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Le Tract n°3 de Gallimard : Faute d’égalité », de Pierre Bergounioux », ou un salut au surgissement d’une absence…

04avr

Telle _ ici à nouveau _ une nouvelle variation

sur un thème _ social et politique _ qui lui tient très à cœur,

et probablement assez fortement réactivé

par l’événement durablement profond

des Gilets Jaunes,

dans la série des Tracts Gallimard,

pour sa troisième parution _ de « mars 2019«  _,

Pierre Bergounioux

nous propose ici un texte de 26 pages _ pages 3 à 29 _

intitulé Faute d’égalité.


En voici le résumé

qu’en quatrième de couverture

lui-même en donne :

« Pierre Bergounioux entreprend ici de saisir les origines et la signification du mouvement social que la France a vécu ces derniers mois. Il enracine sa réflexion dans l’histoire des nations et des idées occidentales, en vertu de l’axiome selon lequel tout le passé est présent dans les strucures objectives et la subjectivité des individus qui font l’histoire. Ainsi se poursuit, jusque dans les formes les plus contemporaines de la contestation, en pleine crise du capitalisme et de la représentation politique, le rêve égalitaire qui nous est propre« .

Avec aussi ce commentaire

_ nommément _ signé de lui :

« On attendait d’énergiques initiatives,

des changements effectifs,

de vrais événements.

Ils ne se sont pas produits.

Cinq décennies _ depuis 1968 _ont passé en vain, à vide, apparemment.

Et puis ce qui aurait dû être

et demeurait latent,

absent fait irruption dans la durée« .

Ce jeudi 4 avril 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

L’alchimie Michelle-Barack Obama en 1996 ; un « défi »politique qui vient de loin

10jan

A propos d’un très remarquable article  _ inédit depuis 1996, semble-t-il _ et que Le Monde nous offre, en avant-propos à la présidence Obama _ et à l' »inauguration » du 20 novembre : « En 1996, les confidences de Michelle et Barack Obama« , de la photographe Mariana Cook (pour un projet sur « les couples en Amérique« , en 1996 ; il va y avoir treize ans)…

L’alchimie Michelle-Barack en 1996 ;

ou quelque chose comme l’idée d' »une grande famille » américaine ; et la « priorité » de « l’empathie » et « des responsabilités partagées« 

_ avec « la capacité à vous mettre à la place de l’autre » ; et « le défi de faire passer cela d’une cellule familiale au domaine public » ;

selon les mots mêmes d’un Barack Obama, l’année de ses 35 ans _ il est né le 4 août 1961 à Honolulu ;

ou ce que c’est qu’un projet démocratique non démagogique ni populiste…

Réalisant un livre sur « les couples en Amérique« , la photographe Mariana Cook s’est entretenue avec le jeune couple Michelle Obama-Barack Obama, il y a douze ans.

Mais l’éditeur s’étant montré peu intéressé,

pas plus que la photo de Michelle et Barack Obama chez eux à Chicago, en 1996 _ accessible sur le site personnel de Mariana Cook _,

cet entretien-ci _ non plus que d’autres _ n’est jamais paru. « Actualisé » par l’élection du 4 novembre dernier du candidat Barack Obama _ à la suite d’une brillante et difficile longue campagne électorale _ Le Monde le publie ce 10 janvier en exclusivité…

Ce projet de Mariana Cook s’appellait « Des couples en Amérique« .

Ici, en interrogeant d’abord Michelle Obama, Mariana Cook essaie de resituer les relations personnelles d’un couple dans un contexte sociologique plus large.

« Si vous pouviez m’en dire un peu plus sur vos origines sociales et familiales, votre rencontre avec Barack, vos relations avec lui et vos objectifs dans la vie.

(…)

Michelle Obama : Quant à ma rencontre avec Barack, eh bien, cela s’est passé au cabinet d’avocats où il travaillait pendant l’été…

C’était chez Sidney and Austin ?

M. O. : C’était au cabinet Sidney and Austin (en 1989). Il avait obtenu un poste de stagiaire pour l’été. Je venais d’être promue associée. On m’avait demandé de lui servir de mentor : je devais prendre en charge un étudiant et j’avais hérité de Barack. Je m’acquittais de ma tâche avec beaucoup de sérieux, je lui donnais des conseils, je le promenais un peu partout ; je m’assurais que tout allait bien pour lui ; je lui trouvais des missions qui l’intéressaient ; et après un mois à ce régime, il m’a invitée à sortir avec lui ; et je me suis montrée très réticente.

Je pensais : « Non, je suis votre conseillère, ce serait mal d’accepter un rendez-vous avec vous » ; mais mes hésitations n’ont pas duré longtemps ; et cet été-là, on a commencé à se fréquenter.

Une fois diplômé de la faculté de droit, il est revenu plusieurs étés. Nous nous sommes fiancés l’été suivant l’obtention de son diplôme.

Il sortait tout juste de la faculté de droit.

M. O. : Oui, c’est ça. Voilà la version abrégée de notre rencontre et de notre engagement mutuel _ l’expression, avec son sens de « promesse » (mutuelle) est intéressante ; surtout en 1996…

Que pensiez-vous de lui quand vous le pilotiez dans ce cabinet d’avocats ?

M. O. : C’était bizarre, cette agitation autour de cet étudiant de première année, si brillant, si beau, si intelligent, tout le monde n’en avait que pour Barack… Moi, je suis plutôt du genre sceptique, je pensais « ouais, c’est sûrement un crétin » ; enfin, j’étais très sceptique parce que j’ai toujours pensé que quand les juristes s’extasient sur quelqu’un, ils négligent les qualités sociales ; donc je me disais « il est génial, mais il est sûrement très ordinaire« .

Et voilà que le premier jour, il arrive en retard. Il est arrivé en retard parce qu’il pleuvait ! Et puis il s’est avancé dans le bureau ; et nous nous sommes tout de suite bien entendus parce qu’il est très charmant et très beau ; enfin, je le trouvais beau. Je crois que nous étions attirés l’un vers l’autre parce que nous ne prenions pas nos rôles très au sérieux, contrairement à certains _ l’humour importe beaucoup…

Il aimait mon humour pince-sans-rire et mes réflexions sarcastiques. J’ai trouvé que c’était un type bien, intéressant ; et j’étais fascinée par son histoire personnelle, si différente de la mienne.

Dans quel sens ?

M. O. : Eh bien Barack a grandi dans un milieu multiracial. Sa mère était blanche, son père kényan, il a vécu à Hawaï où il est né, et il a passé une bonne partie de son adolescence en Indonésie parce que sa mère était anthropologue. Ce n’est pas souvent qu’une fille des quartiers du South Side de Chicago rencontre quelqu’un qui parle indonésien, a voyagé et vu plein de choses fascinantes _ ces éléments sont très importants dans le cursus et l’ethos de Barack Obama : pas grand chose à voir avec un George W. Bush ; ou une Sarah Palin…

Cela lui ajoutait une dimension plutôt rare dans mon environnement professionnel de classes moyennes supérieures. Généralement, ces gens-là sont tous coulés dans le même moule ; mais lui, il venait d’ailleurs. Il avait un niveau de conversation assez élevé tout en demeurant un type normal. Il avait eu un parcours étonnant, mais était très terre à terre ; et aimait bien jouer au basket. Voilà ce qui m’a attirée chez lui. Notre relation a d’abord été basée sur l’amitié _ mais qu’est-ce qu’un amour qui n’est pas basé sur une amitié ?… Nous sommes partis de là _ une base solide ; et apparemment jamais quittée…
Avez-vous une vision _ vous êtes tous les deux jeunes _ en 1996 _, avez-vous une vision de l’avenir ? de votre vie commune ?

M. O. : Eh bien, il y a de fortes chances que Barack poursuive une carrière politique, encore que ce ne soit pas tout à fait clair. C’est un test intéressant, le Sénat de l’Illinois, bien que nous ayons des accrochages à ce sujet. Quand vous vous impliquez dans la politique, votre vie devient publique ; et les gens qui s’y intéressent ne sont pas forcément bien intentionnés. Je suis assez secrète _ peu bling-bling ! _ ; et j’aime m’entourer de gens que j’apprécie et dont je suis sûre de la loyauté _ une réalité très importante !..

Quand vous entrez en politique, vous devez vous confier _ certes ; un peu (ou beaucoup) à l’aveugle… _ à toutes sortes de personnes. Il est possible que nous nous engagions dans cette direction _ de projets politiques, en 1996, donc… _ ; même si je veux aussi avoir des enfants, voyager, consacrer du temps à ma famille et à mes amis. Il n’est pas sûr que nous y parvenions. Mais nous allons être occupés par des tâches très variées ; et ce sera intéressant de voir ce que la vie a à nous offrir. Nous sommes prêts à nous lancer dans l’aventure pour plusieurs raisons, par exemple, les opportunités que cela peut nous apporter. Plus vous avez d’expérience, plus c’est facile d’agir à différents niveaux.

Si j’étais restée dans un cabinet d’avocats comme co-associée, ma vie serait totalement différente. Je ne connaîtrais pas les gens que je connais ; je serais moins exposée ; et je ne prendrais pas autant de risques. Barack m’a aidée à vaincre ma timidité, à affronter des risques ; puis à essayer un itinéraire plus classique, juste pour voir _ en « essayant » ; à la Montaigne, dirai-je, pour ma part… _, parce que c’est comme ça qu’il a été élevé _ avec « confiance » ; à la Donald Winnicott (cf deux récentes biographies sur ce psychanalyste particulièrement « créatif » : « Winnicott ou le choix de la solitude« , d’Adam Phillips ; et « Winnicott, sa vie, son œuvre«  de F. Robert Rodman) … Donc, il est celui qui… ; je suis plus traditionnelle ; dans le couple il est le plus audacieux.

Le plus aventureux ?

M. O. : Oui. Je suis plus prudente. Il me semble que cela transparaît sur les photos. Il est plus extraverti, plus expansif ; moi je suis plutôt du genre « attendons de voir comment ça se présente et ce que ça apporte« …


Je crois que c’est une bonne façon d’envisager les choses. Très bien, c’est parfait.

M. O. : Bon.

Merci.

M. O. : Je vous en prie.

La bande se casse.

Le projet s’appelle « Des couples en Amérique« . Donc, j’essaye d’établir des relations personnelles avec des couples américains ; et je ne sais pas trop comment m’y prendre, il n’y a pas de méthode ; mais j’essaye de faire un portrait de ce pays.

Cela ne vous ennuie pas de parler un peu de vos origines ? De qui vous êtes ?

Barack Obama : Puis vous me poserez des questions.

Oui, c’est ça.

B. O. : Vous me relancerez.

Oui.

B. O. : J’ai une histoire un peu particulière parce que comme je l’ai déjà dit, mon père était un Africain noir et ma mère une Américaine blanche. Leurs relations n’ont duré que deux ans, à Hawaï, quand ils étaient étudiants ; et ils se sont séparés. Je n’ai donc pas connu de vie de famille traditionnelle. Ensuite ma mère s’est remariée ; et j’ai vécu pendant un temps en Indonésie ; puis je suis retourné à Hawaï.

Vos parents ont-ils été mariés ?

B. O. : Oui, pendant deux ans ; puis ils ont divorcé. Je crois que d’une certaine façon j’ai toute ma vie essayé de me fabriquer une famille _ un point important ! et pas qu’au niveau de leurs deux personnes… _ à travers des histoires, des souvenirs, des amis ou des idées. Le contexte familial de Michelle était différent, très stable avec deux parents, une mère au foyer, un frère, un chien, ce genre de décor. Ils ont vécu dans la même maison toute leur vie.

Et je crois que d’une certaine façon nous sommes complémentaires _ ici encore, un vecteur décisif de l’idiosyncrasie de Barack Obama (bien aidé en cela par Michelle) _, nous représentons deux modèles courants de vie de famille dans ce pays. Un très stable et solide, et un autre qui s’affranchit des contraintes de la famille traditionnelle, voyage, se sépare, est très mobile.

Etiez-vous attiré par l’idée de former une famille stable ?

B. O. : Une « partie de moi » _ la personne n’a rien de « compact » _ se demandait _ Barack a toujours pas mal de distance, à commencer avec lui-même ; tout en étant d’une entière sincérité _ à quoi ressemblerait une vie de famille solide, sécurisante. Alors que Michelle, « d’une certaine façon », avait envie de rompre avec ce modèle. « D’une certaine façon » seulement, parce qu’elle tient beaucoup aux valeurs familiales ; mais je crois que parfois elle voit en moi un mode de vie plus aventureux, plus exotique ; et dans ce sens, nous sommes _ en effet, au final ; et un final toujours « ouvert »… _ complémentaires.

Quel genre de métier exerçait votre père ?

B.O. : Il était économiste ; et il a pas mal travaillé pour le gouvernement.

Le gouvernement des Etats-Unis ?

B. O. : Non, le gouvernement kényan. Il est retourné au Kenya et a fini par se retrouver dans une situation difficile. Il appartenait à cette génération d’Africains noirs qui étaient venus ici pour faire des études avant de retourner chez eux.

Il a étudié l’économie ?

B. O. : Il a étudié l’économie aux Etats-Unis, à l’université d’Hawaï et à Harvard. Il se voyait contribuant au développement du Kenya ; et, pour finir, il a été très déçu, il s’est retrouvé impliqué dans les difficultés politiques ; et le gouvernement l’a inscrit sur une liste noire parce qu’il s’insurgeait contre le népotisme et le tribalisme. Il a eu une vie amère ; et il est mort jeune _ c’est un repère important, aussi. Le père de Michelle a lui aussi relevé quelques défis ; et il a été frappé par la sclérose en plaques. Lui aussi est mort jeune ; mais je pense qu’il avait une vie plus régulière et mieux établie.

Votre mère était anthropologue ?

B. O. : Pas quand mes parents se sont mariés. Elle l’est devenue par la suite ; et a déménagé en Indonésie. Elle est morte récemment, il y a environ un an.

J’en suis désolée. Elle devait être assez jeune.

B. O. : Oui, elle n’avait que 53 ans. Et quand vous appartenez à une petite famille dont tous les membres vous sont très proches… cela a été une période difficile pour moi.

Vous avez des frères et sœurs ?

B. O. : J’ai une sœur du côté de ma mère, elle est à moitié indonésienne comme le second mari de ma mère, et j’ai aussi des frères et sœurs du côté kényan. Ils sont très dispersés ; certains vivent en Allemagne, d’autres au Kenya, d’autres ici, aux Etats-Unis.

Qu’avez-vous ressenti quand vous avez rencontré Michelle pour la première fois ? Qu’avez-vous pensé ?

B. O. : Eh bien, j’ai trouvé qu’elle avait beaucoup d’allure, ça me plaisait. Et puis Michelle est une personne forte, elle sait qui elle est et d’où elle vient.

Mais si vous la regardez au fond des yeux, vous y lirez une certaine vulnérabilité. En tout cas, moi, je la vois ; même si la plupart des gens ne s’en doutent pas : elle arpente le monde, grande, belle, sûre d’elle, très compétente… Il y a une part d’elle-même qui est fragile, jeune, effrayée parfois, et je crois que ce sont ces contradictions _ une richesse, quand on s’en enrichit en une « composition « puissante » _ qui m’ont attiré chez elle. Et puis elle me rend très heureux. Elle m’est très familière _ le terme, ici, est mal traduit _ ; et donc je peux être moi-même avec elle _ et c’est fondamental : une absolue confiance règne ! _ ; elle me connaît bien ; je lui fais entièrement confiance _ voilà ! _ ; mais en même temps, par certains côtés, elle demeure un mystère pour moi _ elle n’est pas un objet (possédé).

Parfois, lorsque nous sommes couchés, je la regarde ; et je suis saisi d’un vertige en réalisant qu’ici est étendue une personne distincte de moi ; qui possède des souvenirs, des origines, des pensées, des sentiments différents des miens _ c’est une pensée magnifique. Cette tension entre la familiarité et le mystère tisse quelque chose de solide _ absolument, on le comprend excellemment ; et on sait que c’est totalement vrai !!! c’est assez rare… _ entre nous. Même si vous construisez une vie basée sur la confiance, l’attention et l’entraide, je crois que c’est important que l’autre continue de vous étonner et de vous surprendre _ mais oui !

Qu’attendez-vous de l’avenir et de votre vie commune ?

B. O. : Les enfants sont une priorité importante. Nous les attendons avec impatience. Je pense que le problème sera de trouver un équilibre entre la vie publique et la vie privée ; qui contrebalancera mon tempérament davantage porté sur la prise de risque et l’ambition que celui de Michelle ; qui a un instinct pour la stabilité, la famille et les valeurs sûres. La façon dont nous aborderons ces questions sera cruciale.

Qu’espérez-vous accomplir quand vous entrerez en politique ? Je ne voudrais pas… mais vous devez avoir des projets ou une qualité de vie à…

B. O. : Vous voulez parlez des autres _ auxquels se consacre en majeure partie l’homme politique authentiquement démocrate. Vous savez, je crois que j’aimerais… ce qui me préoccupe le plus, ce sont les enfants et la façon dont ils sont traités. En tant qu’Africain-Américain, je suis très inquiet pour les enfants dans les quartiers défavorisés, les difficultés qu’ils traversent, le manque total de cadre stable qui leur permette de grandir et de se développer. Cela tient beaucoup à l’économie, aux chances et aux possibilités qui leur sont offertes, à eux et à leurs parents. Cela tient aussi aux valeurs, par exemple aux valeurs familiales dont on parle _ parfois insincèrement _ sans arrêt, les politiciens ne cessent de s’y référer.

Mais les valeurs ne sont pas qu’individuelles, elles sont collectives.
Les valeurs, les enfants les trouvent autour d’eux _ en des exemples on ne peut plus concrets ! _ ; et s’ils constatent que la vie de leurs parents et de leur communauté n’est pas valorisée, si leurs écoles et leurs foyers s’effondrent, de même que la vie des gens parce qu’ils n’ont pas de travail ou d’opportunités intéressantes, comment voulez-vous que des enfants créent des valeurs à partir de rien ?


Ma priorité est de ramener les valeurs
_ oui… _ publiques ou collectives au centre du débat _ politique démocratique _, car nous formons tous une grande famille, au-delà des clivages de races ou de classes sociales _ probablement l’axe (et vecteur) principal du projet obamien ; et la clé de sa victoire ; de l’élan de confiance qui lui a été « donné » par 53% du peuple américain _ ; et nous avons des obligations et des responsabilités _ oui ! _ les uns envers les autres. C’est peut-être là que le public et le privé se rencontrent quand on en vient aux couples, aux relations, à la famille ou aux tribus _ le mot est ici encore mal traduit. La priorité, c’est l’empathie ; la conscience des responsabilités partagées, la capacité de vous mettre à la place de l’autre _ voici les points décisifs et de cet entretien (avec Mariana Cook, en 1996, à Chicago) ; et du programme impératif que s’est donné le président élu, et 44ième Président des Etats-Unis d’Amérique. C’est ainsi que mon mariage avec Michelle reste vivant _ on le croit ; on le sait ; ce n’est pas de la poudre aux yeux électoraliste ! _, parce que nous sommes capables d’imaginer _ avec une vraie empathie _ les espoirs, les douleurs ou les combats des autres ; et le défi pour tous est de faire passer cela d’une cellule familiale au domaine public _ quel programme magnifique ! Et quel espoir pour le monde entier !

Voilà donc ce que,

à partir des propos recueillis par Mariana Cook (avec une traduction de l’anglais par Hélène Prouteau) dans l’article « En 1996, les confidences de Michelle et Barack Obama« , paru dans l’édition du 11.01.09 du Monde,

j’ose _ tout personnellement, de mon petit coin de France _ espérer de la présidence Obama…

Titus Curiosus, le 10 janvier 2009

Sur la part des désirs (d' »amateurs » d’oeuvres) dans la vie (et l’Histoire) des Arts

10jan

Tout spécialement pour Michèle Cohen

Un très intéressant _ par la précision de ses détails, comme par la vigueur et la pertinence de ses focalisations _ travail d' »Histoire de l’Art » : « Les Amateurs d’Art à Paris au XVIIIe siècle« , par Charlotte Guichard, dans la collection « Époques » aux Éditions Champ Vallon

_ l’ouvrage paru en septembre 2008 est assez tardivement « apparu » dans la chronique de livres des journaux : dans le cas de ma « découverte », c’est grâce à l’article « Profession : amateur«  (avec pour sous-titre « le rôle de l’Académie royale au XVIIIe siècle« ) de Jean-Yves Grenier, en page du cahier « Livres » de Libération, jeudi 8 janvier dernier…

L’article étant accompagné de cette phrase le « signalant » au lecteur (peut-être parfois un peu trop pressé) : « Parlementaire, financier, mais aussi membre de l’élite politique » (…) « l’amateur doit faire preuve d’un goût sûr et éclairé, à la différence d’un simple curieux« …

Le distinguo « amateur« / »curieux » m’ayant particulièrement « accroché »…

D’autant que l’article de Jean-Yves Grenier, en ce cahier « Livres » de Libération, en « suivait » un autre consacré, lui aussi, à la « réception » des Arts (et à la « constitution » des « publics« ) :

un article de Dominique Kalifa « L’Europe en scènes«  (sous-titré « La Somme de Christophe Charle sur l’essor du spectacle« ), consacré au livre « Théâtres en capitales _ Naissance de la société du spectacle à Paris, Berlin, Londres et Vienne« , aux Éditions Albin Michel..


Or ces questions de la « réception » des œuvres, ainsi que de l’existence même d’une « vie _ et d’abord d’une « réalité » même « artistique » ! _ artistique« , donc, sont à la source même (et « inspiration », ou « souffle ») de ce blog

_ qui ne s’appelle pas pour rien « Carnets d’un curieux«  ; et encore « En cherchant bien » ; et de la part de qui se nomme et signe Titus Curiosus !!!

Ainsi l’Art « existe »-t-il bel et bien, en dehors (et en aval) de l’acte (de la création) même _ au jour le jour, en quelques moments (plus) intenses (que d’autres) _ de l’artiste ; ainsi qu’en des œuvres qui vont (un peu ; et plus ou moins… ; d’une certaine façon, en tout cas, et qui leur est propre) demeurer (et durer un peu) ; s’offrant, un moment (plus ou moins bref, ou prolongé…), à quelque « rencontre » et « contemplation » (plus ou moins jubilatoire, voire extatique ! mais oui !!!) d’un autre (= autrui) qui s’y livre, s’y donne, s’y adonne peut-être, si peu que ce soit… ;

ainsi, donc

(en conséquence de cette « chaîne » d’activités _ créatrices et æsthétiques _ là…)

l’Art « existe »-t-il aussi sous le regard

_ et les (divers) sens (= complémentaires les uns des autres), tous plus ou moins convoqués _ d’un « amateur« , et d’un « public« , qui s’en enchante ; et le valorise _ y applaudit ; au point de parfois même (voire souvent, voire toujours) payer un prix fou (!) pour en jouir ; et, dans certains cas, « acquérir » lœuvre _ si et quand « œuvre » il y a bien… _, en devenir le « possesseur », qui s’en assure une permanence _ et/ou exclusivité _ de « jouissance » (et peut devenir, aussi, alors _ « en suite »… _, un « collectionneur » d’œuvres d’Art…)…


Bref, un « sujet » qui m' »intéresse » passionnément ;

car l’Art même est menacé en sa « vie » même

_ et en sa plus élémentaire matérialité ; et économique ! _

de n’être pas ;

et, à sa suite, encore plus menacé, lui, le « goût » _ qui serait alors rien que « mort-né » !.. _ de l’Art ;

menacé de, tout bonnement, n’être pas

_ quel terrible paradoxe ! pour tant de générosité de joie prodiguée !!! _

un peu largement partagé : au-delà de ce que l’on, en son corps, ressent soi ;

et sur cette question

éminemment cruciale _ à mes yeux _,

on se reportera toujours avec le plus grand profit de compréhension

_ et parmi quelques autres,

tel l’essentiel, lui aussi, « Homo spectator » de Marie-José Mondzain ;

ainsi que le si merveilleux « L’acte esthétique » de Baldine Saint-Girons ; j’y reviens toujours !!! _,

au livre très remarquable de Jacques Rancière « Le Partage du sensible« , paru en avril 2000, aux Éditions La Fabrique…


Fin de l’incise.

Je reviens dare-dare aux enjeux des distinctions entre curiosité (à propos des « curieux« ), amour (à propos des « amateurs« ), et connaissance (à propos des « connaisseurs«  _ et bientôt « experts«  : au siècle suivant, plus « lourd » ; et dominé, lui, par les « marchands », à un moment d’expansion, bientôt « irrésistible » (?) de la « marchandisation »…) ès Arts…

La première phrase de « conclusion » _ page 339 du livre de Charlotte Guichard, « Les Amateurs d’Art à Paris au XVIIIe siècle » _ le dégage on ne peut plus clairement,

et plus largement encore

et que « à Paris »

et que « au XVIIIe siècle » :

« Le XVIIIe siècle est l’âge d’or de l’amateur, entre l’apogée du mécène au XVIIe siècle et celui du collectionneur au XIXe siècle.« 

Mais Charlotte Guichard précise tout aussitôt : « Loin d’être une figure universelle de l’amour de l’art _ une expression capitale ! _, l’amateur au siècle des Lumières _ et surtout à Paris ; à la différence de Londres, de Berlin ou de Dresde, ou de Rome (exemples choisis par cet auteur) !.. _ est un acteur important du système monarchique _ en France : à Versailles et à Paris, pour l’essentiel… _ des arts. Son essor est lié _ voilà le principal acquis de ce travail-livre _ à la réforme académique qui se met en place dans les années 1740 _ le roi Louis XV, né le 15 février 1710, abordant tout juste alors sa trentaine _ : le modèle de l’amateur, théorisé par le comte de Caylus en 1748, est une réponse de l’Académie royale de peinture à l’ouverture de l’espace artistique _ un concept assez intéressant ; et à creuser-explorer… _ à l’espace public de la critique et du marché«  _ deux facteurs qui deviennent ici et alors décisifs !

Charlotte Guichard synthétise les acquis de sa recherche : « Associé à l’institution académique à travers le statut d' »honoraire », l’amateur est défini par l’exercice du goût, que la connaissance visuelle _ dans le cas, bien évidemment, des arts plastiques, et au premier chef desquels se trouve la peinture ; mais l’analyse peut s’appliquer à d’autres Arts, à commencer par la musique ! _ des œuvres, la pratique artistique en amateur _ et c’est un des apports très concrets de son travail ici que de l’avoir révélé et très bien mis en valeur _, et les relations de sociabilité avec les artistes _ qui, de fait, se développent alors (par exemple en la fréquentation de « salons », à la Ville…) _ doivent perfectionner.

Face à la publicité nouvelle du jugement de goût _ à la Ville (= Paris), par rapport à la Cour (de Versailles) ; dans les salons (parisiens, donc) ; mais aussi dans la presse qui va très vite se développer et prendre de l’ampleur _, l’Académie royale propose donc une alliance _ « politico-culturelle », pourrait-on dire, si l’on ne craignait le pléonasme ; en un « milieu » plus ouvert et plus large que le milieu de cour ; auquel Louis XIV, fort habilement cornaqué par son parrain romain, le plus que judicieux Jules Mazarin (né à Pescina dans les Abruzzes le 14 juillet 1602, formé auprès du pape Urbain VIII Barberini, à Rome, et décédé au Château de Vincennes le 9 mars 1661…), avait consacré son effort _ ;

une alliance entre les artistes et les amateurs, dont le rôle de conseil est rendu légitime par leur position de médiateurs _ le terme est bien intéressant ! _ entre l’espace de l’atelier et l’espace des sociabilités, où se recrutent les commanditaires.

Les amateurs sont donc au cœur d’une conception académique _ la chose est directement issue de Rome (et des « académies » romaines !!! ; après Florence ; et, en amont, via Venise, la Constantinople byzantine d’avant 1453…) _ du public, qui promeut des communautés de goût _ un concept diablement intéressant ! lui aussi !.. _ associées au système monarchique des arts,

comme le montrent les écrits du comte de Caylus

_ Anne-Claude-Philippe de Tubières-Grimoard de Pestels Levieux de Lévis, comte de Caylus, marquis d’Esternay, baron de Bransac, né à Paris le 31 octobre 1692 et mort le 5 septembre 1765 ;

et fils de Madame de Caylus (1673-1729 _ lire ses très intéressants « Souvenirs« , dans l’édition du Mercure de France), nièce (chérie et tout spécialement « élevée » par elle) de Madame de Maintenon… ;

sur Caylus, lire : « Le Comte de Caylus : les Arts et les Lettres« , études réunies et présentées par Nicholas Cronk & Kris Peeters, aux Éditions Rodopi, en 2004 ; et « Caylus, mécène du roi : collectionner les antiquités au XVIIIème siècle« , sous la direction d’Irène Aghion & Mathilde Avisseau-Broustet, à l’Institut National de l’Histoire de l’Art, en décembre 2002 _

et, avant lui, ceux de l’abbé Du Bos

né en décembre 1670 à Beauvais et mort le 23 mars 1742 à Paris : existe une édition récente, à l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts, en 1993 (mais hélas non disponible : épuisée !), de ses « Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture » (dont la toute première édition est de 1719 _ par Pierre-Jean Mariette) ;

on pourrait y joindre utilement aussi les écrits  _ « Abecedario de P.-J. Mariette, et autres notes inédites de cet amateur sur les arts et les artistes, ouvrage publié par MM. Ph. de Chennevières et A. de Montaiglon » _ de Pierre-Jean Mariette lui-même (né à Paris en 1694 et mort à Paris en 1774)…

Juste le temps, encore, de quelques brèves précisions qu’apporte Charlotte Guichard, pages 15 à 17, aux distinctions quant à quelques uns des « médiateurs« 

qui _ écrit-elle, page 15 _ « ne sont pas dans une relation secondaire par rapport à l’œuvre : ils participent activement _ oui ! _ à sa création _ rien moins ! en effet… _, à sa reconnaissance et à sa réception, grâce aux relations d’interdépendance qui structurent _ aujourd’hui comme alors ! comme cela est (tragiquement ; cruellement ; suicidairement !) méconnu ; et pis encore, négligé, hélas !!! _ les « mondes de l’art » ! :

une expression dont il faut mesurer avec soin toute la portée (et les « exclusions ») !!!


Je lis, page 15 : « Mentionné pour la première fois dans le dictionnaire de l’Académie française _ dont c’était la toute première édition _ en 1694, le terme d' »amateur » est alors rapporté au domaine des objets, en particulier des productions savantes, littéraires ou artistiques :

« Qui aime. Il ne se dit que pour marquer l’affection qu’on a pour les choses, & non celle qu’on a pour les personnes. Amateur de la vertu, de la gloire, des lettres, des arts, amateur des bons livres, des tableaux. »

Un peu plus bas, pages 15 et 16 :

« En France, la littérature artistique spécialisée confirme la stabilisation du lien entre le terme d' »amateur » et la peinture au milieu du XVIIIe siècle »

_ en 1746, 57 & 59 ;

attestant « la spécialisation picturale du terme »

et résumant « la définition autour du « goût », devenu l’attribut essentiel de l' »amateur ». »

Charlotte Guichard synthétise :

« l' »amateur » est défini dans un rapport de prédilection, mais aussi de discernement et de compétence :

l’opposition avec la figure du professionnel apparaît pour la première fois

_ en 1759, dans le « Dictionnaire portatif des Beaux-Arts« , de Lacombe de Prézel…

L’amateur s’inscrit donc dans la sphère de l’otium et des loisirs cultivés.


Surtout, Charlotte Guichard note, et marque, que « dans « L’Encyclopédie », la figure de l' »amateur » est construite au sein d’un champ sémantique plus large : un intense souci taxinomique travaille les définitions, qui spécifient les figures du « curieux », de l' »amateur » et du « connaisseur » ; et  les inscrivent dans des hiérarchies de valeur.

Soit la définition du « curieux » par Paul Landois :

« CURIEUX. Un « curieux en peinture« , est un homme qui amasse des dessins, des tableaux, des estampes, des marbres, des bronzes, des médailles, des vases, &c. ce goût s’appelle « curiosité« . Tous ceux qui s’en occupent ne sont pas connaisseurs ; et c’est ce qui les rend souvent ridicules, comme le seront toujours ceux qui parlent de ce qu’ils n’entendent pas. Cependant la curiosité, cette envie de posséder qui n’a presque jamais de bornes, dérange presque toujours la fortune ; & c’est en cela qu’elle est dangereuse. Voyez AMATEUR. »


L’auteur _ Paul Landois, commente Charlotte Guichard, page 15 _ définit le « curieux » par la pratique de l’accumulation (il « amasse »), et non par l’exercice du goût. Il le distingue du « connaisseur », mais le renvoie à l' »amateur », confortant l’hypothèse d’un champ sémantique large.


La définition du « connoisseur » dans l’« Encyclopédie » confirme cet effort taxinomique :

« CONNOISSEUR. N’est pas la même chose qu’amateur. Exemple. Connaisseur, en fait d’ouvrages de Peinture, ou autres qui ont le dessin pour base, renferme moins l’idée d’un goût décidé pour cet art, qu’un discernement certain pour en juger. L’on n’est jamais parfait connaisseur en peinture, sans être peintre ; il s’en faut même beaucoup que tous les Peintres soient bons connoisseurs. »

Le « connaisseur » _ commente Charlotte Guichard, page 16 _ est défini par son savoir (« discernement ») et sa compétence à juger les œuvres. Il se distingue de l' »amateur », qui, lui, est défini par son « goût » : « Il se dit de tous ceux qui aiment cet art, & qui ont un goût décidé pour les tableaux. »

Le souci de spécifier ces différentes figures en établissant un jeu de renvois et d’oppositions révèle la volonté d’organiser un ordre légitime des pratiques du goût. Cette opération de définition _ en déduit Charlotte Guichard, page 17 _ fait donc surgir une hiérarchie de valeurs associées à ces expériences _ ainsi distinguées  _ de l’objet.

La critique du « curieux » est définitive : ainsi, l’effacement du terme au XVIIIe siècle renvoie à la condamnation de l’accumulation, parallèlement au déclin de la culture de la curiosité.

Krzysztof Pomian _ en son « Collectionneurs, amateurs et curieux » (en 1987) _ a bien montré que les définitions du « curieux » sont construites autour du « désir de totalité ». Dans l’organisation du champ sémantique, ce type de disposition laisse place au goût _ associé à l' »amateur » _ et aux compétences artistiques _ associées au « connaisseur », caractérisé par son « discernement », ses « connaisances » et ses « lumières ».


Ceci annonce _ propose, dès cette page 17 de l’« Introduction » à son travail, Charlotte Guichard _ le triomphe d’un régime d’expertise dans les mondes _ divers ; y compris ce qui se situe à son extérieur ! _ de l’art.


Le marchand d’art Gersaint _ et cette référence est passionnante ! _ inscrit ainsi _ en 1744, en son « Catalogue de Quentin de Lorengère » : note 2, page 17 _ ces figures dans une hiérarchie stable de valeurs : il distingue « les Curieux de Tableaux & les Amateurs de la Peinture ». Seuls ces derniers sont susceptibles d’acquérir les compétences techniques en « admir(ant) le mérite et les talents de chaque _ en sa singularitéMaître » : « par gradation, on acquiert la qualité de connoisseur« .

En 1792, le « Dictionnaire des arts de la peinture » résume cette hiérarchie des valeurs associées aux pratiques de la prédilection : « On est connoisseur par étude, amateur par goût, & curieux par vanité. »

Il est vrai que la pente du second XVIIIe siècle, celle qui a mené au régime de la guillottine sous la Terreur, a été le commandement de « toujours plus de vertu  » !..


Pendant ce temps, les « affaires » _ exclusivement marchandes ?!.. _ n’en « tournent » que mieux…

Et bientôt, dès le XVIIIème siècle, la « place » de Londres concurrence, sinon supplante déjà, « celle » (commerciale) de Paris…

Mais, à trop effacer, et la « curiosité » (des « curieux ») et l’amour (des « amateurs ») au seul profit de l’expertise _ mais de qui ? et de quels « connaisseurs » ? Est-elle technique ? est-elle artistique ? est-elle marchande (et exclusivement marchande)  ?.. cette dite « connaissance »-« expertise »-là ?.. _, ne jette-t-on pas Bébé (« Art ») avec l’eau de son bain (les « mondes des Arts ») ?..

En Art, Désir et Amour _ et chance des rencontres ! _ sont indispensables ;

et n’obéissent _ certes pas ! _ au doigt et à l’œil, non plus qu’à la commande _ de quelque ordre qu’ils ou qu’elle(s) soi(en)t…

Il y faut aussi pas mal d’empathie

_ et peut-être encore, au delà des œuvres elles-mêmes, stricto sensu, avec les artistes, en personne (et en chair et en os) !.. _ ;

et _ loin du calcul, exclusivement « spéculatif » _ de la générosité…


Titus Curiosus, le 10 janvier 2009

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