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Une très vivante « Journée d’études et hommages » à Pier Paolo Pasolini à la Salle capitulaire, Cour Mably, à Bordeaux…

05nov

Précédée vendredi soir 4 novembre de la projection de « Teorema » (1968) au Cinéma Utopia,

s’est déroulée ce samedi 5 novembre une très vivante « Journée d’études et hommages » à Pier Paolo Pasolini (Bologne, 5 mars 1922 – Ostie, 2 novembre 1975),

à la salle Capitulaire, Cour Mably à Bordeaux ;

avec une assistance nombreuse et très attentive…

Comme il se doit pour une telle « journée d’études« , les contributions rassemblent principalement et d’abord des intervenants qui sont des chercheurs spécialistes de l’auteur à ainsi honorer, qui se font part, entre eux ainsi qu’à l’assistance qui s’y intéresse, voire s’y passionne, des fruits souvent pointus de leurs plus récentes  recherches…

Et pour ce qui me concerne,

parvenu seulement en fin de matinée Cour Mably, en cette belle salle capitulaire,

j’ai hélas manqué le discours d’accueil de la présidente de l’Association invitante « Notre Italie« , Stefania Graziani, ainsi que la contribution _ passionnante, m’a tout de suite confié, à mon arrivée, ma cousine Françoise Morin _ de Pierre Katuszewki (Université de Bordeaux-Montaigne) concernant « Les Hymnes poétiques du théâtre de Pier-Paolo Pasolini » ;

mais j’ai pu assister à la très intéressante et originale contribution de Hervé Joubert-Laurencin (Université de Paris-Nanterre), « Pasolini scénariste dans les années 50 _ Cinéma de poésie« ,

avant de me joindre au repas des conférenciers et organisateurs, au tout proche restaurant Mably _ que je connaissais bien il y une vingtaine d’années ; parmi les convives, l’ami (passionné éminent de l’œuvre de Pasolini) Éric des Garets…

….

À la reprise à 14h 30,

c’était l’ami René de Ceccatty qui intervenait « À propos de Pétrole« , dont va paraître le 1er décembre prochain, dans la collection L’Imaginaire de Gallimard, une traduction plus complète, toujours par lui, de cette œuvre décisivement majeure (et tragiquement inachevée, du fait d’abord et surtout de l’assassinat de Pasolini, le 2 novembre 1975, aux abords de la plage d’Ostie) ;

« Pétrole« , dont René a très clairement explicité et la complexité, et l’importance déterminante ; ainsi que les liens très étroits à l’assassinat même de Pasolini _ là-dessus, lire l’indispensable (!) « Une ordalie« le chapitre ajouté, aux pages 241 à 279, par René de Ceccatty à la réédition, en février 2022, de sa très claire biographie de Pier-Paolo Pasolini : « Pasolini« , en Folio-biographies… 

Et immédiatement en suivant,

ce fut l’amie Monique Moulia (membre de « Notre Italie« , et cheville ouvrière de ces passionnantes journées Pasolini à Bordeaux), qui nous a donné une superbe _ et splendidement poétique _ justissime contribution « À propos des lucioles : rage et ‘joy’ de Pier-Paolo Pasolini« .

Et j’ai hélas dû alors quitter l’assistance pour impératifs personnels…

En tout cas,

j’ai été ravi et comblé de l’accent si parfaitement mis par chacun, sans exception, de ces divers intervenants sur l’importance fondamentale du poétique, et de la poésie, dans tout l’œuvre, sans exception aucune, de Pasolini,

et cela quel que soit le médium d’adresse _ et interpellation la plus vive et marquante possible _en direction du plus vaste et varié public qui puisse être touché, choisi pour s’exprimer par ce poète ultra-brûlant et à vif, à la si forte et incisive présence, en tout, qu’a été et demeure, par tout son œuvre, Pier-Paolo Pasolini…

Ce samedi 5 novembre 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

La richesse des impressions éprouvées en écoutant en boucle le programme très varié du si beau « Baritenor » de l’admirable Michael Spyres

24oct

En écoutant en boucle le magnifique « Baritenor » de Michael Spyres, au programme d’airs d’opéra si varié,

je suis aussi très sensible à la variété des impressions ressenties à la réception de l’interprétation superlative, par Michael Spyres, de ces airs étonnamment divers,

réunis ici par lui _ il signe et assume entièrement ce programme _ en échantillon significatif (de 84′ 30) de la qualité de la palette dont dispose à ce jour ce chanteur…

D’abord, je découvre en ce CD des airs extraits d’œuvres qui m’étaient restées jusqu’ici

ou bien inconnues _ en partie faute d’enregistrements existants !!! _,

tel, par exemple l' »Ariodant » de Méhul (de 1799, à Paris), ou  l' »Hamlet » d’Ambroise Thomas (de 1868, à Paris), soient des œuvres dont j’ignorais tout simplement l’existence ;

ou bien demeurées étrangères à ma curiosité,

tel, par exemple, le « Pagliacci » de Leoncavallo (de 1892, à Milan) _ n’ayant personnellement qu’assez peu d’attraits, a priori du moins, envers le mouvement et les œuvres du vérisme _, ou « La Vestale » de Spontini (de 1807, à Paris) _ sans que je sois en mesure d’en donner quelque raison, sinon que pour le genre même de l’opéra, aux œuvres si nombreuses, j’ai moins d’attraits que pour, par exemple la musique de chambre, les œuvres pour piano, la musique baroque en toute sa diversité, ou pour la mélodie et le lied…

Si j’énumère les opéras à des représentations desquels j’ai déjà assisté _ principalement au Grand Théâtre de Bordeaux _, et dont je possède, aussi, au moins un enregistrement discographique,

cela donne la liste suivante :

_ Idomeneo

_ Le Nozze di Figaro 

_ Don Giovanni

_ Il Barbiere di Siviglia

_ La fille du régiment

_ Il Trovatore

_ Les Contes d’Hoffmann

_ Lohengrin

Et je peux y ajouter les opéras à des représentations desquels je n’ai pas assisté au théâtre, mais dont je possède au moins un enregistrement discographique :

_ La Vestale _ au sein d’un coffret « Maria Callas » de 42 CDs d’enregistrements intégraux de 20 opéras _

_ Otello, de Rossini _ compositeur que j’apprécie tout particulièrement… _

_ Die Lustige Witwe _ probablement parce que ma mère adorait en chanter au moins un air… _

_ L’Heure espagnole _ j’aime énormément Ravel, auquel je m’intéresse beaucoup… _

_  Carmina Burana _ un tube (à archiver…), en dépit de l’exécrable réputation de son compositeur… _

_ du Postillon de Lonjumeau d’Adolphe Adam (de 1836, à Paris), je connais bien sûr l’archi-célèbre air de Chapelou ; par exemple chanté par l’excellent Nicolaï Gedda

Quant à Die tote Stadt d’Eric Wolfgang Korngold (de 1920, à Hambourg)

je persiste à regretter _ beaucoup _ de ne pas en posséder d’enregistrement discographique _ simplement faute d’avoir réussi jusqu’ici à en trouver un… _alors même que je collectionne les CDs d’enregistrements d’œuvres _ très diverses _ d’Eric Wolfgang Korngold, qui ne m’ont jamais déçu…

Mais, plus encore, ce qui, et très intensément, me frappe,

c’est l’extraordinaire qualité d’incarnation des personnages chantés en ces airs extraits d’opéras si divers, par Michael Spyres ;

et qui me touche si fortement en ces écoutes répétées de cet exceptionnel CD…

Bien sûr, isoler un air de l’opéra dont il fait partie, a quelque chose d’abstrait et d’artificiel :

tout air ne prenant vraiment la plénitude de son sens que par son insertion, en quelque sorte naturelle, dans l’intrigue dramatique de l’œuvre déroulée en son entier ; 

ainsi que par l’intelligence, aussi et surtout, des moindres nuances du personnage qu’incarne le chanteur ;

ainsi ce qui m’a frappé et totalement charmé

_ cf mes articles consécutifs à celui (avec un lien à la vidéo) du 8 aout dernier : … :

celui du 14 août :  ;

celui du 15 : … ;

mais surtout celui du 18 août :  _

à la vision-écoute de la retransmission du merveilleux Don Giovanni (de 1787, à Prague)donné à Salzbourg cet été 2021, avec la direction musicale de Teodor Currentzis, et dans lequel Michael Spyres incarnait _ en dépit d’un costume qui aurait ridiculisé n’importe quel acteur-chanteur, autre que Michael Spyres ! _ un absolument merveilleux Don Ottavio,

c’est cette qualité exceptionnelle de l’intelligence tant dramatique (en plénitude d’accord avec le génie de Da Ponte) que musicale (en symbiose parfaite avec le génie musical opératique de Mozart !) de Michael Spyres…

Et justement ce qui touche ici encore à l’extraordinaire et au superlatif,

mais cette fois non pas sur la scène comme à Salzbourg,

mais en un CD tel que ce merveilleux récital d’airs intitulé « Baritone« ,

c’est la qualité véritablement exceptionnelle d’interprétation-incarnation, tant dramatique que musicale _ indissociablement, les deux ! _ de chacun, sans exception, des rôles pourtant si divers, tels que ceux, ici, en ce récital,

d’Idomeneo (de l’Idomeneo de Mozart, de 1781, à Munich),

le comte Almaviva (des Nozze di Figaro de Mozart, de 1786, à Vienne),

Don Giovanni (du Don Giovanni de Mozart, de 1787, à Prague),

Edgard (de l’Ariodant de Méhul, de 1799, à Paris),

Licinius (de La Vestale de Spontini, de 1807, à Paris),

Figaro (du Barbiere di Siviglia de Rossini, de 1816, à Rome),

Otello (de l’Otello de Rossini, de 1816, à Naples),

Chapelou (du Postillon de Lonjumeau d’Adolphe Adam, de 1836, à Paris),

Tonio (de La Fille du régiment de Donizetti, de 1840, à Paris),

le comte di Luna (d’ Il Trovatore de Verdi, de 1853, à Rome),

Hamlet (de l’ Hamlet d’Ambroise Thomas, de 1868, à Paris),

Hoffmann (des Contes d’Hoffmann d’Offenbach, créés en 1881, à Paris),

Lohengrin (du Lohengrin de Wagner, de 1850, à Weimar),

Tonio (du Pagliacci de Leoncavallo, de 1892, à Milan),

Danilo (de Die lustige Witwe de Franz Lehar, de 1905, à Vienne),

Ramiro (de L’Heure espagnole de Ravel, de 1911, à Paris),

le baryton de Carmina Burana (de Carl Orff, en 1937, à Francfort)

et Paul (de Die tote Stadt de Korngold, de 1920, à Hambourg),

par l’admirable Michael Spyres,

dont on ne sait ce qui doit être le plus admiré

de sa parfaite intelligence dramatique de chacun de ces  personnages qu’il incarne si magnifiquement,

ou de sa merveilleuse exceptionnelle musicalité, chaque fois, en la très grande diversité de ces airs qu’il nous donne…

C’est qu’existe aussi un génie de l’interprétation !

Pour joindre ici quelques appréciations un peu plus plus personnelles _ sinon subjectives _,

je dois dire la singularité de mon intense émotion plus particulièrement devant les véritablement sublimes (!!!) interprétations des trois derniers airs de ce programme, déjà eux-mêmes très différents, et qui sortent du domaine de confort, jusqu’ici, de Michael Spyres,

extraits d’œuvres _ L’Heure espagnole de Ravel (il s’agit du très original air « Voilà ce que j’appelle une femmme charmante« ), Die Tote Stadt de Korngold (il s’agit de l’air sublime « Glück, das mir verblieb« ) et Carmina Burana de Carl Orff (il s’agit de l’air superbement donné ici « Dies nox et omnia«  ; soient des œuvres de 1911, 1920 et 1937)… _

du XXe siècle, que Michael Spyres aborde pour la première fois au disque :

de belles perspectives d’interprétation s’ouvrent ainsi à lui, en sa quarantaine pleinement épanouie de chanteur…

Mais aussi,

je dois dire ma grande émotion devant l’extraordinaire douceur, enivrante, de son interprétation de l’air très beau de Lohengrin « Aux bords lointains« , que Michael Spyres a tout spécialement choisi d’interpréter ici en français _ Wagner a longtemps très grandement plu en France… _ ;

de même que devant son interprétation si délicate, de l’air de Tonio « Si puo ? Signore, Signori ! » du pourtant vériste Pagliacci (de 1892) de Leoncavallo :

Michael Spyres me donnant ainsi envie de découvrir cet opéra...

Et pour ce qui concerne l’interprétation des airs d’Edgard « Ô Dieux ! Ecoutez ma prière« , de l’Ariodant de Méhul (de 1799),

et d’Hamlet « Ô vin, dissipe la tristesse« , de l’Hamlet d’Ambroise Thomas (de 1868),

ils donnent grand désir d’entendre et écouter enfin ces opéras en entier ; des opéras français dont n’existe pas encore hélas d’enregistrement discographique pour ce qui concerne l’Ariodant de Méhul ; et assez peu, pour ce qui concerne le Hamlet d’Ambroise Thomas… ;

de même que, l’interprétation par Michael Spyres du grand air de Licinius « Qu’ai-je vu ! Quels apprêts !« , de La Vestale, de Spontini (de 1807), m’incite à écouter enfin cet opéra qui dormait jusqu’ici dans ma discothèque…

Pour ne rien dire de l’interprétation merveilleusement enlevée _ et déjà célèbre _ de Michael Spyres du bien connu air de Chapelou, « Mes amis, écoutez l’histoire« , du Postillon de Lonjumeau, d’Adolphe Adam (de 1836) ;

un DVD de la mise en scène de l’excellent Michel Fau, avec le Chapelou de Michael Spyres, est désormais disponible : voici l’extrait vidéo de cet air, dans cette mise en scène de Michel Fau, avec Michael Spyres sur scène, en Chapelou…

Mais nous savons bien que Michael Spyres est comme un poisson dans l’eau dans l’entièreté du répertoire français _ ici de Méhul (en 1799) à Ravel (en 1911)… _, qui lui va comme un gant… 

Chapeau bas, Monsieur Spyres…

Et au final,

nous savons bien qu’un récital discographique d’airs d’opéra choisis, ne constitue qu’une petite fenêtre _ ou une carte postale adressée à un plus large public potentiel que celui des salles d’opéra _ ouvrant sur ce qui est vraiment l’essentiel de son activité pour le chanteur :

ses performances, avec des partenaires et un orchestre, en des opéras entiers, sur la scène, et face au public présent ce soir-là…

Et ici je renvoie, en exemple, et par la magnifique vidéo, au fluidissime et lumineux Don Giovanni , donné cet été 2021 à Salzbourg, sous la direction du magicien Teodor Currentzis…

Ce dimanche 24 octobre 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

La fécondité merveilleuse du génie dramatique de Mozart…

07août

Le génie dramatique de Mozart est merveilleusement perceptible dans toute sa musique : les concertos pour piano, ou les airs de concert, par exemple…

J’ai déjà évoqué _ parmi mes « Musiques de joie«  _ l’enchantement que j’éprouve à écouter, par exemple, l’air Vorrei spiegarvi, o Dio ! (K. 418)…

J’y repense en lisant ce jour l’article que Jean-Charles Hoffelé en son site Discophilia consacre, sous l’intitulé « Flamboyance« , à un CD tout récent d’Airs de concert de Mozart, interprétés par la soprano Lisette Oropesa, le CD Pentatone PC5186885.

Voici cet article :

FLAMBOYANCE

Les airs de concert de Mozart, redoutables particulièrement pour les sopranos, ont quasiment déserté le disque _ hélas ! _ depuis les grandes intégrales initiées par Philips et Decca à l’occasion du bicentenaire de la disparition du compositeur. Qui désormais oserait se confronter à celles-ci, et plus encore à l’album parfait _ oui _ de Margaret Price, sommet d’une discographie où la seule à briller d’un feu plus placide fut peut-être Gundula Janowitz. Les amoureux du genre chercheront tout de même l’anthologie d’Edita Gruberova et glaneront quelques perles comme les Ah se in ciel, benigne stelle de Teresa Stich-Randall ou de Jennifer Vyvyan.

C’est justement par cet air de pur feu que Lisette Oropesa conclut son album historiquement informé : si sa voix entend bien le décor baroque que lui offre les musiciens d’Antonello Manacorda, elle s’en démarque par le classicisme de sa technique trempée et un sacré tempérament qui fait paraître les personnages, fureur ou pamoison (la première partie de Vorrei spiegarvi _ cet air sublime !, en effet… ; cf mon article du 21 mai 2020 : _ ne pâlit pas devant celle de Margaret Price), son soprano dramatique avec colorature est exactement, de registre, de couleur, d’élan, ce que demandent ces pièces qui ne sont pas seulement brillantes.

Dans cette voix si volontaire, d’un élan sciant, tout un théâtre éclate _ oui ! _ qui ne la trouvera jamais en défaut d’incarnation. Dommage qu’elle n’ait pas tenté Popolo di Tessaglia, elle le pourrait sans pâlir face à Edda Moser, mais il reste encore assez d’airs pour un second volume, patientons !

LE DISQUE DU JOUR

Wolfgang Amadeus Mozart(1756-1791)


A Berenice, K. 70/61c
Alcandro, lo confesso, K. 294
Bella mia fiamma, K. 528
Vorrei spiegarvi, o Dio!, K. 418
Chi sà, chi sà, qual sia, K. 582
Misera, dove son!, K. 369
Voi avete un cor fedele, K. 217
Ah, lo previdi, K. 272
Vado ma dove?, K. 583
Ah se in ciel, K. 538

Lisette Oropesa, soprano
il pomo d’oro
Antonello Manacorda, direction


Un album du label Pentatone PTC5186885

Photo à la une : la soprano Lisette Oropesa – Photo : © Jason Homa

 

Ce samedi 7 août 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

Enfin un enregistrement libéré (ardent ! ) de la « Betulia liberata » K. 118/74c du jeune Wolfgang Amadeus Mozart, à Padoue, en 1771, sous la direction ici de Christophe Rousset

09oct

La « Betulia liberata« ,

un oratorio pour Padoue composé en 1771, lors de son premier voyage en Italie, par un jeune Wolfgang Amadeus Mozart (Salzbourg, 27 janvier 1756 – Vienne, 5 décembre 1791) de 15 ans,

sur un livret de Pietro Metastasio (Rome, 3 janvier 1698 – Vienne, 12 avril 1782),

ne comportait jusqu’ici que des enregistrements discographiques assez anciens ;

parmi lesquels

un sous la direction de Mario Rossi, en 1952 (pour le label Cantus Line),

et un autre sous la direction de Vittorio Gui, en 1977, pour Philips.

Hier, 9 octobre, sous le titre « Conversion« ,

Jean-Charles Hoffelé nous propose

sur son excellent site Discophilia,

une recension d’une version davantage théâtralisée de cette mozartienne Betulia liberata de 1771,

sous la direction de Christophe Rousset,

pour le label Aparté : AP 235 (en 2 CDs) ;

que voici :

CONVERSION

Vittorio Negri en savait les beautés, et l’enregistra _ en 1977 _ pour Philips, ayant trouvé sa Judith, Birgit Finnilä, mais il retenait la verve dramatique de l’ouvrage dans le carcan de l’oratorio _ voilà _, ce à quoi en restèrent ses successeurs ; alors qu’à la RAI, Mario Rossi s’y montrait dès les années cinquante _ en 1952, pour le label Cantus Line _ bien plus enflammé, ayant Schwarzkopf _ serait-elle donc un facteur assuré de « flammes » ?.. _ dans ses chanteurs.

Enfin, Christophe Rousset rend à cette Betulie libérée son théâtre, celui qu’un Mozart gamin _ de 15 ans, en 1771 _ voulait à toute fin ; d’ailleurs à Padoue comme dans toute l’Italie, les oratorios n’étaient rien d’autre que des opéras sur des sujets bibliques écrits _ détour oblige… _ pour le temps du Carême.

Les deux « actes » fusent d’ardeur et de virtuosité ; même la discussion théologique sur le Dieu unique entre Achior et Ozia n’en apaise pas la tension.

Magnifique, Teresa Iervolino, le Rinaldo _ de Haendel _ du moment _ au Festival de la Vallée d’Itria, en 2018 _, fait oublier que Judith n’est pas le personnage principal de cette parabole sur la conversion : son grand air lorsqu’elle s’apprête à partir, parée de ses bijoux, au camp d’Holopherne, son retour devant les portes de la ville une fois la décollation accomplie, sacrent une chanteuse de première grandeur _ voilà ! _ qu’entourent une distribution exemplaire, de l’Amital virtuose de Sandrine Piau à l’Achior de Nahuel Di Pierro _ un chanteur que j’apprécie beaucoup, personnellement _, mais il faut saluer d’abord l’Ozia de Pablo Bemsch, ténor assuré, vocaliste brillant, dont l’air de révolte stupéfie _ voilà.

Chœur et orchestre ardents, décidément Christophe Rousset est dans les secrets du jeune Mozart.

LE DISQUE DU JOUR

Wolfgang Amadeus Mozart(1756-1791)
La Betulia liberata, K. 118/74c

Sandrine Piau, soprano (Amital)
Amanda Forsythe, soprano (Cabri, Carmi)
Teresa Iervolino, mezzo-soprano (Giuditta)
Pablo Bemsch, ténor (Ozia)
Nahuel Di Pierro, ténor (Achior)

Accentus


Les Talens Lyriques


Christophe Rousset, direction

Un album de 2 CD du label Aparté AP235

Photo à la une : le claveciniste et chef d’orchestre Christophe Rousset – Photo : © DR

Une œuvre (pour l’Italie de 1771) ici en quelque sorte rajeunie…

Ce vendredi 9 octobre 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Trois douloureuses pertes de l’art du chant français : Gabriel Bacquier, Mady Mesplé, Janine Reiss, ce printemps dernier

02juil

L’art _ si merveilleusement fin _ du chant français

vient de subir trois pertes,

ce printemps qui vient de s’achever.

Avec les décès de

 Gabriel Bacquier (Béziers, 17 mai 1924 – Lestre, 13 mai 2020), baryton,

Mady Mesplé (Toulouse, 7 mars 1931 – Toulouse, 30 mai 2020), soprano,

et Janine Reiss (1921 – Deauville, 1er juin 2020), maître de chant.

Pour Janine Weiss,

voici la vidéo de cette interview _ superbe _ de la Radio-Télévision Suisse, le 22 juin 1982,

pour le récit de sa rencontre avec Maria Callas.

Ainsi que le livre passionnant qui lui a été consacré, aux Éditions Actes-Sud, en 2013 :

La Passion prédominante de Janine Reiss : la voix humaine.

Pour Gabriel Bacquier 

et pour Mady Mesplé,

si merveilleusement idiosyncrasiques, tous deux, de l’art du chant français,

je renvoie aux deux superbes articles d’hommages,

d’une brillante justesse !,

que leur ont consacré, dans le magazine Diapason de ce mois de juillet,

Ivan A. Alexandre, aux pages 12-13,

et Jean-Philippe Grosperrin, aux pages 14-15.

Et page 16, Benoît Fauchet rend hommage à Janine Reiss.

Et dans le numéro de juin 2020, l’hommage à Gabriel Bacquier de Jean-Charles Hoffelé

est tout aussi juste et splendide

que celui d’Ivan A. Alexandre dans le numéro de juillet de Diapason :

…`

Hoffelé,

avant Ivan A. Alexandre le mois suivant (« Le théâtre, tout est là. Théâtre du jeu, mais aussi théâtre du phrasé, de la couleur, jusque dans la mélodie française, Duparc, Poulenc, vivifiés par l’insolence de son timbre. Jeune homme, (…) il suivait en auditeur libre les cours de Louis Jouvet. D’où part le geste ? A quoi sert-il ? Où se pose le regard quand on ordonne, quand on attend, quand on ment ? Que pèse, au milligramme, ce verbe, cet adjectif, ce demi-soupir ? Qu’est-ce que jouer juste ? Harry Baur baryton« ),

rappelait lui aussi et déjà que Bacquier « était avant tout acteur » ;

que, en 1960, « Gabriel Dussurget remarque sa voix autant que son maintien. A ce baryton qui sait charbonner son timbre, il offre Scarpia, Don Giovanni, l’établissant à Garnier, puis à Aix qui vient de s’inventer, ramenant Bacquier quasi chez lui.

Son verbe à la ville roulait des accents occitans, mais qu’il chante seulement en français, et un français de haute école résonnait. Le timbre plein, savoureux, rond mais ardent, la voix longue, capable d’alléger à l’aigu qui feront triompher son Don Giovanni et son Comte des Nozze, n’encombraient jamais une diction éloquente, fruit d’une certaine école de chant française, qui le faisait successeur des Endrèze, des Vanni-Marcoux, des Blanc, diseur comme eux« …

Des talents rares qui vont bien nous manquer…

Ce jeudi 2 juillet 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

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