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« Terpsichore : Apothéose de la danse baroque » : une nouvelle merveille de Jordi Savall dans le répertoire baroque français

13jan

Ce n’est certes pas la première fois

que Jordi Savall et son Concert des Nations

comblent merveilleusement nos attentes

dans le répertoire du Baroque français

_ qui leur réussit ô combien superbement.

Ils en comprennent les moindres nuances,

et savent nous les donner magistralement, avec générosité :

avec clarté, pudeur et sensibilité.

Ici,

avec ce CD intitulé Terpsichore _ Apothéose de la Danse baroque

_ sous-entendue la Danse baroque française ! ;

et ici celle de la première moitié du XVIIIéme siècle _,

soit le CD Alia Vox AVSA9929,

les compositeurs concernés sont :

Jean-Féry Rebel (1666 – 1747) ;

ainsi que le plus français des compositeurs germaniques

_ qui vint séjourner longuement à Paris _,

Georg-Philipp Telemann (1681 – 1767),

sous l’aspect _ archi-français ! _ de la danse ;

et avec les œuvres suivantes :

_ de Jean-Féry Rebel :

La Terpsichore (de 1720),

Les Caractères de la Danse (de 1715),

Les Plaisirs champêtres (de 1724)

et la Fantaisie (de 1729) ;

_ et de Georg-Philipp Telemann :

l’Ouverture-Suite « La Bizarre« 

et l’Ouverture-Suite extraite de la Tafelmusik, Partie III, n° 1 (de 1733).

On distingue très bien

et la délicieuse finesse de Jean-Féry Rebel,

mais aussi ce qu’il y a de français

dans les Suites (de danses) de Telemann _ la suite d’orchestre : un genre éminemment français !

Et dont Telemann a multiplié les exemples ! et les réussites !!!

La réussite de ce CD de Jordi Savall est, cette fois encore, parfaite !!!

Ce dimanche 13 janvier 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa 

Nouvel accord sur Reincken… et sur Clément Geoffroy…

25oct

Le 17 octobre dernier, il y a tout juste dix jours,

j’exprimai mon double enthousiasme

en mon article  

tant à l’égard d’un étonnant merveilleux compositeur incroyablement méconnu,

Johann Adam Reincken (1643 – 1722),

que vis-à-vis d’un très brillant jeune claveciniste, Clément Geoffroy, son interprète,

pour un superbe CD produit par L’Encelade,

le CD Johann Adam Reincken : Toccatas, Partitas & Suites,

ECL 1705.

Eh bien,

voici que sur son site,

Discophilia, les chroniques de Jean-Charles Hoffelé,

et en date du 22 octobre dernier,

celui-ci,

toujours très avisé,

émet un commentaire assez voisin

à propos de ce très brillant disque :

LE CLAVECINISTE DU TABLEAU

Jugez-en donc :

LE CLAVECINISTE DU TABLEAU

L’Hortus Musicus, quelques pièces de clavecin, trois pièces d’orgue, voilà tout ce que nous aura laissé durant sa longue existence (quatre-vingt-deux ans) Johann Adam Reincken, le claveciniste qui vous regarde droit dans les yeux au centre de la célèbre toile de Johannes Voorhoust que l’on peut admirer au musée de Hambourg. Buxtehude joue de la viole à ses côtés et le berce d’un regard extasié. Quelle merveille que cette allégorie de la musique ! et comme les pièces sereines et tendres, majestueuses et solaires qu’assemble Clément Geoffroy dans ce très bel album y sont bien assorties.

Le style français _ celui des Suites _ n’est jamais très loin dans ces musiques savantes qui ne renoncent pourtant jamais aux charmes, Reincken est un sensuel d’abord, ce que donne particulièrement à entendre le jeu vif et coloré de Clément Geoffroy qui envole le clavier du très piquant Emile Jobin d’après Ruckers, quel clavecin ! Idéal pour ces musiques où la danse le dispute aux toccatas et aux fugues.

D’avoir enfin tout un disque consacré à ce mince corpus que Gustav Leonhardt ou Carole Cesari n’avaient qu’effleuré permet de prendre la mesure de son importance _ oui ! _, la variété de ses affects, l’intelligence suprême de son harmonie qui fit attribuer la Toccata en la majeur à Purcell : une telle grâce dans l’éloquence pouvait prêter à confusion autant que la publication de l’œuvre dans un recueil anglais.

Johann Sebastian Bach savait bien l’importance de ce musicien pour les musiciens, il admirait son œuvre et avait transcrit au clavecin pour son usage domestique le Praeludium en ut majeur entre autres pièces tirées de l’Hortus Musicus.

Je ne peux plus quitter ces musiques brillantes et profondes, si subtilement et allégrement jouées par ce jeune claveciniste dont j’avais déjà admiré le premier album chez le même éditeur, courrez-y et commencez par la plage 14, ce Holländische Nachtigall au naturalisme délicieusement astringent.

LE DISQUE DU JOUR

Johann Adam Reincken(1643-1722)
Toccata en la majeur
Ballett, Partite diverse
Suite en la mineur
Toccata en sol mineur
Fugue en sol mineur
Praeludium en ut majeur
Suite en ut majeur
Holländische Nachtigahl
Die Meierin. Partite diverse

Clément Geoffroy, clavecin


Un album du label L’Encelade ECL1705

Photo à la une : © DR

Ce jeudi 25 octobre 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa

Pour célébrer les 335 ans de la naissance de Jean-Philippe Rameau…

25sept

Pour célébrer les 335 ans de la naissance de Jean-Philippe Rameau,

à Dijon, le 25 septembre 1683,

Glossa nous fait un magnifique et splendide cadeau de musique :

un coffret Glossa GCD 921125 rassemblant en 4 CDs

8 suites reconstituées par Frans Brüggen

(30-10-1934 – 3-8-2014),

et à la tête _ de 1987 à 2001, pour ces enregistrements ramelliens-ci _ de son brillant et justissime Orchestra of the Eighteenth Century,

de 8 opéras de Jean – Philippe Rameau (1683 – 1764) :

Les Boréades (1763),

Dardanus (1739),

Castor et Pollux (1737),

Les Indes galantes (1735),

Acante et Céphise (1739),

Les Fêtes d’Hébé (1739),

Naïs (1740)

et Zoroastre (1749).

Un des sommets délectissimes de toute la musique française !

Ce mardi 25 septembre 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa

Le délectable génie musical de Christoph Graupner (1683-1760)

20sept

Christoph Graupner

(Kirchberg, 13-1-1683 – Darmstadt, 10-5-1760),

compositeur contemporain de Georg Philipp Telemann (Magdebourg, 14-3-1781 – Hambourg, 25-6-1767)

et de Johann Sebastian Bach (Eisenach, 21-5-1685 – Leipzig, 28-7-1750),

est un génie musical fécond

et délectable !

qui doit être enfin reconnu à sa juste valeur !!!

Et pas seulement pour ses Suites instrumentales

_ aussi somptueuses et variées que celles de Telemann _,

mais aussi pour ses Cantates.

Et c’est ce à quoi contribue aujourd’hui le CD

magnifiquement réussi

intitulé Lass mein Herz _ Cantatas et Ouvertures,

le CD Accent ACC 24337;

de la soprano Dorothee Mields

_ toujours aussi délicieuse _,

et de l’ensemble Harmonie universelle

de Florian Deuter et Monica Waisman :

tous excellentissimes !!!

De la joie pure

se déversant à foison !

Ce jeudi 20 septembre 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa

Trois nouvelles merveilles musicales, encore, de « style français », en CD : des oeuvres de Gottlieb Muffat, Jean-Philippe Rameau et Gabriel Fauré

09mai

Trois nouvelles merveilles de musique (ainsi que d’interprétations) d’œuvres de goût et style français, proposées ces derniers jours au disque (en 4 CDs) :

_ le double album des « Componimenti Musicali per il Cembalo«  (à Vienne, vers 1736) de Gottlieb Muffat (Passau, 1690 – Vienne, 1770), par la claveciniste Mitzi Meyerson :

soient les CDs Glossa GCD 921804 ;

_ les « Concerts mis en simphonie » qu’Hugo Reyne nous propose des « Concerts de Pièces de Clavecin, avec un Violon et une Viole, ou un 2e Violon ; par Mr. Rameau. 1741 » ;

ainsi que de la « Gavotte et ses doubles » (de la « Suite en la« ) qui concluent le « Troisième Livre » des « Pièces de clavecin » (en 1728) de ce même Jean-Philippe Rameau (Dijon, 1683 – Paris, 1764),

par La Simphonie du Marais, que dirige Hugo Reyne :

soit le CD Musiques à la Chabotterie 605006 ;

_ et le récital « Gabriel Fauré : violon, violoncelle, flûte, piano & orchestre« , soit un choix de 7 « œuvres concertantes : miscellanées«  (ainsi que le formule la livrettiste du CD, Hanna Krooz) de Gabriel Fauré (Pamiers, 1845 – Paris, 1924) :

en l’occurrence, la « Ballade » pour piano & orchestre opus 19 (de 1879-1881) ; la « Berceuse » pour violon & orchestre opus 16 (de 1878-1880) ; l' »Élégie » pour violoncelle & orchestre opus 24 (de 1883-1897) ; le « Concerto » pour violon & orchestre opus 14 (de 1878-1879) ; la « Romance » pour violoncelle & orchestre opus 69 (de 1894) ; la « Fantaisie » pour flûte & orchestre opus 79 (de 1898) ; et la « Fantaisie » pour piano & orchestre opus 111 (de 1918),

par Jean-Marc Phillips-Varjabédian, violon, Henri Demarquette, violoncelle, Juliette Hurel, flûte, Jérôme Ducros, piano, et l’Orchestre de Bretagne que dirige Moshe Atzmon :

soit le CD Timpani 1C1172.

« Merveilles », tant pour ce qu’il en est des œuvres que pour les interprétations, et à des titres divers, ainsi qu’on va le découvrir :

Pour Rameau, l’œuvre _ « Concerts de Pièces de Clavecin, avec un Violon et une Viole, ou un 2e Violon« , en 1741 _ est déjà bien connue ;

mais c’est ici une « mise en symphonie » de ces cinq « Concerts » que nous propose, avec une particulièrement magnifique intelligence du processus de ce qu’est la « concertation« , à partir d’un « Avis aux Concertans » (sic) du compositeur lui-même, sur la partition de 1741, Hugo Reyne,

prenant, le premier, recul sur l’habitude incrustée et fossilisée jusqu’ici, car pas assez réfléchie (re-visitée ; et donc « à re-penser » !) d’interprètes précédents (Daniel Cuillier, en 1992 ; Christophe Rousset, en 2000) ; qui se fiaient trop littéralement à la lettre d’un « arrangement« , postérieur (en 1768) de quatre ans à la mort du compositeur (survenue le 12 septembre 1764) de ces « Concerts de Pièces de Clavecin, avec un Violon et une Viole, ou un 2e Violon » ; et conservé à la Bibliothèque nationale de France :

cet « arrangement » de 1768 « est constitué _ je cite ici l’excellente présentation de son travail par Hugo Reyne à la page 4 du livret du CD _ de 5 parties séparées manuscrites pour 3 violons, alto et basses« . Mais, précise on ne peut plus justement Hugo Reyne, « les faiblesses de l’arrangeur sont de reprendre à l’identique certaines formules idiomatiques du clavier alors qu’il _ le transcripteur _ passe d’un instrument harmonique (le clavecin) à des instruments mélodiques (les violons).« 

Hugo Reyne précisant : « Par exemple, les arpèges de clavecin sont retranscrits _ paresseusement _ tels quels, passant maladroitement d’un instrument à un autre. Cette transcription attribue la main droite du clavecin au 1er violon, la main gauche aux basses, et le violon originel à un 2nd violon, ce qui est logique. Par contre, autre faiblesse, la viole (ou le 2nd violon) est distribuée à un 3ème violon qui se retrouve souvent à l’octave des basses ou à l’unisson de l’alto ; tandis que ce dernier se nourrit des notes du milieu du clavier et fonctionne _ oh le vilain processus en « musique baroque«  : rien ne devant jamais simplement « mécaniquement«  y « fonctionner«  !!! _ fréquemment à l’octave du 2nd violon. La partie des basses se divisant en 2 voix par moments ; et l’expression romantique « en sextuor » a été ajoutée par Saint-Saëns en 1896, lors de la publication des œuvres de Rameau sous sa direction » _ c’est en 1895 que Charles de Bordes, Vincent d’Indy et Camille Saint-Saëns avaient entrepris une édition des « Œuvres Complètes » de Jean-Philippe Rameau, à paraître aux Éditions Durand ; les publications s’échelonnèrent de 1895 à 1918, mais l’entreprise demeura inachevée : seulement 18 volumes ayant paru…

Hugo Reyne situe ainsi son travail ici par rapport à une tradition d’interprétation trop ankylosée depuis le revival de la fin du XIXème siècle, sous l’impulsion de l’équipe de la Schola Cantorum (inaugurée le 15 octobre 1896, autour des mêmes Charles de Bordes, Vincent d’Indy, etc.) :

« Cette édition des « Six Concerts en sextuor«  (le manuscrit _ de 1768 _ ajoutait effectivement un 6ème Concert, arrangé, lui, d’après des « Pièces de clavecin » _ de ce même Jean-Philippe Rameau) fit néanmoins les beaux jours de Rameau au 33 tours : les chefs Maurice Hewitt (dès 1952), puis Louis de Froment, Louis Auriacombe, Jean-François Paillard, Marcel Couraud, Jean-Pierre Dautel, etc. l’enregistreront avec leurs orchestres à cordes, perpétuant ainsi une tradition monochrome (cordes seules), oubliant malheureusement à quel point Rameau _ et cela, on ne le soulignera jamais assez !!! _ était un coloriste de l’orchestre. Les deux seules versions enregistrées à ce jour sur instruments anciens (Daniel Cuillier, en 1992, et Christophe Rousset, en 2000) proposent également cette version. »

Ce qui permet à Hugo Reyne de situer sa présente extrêmement bienvenue (et réussie !) « re-création » :

« Notre propos en enregistrant les « Concerts » est donc, un peu comme pour un tableau noirci, de retrouver _ en les ravivant _ ses couleurs d’origine (flûte, hautbois, basson). La comparaison va même plus loin, car les titres de chacune des pièces nous renvoient à l’univers pictural de ce milieu du XVIIIème siècle _ dont le livret offre de précieuses images (…) Nous avions à l’esprit l’image d’un petit orchestre de chambre entretenu par M. de La Pouplinière _ orchestre que dirigea Rameau lui-même vingt-deux ans durant ! de 1731 à 1753… _ ; et avons arrêté le nombre de musiciens-interprètes à treize : 3 violons I, 2 violons II, 1 alto, 2 violoncelles, 1 contrebasse, 1 flûte, 1 hautbois, 1 basson et un chef (nous-même, prenant la flûte pour « Les Tambourins« , « La Cupis » et « La Marais« ). »

« En ce qui concerne notre travail d’orchestration _ = de « mise en simphonie » ! ainsi que l’indique le titre même de ce CD : « Concerts mis en simphonie«  _, nous nous sommes référés à la phrase de l’« Avis aux concertans » de Rameau :

« le Quatuor y règne le plus souvent »

_ on appréciera la délicatesse du « jeu » ouvert par Rameau lui-même : en 1741, nous sommes encore dans l’ère (dite commodément par nous) « baroque » de l’interprétation…

Nous avons donc distribué notre partition en 4 parties : violon I (main droite du clavecin), violon II (violon originel), alto (viole ou 2nd violon) et basses (main gauche du clavecin et basses de la viole). La flûte et le hautbois venant _ très heureusement ! _ colorer les violons I ou II, le basson se mêler aux basses, et pour certaines pièces assurant des solos. (…)  Nous avons donc adapté les arpèges brisés du clavecin pour les approprier à la flûte. D’autres solos de bois sont confirmés _ et comment brillamment ! _ par Rameau dans ses opéras (les 2 flûtes de « La Cupis » _ dans un « Air tendre pour les Muses » du « Temple de la gloire« , en 1745 _, les petites flûtes du 1er « Tambourin » _ qui, provenant de l’ouverture de « Castor et Pollux« , en 1737, rejoindra le second « Tambourin » dans « Dardanus« , lors d’une reprise de ce dernier, en 1744 _, le hautbois et le basson du « 2nd menuet » _ dans « Les Fêtes de Polymnie« , en 1745 _, etc.) _ et c’est un point majeur, sinon crucial même, pour la compréhension de la musicalité propre de ces œuvres ! et donc leur plus juste interprétation ! Cependant, pour « La Livri« , nous avons préféré _ avis d’expert tout spécialement « musical«  _ renoncer à la version de « Zoroastre » _ la première de la « tragédie lyrique«  a lieu le 5 décembre 1749 à l’Académie royale de Musique _ afin de rester plus proche de l’écriture originelle de 1741, en donnant spécialement au basson la belle contrepartie de la viole ; et à l’alto l’arpègement syncopé de la main droite. Notre arrangement contient d’autres réjouissances encore, comme certains contrechants de flûte et hautbois dans « La Rameau » ou bien dans « La Marais » ; ou encore quelques ornements « à la Michel Legrand » _ why not ? si cette forme d’humour ou légèreté-là convient… _ dans « La Cupis« … »


« Enfin, nous devons signaler ici _ précise encore Hugo Reyne, à la page 5 du livret de ce CD _ l’existence d’un arrangement manuscrit contemporain de Rameau (conservé à la Bibliothèque nationale de Hongrie à Budapest) très mal réalisé, et qui n’a pas pu être joué tel quel à l’époque, qui a _ cependant _ l’avantage _ très significatif pour ce qu’il en était des interprétations de transcriptions ! _ de proposer, en plus des cordes, des parties de « flauto », « oboe » et « fagotto », ce qui nous a conforté _ si besoin en était encore !.. _ dans notre idée d’instrumentation. »

« Pour conclure cet enregistrement, nous avons, suivant l’exemple d’Otto Klemperer, qui, en 1968 revisitait _ voilà ce que doit être une « re-création » de musique ! _ la « Gavotte et ses doubles«  pour orchestre symphonique _ pas moins : et c’est sans doute trop !.. _ décidé de nous approprier aussi _ le résultat est une merveille ! _ ces sublimes _ en effet ! c’est un final somptueux !!! _ variations en les adaptant à notre façon _ comme toute interprétation vivante de cet art du « Baroque » : au sens le plus large _ Rameau en étant probablement le dernier grand (voire « sublime« …) représentant, jusqu’en ses sublimissimes « Boréades » de 1764, dont les représentations (sur la scène de l’Académie royale de Musique) furent hélas annulées par la disparition brutale du maître, le 12 septembre 1764…Vers ce moment, en effet, voilà que le siècle change d’« époque«  (et de « style« ) : on quitte le « Baroque«  pour, bientôt, le « Classicisme«  : approche l’heure qui vient de Haydn et Mozart, après le moment Gluck ; ainsi que le moment-charnière où les dernières (avant longtemps !) représentations des opéras de Rameau sont (ainsi, d’ailleurs que celles des indéboulonnables opéras de Lully), « adaptées«  au goût nouveau par un Pierre Montan-Berton…

Pour les deux autres CDs,

la « neuveté » des éclairages qu’apportent ces tout nouveaux enregistrements

est différente…

D’abord, nous découvrons enfin (si je puis me permettre cette expression), sous les doigts merveilleusement inspirés (et dansants) de Mitzi Meyerson, l’œuvre de Gottlieb Muffat

(Passau, 1690 – Vienne, 1770 : Gottlieb est le huitième des neuf enfants du magnifique Georg Muffat _ né, lui, le 1er juin 1653 à Megève, en Savoie, et mort le 23 février 1704 à Passau, en Bavière : un des plus somptueux musiciens de l’ère baroque ! et un de ceux (avec Johann-Sigismund Kusser et Johann-Kaspar-Ferdinand Fischer : dignes, eux aussi, de la plus haute délectation !) qui a diffusé _ combien brillamment ! _ et fait resplendir le « style » musical « français« , appris en sa jeunesse auprès de rien moins que Lully, à Paris, entre 1663 et 1669, en toute l’Europe baroque) :

Or, ce qui paraît vers 1736 à Vienne, et sous un titre de recueil en italien, « Componimenti Musicali per il Cembalo« , n’est rien moins que le « chant du cygne » (de toute beauté !) de la « Suite » de « goût français« , qui avait (possiblement) vu le jour sur les bords de la Seine autour de 1648 (au moment de la paix du « Traité de Westphalie« ), avec pour (peut-être, sinon probables) parrains les incomparables maîtres Johann-Jakob Froberger, Louis Couperin et autre Jacques Champion de Chambonnières ; ainsi que le luthiste Monsieur de Blanc Rocher, qui perdit la vie en chutant dans un escalier, un soir de fête…

Qu’on écoute les sept « Suites » de ce double album de Mitzi Meyerson ; de l' »Ouverture«  (à la française : lullyste !) de la « Suite V »  ouvrant le premier disque ; à la « Chaconne » de la « Suite VII«  qui conclut le second… La musique du fils, Gottlieb, à la cour impériale de Vienne, via la leçon, à la cour d’un prince-évêque bavarois, à Passau, du père Georg (disparu il y avait trente-deux ans en 1736), a toute la fraîcheur, la vivacité, l’élégance et la délicatesse qui font le charme d’éclat tout de discrétion, simplicité et beauté, de la « Suite » de « goût français« , en tout son parcours…

Et pour Gabriel Fauré,

pour terminer cette promenade musicale si délicieuse de charme,

nous prêtons (enfin ! un peu) mieux l’oreille à un aspect un peu négligé de son œuvre : son versant orchestral concertant, justement.

Si les deux sommets de ce CD « concertant » de Gabriel Fauré, sont, peut-être, la « Ballade » et la « Fantaisie » pour piano & orchestre (les deux !), le mérite de ces interprétations _ de pièces « libres » ! _ est d’abord celui des interprètes, magnifiques, tous et chacun, de charme, d’élégance, de fraîcheur, de vivacité : de beauté discrète et intense ; de vie.


Mais dans ces deux cas encore, après celui de l’occurrence-Rameau, c’est à la spécificité du style (musical) français que nous avons combien magnifiquement affaire :

au secret (issu de la danse) de sa légèreté libre et rayonnante de plénitude…

Titus Curiosus, ce 9 mai 2009,

se souvenant de Francine Lancelot

de sa personne, son sourire ;

et de son action en faveur de « La Belle dance« …

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