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Le prenant Grâce à Dieu de François Ozon, en DVD

14jan

Suite à ma veine présente

de prendre connaissance de films

en DVDs,

je viens de découvrir le Grâce à Dieu de François Ozon

_ paru en DVD en 2018 _

qui m’a tenu constamment en haleine

et passionné.

François Ozon est un cinéaste qui m’a beaucoup intéressé,

particulièrement à ses débuts :

Une Robe d’été (en 1996), Sous le sable (en 2000)

_ par de superbes audaces très finement rendues _ ;

mais aussi m’a parfois agacé _ 8 femmes (en 2001) _

par quelques propensions à des affèteries

et maniérismes formels

trop gratuits…

Ici,

en ce superbe et parfaitement abouti Grâce à Dieu,

 

nous, spectateurs, participons aussi à une sorte d’enquête,

menée sur l’écran à travers quelques regards _ et difficultés (douloureuses) de souvenance _ de victimes

_ trois surtout : Alexandre, François, Emmanuel _

d’un prêtre pédosexuel lyonnais ;

et à travers les efforts de chacun d’entre eux

_ d’abord seuls, puis ensemble (et là bien des choses changent !),

via l’Association Libérer leurs paroles qu’ils décident à un moment de former, à Lyon _

pour surmonter,

au-delà de la fragilité virile des adultes qu’ils sont devenus aujourd’hui

plus ou moins fortement éprouvés-meurtris _ voire cassés, certains _ par leur histoire personnelle,

pour surmonter leur traumatisme durablement profond d’enfants violés,

par un prêtre…

Tant le regard du cinéaste

_ sur cette histoire complexe et encore ouverte… _

que l’interprétation-incarnation des personnages

par les acteurs _ vraiment excellents ! tous… ;

à commencer par Melvil Poupaud (Alexandre), Denis Ménochet (François) et Swann Arlaud (Emmanuel),

via les diverses formes plus ou moins torturées et difficiles de leurs efforts de résilience, chacun ;

sans négliger la palette de finesse d’incarnation des comportements de leurs compagnes,

magnifiquement interprétées, elles aussi,

par Aurélia Petit (l’épouse d’Alexandre), Julie Duclos (l’épouse de François) et Amélie Daure (la compagne d’Emmanuel) ;

il faut aussi mettre l’accent sur les interprètes des mères de ces trois personnages principaux :

Laurence Roy (la mère d’Alexandre), Hélène Vincent (la mère de François) et Josiane Balasko (la mère d’Emmanuel)... ;

les personnages des pères, étant, bien sûr (et c’est une donnée cruciale de ces situations !!!), plus fallots… _

participent à la très grande force d’éloquence

en l’intime de chacun des spectateurs de ce film que nous sommes

de ce Grâce à Dieu

magnifiquement prenant…

Ce lundi 13 janvier 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

A propos du Roma de Bernard Plossu : un très bel article de Fabien Ribéry

11jan

Ce jour,

mon ami Bernard Plossu m’a fait parvenir un superbe article de Fabien Ribery

à propos de son superbe album, aux Éditions Filigranes,

Roma.

Voyages à Rome, par Bernard Plossu, photographe

par fabienribery

© Bernard Plossu
« Tout au 50 mm en noir et blanc, effets interdits, vision pure, classique – moderne quoi
Il y a le monde, oui, peut-être, gisant là comme un pantin effondré _ qui se découvre, ainsi donné et surtout saisi, au vol, en marchant voire dansant, en une sorte de sidération émerveillée, mais active et lucidissime : quel œil fantastiquement lucide que celui de Plossu ! _, et le monde _ aussi : quel plus ! délicieusement richissime, instantanément cultivé pluriellement, tout surgit immédiatement en ce regard… _ selon William Klein, Robert Frank, Walker Evans, Pablo Picasso, Jean Siméon Chardin, Giorgio Morandi, et Le Bernin, Borromini, Mimar Sinan _ c’est-à-dire le monde vu par bien d’autres artistes éclaireurs vivaces du regard (sur les espaces) ; et pas des moindres ; et des plasticiens d’abord (photographes, peintres, sculpteurs, architectes), mais pas uniquement ; la culture faite sienne par soi est nécessairement ouvertement plurielle (la musique y a aussi sa part, comme la cuisine, et les odeurs et les parfums, un peu typés ; comme les couleurs). La culture, ce sont des ponts, des voies, et pas des murs ou des remparts et fossés…
Il nous faut Paul Cézanne pour approcher un peu ce qu’est une pomme _ certes ; et l’on connaît l’assidue fréquentation aixoise par Plossu de l’atelier de Cézanne au chemin des Lauves…
Il nous faut Marcel Proust pour comprendre les mystères du temps _ merveilleusement retrouvé, repris, et travaillé, re-travaillé.
© Bernard Plossu
Il nous faut Le Christ voilé _napolitain _ de Giuseppe Sanmartino pour ne plus craindre de mourir totalement.
Il nous faut Ordet de Carl Theodor Dreyer _ là, j’y suis un peu moins : Rome est ultra-catholique… _ pour recommencer à prier.
Et il nous faut maintenant Bernard Plossu pour entrer à Rome _ entrer est magnifiquement choisi ! Entrer, et arpenter, ré-arpenter, joyeusement, à l’infini…
Livre publié par Filigranes Editions – tirages de l’ami italianophile Guillaume Geneste -, Roma _ 1979 – 2009  _ est le fruit de trente ans d’arpentages _ ce mot qui me plaît tant ! cf mes 5 articles sur Arpenter Venise du second semestre 2012 : , , et _, de déambulations, de flâneries amoureuses _ voilà _ dans la ville délicieuse _ on ne le soulignera jamais assez : quelles délectations nouvelles rencontrées à l’improviste chaque fois !
voilà
© Bernard Plossu
Le regard est d’un passionné de cinéma (De Sica), de peinture (La Scuola Romana), de littérature (Andrea Camilleri _ mais plus encore les vraies romaines que sont Rosetta Loy et Elisabetta Rasy ! _), parce que la culture _ plurielle, formidablement, et sans casiers jamais clos : la culture vraie, ce ne sont que des ouvertures et des invites à regarder toujours mieux un peu plus loin et d’abord tout à côté ; et pas toujours fétichistement au même endroit et sous la même sempiternelle focale… _ n’est pas que l’apparat de la domination analysé par Bourdieu, mais un mode d’accès majeur _ voilà : accéder (et surmonter) n’est pas si courant, tant nous en barrent les clichés des copier-coller à l’identique de la comm’ _ à l’autre, à l’être, à soi _ oui : l’autre, l’être, soi : constitué de myriades de pièces s’ajointant (et s’enrichissant ainsi) à l’infini d’une vie vraiment ouverte.
Ici, les ruines ne sont pas abordées comme un spectacle de délectation romantique _ à la Gœthe lors de son long séjour (de plus de deux années) romain : c’est seulement à la fin de son séjour que Gœthe en vient à s’affranchir enfin des clichés partagés ; cf mes articles des 22 et 23 mai 2009 :  et … Et en les relisant, je me rends compte que je m’y entretenais avec Bernard Plossu ! _, mais comme une source de vie _ oui ! _, une puissance _ éminemment constructive de joie bien effective _ existentielle _ à la Spinoza _, des directions sensibles _ à arpenter, step by step, toujours un petit pas plus loin ; cf le regard sur Rome du sublime L’Eclisse d’Antonioni (en 1962)…
A Rome, malgré la vulgarité marchande effrayante (relire les Ecrits corsaires de Pier Paolo Pasolini _ cher à mon ami René de Ceccatty _ ; revoir Ginger et Fred, de Federico Fellini), nous pouvons ne pas être seuls, mais portés, aspirés, exaltés _ oui _, par des siècles de raffinement, de délicatesse _ oui _, de _ très _ haute civilisation.

© Bernard Plossu
Pour Plossu, Rome est un aimant, un amer, un amour : « Rome m’attire sans arrêt, j’y vais presque chaque année et je photographie en désordre _ oui _, surtout rien de systématique ni d’organisé ! _ bien sûr : en parfaite ouverture à l’inattendu du plus parfait cadeau de l’imprévu non programmé, qu’il va falloir saisir au vol de sa marche dansée, quand il va être croisé… Divin Kairos ! Quartier par quartier _ bien sûr : aux frontières-passoires étranges, par exemple celles du Ghetto du Portico d’Ottavia, avec sa fantastique pâtisserie… _, n’écoutant que mon instinct et surtout ma passion _ pour Rome _ : je suis amoureux fou de cette ville et, en même temps _ c’est un autre pan essentiel du goût de Bernard pour quelque chose d’essentiel de l’Italie _, de toutes les petites îles italiennes où je vais le plus souvent possible » _ et je suis impatient aussi de la publication à venir de ses regards sur les îles (surtout les plus petites : les plus îliennes des îles !) de la Méditerranée.
A Rome, il y a les amis, installés ou de passage _ les Romains de longtemps, c’est tout de même mieux… _, le couple Ghirri, l’architecte Massimiliano Fuksas, Jean-Christophe Bailly, Patrick Talbot qui lui fait découvrir l’intégralité du _ sublime _ palais Farnèse _ pas seulement la galerie des Carrache _ (un cahier de plus petit format est inséré dans l’ouvrage), tant d’autres.
Toute occasion, invitation, proposition, est _ certes _ bonne _ utile _ à prendre _ pour le photographe voyageur _, qui permettra d’effectuer _ voilà : œuvrer, et s’accomplir, en photographe de la plus pure et simple, non banale (à qui sait la percevoir et la capter), quotidienneté... _ de nouvelles photographies, de faire des découvertes _ voilà le principal ; en tous genres, et à foison !

© Bernard Plossu
Non pas d’épuiser le lieu _ ce qui est bien heureusement impossible : quel fou rêverait de cela ? _, mais de l’ouvrir toujours davantage _ et l’attention aux détails les plus particuliers des instants intensément ressentis, au passage si furtif du présent, mais ainsi saisis (par le pur instantané de l’acte photographique) en leur éternité, est ici tout particulièrement d’une richesse incroyablement profonde et infinie pour qui les regarde, ne serait-ce qu’un instant, ainsi vivifié-magnifié, maintenant… Voilà ce qu’apporte le regard sur le livre.
Aucune grandiloquence _ superficiellement décorative et extérieure, répétitive _ ici _ non : rien que du singulier délicieux raffiné _, mais de l’intimité _ oui _, de la familiarité _ mieux encore _, du simple _ comme le plus chaleureux et fraternel de ce qu’offre une vie, notamment dans les rues _, comme dans un tableau du maître Camille Corot.
Le sublime est un kiosque à journaux inondé de soleil, une devanture de magasin, un tunnel de périphérique, une moulure de cadre, une chaise, les longues jambes d’une passante, un pavé luisant, un if _ l’un après l’autre, et en une telle diversité : à l’infini de ce qui se prodigue si généreusement à qui passe ; tels les si incroyables merveilleusement imprévisibles, et surtout plus délicieux les uns que les autres, parfums des glaces de Giolitti, Via degli Uffici del Vicario, 40, peut-être le centre même du monde. A fondre de bonheur sous la langue… Il y a aussi les restaurants romains que connaît si bien ma fille Eve, pour avoir été romaine une année…
Venant de Santa Fe, passé par le désert _ oui : le contraste est assez impressionnant, mais pas tant que ça, à un peu y réfléchir : il y a en chaque vie un côté de Guermantes et un côté de chez Swann… _, Bernard Plossu découvre à Rome _ et s’en réjouit à l’infini _ un summum de présence _ voilà : fémininine, généreuse, maternelle ! _, une énigme métaphysique _ offerte _ à sa mesure, une joie de Nouvelle Vague _ cinématographique aussi, en effet _ poursuivie jusqu’à aujourd’hui _ sauf que le cinéma italien a, lui aussi, maintenant, pas mal hélas décliné. Bernardo Bertolucci est décédé le 26 novembre 2018.

© Bernard Plossu
De la classe _ toujours : et à un point extraordinaire ! _ en pantalon moulant ou robe de soirée, de la piété _ aussi, et aussi populaire _, des palais _ à foison ; des églises aussi, même si le plus souvent fermées au public ; avoir la chance d’y pénétrer quelques instants, à l’occasion furtive de quelque messe ou cérémonie, se prend et reçoit avec gratitude comme un petit miracle…
Des statues ont perdu leur nez, ou leur tête, ou leur phallus, si belles et fortes dans leur vulnérabilité même _ une richesse poétique du temps et de son œuvre ouverte.
Cité du dieu unique des catholiques, Rome est aussi _ bien sûr _ païenne, polythéiste _ oui _, animée de mille entités de grande vigueur _ assurant sa pérennité.
Le photographe la parcourt en tous sens _ bien sûr, Rome, elle aussi, est un labyrinthe : peu de voies qui soient tout uniment droites _ à pied, la regardant aussi de la vitre d’un train, d’un autobus, d’une voiture _ un dispositif très plossuien, intégrant (et surmontant) une dimension de défi à la vitesse, tout en étant protecteur : une distance demeure, hors viol. Et aidant au cadrage…

© Bernard Plossu
Rome est Cinecittà, kinésique, cinétique, cinématographique _ oui.
Vous arrivez à Roma Termini _ ou à Roma Ostiense, parfois aussi : en plein cœur déjà de la Ville… _ mais tout ne fait pourtant que commencer, recommencer, reprendre vie _ voilà, avec éclat, mais sans excès de théâtralité : pas pour quelque galerie extérieure ! juste pour dérouler son propre innocent plaisir, sa joie… Ni vulgarité trash, ni affèterie, jamais, chez Plossu… _ dans la bande passante _ voilà _ de votre regard _ dont témoigneront quelques unes, heureuses, des milliers de photos alors prises.
Un pyramidion, une arche, un parapluie _ oui.
Des voitures, des escaliers, des jardins _ belles spécialités romaines, en effet.
Des empereurs, des cyclistes, des naïades _ voilà ; les fontaines sont aussi une splendeur romaine…
Comme dans ce que donnent à apercevoir de Rome, par exemple, les merveilleux Journal intime de Nanni Moretti (en 1993) et La Luna de Bernardo Bertolucci (en 1979).

© Bernard Plossu

Des rails et des murailles.
Le Colisée _ sans y _ et ses lions.
Les toitures et les chambres d’hôtel _ Bernard m’a fait cadeau d’un tirage d’une magique vue de nuit prise d’une fenêtre de sa chambre d’hôtel près de Sant’Eustacchio… Un quartier que j’idolâtre, moi aussi, autour du sublime Panthéon, et non loin de Navona.
Les anonymes, le peuple, la rue _ si importants ici, en la noblesse sans apprêts de leurs allures chaloupées et rapides.
Roma témoigne du corps de son auteur _ marchant, dansant, lui aussi _, d’un esprit _ ouvert _ sans cesse en mouvement, d’une volonté de voir _ vraiment ce qui passe, se croise, dans le plus vif de l’instant bientôt évanoui _, encore et encore, jusqu’à l’ivresse _ oui, comme en témoignent les photos qui restent. Bref, ce qu’offre Rome à qui s’est dépris des œillères des clichés.
Roma _ le livre que, page après page, nous regardons _ traverse le temps, entre ici et là, regarde un arbre, une place, une foule, un prêtre, une femme.
Roma ? Amor fati bien sûr _ en ayant le malicieux divin Kairos de son côté, avec soi : à la suite du regard de Bernard Plossu…


Bernard Plossu, Roma, 1979-2009, textes Alain Bergala, Patrick Talbot et Bernard Plossu, Filigranes Editions, 2019, 320 pages
Filigranes Editions

© Bernard Plossu

Roma, pour rajeunir dans l’éternité la plus fraîche et vive que peut offir une vie

_ sa vie à soi, ouverte au meilleur le plus réjouissant de la vie des autres,

par la grâce d’un vrai pur regardeur tel que Bernard Plossu _,

ou la joie même.

Un bien bel article de Fabien Ribery.

Pour un nouveau chef d’œuvre de l’ami Bernard Plossu.

Ce samedi 11 janvier 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

la magie singulière du merveilleux « Roma » de Plossu (aux Editions Filigrane)

28nov

Découvrant l’information de la parution

toute récente _ le 15 novembre _

du Roma de Plossu aux Éditions Filigranes,

je cours me procurer le bel album de 320 pages.

Et la magie opère :

nous avons là, sur ces pages

qui défilent au rythme de notre regard qui les parcourt, émerveillé,

la quintessence de l’univers de Plossu !

D’où mon courriel de ce début d’après-midi

à l’ami plo-plo :

Je n’ai pas pu m’empêcher de courir ce matin chez Mollat,

pour en ramener ton Roma.
Et ta magie opérant,
nous voici, contemplant ces images multiples, instantanément transportés
et en la vraie Rome 
_ celle dont chacun d’entre nous avons maintes fois arpenté à plaisir les labyrinthes, jusqu’à l’ivresse de nos divers sens _,
et en la Rome singulière _ en même temps qu’universelle _ de Plossu :
double enchantement !
Quel regard ! Quelle vista !
Ce jeudi 28 novembre 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

Les visions d’Istanbul de 40 ans de photographie d’Ara Güler

03juin

Ara Güler,

40 années durant,

a été le photographe magique d’Istanbul.

Il nous a quittés, à l’âge de 90 ans, le 17 octobre 2018.

Et voici que la galerie Polka,

12 rue Saint-Gilles à Paris 3e

nous offre l’occasion

_ jusqu’au 15 juin _

de nous replonger dans la magie de son regard

sur une des villes les plus magiques du monde :

Istanbul.

Cet article, ce jour, du Figaro :

Ara Güler, l’œil d’Istanbul et «Maître du Leica», mis à l’honneur à Paris

sous la plume de Valérie Duponchelle,

rend hommage à cet événement

du regard :

Ara Güler, l’œil d’Istanbul et «Maître du Leica», mis à l’honneur à Paris


Ara Güler, l’œil d’Istanbul et «Maître du Leica», mis à l’honneur à Paris











  • PORTRAIT – Cet Arménien de Turquie a été, selon l’annuaire britannique du livre de la photographie, l’un des photographes majeurs de sa génération. La Galerie Polka l’accueille dans le IIIe arrondissement parisien, après Londres.

Ara Güler est une légende de la photographie turque, le «Maître du Leica» (titre obtenu en 1962), dont la Galerie Polka veut retracer la longue carrière, commencée dans les années 1950. Fils d’un pharmacien arménien, Ara Güler naît l’été 1928 à Beyoglu, quartier d’Istanbul sur la rive européenne du Bosphore et séparé de la vieille ville (péninsule historique de Constantinople) par la Corne d’Or. Sa photo trouve là son décor naturel.


Son père a changé son patronyme arménien originel, Derderian, pour celui de Güler, plus propice à l’intégration. Il a fait ses études à l’école arménienne de Getronagan. Comme l’artiste de Paris Sarkis, né Zabunyan à Istanbul en 1938, qui représenta la Turquie à la Biennale de Venise 2015, Ara Güler est le fruit d’une somme de civilisations et l’observateur aigu d’une société complexe. Photoreporter à 22 ans pour le journal Yeni Istanbul, alors qu’il est encore étudiant en économie, il fut aussi le premier correspondant au Proche-Orient pour Time à son implantation en Turquie en 1958.


Un vrai souffle épique court dans ses photos où le facteur humain l’emporte sur tout. Du Kazakhstan à l’Iran, de Winston Churchill à Picasso, il a laissé un fonds de 800 000 photos à sa mort, à 90 ans, dans sa ville, le 17 octobre 2018.


Galerie Polka12 rue Saint-Gilles, IIIe arrondissement de Paris, Téléphone : 01 76 21 41 30, Horaires : de mardi à samedi, de 11h à 19 h. Jusqu’au 15 juin.

Catalogue : Ara Güler’s Istanbul: 40 Years of Photographs, 2009, Thames & Hudson.

Ce lundi 3 juin 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

La très touchante magie poétique des expos « A boire et à manger » et « A table ! » à la galerie Arrêt sur l’Image de Nathalie Lamire-Fabre à Bordeaux

09fév

Le jeudi 11 janvier 2018 dernier,

eut lieu à la passionnante galerie Arrêt sur l’Image, que dirige, 45 Cours du Médoc, à Bordeaux, Nathalie Lamire-Fabre,

le vernissage de la double _ très poétique _ exposition suivante, qui se tiendra du 11 janvier au 24 février 2018 :

A BOIRE ET A MANGER

&

A TABLE !


Photographies de Bernard Plossu

&

Photographies trouvées _ mais oui ; et rassemblées par cette phénoménale collectionneuse qu’est, à Liège, Véronique Marit _ de la collection Véronique Marit


Depuis plus de quarante ans,

Bernard Plossu parcourt le monde, son 50mm _ quasi en permanence _ en bandoulière,

et partage ses images _ infiniment _ poétiques dans des dizaines _ le chiffre est encore faible _ de livres _ plus _fascinants _ les uns que les autres ; et de formats et épaisseurs très divers ; et quelques uns en couleur (Couleur Fresson)…

Cette fois-ci,

avec cette exposition A boire et à manger,

il dévoile un aspect plus inattendu de sa personnalité, mais qui est aussi un des grands plaisirs du voyage, celui de la découverte d’une autre culture _ c’est en effet surtout cela qui l’intéresse, et à l’infini ; davantage que la gourmandise culinaire proprement dite : Bernard est en effet un sobre, plutôt frugal _ à travers sa cuisine.

Son amie de toujours Claude Deloffre, auteur de  livres de cuisine et de voyages, l’accompagne dans ce livre de partages _ voilà ! _ qu’elle  parsème de recettes inattendues.

A table ! dévoile une nouvelle sélection de photographies de l’impressionnante _ en effet ! _ collection privée _ à Liège _ de Véronique Marit.

« C’est tout le _ XXéme _ siècle qui défile _ en effet _ d’image en image _ magnifiquement repérées et choisies par ce regard affuté et superbement exigeant (et lui-même ultra-gourmand !!! ) de la collectionneuse _, de mutation en mutation, la vie change de fond en comble, mais ce qui reste immuable _ voilà qui demanderait probablement un peu plus de circonspection, aujourd’hui ; et c’est bien là-dessus que, justement, Nicolas Magie s’interroge… _, c’est l’appétit » _ des Français, quand ils sont vraiment à table _,

 écrit Paul Fournel, en un extrait de l’Avant-propos au livre.

Les photographies tirées de deux ouvrages – A BOIRE ET A MANGERA TABLE ! – s’inscrivant dans la _ passionnante ! _ collection LES CARNETS,

une collection – mise au point _ c’est à noter ! _ avec Bernard Plossu lui-même – qui se propose de revisiter _ avec la plus grande attention _ les archives d’un photographe ou d’un collectionneur

et d’en extraire des séries thématiques : voilà ! _ aux EDITIONS YELLOW NOW _ dirigées, à Liège, par l’excellent Guy Jungblut.

Et hier, jeudi 8 février,

le chef _ du fameux Saint-James, à BouliacNicolas Magie,

et moi-même, philosophe (et ami de Bernard Plossu), Francis Lippa,

avons été conviés par l’hôtesse magnifique de ce lieu d’art si vivant _ et très ouvert _ à Bordeaux, Nathalie Lamire-Fabre,

à venir présenter ces deux très belles expositions de photographies

à la caméra de FR3 Aquitaine,

en répondant aux très pertinentes questions de Candice Olivari.


En voici donc, ici, le résultat filmé

tel qu’il a été monté et présenté ce vendredi à 13 heures par FR3 Aquitaine

en cette un peu évocatrice séquence de presque deux minutes

_ qui demeure, après montage, du très long moment passé à nous filmer en train de regarder vraiment les photos, et dire quelques mots de nos impressions, sur le champ.


Notre visite attentive _ avec la loupe quand besoin était _ de ces deux expositions _ de photos parfois de très petit format : en particulier pour les photos anciennes réunies par Véronique Marit ! _ a  été _ vraiment _ passionnante,

le regard expert, infiniment sensible et extrêmement précis _ et merveilleusement sympathique, je dois y insister… _ de Nicolas Magie étant particulièrement bienvenu,

en soulignant la dimension conviviale (et souriante, ravie, heuresse) de tout repas _ y compris ceux pris au restaurant ! face aux plaisirs attendus, par les convives rassemblés autour de la nappe, de la gourmandise à venir…

La nappe blanche : une zone ultra-sensible et envoutante de convivialité festive…

Cela s’avérant aussi _ et même alors sans nappe blanche réunissante ! _

dans les photos prises bien loin de la France, ou de son cher bassin méditerranéen, par Bernard Plossu,

jusque dans le sauvage grand Ouest américain

_ la thématique n’étant plus alors celle d’« A table !« ,

mais, un peu plus largement, et en une dynamique tout aussi électrisante d’appétits, « A boire et à manger« .

La curiosité amène le spectateur de l’exposition,

mis en situation de dialogue serein avec l’image,

à s’interroger un peu plus avant _ que ce qu’offre la seule surface immédiatement apparente de cette image _,

d’abord sur le moment et sur le lieu où fut prise la photo ;

mais aussi, et par un rappel improvisé _ là immédiatement, à la seconde et sur le champ _ de sa propre expérience, à creuser, pour comparaison, un peu plus loin, sa propre imageance…

_ j’emprunte ce concept d’imageance à mon amie (LA philosophe de l’image !) Marie-José Mondzain ;

cf la vidéo de mon entretien avec elle le 7 novembre ternier au Théâtre du Port-de-la Lune.

Bernard Plossu, quant à lui, répugne,

et cela, tant sur la page du livre que sur la cimaise du lieu d’exposition,

à légender ses photos

_ il faudra donc, tant au lecteur qu’au spectateur de l’expo, se reporter aux notes de fin du livre et au catalogue de l’exposition, quand ce dernier existe, pour satisfaire sa curiosité spatio-temporelle quant à l’origine circonstancielle (anecdotique ?) de la prise de la photo _,

de façon à amener le regard ici et maintenant du spectateur

à se concentrer exclusivement sur ce que vient lui offrir, hic et nunc,

par ce seul face à face _ exclusif de tout ce qui pourrait en détourner matériellement _ avec l’image présentée :

la photo,

en sa singularité spatiale mais aussi temporelle, poétique, tout spécialement

_ en la quotidienneté même, voire surtout ! de la situation ainsi saisie par le regard et le geste du photographe, en sa plénitude et richesse profuse de significations,

et non en quelque événement tant soit peu exceptionnel, extraordinaire, ou seulement pittoresque… :

là réside la différence que j’ai soulignée en mon commentaire bricolé audible au film, entre l’idiosyncrasie de Bernard Plossu, et le classique et presque trop connu « instant décisif«  d’Henri Cartier Bresson… _,

et à trouver en lui-même (c’est-à-dire en sa propre imageance _ suscitée et mise en mouvement par l’émotion _ de regardeur)

avec quoi faire dialoguer celle-ci,

de manière on ne peut plus ouverte _ amusée, ludique, joyeuse : en un minimum d’empathie et sympathie… _,

au lieu de se disperser et engluer _ et se perdre _ dans la lecture _ pré-mâchée, et stéréotypée _ des cartouches,

et se raccrocher trop facilement et paresseusement à quelque cliché concernant le lieu ou le moment

ainsi trop vite _ par pur réflexe courant les rues _ identifiés…

L’imageance sollicitée et gentiment provoquée, par l’éblouissement attendri ou amusé de l’image

devant elle-même, et à son tour, poétiquement vagabonder et danser, flotter, se déplacer par ses propres ressources :

au singulier de sa singularité ….

Bref, il s’agit pour le photographe

donnant à regarder ainsi ses photos

d’engager

qui croise ses images

à un dialogue ludique et poétique d’émotions et d’imageances,

entre sa propre imageance de photographe à l’instant de la saisie de cette vue-ci,

et l’imageance ouverte _ elle-même, à son tour, ludique et poétique _, du regardeur, ici et maintenant.

Soit un échange généreux d’instants d’éternité

empruntés à ce que vient offrir la trame même du temps

de nos vies respectives.


Ce vendredi 9 février 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa

Pour prolonger l’aperçu sur l’œuvre _ immense _ du grand Bernard Plossu,

se reporter encore à mes précédents articles de fond _ et avec images _ sur ce blog,

celui du 27 janvier 2010 : L’énigme de la renversante douceur Plossu : les expos (au FRAC de Marseille et à la NonMaison d’Aix-en-Provence) & le livre « Plossu Cinéma » » 

et celui du 16 février 2014 : « la justesse ludique d’un photographe « à l’air libre » : Bernard Plossu en deux entretiens, « L’Abstraction invisible », avec Christophe Berthoud ; et la conversation avec Francis Lippa, dans les salons Albert-Mollat, le 31 janvier 2014

ainsi qu’au podcast de mon très riche et détaillé entretien du 31 janvier 2014 avec Bernard Plossu dans les salons Albert-Mollat,

à l’occasion de la présentation de son très éclairant _ sur tout son parcours de photographe depuis sa jeunesse _ livre d’entretiens avec Christophe Berthoud, L’Abstraction invisible.

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