest de la France, page 31).
_ mercredi 29 – jeudi 30 mars 1944 : Marie-France Bioy, sa fiancée, vient en train de Bordeaux à Toulouse
_ un attentat vient d’être commis dans le quartier de la gare Matabiau, qui est en émoi ! _ ma mère passe la nuit en un des hôtels en face de la gare, infesté de soldats allemands _ ;
et rend visite à mon père au cantonnement du château de La Gaillarde, à Beaupuy
mercredi 17 mai et mercredi 14 juin 1944 : deux rapports de police citent le nom de Benedict Lippa au Domaine de La Gaillarde à Beaupuy
(561e GTE, dirigé par M. Ledoux) _ Archives départementales de Haute-Garonne (5795 W 1381).
Le 17 mai, l’Inspecteur de police Pierre Boyreau adresse son rapport d’enquête
au chef de la 2e section de la 8e Brigade de Police de Sûreté,
suite à une « dénonciation anonyme (du mardi 11 avril 1944)
sur les agissements de certains T.E. du groupe n°561, cantonné au château de La Gaillarde à Beaupuy » :
le cuisinier Mariano Rincon Garcia, le garde-magasinier Jose Ubeda Navarro et le conducteur de charrette Jose Rodriguez Agudo
    _ les deux derniers fréquentant le café du limonadier Bourgeois à Beaupuy ;
et le fils Bourgeois venant aussi leur rendre visite au cantonnement du château de La Gaillarde.
Le vendredi 20 mai, l’inspecteur Boyreau est invité par son supérieur hiérarchique à donner davantage de détails sur son enquête
  (de détournement de nourriture ! « graisse et pâtes alimentaires » !), qui n’avait retenu aucun motif avéré d’incrimination…
D’autre part, mon père _ accusé de pratiquer la médecine en dehors du cantonnement (et des T. E. dispersés) _
a reçu des « avertissements » du chef du 526e GTE, Georges Ledoux, pour « exercer (la médecine) en violation de la loi ».
Il s’agissait pour lui, crevant de faim, d’améliorer son ordinaire en se procurant (contre ses services médicaux), des œufs _ qu’il gobait ! _ ;
comme il l’indiquait dans une lettre à ses amis Klingebiel, le mercredi 22 février 1944…
Avant de diriger le 561e GTE de Beaupuy, le commandant Georges Ledoux avait dirigé le 862e GTE de Montestruc (Gers),
un GTE constitué de Polonais anciens engagés volontaires (pour la France) dans la guerre.
Et le mercredi 14 juin, le Commissaire de Police de Sûreté Paul Mollard-Chaumette, chef de la 3e section de la 8e Brigade de Police de Sûreté,
rédige à son tour un rapport (de vérification !) sur l’enquête de l’Inspecteur Boyreau :
aucun élément délictueux n’est retenu par lui ni contre les T. E. _ dont mon père _ du 561e GTE de Beaupuy, ni contre l’Inspecteur Boyreau…
 vendredi 16 juin 1944 : Benédict Lippa est muté du 561e GTE de Beaupuy au 562e GTE de Toulouse (rue de Belfort), Services Généraux ;
 mais cette mutation est notée « nulle et non avenue » (sic) sur le Registre des Contrôles nominatifs de ce 562e GTE,
qui ajoute « RdC le 21-7-44 a.c. du 16-6-44 (lettre n°699 / CI du 19-7-44)«  : des éléments à décrypter…
jeudi 20 juillet 1944 : Benedict Lippa quitte Toulouse _ probablement de son initiative : la situation militaire se détériore gravement déjà pour les Allemands _ pour Oloron, par le train,
via une journée (le vendredi 21 juillet) passée à Pau-Jurançon (à la Villa Montréal, siège du 526e GTE), pour formalités administratives :
un nouveau « contrat agricole » (de complaisance) est rédigé là entre le chef de ce 526e GTE
_ est encore Philippe Grandclément ? Est-ce déjà E. Delluc, qui lui succède,
et signera un autre document adressé à Pierre Klingebiel le vendredi 4 août suivant… _
et, à nouveau, Pierre Klingebiel, à Oloron…
J’en déduis que mon père bénéficie d’appuis au siège de ce 526e GTE de Jurançon…
En avait-il aussi à Toulouse ? Probablement…
jeudi 11 août 1944 : à Oloron : échange de courrier de mon père (domicilié 40 rue des Oustalots à Oloron : chez Joseph et Léonie Castille)
avec sa fiancée demeurant à Bordeaux,
lui demandant de ne pas craindre de prendre le train pour venir de Bordeaux lui rendre visite à Oloron.
Léonie Castille (née Brun) est la sœur de Marthe (née Brun) la mère de Jacques Lartigue,
que mon père a soigné alors pour des crises d’asthme.
Jacques Lartigue se souvient très bien de mon père, et de ses gros livres de médecine (probablement ramenés de Toulouse) !
De plus, l’épouse _ déjà décédée _ de Jean Bonnemason, est née Alexandrine Brun.
Léonie, Marthe (sœurs) et Alexandrine (cousine) sont toutes trois des membres de la famille Brun, d’Oloron…
_ date ? Marie-France Bioy, ma mère, vient voir son fiancé, mon père, à Oloron ;
elle déjeune chez Joseph et Léonie Castille, d’une part ;
et elle dort chez Laurent et Anna Duchemin (amis des Klingebiel) et protestants actifs, de l’autre.
samedi 23 septembre 1944 : lettre de mon père, depuis Oloron, à sa fiancée à Bordeaux,
lui annonçant son retour prochain d’Oloron à Bordeaux, le samedi 30 septembre ;
et où il s’inquiète très concrètement de son avenir professionnel à court terme en région bordelaise…
dimanche 1er – dimanche 15 octobre 1944 : de retour en région bordelaise, le Dr Lippa est homologué provisoirement
au grade de Médecin-lieutenant au groupe FFI « Dick » à Pessac…
Voilà où j’en suis à ce jour de mon enquête,
qui avance donc pas à pas.
Je pense que les divers chefs des GTE :
Marcel Brenot peut-être ; Philippe Grandclément à coup sûr ; E. Delluc dont le nom apparaît le 4 août 1944, pour le 526e GTE siégeant à Oloron, puis à Pau-Jurançon, pour les Basses-Pyrénées ;
et à Toulouse, MM. Lemay (chef du Groupement n°2), Georges Ledoux (chef du 561e GTE de Beaupuy) et Brouguière (chef du 562e GTE de Toulouse, rue de Belfort)
ont probablement aidé mon père à éviter de faire partie de ceux qui ont été envoyés à Noé et expédiés à l’Organisation Todt ;
et cela en liaison avec les mouvements de Résistance _ probablement l’Armée secrète, comme dans les Basses-Pyrénées, avec Jean Bonnemason à Oloron…
Bien à vous,
Francis Lippa

Voilà pour ce soir…

Avec beaucoup de gratitude pour ce si remarquable magnifique travail, diffusé hier soir sur Arte, de Patrick Rotman…

Ce mercredi 26 avril 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

En m’efforçant de suivre les étapes du passionnant parcours de recherche-penser en philosophe exigeant de comprendre au plus près la complexité enchevêtrée du réel, de Pascal Chabot…

26mai

En m’efforçant de mieux connaître, étape après étape, le passionnant et très éclairant parcours de recherche-penser vraiment en philosophe, de Pascal Chabot,

soucieux de comprendre au plus près, et avec le plus lucide recul possible, le réel, en le plus délicat et détaillé déchiffrement de la complexité de ses détails enchevêtrés,

et à la suite de mon article d’hier 25 mai « « ,

à propos de ce décisivement éclairant essai « Avoir le temps _ essai de chronosophie« , paru le 3 février 2021 ;

j’ai à la fois repris ses essais précédents, tous parus aux PUF _ et qui figuraient en ma bibliothèque personnelle _ :

« Global burn-out« , paru le 9 janvier 2013 ;

« L’Âge des transitions« , paru le 4 mars 2015 ;

« Exister, résister. Ce qui dépend de nous« , paru le 6 septembre 2017 ;

et me suis, aussi, immédiatement procuré son « Traité des libres qualités« , paru le 4 septembre 2019 _ cette parution ayant malencontreusement, et j’ignore pour quelles raisons, échappé alors à mon attention ! _ : un essai très riche et très fouillé ;

ainsi que son « Six jours dans la vie d’Aldous Huxley« , qui, lui, vient tout juste de paraître, toujours aux PUF, ce 4 mai 2022 :

éclairant lui aussi, et d’un autre biais, l’histoire de ce qui a pu concourir, à sa façon _ ici l’audace d’un penseur singulier très audacieux tel que Aldous Huxley (1894 – 1963)_ , à enrichir sa propre imageance, à lui, Pascal Chabot, de philosophe exigeant… :

Et ce très bref essai de 51 pages est un très bel et émouvant hommage à quelqu’un, Aldous Huxley, qui a bien essayé _ à la Montaigne, dirai-je _, de, en la vie, au jour le jour, année après année, de sa propre personne, « bien faire l’homme« …

Les derniers mots de cet essai, à la page 51,

rendent hommage aux « bulles d’air dont nous avons besoin pour ne pas étouffer sous la masse d’informations et de contraintes qui enserrent nos vies. Et c’est bien ce qu’est la culture : un vaste réservoir d’oxygène. Il est ainsi des passés qui vivifient le présent » et l’aident, non seulement à se connaître, mais aussi à s’inventer et un peu mieux se construire,

plus dignement et librement…

C’est ainsi que j’ai pu identifier quelques uns des outils de déchiffrement, donc,

que Pascal Chabot, essai par essai successifs, s’est peu à peu à la fois par sa propre imageance, ainsi que par hybridation à diverses lectures majeures qui l’ont nourri _forgés et donnés :

ainsi et surtout : « transition« , « libres qualités », et « schèmes« , tels que ceux de « Destin« , « Progrès« , « Hypertemps« , « Délai » et « Occasion » _ ou Kairos _etc.

À suivre…

Ce jeudi 26 mai 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Ecouter Denis Kambouchner analyser l’expression « Quelque chose dans la tête » et la manie du souci de « transmettre » : l’entretien au Studio Ausone le 26 novembre dernier avec Francis Lippa, pour la Société de Philosophie de Bordeaux

10déc

Vient d’être mis en ligne

hier soir 9 décembre

sur son site par la librairie Mollat

le podcast (de 62′) _ cliquez sur podcast, et vous accéderez à son écoute ! _

de l’entretien du 26 novembre dernier à la Station Ausone,

_ et en ouverture de la saison 2019 – 2020 de la Société de Philosophie de Bordeaux _,

de Denis Kambouchner

_ président de la Société française de Philosophie _

avec Francis Lippa

_ vice-président de la Société de Philosophie de Bordeaux _

à propos du magnifique passionnant petit livre

_ de 154 pages : quelle lumineuse finesse et ampleur d’analyse ! _

de Denis Kambouchner,

paru le 28 août dernier aux Éditions Flammarion

Quelque chose dans la tête, suivi de Vous avez dit Transmettre ? ;

muni du bandeau suivant :

« Nous avons perdu la culture de la mémoire : avons-nous gagné celle du jugement ? » 

Cette question des moyens, outils et aliments

de la riche _ et positivement complexe : quelle variété de ressources et méthodes à apprendre à mettre en œuvre et inventivement connecter (ainsi que donner à cultiver à d’autres), sans esprit fermé de système, non plus que de formalismeformation et « culture » _ à tous égards _ du jugement

de tout un chacun et quiconque,

à commencer, bien sûr, par les enfants et les adolescents

_ auxquels s’adresse d’abord, originellement du moins, en sa conception première, le premier des deux essais, Quelque chose dans la tête ;

mais la question, bien sûr, ne s’arrête à nulle génération d’âge, ni d’époque :

apprendre à bien juger est l’affaire de l’entièreté, de son début à sa fin, de toute vie d’une personne,

je veux dire de la vie entière de tout un chacun ! et cela sans la moindre exception : face aux dangers et chausse-trapes incroyablement multiples des situations à tâcher d’éviter, auxquelles échapper quand elles surviennent, à entreprendre de surmonter, en apprenant comment y faire face et s’en dépêtrer et sortir vainqueur et vivant, et pas trop amoché, cabossé, blessé, souffrant… ; Montaigne nous en avertissait en ouverture du Livre III de ses Essais : « Personne n’est exempt de dire des fadaises » (ni de commettre des bêtises !)

et cela ne concerne pas seulement, bien évidemment, la vie humaine : puisque cet enjeu ô combien vital fait à coup sûr déjà partie des conditions de la vie et survie animales : que d’erreurs s’avèreront mortelles… _,

est en effet cruciale,

tant à l’échelle des individus,

qu’à celle des sociétés

et civilisations…

Et cette question-là

des « nourritures » fondamentales et ouvertes

_ ainsi qu’en chantier inventif et constructif permanent… _

du bien (ou toujours mieux) juger

ne cesse,

à côtés de ses recherches proprement cartésiennes

_ afin d’essayer toujours de mieux pénétrer les micro-subtilités infinies (et passionnantes) du travail philosophique de Descartes,

tâche peut-être principale du travail de Denis Kambouchner en sa carrière et œuvre philosophique _,

de constituer un pan essentiel du questionnement foncièrement pragmatique,

et à visée d’authentiques progrès de l’esprit,

de Denis Kambouchner.

Cet art de distinguer les nuances magnifiques et merveilleuses, à bien les considérer, du pensable

caractérise, me semble-t-il bien,

et court la culture philosophique française :

Montaigne, bien sûr, Descartes _ et le sillage des très nombreux cartésiens _, Pascal,

Voltaire, Diderot, Rousseau,

Bergson, Jankélévitch, Ricœur, Derrida, etc.

Tous assez peu adeptes du concept et de ses un peu trop rigides fermetures,

qui va dominer, me semble-t-il encore, la conquérante philosophie universitaire allemande,

au moins à partir de Kant et Hegel.

Oui, l’art des nuances subtiles, à partir de comparaisons ;

et même de métaphores

riches d’humour…

Afin de former et donner consistance à la finesse de la « sagacité » _ une notion cartésienne…

Quant au second des deux essais qui se répondent, « en écho« ,

Vous avez dit transmettre ?..,

celui-ci entreprend de mettre en garde _ délicatement, sans rechercher quelque polémique médiatique _ contre une tentation désagréablement fermée de concevoir l’enseignement de manière exclusivement conservatrice et rétrograde _ celle de certains idéologues réactionnaires, à la versaillaise ! _,

et de défendre un partage ouvert et inventif-créatif _ véritablement progressiste : mais à quels mots se fier parmi l’incroyable déchaînement orwellien de notre époque ? _ de la culture :

le maître judicieux étant seulement « un nain » _ humblement _ juché sur des « épaules de géants« ,

selon une formulation de Bernard de Chartres,

reprise notamment par Montaigne et Pascal…

Le vocable de « transmission » ne convenant, à proprement le penser,

qu’à l’opération de léguer à quelques proches

un héritage bien précis et spécifié à laisser en propriété et usufruit à ses descendants,

un patrimoine à ne pas laisser se disperser et disparaître, se dissoudre,

un secret de création-fabrication à ne pas laisser se perdre en le confiant ainsi à quelque disciple élu

qui saura en faire, à son tour, son miel propre…

Alors que la culture à même d’alimenter richement le bien juger d’autres que soi-même

est de l’ordre de ce « pollen » multiple et divers (de mille fleurs)

dont les abeilles _ montaniennes _ sauront faire leur « miel« ,

« en se l’incorporant » vraiment :

« Les abeilles pillotent de ça de là les fleurs ; mais elles en font après le miel qui est tout leur ; ce n’est plus thym, ni marjolaine ; ainsi les pièces empruntées d’autrui, il les transformera et confondra pour en faire ouvrage tout sien, à savoir son jugement : son institution, son travail et étude ne vise qu’à le former.

Qu’il cèle tout ce duquel il a été secouru, et ne produise que ce qu’il en a fait. Les pilleurs, les emprunteurs, mettent en parade leurs bâtiments, leurs achats, non pas ce qu’ils tirent d’autrui. Vous ne voyez pas les épices d’un homme de parlement : vous voyez les alliances qu’il a gagnées, et honneurs à ses enfants. Nul ne met en compte publique sa recette : chacun y met son acquêt

Le gain de notre étude, c’est en être devenu meilleur et plus sage« , Essais, Livre I, chapitre 26, De l’institution des enfants

C’est cette profondeur et intensité de l’incorporation d’une authentique culture personnelle

par celui qui la reçoit,

comme par celui qui la donne _ et l’a donnée _,

qui,

en son authenticité généreuse et désintéressée _ pardon du pléonasme _ seulement,

en fait l’efficace seul effectivement consistant et durable.

Le reste, utile à court terme, se dissipera sitôt l’usage effectué…

Ensuite, selon le mot _ authentiquement progressiste et libérateur _ de Nietzsche, à propos de ce que donne le maître à son disciple :

« Vademecum, vadetecum« …

Tel est le paradoxe généreux du libérateur…

Ce mardi 10 décembre 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

P. s. :

voici encore, à titre de complément de luxe,

de quoi écouter le podcast de l’entretien _ merveilleux ! _ que j’ai eu avec Denis Kambouchner le 18 septembre 2013 à la librairie Mollat,

à propos de son essentiel _ lucidissime ! _ L’École, question philosophique.

Et encore : la date de naissance de « Tante Bibi », le 22 août 1855

12juil

Et voici que la mise en ligne de mon article  ,

telle une bouteille lancée à la mer,

a suscité, hier à 13h 56, le commentaire _ inespéré _ suivant :

« Très intéressantes recherches !

Je pense que cela vous intéressera, j’ai trouvé l’acte de naissance de Bernardine Bibal dans les registres d’état civil de Saint-Jean-de-Luz en date du 22/08/1855.« 

Donnée qui entre parfaitement dans la fenêtre des hypothèses que j’avais esquissées, au sein des diverses naissances de la fratrie des enfants du couple Pierre Bibal – Victoire Dupous,

en mon article du 1er juin dernier

En revoici donc l’extrait :

Mademoiselle Bibal _ dont j’ignorais jusqu’ici (soit le 1er juin) l’existence _

est la sœur cadette _ ici (dans le Remerciements paru le lundi 23 novembre 1936 dans la Gazette de Biarritz, Bayonne et Saint-Jean-de-Luz) sans prénom _ de la défunte, Annette Bibal Gaudin

_ celle-ci et Annette sont en effet les deux filles survivantes des enfants de Pierre Bibal (Saint-Jean-de-Luz, 5 septembre 1810 – Saint-Jean-de-Luz, 12 septembre 1855) et son épouse Victoire Dupous (Saint-Jean-de-Luz, 9 juin 1822 – ?  _ j’ignore toujours la date de son décès _) ; Pierre Bibal, maître au cabotage, et Victoire Dupous, qui se sont mariés à Saint-Jean-de-Luz le 26 avril 1843, eurent de nombreux enfants (au moins huit sont déjà aisément accessibles), tous nés à Saint-Jean-de-Luz et dont pas mal _ la majorité _ sont décédés précocement : Jean-Baptiste (1844 – Rochefort, 18 février 1871, matelot) ; Annette (29 avril 1845 – novembre 1936, l’épouse, puis veuve, en 1920, du premier Edmond Gaudin) ; Pascal (1846 ou 47 – ? _ j’ignore toujours la date de son décès _, le peintre, mari de Dorotea Iburuzqueta, et père du peintre François-Ignace Bibal, de Grégoire, de Marie, d’Elise et de Joseph Bibal) ; Marie (1847) ; Léon-Pierre (1849 – 28 avril 1884, peintre lui aussi) ; Justine (1850 – 31 mars 1854) ; Marie (1852 – 13 septembre 1855) ; Marie-Martine (1853 – 15 octobre 1870) ;

j’ignore le rang (et l’année de naissance : 1851 ? 1854 ? 1855 ?) de cette demoiselle Bibal (et « Tante Bibi« ), la seconde et maintenant ultime survivante, en ce mois de novembre 1936, au sein de cette très resserrée fratrie des enfants Bibal-Dupous… _ ;

soit _ et voici l’énigme résolue ! _ la fameuse « Tante Bibi«  _ son prénom n’est pas indiqué : elle doit être très âgée (et peut-être à traiter avec des pincettes : en conclusion de sa lettre à Marie Gaudin, du 20 octobre 1921, Maurice Ravel n’écrit-il pas ceci :

« Je vous embrasse goxoki _ tendrement, en basquetoutes les trois _ Marie Gaudin (née en 1879 : le 3 mars), la destinataire de cette lettre ; puis la mère de Marie, Annette Bibal-Gaudin (née en 1845, le 29 avril) ; et enfin sa nièce Annie Courteault (née en 1913, le 26 septembre), qui vivent toutes les trois à Saint-Jean-de-Luz : Annie est en effet élève au cours Sainte-Odile à Saint-Jean-de-Luz… _, ainsi que la tante Bibi, si elle s’y prête » (= se laisse embrasser !)… _

que ne manquait pas de saluer, chaque fois un peu malicieusement, dans ses lettres à son amie Marie Gaudin _ cf outre cette lettre du 20 octobre 1921 (page 764 de la Correspondance), celles du 15 août 1930 (page 1250) et du 3 janvier 1933 (page 1300) ; ainsi que les remarques là-dessus en mon article du 27 mars 2019 : … _, Maurice Ravel

_ et que j’avais pris, à tort, pour la tante _ certes côté Bibal, et non pas côté Gaudin, ni encore moins côté Ravel-Billac ! _ Dorotea Ibuzurqueta-Bibal, l’épouse de Pascal Bibal, et donc la belle-sœur d’Annette : j’ignore _ encore _ les dates des décès de Pascal Bibal (peintre important, pourtant !) et Dorotea Iburuzqueta-Bibal ; de même que j’ignore _ encore _ celle du décès de cette vieille demoiselle Bibal _ ; mais en un cas comme celui de la belle-sœur Dorotea Iburuzqueta-Bibal, le faire part aurait dit « Madame Bibal« , ou « Madame Pascal Bibal« , ou « Madame veuve Bibal« , et pas « Mademoiselle Bibal« , comme c’est mentionné ici ! ; cette formulation-ci est donc décisive !

et celle-ci pouvait encore moins (!!) être la tante Billac, la chère « tante Gachucha«  de Maurice, née en 1824 _ le 15 mai _, et décédée avant 1916 (cf la lettre à Marie Gaudin du 20 septembre 1916, page 537 de la Correspondance, qui parle d’elle au passé : l’imparfait) : quel âge aurait donc atteint la tante Gachucha Billac en 1921, 1930 et 1933 ?! : 97 ans, 106 ans, 109 ans… Que ne s’en est-on donc pas rendu compte !

Fin de l’incise.

Extrait intéressant à relire, un mois et douze jours plus tard !

Mais c’est à un tel rythme _ à hoquets _ que progresse _ cahin caha, par paliers _ la recherche.

Cf aussi _ autre hoquet, palier suivant _ mon article du 8 juin :

Grand merci donc au musicien _ pianiste ainsi que compositeur ; et qui connaît un peu (voire beaucoup) Saint-Jean-de-Luz, et les musiciens raveliens… _ qui me fait part de sa connaissance.

C’est aussi par de tels échanges que le savoir et l’intelligence des choses et de ce qui a été, avance un peu,

par hoquets, par paliers.

Plus que jamais à suivre !

Ce vendredi 12 juillet 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

La remarquable acuité philosophique de Barbara Stiegler en son « Il faut s’adapter : un nouvel impératif politique »

16mar

Le mardi 5 mars dernier,

eut lieu à la Station Ausone,

la quatrième et dernière séance de la saison 2018-2019

de notre Société de Philosophie de Bordeaux,

avec la présentation par notre collègue Barbara Stiegler

de son récent _ et lumineux et brillant _ essai de philosophie politique :

Il faut s’adapter : un nouvel impératif politique,

paru aux Èditions Gallimard.

En voici le podcast (de 69′) ;

ainsi que la vidéo.

En voici aussi la quatrième de couverture :

D’où vient ce sentiment diffus, de plus en plus oppressant et de mieux en mieux partagé, d’un retard généralisé _ des personnes, des citoyens _, lui-même renforcé par l’injonction permanente _ et massive _ à s’adapter au rythme des mutations d’un monde complexe ? Comment expliquer cette colonisation progressive du champ économique, social et politique par le lexique biologique _ voilà _ de l’évolution ? La généalogie _ selon une méthode nietzschéenne _ de cet impératif nous conduit dans les années 1930 aux sources d’une pensée politique, puissante et structurée, qui propose un récit très articulé sur le retard _ ou néotonie _ de l’espèce humaine par rapport à son environnement _ culturellement mouvant _ et sur son avenir _ à construire. Elle a reçu le nom de « néolibéralisme » : néo, car, contrairement à l’ancien _ libéralisme (classique) _ qui comptait sur la libre régulation du marché pour stabiliser l’ordre des choses, le nouveau en appelle _ lui _  aux artifices de l’État (droit, éducation, protection sociale) afin de transformer l’espèce humaine _ voilà _ et construire ainsi artificiellement le marché : une biopolitique _ pour reprendre le terme foucaldien _ en quelque sorte. Il ne fait aucun doute pour Walter Lippmann _ 1889 – 1974 _, théoricien américain de ce nouveau libéralisme, que les masses sont rivées à la stabilité de l’état social (la stase, en termes biologiques), face aux flux qui les bousculent. Seul un gouvernement d’experts peut tracer la voie de l’évolution des sociétés engoncées dans le conservatisme des statuts. Lippmann se heurte alors à John Dewey _ 1859 – 1952 _, grande figure du pragmatisme américain _ voilà _, qui, à partir d’un même constat, appelle à mobiliser l’intelligence collective des publics, à multiplier les initiatives démocratiques, à inventer par le bas _ lui _ l’avenir collectif. Un débat sur une autre interprétation possible du sens de la vie et de ses évolutions au cœur duquel nous sommes plus que jamais.

Ce samedi 16 mars 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

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